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Diversité des patrimonialisations (architecture, machines, savoir-faire)

Sauvegarder ou encourager la dentelle française ?

Regard sur les ateliers-conservatoires du Puy-en-Velay et d’Alençon,de 1976 à nos jours
Lace making in France, saving it or promoting it? The conservatory workshops at Le Puy-en-Velay and Alençon from 1976 to the present day
Emmanuel Pénicaut

Résumés

Ouverts en juillet 1976 à la demande du Président Valéry Giscard d’Estaing et aussitôt rattachés au Mobilier national, les ateliers-conservatoires de dentelle du Puy-en-Velay (Haute-Loire) et d’Alençon (Orne) ont pris le relais des derniers centres de formation présents dans ces deux villes. Dans le cadre d’un vaste plan de soutien aux métiers d’art porté par Pierre Dehaye (1921-2008), cette mesure originale de création d’ateliers publics avait pour ambition à la fois de sauvegarder la technique traditionnelle de la dentelle à la main, sur le point de disparaître, et de soutenir les acteurs économiques de ce marché. Ce second objectif, particulièrement assigné à l’atelier du Puy-en-Velay, n’a pas eu le succès escompté, la dentelle à la main en tant qu’activité économique lucrative n’ayant pas pu résister à la concurrence de la dentelle mécanique. En revanche, près de cinquante années après leur fondation, les deux ateliers, toujours actifs, ont rempli la première de leur mission : au prix d’un renouvellement progressif des modèles et des projets, ils ont assuré la perpétuation de la technique de la dentelle à l’aiguille (à Alençon) et de celle de la dentelle aux fuseaux (au Puy-en-Velay), et permis son appropriation par des artistes contemporains de premier plan.

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Texte intégral

1La décision prise par le président Valéry Giscard d’Estaing, en décembre 1975, de créer deux « ateliers-conservatoires » de dentelle publics, composés d’ouvrières fonctionnaires et spécialisés l’un dans la dentelle aux fuseaux, et l’autre dans la dentelle à l’aiguille, est un événement exceptionnel dans l’histoire des rapports entre l’État et la production textile française : toutes proportions gardées, une intervention aussi décisive ne peut être comparée qu’à la fondation des manufactures royales des Gobelins et de la Savonnerie au xviie siècle. Comment cette idée a-t-elle germé ? Quels objectifs étaient assignés à ces deux ateliers : sauver la dentelle, en en muséifiant la pratique, ou bien soutenir sa production en vue d’une relance ? Et le bilan de l’activité, depuis quarante-cinq ans, est-il conforme à ces objectifs ? L’analyse comparée des archives du Mobilier national et du ministère de la Culture, mises en regard des œuvres produites, permet d’apporter des éléments de réponse.

La dentelle à la main au xxsiècle : un aperçu

  • 1 Les éléments historiques cités ci-après sont tirés des archives du Mobilier national (ci-après arc (...)
  • 2 La congrégation, reconnue comme congrégation enseignante avec supérieure générale en 1852, fut réu (...)
  • 3 Archives du M.N., 2213, lettre du préfet de l’Orne au secrétaire d’État à la Culture, 27 décembre (...)

2L’histoire de la dentelle à la main au xxsiècle est celle d’un déclin : dans le bassin d’Alençon (Orne), où l’on pratiquait depuis le xviie siècle la technique de la dentelle à l’aiguille et du « point de France », ou « point d’Alençon », la baisse de la demande, malgré le prestige acquis sous le Second Empire par la « reine des dentelles », fut perceptible dès la fin du xixsiècle, et la main-d’œuvre disponible décrut en proportion1. En 1902, pour contrer ce déclin et aussi pour pallier l’effet de la loi de 1881 sur l’enseignement primaire, qui avait porté un coup sérieux à l’apprentissage en le repoussant après l’école primaire, la chambre de commerce d’Alençon créa une « École dentellière » dont la gestion fut confiée aux sœurs de la Providence d’Alençon, congrégation religieuse locale fondée à la fin du xviisiècle2. Mais l’École peina à se développer : les apprenties n’étaient ni logées ni rémunérées, et devaient pour vivre vendre leurs travaux d’étude, se trouvant ainsi en concurrence avec les fabricants censés les recruter. Le stationnement des troupes américaines à Alençon, à la fin de la Première Guerre mondiale, provoqua un rebond des commandes qui resta sans lendemain : en 1920, il ne restait qu’une centaine de dentellières à Alençon et dans les alentours. L’École, pour trouver son équilibre financier, dut faire appel aux subventions de la ville, du département puis de l’État. En 1965, année du tricentenaire de la fondation par Colbert de la manufacture royale de dentelle d’Alençon, la création d’une association de soutien provoqua un sursaut : séparée de la chambre de commerce, l’École s’installa dans de nouveaux locaux, y créa un musée, fit un peu de publicité et s’ouvrit à des activités, telles que la broderie et la restauration de pièces anciennes. L’embellie fut de courte durée : l’institution comptait neuf ouvrières en 1965 et trois apprenties, douze ouvrières en 1968, mais une apprentie seulement en 1970, et aucune en 1972. En 1973, les effectifs étaient de sept ouvrières, dont quatre souffrant de handicap, surdité ou difficultés motrices. Seules des subventions permettaient de payer leur salaire et, en décembre 1974, le préfet de l’Orne Jean-Claude Aurousseau lança auprès de trois ministres, parmi lesquels Michel Guy, secrétaire d’État à la Culture, un cri d’alarme. Dans une longue lettre, il soulignait que trois personnes seulement à Alençon maîtrisaient encore la technique du point de France et que, deux d’entre elles étant sourdes et muettes, une seule pouvait encore la transmettre3.

