Des charpentiers à l’œuvre
Résumés
La reconstruction à l’identique de la charpente de Notre-Dame de Paris a imposé le recours (et parfois la redécouverte) de techniques traditionnelles, dont la plus importante, et la moins médiatisée du fait de sa complexité, est le tracé d’une épure. Ce recours à l’épure a été particulièrement déterminant pour la reconstruction de la flèche, ouvrage d’une extrême complexité, et s’est retrouvé au cœur des discussions entre charpentiers, architectes et ingénieurs des bureaux d’étude, mettant en évidence les difficultés et les paradoxes d’une reconstruction à l’identique mais respectueuse des normes (de sécurité par exemple) des sociétés contemporaines. Circulant entre les métiers et leurs enjeux, l’épure de la flèche de Notre-Dame a aussi circulé entre les générations : pour la concevoir, il a en effet fallu recourir aux archives de Viollet-le-Duc et de l’entreprise Bellu, dont le gâcheur Henri Georges, un compagnon dit « Angevin, l’enfant du Génie », avait réalisé la flèche originelle, et travailler également d’après l’épure dessinée en 1970, à partir d’un relevé détaillé de la flèche, par trois aspirants compagnons qui en avaient réalisé la maquette comme travail de réception. Mais ce qui s’est transmis entre ces générations à travers la logique de construction de la flèche c’est, plus qu’un savoir-faire, peut-être surtout un état d’esprit, un système de valeurs, une conception du travail.
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Mots-clés :
Notre-Dame de Paris, flèche, restauration à l’identique, charpenterie, compagnonnage, épure, art du trait, métiers de la restauration, sacralité, relations cultuel/culturelKeywords:
Notre-Dame de Paris, spire, identical restoration, carpentry, compagnonnage, graphic representation, carpenters’ drawing, restoration professions, sacrality, religious-cultural relationsPlan
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Cet article reprend le texte d’une communication donnée lors du colloque interdisciplinaire « Naissance et renaissance d’une cathédrale. Notre-Dame de Paris sous l’œil des scientifiques », 22-24 avril 2024, à la Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris.
- 1 Ce témoignage de Jack Boisne, compagnon charpentier du Devoir et du Tour de France, est extrait des (...)
Alors moi, mon histoire, elle commence dans le Limousin à 12 ans. En face de chez moi, il y a une maison qui se construit. Je vais à l’école le matin, l’après-midi je reviens, je vois une charpente qui est montée entièrement. Je me dis « mais comment ils ont pu faire ? » J’ai pas compris, j’ai pas compris, j’ai dit « c’est pas possible ». Alors j’ai regardé, j’ai regardé et puis arrivé à 14 ans, ma mère me dit « qu’est-ce que tu veux faire, travaux publics ou… ? » « Non, je lui dis, je voudrais bien faire le métier où ils mettent des bouts de bois sur les… » [geste des mains figurant un toit]. Donc c’est charpentier, voilà1.
- 2 Voir https://ich.unesco.org/fr/rl/la-tradition-du-trace-dans-la-charpente-francaise-00251#:~:text=L (...)
1Dans ce témoignage d’un compagnon charpentier, le petit miracle – incompréhensible aux yeux de l’enfant qu’il était – consistant à lever et assembler une charpente entre son départ et son retour de l’école repose en fait sur le recours à un savoir-faire spécifique : le trait de charpente, inscrit depuis 2009 sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco sous l’intitulé « La tradition du tracé dans la charpente française2 ».
2Et il passe par la réalisation d’une épure.
Qu’est-ce qu’une épure ?
3Une épure est un tracé permettant de rabattre une structure (en trois dimensions) sur un plan (en deux dimensions). En l’occurrence, dans le cas qui nous intéresse, un enchevêtrement de poutres de bois formant une partie de charpente.
4Tracée au sol, l’épure permet de préparer la charpente en atelier avec une extrême précision, allant jusqu’à un « montage à blanc », de manière à ce que les pièces de bois s’emboîtent parfaitement et rapidement lors de son montage définitif sur l’édifice [fig. 1, 2, 3].
Figure 1
Dans la salle de cours de charpenterie des compagnons du Devoir et du Tour de France, à Paris, deux dispositifs pédagogiques montrant les différents plans de projection d’une épure, vertical, horizontal et de profil, décembre 2023.
© Claudie Voisenat.
Figure 2
Tracé au sol d’une épure du chœur, aux Ateliers Perrault, Saint-Laurent-de-la-Plaine (Maine-et-Loire), juillet 2023.
© Franck Gallen / Ateliers Perrault.
Figure 3
Positionnement des pièces de bois sur l’épure, aux Ateliers Perrault, Saint-Laurent-de-la-Plaine (Maine-et-Loire), juillet 2023.
© Franck Gallen / Ateliers Perrault.
