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Dossier

Images syndicales du travail cheminot. Les archives photographiques du Landesverband au Luxembourg 

Trade Union Images of Railway Work. The Photographic Archives of the Landesverband in Luxembourg
Sébastien Moreau

Résumés

Les syndicats produisent, conservent et diffusent des images du monde du travail et des travailleurs, dont ils sont les défenseurs et les garants de la mémoire collective. En étudiant les archives photographiques du Landesverband, grand syndicat de cheminots au Luxembourg, cet article entend rendre compte des raisons et modalités de production et de diffusion d’une iconographie syndicale ayant trait à l’univers ferroviaire. Cette étude se révèle d’autant plus pertinente que le syndicat et son rapport visuel aux cheminots se renouvellent actuellement, à l’heure de la digitalisation des collections photographiques, du web 2.0 et de projets en cours d’écriture de l’histoire et de patrimonialisation de la mémoire cheminote.

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Texte intégral

1Observés depuis le xxie siècle commençant, les syndicats apparaissent comme les principaux producteurs et diffuseurs d’images et de récits sur le monde ouvrier. C’est de leur fonction de défense des travailleurs que découle, de façon plurielle, l’inextricable lien entre la structure syndicale et la mise en images et en mots du monde ouvrier : pour informer, commémorer ou dénoncer, donner à voir apparaît comme un recours efficace et évident. À plus forte raison lorsqu’il a traversé et survécu au xxe siècle, le syndicat est également devenu un conservateur d’images, comme ses membres sont les garants de la mémoire collective des luttes du passé, et les publications syndicales des marqueurs indispensables pour l’écriture de l’histoire ouvrière.

2Cet article entend rendre compte des rapports qu’entretient au Luxembourg un grand syndicat des travailleurs des transports, créé en 1909, la Fédération nationale des cheminots, travailleurs du transport, fonctionnaires et employés luxembourgeois (FNCTTFEL, Landesverband en luxembourgeois) avec les images qu’il a produites, diffusées et conservées de l’histoire et du travail cheminots (Collectif, 2009). Arrivé au crépuscule de son indépendance centenaire, depuis qu’en 2020 il a été intégré provisoirement à la Confédération syndicale indépendante du Luxembourg (Onofhängege Gewerkschaftsbond Lëtzebuerg, OGBL) parmi quinze autres syndicats professionnels, il n’en invente pas moins, depuis quelques années, de nouvelles façons d’archiver le catalogue de photographies dont il est le propriétaire et souvent le commanditaire. De plus, il participe actuellement à un projet universitaire et collectif de collecte de documents et d’écriture de l’histoire ferroviaire luxembourgeoise qui permet au Landesverband, ainsi qu’à d’autres donateurs privés, syndicaux ou institutionnels, de rassembler et de montrer leurs collections. Cette patrimonialisation collective et le travail historique qui en découle redonnent vie à des clichés et objets longtemps oubliés.

3Nous étudierons d’abord, d’un point de vue sériel et historique, la collection photographique du Landesverband pour en caractériser les singularités, avant de proposer une explication des étapes menant à la production, à l’acquisition puis à la diffusion des images. Enfin, à l’âge numérique et dans le contexte du modèle social luxembourgeois de concertation et de codécision entre patronat et « partenaires sociaux », la mobilisation des images syndicales de l’univers cheminot s’actualise et se réinvente dans le cadre d’un grand projet d’écriture de l’histoire mené par des chercheurs de l’université du Luxembourg, auquel collaborent aussi bien l’entreprise ferroviaire que le syndicat qui défend ses travailleurs.

1. Une collection de milliers de photographies

1.1. La cave du Casino syndical

  • 1 Entretien mené avec Guy Greivelding, président du Landesverband de 2009 à 2017, et Alphonse Classen (...)
  • 2 Au cours de l’écriture de cet article au printemps 2021, plusieurs milliers d’autres photographies, (...)

4C’est dans le sous-sol du Casino syndical, siège social historique du Landesverband, que sont stockées les archives du syndicat depuis son ouverture en 1955. Des travaux de rénovation en 2015 furent l’occasion de centraliser et de déplacer une grande partie des archives syndicales, depuis une petite cave et les bureaux dans les étages, vers un espace souterrain plus vaste1. Toujours en cours de classement, sans inventaire pour l’instant, ces fonds divers regroupent les procès-verbaux des séances du Comité exécutif et du Conseil fédéral, les rapports des congrès et des diverses réunions à la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois (CFL), et la plupart des numéros du Signal, l’organe syndical centenaire mais encore bien vivant, disponible de nos jours en version papier et numérique. À côté de ces documents écrits et publications, on trouve, pêle-mêle, un trieur contenant d’anciennes cartes de cheminots syndiqués, quelques disques de stockage, des albums thématiques et des dizaines d’enveloppes regroupant des photographies et cartes postales des années 1930 à 2009. Les disques, albums et enveloppes sont la plupart du temps libellés sommairement, et une majorité des photographies qu’ils contiennent mentionnent, au dos, une date, un lieu et parfois le nom du photographe. Dans l’ensemble, ce sont plusieurs milliers de clichés qui sont rassemblés ici ; nous en avons récupéré 1 481, dont 610 ont été numérisés, indexés et décrits2, dans le cadre du projet CFL75 que mène le Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C2DH) de l’université du Luxembourg pour le compte des CFL, auquel participe le syndicat, notamment en prêtant ses archives (voir infra). Depuis 2000, le syndicat est passé à l’ère numérique dans son archivage et ses prises de vue : un serveur contient les photographies produites depuis le début du xxisiècle, classées par année puis par thème ou événement. Le projet CFL75 constitue ainsi un jalon important dans l’histoire des photographies du Landesverband, car il est l’occasion d’en rassembler et trier les clichés au format papier et de mettre à disposition, sur les serveurs du syndicat, une copie numérique de chaque photo.

