Navigation – Plan du site

AccueilNuméros27Comptes rendusP. Giulierini, P. Bruschetti, F. ...

Comptes rendus

P. Giulierini, P. Bruschetti, F. Gaultier, L. Haumesser, Gli Etruschi dall’Arno al Tevere, Le collezioni del Louvre a Cortona

Claire Joncheray
p. 153-156
Référence(s) :

P. Giulierini, P. Bruschetti, F. Gaultier, L. Haumesser, Gli Etruschi dall’Arno al Tevere, Le collezioni del Louvre a Cortona, Milan, Skira, 2011.

Texte intégral

  • 1 Capolavori etruschi dall’Ermitage (mostra, MAEC, 6 settembre 2008-11 gennaio 2009), E. Ananic (...)
  • 2 Selon l’explication donnée en trois langues (italien, anglais et français) à l’entrée d (...)

1Dans le contexte d’un passage de la valorisation du patrimoine culturel de l’État italien à la municipalité de Cortone (Province d’Arezzo), le Museo dell’Accademia Etrusca e della città di Cortona (ci-après MAEC) s’investit dans une politique de collaboration internationale : il proposait en 2008 une exposition sur les chefs-d’œuvre d’art étrusque conservés au musée de Saint-Pétersbourg1, et il propose en 2011 d’accueillir ceux du Louvre au Palazzo Casali, piazza Signorelli, du 5 mars au 3 juillet. L’exposition Gli Etruschi dall’Arno al Tevere occupe quatre grandes salles du MAEC, suivant « un itinéraire partant du territoire de Fiesole pour suivre l’Arno de sa source jusqu’à la Valdichiana et rejoindre le Tibre »2. Il est ainsi possible de découvrir et de comprendre le fonctionnement de cette région étrusque à partir d’objets variés en excellent état de conservation, produits et utilisés du VIIIe au IIe siècle avant J.‑C.

  • 3 Sommaire : G. Camporeale, « Alla scoperta degli Etruschi : dal Medioevo all’Ottocento », p. 2 (...)
  • 4 Le catalogue comprend la reproduction de petits objets en bronze et en ivoire, des armes, des (...)

2Prolongement attendu de cet événement, le catalogue de l’exposition comprend deux parties : une présentation historique et thématique en six articles (p. 23‑159)3, puis les fiches descriptives des quarante-quatre œuvres du musée du Louvre, présentées chronologiquement par cité de provenance du nord au sud (p. 161‑265)4, conformément à l’organisation de l’exposition.

3Trois thèmes servent de fils conducteurs à l’exposition et au catalogue : la constitution d’une collection d’antiquités à partir de l’exemple du Louvre, l’image culturelle et sociale de l’Étrurie centrale véhiculée par des productions artistiques spécifiques, et les interprétations politiques issues de la position stratégique des cités étrusques localisées le long des grandes vallées fluviales (l’Arno, le Clanis et le Tibre), donnant naissance à une certaine unité territoriale.

4Soulignons d’abord que le catalogue présente un panorama très varié des différents intermédiaires, marchands et collectionneurs, qui ont alimenté les collections du Louvre entre le XIXe et le début du XXe siècle, panorama complexe présenté chronologiquement par F. Gaultier et L. Haumesser (p. 73‑97). L’absence de Cortone, la faiblesse des objets en provenance d’Arezzo et la surreprésentation des œuvres de Chiusi (42 % du catalogue) sont à l’image d’une politique d’achat de grandes collections, comme celles de Durant en 1836, de Campana en 1857 (44 % des œuvres exposées) et de Pourtalès en 1865, et d’autres achats effectués de manière plus ponctuelle. G. Camporeale, Lucumon de l’Accademia Etrusca di Cortona, rappelle l’évolution du marché des antiquités étrusques du XIIe au XIXe siècle avec ses différentes politiques culturelles et la progressive prise de conscience, au XIXe siècle, d’une nécessaire publication de synthèses, étape principale dans la construction d’une discipline archéologique (p. 23‑35). Le cas particulier de Filippo Venuti, étudié par B. Gialluca (p. 37‑71), évoque aussi la circulation complexe des idées et des œuvres entre la France et l’Italie (Cortone plus particulièrement) au XVIIIe siècle. Ainsi certaines œuvres, présentées dans l’exposition, reflètent leur adaptation aux goûts de ces collectionneurs : en témoignent un pastiche créé par A. Castellani vers le milieu du XIXe siècle (collier, cat. 12) et l’ajout d’une patine récente pour retravailler l’aspect général de l’objet (kouros, cat. 4, et vase en forme de tête féminine, cat. 33, rendant impossible la reconstitution de la dorure). Les reproductions de dessins du XIXe siècle montrent également les besoins scénographiques d’une époque, comme des griffons en bronze associés aux décorations d’un lit (cat. 13) et l’assemblage d’un couvercle de sarcophage en provenance de Chiusi avec d’autres sculptures ailées, devenu ainsi un imposant monument (cat. 21). L’étude de l’histoire des collections a permis également de retrouver la réelle provenance falisque de deux objets exposés à Cortone : une figure féminine déclarée auparavant syrienne (cat. 42) et tout aussi récemment, en 1990, le buste en terre cuite représentant Ariane, emblème de l’exposition à cause de sa rare présentation au public (cat. 43).