- 3 En particulier, l’ouvrage de Louis Mazerolle, Traité théorique et pratique de charpente, publié po (...)
5Le trait se développe à partir du xiiie siècle, en lien avec l’édification des monuments gothiques. Il connaît son apogée au xixe siècle, avec sa formalisation sous l’influence des principes de la géométrie descriptive de Monge et avec la publication de grands traités encore réédités de nos jours3. Il est dès lors partie intégrante de la formation des compagnons charpentiers.
6Précisons que le trait de charpente et l’épure qu’il permet de dessiner ne rentrent pas dans la formation théorique et pratique de l’architecte : l’épure, en tant qu’elle est un plan d’exécution, est strictement du domaine du charpentier.
- 4 Voir COMPAGNONS PASSANTS TAILLEURS DE PIERRE DU DEVOIR, Les Premiers Pas de la stéréotomie pour la (...)
7Pour autant, l’art du trait ne concerne pas que la charpente : les tailleurs de pierre, par exemple, possèdent un art du trait spécifique, la stéréotomie, qui forme la base du travail des appareilleurs4.
8Dernière précision. Le terme « épure » recouvre en fait une grande hétérogénéité :
– hétérogénéité dans les échelles des tracés, sur papier d’abord, puis sur le sol à l’échelle 1/1 ;
- 5 Voir ADELL Nicolas, « Les savoirs des “bois debout” : le trait et l’orient », Livraisons d’histoire (...)
– hétérogénéité aussi dans les techniques utilisées pour les produire (la herse, le rembarrement, la sauterelle et leurs hybrides)5 ;
– hétérogénéité, enfin, du fait que tracer une charpente implique de dessiner, y compris au sol, non pas une, mais plusieurs épures, correspondant aux différentes parties de l’ouvrage que l’on souhaite réaliser.
9On a donc là un objet technique extrêmement complexe, dont l’apprentissage nécessite des années de formation et de pratique, et dont la réalisation met en œuvre tout à la fois une technique de tracé, une vision dans l’espace et une gymnastique de l’esprit particulièrement ardue.
- 6 Voir COMPAGNONS PASSANTS CHARPENTIERS DU DEVOIR, Le Glossaire du charpentier, Paris, Librairie du C (...)
10L’épure repose en effet sur une logique de positionnement et d’assemblage des pièces de bois pour que les charges qui pèsent sur la charpente (poids de la couverture, vent, neige, etc.) descendent le long des parties qui la composent, que les efforts se transmettent du haut vers le bas, pour finalement se répartir sur l’ensemble de l’édifice via les points de contact avec la maçonnerie. Ce système de décharge repose sur la maîtrise du contreventement, c’est-à-dire sur l’utilisation de pièces obliques qui viennent assurer la stabilité globale de la charpente6. Dans ce système, les assemblages entre les pièces de bois sont fondamentaux, car ce sont eux qui permettent par leurs surfaces de contact les reprises de charge d’une pièce à l’autre, du haut en bas de la charpente.
11Le tracé d’une épure – comme celui des assemblages – est donc un travail de conception qui illustre à merveille tout ce qu’un métier dit « manuel » implique de cosa mentale [fig. 4 et 5].
Figure 4
« Principaux assemblages employés en charpente », extrait du Traité théorique et pratique de charpente [1875] de Louis Mazerolle, 4e édition, Dourdan, H. Vial, 1921, pl. 14.
Reproduction Claudie Voisenat.
Figure 5
À Briey (Meurthe-et-Moselle), dans les locaux de la société Le Bras Frères, la maquette de l’un des nœuds de la flèche de Notre-Dame de Paris, réalisée dans le cadre de la réponse à l’appel d’offres de la maîtrise d’ouvrage, par le groupement des entreprises responsables de la charpente de la flèche (Le Bras Frères / Cruard / Asselin / Métiers du Bois), juillet 2023.
© Claudie Voisenat.
Reconstruire à l’identique
12Sur le chantier de Notre-Dame de Paris, le recours à l’épure a été imposé par le cahier des charges. Il était rendu nécessaire du fait de la décision, actée en mars 2021 par la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) de procéder à une restauration de la charpente à l’identique de l’état viollet-le-ducien pour le transept et la flèche, et de l’état médiéval pour la nef et le chœur, le tout dans le respect des matériaux d’origine, en l’occurrence, le chêne.
- 7 FROMONT Rémi & TRENTESAUX Cédric, « Le relevé des charpentes médiévales de la cathédrale Notre-Dame (...)
- 8 Voir sur Archiv’MH les « Plans et dessins d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) », cotes ext (...)