  • 4 Se reporter à la note 1.
  • 5 CHALEYÉ Jean, Méthode d’enseignement de la dentelle aux fuseaux, Clermont-Ferrand, [s. n.], 1946. (...)

3Du côté du Puy-en-Velay (Haute-Loire), le constat était semblable, dans un environnement différent : pratique plus populaire et plus répandue que la dentelle à l’aiguille, la dentelle aux fuseaux ne semblait pas menacée de disparition à brève échéance. Cependant, comme en Normandie, la loi Ferry de 1881 avait réduit les effectifs de l’apprentissage et en 1910, comme à Alençon un peu plus tôt, le président de la chambre syndicale du Puy, Pierre Farigoule, avait obtenu la création d’une école intitulée « La dentelle au foyer ». Mais la guerre et la concurrence de la dentelle mécanique entraînèrent le déclin rapide de cette institution ; en 1934, une baisse des crédits de l’État pour l’enseignement professionnel provoqua « l’abandon presque total de l’apprentissage dentellier en Haute-Loire4 ». Une première réaction se fit jour en 1942, avec la fondation au Puy, par Joannès [Jean] Chaleyé, du « Conservatoire de la dentelle », qui visait à assurer un « pré-apprentissage » de l’art de la dentelle dans les écoles primaires, et à former des ouvrières et des créateurs de modèles originaux. L’initiative s’accompagna de la publication d’une méthode5 et permit la renaissance de plusieurs foyers d’enseignement dans le département mais ne survécut pas à la mort de son fondateur, en 1960. Le flambeau fut repris en 1974 par Michelle – ou Mick – Fouriscot, qui obtint la création d’un « Nouveau conservatoire de la dentelle à la main », dont les missions étaient similaires à celles de son prédécesseur : maintenir la tradition et la pratique de la dentelle ; sauvegarder le patrimoine dentellier ; développer l’enseignement de la dentelle. À la fin de 1976, le Nouveau conservatoire affirmait avoir formé en deux ans près de sept cents personnes : le constat de ce succès était partagé par tous, mais masquait une situation structurellement fragile : les salaires horaires trop bas des dentellières, l’absence de débouchés stables, la qualité médiocre de la production et l’absence de renouvellement des modèles – « le lin règne seul et monotone », écrit alors P. Dehaye – menaçaient à moyen terme l’équilibre de la profession.

4Ainsi, dans les deux villes d’Alençon et du Puy, malgré une conjoncture défavorable, des initiatives privées avaient permis, avec le soutien des pouvoirs publics, de maintenir un minimum de pratique et d’enseignement à travers les vicissitudes du xxsiècle. Le modèle semblait cependant s’essouffler et, des deux côtés, l’appel au soutien de l’État paraissait la seule issue possible.

Le rapport de Pierre Dehaye et ses suites

  • 6 Arch. nat., 19870597/7, note de Jean Castarède, directeur de l’administration générale du secrétar (...)

5L’élection du président Giscard d’Estaing, en 1974, s’accompagna d’un renouveau d’intérêt pour les « métiers d’art ». Différentes administrations, en ordre dispersé, s’étaient préoccupées déjà de l’avenir de ces techniques artisanales6, rétives à toute définition précise mais dont on pressentait pourtant qu’elles formaient autant de chefs-d’œuvre vivants en péril, menacés par l’avènement de la société de consommation et la modernisation des modes de vie. Dès mars 1975, le Président confia à Pierre Dehaye la rédaction d’un rapport sur les métiers d’art. La lettre de mission en résumait la problématique : face aux menaces de disparition, Dehaye était invité à faire des propositions « pour que soit maintenue vivante cette tradition de qualité », et afin de remettre ces activités « au rang qui était historiquement le leur ». Les sujets à analyser étaient nombreux : formation professionnelle, conditions sociales et financières de l’exercice des professions concernées, débouchés nationaux et internationaux des productions. Dehaye était aussi invité, dans le cadre de sa mission, à « examiner l’appui que les manufactures nationales de Sèvres, des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie, ainsi que le Mobilier national et les Ateliers de Lodève pourraient apporter à cette rénovation et à cette promotion des métiers d’art ». Le rapport s’ouvrait avec une « liste indicative des métiers historiques d’art à sauvegarder et à promouvoir » qui contenait quarante items, d’argenteur à vannier en passant par chaudronnier, laqueur, facteur d’orgues, nacreur… Dans le domaine textile apparaissaient les métiers de brodeuse, dentellière, fabricant de coiffes et licier.

  • 7 Il fut reçu dès la fin de l’année 1975 à l’Académie des beaux-arts, au fauteuil de Louis Hautecœur
  • 8 DEHAYE Pierre, Les Difficultés des métiers d’art. Rapport au Président de la République, Paris, La (...)

6Proche du Président, dont il avait été conseiller puis directeur de cabinet lorsqu’il était ministre des Finances, Pierre Dehaye (1921-2008) était un homme de culture, directeur de l’administration de la Monnaie et des Médailles depuis 19627. Il remit en décembre 1975 un rapport solide, énumérant cent propositions concrètes en faveur des métiers d’art. Certaines d’entre elles, reprises par le Président, eurent des effets décisifs, notamment la création de l’Institut français de restauration des œuvres d’art (IFROA) et de la Société d’encouragement des métiers d’art (SEMA)8.

  • 9 Ibid., p. 76. Développant cette idée sous le titre « L’État régisseur », l’auteur évoquait les man (...)
  • 10 Ibid., p. 93.