Image 1 : Le Casino syndical et la Coopérative des cheminots en 1970

Image 1 : Le Casino syndical et la Coopérative des cheminots en 1970

Le Casino syndical (à droite de l’image), siège social du syndicat, et la Coopérative des cheminots (au centre), aujourd’hui disparue, situés dans le quartier populaire de Bonnevoie, derrière la gare centrale de Luxembourg, 1970.

© Collection Landesverband.

1.2. Photographies événementielles, patrimoniales et de cheminots

5Puisque le classement des clichés argentiques physiques de la collection du Landesverband n’est pas achevé, ce sont les libellés de leurs contenants qui permettent une première approximation des sujets des photos conservées. Nous les avons regroupés en trois catégories. Il y a d’abord les photos que nous appellerons « événementielles » : ce sont les images des congrès syndicaux, au Luxembourg ou à l’étranger, des manifestations et des discours de dirigeants à la tribune, mais aussi les photos de groupe prises lors d’événements organisés par les sections locales du syndicat. Ce sous-ensemble a l’amplitude temporelle la plus vaste, les clichés des années 1930 y côtoient ceux du début du siècle suivant.

Image 2 : La section de Pétange du syndicat célébrant ses 75 années d’existence

Image 2 : La section de Pétange du syndicat célébrant ses 75 années d’existence

Photographie dite événementielle de dirigeants syndicaux et membres de la section de Pétange du Landesverband sur le quai de la gare de Pétange, à l’occasion des 75 ans de cette section locale. Pétange, 1992.

© Collection Landesverband.

6Le deuxième sous-ensemble, « patrimonial », documente les installations ferroviaires luxembourgeoises : les gares, ateliers, dépôts de matériel moteur et roulant, portions du réseau ferré et autres halles à marchandises ou postes d’aiguillage, mais aussi les visites de chantiers des délégués du personnel des CFL. La plupart datent des années 1970-1990 : elles ont en général été prises avant, pendant ou après des travaux, précisément pour les annoncer ou garder une trace visuelle d’infrastructures vouées à disparaître ou à être complètement remaniées. À mesure que les objets patrimoniaux photographiés disparaissent, ces photos elles-mêmes peuvent être considérées comme une part du patrimoine ferroviaire national (Bertho, 2013) et comme uniques témoins survivants du passé.

7Enfin, le dernier sous-ensemble est constitué de clichés des cheminots au travail, réunis pour la plupart dans l’enveloppe « Berufe bei der Eisenbahn » (« Métiers aux chemins de fer »), qui compte 94 photos. Documentant des métiers et pratiques là aussi disparus ou profondément transformés (ceux des accrocheurs, aiguilleurs, ajusteurs, chefs de gare, guichetiers, mécaniciens, etc.), elles donnent à voir des corps en mouvement et des outils, des tenues, environnements et conditions de travail sous la forme de portraits individuels ou collectifs en action (Millo, 2016) (Image 2). En somme, cette première typologie permet d’appréhender la singularité de la collection photographique du syndicat par rapport aux autres fonds rassemblés dans le cadre du projet CFL75. Elle est imposante, tant en nombre de clichés conservés que dans l’amplitude temporelle de ceux-ci, et d’une grande diversité, ce qui tient respectivement à la longévité de la structure syndicale et à la multiplicité des producteurs d’images et des canaux par lesquels le syndicat les acquiert pour en faire usage.

Image 3 : Le lampiste à l’œuvre

Image 3 : Le lampiste à l’œuvre

Métier aujourd’hui disparu, celui de lampiste, aussi appelé manœuvre de gare, en train d’allumer une lanterne de signalisation.

© Collection Landesverband.

2. Publier ou dénoncer. Les usages syndicaux des images

2.1. Le Signal. Publier pour faire connaître

8La grande majorité des photos de la collection du Landesverband ont été commandées par le syndicat lui-même et servent à illustrer sa revue, Le Signal, créée en 1920. Le Signal est le lieu privilégié d’expression des positions du syndicat à propos de la politique économique et sociale luxembourgeoise, et plus particulièrement de la politique des transports. Il fait également fonction d’organe de liaison entre les différentes sections et structures syndicales et les cheminots syndiqués, qui reçoivent la revue à domicile ou dans leur boîte mail. Les visites et comptes-rendus des délégations du personnel aux CFL, les congrès et meetings internes, les événements dans les sections locales, les billets d’humeur et aperçus historiques, les chantiers ferroviaires en cours, les offres d’emploi ou les plus rares appels à la mobilisation en sont le contenu textuel principal, que des images viennent illustrer ou scander. La revue sert à informer, à dénoncer, à interpréter, à raconter, et donc aussi à montrer. En tant que porte-voix et lieu où les activités des sections thématiques ou locales de la structure syndicale sont rendues visibles par les images, elle fait également fonction d’espace partagé d’expression ou d’affichage des activités courantes et festives, et joue en cela un rôle « proche du bouche-à-oreille d’antan » (Charle, 2004). On peut ainsi commencer par dire que l’illustration de la revue syndicale est la première raison d’être de la collection de clichés du Landesverband. Sa richesse et sa variété sont déterminées par la longévité de la publication centenaire du syndicat.

