L’usage de la photographie dans la constitution de la collection de maquettes de décors et costumes du département des Arts du spectacle (Bn), 1959-1983
Résumés
Cet article porte sur un ambitieux programme de production de diapositives de maquettes de décors et de costumes développé de 1959 à 1983 à l’initiative d’André Veinstein et de Cécile Gitteau à la Bibliothèque nationale (Bn) alors même que le département des Arts du spectacle, créé en 1976, n’existait pas. Par ce programme s’esquisse l’histoire des maquettes de décors et costumes de théâtre au département des Arts du spectacle, mais aussi l’intérêt grandissant des institutions patrimoniales et des chercheurs pour ces objets de théâtre, ainsi que des professionnels pour le don de leurs archives et dessins. Ce programme porte l’empreinte d’André Veinstein et de Cécile Giteau, figures majeures dans le développement et le rayonnement des collections des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale. Notre propos est de montrer une évolution des pratiques de collecte des maquettes, dont les collections s’enrichissent de plus en plus, notamment grâce aux dons de créateurs, et qui permettent d’étudier l’histoire du théâtre sous un nouvel angle, mettant en avant une histoire graphique des décors et costumes ainsi qu’une mémoire vivante des créateurs.
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Mots-clés :
maquette, décors, costumes, arts du spectacle, théâtre, collecte, patrimonialisation, André Veinstein, Cécile GiteauKeywords:
model, stage set, costume, performing arts, theatre, collecting, heritagisation, André Veinstein, Cécile GiteauPlan
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- 1 André Veinstein (1916-2001) devient en 1953 responsable des collections théâtrales de la Bibliothèq (...)
- 2 Voir RONDEL Auguste, Catalogue analytique sommaire de la collection théâtrale Rondel, suivi d’un gu (...)
- 3 Cette définition est reprise de l’appel à communication de la journée d’étude « La maquette de cost (...)
- 4 ACRIVOPOULOS Thémis, Du collectionneur à l’œuvre collective, péripéties bibliothéconomiques de la c (...)
1Lorsqu’en 1953 André Veinstein1 devient responsable des collections théâtrales de la Bibliothèque nationale (Bn), celles-ci ne sont pas encore intégrées à un département dédié. Rassemblés à partir de la collection théâtrale d’Auguste Rondel2 constituée, entre 1890 et 1920, principalement de textes et de manuscrits, ces fonds mettent alors principalement en avant une approche textuelle des études sur le théâtre. Les maquettes de décors et de costumes, à savoir des « œuvres graphiques, souvent accompagnées d’annotations voire d’échantillons de tissus pour les maquettes de costumes, ayant pour but de représenter en deux dimensions un projet de costume [ou de décor] afin de procéder à son exécution en trois dimensions3 » [fig. 1 et 2] sont alors presque absentes des collections, hormis quelques rares exceptions comme les fonds assez importants de l’artiste décoratrice et costumière Olga Choumansky (1896-1971), entré en 1948, ou du metteur en scène et homme de théâtre Gaston Baty (1885-1952), en 1953. Les documents iconographiques sont encore dispersés et ont seulement fait l’objet d’un classement sommaire à partir de 1947 par Madeleine Horn-Monval (1886-1972) à la bibliothèque de l’Arsenal, où étaient alors conservées les collections théâtrales de la Bn4. Cette bibliothécaire initie une méthodologie et une logique de classement spécifiques. Au début des années 1950, André Veinstein cherche à proposer une voie nouvelle, mettant en lumière les éléments matériels du théâtre ainsi que les créations contemporaines, soutenu dans sa démarche par Julien Cain, alors administrateur général de la Bn, qui porte une attention particulière à ces fonds théâtraux. Souhaitant valoriser toutes les typologies de collections conservées, tous deux jouent un rôle important dans le développement de nouvelles collections à la Bibliothèque nationale, que les maquettes de décors et de costumes viendront enrichir. Ne pouvant s’appuyer sur un département, André Veinstein ne dispose pas de budget pour procéder à un accroissement rapide des collections par l’achat de maquettes à des créateurs, et le don est encore une pratique peu répandue chez les professionnels du théâtre.
Figure 1
« Bergère 1 », maquette de costume de Guy-Pierre Fauconnet, pour le quatrième acte de la pièce Le Conte d’hiver de William Shakespeare, mise en scène par Jacques Copeau au théâtre du Vieux-Colombier, première représentation le 10 février 1920. Maquette conservée à la Bibliothèque nationale de France, fonds Jacques Copeau (4-MAQ-16172).
Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b532473692 [lien valide en juin 2024].
Figure 2
« Rue avec venelles en escalier à droite et à gauche », maquette de décor de Christian Bérard pour la pièce Les Fourberies de Scapin de Molière, mise en scène par Louis Jouvet, première représentation le 18 février 1949 au théâtre Marigny. Maquette conservée à la Bibliothèque nationale de France (T TGR FOL-MAQ-8193).
Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b53198279q [lien valide en juin 2024].
- 5 Cécile Giteau fut nommée par Julien Cain « attachée à l’administration chargée des collections théâ (...)
- 6 GITEAU Cécile, « Valeur documentaire et catalogage des diapositives de décors et de costumes », in (...)
- 7 Le fonds de diapositives est aujourd’hui très rarement consulté par les chercheurs qui préfèrent qu (...)
2En 1959, André Veinstein et Cécile Giteau5 ont une idée inédite : ils proposent de mettre sur pied « une collection de diapositives en couleurs de maquettes de décors et de costumes concernant la production théâtrale française courante6. » Le projet est simple : à défaut de conserver les maquettes planes de décors et costumes, alors chez leurs créateurs, il s’agit d’en garder une image en en faisant réaliser des prises de vue qui, rassemblées sous la forme d’un fonds de diapositives, formeront une collection documentaire des productions [fig. 3 et 4]. Les registres d’inventaire papier dénombrent près de 18 000 diapositives réalisées entre 1959 et 19837 et conservées au département des Arts du spectacle. Cette collection devait, en outre, combler le manque de documents iconographiques des collections théâtrales et les compléter en représentant des créations contemporaines. Novatrice et ciblée, cette importante campagne de prises de vue représente une véritable pierre angulaire pour l’accroissement des collections de maquettes originales du département des Arts du spectacle, qui comprennent aujourd’hui plus de 60 000 maquettes de décors et de costumes originales, tout en offrant aux chercheurs de nouveaux objets d’étude et de nouvelles sources iconographiques. Cet article se propose de revenir sur la genèse de la collection de maquettes à la Bibliothèque nationale, d’en détailler le déroulé et l’importance.