7Pierre Dehaye appréciait à leur juste valeur les métiers d’art : malgré l’« insaisissable définition du métier d’art » (p. 11), il soulignait que la production qui en était issue « n’a pas seulement une valeur économique : il s’y trouve de surcroît, écrivait-il, cette valeur non mesurable que recouvre l’indéfinissable notion d’art, et dont l’homme a l’irréductible besoin » (p. 75). Après des considérations sur la formation professionnelle et la nécessité d’une publicité d’envergure autour de ces métiers, il en venait dans sa dernière partie au principe du mécénat, considérant que les métiers d’art, « comme l’art lui-même », justifiaient des aides directes. Sans surprise, il développait les modalités de deux formes d’aides, la commande publique ou privée et la mise à disposition de matières ou de services nécessaires à l’exercice des métiers – il proposait par exemple que le Mobilier national mît à disposition de tisserands privés son atelier de teinture. Il ajoutait cependant que, si, malgré ces formes classiques de soutien, « le métier continue à péricliter, il ne reste plus à l’État, s’il ne veut pas que le métier disparaisse, qu’à faire comme Mécène et à lui ouvrir sa maison, c’est-à-dire à le prendre plus ou moins en charge9 ». Une illustration venait quelques pages plus loin, en termes prudents mais clairs : « La création d’ateliers d’art d’État ne paraît aujourd’hui à envisager qu’en solution de dernière extrémité. Tel est présentement le cas pour un métier, celui de la dentelle à la main, qui semble un cas type de métier d’art à l’agonie10. »

  • 11 Archives du M.N., MM 2213, lettre de Jean-Claude Aurousseau, préfet de l’Orne, à Jean Delasalle, s (...)
  • 12 L’intervention de l’intéressée est attestée dans une interview à L’Auvergnat de Paris du 5 février (...)

8Comment la dentelle avait-elle obtenu ce statut de « cas-type » dans le rapport de Pierre Dehaye ? Pour la dentelle à l’aiguille, l’action du préfet de l’Orne semble avoir été décisive : après son intervention auprès de Michel Guy, il avait appris la mission de Pierre Dehaye par la visite à Alençon de Vincent Ansquer, ministre du Commerce et de l’Artisanat, et s’était empressé d’écrire à l’adjoint de Dehaye aux Monnaies et Médailles en lui demandant d’intercéder auprès de son directeur pour le faire venir à Alençon et soutenir un dossier qui, soulignait-il, lui tenait à cœur11. Dehaye avait au même moment commencé à réfléchir sur la dentelle du Puy – un dossier avait été aussi préparé à la préfecture de Haute-Loire en lien avec Michelle Fouriscot12 –, et entamé des discussions sérieuses avec Jean Coural, l’administrateur général du Mobilier national. En juillet 1975, Dehaye avait fait part à celui-ci d’un projet de grande manufacture au Puy, dont la mission, complémentaire de celle du Nouveau conservatoire, aurait été double :

– assurer la production des commandes de l’État et du secteur privé, ainsi que la vente de cette production, le personnel étant constitué de fonctionnaires et les recettes versées directement au Trésor ;

– servir de conservatoire à d’autres techniques textiles en voie de disparition (dentelle au crochet, jours d’Angles-sur-l’Anglin (Vienne, etc.).

  • 13 Archives du M.N., MM 2213, note de Pierre Dehaye à Jean Coural, 17 juillet 1975.

9Le modèle proposé devait aussi – signe de son époque – contribuer à lutter contre l’exode rural : Dehaye pensait à créer plusieurs ateliers « judicieusement répartis dans le département », composés de huit à dix femmes « spécialisées dans un certain type de dentelle13 ».

  • 14 Archives du M.N., MM 2213, note sur la manufacture du Point d’Alençon transmise par P. Dehaye à J. (...)
  • 15 Voir BAYARD Marc & PAPIN-DRASTIK Ivonne (dir.), Lodève et la manufacture de la Savonnerie. Une his (...)

10Au mois de novembre, Dehaye approfondit sa réflexion sur le point d’Alençon, et en discuta avec Jean Coural14. À ses différentes suggestions, celui-ci réagit favorablement, conscient du rôle que le Mobilier national pouvait jouer dans le renouveau annoncé des métiers d’art. Il disposait en outre, dans l’hypothèse de la mise en place de nouveaux ateliers, d’un modèle institutionnel tout récent : en 1964, une manufacture de tapis avait été créée ex nihilo à Lodève (Hérault) pour donner de l’emploi aux femmes de harkis rapatriés15, et avait été rattachée deux ans plus tard au Mobilier national. Le montage administratif, que Coural proposait d’imiter, avait été celui d’un partage des frais entre les collectivités locales – propriétaires des bâtiments et chargées de leur entretien – et l’État, responsable du recrutement et de la rémunération des personnels.

11Muni de ces éléments, encouragé par Jean Coural, Pierre Dehaye put développer dans son rapport ses propositions pour sauver la dentelle du Puy et celle d’Alençon. Pour Alençon, le constat était sans détour : « En vérité, la dentelle d’Alençon se meurt. Deux personnes seulement sont encore capables d’en transmettre toutes les subtilités, la directrice et une ouvrière de l’École-manufacture du Point d’Alençon. » Pour assurer la poursuite de l’activité et conférer à l’École « un statut de prestige justifié par l’histoire de point d’Alençon, alias point de France », Dehaye suggérait donc de la transformer en « atelier-conservatoire d’État rattaché à l’Administration générale du Mobilier national ».

