« Qui m’aime me suive ! » Les archives de Jean-Michel Ribes et du Théâtre du Rond-Point à la Bibliothèque nationale de France
Résumés
Le 24 octobre 2024, Jean-Michel Ribes a accordé pour In Situ un entretien au cours duquel il évoque la manière dont il a constitué ses archives, puis son parcours d’auteur et de créateur. En 2023, le département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France (BnF) a en effet accueilli à quelques mois d’écart les archives du Théâtre du Rond-Point pour les années de la direction de Jean-Michel Ribes (2002-2022) et les archives personnelles de l’auteur, comédien, réalisateur et metteur en scène depuis les débuts de sa carrière dans les années 1960. Représentatifs des fonds accueillis et traités par le département tout en présentant leurs spécificités, ces deux ensembles offrent un cas d’étude intéressant pour l’analyse des différentes problématiques accompagnant toutes les étapes du cycle de traitement de ce type de collection, de sa collecte à sa valorisation en passant par son traitement matériel et intellectuel. Concrétisé après plus de quinze ans d’échanges entre la BnF et le théâtre, leur don est révélateur des processus qui sous-tendent une entrée en collection : ajustements nécessaires entre donateur et archivistes, choix documentaires, révélation de lacunes à combler. Les pratiques de conservation comme de signalement appliquées aux deux fonds sont confrontées aux questions nouvelles posées par l’importance prise par la documentation nativement numérique. Enfin, si on ne peut qu’émettre des hypothèses sur l’apport de ces deux ensembles à la recherche théâtrale contemporaine, il apparaît clairement que leur richesse et leur caractère largement inédit viennent documenter le travail d’un auteur et l’activité d’un théâtre très peu étudiés jusqu’à aujourd’hui. Aux archivistes désormais de les mettre en valeur pour favoriser leur appropriation par les chercheurs.
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1En 2023, le département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France (BnF) a accueilli à quelques mois d’écart les archives du Théâtre du Rond-Point pour les années de la direction de Jean-Michel Ribes (2002-2022) et les archives personnelles de l’auteur, comédien, réalisateur et metteur en scène depuis les débuts de sa carrière dans les années 1960 [fig. 1].
Figure 1
Jean-Michel Ribes, en train d’écrire la pièce Dieu le veut, 1975, tirage noir et blanc non signé, 24 x 18 cm. Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France.
© Photographe inconnu / Bibliothèque nationale de France.
- 1 Pour une présentation générale du département : https://www.bnf.fr/fr/departement-des-arts-du-spect (...)
- 2 La Cagnotte d’Eugène Labiche en 1988 et Amorphe d’Ottenburg de Jean-Claude Grumberg en 2000.
2Au total, ce sont plus de 120 mètres linéaires de documents papier et audiovisuels, photographies et affiches, ainsi que deux disques durs totalisant plus de quinze téraoctets, qui ont rejoint les plus de quatre cents fonds d’archives de metteurs en scène, de dramaturges, de comédiens ou de décorateurs déjà conservés par le département [fig. 2]1. D’une certaine manière, Jean-Michel Ribes y était déjà représenté dans divers fonds produits par des théâtres, des comédiens ou des dramaturges : les collections audiovisuelles de la Comédie-Française comprennent les captations des deux pièces2 qu’il y a mises en scène, le fonds Renée Saint-Cyr atteste de leurs collaborations dans Il faut que le sycomore coule, ou la série télévisée Palace, et l’on pourrait également citer les fonds Roger Planchon, Théâtre Ouvert, Jean-Claude Grumberg ou encore Claude Piéplu. Le Théâtre du Rond-Point était également déjà présent dans les collections à travers les fonds de ses deux précédents directeurs, Jean-Louis Barrault, qui y avait réinstallé après 1981 la structure démontable créée pour la gare d’Orsay, et Marcel Maréchal (1995-2001).
Figure 2
Affiches grand format du Théâtre du Rond-Point (2002-2022) en attente de traitement dans le magasin central du département des Arts du spectacle. Conservées dans le fonds Théâtre du Rond-Point – direction Jean-Michel Ribes (2002-2022), au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France.
© Hélène Keller / Bibliothèque nationale de France.
- 3 RIBES Jean-Michel & PASCAUD Fabienne, Issue de secours, Arles, Actes Sud, 2019 et Id., 20 ans de li (...)
- 4 « Les archives sont l’ensemble des documents, y compris les données, quels que soient leur date, le (...)
- 5 Pour une approche générale sur la question des archives du spectacle, on peut se référer notamment (...)
