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AccueilNuméros2009-4Comptes rendusAgnès Varda, Les Plages d’Agnès

Comptes rendus

Agnès Varda, Les Plages d’Agnès

Véronique Montémont
p. 196
Référence(s) :

Agnès Varda, Les Plages d’Agnès, Paris, Les Films du Losange, 2008, 110 min.

Texte intégral

1Des miroirs sur la plage. Reflétant la plage, se reflétant les uns les autres, révélant, enfin, le visage de celle qui les a fait installer au bord de l’eau : Agnès Varda. À quatre-vingts ans, la cinéaste retourne l’œil de sa caméra vers elle pour composer Les Plages d’Agnès, autobiographie atypique, nourrie de bout en bout par le cinéma. Celui qu’elle a réalisé tout au long de sa vie et dont les images, sous forme de photos, d’extraits, de séquences, viennent ponctuer le parcours de la mémoire. L’humour omniprésent, et dans le verbe et dans les collages visuels, est une manière de refuser tout parti pris mélancolique. À la tristesse du temps enfui, aux cicatrices du deuil, la cinéaste oppose le mélange joyeux d’images anciennes et de reconstitutions fantasmées, à la faveur desquelles Varda fait son cinéma, se glissant dans les rôles et les costumes qu’elle s’invente. La fantaisie, l’imaginaire, l’onirisme, une certaine poésie à la Boris Vian (comme celle qui consiste à installer une plage rue Daguerre ou à naviguer sur la Seine dans une barque de pêcheur sétois) font de ce parcours une aventure imprévisible, oscillant toujours entre premier et second degré, un délice d’ambiguïté temporelle, d’intelligence, de jeu avec soi. Mais le film est aussi l’occasion pour Varda de raconter en accéléré l’envers du décor, la manière dont elle fait ses films, dirige ses acteurs, écrit, dans sa maison laboratoire du quatorzième arrondissement. Comment, plus profondément, elle confond sa vie et son œuvre, marie ses personnages et ses amours, ceux-là qu’elle sait montrer dans une lumière infiniment tendre. Film-somme, mais détaché de toute prétention muséale, synthèse ample, mais aussi amusée, Les Plages d’Agnès est un espace de temps mobile et kaléidoscopique habité par une joie de vivre et une énergie formidables. Et sur les plages d’enfance de la mer du Nord, puis de Sète ou de la Californie, voici que Varda n’a plus d’âge.

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Pour citer cet article

Référence papier

Véronique Montémont, « Agnès Varda, Les Plages d’Agnès »Itinéraires, 2009-4 | 2009, 196.

Référence électronique

Véronique Montémont, « Agnès Varda, Les Plages d’Agnès »Itinéraires [En ligne], 2009-4 | 2009, mis en ligne le 03 septembre 2014, consulté le 06 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/itineraires/1345 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/itineraires.1345

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Auteur

Véronique Montémont

Université Henri Poincaré de Nancy, ATILF – IUF

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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