12La situation au Puy et dans sa région était différente et aussi « moins simple », Dehaye en était conscient. Ayant souligné les résultats obtenus par le Nouveau conservatoire, il proposait néanmoins la création d’un atelier national similaire à celui d’Alençon, « au moins à titre transitoire ». Cet atelier, dont il avait réduit les contours depuis ses premières réflexions, serait « un atelier-témoin, un atelier exemplaire de dentelle aux fuseaux dans lequel seraient non seulement maintenues mais ressuscitées toutes les techniques, dans lequel les modèles prestigieux du passé seraient repris et dans lequel serait recherchée la création de modèles nouveaux et d’applications nouvelles, pour rendre à cet art un éclat d’actualité et toutes ses chances de trouver des débouchés correspondants. Le label de l’atelier-conservatoire national devrait ainsi devenir une garantie prestigieuse de qualité ».

13Une distinction était ainsi faite entre les deux ateliers : celui d’Alençon était fondé pour sauver de la disparition la technique de la dentelle à l’aiguille ; celui du Puy, pour encourager une production de dentelle aux fuseaux de qualité. Le détail des missions que Pierre Dehaye assignait à chacun d’eux exprimait la différence. Pour Alençon, en vue de répondre principalement à des commandes officielles (demandes d’administrations, présents diplomatiques), ou éventuellement à des commandes privées, « la fabrication serait orientée d’abord vers la copie des plus beaux modèles anciens » ; l’appel à des « créateurs actuels de modèles nouveaux » ne venait qu’en deuxième position. Au Puy au contraire, l’orientation vers le marché économique primait : l’atelier devait encourager les professionnels locaux « à un mouvement de promotion et d’expansion de la dentelle » ; le cas échéant, fabricants et négociants pourraient « participer activement à l’effort de rénovation et partager le bénéfice du nouveau label ».

  • 16 Les dossiers de la Présidence de la République relatifs aux métiers d’art dans les années 1974-197 (...)
  • 17 Arch. nat., 19870597/7, relevé de décisions du Conseil restreint du 29 janvier 1976, 9 février 197 (...)
  • 18 Archives du M.N., MM 2213, arrêtés du préfet de la Haute-Loire des 15 septembre 1976 et 17 février (...)
  • 19 Les effectifs se sont maintenus jusqu’à nos jours. Au Puy, les chefs d’ateliers successifs furent (...)
  • 20 Pierre Dehaye avait mûri avec Jean Coural – chargé en juillet 1976 de coordonner l’action en faveu (...)

14Si audacieuses et ambitieuses qu’elles parussent, les propositions de Pierre Dehaye furent retenues par le président de la République lors du « Conseil restreint » du 15 décembre 197516. Un mois et demi plus tard, le 29 janvier 1976, un nouveau Conseil restreint dédié aux métiers d’art les mit en forme : le secrétaire d’État à la Culture fut chargé de « mettre en œuvre dans les meilleurs délais la décision prise le 15 décembre 1975 de créer des ateliers-conservatoires de dentelle à Alençon et au Puy17 ». Le premier semestre de l’année 1976 fut occupé par les mesures administratives nécessaires : Jacques Vistel, au cabinet de Michel Guy, et Jean Coural furent à la manœuvre avec l’aide des préfets de l’Orne et de la Haute-Loire. Signe de la distinction originelle entre les deux ateliers, celui du Puy fut doté d’un conseil d’administration réunissant, sous la présidence du préfet, l’administrateur général du Mobilier national, le président du conseil général de Haute-Loire et le maire du Puy, mais aussi l’inspecteur d’académie et des acteurs économiques du département18. Riches chacun d’une petite dizaine de dentellières, les ateliers naquirent officiellement le 1er juillet 197619 ; l’action de Pierre Dehaye avait porté ses fruits [fig. 1 et 2]20.

Figure 1

Figure 1

Confection d’un motif en dentelle à l’aiguille, Atelier-conservatoire d’Alençon, 2022.

© Justine Rossignol (Mobilier national).

Figure 2

Figure 2

Métier ou « carreau » de dentelle aux fuseaux, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 2022, en usage au Mobilier national.

© photographe inconnu (Mobilier national).

Des ateliers pour quoi faire ? Quarante-cinq ans de production

  • 21 Dans les deux villes, il fallut composer avec la situation locale. À Alençon, ce n’est qu’à la fin (...)
  • 22 Depuis le temps de l’École jusqu’à nos jours, les dentellières d’Alençon, pour limiter la fatigue (...)
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15En matière de personnel comme de locaux, c’est la continuité qui l’emporta dans les deux villes. La première cheffe de l’atelier d’Alençon fut Paulette Margueritte, en religion sœur Marie du Sacré-Cœur, qui dirigeait jusqu’alors l’École, et l’atelier resta au même endroit jusqu’en 1987 ; au Puy, c’est Michelle Fouriscot qui prit la tête de l’atelier, en plus de celle du Nouveau conservatoire, et les deux institutions partagèrent le même toit21. Dès l’été 1976, des commandes présidentielles vinrent concrétiser l’engagement de l’État en faveur de la dentelle. À Alençon, Jean Coural confia l’étude d’une transposition des armes de la Grande-Bretagne en vue d’un cadeau diplomatique, et l’atelier proposa pour l’Élysée, au titre de ses activités de broderie, six projets pour des nappes et serviettes assorties22. Au Puy, le Président choisit un dessin de nappes parmi deux projets qui lui avaient été soumis23. Quelques travaux originaux confirmèrent cependant le spectre d’activité plus large de l’atelier : un col « Mirecourt » fut achevé en 1977, sur un dessin ancien, ainsi que des « compositions décoratives » de grand format, en partie colorées, à partir de dessins relevant de l’art populaire [fig. 3 et 4]24.

