- 1 Cette recherche a bénéficié d’un premier financement sur 2013-2015 dans le cadre du programme Nuclé (...)
1En se déployant sur un nombre limité de sites qui sont implantés dans l’espace à faible densité de population, l’industrie nucléaire a marqué la conversion brutale de territoires à une étrange modernité. Le sens ne s’en est sans doute pas imposé d’évidence ni n’a été unanimement partagé à toutes les époques par l’ensemble des populations locales, qu’elles soient anciennes ou nouvelles, qu’elles travaillent ou non dans le secteur. L’objet du programme de recherche intitulé « Nucléaire et société locale »1 est d’aller au-delà du silence qui caractérise souvent ces populations sur le sujet en réponse à des sollicitations d’interlocuteurs très extérieurs aux lieux comme le sont souvent les chercheurs en sciences sociales (Zonabend, 2014). Il vise aussi à aller au-delà des avis qui se formulent en simples termes d’opinion publique pour ou contre le recours à cette technologie sans avoir à être justifiés alors que la particularité de l’exploitation du nucléaire est d’avoir de grandes potentialités énergétiques en même temps que d’avoir de lourds enjeux en termes de risque industriel et de menaces pour l’environnement. Pour cela, l’intention est de prêter attention aux destinées humaines qui se croisent autour des sites nucléaires du fait des modalités de sélection des populations mobilisées pour travailler dans ce secteur et amenées, par-là, à coexister avec d’autres dans ces territoires. Il s’agit d’interroger l’image de soi qui se construit dans les différentes populations locales à l’occasion de la confrontation quotidienne avec le nucléaire et avec sa mise en industrie dans ces conditions particulières d’implantation à l’écart des villes, à l’écart des autres industries. Elle se joue sans doute dans la fréquentation des travailleurs du nucléaire, dans la fréquentation des autres travailleurs, dans la rencontre des deux, dans le côtoiement des personnes issues du lieu et venues de loin, des autorités morales comme les enseignants, les médecins, et des simples voisins. Elle se joue sans doute aussi au frottement avec certaines expériences au travail, en dehors, à l’occasion d’incidents, d’accidents, se produisant sur place, sur d’autres sites nucléaires, devant la circulation d’informations, plus ou moins vérifiées, devant la dissimulation d’autres…
Photogramme 1. Générique des Atomistes (Léonard Keigel, 1968)
- 2 Dans le cadre de sa politique de partenariat avec le monde académique, l’INA a autorisé l’utilisati (...)
2Pour essayer de parler autrement du travail dans le nucléaire avec ces différentes populations, pour évoquer les à-côté des images médiatiques du secteur, pour mettre au jour des éléments de la pratique peut-être discrets mais cruciaux dans l’expérience sensible des personnes, on se propose de tirer parti d’un bonheur d’archive, un feuilleton romanesque produit pour l’ORTF dans les années 1960, diffusé en 26 épisodes de 13 minutes à 19h45 avant le journal d’information sur la première chaîne de télévision entre le 12 février et le 18 mars 1968, et retrouvé dans les années 2000 à l’Institut national de l’audio-visuel (INA)2. Les Atomistes (1) met en scène la vie de salariés amenés à travailler dans le nucléaire civil en Provence. La plupart viennent de loin. D’autres sont recrutés sur place. Tous sont nouveaux dans cette activité naissante. En projetant des extraits de ce feuilleton à des personnes vivant aujourd’hui près du centre nucléaire de Cadarache (Bouches-du-Rhône) qui apparaît dans le film (2), on espère susciter chez elles des récits qui fassent sa part à l’expérience personnelle pour évoquer l’implantation et le développement local de l’industrie nucléaire. Une façon de dépasser de simples représentations abstraites ou le recyclage plus ou moins conscient de discours prêt-à-penser sur le sujet. Une façon peut-être aussi de recueillir des réminiscences suscitées par la proximité émotionnelle de l’expérience des enquêtés avec tel ou tel aspect de la réalité fictionnelle du travail et de la vie quotidienne qui est présentée dans le feuilleton.