Figure 3
Meuble de rangement des diapositives au département des Arts du spectacle, BnF, 2024.
© Laurence Decobert.
Figure 4
Diapositives des maquettes de costumes dessinées et prêtées par Christian Bérard pour La Folle de Chaillot de Jean Giraudoux, mise en scène par Louis Jouvet, première représentation au théâtre de Chaillot, le 22 décembre 1945. Diapositives conservées à la Bibliothèque nationale de France, fonds de diapositives de maquettes (DIA-412 à 418).
© Laurence Decobert, 2024.
3Motivée par une volonté forte et nouvelle de mettre en valeur le patrimoine matériel théâtral contemporain, l’organisation de prises de vue de maquettes par André Veinstein et Cécile Giteau a permis de sceller des liens solides et durables entre les professionnels du théâtre et le département, tout en favorisant l’enrichissement des collections et l’accès à des objets d’étude jusqu’alors peu exploités. Les maquettes constituent en effet des documents essentiels pour étudier l’histoire des arts du spectacle. Même si elles ne présentent pas forcément les costumes et les décors tels qu’ils furent créés, elles délivrent des indices sur l’ambiance, l’esthétique d’un spectacle, mais aussi sur les méthodes de travail choisies, sur l’angle adopté pour la caractérisation des personnages. Grâce à elles, le chercheur peut opérer, à l’aide de toutes les archives annexes, une forme de reconstitution de la démarche artistique d’une œuvre théâtrale passée.
- 8 Ce fonds d’archives est un fonds administratif du département des Arts du spectacle qui y est conse (...)
4Cet article s’appuie sur un fonds de correspondance interne du département des Arts du spectacle, jusqu’à aujourd’hui non étudié, entre André Veinstein, Cécile Giteau et les créateurs de costumes et de décors8. Les lettres échangées nous renseignent sur la chronologie du projet et la méthodologie mise en place pour organiser les prises de vue des maquettes empruntées, ainsi que sur la relation privilégiée qu’entretiennent le département et les professionnels du théâtre.
Protéger et documenter le travail des créateurs de décors et costumes
- 9 Le terme de « décorateur » regroupe dans les années 1950 les créateurs de décors et de costumes. Le (...)
- 10 Jean-Denis Malclès (1912-2002), créateur de décors et de costumes ainsi que peintre et affichiste f (...)
5La collaboration avec les créateurs de costumes et de décors est un pilier tant dans la création, en 1976, du département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale par André Veinstein et Cécile Giteau que dans la formation et l’enrichissement des collections. L’analyse des étapes ayant mené à la conception de la collection de diapositives de maquettes montre particulièrement bien le souci constant de travailler avec les professionnels du théâtre. En effet, le projet prend forme grâce à une relation étroite avec le Syndicat des décorateurs et maquettistes, nouée dès 19569. La lecture de cette correspondance aide à mieux comprendre comment évolue l’idée d’un partenariat bénéfique à tous, Bn comme créateurs dont le travail serait ainsi documenté par les prises de vue de leurs maquettes. André Veinstein organise donc le 28 février 1956, avec Denis Bablet, alors chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et théoricien du théâtre très proche des réseaux professionnels théâtraux, une réunion d’information à la bibliothèque de l’Arsenal avec les créateurs adhérents du Syndicat des décorateurs et maquettistes pour expliciter sa démarche. La Bibliothèque nationale conserve une vingtaine de lettres d’invitation adressées à des décorateurs du syndicat, parmi lesquels les artistes Romain Erté, Léon Gischia, Félix Labisse, Bernard Daydé, Jean-Denis Malclès10 [fig. 5] :
Figure 5
Courrier d’André Veinstein adressé à Jean-Denis Malclès, le 18 février 1956, conservé à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Malclès ».
Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès.
- 11 Projet de contrat entre le Syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, 13 avril 1957, ar (...)
6Cette rencontre inaugure la collaboration active entre le syndicat et André Veinstein. Un projet de contrat est rédigé le 13 avril 1957 entre Julien Cain et Yves Bonnat, président du Syndicat des décorateurs et maquettistes français ; il ne sera amendé et signé qu’en 1959. Son introduction expose les motivations de ce futur accord qui ambitionne « de répondre, d’une part, au désir exprimé par de nombreux décorateurs et maquettistes de théâtre d’assurer une protection juridique de leurs droits et une bonne conservation de leurs œuvres et, d’autre part, au souci propre au représentant de la collection d’un fonds spécialisé consacré à la production des décorateurs français11 ».
- 12 Francine Galliard-Risler (1924-2015) est une créatrice de costumes, scénographe, dessinatrice franç (...)
- 13 Projet de contrat entre le Syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, 13 avril 1957, ar (...)
7Sans moyens financiers réels, et à défaut d’un véritable département des Arts du spectacle, André Veinstein ne peut à cette époque entreprendre une politique d’acquisition nourrie auprès des décorateurs, qui préfèrent souvent garder leurs réalisations plutôt que d’en faire don à une institution. De nombreux cartons d’invitation et catalogues d’exposition retrouvés dans les dossiers de correspondance, dont celui de l’exposition des maquettes de Francine Galliard Risler12 [fig. 6], témoignent que les expositions de maquettes dans des galeries sont très en vogue dans les années 1950-1960. Il est par conséquent important pour les décorateurs de pouvoir les conserver afin d’en assurer eux-mêmes la présentation et de valoriser leur travail. Il est d’ailleurs précisé que celles acquises par la Bn « pourraient être mises à disposition provisoire de leurs auteurs en vue d’un prêt à une exposition13 ».
Figure 6
Couverture du catalogue de l’exposition de maquettes de la créatrice de costumes Francine Galliard-Risler, novembre 1959, conservé à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Galliard-Risler ».
Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès.
- 14 Projet de contrat entre le Syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, 13 avril 1957, ar (...)
8Le projet de contrat détaille également la nature de la collaboration : de l’emprunt des maquettes appartenant aux décorateurs aux prises de vue couleur par la Bn, en passant par les questions juridiques et l’éventuelle création d’un dépôt légal à partir de ces diapositives. Les prises de vue, réalisées dans les ateliers de l’institution sur support diapositives, certainement pour des raisons de place et de manipulation, seront conservées à la bibliothèque de l’Arsenal à des fins de documentation pour les créateurs et chercheurs et, selon les premiers échanges entre Veinstein et le syndicat, à des fins de protection des droits d’auteur. Elles seront complétées par l’acquisition de deux ou trois maquettes par décorateur. Le projet de contrat précise que les prises de vue de « ces maquettes feront l’objet sur le registre d’entrée de la bibliothèque d’une inscription datée et porteront au verso ce numéro d’entrée et, au recto, le cachet de la collection Rondel, assurant ainsi une date certaine aux documents14 ». Un dépôt systématique des maquettes de costumes et de décors étant impossible – puisqu’il n’y avait dans les années 1950, et qu’il n’y a toujours pas, de suivi et de normes dans les pratiques de conservation des maquettes une fois les spectacles et leurs représentations terminés –, les prises de vue permettent au moins aux créateurs de prouver la paternité de leurs œuvres. Les maquettes sont parfois conservées par les créateurs ou leurs familles, comme c’est le cas pour celles qui ont été photographiées par la Bn, parfois dans les théâtres, comme pour les productions de la Comédie-Française, parfois détruites ou distribuées aux comédiens et membres des productions. André Veinstein soulignera plus tard que les prises de vue peuvent faire foi en matière de propriété intellectuelle en cas de contrefaçon ou reproduction non autorisée d’une création, comme l’illustre ce courrier adressé en 1962 au scénographe d’opéra Bernard Daydé, qui a contribué au projet :
- 15 Lettre d’André Veinstein à Bernard Daydé, 10 novembre 1962, archives du département des Arts du spe (...)
Notre collection théâtrale est, vous le savez, en dehors de la diffusion que constituent ces nouveaux moyens de reproduction (qui n’exclut en aucune façon les droits de propriété artistique auxquels vous pouvez prétendre) […]. [La collection] a, en outre, l’avantage, par l’entrée à une date certaine des documents, de permettre en cas de plagiat d’avoir à votre profit un moyen légal d’antériorité15.
9Ainsi conservée par une institution, la photographie atteste de l’existence d’une œuvre identifiée et authentifiée à un moment donné. C’est d’ailleurs cette valeur d’image documentaire à un instant précis dans la production de costumes et de décors qui rend cette collection précieuse pour l’identification de maquettes originales qui n’ont jamais été conservées à la Bn. La suite du contrat de 1957 détaille la marche à suivre et stipule le rôle actif du syndicat dans le projet et dans le rapprochement de la bibliothèque avec les créateurs. Notons qu’il est encore question de dons de maquettes et non de prêt pour prises de vue, comme ce sera finalement le cas dans le texte définitif. En effet, à part quelques dons et achats isolés de maquettes, les auteurs conservent leurs dessins :
- 16 Projet de contrat entre le syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, Paris, Bn, 13 avr (...)
M. le président du syndicat des décorateurs et maquettistes s’engage à recommander par lettre adressée à tous les membres du Syndicat lors de la signature du présent accord et tous les deux ans par la suite, d’effectuer le don à la collection Rondel, bibliothèque de l’Arsenal, 1, rue de Sully à Paris, des maquettes originales de décors et de costumes dont ils seraient les auteurs16.
10Comme évoqué précédemment, ce n’est qu’en 1959 que le projet prend forme et se concrétise avec l’accord de l’administrateur général de la Bibliothèque nationale. Dans une lettre adressée à Yves Bonnat, André Veinstein précise et scelle les objectifs de cette collection : protéger les auteurs et documenter le travail des créateurs par une double opération : des prises de vue des maquettes conservées par les décorateurs, et l’acquisition conjointe de quelques maquettes, la donation n’étant pas encore très répandue :
- 17 Lettre d’André Veinstein adressée à Yves Bonnat, 26 juin 1959, archives du département des Arts du (...)
Vous savez que la question de la conservation des maquettes provenant des décorateurs m’a toujours préoccupé et nous venons d’adopter une solution pour. Je serais infiniment heureux d’avoir votre aide.
Afin de concilier le désir exprimé par les décorateurs eux-mêmes, vous vous en souvenez, d’obtenir les garanties que pourrait leur apporter une sorte de dépôt légal de leurs œuvres, tout en conservant le désir légitime qu’ils ont de conserver les originaux de certaines d’entre elles, nous avons adopté la solution suivante :
1-Procéder à l’achat, pour chaque décorateur, de maquettes originales disponibles ;
2-Emprunter, pour une quinzaine de jours, les autres maquettes constituant l’œuvre du décorateur considéré afin d’effectuer quelques photographies agrandies en couleur et une prise de diapositives pour toutes les autres maquettes17.
11Si le deuxième point prévoit la réalisation de « quelques photographies agrandies en couleurs », nous n’en avons toutefois pas retrouvé, dans les inventaires de diapositives ou de maquettes ou dans le fonds d’archives.
La campagne de photographie par la Bn : statut et valeur documentaire de la collection
12Une fois le projet accepté par l’administration de la Bn, André Veinstein et Cécile Giteau mettent en place une méthodologie précise qui permettra jusqu’en 1983, date de l’arrêt de cette campagne, de constituer une importante collection de diapositives de maquettes d’au moins 82 décorateurs, recensés grâce au fonds de correspondances du département des Arts du spectacle, concernant à parts égales des maquettes de décors et de costumes (certains décorateurs ayant réalisé les deux types de maquettes).
- 18 Lettre d’André Veinstein à Julien Cain, 27 juillet 1959, archives du département des Arts du specta (...)
