Bureau d’ATSEM, boulot d’ATSEM
Texte intégral
Un bureau d’ATSEM
Mars 2015, école maternelle d’un bourg en Poitou-Charentes
© Fabienne Montmasson-Michel
1C’est le bureau d’une agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (ATSEM) dans l’école d’un bourg de 4700 habitants situé à 15 km d’une ville moyenne du Poitou-Charentes. La photographie a été prise le 30 mars 2015, dans les dernières semaines d’une enquête ethnographique pluriannuelle sur la socialisation langagière des jeunes enfants scolarisés. Il a fallu en flouter plusieurs zones pour masquer les prénoms et noms de lieux inscrits sur les listes, tableaux et classeurs. Cela souligne l’une des contraintes pour être autorisée à pénétrer dans l’école maternelle en ethnographe. Cela signale ce faisant l’usage intensif d’instruments rationnels de la culture écrite dans le gouvernement scolaire des jeunes enfants.
2Cette photographie et la série dont elle provient révèlent un résultat important de la recherche : anciennement femmes de service assignées à l’entretien des locaux et à l’hygiène des enfants, les ATSEM d’aujourd’hui mettent continuellement en ordre les corps et les objets scolaires dans la logique de la raison graphique. C’est une de leur contribution à l’acculturation scolaire des jeunes enfants. Il y a les tubes de colle, les paires de ciseaux et la perforeuse pour préparer les activités graphiques puis pour coller, ranger, classer les fiches, dessins et autres messages aux parents dans les cahiers et classeurs. La caisse pour les transporter, indispensable. Les pinces à linge, les scotches et l’agrafeuse car il y a toujours à assembler ou accrocher. Le taille-crayons à manivelle au bord de la table, parfait pour rafraichir rapidement les mines des nombreux crayons, ces instruments des premiers apprentissages graphiques et alphabétiques : écrire son prénom, entourer, colorier.
3On remarque aussi une profusion de plannings, emplois du temps, tableaux de présence et listes, surlignés, biffés, annotés : enfants à distribuer dans les ateliers, aux activités décloisonnées du début d’après-midi, à l’accueil périscolaire, à la cantine du mercredi, aux cars des transports scolaires. Des post-it pour noter tout ce qu’il ne faut pas oublier et parer sans faille aux imprévus. Et puis, incrustations de soi dans l’espace de travail, des images chargées d’affectivité : ce sont les photos de proches, cartes postales, coque de smartphone Hello Kitty, disposées sur le plateau du bureau, près du corps ; tandis que plus loin, à hauteur de regard, les dessins des jeunes écoliers, « pour toi », s’enchevêtrent dans l’ordre rationnel des listes et des tableaux.
Table des illustrations
Titre | Un bureau d’ATSEM |
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Légende | Mars 2015, école maternelle d’un bourg en Poitou-Charentes |
Crédits | © Fabienne Montmasson-Michel |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/908/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 66k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Fabienne Montmasson-Michel, « Bureau d’ATSEM, boulot d’ATSEM », Images du travail, travail des images [En ligne], 5 | 2018, mis en ligne le 01 février 2018, consulté le 21 septembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/908 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/itti.908
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