Notes
Le récit de Psellos s’arrête en 1077, un an avant l’usurpation de Botaneiatès.
Cf. Sykoutris 1929-1930, suivi par Hussey 1935, Hunger 1978, I, 372-382, Impellizeri 1984, Kaldellis 1999.
Psellos, Chronographie, 7 / 4, 11 (Renauld 1967, II, 178).
Comme le note Hunger (1978, I, 377), la longueur des développements consacrés à chaque empereur est directement proportionnelle au rôle que Psellos joua sous le règne de tel ou tel : ainsi Constantin IX, sous lequel Psellos devint une figure politique de premier plan, bénéficie-t-il d’un développement trois fois plus long que n’importe quel autre des souverains de la Chronographie (une centaine de pages, sur les trois cent trente-neuf que compte l’édition de la CUF).
Au xiie siècle, en revanche, l’Alexiade d’Anne Comnène, qui s’inspire de Psellos (cf. Linner 1983), offre un matériau assez comparable à celui fourni par la Chronographie.
Ainsi Eusèbe de Césarée, père fondateur de l’orthodoxie politique byzantine, vante-t-il à plusieurs reprises la beauté de Constantin, dans la biographie qu’il nous a laissée du premier empereur chrétien : cf. Vie de Constantin, 1, 19, 2 ; 3, 10, 3-4 ; 4, 53. Dans le chapitre où il traite du basilikos logos, le rhéteur Ménandre paraît bien conseiller aux auteurs d’éloges impériaux de prêter à l’empereur « toutes les formes de beauté physique » (Περὶ ἐπιδεικτικῶν, II, 374, Russell-Wilson 1981, 86-87 : περιθέσειϛ ἅπασαν ἰδέαν) : sur ce passage à la signification discutée, voir Pernot 1993, 161, n. 173.
Psellos, Chronographie, 3, 2 (Renauld 1967, I, 33).
Basile II : 1, 35-36 (Renauld 1967, I, 22-23) ; Constantin IX : 6 / 1, 125-126 (Renauld 1967, II, 30-31). Voir traduction en annexe.
Psellos, Chronographie, 7 / 4, 3 (Renauld 1967, II, 174) ; cf. Homère, Od., 11, 319-320.
Psellos, Chronographie, 1, 36 (Renauld 1967, I, 23) ; cf. Homère, Il., 3, 210-211 : « Quand ils étaient debout, Ménélas dépassait [Ulysse] de ses larges épaules, mais quand tous deux s’asseyaient, Ulysse était plus imposant. » Notation similaire chez Anne Comnène à propos d’Alexis Ier : « Il n’était certainement pas d’une haute stature, mais sa carrure était bien proportionnée à sa taille. Aussi, debout, n’excitait-il pas tellement l’admiration chez ceux qui le voyaient ; mais quand il était assis sur le trône impérial et que ses yeux brillaient d’un feu terrifiant, il semblait fulgurant, tellement irrésistible rayonnait l’éclat de son visage et de toute sa personne » (Leib 1937-1946, 3, 3, 2).
Psellos, Chronographie, 3, 18 (Renauld 1967, I, 45) : l’épithète μιλτοπάρῃοϛ, d’origine homérique, est habituellement utilisée pour parler de bateaux (cf. Homère, Il., 2, 637 ; Od., 9, 125). Skylitzès, plus sobre que Psellos, dit simplement que Michel IV avait très belle apparence (Thurn 1973, 390).
Psellos, Chronographie, 6 / 1, 126 (Renauld 1967, II, 30-31) ; cf. Chariton, 1, 1, 3 (Chairéas est tel que les peintres et les sculpteurs représentent Achille ou Nirée, roi de Symé, cité dans l’Iliade [2, 671-674] comme « le plus beau de tous les Danaens venus sous Ilion après le Péléide sans défaut ») ; Héliodore, 2, 35, 1 (comparaison de Théagène à Achille). Ici encore, Skylitzès se contente d’indiquer sobrement que Constantin IX était εὐπρεπὴϛ τὴν ὥραν (Thurn 1973, 422).