13L’opération est menée avec le service photographique de la Bn, qui organise la logistique de l’accueil des maquettes à la bibliothèque, leurs prises de vue et leur restitution aux créateurs. Les premiers emprunts concernent les créations de Jean-Denis Malclès et Félix Labisse. André Veinstein informe ainsi Julien Cain, le 27 juillet 1959, du début du projet18.
14Pour chacune des contributions, André Veinstein prend le temps d’expliquer aux créateurs, par courrier, chaque étape du processus, comme en témoigne la lettre adressée au décorateur Bernard Daydé en 1962 :
- 19 Lettre d’André Veinstein à Bernard Daydé, 10 novembre 1962, archives du département des Arts du spe (...)
Monsieur,
Nous avons entrepris avec l’accord du Syndicat des décorateurs de théâtre, la constitution d’une importante collection de diapositives en couleur réalisée à partir des maquettes originales de décors et de costumes. […]
Cette collection est déjà riche de plusieurs milliers d’unités et continue de s’accroître chaque mois de 80 à 100 reproductions.
Je serais heureux de savoir si vous accepteriez de prévoir pour les mois de janvier ou de février un rendez-vous dans le cas où vous accepteriez, à votre tour, de mettre à disposition un certain nombre de vos maquettes originales.
Nous pourrions procéder de la façon suivante : au cours d’un premier rendez-vous, nous établirons une liste des documents à reproduire. Ces documents sont ensuite empruntés pour une quinzaine de jours sous la conduite d’un de mes collaborateurs et photographiés au service photographique de la Bibliothèque nationale, garantis par des assurances qui couvrent tous les risques.
Une décharge vous est donnée, bien entendu, au moment de l’enlèvement des documents et un contrôle est effectué par vous à leur retour19.
- 20 Lettre d’André Veinstein à Jean Vilar, 14 février 1964, archives du département des Arts du spectac (...)
- 21 Après la mort de Jean Vilar, 1 600 maquettes ont été données par sa femme Andrée Vilar en 1981 à l’ (...)
15Pour chaque emprunt de maquette, des assurances sont contractées, et des contrats signés et consignés dans le fonds interne de correspondances du département. La marche à suivre est normalisée et les prises de vue doivent absolument avoir lieu toutes les semaines. André Veinstein craint dans le cas contraire « de perdre une des séances qui nous est réservée au Service photographique de la Bibliothèque nationale20 », comme il l’écrit au metteur en scène Jean Vilar, qui a prêté des maquettes de ses collections21.
16Cette méthode et l’aide du syndicat permettent d’accroître rapidement la collection de diapositives – environ 18 000, comme dit plus haut – de maquettes de décors et de costumes. Soigneusement renseignés de 1959 à la fin des années 1980, douze registres manuscrits inventorient les diapositives conservées au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale dans l’ordre de leur création. Chaque diapositive possède un numéro d’inventaire commençant toujours par DIA. Outre ce numéro, ces registres indiquent le format de la maquette originale, le spectacle concerné, son auteur et metteur en scène, la catégorie des maquettes photographiées (décor ou costume) ; les personnages ou les scènes identifiables sont aussi précisés parfois [fig. 7]. Ces informations ont été compilées de manière très exhaustive et affirment la visée documentaire de la collection.
Figure 7
Registre d’inventaire des diapositives de maquettes planes, tome I, diapositive 1-4081, à partir de 1959, conservé à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle.
Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès.
17D’autres documents facilitant l’identification et la datation des diapositives n’ont pas été systématiquement conservés dans les dossiers de correspondance avec chaque créateur. Il s’agit des bons de prise de vue du service photographique [fig. 8] et de cartes par spectacle [fig. 9] rédigés par Cécile Giteau à chaque arrivée de maquettes pour prise de vue avec quelques informations sur le spectacle concerné et la liste des maquettes de costumes et de décors photographiées. Ces documents ont été rassemblés par dossier de créateur et sont aujourd’hui conservés dans les archives du département des Arts du spectacle.
Figure 8
Bon du service photographique de la Bn pour la création de diapositives des maquettes du décorateur André Barsacq, 1978, conservé à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « André Barsacq ».
Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès.
Figure 9
Carte d’informations (recto et verso) pour le spectacle À l’ombre du mal, de H. R. Lenormand, mis en scène par Gaston Baty, vers 1970, conservée à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Gaston Baty ».
Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès.
18Chaque sélection de maquettes chez les créateurs s’accompagne de la proposition d’achat de quelques-unes, représentatives de leur travail ou d’un spectacle particulièrement important dans l’histoire du théâtre en France. Quantifier précisément le nombre de maquettes acquises parallèlement aux prises de vue est difficile puisque les contrats de chaque décorateur ne sont pas tous conservés et que les inventaires, pour la plupart rédigés à nouveau dans les années 1990, n’indiquent pas toujours précisément le contexte d’entrée des maquettes dans les collections.
19Le fait que les responsables aient organisé une double collecte – prises de vue et maquettes – renforce le statut documentaire de l’ensemble au sein des collections théâtrales. Leur intérêt ne semble effectivement pas toujours résider dans le caractère unique du dessin, ni même formellement dans leurs qualités artistiques ou techniques, mais bien dans la capacité à être un témoin de ce qui n’est plus, le spectacle passé, le décor ou le costume que nous ne pouvons plus voir en lumière ou en mouvement, voire qui n’ont parfois jamais existé. André Veinstein propose même, dans le projet de contrat de 1957, de demander des reproductions de maquettes ou des photographies réalisées par les créateurs eux-mêmes, lorsque celles-ci sont importantes, mais que le décorateur ne souhaite pas les vendre :
- 22 Projet de contrat entre le Syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, 13 avril 1957, ar (...)
Au cas où le don de la maquette originale ne pourrait intervenir au moment de la création de la pièce qu’elle concerne, le décorateur pourra en faire établir une photographie qu’il déposera et qui sera enregistrée à titre de don dans les mêmes conditions que celles précisées à l’article 2 ci-dessus22.
- 23 Lettre d’André Veinstein à Julien Cain, 27 juillet 1959, archives du département des Arts du specta (...)
- 24 Voir DENIZOT Marion, « L’engouement pour les archives du spectacle vivant », Écrire l’histoire, nos(...)