Photogramme 2. Vue aérienne du centre nucléaire
Extrait du feuilleton Les Atomistes
3Celui-ci s’inscrit en effet dans un mouvement de production nommé télévision vérité qui rapproche fiction et reportage avec l’idée que la spécificité de l’art télévisuel est d’être « un art de la réalité » (Delavaud, 2005). Il s’agit de rompre avec les mises en scènes figées des dramatiques de studio en tirant parti des techniques 16 mm qui se perfectionnent et permettent de développer une écriture plus légère, avec une économie nouvelle où le format de l’oeuvre unique laisse petit à petit la place à celui de la série. Le réalisateur de télévision travaille de plus en plus avec la conscience d’une responsabilité sociale et politique : il souhaite sortir des studios pour raconter des histoires ancrées dans un milieu réel et s’approcher des problèmes contemporains. Les Atomistes propose donc une identification possible aux personnages et aux situations montrées. En même temps, le spectateur a, par définition, toute liberté pour mettre en doute ce réalisme. Taxer de fantaisiste telle ou telle scène n’a rien d’inconvenant pour personne. En proposant d’entamer ainsi une relation d’entretien par le commentaire d’une fiction, on entend donc libérer la parole de l’enquêté qui est souvent inquiète sur le sujet du nucléaire où toute assertion semble entraîner un jugement sur soi, que ce soit pour se retrouver étiqueté pro ou anti-nucléaire, pour éviter d’apparaître comme un béni-oui-oui comme pour redouter d’offenser la nation, censée être protégée par la force nucléaire, ou de mordre la main qui nourrit s’agissant des salariés directs ou indirects des industriels du secteur, voire pour craindre un écart au devoir de réserve imposé par l’employeur. D’autant que la fiction est située dans un passé assez lointain pour que le présent ne semble pas forcément concerné par les commentaires, éventuellement critiques, que le spectateur peut porter sur les réalités présentées.
Photogramme 3. Terrassements récents
Extrait du feuilleton Les Atomistes
Photogramme 4. Plantation de jeunes pins
Extrait du feuilleton Les Atomistes
4Au-delà, on espère dégager, à travers les témoignages recueillis, des modalités d’accommodement de certaines populations sur le temps long avec la réalité de cette présence industrielle particulière, décidée par l’Etat, comportant des risques pour l’environnement naturel et humain, localisée loin d’une grande ville pour cette raison… Le dispositif pourrait aussi permettre d’éclairer les circonstances dans lesquelles s’est faite la mobilisation du territoire autour de l’industrialisation nucléaire, et notamment les conditions d’accueil réservées à la main-d’œuvre d’origine non locale. Une certaine urbanité dans l’espace à faible densité de population s’est en effet développée dans la proximité du site autour de Manosque et de Pertuis qui ont accueilli une bonne part des travailleurs du centre. Une périurbanisation aussi dans la Provence de Giono. Ces phénomènes se sont encore alimentés de l’arrivée des travailleurs impliqués dans les programmes de recherche sur la fusion nucléaire dans les années 1980 et cela s’accentue aujourd’hui avec ceux qu’attire le chantier d’ITER, une nouvelle installation de recherche dans ce domaine de la fusion. En même temps, le mouvement de métropolisation autour d’Aix-Marseille remonte la vallée de la Durance vers Cadarache à la faveur de la réduction des temps de trajet grâce à l’autoroute et au rail et fait venir vers cette zone de nouveaux étrangers, non nucléaro-centrés cette fois. La rencontre de populations qui s’ensuit est amenée à être évoquée du fait des échos qu’elle trouve dans l’expérience de l’implantation initiale du centre nucléaire à Cadarache qui est présente dans le film sous les figures de terrassements récents (3) et de pinèdes d’ornement encore très jeunes (4). Elle sera peut-être féconde pour voir comment l’image du centre nucléaire peut s’en trouver transformée. Devraient en ressortir les modalités de construction progressive d’un ordre social sans doute marqué par une gloire discrète de l’établissement installé dans un parc boisé de 900 ha et par un prestige de ses personnels, sans qu’on soit certain qu’il s’agisse d’une image stable à l’échelle du demi-siècle d’histoire du site.