3Les archives du Théâtre du Rond-Point et de Jean-Michel Ribes sont intimement liées, d’autant plus qu’une partie de celles de l’auteur a longtemps été conservée dans une loge du Théâtre du Rond-Point et s’y trouvait toujours lors de leur transfert à la Bibliothèque nationale de France : elles avaient notamment été utilisées pour illustrer le propos de deux monographies éditées en 2019 et 20223. D’un point de vue strictement archivistique cependant, il s’agit bien de deux fonds distincts car émanant de deux producteurs différents : leur traitement sera de ce fait différencié4. Si la frontière entre les archives artistiques de Jean-Michel Ribes et celles ayant trait à ses fonctions de directeur du Rond-Point peut sembler poreuse à première vue, l’examen minutieux du contenu des documents montre qu’en réalité, les deux ensembles sont complémentaires et ne se recoupent que très peu. Représentatifs des fonds accueillis et traités par le département tout en présentant leurs spécificités, ils offrent un cas d’étude intéressant pour l’analyse des différentes problématiques accompagnant toutes les étapes du cycle de traitement de ce type de collection, de sa collecte à sa valorisation en passant par son traitement matériel et intellectuel5.
Archives d’un théâtre, archives d’un créateur : histoire d’une collecte et contours des fonds
4L’historique des relations entre Jean-Michel Ribes et la BnF atteste que l’entrée d’un fonds de théâtre comme d’un fonds de créateur est souvent une histoire au long cours. En effet, les premiers contacts entre Jean-Michel Ribes et l’établissement avaient été établis par Noëlle Guibert, directrice du département des Arts du spectacle de 1995 à 2008. Son successeur Joël Huthwohl s’était attaché à son tour au début des années 2010 à entretenir ces liens avec Jean-Michel Ribes et son assistante à la mise en scène, Virginie Ferrere.
- 6 « Le 1er janvier 2002, le Rond-Point, bateau pirate, toutes voiles dehors prend la mer », in RIBES (...)
- 7 Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel.
- 8 Le Théâtre du Rond-Point a ainsi délocalisé une partie de ses archives administratives et financièr (...)
- 9 La nature et le statut juridique des archives privées sont définis dans le Code du patrimoine, LIVR (...)
5À l’instar d’autres directeurs et directrices de théâtre, Jean-Michel Ribes conjugue sa vie d’artiste au présent. Pour l’homme pilotant le « bateau pirate6 » du Rond-Point, les archives et ce qu’elles représentent sont clairement à la marge de ses préoccupations artistiques et militantes. Entre 2002 et 2022, Jean-Michel Ribes et les équipes du Théâtre du Rond-Point naviguent sur une temporalité différente de celle du département des Arts du spectacle. La question du don est certes régulièrement évoquée, mais sa concrétisation reste pendant plus de quinze ans au niveau de l’intention. Le sujet ne revient véritablement sur le devant de la scène qu’à partir de décembre 2021. La fin de la direction de Jean-Michel Ribes approchant – elle est prévue pour décembre 2022 – les équipes du Théâtre du Rond-Point reprennent l’attache du département des Arts du spectacle : elles souhaitent programmer le transfert des archives avant l’arrivée de la nouvelle équipe de direction, au 1er janvier 20237. Ce schéma est bien connu des archivistes collectant des fonds de théâtres et d’artistes : le don s’effectue fréquemment au moment où une page se tourne. Les changements de direction ou encore les travaux de rénovation d’un théâtre posent comme une urgence la question de la documentation produite par la structure : volumineuse, parfois coûteuse lorsqu’elle nécessite la location de locaux de stockage en région8, le plus souvent reléguée dans des sous-sols, des greniers ou des entrepôts offrant des conditions de conservation peu favorables, elle est alors souvent dans une situation critique. C’est clairement la destruction qui la menace si les équipes en place ne songent pas à se tourner vers des institutions patrimoniales comme la BnF, les Archives nationales ou départementales. Il est important de rappeler ici que si le Théâtre du Rond-Point est subventionné par l’État et de la Ville de Paris, il n’en demeure pas moins un théâtre privé : ses archives le sont donc également9. Et contrairement aux archives publiques, les archives privées ne bénéficient d’aucune protection juridique.