13Des états extrêmement bien documentés, les plus anciens grâce au travail de relevé mené par les architectes Rémi Fromont et Cédric Trentesaux en 2014, dans le cadre de la formation de l’école de Chaillot7 ; ceux du xixe siècle grâce aux extraordinaires archives de Viollet-le-Duc conservées à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie à Charenton et qui comprennent une partie de la documentation technique de l’entreprise Bellu et de son gâcheur, Henri Georges, dit « Angevin, l’enfant du Génie », compagnon du Devoir de Liberté8. On y retrouve des épures, des listes de débit, et tout un tas de documents d’exécution, dont le sens et l’importance ont été vraiment découverts à l’occasion de leur consultation par des spécialistes de la charpente de la maîtrise d’œuvre, en particulier François Auger – architecte mais également compagnon charpentier et Meilleur ouvrier de France (MOF) – qui a rejoint l’équipe de Rémi Fromont pour le chantier de restauration.
14Les différentes sections des bois utilisés pour la charpente étaient donc connues et la nouvelle structure a été reconstruite en respectant ces dimensions. Or l’épure est une étape indispensable lorsque l’on doit assembler des bois de sections inégales ou présentant des irrégularités. Elle est en effet associée à deux autres techniques, le lignage et le piquage, qui permettent une découpe spécifique de chaque assemblage : les pièces de bois sont présentées sur l’épure, où elles sont superposées, et les marques de taille sont tracées directement dessus, en tenant compte des irrégularités qui sont reportées de l’une à l’autre, de sorte que les deux pièces, une fois taillées, « s’emmanchent » parfaitement ou, pour employer un autre terme du métier, que « ça biche » [fig. 6, 7 et 8].
Figure 6
Sur l’épure, superposition des pièces de bois pour procéder au piquage préalable à la taille des assemblages. Société Le Bras Frères, Briey (Meurthe-et-Moselle), juillet 2023.
© Claudie Voisenat.
Figure 7
Utilisation du fil à plomb pour le piquage des pièces de bois. Société Le Bras Frères, Briey (Meurthe-et-Moselle), juillet 2023.
© Claudie Voisenat.
Figure 8
Utilisation du fil à plomb pour le piquage des pièces de bois. Société Le Bras Frères, Briey (Meurthe-et-Moselle), juillet 2023.
© Claudie Voisenat.
- 9 Voir MONFERRAN Jean-Christophe, SALATKO Gaspard & VOISENAT Claudie, « Crafting exceptionality. Notr (...)
15Mais, on le sait bien, en anthropologie l’existence d’une justification technique, qui est ici évidente et primordiale, n’empêche pas que d’autres logiques soient à l’œuvre qui donnent tout son sens à la configuration étudiée. C’est exactement ce qui se passe avec l’épure, comme d’ailleurs un peu partout dans Notre-Dame, où logiques techniques et logiques symboliques s’entremêlent en permanence, en faisant un terrain particulièrement passionnant, mais aussi particulièrement complexe, un cas d’école9.
Rencontres interprofessionnelles autour d’une épure
16Dans ce cadre, et nous ne pourrons malheureusement pas rentrer ici dans le détail de l’analyse, nous nous sommes attachés aux rencontres autour de l’épure, en particulier celle de la flèche, c’est-à-dire aux différentes façons dont cet objet spécifique, propre aux charpentiers, a été partagé au long du chantier de restauration.
17Des rencontres interprofessionnelles tout d’abord : l’épure et les assemblages qu’elle implique ont en effet fait l’objet d’intenses négociations entre plusieurs cultures professionnelles, mettant ainsi en relation, d’une part, les architectes de la maîtrise d’œuvre, de l’autre, les charpentiers du groupement d’entreprises qui – sous la houlette de la société Le Bras Frères – travaillaient à la charpente de la flèche. En particulier, le gâcheur responsable de l’opération, Patrick Jouenne, compagnon charpentier et, lui aussi, Meilleur ouvrier de France. Et enfin, les bureaux d’étude, dont nous avons découvert le rôle et l’importance au cours de cette recherche : Étude charpente et structure bois (ECSB) et Calvi du côté des entreprises, et Bestrema du côté de la maîtrise d’œuvre.
18Sans rentrer dans la diversité des situations, précisons seulement que derrière cette partition rapide, les choses étaient beaucoup plus nuancées et donc complexes : la maîtrise d’œuvre abrite deux architectes qui sont aussi charpentiers, de même qu’ECSB en emploie trois. Autant de traits d’union pour concilier des positions et des intérêts divergents, ceux de la maîtrise d’œuvre d’un côté, ceux des entreprises de l’autre. Une situation parfois inconfortable et qui a pu donner, à certains, le sentiment d’être tiraillé entre différentes fidélités professionnelles.
Une chaîne opératoire complexe
19Dans un premier temps, la maîtrise d’œuvre a mis à la disposition des entreprises l’ensemble des documents recueillis et des travaux préparatoires effectués jusqu’à un degré de précision tout à fait exceptionnel que reflètent bien les dossiers de consultation des entreprises, qui vont par exemple jusqu’à détailler un à un tous les assemblages. Un travail réellement colossal dont les prestataires ont tous souligné le caractère exceptionnel [fig. 9].