5Un second point important du catalogue est de montrer la spécificité culturelle et sociale de l’Étrurie centrale à partir d’œuvres emblématiques des productions locales. Des vases témoignent de la richesse et de l’originalité de la production de cette aire géographique, comme les askoi en forme de canard de la seconde moitié du IVe siècle (cat. 25), les céramiques imitant des vases en métal (cat. 34), ou encore les lebessitula, forme hybride au corps d’oenochoé mais aux anses typiques des lebes produits dans l’aire falisque (cat. 38). Les statues de type Athena promachos sont également caractéristiques des dépôts votifs de l’Étrurie septentrionale et de l’Ombrie (cat. 28). En outre, plusieurs œuvres illustrent l’évolution de la typologie des groupes funéraires de Chiusi : la tradition du canope, qui est propre à Chiusi jusqu’au VIe siècle (cat. 17), les cippes funéraires du Ve siècle (cat. 20), les sarcophages dont les coussins supportant la tête et les pieds du défunt correspondent à une spécificité clusinienne du IIIe siècle (cat. 22). L’image culturelle et sociale de chaque cité de l’Étrurie centrale est ainsi véhiculée par les productions artistiques spécifiques. Deux articles dans la publication portent sur l’histoire particulière de chaque cité : P. Giulierini (p. 117‑141) et P. Bruschetti (p. 143‑159) décrivent respectivement les centres étrusques de l’Arno au Clanis (Fiesole, Arezzo, Cortone), puis les habitats entre le Clanis et le Tibre (Chiusi, Orvieto, Pérouse, Bomarzo, Falerii, Véies), d’un point de vue chronologique et archéologique. La situation des voies fluviales est mise en valeur dans la constitution d’une zone culturelle qualifiée d’« ensemble organique et original » (p. 144), dans laquelle chaque cité se reconnaît une spécificité propre. Ces articles sont très synthétiques et ne font pas référence directement aux types de productions présentés dans le catalogue.

  • 5 L’inscription de cat. 4 est perdue.

6Troisièmement, notons que les bassins de l’Arno et du Tibre fonctionnent comme un espace d’échange et d’unité, grâce à la vallée du Clanis, qui permet d’effectuer la jonction entre les deux, comme le montre la carte (p. 98). G. Camporeale, dans sa seconde communication (p. 99‑116), propose, comme critères d’identité de cet espace, la fertilité de la terre et la qualité des productions agricoles, en se fondant sur les réalités archéologiques et les sources littéraires. Ce territoire apparaît ainsi comme un espace de migration, de passage et de commerce : vers l’Adriatique, grâce aux découvertes du grand dépôt votif de Falterona (quelques bronzes, cat. 4, 5, 6 et 7) – sur la route vers Rimini et Spina –, et vers l’Italie centrale, grâce à la circulation des objets (cat. 32, oenochoé découverte à Gabii, mais fabriquée à Orvieto). Les relations qui existent entre les différents centres de l’Étrurie intérieure sont également présentes dans le catalogue, notamment par l’épigraphie grâce à l’onomastique (cat. 22, 23 et 36) et aux types d’écriture (l’inscription de cat. 33 trouvée à Sovana rappelle l’écriture d’Orvieto5).