Psellos, Chronographie, 1, 35 (Renauld 1967, I, 22). Sur le cercle comme image de la perfection, voir Platon, Timée, 33b : « Le dieu a tourné le monde en forme de sphère, où la distance du centre aux extrémités est partout égale, et [l’a fait] circulaire – forme qui, de toutes, est la plus parfaite et la plus semblable à elle-même, car il pensait que le semblable est mille fois plus beau que le dissemblable. »
Cf. Evans 1969, 24. Sur l’importance accordée par les physiognomonistes à la notion de juste proportion / symétrie, voir notamment Aristote, Physiognomonica, 72 : « Si les gens mal proportionnés [οἱ ἀσύμμετροι] sont des fourbes, les gens bien proportionnés [οἱ σύμμετροι] doivent être justes et courageux » (SP, I, 88).
Psellos, Chronographie, 7 / 4, 5 (Renauld 1967, II, 175). La démarche de Michel VII répond aux exigences formulées par Photius dans sa Lettre à Michel, prince de Bulgarie, chap. 34, PG, 102, col. 665-667 : « Le prince doit aussi avoir une démarche mesurée [βαδίσματοϛ … εὐταξία], ne pas faire de mouvements inconvenants, qui lui donnent l’air efféminé et dissolu, pas non plus de mouvements téméraires, qui lui donnent l’air brusque, agité, déséquilibré. En un mot, que tous ses gestes soient harmonieux et décents [τάξει κοσμείσθω] ! »
Kazhdan 1991.
Le même idéal statuesque transparaît dans le portrait que Psellos trace d’Isaac Ier, cf. 7 / 1, 8 (Renauld 1967, II, 87) : « Ceux [de ses soldats] qui étaient en faute, il les terrifiait d’un seul regard, et un simple froncement des sourcils le dispensait de recourir à tout châtiment corporel » ; 7 / 1, 49 (Renauld 1967, II, 113) : « Un simple signe, un geste de la main, une inclinaison de la tête dans un sens ou dans l’autre, tout cela, il le jugeait suffisant pour indiquer sa volonté. »
Cf. Ammien Marcellin, 16, 10, 10 (Galletier & Fontaine 1968) : « Comme s’il eût le cou pris dans un carcan, il portait son regard droit devant lui, sans tourner le visage à droite ni à gauche et, semblable à une statue, on ne le vit jamais faire un mouvement aux cahots de son char, ni cracher, ni essuyer ou frotter son visage ou son nez, ni agiter la main. »
Cf. Anne Comnène évoquant la patience avec laquelle son père Alexis donnait audience aux Celtes et « endurait leur bavardage insensé » : « Telle une statue travaillée au marteau, faite en bronze ou en fer battu à froid, l’empereur restait ainsi debout toute la nuit, depuis le soir souvent jusqu’au milieu de la nuit suivante […]. Aussi bien pas un courtisan ne pouvait-il rester debout aussi longtemps que lui, mais chacun changeait alternativement de position […]. Seul le basileus ne bronchait pas malgré une si grande fatigue » (Leib 1937-1946, 14, 4, 7).
Psellos, Chronographie, 1, 36 (Renauld 1967, I, 23). Comme dans le portrait de Michel VII, l’influence de la physiognomonie est très sensible dans le portrait de Basile Ier, notamment dans les premières lignes : « Quant à sa forme physique, elle accusait la noblesse de sa nature. Son œil, en effet, était d’un bleu clair [χαροπὸν] et plein de feu, et son sourcil […] bien arqué exprimait la fierté du personnage » (1, 35 : Renauld 1967, I, 22). Cf. Aristote, Physiognomonica, 13 (SP, I, 26, où l’œil χαροπόν est censé être le signe de l’homme brave, ἀνδρείου σημεῖον).
Cf. Psellos, Or. 1, l. 6-7 : « De l’éclat de ta beauté, tu illumines toute la terre » ; l. 350-351 : « N’es-tu pas d’une beauté charmante, plus que [tous] les fils des hommes ? » ; l. 362-366 : « Avec tes cheveux dorés, tu es resplendissant, tu brilles de couleurs inimitables, tu as l’éclat d’une beauté indicible, tu possèdes un rayonnement inexprimable : n’es-tu pas tout entier soleil, n’es-tu pas plus brillant que le soleil ? » ; Or. 2, l. 471-478 : « Vois quelle est la grâce de ton corps […] : le buisson de roses de ton visage, le charme de tes yeux, la blancheur qui se répand dans la pourpre pour s’y mêler, les resplendissants rayons de ta tête ! »
Psellos, Chronographie, 1, 36 (Renauld 1967, I, 23). Attitude tout à fait contraire aux recommandations faites par Photius dans sa Lettre à Michel, prince de Bulgarie, chap. 36 : « Rire aux éclats, outre que cela enlaidit la figure, est aussi une atteinte infligée à l’équilibre du caractère » [τοῦ ἤθουϛ … τὴν εὐστάθειαν : PG, 102, col. 667].