Figure 9
Description du nœud X. Extrait du dossier de consultation des entreprises (DCE 3), documents graphiques et photographiques, cahier 3 : « Charpente de la flèche et du transept », juillet 2021.
© Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris et ACMH Philippe Villeneuve, Rémi Fromont, Pascal Prunet.
20Sur cette base, l’entreprise, en l’occurrence le gâcheur et son assistant, a réalisé l’épure et proposé les plans définitifs des assemblages dans un étroit dialogue avec les ingénieurs de leur bureau d’étude. Ceux-ci, à partir de modélisations, rentraient l’ensemble des paramètres de la proposition. Ils calculaient alors les efforts, la répartition des charges, etc., et validaient les choix ou demandaient des modifications jusqu’à ce qu’ils puissent justifier la proposition.
21Celle-ci était alors soumise à la maîtrise d’œuvre et à son bureau d’étude qui donnait le feu vert pour l’exécution ou demandait à son tour des modifications.
22Certaines parties de la flèche, particulièrement complexes, ont fait l’objet de longues discussions, en particulier les nœuds qui sont des assemblages d’assemblage : il a ainsi fallu près de trois mois pour se mettre d’accord sur l’un d’entre eux, tandis que pour un autre, dix-sept allers-retours entre la maîtrise d’œuvre et l’entreprise ont été nécessaires.
23Or, pour simplifier, la plupart de ces discussions concernaient moins des questions strictement techniques – liées par exemple à la solidité ou la stabilité de la structure, comme l’augmentation des surfaces de contact dans les assemblages – que l’adéquation et la pertinence des solutions proposées avec « l’esprit » ou la « logique » de l’épure originelle et, à travers elle, avec le sens même et la définition d’une reconstruction à l’identique. Car ce qui devait être reconstruit, restitué, ce n’était pas seulement l’apparence extérieure, mais c’étaient aussi les logiques techniques d’une l’époque et les savoir-faire alors mis en œuvre pour façonner la matière, pour lui donner son « âme », lui permettre de « vibrer », toutes expressions utilisées par nos interlocuteurs. C’était retrouver in fine l’état d’esprit qui avait présidé à sa réalisation initiale, soit l’union des deux pensées de Georges le gâcheur et de Viollet-le-Duc l’architecte, qui ont fait de la flèche un chef-d’œuvre, une œuvre à part entière.
Des rencontres intergénérationnelles
24Et de fait, l’épure n’a pas seulement été un lieu de discussion interprofessionnel, elle a aussi été l’occasion d’un dialogue entre charpentiers, à la recherche du génie propre de la flèche. Un dialogue qui, lui, s’est établi à travers le temps. Et c’est là le second point de rencontre sur lequel nous avons travaillé.
25L’épure actuelle, réalisée par Patrick Jouenne, le gâcheur, est le fruit d’intenses dialogues avec l’architecte et charpentier de la maîtrise d’œuvre, François Auger, lui aussi très investi dans sa conception. C’est lui qui s’est rapproché des trois compagnons charpentiers – Jack Boisne (qui expliquait la naissance de sa vocation dans l’extrait présenté plus haut), Christian Drilleau et Bernard Larché – qui, en 1970, dans le cadre de leur travail de réception, avaient fait des relevés, établi une épure et réalisé une maquette de la flèche. C’est aussi François Auger qui s’est penché sur les archives de la Médiathèque du patrimoine, mettant en évidence le statut de document d’exécution et l’importance de certaines d’entre elles. De ce fait, une partie de la conception de l’épure a consisté à en « métaboliser » les formes plus anciennes, jusqu’à « faire corps » avec elles [fig. 10, 11 et 12].
Figure 10
Détail de l’épure du tabouret de la flèche de Notre-Dame de Paris, réalisée par le gâcheur Patrick Jouenne pour la société Le Bras Frères.
© Patrick Jouenne et société Le Bras Frères.
Figure 11
Épure du tabouret de la flèche, dessinée par Jack Boisne, Christian Drilleau, Bernard Larcher, compagnons charpentiers du Devoir et du Tour de France, en 1970, dans le cadre de la réalisation d’une maquette de la flèche de Notre-Dame, leur travail de réception.
© Jack Boisne, Christian Drilleau et Bernard Larcher.
Figure 12
Jack Boisne, Christian Drilleau et Bernard Larcher posant à côté de leur maquette, lors de leur cérémonie de réception comme compagnons charpentiers du Devoir en 1970.
© Photographe inconnu / Association ouvrière des compagnons du Devoir et du Tour de France (AOCTDF).
