Religieuses et infirmières : des femmes dans un monde d’hommes
Texte intégral
1En 1939, un appareil-photo s’immisce dans une salle de chirurgie de l’Hôtel-Dieu de Québec pour croquer sur le vif le chef anesthésiste en pleine opération, assisté par l’infirmière sœur Sainte-Denise. Les fonds d’archives du Monastère des Augustines conservent un éventail très large de ce genre de photographies, qui témoignent du travail des premières infirmières canadiennes. En filigrane de cette simple photographie, c’est une grande partie de l’histoire des soins infirmiers qui y est décrite. Au début du XXe siècle, les exigences en médecine dans les hôpitaux se font de plus en plus rigoureuses et les médecins souhaitent dorénavant que les religieuses hospitalières effectuent plus de traitements ; ils réclament alors qu’elles suivent une véritable formation, qu’ils se proposent même d’offrir. C’est le début de l’École des Infirmières de l’Hôtel-Dieu de Québec. De 1904 à 1950, seules des religieuses pourront y obtenir un diplôme.
2Que révèle ce cliché au sujet des conditions de travail des Hospitalières dans les années 1930-1940 ? Pourquoi celui-ci est un témoin plus bavard que les autres ? D’une part, l’image témoigne d’un monde scientifique majoritairement masculin, où l’infirmière évolue souvent en retrait, en appui, en silence. Administratrices de leurs hôpitaux, les Augustines demeurent toutefois les principales gestionnaires et la Mère Supérieure supervise le corps médical qu’elle emploie. D’autre part, l’image atteste l’importance de l’immense legs des communautés religieuses envers la société québécoise. Féministes d’avant-garde, les Augustines du Québec ont contribué à jeter les bases du système de santé québécois actuel, en fondant les plus grands hôpitaux de la province. Certes, le fait d’appartenir à une communauté religieuse cloîtrée les a soumises à certaines contraintes : le port peu pratique d’un costume religieux avec voile et tablier ou la difficulté de sortir du cloître pour se former et comparer leurs pratiques. Nonobstant ces limites, les Augustines ont ouvert la voie aux femmes, en contribuant significativement à l’émergence d’une profession typiquement féminine, qui le restera d’ailleurs jusqu’à la fin des années 1960.
Table des illustrations
Titre | Anesthésie dans une salle de chirurgie, ca 1939 |
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Crédits | © Archives du Monastère des Augustines |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/775/img-1.png |
Fichier | image/png, 211k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Geneviève Piché, « Religieuses et infirmières : des femmes dans un monde d’hommes », Images du travail, travail des images [En ligne], 6-7 | 2019, mis en ligne le 01 février 2019, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/775 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/itti.775
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