9Cette richesse s’explique aussi par les circonstances de la production et les modalités d’acquisition des images elles-mêmes. Si c’est certes le comité de rédaction du Signal qui les centralise, elles n’en émanent pas moins d’un large spectre de photographes aux motivations différentes. La plupart du temps, ce sont des cheminots syndiqués eux-mêmes qui les produisent, plus ou moins spontanément, puis les envoient au comité pour une éventuelle publication. En étudiant la source des photographies publiées dans Le Signal, on aperçoit que certains noms reviennent régulièrement (René Birgen, Alphonse Classen, Guy Greivelding…) : ce sont ceux de cheminots syndiqués, retraités ou parfois actifs, qui pratiquent la photographie en amateur et en tant que passionnés de matériel ferroviaire. Ils fournissent bénévolement leurs clichés à la rédaction, ce qui participe pleinement de leur engagement syndical. On retrouve un fonctionnement similaire chez le syndicat concurrent, Syprolux, dont les archives photographiques et les illustrations de la revue Transport sont la plupart du temps produites et données par des cheminots à la fois engagés dans le syndicat et amateurs de photographie.

10La remontée des photographies des cheminots syndiqués vers le comité de rédaction de leur organe de liaison se nourrit également de l’attrait qu’exerce depuis longtemps la pratique photographique sur ce groupe professionnel. Une partie des cheminots luxembourgeois amateurs de photographie sont rassemblés depuis 1962 dans une association, le Photo-Club des CFL, indépendamment de leur appartenance à un des deux syndicats de cheminots. Il compte aujourd’hui une quarantaine de membres et organise une dizaine de sorties par an, des concours et des initiations à la photographie pour les débutants3. Institutionnellement, il fait partie de l’Union artistique et intellectuelle des cheminots luxembourgeois (UAICL) fondée la même année que l’entreprise ferroviaire nationale, en 1946, à l’instar de l’Harmonie Michel Hack, de la chorale Albert Bousser et de l’Association des radio-amateurs des CFL. L’UAICL rassemble indifféremment des associations syndicales ou subventionnées par le patronat, les CFL, et fait elle-même partie de la Fédération internationale des sociétés artistiques et intellectuelles de cheminots (FISAIC), tout comme 21 autres fédérations nationales européennes promouvant les loisirs des cheminots qui rassemblent plus de 30 000 membres. C’est à ce titre que le Photo-Club des CFL participe également aux festivals internationaux de photographie organisés par la FISAIC. Si cette association précise n’a qu’un rapport indirect avec le Landesverband, l’organisation des loisirs de cheminots fait partie depuis longtemps des fonctions du syndicat, et des motivations individuelles pour y adhérer. Il y a ici une imbrication entre l’intérêt personnel de travailleurs pour leur outil de travail, une pratique ludique collective organisée sous forme associative et une structure syndicale qui promeut, entre autres, cette activité. On ne saurait pour l’heure comparer sociologiquement ces cheminots photographes aux cheminots non-photographes ni aux photographes non-cheminots. On peut seulement supposer que ce qui pousse chacun à prendre des photos relève tantôt d’un attrait pour les infrastructures et le matériel ferroviaires, tantôt d’une volonté d’être utile au syndicat et tantôt d’un goût pour la pratique même de la photographie.

11Le fait que des cheminots syndiqués fournissent leurs prises de vue au Signal, qu’ils soient ou furent en même temps membres du Photo-Club des CFL, ne relève pourtant pas de la coïncidence. Elle révèle plutôt l’imbrication au sein des sociabilités cheminotes, d’activités politiques, professionnelles et ludiques. C’est le cas du cheminot-photographe J. Jeitz, qui au début des années 1980 a livré au syndicat une série de photographies de gares. Il est alors à la fois membre du syndicat et du Photo-Club. Ses clichés de gares ont acquis une valeur patrimoniale et historique dès les années suivantes ; d’importants travaux de rénovation des gares (des bâtiments voyageurs à la signalisation, en passant par le plan des voies) ont en effet eu lieu dans les années 1980-1990, notamment sur la plus longue ligne ferrée du réseau luxembourgeois, la Ligne du Nord, qui va de la capitale à Troisvierges, aux confins septentrionaux du Grand-Duché, à la frontière belge. Ces documents photographiques sont ainsi devenus en peu de temps des témoins d’un passé architectural disparu, que l’historien peut dès lors utiliser comme source pour comparer ces infrastructures à celles apparues après la modernisation et l’électrification de la ligne du Nord et de ses installations ferroviaires (voir images 4 et 5).

Image 4 : La gare de Goebelsmühle hier

Image 4 : La gare de Goebelsmühle hier

La gare de Goebelsmühle photographiée en avril 1983 par le cheminot-photographe syndiqué J. Jeitz.

© Collection Landesverband.

Image 5 : La gare de Goebelsmühle aujourd’hui

Image 5 : La gare de Goebelsmühle aujourd’hui

La même gare en 2020, après l’électrification et les modernisations successives des années 1980-2010, par Thomas Woloszyn, pour le projet CFL75.

© Collection Thomas Woloszyn.

12En gare de Goebelsmühle par exemple, la comparaison entre les deux photos permet de constater que la ligne a été profondément modernisée, et électrifiée. Des caténaires ont été installées, dont on aperçoit les fils conducteurs sur la photo 5. Le bâtiment voyageurs a été totalement rénové et des abris pour les voyageurs ont également fait leur apparition. Ces clichés d’époques différentes permettent donc de faire progresser la connaissance historique. Mais seulement partiellement : sans recours à une documentation écrite (CFL, 1986), on ne saurait deviner que les voies de gare et de pleine ligne ont été renouvelées sur ce tronçon en 1989, qu’un poste tout-relais a remplacé à Goebelsmühle l’ancien poste de signalisation mécanique, ni que des souterrains pour le passage des voyageurs et des panneaux d’affichage électroniques ont été construits. Dans ce cas-ci, comme dans beaucoup d’autres, les photographies sont des sources utiles à l’historien, à condition de les utiliser en complément d’autres archives (Delporte, Gervereau et Maréchal, 2019), qu’elles soient écrites ou même orales, qu’il s’agisse de documents techniques ou du recueil, par entretiens, de la mémoire d’anciens cheminots.

  • 4 Voir l’infographie « Jeux de pouvoirs », dans Paperjam, octobre 2020, p. 22-23, pour prendre connai (...)