6Intéressons-nous à présent au contenu de ces deux fonds et plus précisément, au travail préalable à leur collecte. Les premières réunions de travail organisées au théâtre entre les archivistes du département des Arts du spectacle et Jean-Michel Ribes entouré de son équipe ont rapidement révélé qu’il était tout d’abord indispensable de définir une ligne directrice et un vocabulaire commun : les archivistes attendaient que le théâtre lui dise comment il avait construit ses archives et les équipes du théâtre avaient besoin que les archivistes donnent leur acception du terme « archive » appliqué à la vie et au fonctionnement d’un théâtre. Autant les archives administratives et de spectacle en lien avec la production d’une saison avaient clairement été identifiées comme devant faire l’objet du don (documents de communication, archives administratives et financières sous forme papier ou fichiers numériques natifs, captations audiovisuelles), autant d’autres typologies de documents – conduites de scène, son et lumière, maquettes de décor et de costumes, costumes, plans documentant le réaménagement du théâtre au début du mandat de Jean-Michel Ribes, archives du comité de lecture, etc. – avaient pu être considérées comme secondaires [fig. 3]. Ces séances de travail comme les nombreux échanges qui les ont accompagnées ont permis à nos interlocuteurs et interlocutrices de prendre conscience que chaque étape de la création d’un spectacle (avant, pendant et après) produit de l’archive et que cette archive a vocation à être conservée, en totalité ou en partie.
Figure 3
Archives du Théâtre du Rond-Point : conduites de scène dans leurs boîtes d’origine. Conservées dans le fonds Théâtre du Rond-Point – direction Jean-Michel Ribes (2002-2022), au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France.
© Hélène Keller / Bibliothèque nationale de France.
- 10 Un tableau de gestion des archives de théâtres publics est joint à la circulaire du 30 décembre 199 (...)
7Il ne s’agissait cependant pas de recevoir l’intégralité de la documentation produite10 : un équilibre a dû être défini entre les archives artistiques d’une part et celles relevant des services administratifs, financiers et de communication d’autre part. Collecter des archives suppose de faire des choix et de sélectionner en priorité les documents les plus susceptibles d’intéresser la recherche académique et les praticiens du spectacle vivant.
8Les archives personnelles de Jean-Michel Ribes étaient quant à elles conservées pour partie à son domicile, pour partie dans son bureau et dans trois loges du théâtre. Elles recouvraient aussi bien sa carrière artistique depuis les années 1960 (avec notamment des dossiers déjà triés et classés par spectacle), que pendant sa direction du Rond-Point. Si les boîtes conservées au théâtre nous étaient bien connues, il ne nous a pas été possible d’effectuer un « aller-voir » pour celles qui étaient stockées au domicile de Jean-Michel Ribes. Nos échanges en amont nous avaient permis d’en connaître le contour général, mais les cartons étant déjà constitués et fermés au jour prévu pour le transfert, et aucun inventaire n’ayant été établi, c’est donc après le transfert que nous avons découvert le détail du don : carnets manuscrits, photographies, archives audiovisuelles inédites et éditées [fig. 4 et 5]. En réalité, cette relative incertitude sur le détail précis d’un don de la part d’un donateur privé n’est ni rare ni problématique en soi. Jean-Michel Ribes le reconnaît volontiers : ses archives ont été rassemblées et triées par ses assistants et assistantes successifs auxquels il accordait toute confiance, lui-même n’aimant pas revenir sur le passé. Aujourd’hui, il les confie à d’autres professionnels, cette fois les archivistes de la BnF, et cette transmission se fait également dans un esprit de confiance réciproque.
Figure 4
L’équipe de la pièce L’Odyssée pour une tasse de thé (texte et mise en scène de Jean-Michel Ribes, Théâtre de la Ville, 1974), tirage noir et blanc non signé, 26 x 40 cm. Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France.
© Photographe inconnu / Bibliothèque nationale de France.
Figure 5
Carnet de Jean-Michel Ribes, pour le film Musée haut, musée bas, 2003, 25 x 30 cm (ouvert). Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France.
© Jean-Michel Ribes / Bibliothèque nationale de France.