Figure 3

Figure 3

Col en dentelle de Mirecourt, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 33 x 42 cm, 1977, conservé au Mobilier national (GMDBL 8).

© Philippe Sébert (Mobilier national).

Figure 4

Figure 4

Le château de Polignac, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 100 x 110,5 cm, 1980, conservé au Mobilier national (GMDBL 45).

© Marie-Hélène Bersani (Mobilier national).

  • 25 DELESQUES Brigitte, « La dentelle : déclin, survivance ou renouveau ? », mémoire de l’École nation (...)
  • 26 Arch. nat., 19870597/7, dossier préparatoire au Conseil restreint du 15 mars 1979 dédié aux métier (...)

16La question de la création contemporaine s’invita rapidement dans les discussions. Pierre Dehaye, on l’a vu, l’avait abordée dans son rapport de 1975, mais de façon quelque peu incantatoire. En juin 1977, une étudiante des Arts décoratifs de Paris, en stage à l’atelier d’Alençon, posa un regard lucide sur les « petits motifs » de dentelle réalisés par l’atelier, dans la continuité des travaux de l’École : reprenant des dessins anciens, ces « petits motifs » de quelques centimètres carrés étaient répétés à l’envi par les dentellières, comme des exercices de solfège, puis encadrés et mis en vente. La perpétuation de la technique y trouvait certes son compte, mais pouvait-on se satisfaire d’une création aussitôt transformée en « vestige archéologique », et faire ainsi passer le point d’Alençon « du stade de déclin à celui de survivance » ? La question se posait au Puy aussi : l’étudiante confirmait le diagnostic de Dehaye sur la disparition des dessinateurs pour la dentelle, qui condamnait la production à la médiocrité25. Le ministère de la Culture n’esquiva pas le sujet. Alors qu’un nouveau Conseil restreint sur le thème des métiers d’art se préparait à l’Élysée en mars 1979, un fonctionnaire reconnaissait, en citant Le Puy et Alençon : « Pour rendre ces ateliers définitivement opérationnels, il est nécessaire d’intéresser des artistes à la création de dessins spécifiques à cette technique26. »

  • 27 Archives du M.N., MNTX 2 (carton) et GMDBL 45 (œuvre). L’œuvre, citée dans Connaissance des arts, (...)

17Cette recommandation fut suivie d’effet : un carton intitulé Mailles fut acquis à l’été 1979 auprès de Pierrette Bloch, artiste connue pour son attachement au textile, qui avait déjà donné plusieurs cartons pour des tissages aux Gobelins. L’atelier du Puy acheva la composition en juillet 1980 : ce fut la première création en dentelle d’après un artiste contemporain, et elle fut aussitôt exposée à Paris [fig. 5]27.

Figure 5

Figure 5

Mailles, d’après Pierrette Bloch, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 31 x 42 cm, 1980, conservé au Mobilier national (GMDBL 20).

© Philippe Sébert (Mobilier national).

  • 28 Archives du M.N., MN2265, prospectus de l’« exposition internationale de dentelle » du centre Pier (...)
  • 29 Archives du M.N., GMDBL 68 ; GMDBL 74-1 et 2.
  • 30 Arch. nat., 20060377/56, dossiers de la Délégation aux arts plastiques relatifs aux métiers d’art, (...)

18Le désir de renouveler le répertoire se confirma dans les années suivantes ; en 1982, le prospectus d’une « exposition internationale de dentelle » au Puy affirmait comme un manifeste : « La dentelle s’affranchit des lisières, des motifs répétitifs, elle éclate en tous sens, aborde la couleur et le tridimensionnel, après le figuratif elle aborde l’imaginaire. Elle devient élément de décoration : panneaux ou objets. La dentelle perd son anonymat et porte une signature28. » Michelle Fouriscot multiplia les rencontres avec des artistes et des créateurs, dans des domaines jugés porteurs pour la promotion de la dentelle : l’atelier réalisa ainsi un modèle de robe dessinée par Paco Rabanne en 1983 [fig. 6], puis un ensemble de lingerie créé par Chantal Thomass en 198429. Cette volonté, soutenue par Jean Coural, fut renforcée encore par la création en 1982 de la Délégation aux arts plastiques du ministère de la Culture, dirigée par Claude Mollard, bon connaisseur du milieu du textile et de la mode. En avril 1984, il encouragea Jean Coural à proposer des bourses de résidence au Puy pour des artistes, et à inciter grands couturiers, stylistes et bijoutiers à travailler avec les ateliers30.

Figure 6

Figure 6

Robe, d’après Paco Rabanne, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 64 x 110 cm, 1983, conservée au Mobilier national (GMDBL 68).

© Philippe Sébert (Mobilier national).

  • 31 Arch. du M.N., MM2214, note de J. Coural à C. Mollard, 9 janvier 1985 ; note de nomination de M.-P (...)
  • 32 Archives du M.N., GMDBL 78 (A. Top) ; GMDBL 90 (P. Curie) ; GMDBL 105 (B. Tartière). Le dessin d’A (...)

19Pour éviter la dispersion dans un domaine qu’il maîtrisait mal, le directeur du Mobilier national réclama des orientations artistiques précises : Marie-Pierre Landry, une inspectrice de la création artistique – et nièce de François Mitterrand –, fut alors chargée, en lien avec le Centre national des arts plastiques, « d’introduire la production d’artistes contemporains au sein des manufactures du Puy et d’Alençon31 ». Plutôt qu’à la haute couture ou à la bijouterie, la priorité fut donnée aux arts de la table, et des modèles de serviettes et de sets de table furent tissés d’après des dessins d’Annick Top (1985) [fig. 7], de Parvine Curie (1987) ou de Brigitte Tartière (1988)32.