13En ce qui concerne les événements officiels auxquels participent des délégations du Landesverband (congrès, négociations tripartites avec le patronat et l’État, manifestations et prises de parole publiques), un délégué est chargé d’immortaliser ces instants dont il est ensuite rendu compte dans les colonnes du Signal. Pour ces mêmes occasions, la revue publie également des clichés pris par des photographes de presse professionnels. Ceux-ci sont employés par le Tageblatt (anciennement : Escher Tageblatt), le quotidien du groupe Editpress dont la Coopérative Casino syndical Luxembourg, c’est-à-dire le Landesverband, est depuis longtemps actionnaire, à hauteur, actuellement, de 19 %4. Ce partage entre un groupe de presse et le syndicat qui détient des parts dans l’entreprise explique pourquoi l’on retrouve des clichés de photographes professionnels dans la collection du Landesverband, alors que ni le syndicat ni son organe de presse n’en emploient. Au Luxembourg, le nombre de photographes professionnels est limité et leurs photos se retrouvent souvent dans plusieurs titres, parfois concurrents. L’iconographie que l’on retrouve dans Le Signal ou le Tageblatt est ainsi relativement similaire à celle que l’on retrouve dans Transport ou dans d’autres titres spécialisés ou généralistes.

14Tony Krier (1906-1994) est sans doute le plus célèbre des photographes luxembourgeois. Photographe à la Cour grand-ducale, il est d’abord connu pour ses portraits et paysages. Après la publication de deux éditions de clichés documentant les destructions dans les villages luxembourgeois durant la deuxième guerre mondiale, il a collaboré avec plusieurs quotidiens, dont le Luxemburger Wort et le Tageblatt. La Photothèque de la Ville de Luxembourg conserve 620 000 documents signés de son nom, dont le résumé succinct sur son site internet précise qu’il s’agit de « reportages photographiques sur la ville de Luxembourg, le Grand-Duché et les grands événements de 1939 à 19725 ». La collection du Landesverband en contient une centaine dont soixante ont été numérisés : la moitié documente une manifestation du milieu des années 1950 pour la semaine de 44 heures (syndicalistes à la tribune au Casino syndical, cortège et fanfare parcourant la capitale, foule rassemblée sur la Place d’Armes) (voir image 6), l’autre moitié est constituée de portraits en noir et blanc de cheminots photographiés au travail, de la fin des années 1950 aux années 1980.

Image 6 : Cortège syndical traversant Luxembourg-Ville dans les années 1950

Image 6 : Cortège syndical traversant Luxembourg-Ville dans les années 1950

La banderole affichée sur le camion porte les revendications des cheminots : « Pour la nationalisation des transports publics », « Contre la réduction du personnel et le démantèlement du réseau ferré », « Pour la semaine de 44 heures ». Luxembourg, milieu des années 1950. Photographe : Tony Krier.

© Collection Landesverband.

2.2. L’image comme outil de négociation

  • 6 Il s’agit des délégations des services Activités Voyageurs train (AV) et Bus (BU), Cargo, Gestionna (...)

15Un autre usage que le syndicat fait des photographies renvoie à sa fonction historique et principale, celle de défendre les cheminots en les représentant à la délégation du personnel de l’entreprise ferroviaire. Les élections sociales concernent au Luxembourg toutes les entreprises comptant au moins quinze salariés. Deux syndicats se font concurrence dans le secteur des chemins de fer : le Landesverband, syndicat de gauche historiquement majoritaire et le Syndicat professionnel des cheminots luxembourgeois chrétien-social (dit Syprolux). Des représentants sont élus à la Délégation centrale et dans les sept délégations de service6. Lors des réunions bilatérales des délégués du personnel avec la direction ou les chefs de service de l’entreprise, les représentants syndicaux utilisent des photographies qu’ils ont prises lors de leurs visites des différents sites ferroviaires, afin de peser dans les négociations avec les représentants patronaux. L’image apparaît ici comme un document utilisable, comme un outil de négociation.

16Au détour d’une page du Signal, nous en avons retrouvé un exemple concret. Il s’agit du compte-rendu de la réunion trimestrielle du 14 décembre 2017 entre la direction de CFL cargo (la filiale des CFL de traction ferroviaire spécialisée dans le fret, créée en 2006) et la délégation du personnel de la filiale. Le compte-rendu est signé par « la délégation du personnel du Landesverband ». En voici un extrait :

  • 7 « Changement en tête de la direction de CFL Cargo », Le Signal, mars 2018, p. 12.

La direction de CFL Cargo informa les délégués que quatorze accidents se sont produits jusqu’à fin novembre 2017 qui se répartissent de façon suivante : dix vont sur le compte de CFL Cargo et quatre sur celui de CFL Technics. Ces chiffres dépassent les objectifs fixés pour CFL Cargo et de ce fait la prime de sécurité ne sera pas versée […]. Dans le cadre des discussions sur la sécurité, la délégation présenta à la direction des photos prises la veille montrant l’état du chemin autour du Centre opérationnel après les chutes de neige et dont le déneigement n’avait pas encore été fait au courant de l’après-midi. Les délégués signalèrent dans ce contexte deux accidents dus au verglas quinze jours auparavant et exigèrent une consigne précise et nette concernant la responsabilité pour le nettoyage des chemins piétons7

17Précisons que l’article en question est illustré par deux photos représentant des locomotives de manœuvre et non par les clichés mentionnés dans l’extrait ci-dessus, utilisés par les délégués du personnel pour soutenir leur argumentaire en faveur des cheminots face à leur direction. Les preuves photographiques que produisent les délégués du personnel n’ont pas vocation à être publiées et ne sont pas toujours conservées. Elles sont un support visuel des revendications cheminotes et servent d’outils de négociation, voire même de « pièces à conviction » selon l’expression de Susan Sontag et l’on peut, concernant ces clichés, adhérer à la formule suivante : « une des applications utilitaires du document photographique est l’incrimination » (Sontag, 2008).

