Jardins du Val de Loire et influences italiennes
Résumé
Sous l’influence italienne, les jardins du Val de Loire passent successivement d’un modèle médiéval à un modèle renaissant. Mais cette évolution qui va s’accomplir tout au long des quinzième et seizième siècles va s’effectuer par le biais d’une adaptation à un territoire et à une forme de société particuliers, différents du modèle italien. La Réforme laissera aussi sa trace dans l’élaboration des plans des jardins comme dans leur réalisation pratique. Les jardins ligériens ouvriront ainsi la voie au « jardin à la Française » dont le modèle deviendra par la suite hégémonique en Europe.
Texte intégral
1Parmi les créations de l’esprit humain, les jardins sont certainement l’une des plus éphémères. Ils changent sans cesse sous l’effet de leur propre nature, sont remaniés, replantés, restaurés. Leurs dimensions peuvent varier du tout au tout et, dans des cas extrêmes, ils peuvent être entièrement détruits.
2Mais au travers de leurs mutations perpétuelles, il est cependant possible de les saisir dans leur aspect primitif. Car l’archéologie botanique et la microtoponymie, s’associant à l’étude de documents littéraires, picturaux ou notariaux, permettent aux chercheurs de se faire une idée assez précise de leur création, puis de leur évolution.
3Les jardins du Val de Loire constituent à cet égard un sujet d’étude fort intéressant. Reflets fidèles de l’histoire de la région, ils en suivent en effet l’évolution, notamment architecturale, et passent ainsi d’un modèle médiéval traditionnel à un modèle renaissant.
4Mais cette évolution ne s’est pas faite sans multiples influences extérieures, dont la plus notable est l’influence italienne.
5C’est sans doute dans le domaine de l’habitat seigneurial que cette évolution est la plus remarquable et la plus aisée à suivre, du fait de l’existence de plans et de documents concernant le parcellaire rural.
6À la fin du Moyen Âge, les jardins seigneuriaux des Pays de la Loire ne se distinguent pas de ceux des autres régions françaises. S’il est vrai que les fortifications se prêtent mal au jardinage, il est très probable que certaines enceintes, en raison de leur superficie, ont abrité un jardin. Les ducs d’Anjou Louis Ier et Louis II ont ainsi aménagé les jardins situés à l’intérieur de leur château d’Angers.
7Une miniature représentant le château de Derval, en Loire Atlantique, nous montre la double ceinture de douves alimentée en eau par un étang qui entourait cette importante place forte démantelée par les troupes royales en 1593. La puissante levée de terre qui séparait les douves constituait un jardin planté de vignes.
8L’immense parc de Châteaubriant contenait entre autres une maison des champs et son jardin. Il témoigne de la mode des maisons de plaisance qui saisit les cours princières à la fin du Moyen Âge et à laquelle le Roi René donna un éclat particulier par la préoccupation incessante qu’il avait de l’agrandissement et de l’embellissement de leurs jardins. Ses maisons de Chanzé, des Rivettes, d’Épluchart, de Reculée autour d’Angers, son manoir de Launay face au château de Saumur, sa résidence de Beaugé comportaient plusieurs jardins jouxtant les appartements privés.
9L’examen des comptes royaux permet de reconstituer assez exactement l’aspect et l’organisation de ces domaines : l’étendue d’herbe tendre et le préau herbeux dont les quatre coins sont occupés par un seul arbre, les banquettes de fleurs, les palis treillissés surmontés de roses grimpantes, les allées ombragées et les tonnelles tapissées de vigne.
10L’eau y était un élément nécessaire, que ce fût sous forme d’étangs (à Beaugé et à Reculée), de viviers (à Angers) et, quand cela était possible, de petites fontaines. Des volières et des colombiers étaient construits dans les jardins ; à Angers il y avait même une ménagerie. Le Roi René fit aménager un jeu de paume dans le jardin de Reculée et un labyrinthe (appelé alors “dédalus”) à Beaugé.