9Ainsi rassemblées, les collections provenant du Théâtre du Rond-Point et du domicile de Jean-Michel Ribes constituent un riche corpus de traces mémorielles décrivant vingt années de l’activité de ce théâtre et la carrière artistique d’un des hommes de théâtre français les plus représentatifs et médiatisés du paysage culturel français de ces cinquante dernières années. Pour autant, certaines typologies de documents et d’objets qu’on aurait pu s’attendre à y trouver ont pu échapper à la collecte. Jean-Michel Ribes a parfois souhaité conserver des pièces auxquelles il tenait. Mais surtout, la plupart de ces documents ou objets sont encore en d’autres mains : des artistes ou professionnels ayant accompagné Jean-Michel Ribes dans son parcours artistique ont pu conserver leur production par-devers eux. On pense notamment à l’artiste Gérard Garouste, au scénographe et costumier Patrick Dutertre, au graphiste Stéphane Trapier, au compositeur Reinhardt Wagner, à la costumière Julienne Chanaud, etc. Les archives du Théâtre du Rond-Point et de Jean-Michel Ribes composent un récit qui, pour être précisé, nécessiterait que l’on collecte le fruit du travail de ses plus proches collaborateurs et complices artistiques. Si les fonds d’archives sont évidemment traités dans le respect de leur producteur, personne physique ou collectivité, leur complémentarité est essentielle : un fonds répond à un autre fonds ou en appelle un autre, et il est du rôle des archivistes de rendre visibles, par une description adaptée, ces liens signifiants. Depuis l’entrée des deux fonds dans les collections de la BnF, plusieurs contacts ont été pris avec différents compagnons de route de Jean-Michel Ribes, notamment les décorateurs Gérard Didier et Patrick Dutertre. De nouvelles entrées dans les collections se profilent donc.
Après la collecte, le traitement : toujours des choix
10Même lorsque son entrée a été bien préparée comme dans le cas étudié ici, le traitement d’un fonds de ce type révèle inévitablement des surprises, tout comme il soulève des questions. Certaines ont déjà été évoquées, notamment la relative méconnaissance du contenu précis des archives personnelles de Jean-Michel Ribes. La plupart de ces problématiques est commune à tous les dons reçus par le département : chaque fonds nécessite de s’interroger sur les modalités de conservation des documents tous supports confondus, leur tri, leur classement et enfin, la granularité de leur description.
- 11 Un certain nombre de cartons avaient toutefois souffert de l’humidité et ont dû faire l’objet d’un (...)
11Du point de vue de leur conservation, les deux ensembles rassemblent de la documentation papier relativement récente, en bon état général et ont donc posé assez peu de problèmes11. Certains supports fragiles – des affiches de spectacle des années 1960 ou 1970 régulièrement punaisées, déplacées, encadrées d’une façon non professionnelle ou contrecollées sur des cartons pour des expositions temporaires – devront faire l’objet d’opérations de restauration. Les très nombreuses photographies, longtemps stockées dans de simples enveloppes, n’ont pas particulièrement souffert, mais ont fait l’objet d’un reconditionnement prioritaire en pochettes transparentes neutres, avec un traitement différencié pour les négatifs qu’il est préférable, pour des questions de conservation, de séparer physiquement des tirages ou planches contacts. Les supports audiovisuels de tous types – bobines de pellicules 70 mm, cassettes Bétacam ou VHS, bandes sonores, DVD, etc. – n’ont pas encore été traités : leur état de conservation n’est donc pas encore connu et on peut penser qu’ils pourront pour certains présenter des altérations [fig. 6]. Sans compter que leur identification, en l’absence le plus souvent d’indications détaillées, s’annonce complexe. À terme, ces supports audiovisuels auront vocation à être numérisés pour en faciliter la consultation.
Figure 6
Une partie des archives audiovisuelles du fonds Jean-Michel Ribes en cours de traitement dans les magasins du département des Arts du spectacle. Conservée dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France.
© Hélène Keller / Bibliothèque nationale de France.