Figure 7

Figure 7

Manhattan, set et serviette du service de table d’après Annick Top, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 42 x 44 cm, 1985, conservés au Mobilier national (GMDBL 78).

© Philippe Sébert (Mobilier national).

  • 33 Archives du M.N., GMDBA 23, 24, 25.

20Ces réalisations contemporaines n’empêchaient pas la poursuite d’œuvres traditionnelles, au Puy comme à Alençon, mais surtout dans ce dernier atelier. Le temps incompressible de réalisation et les contraintes de la technique de la dentelle à l’aiguille rendaient difficiles des collaborations avec le monde du luxe telles qu’on avait pu les envisager au Puy. L’atelier ornais continua donc à réaliser napperons, mouchoirs et coins de mouchoirs, ainsi que les petits motifs dont il était coutumier ; au début des années 1990, toutefois, des formes nouvelles et plus libres, dessinées par les dentellières elles-mêmes, apparurent dans ces « petits motifs ». L’atelier fut en revanche sollicité pour de grandes réalisations de broderies : parmi beaucoup d’autres, un important service de table, dit « Étoile », fut commandé par Mme Giscard d’Estaing pour l’Élysée à la fin de l’année 1979 et sa livraison – 14 nappes, dont deux de 37 m de long, et 500 serviettes – s’échelonna jusqu’en 198633.

  • 34 Archives du M.N., GMDBA 39 et 44.
  • 35 Archives du M.N., GMDBA 43 et GMDBL 110 (P.-A. Gette) ; GMDBA 72 (C. Sentou).
  • 36 Archives du M.N., GMDBL 138-1.

21Au Puy comme à Alençon, des années 1990 au milieu des années 2000, les ateliers cherchèrent, parfois à tâtons, une voie que les réalisations expérimentales des années 1980 n’avaient pas suffi à définir. Passée de mode, la confection de mouchoirs et napperons cessa, mais la production hésita entre la poursuite des services de table, sur dessin interne ou sur projet d’artiste (Jean-Jacques Morel, services « Atomes et chemins », 1994 et « Persanne », 1995 [fig. 8]34), l’appel à des artistes pour « moderniser » des vêtements traditionnels en dentelle (motifs pour lingerie de Paul-Armand Gette, 1994 ; voiles de mariée de Corinne Sentou, 201035), et des expérimentations, telles qu’un modèle de ligament chirurgical en 200136.

Figure 8

Figure 8

Serviette du service de table « Persanne », d’après Jean-Jacques Morel, Atelier-conservatoire d’Alençon, 50 x 50 cm, 1995, conservée au Mobilier national (GMDBA 44).

© Muriel Barbier (Mobilier national).

  • 37 Archives du M.N., GMDBL 173, d’après Ghislaine Portalis ; les carnets assortis furent réalisés en (...)

22La réalisation de services de table en dentelle ou en broderie, cependant, déclina peu à peu et finit par disparaître au début des années 2010 : fragiles, d’un entretien coûteux, ils ne répondaient plus aux demandes des services présidentiels, ni à l’évolution générale des arts de la table et des modes de réception. Le dernier service de table tissé au Puy, en 2012, le fut comme une œuvre d’art, à visée plus décorative que pratique [fig. 9]37.

Figure 9

Figure 9

Nappe pour douze couverts et serviettes, d’après Ghislaine Portalis, Ateliers-conservatoires du Puy-en-Velay et d’Alençon, 2012-2016. Nappe : 185 x 294 cm, conservée au Mobilier national (GMDBA 173) ; serviettes : 14,9 x 11,8 cm, conservées au Mobilier national (GMDBA 78-1 à 12).

© Isabelle Bideau (Mobilier national).

  • 38 Archives du M.N., GMDBL 116, 149, 150 (Annabelle d’Huart) ; GMDBL 122 (Esther Shalev) ; GMDBL 162 (...)

23L’idée d’œuvres à seule visée décorative, déjà envisagée avec Pierrette Bloch en 1979, parut la meilleure façon de faire vivre la dentelle : en témoignent les Dentelles du Ciel d’après Annabelle d’Huart (2007) [fig. 10], le Tissage de l’Europe d’après Esther Shalev-Gerz (2008) [fig. 11], les Vénus de Christian Jaccard (2010) [fig. 12], les Mouches d’après Didier Trenet (2011) ainsi que l’ensemble des œuvres mises sur le métier depuis [fig. 13]38.

Figure 10

Figure 10

Les dentelles du Ciel, III, d’après Annabelle d’Huart, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 115 x 300 cm, 2007, conservées au Mobilier national (GMDBL 149).

© Isabelle Bideau (Mobilier national).

Figure 11

Figure 11

Tissage de l’Europe, d’après Esther Shalev-Gerz, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 131 x 151 cm, 2008, conservé au Mobilier national (GMDBL 122).

© Isabelle Bideau (Mobilier national).

Figure 12

Figure 12

Vénus II, d’après Christian Jaccard, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 25 x 57 cm, 2010, conservée au Mobilier national (GMDBL 162-2).

© Isabelle Bideau (Mobilier national).

Figure 13

Figure 13

Tapis de Sigmund, d’après Anne Deguelle, Atelier-conservatoire d’Alençon, 36 x 65 cm, 2021, conservé au Mobilier national (GMDBA 205).