18Au cours de l’histoire croisée du syndicat et de l’entreprise ferroviaire, la production et le contenu de ces clichés scandent les combats syndicaux qui se succèdent. Dès les premières décennies du xxe siècle, c’est la vétusté des logements de cheminots qui est ainsi documentée, un élément clé de la question sociale et des revendications ouvrières. Obligés contractuellement à habiter à proximité de leur lieu de travail, bon nombre de cheminots vivent dans des petits logements mis à leur disposition par l’entreprise ferroviaire qui les emploie. La question des rénovations, de l’assainissement, de l’accès à l’eau courante puis, après-guerre, à l’électricité est portée par les syndicats. Dans les années 1970 notamment, moment où le sous-investissement dans la maintenance des équipements et infrastructures ferroviaires est combattu avec virulence par le syndicat, des clichés des vestiaires, des bords de voie et de l’intérieur des ateliers documentent la vétusté des installations, les conditions de travail dégradées et les risques qu’elles font courir aux travailleurs (voir images 3 et 7). Insistons sur le fait que ces photos ne paraissent pas dans la revue et n’ont pas toujours été conservées. Elles n’en font pas moins partie d’une stratégie syndicale globale : visites des délégués du personnel sur les divers sites ferroviaires, remontées d’informations depuis les sections locales et cheminots syndiqués, réunions syndicales, négociations avec la direction en usant de preuves photographiques, éditoriaux ou articles de fond dans Le Signal, prises de parole publique (ou devant le conseil d’administration) de la part des délégués centraux. Enfin, bien qu’elles ne soient qu’exceptionnellement coordonnées, les actions et luttes syndicales dans les autres secteurs, en particulier dans la sidérurgie – qui compte pour 70 % des exportations nationales de biens et pour 25 % du PIB en 1974 (Casali, 2013) – se servent-elles aussi d’images pour incriminer le patronat et le forcer à améliorer les conditions de travail. Les deux syndicats de cheminots, pionniers dès leur naissance en 1909 et 1922 en matière de représentation unitaire des ouvriers et employés du transport au sein d’une organisation commune, jouent un rôle central dans la vie politique et sociale du pays (Scuto, 2009). Le Landesverband en particulier, plus grand que son concurrent, a une position charnière dans la structuration de la gauche luxembourgeoise ; il a souvent inspiré les mouvements sociaux les plus vastes et rassemblé d’autres structures autour de lui, se retrouvant ainsi au cœur des grandes grèves nationales. Par mimétisme ou effet d’entraînement, les partis politiques et syndicats de gauche se sont maintes fois alignés sur ses positions, y compris dans l’usage des images et les moyens d’expression des revendications de travailleurs.

Image 7 : Sabots d’arrêt et guérite de stockage du matériel de maintenance ferroviaire

Image 7 : Sabots d’arrêt et guérite de stockage du matériel de maintenance ferroviaire

Photographie prise à l’entrée du triage de Luxembourg en 1978.

© Collection Landesverband.

3. Nouveaux formats, nouveaux usages

3.1. De la cave au serveur web, de l’argentique au numérique

19Depuis 2000, le syndicat centralise et utilise des photographies numériques. Leur archivage s’effectue désormais sur un serveur web interne, le classement est opéré par des sous-dossiers concernant tel événement ou thème, à l’intérieur de dossiers par année. Cette approche d’abord chronologique puis thématique dévoile une certaine vision du passé et de ses témoins visuels, dont l’ordonnancement est opéré par l’archiviste comme une succession et une superposition de strates annuelles. Notons que les éléments de légende des clichés ne peuvent en général être déduits que du dossier dans lequel ils sont classés, de leur intitulé et parfois de la date de la prise de vue enregistrée automatiquement dans les propriétés du fichier numérique. Mais ce classement rend la consultation et l’éventuel partage des documents photographiques bien plus aisés que l’archivage, en l’occurrence chaotique, des clichés argentiques au siècle précédent. Cette évolution coïncide avec la fin de l’impression des clichés, à l’exception de la trentaine de photographies publiées dans chaque numéro du Signal. La cave, en tant que lieu physique d’archivage, ne sera plus que rarement étoffée de nouveaux documents.

20Ce sont ainsi des dizaines de milliers de photos qui s’accumulent dans l’espace numérique, où elles sont stockées et classées mais aussi diffusées, partagées et commentées. La migration du classement photographique et archivistique dans l’espace numérique s’accompagne en effet, à l’ère d’internet, d’une inédite prolifération des images et d’un renouvellement de leurs usages.

Image 8 : Manifestation de cheminots à la gare centrale en 2009

Image 8 : Manifestation de cheminots à la gare centrale en 2009

Manifestation de cheminots syndiqués dans le hall des pas perdus de la gare centrale de Luxembourg en avril 2009. Les drapeaux portent le nom du syndicat. Ce cliché a été réalisé avec un appareil numérique et est stocké sur un disque.

© Collection Landesverband.

  • 8 Le site le plus actif dans l’univers ferroviaire luxembourgeois est www.rail.lu.