Photogrammes 5 à 8. Entretiens réalisés par P. Fournier en 2013 et 2015 en s’appuyant sur la projection d’extraits des Atomistes
5Au moment de tester le dispositif de recherche avec la réalisation des tout premiers entretiens appuyés sur un tel matériau (5-8) inattendu, on peut se demander à quelles conditions ces espoirs ont des chances d’être confirmés. Cela tient centralement, à notre sens, aux propriétés des images, au dispositif de visionnage articulé à l’entretien et au sens donné par les enquêtés à cette rencontre avec des images d’un passé plus ou moins fantasmé mais assez proche d’eux pour les toucher par moments.
Photogrammes 9 et 10. Hommes et femmes au travail en présence de substances radioactives
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogrammes 11 et 12
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogrammes 13 à 16
Extraits du feuilleton Les Atomistes
6Le feuilleton des Atomistes présente sur un mode romanesque les aventures d’une équipe de chercheurs et de techniciens souhaitant modifier les propriétés d’un cristal par son exposition à des radiations puissantes au cœur d’un réacteur nucléaire. Le spectateur suit les étapes du projet depuis la recherche de son financement jusqu’aux résultats et aux premières utilisations des cristaux, en passant par le recrutement des membres de l’équipe, leur installation en Provence, leur mise au travail, la préparation des expériences, la confrontation avec les ouvriers au moment de les mettre en œuvre, les premiers résultats insuffisants, les tentatives d’amélioration, les contretemps… C’est l’occasion de voir ces hommes et femmes au travail dans des installations nucléaires. On les voit donner des ordres aux abords d’une pile-piscine (9), mesurer des irradiations sur des objets sortant de l’eau (10), surveiller des yeux à travers des hublots de verre au plomb des procédés enfermés dans des salles blindées (11-12), intervenir sur ces préparations avec des bras télémanipulateurs (13), porter des tenues très contraignantes pour des opérations de maintenance dans des situations à fort risques de contamination (14), accompagner le déplacement de substances radioactives enfermées dans des containers en plomb (15), opérer des prélèvements dans des boîtes à gants sous atmosphère contrôlée (16)… On les voit aussi échanger dans des bureaux (17-19) ou dans des ateliers (20-22) loin des situations d’exposition aux dangers radioactifs, tester de l’instrumentation (23-24) ou faire fonctionner un laser (25), ou bien encore manger à la cantine (26) et fêter leurs succès (27)…
Photogrammes 17 à 19. Hommes et femmes au travail loin de toute substance radioactive
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogrammes 20 à 22
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogrammes 23 et 24
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogrammes 25
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogrammes 26 et 27
Extraits du feuilleton Les Atomistes
- 3 Cf. Pascal Cesaro, Pierre Fournier, « Filmer les "atomistes" dans les années 1960 : opération de pr (...)