  • 6 Il s’agit d’un kouros en bronze (cat. 5), d’une figure féminine (cat. 6) et d’une statue de M (...)
  • 7 Il s’agit d’un kouros en bronze (cat. 4), d’une pyxide (cat. 8), de bijoux (cat. 9 ; 10 ; 11  (...)
  • 8 Vingt-deux œuvres figurent dans la base de données ATLAS (http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/ (...)
  • 9 Bruni 2007 (notice no 2) ne figure pas dans la bibliographie ; notice no 28 : lire Camp (...)

7Le principal avantage de ce catalogue est donc de regrouper des œuvres très variées, qui n’ont pas été montrées au public depuis longtemps, dans le cadre d’une exposition thématique. Trois objets6 n’avaient pas été réexposés depuis Les Étrusques et l’Europe (Paris, 1992), et douze autres7 depuis Gli Etruschi (Venise, 2000). Le reste des œuvres n’avait pas été publié depuis longtemps avec des notices bien documentées et précisément mises à jour, telles qu’elles figurent dans ce catalogue8 : cinq œuvres depuis plus d’une quarantaine d’années – l’une d’elles (une oenochoé à figures noires de Pérouse, cat. 29) se révélant même inédite ; et l’interprétation de vingt et une autres apparaît dans des travaux universitaires parus depuis les années 2000, mais sans être dotées jusque-là de notice synthétique à jour9. Une publication raisonnée de ces œuvres était donc nécessaire et sera fort utile pour de nouvelles recherches.

Haut de page

Notes

1 Capolavori etruschi dall’Ermitage (mostra, MAEC, 6 settembre 2008-11 gennaio 2009), E. Ananich, P. Giulierini, P. Bruschetti (éd.), Milan, Skira, 2008.

2 Selon l’explication donnée en trois langues (italien, anglais et français) à l’entrée de l’exposition.

3 Sommaire : G. Camporeale, « Alla scoperta degli Etruschi : dal Medioevo all’Ottocento », p. 23 ; B. Gialluca, « Filippo Venuti. Un ecclesiastico toscano illuminato tra Cortona, Bordeaux, Livorno », p. 37 ; F. Gaultier, L. Haumesser, « L’Etruria interna nelle collezioni del Louvre », p. 73 ; G. Camporeale, « Il territorio dell’Etruria interna lungo le valli del Tevere e dell’Arno : economia e cultura », p. 99 ; P. Giulierini, « I centri etruschi dall’Arno al Clanis, Fiesole, Arezzo e Cortona », p. 117 ; P. Bruschetti, « I centri fra Clanis e Tevere », p. 143.

4 Le catalogue comprend la reproduction de petits objets en bronze et en ivoire, des armes, des sculptures en bronze et en pierre, des bijoux, des terres cuites et des vases en différents matériaux.

5 L’inscription de cat. 4 est perdue.

6 Il s’agit d’un kouros en bronze (cat. 5), d’une figure féminine (cat. 6) et d’une statue de Minerve (cat. 28).

7 Il s’agit d’un kouros en bronze (cat. 4), d’une pyxide (cat. 8), de bijoux (cat. 9 ; 10 ; 11 ; 12), du pendentif d’Achiloos (cat. 18), d’un askos (cat. 25), d’un oenochoe (cat. 32), d’un vase à tête de femme (cat. 33), d’un pendentif (cat. 35) et d’un buste d’Ariane (cat. 43).

8 Vingt-deux œuvres figurent dans la base de données ATLAS (http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=crt_frm_rs&langue=fr&initCritere=true, consultée le 22 mars 2011), avec l’indication qu’elles ne sont pas visibles actuellement dans les salles du musée, et vingt et une autres œuvres ne sont pas répertoriées en ligne.

9 Bruni 2007 (notice no 2) ne figure pas dans la bibliographie ; notice no 28 : lire Camporeale 2004a.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Claire Joncheray, « P. Giulierini, P. Bruschetti, F. Gaultier, L. Haumesser, Gli Etruschi dall’Arno al Tevere, Le collezioni del Louvre a Cortona »Kentron, 27 | 2011, 153-156.

Référence électronique

Claire Joncheray, « P. Giulierini, P. Bruschetti, F. Gaultier, L. Haumesser, Gli Etruschi dall’Arno al Tevere, Le collezioni del Louvre a Cortona »Kentron [En ligne], 27 | 2011, mis en ligne le 02 mars 2018, consulté le 21 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kentron/1301 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/kentron.1301

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search