12Mais les questions les plus ardues à résoudre concerneront sans doute les documents numériques natifs transmis sur disques durs par le Théâtre du Rond-Point, les archives de Jean-Michel Ribes ne comportant pas de volet numérique. La BnF s’est dotée depuis maintenant plusieurs années des outils nécessaires au traitement des documents numériques, de leur entrée à leur signalement, et les archives bénéficient d’une filière particulière. Les archivistes développent les compétences adéquates. Mais la filière a encore un caractère expérimental et à chaque étape, des questions peuvent surgir. Si certains formats présents dans d’autres fonds restent difficiles à appréhender d’un point de vue strictement technique, on peut escompter que ce ne devrait pas être le cas pour le fonds du Théâtre du Rond-Point qui présente des formats textes ou images courants ; quelques problèmes de nommage de fichier, qui n’avaient pas été anticipés, nécessiteront cependant un traitement informatique de masse. Du point de vue de la politique documentaire en revanche, ces documents qui concernent aujourd’hui tous les fonds de théâtre et la majorité des fonds d’auteurs amènent des questions nouvelles et viennent bousculer une politique documentaire bien rodée. Certains documents seront présents à la fois sous format numérique et sur support papier : qu’advient-il de la notion de document original dans ce cas ? Doit-on opter pour une double conservation papier et numérique, avec toutes les questions qu’elle pose en termes de volumétrie matérielle comme virtuelle ? Si toutes les décisions ne sont pas prises aujourd’hui, il est certain que le traitement des archives du Théâtre du Rond-Point permettra de faire progresser la réflexion. Doit-on systématiquement appliquer au document numérique les principes appliqués au document papier et est-ce même toujours possible ? La réponse est parfois d’emblée négative : pour des raisons à la fois techniques et juridiques liées à leur mise à disposition dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF, les « paquets » numériques, équivalents de l’unité de conservation papier, ne peuvent agréger des types de documents différents comme du texte et des photographies alors que leur regroupement dans des dossiers au format papier est très courant. Pour le Théâtre du Rond-Point, cette question sera d’autant plus cruciale que l’on voit les pratiques de production et de conservation des documents évoluer au cours des vingt ans de direction de Jean-Michel Ribes : les photographies, qui ont fait l’objet de tirages systématiques jusqu’en 2006, ne sont quasiment plus présentes qu’au format numérique après cette date. Le théâtre lui-même, pour des raisons matérielles de manque de place, avait par ailleurs opéré des choix, optant par exemple pour une conservation purement numérique des archives du comité de lecture. L’inventaire qui sera établi se devra cependant de dépasser ces questions de support pour valoriser de façon égale les contenus et présenter sa cohérence propre, intelligible pour les chercheurs et les praticiens du spectacle qui le consulteront.
13Pour l’archiviste, tri, classement et inventaire répondent à une double contrainte : respecter au plus près l’ordre initial tout en donnant du sens aux ensembles traités, permettant ainsi leur appropriation par les lecteurs. Dans le cas des archives personnelles de Jean-Michel Ribes, cette règle pourra être respectée quasiment à la lettre et ne nécessitera que très peu d’aménagements : les différents types de documents avaient déjà été rassemblés par spectacles, films, textes ou autre forme de création (publicité notamment). Les revues de presse, elles aussi rassemblées par spectacles, pourront être agrégées aux dossiers. Seules les photographies, largement déclassées, nécessitent un gros travail de tri et d’identification. Le cas des archives du théâtre est un peu différent : les dossiers émanant des différents services (Communication, Événements exceptionnels, Secrétariat général, Production, Régie, etc.) sont tous classés par saisons et spectacles, mais présentent entre eux de très nombreux doublons, en particulier pour les programmes et textes. Les inventaires des fonds du département reposent sur un élément pivot : la notice de spectacle. À cette notice récapitulant tous les éléments indispensables à l’identification du spectacle – titre, auteur du texte, metteur en scène, lieux, dates de création et représentations, éventuelles reprises ou tournées – sont rattachées les descriptions de toutes les pièces d’archives liées. Dans le cas des archives du Rond-Point, l’inventaire qui sera établi reconstituera l’historique de tous les spectacles et autres événements donnés de 2001 à 2022 : un brassage et un dédoublonnage des dossiers émanant des différents services seront donc indispensables. Leur origine (archives de communication ou de production par exemple) restera cependant clairement identifiable. D’autres ensembles étrangers à la préparation et à la production des spectacles – documentation concernant les travaux menés au théâtre par exemple – seront évidemment traités à part.
14Le classement et l’inventaire d’ensembles de cette volumétrie s’inscrivent dans un temps long, vraisemblablement plusieurs mois. Cependant, dès que leur classement et leur reconditionnement permettent leur communication, les fonds sont disponibles pour qui souhaite les consulter [fig. 7]. Une notice descriptive fournissant suffisamment d’éléments pour en connaître le contenu global est publiée dans l’état des fonds du département et les archivistes du département s’engagent à répondre à toute demande de communication concernant le fonds.
Figure 7
Archives personnelles de Jean-Michel Ribes : dossiers triés et reconditionnés (théâtre 1966-1994). Conservées dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France.
© Hélène Keller / Bibliothèque nationale de France.
Quel est l’apport de ces deux fonds à la recherche sur les arts du spectacle ?