20Cette vision de l’objet-témoin du spectacle passé est fondamentale dans le développement des collections du département des Arts du spectacle et guide en permanence les acquisitions et les collaborations avec les donateurs. André Veinstein insiste d’ailleurs dans les correspondances sur sa volonté de créer avec cette collection « une documentation relative aux maquettes de décors » et de costumes23. Pour lui, cette collection de diapositives représente une manière douce de familiariser tout un milieu professionnel à la transmission de son matériel de travail (archives, maquettes, etc.) ainsi qu’aux questions de patrimonialisation et de conservation de la mémoire du théâtre. L’enjeu reste toujours pour le département des Arts du spectacle de convaincre les professionnels du théâtre, parfois frileux et hésitants en ce qui concerne la patrimonialisation de leurs archives24 d’en faire don, et de permettre, par la multiplication des sources et objets, de comprendre l’histoire théâtrale, et peut-être d’opérer une forme de reconstitution du spectacle par l’écrit, par l’exposition, par le témoignage.
Une culture du don grandissante
21Conjuguée à des démarches pour sensibiliser à l’importance patrimoniale des archives et objets des arts du spectacle et cultivée tout au long de leur carrière à la Bibliothèque nationale, la relation qu’entretiennent André Veinstein et Cécile Giteau avec les professionnels a certainement contribué à un accroissement des dons. En effet, la patrimonialisation des objets de scène ne va pas toujours de soi pour ces gens du métier, qui semblent parfois opposés à la conservation des traces du théâtre, art éphémère qui ne s’accomplirait véritablement que lors de la représentation. Bernard Dort, théoricien du théâtre, écrit à ce propos en 1955 :
- 25 DORT Bernard, « Du passé dans le présent (ou le diamant et le jade) », in Id., Le Spectateur en dia (...)
La pratique scénique est toujours tentée d’effacer ses traces ou de faire bon marché de celles qui l’ont précédée. [… Le théâtre] est, par excellence, un art du présent. Avant que ne s’ouvre le rideau de scène, que ne retentissent les trois coups ou que la lumière ne tire de l’ombre une portion d’espace… il n’y a rien : rien qu’une assemblée de spectateurs en attente. Une fois ce rideau refermé ou cette portion d’espace retombée dans la nuit… tout est consommé, les applaudissements ou les sifflets ont signifié une fin : les spectateurs quittent la place, le lieu est vide, béant, comme si rien ne s’y était passé25.
- 26 DENIZOT Marion, art. cit., p. 88-101.
22Chaque archive, chaque témoin de la représentation, chaque artefact théâtral, une fois utilisé pour et lors de la représentation, serait donc une trace parcellaire et insignifiante, inutilisable par les chercheurs. Les spécialistes de l’art dramatique et de sa patrimonialisation n’ont cessé de pointer ensuite le désintérêt, ou le peu de connaissances et le manque de temps, des professionnels du théâtre pour la conservation des archives et objets de spectacles26.
- 27 Art et action est un collectif théâtral fondé en 1919 par Édouard Autant et Louise Lara qui introdu (...)
- 28 Jacques Le Marquet (1927-2017) est un créateur de décors et de costumes, scénographe et architecte (...)
- 29 Jacques Noël (1924-2011), créateur de décors depuis les années 1940, a collaboré principalement ave (...)
- 30 Archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Jacqu (...)
- 31 Voir par exemple les fonds de maquettes de costume de Françoise Tournafond et de décors de Roberto (...)
23Pourtant, avec la création du département des Arts du spectacle en 1976, les dons et acquisitions s’intensifient. Parallèlement aux séries de diapositives, des fonds prestigieux et volumineux entrent dans les collections sous la forme de dons comme celui d’Art et action27, entré en 1963 et 1968, le fonds Louis Jouvet, donné par la famille en 1961, et celui du scénographe et créateur de costumes Jacques Le Marquet28, en 1964 et 1970. Après l’arrêt du programme de prises de vue et, comme l’atteste l’abondante correspondance suivie pendant des années entre Cécile Giteau et des décorateurs ou leurs familles, de nouvelles maquettes entrent régulièrement à la Bn. C’est le cas de celles de Jacques Noël29, qui échange avec André Veinstein et Cécile Giteau de 1960 à 198330. Centrale pour l’enrichissement des collections de maquettes et donnant l’occasion de travailler avec les créateurs eux-mêmes pour documenter leurs travaux, une culture du don s’affirme ainsi au département des Arts du spectacle. Des fonds de maquettes de plus en plus complets et complexes à étudier entrent au département. Ils se complexifient à la fin du xxe siècle, puisqu’ils comportent de nombreuses photocopies et de nombreux supports de créations (découpages, collages, dessin, peintures, etc.)31. Ils sont bien souvent accompagnés d’archives manuscrites, de correspondances, de photocopies d’inspiration, détaillant tout le processus de création, de la phase préparatoire à la conception en atelier.
- 32 Voir par exemple la notice sur le Catalogue général de la BnF de la maquette d’un costume pour le M (...)
24En 1983, alors que de plus en plus de maquettes originales, photographiées pour certaines bien avant, entrent dans les collections, la campagne de prises de vue s’arrête. Cela coïncide avec le lancement, au département, de l’inventaire des maquettes planes de décors et costumes avec une cotation (MAQ) et la tenue de registres d’inventaire papier spécifiques. Renseignés jusqu’en 2009, ces derniers laissent ensuite place au catalogage informatique. Pour chaque maquette y sont renseignés le numéro d’inventaire, le spectacle et sa date, les personnages ou la scène concernés ainsi que la cote de la diapositive de la maquette originale, si une prise de vue avait été réalisée avant 1983. Ces informations ont été reprises dans la version informatique des inventaires et sont aujourd’hui visibles dans le catalogue général de la BnF32. En étudiant ce catalogue, ce sont approximativement 13 790 maquettes conservées au département des Arts du spectacle qui ont pu être rapprochées de leurs diapositives, soit presque 77 % de la collection de diapositives, dont des fonds de maquettes importants comme ceux des créateurs de costumes Christian Bérard [fig. 10], Guy-Pierre Fauconnet [fig. 11] ou Robert Delaunay [fig. 12]. Les 23 % restant de la collection de diapositives, à peu près 5 000, concernent donc des maquettes qui n’ont pas été acquises ou données à la BnF et dont le lieu de conservation actuel est inconnu. Avec l’accroissement de la collection de maquettes dans les collections des Arts du spectacle (à peu près 60 000 de 1674 à nos jours), la collection de diapositives a peu à peu perdu de son utilité en salle de lecture où elle n’est aujourd’hui plus consultable, les chercheurs leur préférant bien souvent les maquettes originales. Il serait pourtant nécessaire de réfléchir au devenir de cette collection qui, en plus de présenter un pan de l’histoire des pratiques de collectes au département des Arts du spectacle, témoigne de la production de costumes et de décors théâtraux de toute une époque. Afin de préserver ces diapositives assez fragiles de par leur support, il pourrait être intéressant d’entreprendre une campagne de numérisation, au moins pour les diapositives dont la maquette originale n’est pas conservée par le département, après un travail plus précis d’identification.