26Notre objet n’est pas ici de détailler les étapes de cet apprentissage de l’épure originelle et de ses répliques, de cette découverte progressive des subtilités que les charpentiers traditionnels ont été formés à voir là où les autres ne voient rien. Retenons cependant quelques éléments qui sont ressortis des entretiens avec les intéressés :
27L’épure obéit à une logique, rien n’est là par hasard. Lorsqu’elle atteint le niveau de complexité de celle des différentes parties de la flèche, ce n’est pas simplement un plan, c’est une œuvre de l’esprit, indissociable de l’œuvre matérielle réalisée.
28C’est aussi un cheminement. Un cheminement de la pensée qui apprivoise peu à peu les problèmes et les résout, mais également un cheminement de la matière à la forme [fig. 13]. C’est ce cheminement que la restitution doit prendre en compte sans en sauter les étapes ; comme on nous l’a expliqué : « Si on ne prend pas conscience de ce cheminement, on va restituer sans âme et sans fond. »
Figure 13
Plan de la première enrayure de la flèche avec la projection des éléments diagonaux de la souche, Eugène Viollet-le-Duc, s.d., encre de Chine sur papier, 550 x 610 cm, conservé à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Charenton-le-Pont.
© Médiathèque du patrimoine et de la photographie.
L’épure comme médium
29Mais l’épure est également un médium. Et ce, dans tous les sens du terme : en tant qu’elle est un intermédiaire, nous l’avons vu, entre les différentes professions qui interviennent sur la conception d’une charpente. Mais également en tant que support, véhicule des connaissances qui vont permettre aux charpentiers de mettre en œuvre le travail.
30L’épure est donc le moyen de transmission d’un message. Un message qui n’est pas valable uniquement pour le moment précis de sa réalisation mais qui va perdurer, et parfois comme dans le cas de Notre-Dame survivre, au moins partiellement, à l’œuvre elle-même, comme une « bouteille à la mer » selon l’expression employée par un de nos interlocuteurs.
31In fine, l’épure est donc aussi un médium dans le sens où elle donne la possibilité de rentrer en communication avec ceux qui sont morts. De ce fait, Henri Georges et Viollet-le-Duc ont pleinement participé à la reconstruction de la flèche. On ne manque pas de nous le rappeler lorsque nous nous interrogeons sur ceux qui sont intervenus sur l’épure :
On oublie les principaux. Les principaux acteurs. C’est ceux qui sont morts il y a 150 ans. C’est eux les principaux acteurs du fait de leurs archives qu’on a retrouvées à Charenton-le-Pont. La première base de l’épure, c’est eux qui nous l’ont offerte, pour ceux qui savaient lire l’épure en tout cas.
32Et ce long travail mené par les charpentiers pour retrouver la logique de la flèche amène à poser des questions qui impliquent de revisiter certaines certitudes. Là encore, nous n’en donnerons qu’un exemple :
33Les statues des apôtres reposent sur des socles qui sont en fait partie intégrante de la charpente de laquelle ils émergent. Elles viennent en effet couronner de grandes pièces de bois qui dépassent du volume du comble et sont, pour les charpentiers, des éléments effectifs de la stabilité de la flèche. En leur absence, la structure aurait été considérablement affaiblie. Leur question coule dès lors de source : les statues ne seraient-elles pas la façon dont Viollet-le-Duc aurait intégré dans son ensemble architectural, habillé en quelque sorte, justifié esthétiquement, une contrainte technique imposée par l’épure ?
34La réponse existe sans doute dans les archives ou les travaux qu’elles ont inspirés, mais ce qui est certain, c’est que lorsqu’une technique comme l’épure, et les savoirs qu’elle met en œuvre, permet de poser ce type de question, elle mérite qu’on s’y arrête et que l’on tente d’en comprendre la logique et les enjeux.
35
En conclusion
36In fine, que nous apprend l’épure de la place des savoir-faire dans le chantier de restauration de Notre-Dame de Paris ? Deux points semblent particulièrement dignes de retenir l’attention et mériteront d’être approfondis dans la suite des recherches.
37– Pour les charpentiers, le chantier est dès le départ perçu comme une occasion de montrer que le patrimoine ne consiste pas seulement à conserver des monuments, mais aussi à préserver les savoir-faire qui permettent de les construire et de les entretenir. Ce que l’on appelle le patrimoine culturel immatériel. Si certains savoir-faire, peut-être plus spectaculaires, ont été largement mis en avant, comme l’équarrissage à la doloire de la charpente de la nef et du chœur, le cas de l’épure, pourtant beaucoup plus central pour le métier de charpentier, n’a pas vraiment attiré l’attention. Aujourd’hui, le recours à l’épure est restreint à la restauration et aux constructions traditionnelles, les constructions modernes passant par le dessin en 3D puis, grâce à la standardisation des bois, à l’utilisation de machines de taille à commande numérique. Entre l’architecte qui conçoit, le bureau d’étude qui calcule la solidité et la stabilité de la structure et la machine qui exécute, le charpentier se retrouve, de fait, dépossédé de ce travail de conception et de ce mode de réalisation qui était, pour lui, le cœur battant de son métier. Préserver des lieux d’enseignement et de pratique de ces savoirs est donc pour eux un enjeu essentiel, Notre-Dame en est la vitrine.