15Sans surprise, les archives du Théâtre du Rond-Point témoignent de l’effervescence qui a caractérisé ce théâtre consacré à la promotion des écritures contemporaines – et auquel on serait tenté d’appliquer aussi le terme d’« agora » – pendant les vingt ans de direction de Jean-Michel Ribes : jusqu’à cinq à six spectacles par jour, des événements liés à l’actualité sociale et politique, l’accueil d’associations, une librairie, un restaurant, etc. Les archives des différents services du théâtre concourent à faire connaître le contexte de préparation et de production des spectacles ; les documents promotionnels, programmes comme affiches de spectacle et de saison, témoignent de la richesse et de la variété de la programmation et rappellent la très forte identité du lieu, incarnée par une identité graphique immédiatement reconnaissable grâce au logo imaginé par Gérard Garouste et aux graphismes de Stéphane Trapier. Les volumineux dossiers de coupures de presse constituent une source d’une grande richesse sur la réception des spectacles et des autres manifestations. Mais comme pour tout fonds de théâtre, les archives révèlent également « l’envers du décor », ce que le public ne peut pas connaître : les photographies et captations de répétition montrent le travail du metteur en scène et des comédiens en amont du spectacle ; les conduites techniques donnent à voir le travail sur le son et la lumière ; les dossiers du comité de lecture révèlent les propositions non retenues ; les documents internes ou photographies d’événements festifs organisés par l’équipe montrent la vie du théâtre au quotidien. Surtout, l’ensemble du fonds témoigne de la place très particulière occupée par ce lieu dans le paysage culturel parisien et français de ces vingt dernières années.
16Les archives personnelles de Jean-Michel Ribes révèlent par leur ampleur la prolixité de leur producteur. Elles ne comptent pas moins d’une centaine de cahiers manuscrits – Jean-Michel Ribes n’écrit qu’à la main et confie avoir un grand attachement pour les beaux papiers et les bons stylos plume. Ces carnets autographes sont pour la plupart illustrés : on découvre ses talents de dessinateur, et l’on est souvent frappé de constater à quel point les croquis marginaux évoquent la réalisation finale [fig. 8]. Le cas des deux manuscrits pour la mise en scène de la pièce de Jean-Claude Grumberg Amorphe d’Ottenburg à la Comédie-Française est à ce titre emblématique : on y reconnaît dans les croquis esquissés par Jean-Michel Ribes les décors finalement réalisés par Patrick Dutertre.
Figure 8
« Pins au “Canon” [Cap-Ferret] depuis la terrasse de la petite maison, le 13 août 2006 », dessin au crayon de Jean-Michel Ribes dans un carnet manuscrit pour le film Musée haut, musée bas, 2006. Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France.
© Jean-Michel Ribes / Bibliothèque nationale de France.
17Le fonds met également en valeur les nombreuses collaborations artistiques entretenues par l’auteur au fil des années. Jean-Michel Ribes n’est pas un créateur solitaire, il aime être entouré et nourrir son inspiration au sein d’un collectif. De Roland Topor [fig. 9], qui fut son grand ami et complice d’écriture, à des auteurs contemporains comme Sébastien Thiéry ou Patrick Robine, de Gérard Garouste, son ami d’enfance, créateur de nombreux visuels et décors de pièces, aux décorateurs Yannis Kókkos, Jean-Marc Stehlé ou Patrick Dutertre, les archives de Jean-Michel Ribes révèlent nombre de collaborations artistiques aussi fidèles que fécondes. Sans oublier les comédiens et comédiennes, auxquels l’auteur accorde une place de premier plan : Philippe Khorsand, Tonie Marshall, Roland Blanche, Jean-Pierre Bacri, Éva Darlan, Jacques Villeret, André Dussolier ou encore Pierre Arditi, pour ne citer qu’eux.
Figure 9
« Jean-Michel Ribes et Roland Topor », tirage noir et blanc non daté, 17 x 24 cm. Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France.
© Compagnie Jean-Michel Ribes / Bibliothèque nationale de France.
- 12 Voir https://www.bnf.fr/fr/agenda/jean-michel-ribes-un-pas-de-cote [lien valide en mai 2024].