Figure 10
« Trois costumes masculins jaune et gris », maquette de costume de Christian Bérard, 1947, pour la pièce Amphitryon de Molière mise en scène par Jean-Louis Barrault au théâtre Marigny, première représentation le 5 décembre 1947. Maquette conservée à la Bibliothèque nationale de France (GR FOL-MAQ-2427).
Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b53259300j/f1.item# [lien valide en juin 2024].
Figure 11
« Roggero », maquette de costume de Guy-Pierre Fauconnet, 1920, pour la pièce Le Conte d’hiver de William Shakespeare, mise en scène par Jacques Copeau au théâtre du Vieux-Colombier, première représentation le 10 février 1920. Maquette conservée à la Bibliothèque nationale de France, fonds Jacques Copeau (4-MAQ-16138).
Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b53247400x/f1.item# [lien valide en juin 2024].
Figure 12
« Triomphe de Paris », maquette de décor de Robert Delaunay, planche de neuf croquis annotés pour les illuminations de la tour Eiffel, de Notre-Dame et de l’arc de Triomphe, 1928-2929. Planche conservée à la Bibliothèque nationale de France (TGR FOL-MAQ-8190).
Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b53234382d/f1.item.r=Triomphe%20de%20Paris%20Delaunay [lien valide en juin 2024].
- 33 Une seule journée d’étude à notre connaissance a été organisée sur la maquette de costume, « La maq (...)
25Si l’histoire des typologies et de l’évolution des maquettes reste à écrire, l’ambitieux programme initié par André Veinstein et Cécile Giteau permet d’esquisser celle des collections de maquettes de décors et costumes du département des Arts du spectacle. Il a suscité l’intérêt des institutions et des chercheurs qui travaillent à la patrimonialisation de ces objets de théâtre33. Il a également favorisé le don par les créateurs de leurs archives et de leurs dessins. Il ne faut pas oublier aussi que ce projet reflète particulièrement bien l’empreinte d’André Veinstein et de Cécile Giteau, qui ont été des figures centrales dans le développement et le rayonnement des collections des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale.
26Les relations actuelles du département avec les créateurs, qui donnent leurs maquettes, archives, costumes, photographies, découlent directement de cette étroite collaboration. Elles bénéficient encore de cette histoire tissée avec les réseaux professionnels du théâtre, comme le Syndicat des décorateurs et maquettistes, qui a œuvré à l’enrichissement des collections et de leur documentation. Mettre de l’ordre dans leurs maquettes pour les donner n’est pas chose aisée pour ces créateurs qui nous confient souvent ne pas avoir de temps à y consacrer, en avoir besoin pour travailler sur d’autres projets et ne pas voir l’intérêt que les chercheurs pourraient y attacher. Pourtant, ces dons se sont multipliés ces dernières années en faveur de différentes institutions selon le type de maquettes (théâtre, cinéma, télévision), témoignant d’une reconnaissance de leur part du travail des créateurs ainsi que d’une conscience nouvelle de l’importance patrimoniale de ces objets, souvent seuls témoins de certains spectacles. Ce dernier point met en évidence la nécessité pour les institutions de conservation de penser en permanence la communication de ces collections iconographiques, encore peu exploitées par les chercheurs alors même que certains documents permettent d’étudier des spectacles complètement oubliés.
27Le développement de la numérisation des maquettes de costumes et de décors semble évidemment la voie privilégiée pour faciliter l’accès à ces collections et leur valorisation. À l’ère du digital, les copies numériques des objets originaux se mélangent, par ailleurs, aux maquettes numériques natives qui vont petit à petit entrer dans les collections, présentant une forme de matérialité inédite ainsi que de nouveaux défis de conservation et d’exposition. Ces nouvelles pratiques de collecte entre institution et créateur offrent donc une opportunité pour les chargés de collection de collaborer et de conserver non plus seulement les dessins et archives, mais aussi une trace précise du processus créatif, faisant le lien entre histoire graphique et mémoire vivante du théâtre.
Notes
1 André Veinstein (1916-2001) devient en 1953 responsable des collections théâtrales de la Bibliothèque nationale, dont le premier noyau est la collection Auguste Rondel (1858-1934) conservée à la bibliothèque de l’Arsenal. Chargé par Julien Cain, administrateur général de la Bn jusqu’en 1964, de mettre en valeur ces collections et de les développer, il s’intéressa de près à l’enrichissement des collections iconographiques, de maquettes de décors et de costumes, très peu représentées dans la collection initiale. Il eut comme mission la préfiguration du département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale, créé en 1976.
2 Voir RONDEL Auguste, Catalogue analytique sommaire de la collection théâtrale Rondel, suivi d’un guide pratique à travers la bibliographie théâtrale et d’une chronologie des ouvrages d’information et de critique théâtrales, Paris, Berger-Levrault, 1932.
3 Cette définition est reprise de l’appel à communication de la journée d’étude « La maquette de costume dans les arts du spectacle : de l’idée à l’objet », Paris, BnF, 11 janvier 2023, voir https://bnf.hypotheses.org/15099 [lien valide en juin 2024]. À noter que pour certains décors, principalement d’opéras, des maquettes en trois dimensions sont construites une fois la maquette plane validée. Le département des Arts du spectacle conserve quelques maquettes de décors en volume. Voir https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/html/und/images/decors-en-volume?mode=desktop [lien valide en juin 2024].