Psellos, Chronographie, 1, 29 (Renauld 1967, I, 18).
Anne Comnène, en revanche, évoque fréquemment les crises de goutte de son père (12, 3, 4 ; 14, 4, 2 et 8 ; 14, 5, 2 ; 14, 7, 9 ; 15, 1, 1), et elle nous a laissé de son agonie une description très circonstanciée (15, 11, 1-20).
Cf. Volk 1990, 417-418. De Constantin X, Psellos se contente de noter qu’il devint « longtemps avant sa mort la proie d’une maladie terrible » (Psellos, Chronographie, 7 / 2, 26 ; Renauld 1967, II, 151), qu’il guérit pourtant, mais que par la suite « son corps commença à dépérir » et que « peu à peu il fut proche de la mort » (Psellos, Chronographie, 7 / 2, 27 ; Renauld 1967, II, 151).
Voir par exemple le récit des derniers moments de Romain III : « Ayant fermé les yeux, il se mit à haleter d’une façon plus pressée ; après quoi, soudain, de sa bouche largement ouverte se déverse une matière noirâtre coagulée ; là-dessus, ayant râlé deux à trois fois, il rend l’âme » (Psellos, Chronographie, 3, 26 ; Renauld 1967, I, 52) – ou encore l’évocation de la mort de Théodora : « Une maladie très grave s’empare de sa personne : en effet, sa faculté d’évacuation s’étant éteinte supprima l’appétit et se déchargea par les organes buccaux ; puis, s’étant traduite en diarrhée abondante, après avoir rejeté presque tout ce qu’il y avait à l’intérieur, elle laissa l’impératrice au dernier souffle » (Psellos, Chronographie, 6 / 2, 19 ; Renauld 1967, II, 81).
Cf. Psellos, Chronographie, 7 / 1, 74-78 (Renauld 1967, II, 129-131).
Cf. Psellos, Chronographie, 7 / 1, 78 (Renauld 1967, II, 131) : « Loin de constater un pouls en scie [πρίονα τὸν σφυγμόν], je reconnus qu’il battait assez indistinctement ; son mouvement ressemblait non point à celui d’un pied languissant [παρέτῳ ποδί], mais à celui d’un pied prisonnier et faisant effort pour se mouvoir [δεσμώτῃ και ̀ βιαζομένῳ τὴν κίνησιν]. » Sur la pleurésie d’Isaac Ier, voir Jeanselme 1924a et Papademetriou 1996, 98-103.
Il y est notamment question des pulsations cardiaques (v. 61-71), de l’épilepsie (v. 785-807), de l’hydropisie (v. 1128-1144), de la podagre (v. 1226-1240). Sur les écrits médicaux de Psellos, voir Volk 1990, 52-158 (« Medizinische Monographien »). Anne Comnène, elle aussi, était férue de médecine, comme le signale le rhéteur Georges Tornikès dans l’éloge qu’il a composé à la mort de la princesse (Darrouzès 1970, 306-307).
Sur ce texte, voir Jouanno 1994.
Cf. aussi Psellos, Or. 2, l. 246 sq. : « Malade en son corps, il devint très irascible ; peu à peu, la maladie le consumait, et il fut bientôt absolument évident qu’il allait mourir : car la solidité de ses forces était détruite, son appétit s’émoussait, et le sommeil, se posant sur le bord de ses paupières, [ne] lui inspirait [plus que] des rêves éveillés ; finalement, il rendit l’âme sans qu’on s’en aperçût, alors même que l’on était en train de soigner son corps. » D’après Skylitzès, Romain III aurait péri, empoisonné à petit feu par l’impératrice Zoé, éprise du jeune Michel, qu’elle souhaitait épouser (Thurn 1973, 389-390). Cf. Jeanselme 1923 et Papademetriou 1996, 196-201.