18Sur la valorisation que les chercheurs, les étudiants ou les professionnels du monde du spectacle feront de ces deux ensembles, nous ne pouvons qu’esquisser quelques hypothèses. Le monde de la recherche ne s’est jusqu’à aujourd’hui que peu intéressé au travail de Jean-Michel Ribes, acteur pourtant incontournable du paysage culturel français. Ceci dit, le caractère largement inédit des archives aujourd’hui confiées à la BnF a certainement contribué à cette omission : c’est leur don, et leur signalement, qui leur donnera une visibilité. Sur le sujet, Jean-Michel Ribes lui-même se montre peu disert : il avoue ne jamais regarder vers le passé et, même lorsqu’il retravaillait ses propres idées, ses propres textes, être toujours reparti d’une page blanche sans considérer ce qu’il désigne comme « les architectures premières ». Il suffit de comparer l’impressionnant volume de carnets concernant la pièce (2004) et le film (2008) Musée haut, musée bas pour s’en convaincre : d’une création à l’autre, le texte est totalement réinventé. Lorsque l’auteur est revenu sur ses archives, c’était uniquement pour illustrer les deux ouvrages cités plus haut. Jean-Michel Ribes n’a pas « pensé » ni organisé lui-même ses archives, et il ne se prononce pas davantage sur ce que les chercheurs y trouveront. Il a cependant eu le souci de les conserver pour les confier, à une période charnière de sa vie d’artiste, à une institution qu’il connaissait bien et qui conservait déjà les archives de son beau-père, le peintre Jean Cortot, mais aussi celles de personnalités incontournables des arts du spectacle, metteurs en scène et auteurs, pour lesquels il a une grande admiration comme, entre autres, Jean Vilar, Ariane Mnouchkine ou encore Jean-Claude Grumberg. Ce que les professionnels de la BnF puis les lecteurs feront des traces de son travail n’est plus son affaire : lui crée, les archivistes traitent, aux chercheurs de s’emparer de ces sources nouvelles pour les intégrer à l’histoire du théâtre contemporain. Il ne s’étend pas davantage sur la notion de patrimonialisation et élude le sujet d’une boutade (« Ça sent le sapin ! »). Il s’implique cependant fortement dans l’organisation du festival « La bibliothèque parlante », en juin 2024, pour lequel la BnF lui a donné carte blanche ainsi que dans la préfiguration d’une exposition dans la galerie des Donateurs de la BnF, également programmée de mai à septembre 202412. Cette exposition donne à voir au public l’immense richesse de ces fonds largement inédits et prêts à nourrir une nouvelle page de l’histoire du théâtre contemporain.
Entretien avec Jean-Michel Ribes
19
Notes
1 Pour une présentation générale du département : https://www.bnf.fr/fr/departement-des-arts-du-spectacle [lien valide en mai 2024] ; HUTHWOHL Joël, « De la collection Auguste Rondel au département des Arts du spectacle », in BLASSELLE Bruno & TOSCANO Gennaro (dir.), Histoire de la Bibliothèque nationale de France, Paris, BnF, 2022, p. 422-429 ; voir également son article dans ce numéro d’In Situ.
2 La Cagnotte d’Eugène Labiche en 1988 et Amorphe d’Ottenburg de Jean-Claude Grumberg en 2000.
3 RIBES Jean-Michel & PASCAUD Fabienne, Issue de secours, Arles, Actes Sud, 2019 et Id., 20 ans de liberté : Labourer la réalité pour y semer autre chose, Paris, Beaux-Arts Éditions, 2022.
4 « Les archives sont l’ensemble des documents, y compris les données, quels que soient leur date, leur lieu de conservation, leur forme et leur support, produits ou reçus par toute personne physique ou morale et par tout service ou organisme public ou privé dans l’exercice de leur activité. » Article L211-1 du Code du patrimoine, LIVRE II, ARCHIVES (articles L211-1 à L222-3), disponible en ligne, https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006129161 [lien valide en mai 2024].
5 Pour une approche générale sur la question des archives du spectacle, on peut se référer notamment à DENIZOT Marion, « L’engouement pour les archives du spectacle vivant », Écrire l’histoire, nos 13-14, « Archives », 2014, p. 88-101. Disponible en ligne, http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/elh/475 [lien valide en mai 2024].
6 « Le 1er janvier 2002, le Rond-Point, bateau pirate, toutes voiles dehors prend la mer », in RIBES Jean-Michel, Mille et un morceaux, Paris, Éditions de l’Iconoclaste, 2015, p. 508.
7 Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel.
8 Le Théâtre du Rond-Point a ainsi délocalisé une partie de ses archives administratives et financières, des éléments de décors et des costumes dans le Loiret.
9 La nature et le statut juridique des archives privées sont définis dans le Code du patrimoine, LIVRE II, ARCHIVES (articles L211-1 à L222-3) : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006129161 [lien valide en mai 2024]. On consultera également avec profit : NOUGARET Christine & ÉVEN Pascal (dir.), Les Archives privées, manuel pratique et juridique, Paris, La Documentation française, coll. « Manuels et guides pratiques », 2008.