4 ACRIVOPOULOS Thémis, Du collectionneur à l’œuvre collective, péripéties bibliothéconomiques de la collection Rondel, mémoire d’études sous la direction de Joël Huthwohl, Villeurbanne, Enssib, 2013, p. 44. La bibliothèque de l’Arsenal est une antenne de la Bibliothèque nationale où étaient conservées les collections relatives au théâtre avant l’arrivée du département des Arts du spectacle sur le site Richelieu, en 2004.
5 Cécile Giteau fut nommée par Julien Cain « attachée à l’administration chargée des collections théâtrales » en 1958 ; elle travailla en étroite collaboration avec André Veinstein au développement de ces collections. Elle en devint responsable après le départ de Veinstein de la Bn en 1969, puis fut la première directrice du département des Arts du spectacle, de sa création en 1976 à 1995.
6 GITEAU Cécile, « Valeur documentaire et catalogage des diapositives de décors et de costumes », in Actes du Ve Congrès international des bibliothèques et musées des arts du spectacle, Paris, Garnier-Arnoul, 1961, p. 87-90.
7 Le fonds de diapositives est aujourd’hui très rarement consulté par les chercheurs qui préfèrent quand cela est possible consulter les maquettes originales en salle de lecture ou les numérisations sur Gallica. Il est conservé dans les magasins des Arts du spectacle dans des boîtes de stockage.
8 Ce fonds d’archives est un fonds administratif du département des Arts du spectacle qui y est conservé mais qui n’a pas de cotation. Il contient trois boîtes d’archives classées alphabétiquement retraçant les échanges du département avec 85 créateurs de décors et de costumes pour une période allant de 1956 aux années 1990.
9 Le terme de « décorateur » regroupe dans les années 1950 les créateurs de décors et de costumes. Leur travail est bien la création des costumes ou décors par la maquette, qui sert d’instrument d’échange avec les ateliers et les metteurs en scène, et non la réalisation technique des éléments de décor ou de costume.
10 Jean-Denis Malclès (1912-2002), créateur de décors et de costumes ainsi que peintre et affichiste français, a travaillé principalement pour le théâtre et l’opéra des années 1940 à 1980. Il crée notamment à partir de 1948 les décors et les costumes pour les pièces de Jean Anouilh ainsi que pour la compagnie Renaud-Barrault. Il dessine, pour le cinéma cette fois, l’affiche du film La Belle et la Bête réalisé par Jean Cocteau (1946). https://data.bnf.fr/11914081/jean-denis_malcles/ [lien valide en juin 2024].
11 Projet de contrat entre le Syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, 13 avril 1957, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Syndicat des décorateurs ».
12 Francine Galliard-Risler (1924-2015) est une créatrice de costumes, scénographe, dessinatrice française qui a travaillé principalement pour la Comédie-Française de 1947 à 1953, puis pour la télévision. Ses maquettes de décors et de costumes sont conservées pour la plupart à la BnF. Voir https://data.bnf.fr/13339699/francine_galliard-risler [lien valide en juin 2024].
13 Projet de contrat entre le Syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, 13 avril 1957, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Syndicat des décorateurs ».
14 Projet de contrat entre le Syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, 13 avril 1957, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Syndicat des décorateurs ».
15 Lettre d’André Veinstein à Bernard Daydé, 10 novembre 1962, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Bernard Daydé ».
16 Projet de contrat entre le syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, Paris, Bn, 13 avril 1957, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Syndicat des décorateurs ».
17 Lettre d’André Veinstein adressée à Yves Bonnat, 26 juin 1959, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Yves Bonnat ».
18 Lettre d’André Veinstein à Julien Cain, 27 juillet 1959, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Jean-Denis Malclès ».
19 Lettre d’André Veinstein à Bernard Daydé, 10 novembre 1962, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Bernard Daydé ».
20 Lettre d’André Veinstein à Jean Vilar, 14 février 1964, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Jean Vilar ».
21 Après la mort de Jean Vilar, 1 600 maquettes ont été données par sa femme Andrée Vilar en 1981 à l’Association Jean Vilar et sont maintenant conservées à Avignon, à la Maison Jean-Vilar abritant l’association, avec la participation de la Bibliothèque nationale. 1 200 éléments de costumes y sont aussi conservés, permettant de rapprocher les maquettes des costumes. Ces maquettes ont fait l’objet d’un inventaire photographique. Voir : Avignon, archives municipales, 488 W 49, Aide-mémoire : Situation de Madame Jean Vilar : acquisition de la collection de maquettes de Jean Vilar, et Inventaire des maquettes, 1981-1982.
22 Projet de contrat entre le Syndicat des décorateurs et la Bibliothèque nationale, 13 avril 1957, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Syndicat des décorateurs ».
23 Lettre d’André Veinstein à Julien Cain, 27 juillet 1959, archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Jean-Denis Malclès ».
24 Voir DENIZOT Marion, « L’engouement pour les archives du spectacle vivant », Écrire l’histoire, nos 13-14, 2014, p. 88-101, ici p. 90.
25 DORT Bernard, « Du passé dans le présent (ou le diamant et le jade) », in Id., Le Spectateur en dialogue. Le jeu du théâtre, Paris, POL, 1995, p. 219-241, ici p. 221.
26 DENIZOT Marion, art. cit., p. 88-101.
27 Art et action est un collectif théâtral fondé en 1919 par Édouard Autant et Louise Lara qui introduisent en France le théâtre expérimental et futuriste. Le collectif se sépare en 1939 et laisse une abondante production d’archives données à la Bn entre 1963 et 1968. Voir https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc964846 [lien valide en juin 2024].
28 Jacques Le Marquet (1927-2017) est un créateur de décors et de costumes, scénographe et architecte français. Il est principalement connu en tant que régisseur et créateur des décors et des costumes pour le Théâtre national populaire, au palais de Chaillot, où il travaille de 1952 à 1972. Voir https://data.bnf.fr/fr/14655489/jacques_le_marquet [lien valide en juin 2024].