- 10 AGAMBEN Giorgio, Profanations, trad. Martin Rueff, Paris, Payot & Rivages, coll. « Bibliothèque Riv (...)
- 11 Voir MONFERRAN Jean-Christophe, SALATKO Gaspard & VOISENAT Claudie, art. cit.
38– À travers l’épure et les autres savoir-faire mis en œuvre pour reconstruire la flèche, ce n’est pas seulement la matérialité de la charpente qui est restituée, c’est aussi une forme de transcendance attachée à l’ancienneté perdue des matériaux. S’agissant de Notre-Dame, la dimension religieuse s’impose bien sûr tout de suite à l’esprit. Mais le patrimoine relève lui aussi d’une forme de sacralité. Une sacralité oxymorique puisque le patrimoine est un bien commun, là où le sacré est un domaine dont le profane est exclu. Une sacralité qui convoque donc l’idée de sa propre profanation, au sens où le philosophe Giorgio Agamben pense cette notion10. Une forme de sacralité où les biens sont préservés plus que réservés. Nous sommes plusieurs dans le groupe de travail à creuser cette idée, en particulier avec Sylvie Sagnes et Gaspard Salatko11. De notre côté, nous explorons la façon dont les savoir-faire participent de cette forme de sacralité : en permettant de reproduire le geste des anciens bâtisseurs, ils contribuent à animer la matière, à lui conférer une forme de profondeur ; le geste devenant, par cette répétition, cette réactivation, un quasi-rituel. Là est peut-être toute la différence entre refaire et restituer. Restituer, c’est rendre ce qui a été pris, ce qui a été perdu, en retrouver la teneur originelle. « Rendre » et non « remplacer ». Puisque le propre du patrimoine, c’est précisément d’être irremplaçable.
39Deux formes de sacralité coexistent donc à Notre-Dame : par exemple lorsque le coq de la flèche abrite maintenant, en plus des reliques traditionnelles, la liste des personnes ayant œuvré sur le chantier de restauration, ou comme à Saint-Laurent-de-la-Plaine (Maine-et-Loire), lorsque le dernier jour des Portes ouvertes de septembre 2023, pour fêter les 260 ans des Ateliers Perrault, une messe a été célébrée sous le montage à blanc de la charpente de la nef et du chœur. À l’issue de cette cérémonie, côte à côte, l’évêque et les charpentiers proposaient une forme différente de « sanctification » des claps de la charpente, ces débris issus de la taille des grumes à la doloire : l’un les bénissait, les autres y apposaient leur marque [fig. 14 et 15].
Figure 14
Lors des Journées portes ouvertes pour le 260e anniversaire des Ateliers Perrault, les débris de l’équarrissage manuel des bois de la charpente de la nef et du chœur sont mis à la disposition des visiteurs, 11 septembre 2023.
© Claudie Voisenat.
Figure 15
Montage de photographies prises à l’issue de la messe sous la charpente, lors des Journées portes ouvertes des ateliers Perrault, montrant le traitement des débris de l’équarrissage marqués par les charpentiers ou bénis par l’évêque. Montage présenté lors du colloque interdisciplinaire « Naissance et renaissance d’une cathédrale. Notre-Dame de Paris sous l’œil des scientifiques », 22-24 avril 2024.
© Claudie Voisenat avec des photographies de Karol Petit (Ateliers Perrault), Jean-Christophe Monferran et Claudie Voisenat.
40Quant à l’épure, on avait isolé au milieu de l’atelier, devenu salle de conférences, son cœur rayonnant, délimité par quatre planches, comme une sorte de fantôme, la présence d’une absence, sur laquelle un des charpentiers avait inscrit « Zone sacrée encore chaude ».
41
42Ce travail a bénéficié d'une aide de l'État gérée par l'Agence nationale de la recherche au titre du programme d'investissements d'avenir intégré à France 2030, portant la référence ANR-17-EURE-0021 – École universitaire de recherche Paris Seine Humanités, Création, Patrimoine – Fondation des sciences du patrimoine.
Notes
1 Ce témoignage de Jack Boisne, compagnon charpentier du Devoir et du Tour de France, est extrait des journées d’étude « Rencontres autour de l’épure », organisées du 19 au 21 décembre 2023 par le groupe de travail (GT) « Émotions/Mobilisations du chantier scientifique Notre-Dame de Paris » à la Médiathèque de l’architecture et de la photographie, à Charenton-le-Pont. Filmées, ces rencontres font partie des données qui seront archivées dans le cadre du projet de « Cathédrale de données numériques » porté par Livio De Luca (GT données numériques).