© Muriel Barbier (Mobilier national).

  • 39 Colliers « Arabesque » et « Prague », dessinés par Marie-Hélène Massé-Bersani, interprétés en dent (...)
  • 40 Le projet « Corail artefact », en association avec le chercheur Jérémy Gobé, a consisté à reprodui (...)

24Cette démarche implique pour les dentellières un rapport renouvelé à l’artiste : il s’agit de faire prendre conscience à celui-ci des possibilités esthétiques et plastiques offertes par la technique de la dentelle, et de l’inciter à créer une œuvre adaptée. Une collaboration souvent fructueuse s’ensuit, qui permet aux dentellières d’interpréter avec leur talent propre une œuvre graphique créée pour elles. Ce nouveau regard sur la dentelle, assumé par le Mobilier national, n’empêche pas quelques clins d’œil expérimentaux : deux colliers de dentelle qui ne dépareraient pas chez un grand couturier ont été réalisés en 2013 [fig. 14 et 15]39, et l’atelier du Puy a été associé, en 2019-2021, à un projet original visant à préserver les coraux sous-marins40. Pour rendre à la dentelle son caractère « aérien », le Mobilier national encourage par ailleurs, depuis plusieurs années, les œuvres en trois dimensions, susceptibles d’être présentées sous forme de suspension ou d’objets de décoration.

Figure 14

Figure 14

Collier « Arabesque », d’après Marie-Hélène Bersani, Atelier-conservatoire d’Alençon, 18,2 x 22 cm, 2013, conservé au Mobilier national (GMDBA 76).

© Isabelle Bideau (Mobilier national).

Figure 15

Figure 15

Collier « Prague », d’après Marie-Hélène Bersani, Atelier-conservatoire d’Alençon, 18 x 22 cm, 2013, conservé au Mobilier national (GMDBA 77).

© Isabelle Bideau (Mobilier national).

  • 41 Dans ce dernier atelier, l’acquisition au fil du temps de pièces de dentelle anciennes de toute pr (...)
  • 42 Ainsi, la « dentelle des reines », qualificatif accordé au point d’Alençon au xixsiècle, est auj (...)

25Au terme de quarante-cinq ans de production dentellière « nationalisée », peut-on considérer que l’objectif fixé par le président Giscard d’Estaing en 1975 est atteint ? Du point de vue de la technique, la réponse est affirmative : les dentellières de l’atelier d’Alençon forment aujourd’hui une équipe équilibrée en âge, qui maîtrise tous les aspects du point d’Alençon : la survie de celui-ci n’est plus menacée. Il en est de même au Puy, où la compétence acquise par les dentellières les autorise à réaliser tous les projets d’artiste qui leur sont soumis41. Du point de vue économique, en revanche, le renouveau de la dentelle que Pierre Dehaye attendait de la création de l’atelier du Puy n’a pas eu lieu : en tant qu’activité économique, la dentelle a disparu de la Haute-Loire. Les tentatives de l’atelier en direction de la haute couture n’ont pas non plus eu de suite : peut-être toutes les voies n’ont-elles pas été explorées, notamment vers la joaillerie, mais la concurrence de la dentelle mécanique produite à Calais et Caudry (Pas-de-Calais) explique en grande partie cet échec42. La ressource des commandes présidentielles s’étant tarie dans les années 2000, il ne reste aux dentellières qu’à produire des œuvres d’art, à charge pour le Mobilier national de les exposer dans le cadre de sa mission de promotion des savoir-faire artisanaux français et d’ameublement des lieux officiels de la République : la dentelle à la main est devenue, au sens propre, un métier d’art.

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Notes

1 Les éléments historiques cités ci-après sont tirés des archives du Mobilier national (ci-après archives du M.N., MM2213), qui conservent une série de notes dactylographiées et plaquettes imprimées sur l’histoire de la dentelle à l’aiguille et aux fuseaux. Voir aussi De fil en aiguille, cat. exp. Alençon, musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, novembre 2016-janvier 2017, Alençon, 2016 ; Jolies Ornaises. Dentelles jumelles d’Alençon et d’Argentan, cat. exp. Alençon, musée des Beaux-arts et de la Dentelle ; et Argentan, Maison des dentelles, avril 2018-novembre 2019, Alençon, 2018 ; ARSAC Jean & FOURISCOT Michelle, Cinq siècles de dentelle du Puy, Le Puy-en-Velay, [s. n.], 2014.

2 La congrégation, reconnue comme congrégation enseignante avec supérieure générale en 1852, fut réunie en 1958 à la congrégation des sœurs de la Charité de Notre-Dame d’Évron et existe toujours ; le Centre d’éducation spécialisé « La Providence » d’Alençon est l’héritier de son œuvre dans la ville. Voir BELLENGER Amand, La Providence d’Alençon : un institut d’enseignement populaire et d’assistance sociale, Paris, Alsatia, 1947, et VALLEZ Jean-Marie, « Une communauté de séculières peu connues : la Providence de Falaise (xviie-xviiisiècles) dans Cahier des Annales de Normandie, no 26, 1995, p. 519-523. Se reporter également à LEMBRÉ Stéphane, « Les écoles de dentellières en France et en Belgique des années 1850 aux années 1930 », Histoire de l’éducation, no 123, 2009, [en ligne], https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/2028 [lien valide en mars 2023].

3 Archives du M.N., 2213, lettre du préfet de l’Orne au secrétaire d’État à la Culture, 27 décembre 1974. J.-C. Aurousseau sollicita en parallèle le ministre du Travail et le ministre du Commerce et de l’Artisanat.