21Des forums de passionnés de matériel ou de photographie ferroviaires ont ainsi vu le jour, sur lesquels des centaines d’internautes partagent des images et les commentent8. Des sites web d’associations et des pages sur les réseaux sociaux ont une fonction similaire, et permettent aux membres de communiquer entre eux et vers l’extérieur, souvent à l’aide de photographies. Ce web social, espace fait d’interactions, de partages et de réseaux, où l’internaute a une relation plus horizontale avec les contenus numériques qu’aux premiers temps d’internet, est ce que les chercheurs appellent le web 2.0 (Le Deuff, 2007). La publication syndicale elle-même, comme la plupart des titres de presse, est depuis quelques années disponible en ligne. Le format numérique des clichés en permet une circulation plus fluide et plus intense entre les institutions, les individus et ces plateformes de partage, et ce sont à la fois le nombre, l’usage et le rapport aux photographies qui ont évolué. Mais la mise en œuvre d’une démarche documentaire dans ce nouveau dispositif technique, à l’intérieur de ces « territoires numériques » que sont les serveurs web et, plus généralement, internet, exige des outils conceptuels qui restent encore largement à inventer (Lamassé et Bonnot, 2019). Devant la masse de clichés et d’informations, la question de la significativité et de la représentativité des photographies doit être repensée, de même que les problématiques liées à la constitution des corpus que l’on soumet à l’analyse.

22Aux dires des syndicalistes que nous avons interrogés, et notamment l’archiviste bénévole du Landesverband, la conscience historique des membres du syndicat se serait aiguisée ces dernières années. Les fichiers (que les historiens appellent « documents de la pratique ») sont moins systématiquement perdus, jetés ou détruits après avoir perdu leur utilité première, leur centralisation est effectuée plus efficacement et spontanément, les articles et publications à caractère historique se font plus nombreux (Noiret, 2015). On peut émettre l’hypothèse que la prolifération des photos et des pages web dédiées à l’univers ferroviaire est le signe en même temps que le vecteur d’un regain d’intérêt pour son histoire.

  • 9 Thomas B. (2018), « Knaatsch », d’Lëtzebuerger Land, 19 janvier 2018 (en ligne) : https://www.land. (...)

23Ceci doit être également mis en relation avec le fonctionnement actuel du syndicat. Une des raisons principales pour lesquelles il a intégré provisoirement l’OGBL est une difficulté pérenne en matière de recrutement, qu’il s’agisse des simples membres ou des dirigeants. Une certaine désaffection, notamment de la part des cheminots les plus jeunes, touche cette structure et ses instances de direction, qui connaissent ainsi mécaniquement un vieillissement des effectifs et une perte d’influence. En 2018, 30 à 40 % des 5 000 membres du Landesverband étaient des retraités, et la tendance s’accentue9. L’intérêt croissant pour l’histoire (et pour les documents qui en permettent l’écriture) serait-il également une réaction collective des syndicalistes à un passé qui leur semble s’échapper, leur fuir, faute de remplacement générationnel ? Perçue comme un passé à préserver, l’histoire serait-elle conçue par eux comme ce qu’il restera lorsque la mémoire des hommes se sera effilochée, jusqu’à disparaître (Wieviorka, 1998) ?

24En somme, n’ayant pas vocation à être conservateur d’archives et d’images, le syndicat garde en premier lieu ce qui lui est potentiellement utile, tout de suite ou dans un avenir proche, ce qui sert ou pourra servir bientôt. La « première vie » des photographies est ainsi de durée courte : elles sont gardées pour être éventuellement publiées rapidement. De façon discrète et bénévole, des archivistes (de nos jours Alphonse Classen, Jos Emeringer avant lui) ont rassemblé et préservé les documents du syndicat considérés comme ayant une valeur historique – les archives, dont l’historien, aujourd’hui, peut faire son miel – c’est la « deuxième vie » des traces matérielles que le Landesverband a conservées. Ce travail a d’ailleurs donné lieu à des expositions de photos à l’occasion d’anniversaires, notamment en 1984 et pour le centenaire du syndicat, en 2009.

3.2. Le projet CFL75, l’écriture de l’histoire comme troisième vie pour les clichés du syndicat

  • 10 Une partie importante des archives a été récupérée et rassemblée par Fränz Hausemer, documentariste (...)

25Le projet CFL75 offre ainsi une « troisième vie » aux clichés classés dans la cave ou sur le serveur interne du syndicat. Dans le cadre de ce projet historique universitaire commandé par le patronat, qui consiste en l’écriture et la confection d’un ouvrage et d’une exposition digitale, il a d’abord fallu procéder à une collecte d’archives privées. Plus de 80 donateurs ont répondu à cet appel, donnant ou prêtant des photographies, plans ferroviaires, objets, uniformes, films ou documents écrits servant à l’écriture d’une histoire des chemins de fer et cheminots luxembourgeois. Quelque 20 000 items ont ainsi été collectés puis indexés et décrits. Précisons au passage qu’une bonne partie des donateurs sont des donatrices, plus précisément des veuves de cheminots, qui ont versé entre une poignée et plusieurs centaines d’items au fonds commun10.

26La collection photographique du Landesverband a ainsi été prêtée, et les copies numériques de ces clichés font désormais partie d’un ensemble, nouveau et hétéroclite, qui constitue les premières archives de l’entreprise ferroviaire luxembourgeoise, elle aussi nouvellement consciente de l’intérêt de perpétuer son existence en rassemblant des vestiges de son passé, propres à entretenir le lien entre hier et aujourd’hui. Les photographies, dans la masse de ce qui a été versé, sont de très loin les plus nombreuses, tout se passant comme si elles étaient à la fois les plus évidentes, les plus révélatrices, et les témoins les plus attendus d’un passé que les donateurs ne voulaient pas voir disparaître. Le syndicat, dans la crise de vocation qui l’affecte, est sensible à cet engouement général. Pour l’historien, ces clichés documentent des époques, lieux, conditions, travaux, postures, qui seraient tombés dans l’oubli sans la disposition des syndicalistes à les verser dans le fonds commun qui nous permet d’en écrire l’histoire.