7Les images du travail dans cet univers sont donc étonnamment nombreuses et précises. Cela tient pour partie au fait qu’elles ont été tournées en décor naturel comme le confirment le réalisateur (Léonard Keigel, rencontré en entretien en décembre 2013) et des comédiens (Jean-Pierre Leroux, rencontré en novembre 2013, Marc Michel en entretien téléphonique à la même époque), ainsi que des travailleurs des installations filmées qui se rappellent que leur hiérarchie leur demandait de montrer aux comédiens les gestes à effectuer sur les équipements utilisés. Les besoins du scenario n’exigent pas beaucoup de très longues séquences ni d’exercices d’habileté de la part des comédiens et, quand c’est le cas, la caméra se concentre sur des mains qui ne sont pas celles des comédiens mais des techniciens en charge ordinaire des instruments. Le réalisme de beaucoup de situations de travail est donc très grand, loin d’un projet de mise en avant du seul « merveilleux-scientifique » (Maurice Renard, 1909), du seul sense of wonder comme on le trouve dans les écrits de science-fiction ou dans des documentaires de promotion industrielle comme Le Chant du styrène (Alain Resnais, 1957) pour les plastiques ou A l’aube d’un monde (René Lucot, 1955) pour le nucléaire. Des images classables dans ce genre sont présentes : autour de piscines aux reflets bleutés (28), devant des instruments avec des cadrans de contrôle à aiguille (29), avec des écrans à signaux électroniques (30-31), avec des tableaux de commande chargés de voyants multicolores (32). Mais les hommes ne sont pas évincés de ces scènes par la technique. Si le réalisme des images du travail est grand dans ce feuilleton télévisé, c’est aussi en raison de son contexte de commande, qu’on peut résumer très vite comme une opération de mise en visibilité de l’univers nucléaire par l’ORTF à la demande des gouvernants, à un moment de son histoire où il risque de faire l’objet de mises en cause pour opacité en lien avec des développements militaires (bombe H, propulsion de sous-marins)3.
Photogrammes 28 et.29. Une science de pointe
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogrammes 30 à 32
Extraits du feuilleton Les Atomistes
8Des problèmes flagrants de réalisme se posent toutefois quand le scenario prend des libertés avec les contraintes ordinaires du travail dans le nucléaire pour soutenir l’attention du spectateur. Ainsi, une scène légère prend-elle appui sur une situation où un personnage vient agiter une tranche de jambon devant le nez de sa collègue chimiste (33) à l’heure du déjeuner au moment où elle a les mains prises dans une boîte à gants. La cocasserie de la situation fait esquisser un sourire au spectateur ordinaire mais ne peut que déclencher un sursaut d’indignation chez le travailleur du nucléaire qui a l’expérience de ce genre d’équipements : réservés aux configurations de risques de contamination des salariés par des poussières radioactives, ils excluent de ce genre de circonstance toute boisson, tout aliment pour ne pas risquer l’ingestion de substances s’étant accidentellement échappées de l’enceinte confinée. De même, une personne passe un coup de téléphone à la suite d’une alerte par sirène (34). Connaître l’objet de l’alerte permet au scénariste d’enchaîner deux scènes mais cela prend à revers des règles de prudence qui exigent ordinairement des travailleurs du nucléaire de laisser disponibles les réseaux de communication pour que les secours puissent s’en servir sans encombre.
Photogrammes 33 et 34. Des gestes incongrus
Extraits du feuilleton Les Atomistes
- 4 Une scène aberrante a toutefois été reprise, en connaissance de cause : on y voit le responsable du (...)
9Pour le projet d’enquête sociologique, le parti a été pris d’éviter d’utiliser de telles scènes irréalistes pour éviter de disqualifier trop vite auprès des spectateurs les images proposées comme point de départ aux entretiens4. Comme il n’était de toute façon pas envisageable de montrer les cinq heures de film que représente un feuilleton de 26 épisodes de treize minutes et qu’il était dommage de ne retenir qu’un ou deux épisodes compte tenu qu’ils traitent chacun de très peu de thèmes et qu’ils n’étaient pas auto-suffisants sur un plan narratif, on a travaillé à construire à partir des images et des dialogues de quelques épisodes un film d’une vingtaine de minutes gardant l’allure d’un épisode de feuilleton. La mobilisation de chercheurs en cinéma a été décisive à cette étape de la construction narrative pour respecter l’esprit du film de départ en recourant à des ellipses et à un rythme plus en phase avec les habitudes des téléspectateurs du XXIe siècle.
Photogramme 35. Une tenue incongrue
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogramme 36. En voiture dans la Provence
Extraits du feuilleton Les Atomistes
- 5 L’épisode reconstitué se concentre sur les aléas de la recherche et sur un accident du travail surv (...)