Cf. aussi Psellos, Or. 2, l. 306 sq. : « Il tomba malade et son corps se mit à dépérir, ou plutôt fut tout gonflé et démesurément grossi de tumeurs étrangères » [… ὄγκοιϛ ἀλλοτρίοιϛ διῳδήκει τε και ̀ ἐπηύξηται…] ; l. 323 sq. : « L’empereur était atteint d’hydropisie ; toutefois – pourquoi donc dissimuler les faits, quand on fait œuvre d’historien, et non de panégyriste –, il souffrait aussi de crises de folie périodiques, soit qu’un mauvais démon, par malveillance, voulût abattre la partie dominante de son âme, soit qu’un suc noirâtre et terreux lui montât à la tête et obscurcît son intelligence – chose qui a coutume de se produire fréquemment. Ainsi donc, il souffrait de ces deux maux, et la vigueur de la royauté se trouvait dérobée par cette maladie » ; Skylitzès, Thurn 1973, 393, 395, 405, 414-415 (brèves mentions) ; Attaleiatès, Perez Martin 2002, 7-8 (parle seulement d’épilepsie). Voir aussi Jeanselme 1924b, 230-246 et Papademetriou 1996, 68-75 et 82-89.
Cf. Skylitzès, Thurn 1973, 477, et Attaleiatès, Perez Martin 2002, 27, qui tous deux parlent très explicitement de podagre. Voir aussi Jeanselme 1920, 148-150 et Papademetriou 1996, 35-42. Pour l’association habituelle entre goutte et intempérance, cf. Chronographie, 2, 7 (Renauld 1967, I, 29) : Constantin VIII « était dominé et par son ventre et par les plaisirs de l’amour ; aussi lui était-il survenu une douleur aux articulations ; mieux, il avait les pieds en si mauvais état qu’il ne pouvait pas marcher ».
Psellos, Chronographie, 3, 2 (Renauld 1967, I, 33).
Psellos, Chronographie, 3, 25 (Renauld 1967, I, 50). Détail brièvement confirmé par Skylitzès, qui parle de « maladie qui fait tomber la barbe et les cheveux » (Thurn 1973, 389).
Psellos, Chronographie, 4, 4 (Renauld 1967, I, 55). Psellos avait seize ans lors du décès de Romain III.
Psellos, Chronographie, 3, 18 (Renauld 1967, I, 45).
Psellos, Chronographie, 4, 50 (Renauld 1967, I, 82).
Psellos, Chronographie, 6 / 1, 125-126 (Renauld 1967, II, 30-31).
Psellos, Chronographie, 6 / 1, 124 (Renauld 1967, II, 29-30).
Psellos, Chronographie, 6 / 1, 127-128 et 130 (Renauld 1967, II, 31-33).
Cf. Eusèbe de Césarée, Vie de Constantin, 1, 57 ; Lactance, De la mort des persécuteurs, chap. 33. Le même type de mort est attribué à Antiochos IV Épiphane dans II Macc. 9, 5-10.
Cf. Socrate, Hist. Eccl., I, 38, 7-9 (Hansen 1995) : s’étant rendu aux lieux d’aisance situés derrière l’agora de Constantin, Arius s’y trouve mal et laisse échapper avec ses excréments un flot de sang « et le reste de ses entrailles » ; le sang ayant entraîné avec lui la rate et le foie, il meurt sur place ! Pour Judas, voir Actes, 1, 18 : « Cet homme a acquis un domaine avec le salaire de son injustice et, tombant la tête en avant, a crevé par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues. »
Jean Zonaras, 14, 17 (Büttner-Wobst 1897, 215-216) : « Ayant versé dans l’hérésie des Monothélites, il fut atteint d’hydropisie. Et l’on dit même que son sexe, redressé, projetait l’urine vers le haut et que, si on ne lui mettait pas une planche sur le bas-ventre, le liquide évacué, en jaillissant, lui frappait le visage. C’était là, semble-t-il, la conséquence de son union illicite avec sa nièce. » D’après Flavius Josèphe, le sinistre Hérode, condamné pour prix de ses péchés à périr de maux multiformes, aurait cumulé douleurs d’entrailles, œdème aux pieds (hydropisie), tumeur du bas-ventre et gangrène du sexe, engendrant des vers (Bell. Jud., I, 656 ; Ant. Jud., 17, 169 – repris par Eusèbe, Hist. Eccl., 1, 8, 5).