27L’ampleur de la collecte et la variété des donateurs (individus, associations, services de l’entreprise ferroviaire et donc syndicats) ont permis de concevoir un livre et une exposition digitale à la fois ambitieux dans leur portée historique et richement illustrés (Moreau, 2022). Par l’élaboration d’expositions digitales notamment, spécialité du C2DH de l’université du Luxembourg, le travail historique et universitaire se réinvente et accompagne les mutations numériques des univers qu’il étudie (Clavert, Grandjean et Méadel, 2018). Au-delà du rôle de donateur d’archives, le syndicat compte des représentants dans les organes de gouvernance du projet CFL75, qui est dès lors également l’occasion de mettre face-à-face des récits et visions de l’histoire différentes, que nos interlocuteurs soient cheminots ou dirigeants, représentants syndicaux, patronaux ou des ministères. La participation à ce grand projet collectif a d’ailleurs une autre vertu : les centaines de clichés argentiques que nous avons numérisés seront rendus indexés et classés au syndicat, de même que les versions numérisées de ces clichés. C’est la réconciliation de la cave et du serveur web, de l’archive papier et de ses copies numériques.

Conclusion

28L’étude des rapports entre une structure syndicale et sa collection de photographies a fait apparaître que la mobilisation des images sert en premier lieu à documenter les conditions de travail des cheminots. Pour porter et diffuser les revendications des travailleurs, le syndicat doit d’abord connaître leur situation, ce qui passe souvent par la captation d’images, au double sens de prise de vue et de collecte. Les producteurs de ces clichés sont divers, ce qui révèle les différentes voies par lesquelles le syndicat s’informe. Visites des délégués du personnel sur les lieux de travail, prises de vue spontanées par les travailleurs, partage des clichés des photographes professionnels d’un grand quotidien national, clichés de syndicalistes amateurs de photographie ou de matériel ferroviaire sont autant de moyens mobilisés par le syndicat pour connaître la situation, préalable indispensable à l’action collective.

29Qu’elles aient initialement vocation à être publiées dans la revue ou à peser dans les négociations avec le patronat, ces images, par leur nombre et leur amplitude temporelle, accèdent au statut de document historique de grande valeur. Comme compléments indispensables à d’autres types de documentation et témoins visuels des luttes et conditions de travail des cheminots, elles immortalisent individuellement des instants et, considérées collectivement, livrent un récit diachronique et visuel de l’univers ferroviaire depuis le début du xxe siècle.

  • 11 Voir à ce sujet le projet ANR Web90, porté par Valérie Schaefer et son équipe.

30C’est pourquoi leur conservation permet, alors que la mémoire des luttes passées se tarit, d’en écrire l’histoire (Artières, 2013). L’ère numérique présente à ce titre une occasion et un défi – elle permet la prolifération des images, multiplie leurs lieux d’affichage et de partage et renouvelle l’écriture et l’accès à l’histoire, mais elle noie les revendications collectives et les messages politiques dans un flux massif de mots et de visuels11. Le magistère moral de la structure syndicale est remis en question par la relative désaffection qui la touche et la multiplication des instances de production, de diffusion et d’interprétation des clichés relatifs aux travailleurs. À moyen terme, la survie du syndicat tient sans doute à sa capacité réinventée à donner de la voix, proposer un récit et adopter une perspective unie et imagée pour la défense des travailleurs, dans la rue, les bureaux des patrons mais aussi sur les nouveaux territoires numériques du monde contemporain.

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Bibliographie

Artières P. (2013) La Banderole. Histoire d’un objet politique, Paris, Autrement.

Bertho R. (2013) « Photographie, patrimoine : mise en perspective », dans Bertho R., Garric J.-P., Queyrel F., Patrimoine photographié, patrimoine photographique, Publications de l’Institut national d’histoire de l’art [En ligne], 2013, consulté le 23 mars 2021, URL : http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/inha/4055.

Casali S. (2013) « L’industrie sidérurgique luxembourgeoise depuis les années 60 », dans Statec, Le Luxembourg 1960-2010, Luxembourg, Statec.

CFL (1986) Projet de renouvellement et de modernisation de la ligne du Nord.

Charle C. (2004) Le Siècle de la presse, Paris, Le Seuil.

Clavert F., Grandjean M. et Méadel C. (2018) « Le temps long des réseaux sociaux numériques, une introduction », Le Temps des médias, no 31, p. 6-11.

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Delporte C., Gervereau L. et Maréchal D. (dir.) (2019) Quelle est la place des images en histoire ?, Paris, Nouveau Monde.

Lamassé S. et Bonnot G. (dir.) (2019) Dans les dédales du web. Historiens en territoires numériques, Paris, Éditions de la Sorbonne.

Le Deuff O. (2007) « Le succès du web 2.0 : histoire, techniques et controverse » [En ligne], mis en ligne le 26 février 2007, consulté le 26 mars 2021, URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/sic_00133571/.

Millo G. (2016) « Le documentaire critique et la représentation du travail ouvrier », Images du travail, travail des images [En ligne], 2016-2, mis en ligne le 1 septembre 2016, consulté le 26 mars 2021, URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/1170.

Moreau S. (2022) Les CFL en mouvement depuis 75 ans. Histoire des chemins de fer luxembourgeois (1946-2021), Luxembourg, CFL/Université du Luxembourg.

Noiret S. (2015) « Digital Public History Narratives with Photographs », Public History Weekly, no 31.

Scuto D. (2009) « 150 ans de chemins de fer luxembourgeois (1859-2009). De la fin d’un isolement au début d’une mobilité durable », dans Barthel C., Mayer C.-L., Philippart R., Poeker J. et Scuto D., 150 Joër Eisebunn zu Lëtzebuerg (1859-2009), Luxembourg, CFL/Ministère du Développement durable et des Infrastructures.

Sontag S. [1973] (2008), Sur la photographie, Paris, Christian Bourgois.

Wieviorka A. (1998) L’Ère du témoin, Paris, Plon.