2 Voir https://ich.unesco.org/fr/rl/la-tradition-du-trace-dans-la-charpente-francaise-00251#:~:text=L’art%20du%20trac%C3%A9%20de,une%20pens%C3%A9e%20cr%C3%A9atrice%20aux%20b%C3%A2timents [lien valide en juillet 2024].
3 En particulier, l’ouvrage de Louis Mazerolle, Traité théorique et pratique de charpente, publié pour la première fois en 1875, et celui des frères Billon, L’Art du trait de charpenterie, en 1895, tous deux réédités par les éditions Vial. Louis Mazerolle, dit « Bourbonnais va de Bon Cœur », compagnon passant charpentier du Devoir, est né en 1842 dans l’Allier et décédé en 1899 à l’âge de 57 ans. Il commence à̀ travailler avec son frère avant de monter à Paris en 1865 où il occupe le poste de gâcheur dans l’entreprise de charpente Laureille. Renommé pour sa maîtrise du trait de charpente – art qu’il a enseigné pendant 27 ans – et pour avoir été le gâcheur du Mazerolle, le grand chef-d’œuvre des compagnons passants charpentiers, les « soubises », il était surnommé le « Maître des Maîtres ». Exécuté selon ses plans et sous sa direction entre 1866 et 1884 par Billon et 200 autres compagnons, ce chef-d’œuvre est considéré comme l’œuvre de charpente la plus complexe jamais réalisée à̀ ce jour (sur le marché de l’art en 2019, voir https://www.debaecque.fr/lot/96359/9957333-chefdoeuvre-de-louis-mazerolle [lien valide en juillet 2024]. Ce qui est en vente est sans doute une maquette préparatoire du chef-d’œuvre (on voit qu’elle est posée sur une planche) reprenant quelques-uns de ses éléments. Rien à voir avec l’original qui est immense et qui se trouve dans la salle d’exposition de la Maison des compagnons charpentiers des Devoirs du Tour de France (161 avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris), autrement nommée Aux arts et sciences réunis (c’est le nom de leur restaurant : https://www.aux-arts-et-aux-sciences.com/notre-histoire [lien valide en juillet 2024]).
4 Voir COMPAGNONS PASSANTS TAILLEURS DE PIERRE DU DEVOIR, Les Premiers Pas de la stéréotomie pour la taille de pierre par les Compagnons tailleurs de pierre du Devoir, Paris, Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France, coll. « Les Cahiers du collège des métiers », 2009.
5 Voir ADELL Nicolas, « Les savoirs des “bois debout” : le trait et l’orient », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 34, 2017, p. 71-78, disponible en ligne, http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lha/848 [lien valide en juin 2024].
6 Voir COMPAGNONS PASSANTS CHARPENTIERS DU DEVOIR, Le Glossaire du charpentier, Paris, Librairie du Compagnonnage, coll. « Les Cahiers du collège des métiers », 2019.
7 FROMONT Rémi & TRENTESAUX Cédric, « Le relevé des charpentes médiévales de la cathédrale Notre-Dame de Paris : approches pour une nouvelle lecture », Monumental, 2016-1, p. 70-77, disponible en ligne, https://www.monuments-nationaux.fr/content/download/9848116/file/M16_S1_NDP%20%282%29.pdf?version=1&inLanguage=fre-FR [lien valide en juillet 2024].
8 Voir sur Archiv’MH les « Plans et dessins d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) », cotes extrêmes F/1996/83 : https://archives-map.culture.gouv.fr/archives/fonds/FRAMAP_199683 [lien valide en juillet 2024].
9 Voir MONFERRAN Jean-Christophe, SALATKO Gaspard & VOISENAT Claudie, « Crafting exceptionality. Notre Dame de Paris: Between materiality and Sacrality », Journal of Cultural Heritage, vol. 65, 2024, p. 180-188.