10Le choix d’écarter des séquences pour leur irréalisme s’est fait, lui, sans recourir à un professionnel de l’univers d’étude qui aurait pu introduire un biais incontrôlé de sélection. On a préféré utiliser la compétence de quasi-acteur qu’a acquise le sociologue à l’occasion d’enquêtes menées dans les années 1980 et 1990 par observation directe, souvent participante, dans cet univers de travail (Fournier, 2012). Est-ce substituer un biais à un autre ? On doit se poser la question car l’enjeu est de taille : en décidant des thèmes évoqués dans l’épisode synthétique5, en décidant d’écarter certaines images du travail pour irréalisme, ne met-on pas les enquêtés dans l’incapacité d’évoquer certaines questions ? En jugeant de la pertinence des images pour l’objectif poursuivi à l’aune de la connaissance qu’a du secteur le chercheur, on peut penser qu’on s’interdit d’envisager certains aspects, qu’on s’interdit de se laisser éventuellement entraîner vers des dimensions méconnues. Mais, à la réflexion, le dispositif d’entretien autour du feuilleton fournit un double répertoire pour légitimer dans l’interaction d’enquête toute question que le chercheur souhaite poser et, de même, tout thème que l’enquêté souhaite aborder : tantôt avec la possibilité de les rapprocher de l’expérience vécue ou supposée d’un des personnages du feuilleton, tantôt avec la possibilité d’évoquer l’étonnante absence de la question dans le film, pris là en défaut dans son ambition réaliste. Et c’est bien ce que l’on a constaté dans la pratique. Les personnes rencontrées en entretien n’hésitent pas à réagir au visionnage du feuilleton pour s’en démarquer en même temps qu’elles y font référence à de nombreuses reprises ensuite : pour noter des correspondances entre leur situation et celle d’un personnage, pour souligner un point de divergence avec le propos d’un personnage ou pour évoquer un élément de décor, un geste de travail, une expérience de vie sur une route sillonnant la Provence (36), à la terrasse d’un café sur le cours Mirabeau à Aix-en-Provence (37), au marché (38), dans un immeuble construit pour la circonstance (39), dans un village provençal (40) ou au poste de garde (41-42).
Photogramme 37. Un café d’Aix-en-Provence
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogramme 38. Un marché en Provence
Extraits du feuilleton Les Atomistes
11Le dispositif expérimental d’enquête ainsi constitué se révèle a minima un formidable accélérateur dans l’établissement d’une certaine connivence entre l’enquêté et l’enquêteur, indispensable à l’exploration réflexive par l’enquêté de la position qu’il occupe aujourd’hui et de son parcours de vie. Le film donne à l’enquêté l’occasion de se situer par rapport aux différentes images du travail qui sont portées par les personnages du feuilleton. En même temps, il donne à l’enquêteur l’occasion d’évoquer sa connaissance personnelle de l’univers investigué. Et l’interaction se développe ensuite comme si les interlocuteurs sentaient très vite qu’ils ont une expérience commune de certaines réalités du travail dans le secteur. Elle sert, pour ainsi dire, de recommandation pour un entretien plus profond.
Photogramme 39. Une résidence nouvelle
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogramme 40. Un village provençal
Extraits du feuilleton Les Atomistes
Photogrammes 41 et 42. Le poste de garde à l’entrée du centre nucléaire
Extraits du feuilleton Les Atomistes
12Le dispositif fonctionne aussi quasiment comme une proposition d’auto-confrontation filmique. L’enquêté se trouve invité à réagir à des images qui auraient pu être faites de son propre travail : il vient préciser ce qui y est singulier et ce qui y est général, ce qui est explicite et ce qui l’est moins. Ce ne sont pas des images de lui-même mais de sortes d’homologues et il est libre de s’en désolidariser sans que cela porte à conséquence pour quiconque, ouvrant même la voie à des développements personnels sur l’expérience de l’altérité dans cet univers (Cesaro, 2012). C’est d’autant plus précieux que la présente recherche veut précisément capter ce qui fait référence pour chacun au moment d’orienter sa conduite par-delà ce qui est prescrit par un milieu de travail à risques et ce qui est déduit d’une industrialisation d’Etat.