11Lancée par le Roi René, la mode de ces habitations de campagne se répandit dans tout le domaine angevin et nombre d’entre elles sont parvenues jusqu’à nous, avec encore certains de leurs aménagements extérieurs : murs, fossés, douves… C’est aussi à cette époque que se développa en Anjou, mais aussi dans la Bretagne voisine, un mouvement de clôture des domaines, tendant à constituer ainsi des jardins cohérents et coupés de la nature ouverte environnante. Ces parcs, désormais clos, seront prêts pour l’arrivée de la mode italienne.
12À la mort du Roi René (le 10 juillet 1480), le rattachement de l’Anjou à la Couronne de France déplaça la vie de cour vers la Touraine et ses grands domaines seigneuriaux. L’art des jardins, qui déjà sous l’impulsion du Roi René avait suivi une certaine évolution, n’allait pas tarder à connaître de grands bouleversements sous l’influence de l’expédition de Naples (août 1494 - octobre 1495) menée par le roi Charles VIII.
13Le jeune roi visita en particulier le palais de Poggio Reale et fut ébloui par les jardins qui l’entouraient et lui donnaient l’aspect d’un paradis terrestre. Il écrivit à son frère le duc de Bourbonnais :
- 1 Lettres de Charles VIII, ed. Paul Pelicier, Paris, Renouard, 1903, t. IV, pp. 187-188.
Vous ne pourriez croire les beaulx jardins que j’ay en ceste ville, car sur ma foy il semble qu’il n’y faille que Adam et Eve pour en faire un paradis terrestre tant ilz sont beaulx et pleins de toutes bonnes et singulières choses, comme j’espère vous en conter, mais que je vous voye.1
14Ces jardins ne firent d’ailleurs pas la conquête des seuls Français. Laurent le Magnifique, en mission diplomatique à Naples en 1480, en retira la même impression inoubliable et emmena avec lui l’architecte Giuliano da Maiano, qu’il chargea de lui aménager certaines des villas qu’il construisait alors à Florence.
15Quand il lui fallut abandonner sa conquête, Charles VIII ramena en France non seulement les plantes merveilleuses et inconnues admirées en Italie, mais aussi les hommes (architectes et jardiniers) capables de recréer les jardins extraordinaires qui les abritaient.
16C’est la résidence royale d’Amboise, puis le château de Blois qui furent choisis pour être aménagés selon le nouveau modèle italien. Le jardinier Pacello di Mercogliano se chargea des aménagements des jardins. À Amboise, il rencontra Léonard de Vinci, alors employé par François Ier pour dessiner les jardins d’eau qui devaient embellir Romorantin.
17Sur l’intervention de Pacello di Mercogliano à Blois, nous avons le témoignage d’Antoine Androuet du Cerceau (concepteur de jardins et auteur de traités agronomiques) qui, dans ses écrits, montre le château et son jardin dans leur état de 1570.
18D’après sa description, le jardin dominait la Loire et jouissait d’une vue magnifique sur le site, ainsi que le préconisaient les théoriciens italiens comme Alberti, et conformément à la réalisation de jardins comme le jardin “pensile” de Pienza. Dans la tradition des jardins médiévaux, il est entouré de murs ; seules, des fenêtres permettent d’apercevoir ce beau paysage. Le jardin est proche du château, un pont-galerie au-dessus du fossé y conduit. Il est divisé en parterres avec, au centre, une fontaine en marbre d’Italie, logée dans un grand pavillon et d’où l’eau jaillit sans interruption. Ce grand jardin est entouré de galeries suffisamment larges et longues pour y faire galoper un cheval ; de beaux berceaux de verdure le décorent.
19Des fenêtres permettent de voir l’autre jardin situé en contrebas et dénommé “Jardin de la Reine”. C’est là que se trouvent les citronniers et les orangers apportés de Naples par Pacello. Il s’agit là de leur première apparition en France. En hiver, on les range dans le bâtiment perpendiculaire, au rez-de-chaussée. Au milieu de ce deuxième jardin se trouve une autre fontaine de marbre.
20On assiste donc à un enrichissement des espèces, noté par des descriptions qui mentionnent en particulier « les arbres toujours verts » (en fait des lauriers) nouveaux dans la région. Les Français empruntent ainsi en Italie des espèces végétales nouvelles et une organisation de l’espace différente. La création des jardins de Blois par Pacello di Mercogliano est en fait une copie fidèle du modèle italien.