10 AGAMBEN Giorgio, Profanations, trad. Martin Rueff, Paris, Payot & Rivages, coll. « Bibliothèque Rivages », 2005.
11 Voir MONFERRAN Jean-Christophe, SALATKO Gaspard & VOISENAT Claudie, art. cit.
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Figure 1 |
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Légende | Dans la salle de cours de charpenterie des compagnons du Devoir et du Tour de France, à Paris, deux dispositifs pédagogiques montrant les différents plans de projection d’une épure, vertical, horizontal et de profil, décembre 2023. |
Crédits | © Claudie Voisenat. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 305k |
Titre | Figure 2 |
Légende | Tracé au sol d’une épure du chœur, aux Ateliers Perrault, Saint-Laurent-de-la-Plaine (Maine-et-Loire), juillet 2023. |
Crédits | © Franck Gallen / Ateliers Perrault. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 112k |
Titre | Figure 3 |
Légende | Positionnement des pièces de bois sur l’épure, aux Ateliers Perrault, Saint-Laurent-de-la-Plaine (Maine-et-Loire), juillet 2023. |
Crédits | © Franck Gallen / Ateliers Perrault. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 343k |
Titre | Figure 4 |
Légende | « Principaux assemblages employés en charpente », extrait du Traité théorique et pratique de charpente [1875] de Louis Mazerolle, 4e édition, Dourdan, H. Vial, 1921, pl. 14. |
Crédits | Reproduction Claudie Voisenat. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 392k |
Titre | Figure 5 |
Légende | À Briey (Meurthe-et-Moselle), dans les locaux de la société Le Bras Frères, la maquette de l’un des nœuds de la flèche de Notre-Dame de Paris, réalisée dans le cadre de la réponse à l’appel d’offres de la maîtrise d’ouvrage, par le groupement des entreprises responsables de la charpente de la flèche (Le Bras Frères / Cruard / Asselin / Métiers du Bois), juillet 2023. |
Crédits | © Claudie Voisenat. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 328k |
Titre | Figure 6 |
Légende | Sur l’épure, superposition des pièces de bois pour procéder au piquage préalable à la taille des assemblages. Société Le Bras Frères, Briey (Meurthe-et-Moselle), juillet 2023. |
Crédits | © Claudie Voisenat. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 249k |
Titre | Figure 7 |
Légende | Utilisation du fil à plomb pour le piquage des pièces de bois. Société Le Bras Frères, Briey (Meurthe-et-Moselle), juillet 2023. |
Crédits | © Claudie Voisenat. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 326k |
Titre | Figure 8 |
Légende | Utilisation du fil à plomb pour le piquage des pièces de bois. Société Le Bras Frères, Briey (Meurthe-et-Moselle), juillet 2023. |
Crédits | © Claudie Voisenat. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 191k |
Titre | Figure 9 |
Légende | Description du nœud X. Extrait du dossier de consultation des entreprises (DCE 3), documents graphiques et photographiques, cahier 3 : « Charpente de la flèche et du transept », juillet 2021. |
Crédits | © Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris et ACMH Philippe Villeneuve, Rémi Fromont, Pascal Prunet. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 302k |
Titre | Figure 10 |
Légende | Détail de l’épure du tabouret de la flèche de Notre-Dame de Paris, réalisée par le gâcheur Patrick Jouenne pour la société Le Bras Frères. |
Crédits | © Patrick Jouenne et société Le Bras Frères. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 208k |
Titre | Figure 11 |
Légende | Épure du tabouret de la flèche, dessinée par Jack Boisne, Christian Drilleau, Bernard Larcher, compagnons charpentiers du Devoir et du Tour de France, en 1970, dans le cadre de la réalisation d’une maquette de la flèche de Notre-Dame, leur travail de réception. |
Crédits | © Jack Boisne, Christian Drilleau et Bernard Larcher. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 242k |
Titre | Figure 12 |
Légende | Jack Boisne, Christian Drilleau et Bernard Larcher posant à côté de leur maquette, lors de leur cérémonie de réception comme compagnons charpentiers du Devoir en 1970. |
Crédits | © Photographe inconnu / Association ouvrière des compagnons du Devoir et du Tour de France (AOCTDF). |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 173k |
Titre | Figure 13 |
Légende | Plan de la première enrayure de la flèche avec la projection des éléments diagonaux de la souche, Eugène Viollet-le-Duc, s.d., encre de Chine sur papier, 550 x 610 cm, conservé à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Charenton-le-Pont. |
Crédits | © Médiathèque du patrimoine et de la photographie. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 270k |
Titre | Figure 14 |
Légende | Lors des Journées portes ouvertes pour le 260e anniversaire des Ateliers Perrault, les débris de l’équarrissage manuel des bois de la charpente de la nef et du chœur sont mis à la disposition des visiteurs, 11 septembre 2023. |
Crédits | © Claudie Voisenat. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 201k |
Titre | Figure 15 |
Légende | Montage de photographies prises à l’issue de la messe sous la charpente, lors des Journées portes ouvertes des ateliers Perrault, montrant le traitement des débris de l’équarrissage marqués par les charpentiers ou bénis par l’évêque. Montage présenté lors du colloque interdisciplinaire « Naissance et renaissance d’une cathédrale. Notre-Dame de Paris sous l’œil des scientifiques », 22-24 avril 2024. |
Crédits | © Claudie Voisenat avec des photographies de Karol Petit (Ateliers Perrault), Jean-Christophe Monferran et Claudie Voisenat. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42362/img-15.jpg |
Fichier | image/jpeg, 186k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Claudie Voisenat et Jean-Christophe Monferran, « Des charpentiers à l’œuvre », In Situ [En ligne], 53 | 2024, mis en ligne le 12 juillet 2024, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/42362 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/122pr
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