10 Un tableau de gestion des archives de théâtres publics est joint à la circulaire du 30 décembre 1999, cette dernière ayant trait au patrimoine archivistique théâtral. En l’absence d’un tableau similaire appliqué aux théâtres privés, les recommandations en matière de tri et de conservation y figurant peuvent largement être reprises pour des archives privées. Voir en ligne : https://francearchives.gouv.fr/fr/circulaire/AD_99_2 [lien valide en mai 2024].
11 Un certain nombre de cartons avaient toutefois souffert de l’humidité et ont dû faire l’objet d’un traitement sanitaire adapté dès leur arrivée à la BnF.
12 Voir https://www.bnf.fr/fr/agenda/jean-michel-ribes-un-pas-de-cote [lien valide en mai 2024].
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Titre | Figure 1 |
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Légende | Jean-Michel Ribes, en train d’écrire la pièce Dieu le veut, 1975, tirage noir et blanc non signé, 24 x 18 cm. Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France. |
Crédits | © Photographe inconnu / Bibliothèque nationale de France. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/41367/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 264k |
Titre | Figure 2 |
Légende | Affiches grand format du Théâtre du Rond-Point (2002-2022) en attente de traitement dans le magasin central du département des Arts du spectacle. Conservées dans le fonds Théâtre du Rond-Point – direction Jean-Michel Ribes (2002-2022), au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France. |
Crédits | © Hélène Keller / Bibliothèque nationale de France. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/41367/img-2.JPG |
Fichier | image/jpeg, 1,8M |
Titre | Figure 3 |
Légende | Archives du Théâtre du Rond-Point : conduites de scène dans leurs boîtes d’origine. Conservées dans le fonds Théâtre du Rond-Point – direction Jean-Michel Ribes (2002-2022), au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France. |
Crédits | © Hélène Keller / Bibliothèque nationale de France. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/41367/img-3.JPG |
Fichier | image/jpeg, 356k |
Titre | Figure 4 |
Légende | L’équipe de la pièce L’Odyssée pour une tasse de thé (texte et mise en scène de Jean-Michel Ribes, Théâtre de la Ville, 1974), tirage noir et blanc non signé, 26 x 40 cm. Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France. |
Crédits | © Photographe inconnu / Bibliothèque nationale de France. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/41367/img-4.JPG |
Fichier | image/jpeg, 459k |
Titre | Figure 5 |
Légende | Carnet de Jean-Michel Ribes, pour le film Musée haut, musée bas, 2003, 25 x 30 cm (ouvert). Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France. |
Crédits | © Jean-Michel Ribes / Bibliothèque nationale de France. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/41367/img-5.JPG |
Fichier | image/jpeg, 345k |
Titre | Figure 6 |
Légende | Une partie des archives audiovisuelles du fonds Jean-Michel Ribes en cours de traitement dans les magasins du département des Arts du spectacle. Conservée dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France. |
Crédits | © Hélène Keller / Bibliothèque nationale de France. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/41367/img-6.JPG |
Fichier | image/jpeg, 2,3M |
Titre | Figure 7 |
Légende | Archives personnelles de Jean-Michel Ribes : dossiers triés et reconditionnés (théâtre 1966-1994). Conservées dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France. |
Crédits | © Hélène Keller / Bibliothèque nationale de France. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/41367/img-7.JPG |
Fichier | image/jpeg, 278k |
Titre | Figure 8 |
Légende | « Pins au “Canon” [Cap-Ferret] depuis la terrasse de la petite maison, le 13 août 2006 », dessin au crayon de Jean-Michel Ribes dans un carnet manuscrit pour le film Musée haut, musée bas, 2006. Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France. |
Crédits | © Jean-Michel Ribes / Bibliothèque nationale de France. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/41367/img-8.JPG |
Fichier | image/jpeg, 294k |
Titre | Figure 9 |
Légende | « Jean-Michel Ribes et Roland Topor », tirage noir et blanc non daté, 17 x 24 cm. Conservé dans le fonds Jean-Michel Ribes, au département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France. |
Crédits | © Compagnie Jean-Michel Ribes / Bibliothèque nationale de France. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/41367/img-9.JPG |
Fichier | image/jpeg, 374k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Corinne Gibello-Bernette et Hélène Keller, « « Qui m’aime me suive ! » Les archives de Jean-Michel Ribes et du Théâtre du Rond-Point à la Bibliothèque nationale de France », In Situ [En ligne], 53 | 2024, mis en ligne le 03 juillet 2024, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/41367 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/122p9
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