21Car Charles VIII avait également ramené avec lui des théoriciens de l’art des jardins comme Fra Giocondo, un érudit de Vérone qui, ayant publié des éditions de Vitruve, Columelle et Varron, était capable d’étudier et d’inspirer la transformation des jardins français sur le plan théorique.
22En effet, depuis Leon Battista Alberti et son De Re aedificatoria (1450), les principaux critères du jardin de la Renaissance sont clairement définis. Alberti explique que trois éléments composent le nouvel environnement de l’Homme de la Renaissance : la villa, le jardin et la nature.
23Ce sont les rapports entre ces différentes composantes qui vont déterminer la nouvelle relation de l’homme à son milieu. La villa doit être ouverte sur la campagne environnante et donner sur un jardin fortement architecturé. Ce dernier fait ainsi désormais partie du paysage, mais il affirme son identité et sa spécificité en géométrisant les formes végétales.
24Caractérisé par l’introduction d’éléments empruntés aux mathématiques et à l’architecture, le jardin constitue ainsi ce que Jacopo Bonfadio (mort en 1559) nomme la « troisième nature », en référence à la « première nature » (la nature sauvage) et la « seconde nature » (la nature cultivée par l’homme).
25Mais ce jardin, conformément à l’idéologie de la Renaissance, doit aussi intégrer un certain nombre d’éléments empruntés à l’Antiquité. Il doit en effet répondre à la double fonction, déjà soulignée par les Romains, de l’Utilitas et de la Venustas. L’Utilitas est la fonction utilitaire représentée par les arbres fruitiers, le jardin aromatique, le jardin de simples et le potager, qui subsistent toujours, même si désormais ils sont relégués à la périphérie des jardins renaissants. La Venustas est la fonction esthétique et culturelle qui devient prépondérante et qui est particulièrement notable dans les jardins médicéens, spécialement attachés à créer un espace privilégié dédié à toutes les activités intellectuelles.
26La fréquentation des jardins florentins par les philosophes et les intellectuels au sens large a été favorisée dès l’époque de Cosme l’Ancien et répond au souhait de recréer dans les cercles culturels de la Florence d’alors les habitudes de l’âge d’or du classicisme athénien. Le néo-platonisme triomphant y propose en effet l’image du jardin comme centre d’une cosmologie et d’une anthropologie. L’évocation des coutumes intellectuelles de l’Antiquité s’appuie sur des éléments de décor qui, loin d’être passifs, doivent animer de leur présence un espace qui se veut hors du temps présent, la recréation d’une sorte d’Éden antique. Statues et marbres instaurent ainsi une consécration de la culture, une cristallisation du thème de l’Antiquité et une introduction de l’Histoire dans le jardin.
27Cette référence constante à l’Antiquité constitue donc un critère dans l’aménagement d’un jardin de la Renaissance. L’application de la géométrie et de la théorie de la perspective aux espaces et aux formes végétales en est un autre. Enfin il y a l’omniprésence de l’eau, librement projetée dans les airs, ruisselant ou cascadant dans le jardin ou encore filtrant sur les parois d’une grotte.
28Mais en arrivant dans le Val de Loire, la théorie italienne du jardin de la Renaissance se transforme peu à peu, s’adaptant à la fois à une topographie diverse, à une situation historique et sociale nouvelle et à un habitat différent ; en un mot elle va se “galliciser”.
29Un bon exemple de cette adaptation est visible dans les jardins du château de Villandry, édifié par Jean Le Breton, ministre des finances du roi François Ier. Après avoir fait raser l’ancienne demeure médiévale qui s’y trouvait, Le Breton fit construire un édifice au goût du jour et tout autour il fit dessiner des jardins suivant un plan rationnel et géométrique.
30Si le projet s’inspire clairement du modèle des jardins renaissants italiens, des différences apparaissent cependant, comme la pratique – même si elle n’est que partielle – de l’axialisation des bâtiments et du jardin, l’importance accordée au plan d’eau des anciennes douves, et la construction de l’ensemble en plaine.
31Au XIXe siècle, conformément à la mode qui se développait alors en France, les jardins furent profondément remaniés et transformés en parcs à l’anglaise. C’est dans cet état qu’un médecin portugais, Joachim Carvallo, découvrit Villandry en 1906. Il redonna aux façades leur aspect renaissance, fit dégager les douves et réaménager les plans d’eau.