29 Jacques Noël (1924-2011), créateur de décors depuis les années 1940, a collaboré principalement avec Eugène Ionesco dont il fut le décorateur attitré ainsi que du comédien Marcel Marceau. Voir https://data.bnf.fr/12326624/jacques_noel [lien valide en juin 2024].
30 Archives du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Jacques Noël ».
31 Voir par exemple les fonds de maquettes de costume de Françoise Tournafond et de décors de Roberto Moscoso (Paris, BnF) qui sont composés de nombreuses esquisses, croquis inachevés et de photocopies.
32 Voir par exemple la notice sur le Catalogue général de la BnF de la maquette d’un costume pour le Mime Marceau dessiné par Jacques Noël en 1952 : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb44774321f [lien valide en juin 2024]. Deux exemplaires sont indiqués pour cette maquette sur la droite de la notice dans la rubrique « Localiser ce document » : la diapositive DIA-MAQ-17370 et la maquette originale 8-MAQ-12276, toutes deux conservées au département des Arts du spectacle, site Richelieu.
33 Une seule journée d’étude à notre connaissance a été organisée sur la maquette de costume, « La maquette de costume dans les Arts du spectacle : de l’idée à l’objet », à la BnF, le 11 janvier 2023. Voir le programme dans le PDF disponible en ligne : https://acorso.org/wp-content/uploads/2023/01/Presentation-Journees-Acorso-CinFil-JE-et-fiches-biographiques.pdf [lien valide en juin 2024].
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Figure 1 |
---|---|
Légende | « Bergère 1 », maquette de costume de Guy-Pierre Fauconnet, pour le quatrième acte de la pièce Le Conte d’hiver de William Shakespeare, mise en scène par Jacques Copeau au théâtre du Vieux-Colombier, première représentation le 10 février 1920. Maquette conservée à la Bibliothèque nationale de France, fonds Jacques Copeau (4-MAQ-16172). |
Crédits | Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b532473692 [lien valide en juin 2024]. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 132k |
Titre | Figure 2 |
Légende | « Rue avec venelles en escalier à droite et à gauche », maquette de décor de Christian Bérard pour la pièce Les Fourberies de Scapin de Molière, mise en scène par Louis Jouvet, première représentation le 18 février 1949 au théâtre Marigny. Maquette conservée à la Bibliothèque nationale de France (T TGR FOL-MAQ-8193). |
Crédits | Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b53198279q [lien valide en juin 2024]. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 227k |
Titre | Figure 3 |
Légende | Meuble de rangement des diapositives au département des Arts du spectacle, BnF, 2024. |
Crédits | © Laurence Decobert. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 261k |
Titre | Figure 4 |
Légende | Diapositives des maquettes de costumes dessinées et prêtées par Christian Bérard pour La Folle de Chaillot de Jean Giraudoux, mise en scène par Louis Jouvet, première représentation au théâtre de Chaillot, le 22 décembre 1945. Diapositives conservées à la Bibliothèque nationale de France, fonds de diapositives de maquettes (DIA-412 à 418). |
Crédits | © Laurence Decobert, 2024. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 151k |
Titre | Figure 5 |
Légende | Courrier d’André Veinstein adressé à Jean-Denis Malclès, le 18 février 1956, conservé à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Malclès ». |
Crédits | Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 223k |
Titre | Figure 6 |
Légende | Couverture du catalogue de l’exposition de maquettes de la créatrice de costumes Francine Galliard-Risler, novembre 1959, conservé à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Galliard-Risler ». |
Crédits | Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 162k |
Titre | Figure 7 |
Légende | Registre d’inventaire des diapositives de maquettes planes, tome I, diapositive 1-4081, à partir de 1959, conservé à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle. |
Crédits | Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 327k |
Titre | Figure 8 |
Légende | Bon du service photographique de la Bn pour la création de diapositives des maquettes du décorateur André Barsacq, 1978, conservé à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « André Barsacq ». |
Crédits | Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 320k |
Titre | Figure 9 |
Légende | Carte d’informations (recto et verso) pour le spectacle À l’ombre du mal, de H. R. Lenormand, mis en scène par Gaston Baty, vers 1970, conservée à la Bibliothèque nationale de France, archives internes du département des Arts du spectacle, correspondance avec les décorateurs, dossier « Gaston Baty ». |
Crédits | Reproduction Lara Le Drian Saint-Germès. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 228k |
Titre | Figure 10 |
Légende | « Trois costumes masculins jaune et gris », maquette de costume de Christian Bérard, 1947, pour la pièce Amphitryon de Molière mise en scène par Jean-Louis Barrault au théâtre Marigny, première représentation le 5 décembre 1947. Maquette conservée à la Bibliothèque nationale de France (GR FOL-MAQ-2427). |
Crédits | Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b53259300j/f1.item# [lien valide en juin 2024]. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 130k |
Titre | Figure 11 |
Légende | « Roggero », maquette de costume de Guy-Pierre Fauconnet, 1920, pour la pièce Le Conte d’hiver de William Shakespeare, mise en scène par Jacques Copeau au théâtre du Vieux-Colombier, première représentation le 10 février 1920. Maquette conservée à la Bibliothèque nationale de France, fonds Jacques Copeau (4-MAQ-16138). |
Crédits | Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b53247400x/f1.item# [lien valide en juin 2024]. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 220k |
Titre | Figure 12 |
Légende | « Triomphe de Paris », maquette de décor de Robert Delaunay, planche de neuf croquis annotés pour les illuminations de la tour Eiffel, de Notre-Dame et de l’arc de Triomphe, 1928-2929. Planche conservée à la Bibliothèque nationale de France (TGR FOL-MAQ-8190). |
Crédits | Reproduction BnF, https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b53234382d/f1.item.r=Triomphe%20de%20Paris%20Delaunay [lien valide en juin 2024]. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/42140/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 167k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Lara Le Drian Saint-Germès, « L’usage de la photographie dans la constitution de la collection de maquettes de décors et costumes du département des Arts du spectacle (Bn), 1959-1983 », In Situ [En ligne], 53 | 2024, mis en ligne le 03 septembre 2024, consulté le 02 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/42140 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/122pn
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