Cf. Reinsch 1994.
Cf. Psellos, Chronographie, 6 / 1, 110 (Renauld 1967, II, 21-22) : les ennemis de Constantin IX lui reprochent « la maladie de son corps, tantôt le qualifiant de maudit [ἐναγῆ], d’amateur de plaisirs infâmes, tantôt l’appelant ruine de la cité et corrupteur du peuple », ils improvisent à son sujet des couplets injurieux et le tournent en dérision. Anne Comnène rapporte elle aussi les moqueries dont son père, en proie à la goutte, était victime de la part des barbares, qui firent de son mal de pieds un sujet de comédie, et le représentaient, étendu sur un lit, dans l’intention de le ridiculiser (15, 1, 2).
On note la même particularité chez Anne Comnène, qui loue l’endurance dont son père faisait preuve lors de ses crises de goutte, et la résignation qui le portait à dire : « Je mérite de souffrir ; c’est à juste titre que cela m’arrive à cause de la multitude de mes fautes » (14, 4, 8 : Leib, 1937-1946).
Psellos, Chronographie, 4, 44 (Renauld 1967, I, 79).
Psellos, Chronographie, 4, 50 (Renauld 1967, I, 83). Cf. Or. 2, l. 346-347 : l’empereur part en expédition « sans tenir aucun compte de ce qui fait ordinairement fléchir un homme, insoucieux du double mal qui consumait son corps » […τὴν διπλῆν δαπάνην τοῦ σώματοϛ] ; l. 351 sq. : « Il s’élance à cheval, [véritable] cadavre [ἐλαύνει ἐφ ̓ ἵππου νεκρόϛ] ; […] il affronte défilés et montagnes, lui qui a besoin des bras d’autrui pour se bouger, et il est vainqueur de son adversaire. »
Psellos, Chronographie, 6 / 1, 106 (Renauld 1967, II, 19).
Psellos, Chronographie, 6 / 1, 131 (Renauld 1967, II, 33-34). Même présentation admirative d’Isaac Ier sortant, malade, du Grand Palais : « Il n’abdiqua pas son noble caractère et il ne sortit point de sa chambre tenu par la main ; mais tel qu’il était, semblable à un cyprès à la cime chevelue agitée en tous sens par le souffle des vents, il chancelait certes en s’avançant, mais il marchait quand même, quoique non maître de ses mains, et il se suffisait à lui-même » (Psellos, Chronographie, 7 / 1, 80 ; Renauld 1967, II, 132).
Psellos, Chronographie (Renauld 1967, I, 2). Sur le cérémonial comme sacralisation de la personne impériale, voir Barker 1957, 101 : « Ceremony played a great part in the State system of Byzantium, which made the emperor a hieratic figure moving in a solemn pageantry according to a fixed tradition » ; Kazhdan 1983, 16 : le rituel de la cour impériale visait à la transformation de l’empereur « into a sacral, if not sacred being ».
Isaac Ier Comnène, acclamé empereur à la faveur d’un coup de force, s’empresse d’adopter l’apparat officiel pour mieux affirmer la légitimité de sa prise de pouvoir – d’où la solennité de la réception qu’il accorde aux envoyés de son rival Michel VI : « L’empereur en personne était assis sur un trône à deux têtes, et ce trône était très élevé et plaqué d’or ; un tabouret était placé sous ses pieds et un vêtement somptueux parait son corps ; il dressait haut la tête et faisait bomber sa poitrine » (Psellos, Chronographie, 7 / 1, 24 ; Renauld 1967, II, 96).
Psellos, Chronographie, 3, 24 (Renauld 1967, I, 50).
Cf. Psellos, Chronographie, 3, 22 (Renauld 1967, I, 48) : « Sans que survînt aucun signe prémonitoire, tout à coup il s’agitait, il roulait les yeux et s’abattait contre terre ; il heurtait le sol de sa tête et pendant très longtemps, il était secoué de mouvements convulsifs. »
Psellos, Chronographie, 4, 18 (Renauld 1967, I, 63-64).