32Le jardin est situé dans une petite vallée, dont la pente permet l’étagement de trois niveaux de terrasses. Un ruisseau y coule, apportant l’eau nécessaire à l’irrigation et à l’ornement. Il n’existait malheureusement aucun plan du domaine. Le tracé du jardin renaissance fut partiellement retrouvé sur le terrain, ainsi que le réseau hydraulique qui en assurait l’irrigation.
33C’est donc à la fois l’étude approfondie des lieux, une certaine pratique de l’archéologie botanique et la lecture d’ouvrages de la Renaissance consacrés à l’art du jardin comme celui d’Androuet du Cerceau, qui inspirèrent Joachim Carvallo dans sa création. Les travaux se poursuivirent de 1910 à 1918.
34Le jardin de Villandry est particulièrement représentatif de l’évolution de base du modèle italien vers une réalisation quelque peu diverse, adaptée à une géographie, à une situation (y compris sociale et économique) et à un climat différents.
35Quand on examine les jardins du Val de Loire postérieurs à la création de Blois et d’Amboise et leurs modèles italiens, ce qui frappe immédiatement est une différence d’aspect. Les jardins français sont plus géométriques que leurs homologues italiens : les allées rectilignes encadrent des parterres égaux, les allées d’arbres, parfois excessivement longues comme à Bury (près de Blois) rythment l’espace, tandis que les arbres et les arbustes sont relégués en bordure d’enclos, marquant ainsi clairement la limite entre l’art et la nature.
36Le terrain est aussi plus plat dans le Val de Loire qu’en Toscane ou dans les Apennins. Pour obtenir le même effet contrasté qu’en Italie, il faut aménager des terrasses successives qui dominent le paysage, comme à Bury aux alentours de 1515.
37L’écologie est également différente dans les deux pays : l’eau est abondante en France et les canaux de drainage peuvent être utilisés à des fins décoratives. Mais désormais ce n’est plus l’eau cascadante et bondissante qui est privilégiée : les plans d’eau tranquilles et calmes sont à l’honneur. Le château français est entouré de fossés remplis d’eau qui conservent une valeur symbolique et deviennent un ornement. Ceint de ses douves, il constitue ainsi une sorte d’île au milieu d’un jardin qui va lui-même bientôt se développer au moyen d’un système de canaux.
38Une autre raison va renforcer le goût français pour le château et le jardin établis dans la plaine : le désir d’axer le paysage au-delà du jardin. Il se réalise d’abord au moyen d’une allée d’arbres. Nous en avons un exemple au jardin du château de Bonnivet, près de Poitiers, dès 1520. Une allée d’arbres de deux kilomètres de long descend jusqu’au fond de la vallée et remonte de l’autre côté, perpendiculairement au château. Ce sont ces avenues plantées de manière rectiligne qui organisent ainsi l’espace, jusqu’à l’horizon.
39Le désir d’ordonner l’espace sur une grande distance va ainsi entraîner un traitement de plus en plus unitaire du jardin par grands ensembles. L’axe central est mis en valeur (alors qu’à la villa d’Este de Tivoli il est à peine plus grand que les axes voisins), les parterres deviennent de plus en plus vastes et de moins en moins nombreux.
40Une autre modification se produit également par rapport à l’Italie : la nature même des parterres va peu à peu se modifier. Jusqu’à présent, dans les jardins transalpins (et conformément à l’idéologie de la Renaissance et au rôle d’espace culturel qu’était celui du jardin) c’était le souci de collection et d’accumulation qui dominait. Le jardin-musée était la forme prépondérante en Italie. Or, en France, c’est une volonté de simplification et de clarification qui domine. On le ressent au niveau de l’ornementation : les statues et les marbres sont en nombre limité et n’assument plus un rôle culturel et didactique.
41Les plantes non plus ne constituent pas des collections botaniques comme, par exemple, dans les jardins médicéens. Si les agrumes (mode oblige !) ont toujours la part belle, les plantes indigènes sont désormais à l’honneur dans les jardins français. Le buis va d’ailleurs finir par devenir hégémonique : au XVIe siècle on ne verra plus que des « broderies » de buis sur fond de gazon, de sable et de pierres colorées. Car désormais ce jardin sans odeur, sans variété florale, n’est fait que pour être vu du château.