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Notes

1 Entretien mené avec Guy Greivelding, président du Landesverband de 2009 à 2017, et Alphonse Classen, secrétaire central du secteur chemins de fer et archiviste du Landesverband, le 16 février 2021.

2 Au cours de l’écriture de cet article au printemps 2021, plusieurs milliers d’autres photographies, au format numérique, ont été prêtées par le syndicat. Le corpus de l’étude présentée ici est essentiellement constitué de photographies argentiques sur papier, ces nouveaux versements numériques n’ayant pas pu être pris en compte.

3 Voir le site de l’association : www.photoclubcfl.lu.

4 Voir l’infographie « Jeux de pouvoirs », dans Paperjam, octobre 2020, p. 22-23, pour prendre connaissance de la structuration financière et institutionnelle du paysage médiatique au Grand-Duché de Luxembourg.

5 https://www.vdl.lu/fr/visiter/art-et-culture/photo/phototheque/documents-photographiques. Voir aussi Raus R., Helminger P. (2006), Trésors de la Photothèque : Tony Krier Sen., Luxembourg, Photothèque de la Ville de Luxembourg.

6 Il s’agit des délégations des services Activités Voyageurs train (AV) et Bus (BU), Cargo, Gestionnaire d’infrastructure-Exploitation infrastructure et Maintenance Infrastructure (GI-EI et GI-MI), Services centraux (SC) et Trains et Matériel (TM).

7 « Changement en tête de la direction de CFL Cargo », Le Signal, mars 2018, p. 12.

8 Le site le plus actif dans l’univers ferroviaire luxembourgeois est www.rail.lu.

9 Thomas B. (2018), « Knaatsch », d’Lëtzebuerger Land, 19 janvier 2018 (en ligne) : https://www.land.lu/page/article/776/333776/FRE/index.html.

10 Une partie importante des archives a été récupérée et rassemblée par Fränz Hausemer, documentariste et consultant auprès des CFL pour le projet CFL75.

11 Voir à ce sujet le projet ANR Web90, porté par Valérie Schaefer et son équipe.

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Table des illustrations

Titre Image 1 : Le Casino syndical et la Coopérative des cheminots en 1970
Légende Le Casino syndical (à droite de l’image), siège social du syndicat, et la Coopérative des cheminots (au centre), aujourd’hui disparue, situés dans le quartier populaire de Bonnevoie, derrière la gare centrale de Luxembourg, 1970.
Crédits © Collection Landesverband.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/2429/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 545k
Titre Image 2 : La section de Pétange du syndicat célébrant ses 75 années d’existence
Légende Photographie dite événementielle de dirigeants syndicaux et membres de la section de Pétange du Landesverband sur le quai de la gare de Pétange, à l’occasion des 75 ans de cette section locale. Pétange, 1992.
Crédits © Collection Landesverband.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/2429/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 504k
Titre Image 3 : Le lampiste à l’œuvre
Légende Métier aujourd’hui disparu, celui de lampiste, aussi appelé manœuvre de gare, en train d’allumer une lanterne de signalisation.
Crédits © Collection Landesverband.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/2429/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 606k
Titre Image 4 : La gare de Goebelsmühle hier
Légende La gare de Goebelsmühle photographiée en avril 1983 par le cheminot-photographe syndiqué J. Jeitz.
Crédits © Collection Landesverband.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/2429/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 179k
Titre Image 5 : La gare de Goebelsmühle aujourd’hui
Légende La même gare en 2020, après l’électrification et les modernisations successives des années 1980-2010, par Thomas Woloszyn, pour le projet CFL75.
Crédits © Collection Thomas Woloszyn.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/2429/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 250k
Titre Image 6 : Cortège syndical traversant Luxembourg-Ville dans les années 1950
Légende La banderole affichée sur le camion porte les revendications des cheminots : « Pour la nationalisation des transports publics », « Contre la réduction du personnel et le démantèlement du réseau ferré », « Pour la semaine de 44 heures ». Luxembourg, milieu des années 1950. Photographe : Tony Krier.
Crédits © Collection Landesverband.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/2429/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 586k
Titre Image 7 : Sabots d’arrêt et guérite de stockage du matériel de maintenance ferroviaire
Légende Photographie prise à l’entrée du triage de Luxembourg en 1978.
Crédits © Collection Landesverband.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/2429/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 690k
Titre Image 8 : Manifestation de cheminots à la gare centrale en 2009
Légende Manifestation de cheminots syndiqués dans le hall des pas perdus de la gare centrale de Luxembourg en avril 2009. Les drapeaux portent le nom du syndicat. Ce cliché a été réalisé avec un appareil numérique et est stocké sur un disque.
Crédits © Collection Landesverband.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/docannexe/image/2429/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 154k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Sébastien Moreau, « Images syndicales du travail cheminot. Les archives photographiques du Landesverband au Luxembourg  »Images du travail, travail des images [En ligne], 12 | 2022, mis en ligne le 21 février 2022, consulté le 11 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itti/2429 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/itti.2429

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Auteur

Sébastien Moreau

Normalien diplômé en sciences sociales, docteur en histoire contemporaine, Sébastien Moreau est l’auteur d’une thèse intitulée « Les Rencontres sportives. Une histoire sociale et culturelle du sport à Reims, pôle de l’espace sportif national et européen (1918-1939) » sous la direction de Christophe Charle, soutenue à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en septembre 2018. Elle fut récompensée du prix spécial du jury 2019 de la Société française d’histoire urbaine. Depuis octobre 2018, il est research associate (postdoc) au Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C2DH) de l’université du Luxembourg, poste dans le cadre duquel il a été curateur d’une exposition digitale (jusqu’en juillet 2020) et auteur de l’ouvrage Les CFL en mouvement depuis 75 ans. Histoire des chemins de fer luxembourgeois (1946-2021), à paraître en février 2022.

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