Psellos, Chronographie, 6 / 1, 128-130 (Renauld 1967, II, 32-33).
Cf. Psellos, Or. 2, l. 323 sq. (à propos de Michel IV, miné par l’épilepsie et l’hydropisie) : « La vigueur de la royauté se trouvait dérobée par cette maladie » [το ̀ ἐνεργὸν τῆϛ βασιλείαϛ δια ̀ τῆϛ νόσου ἀποσεσύλητο].
Psellos, Chronographie, 7 / 1, 51 (Renauld 1967, II, 115). Passage peut-être influencé par Aristote, Politique, 1302b, 35, dont le texte est commenté par M. Lacore dans sa contribution à ce volume : « Corps des citoyens, corps de la cité ».
Cf. Psellos, Chronographie, 6 / 1, 48 (Renauld 1967, I, 141) : « Comme un animal vigoureux et robuste dans tout son être n’est pas tout d’un coup altéré par les premières manifestations des maladies qui l’attendent, ainsi, sous ce prince aussi, comme l’Empire ne se trouvait pas précisément alors à l’agonie, mais qu’il avait encore du souffle et de l’énergie, l’abandon à vau-l’eau ne se faisait que médiocrement sentir, jusqu’au moment où le mal, progressant peu à peu et atteignant à son comble, a tout bouleversé et confondu. »
Cf. Johnson 1982, 224.
Psellos, Chronographie, 7 / 1, 51-58 (Renauld 1967, II, 115-118).
Renauld (1967, II, 116) se trompe en prêtant à ἐκλιπᾶναι le sens classique de « donner de l’embonpoint », visiblement impropre en ce passage ; pour sa part, Impellizeri (1984, II, 247) traduit par « alleggerire ».
Psellos, Chronographie, 3, 24 (Renauld 1967, I, 49) : Romain III.
Psellos, Chronographie, 4, 31 (Renauld 1967, I, 71) : Michel IV.
Psellos, Chronographie, 6 / 1, 106 (Renauld 1967, II, 19) : Constantin IX.
L’image est courante dans la littérature byzantine, et sa diffusion a sans doute été facilitée par la métaphore chrétienne du corps de l’Église (dont Michelle Lacore cite plusieurs exemples dans sa contribution à ce volume : « Corps des citoyens, corps de la cité ») : voir, par exemple, Corippe, In laudem Justini minoris, II, 178-274 ou Anne Comnène, 1, 10, 1. Sur la personne de l’empereur comme symbole du pouvoir, voir Kazhdan 1983, 14 : « The Byzantines praised the emperor as a symbol of imperial power, as an imbodiment of the everlasting Empire of the Rhomaioi. »
Renauld qualifie l’époque décrite par Psellos de période « la plus triste de l’histoire byzantine » (Renauld 1967, I, XVII).
Dans une lettre au patriarche Michel Cérulaire, Psellos oppose aux sentiments « démocratiques » de son correspondant ses propres convictions monarchiques (Ep., 207, Sathas 1876, 512) : « Quant à moi, je répète souvent le mot formulé jadis par Homère, et repris par Aristote : “Qu’un seul soit chef, qu’un seul soit roi !” » [Εἷϛ κοίρανοϛ ἴστω, εἷϛ βασιλεύϛ : cf. Il., 2, 204-205 ; Métaphysique, 12, 10, 14 : 1076a 5]. Par ailleurs, Psellos aime à se proclamer φιλορώμαιοϛ et φιλόπατριϛ (cf. Psellos, Chronographie, 6 / 1, 154 et 190 ; Renauld 1967, II, 46 et 64).
Ostrogorsky 1956, 344. Kaldellis, qui voit en Psellos un esprit cynique, sorte de Machiavel avant l’heure, interprète pour sa part l’insistance avec laquelle notre auteur évoque le délabrement physique de tant d’empereurs byzantins comme une entreprise de déconstruction de la conception traditionnelle et « exaltée » de l’empereur idéal : « By exposing the all-too-human aspects of Emperors’ personalities, the Chronographia deconstructs many of the myths about Imperial power » (Kaldellis 1999, 41 sq.).
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