42Ainsi, la volonté d’unification et de simplification s’accomplira à travers la disparition du jardin italien à compartiments, remplacé par le jardin à grands parterres de broderie.
43Une autre spécificité du jardin français par rapport au jardin italien réside dans la taille des domaines : elle est beaucoup plus grande de ce côté-ci des Alpes, et tout particulièrement dans le Val de Loire. Dans l’hexagone, on choisit en effet de sacrifier les terres arables que l’on conserve en Italie, car les grands châteaux français sont liés à la cour : l’argent ne provient pas, comme dans la péninsule, du revenu des terres agricoles ou du commerce et de la banque, mais des pensions royales. À cet égard, le château de Villandry, bâti par un ministre du roi François Ier, est tout à fait exemplaire.
- 2 Fernand Braudel, Le modèle italien, Paris, Flammarion, Coll. “Champs”, 1994, p. 174.
44Ainsi que le signale Fernand Braudel, le propriétaire foncier italien a toujours conservé un lien très étroit avec la terre. Un lien qui sera encore plus resserré au XVIIe siècle : « Il y a ruralisation des classes possédantes italiennes, on a dit reféodalisation – le terme ne me plaît guère – mais comment caractériser ce retour d’une société vers un système de production agricole à nouveau prépondérant, sinon exclusif ? »2.
45À l’inverse, le château français et son domaine deviennent désormais moins des éléments du revenu seigneurial que des signes extérieurs de rang social. Utiliser des terres cultivables pour son embellissement, c’est affirmer la puissance de son propriétaire, et une richesse non exclusivement fondée sur une exploitation mercantile des propriétés rurales.
46Mais l’élément qui va achever la transformation du jardin à l’italienne en jardin à la française est l’influence de la Réforme.
47Tous les grands théoriciens français du jardin (Androuet du Cerceau, Olivier de Serres, Bernard Palissy) sont huguenots. Pour eux, la grandeur divine s’observe dans la création elle-même, c'est-à-dire dans la Nature.
48Dès lors le jardin doit fuir les artifices renaissants, les fabriques et les créations habiles ; il doit exalter l’œuvre divine en copiant la Nature. La rationalité calviniste confère désormais au jardin la rigueur d’une conception claire et logique. Hostile aux images, elle bannit la multiplication des statues et des représentations anthropomorphiques ainsi que l’exubérance des topiaires, si chers aux jardins italiens.
49Une révolution s’accomplit donc au XVIIe siècle : c’est la fin du jardin renaissance et du modèle italien, dans le Val de Loire comme dans le reste de la France. Le jardin demeure l’image du monde, mais ce monde n’est plus celui de l’Humanisme, des collections de plantes ou de statues, des coûteuses créations des grands banquiers. C’est en France celui de Descartes, un monde réduit à une étendue infinie mais mesurable, contrôlable par la raison.
50Le modèle italien, hégémonique pendant la deuxième partie du XVe siècle et aux alentours de la fin du XVIe, va désormais laisser la place au modèle français. C’est celui-ci qui va triompher en Europe, exportant ses jardins à la française, ses parterres en “broderie”, sa nature soumise à la raison. Le jardin renaissant de conception italienne va désormais s’effacer derrière le jardin aristocratique classique jusqu’à la révolution romantique qui importera, elle, un modèle anglais.
Notes
1 Lettres de Charles VIII, ed. Paul Pelicier, Paris, Renouard, 1903, t. IV, pp. 187-188.
2 Fernand Braudel, Le modèle italien, Paris, Flammarion, Coll. “Champs”, 1994, p. 174.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Catherine de Lanfranchi, « Jardins du Val de Loire et influences italiennes », Italies, 8 | 2004, 51-60.
Référence électronique
Catherine de Lanfranchi, « Jardins du Val de Loire et influences italiennes », Italies [En ligne], 8 | 2004, mis en ligne le 14 mars 2009, consulté le 12 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/italies/1053 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/italies.1053
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page