4 Se reporter à la note 1.

5 CHALEYÉ Jean, Méthode d’enseignement de la dentelle aux fuseaux, Clermont-Ferrand, [s. n.], 1946. Mis à jour ou réédité en 1999 par Mick Fouriscot.

6 Arch. nat., 19870597/7, note de Jean Castarède, directeur de l’administration générale du secrétariat d’État à la Culture, « relative à certains problèmes posés par les “métiers d’art” », décembre 1974. La note pointe l’inadaptation des cadres de la fonction publique à ces métiers ; l’expression « métiers d’art » paraît être entrée dans le langage courant dans les années 1960.

7 Il fut reçu dès la fin de l’année 1975 à l’Académie des beaux-arts, au fauteuil de Louis Hautecœur.

8 DEHAYE Pierre, Les Difficultés des métiers d’art. Rapport au Président de la République, Paris, La Documentation française, 1976. L’IFROA a été réuni en 2001 à l’Institut national du patrimoine et la SEMA est devenue en 2010 l’Institut national des métiers d’art.

9 Ibid., p. 76. Développant cette idée sous le titre « L’État régisseur », l’auteur évoquait les manufactures de l’État : « On peut dire que l’origine de celles-ci se trouve dans l’encouragement apporté, pour des raisons d’économie politique, à des techniques exigeant un investissement qui paraissait réservé à l’État du fait de son importance et de l’emploi qui devait en être fait. Aujourd’hui, la même procédure de régie directe peut s’imposer, pour d’autres raisons, en tels domaines particuliers où l’initiative privée se trouve défaillante, comme elle paraît le seul recours pour une action générale de sauvegarde du patrimoine culturel. » (p. 92.)

10 Ibid., p. 93.

11 Archives du M.N., MM 2213, lettre de Jean-Claude Aurousseau, préfet de l’Orne, à Jean Delasalle, sous-directeur de la direction des Monnaies et Médailles, 4 juillet 1975.

12 L’intervention de l’intéressée est attestée dans une interview à L’Auvergnat de Paris du 5 février 1983.

13 Archives du M.N., MM 2213, note de Pierre Dehaye à Jean Coural, 17 juillet 1975.

14 Archives du M.N., MM 2213, note sur la manufacture du Point d’Alençon transmise par P. Dehaye à J. Coural, 17 novembre 1975.

15 Voir BAYARD Marc & PAPIN-DRASTIK Ivonne (dir.), Lodève et la manufacture de la Savonnerie. Une histoire à partager, Paris, Mare & Martin, 2014.

16 Les dossiers de la Présidence de la République relatifs aux métiers d’art dans les années 1974-1978 (Arch. nat., AG/(5)3/2014, 2015 et 2016) n’offrent pas d’éléments substantiels sur la création des ateliers. Contrairement à d’autres mesures proposées par P. Dehaye, celle-ci semble avoir été consensuelle ; seuls furent soulevés des points mineurs d’ordre administratif ou financier.

17 Arch. nat., 19870597/7, relevé de décisions du Conseil restreint du 29 janvier 1976, 9 février 1976.

18 Archives du M.N., MM 2213, arrêtés du préfet de la Haute-Loire des 15 septembre 1976 et 17 février 1978. Siégeaient au Conseil les présidents des chambres syndicales du département (fabricants et négociants de dentelles et passementeries, fabricants de dentelle mécanique), ainsi que des chambres du commerce et de l’industrie du Puy et de Brioude.

19 Les effectifs se sont maintenus jusqu’à nos jours. Au Puy, les chefs d’ateliers successifs furent Michelle Fouriscot (1976-1991), Annie Fouillit (1991-2017), Isabelle Habauzit (2017-2020), Nathalie Sauret (2020-) ; à Alençon, sœur Marie du Sacré-Cœur (Paulette Margueritte) (1976-1984), Fernande Guimard (1984-1991), Brigitte Lefebvre (1991-2013), Bénédicte Leclercq (2013-2019), Valérie Durand (2019-).

20 Pierre Dehaye avait mûri avec Jean Coural – chargé en juillet 1976 de coordonner l’action en faveur des métiers d’art au ministère de la Culture – d’autres projets, dont un « atelier national d’art textile », sorte de cours supérieur de création et de perfectionnement ouvert à tous les professionnels du secteur, qui ouvrit en 1977 dans l’enclos des Gobelins. Il envisageait aussi, sur le modèle des ateliers de dentelle, la création d’ateliers-conservatoires des techniques de restauration à l’aiguille, ou encore des techniques auxiliaires de l’art de la sculpture (moulage, restauration, fonderie…) (voir Arch. nat., 19870597/7, notes de P. Dehaye à T. Chambolle et J. Coural, 13 décembre 1977 ; DUPEUX Geneviève, Rapport sur la création et le fonctionnement de l’atelier national d’art textile, 6 septembre 1977).

21 Dans les deux villes, il fallut composer avec la situation locale. À Alençon, ce n’est qu’à la fin des années 1980 que le Mobilier national se libéra de ses liens avec l’association « La dentelle au point d’Alençon », qui gérait pour la congrégation de la Providence le bâtiment accueillant l’atelier, et assurait la vente au public des « petits modèles » produits par l’atelier ; au Puy, les confusions récurrentes entre les missions de l’atelier et celles du conservatoire, devenu entretemps « Centre d’enseignement de la dentelle au fuseau », aboutirent à une séparation des fonctions après le départ de M. Fouriscot en 1991 et au déménagement de l’atelier en 1995.

22 Depuis le temps de l’École jusqu’à nos jours, les dentellières d’Alençon, pour limiter la fatigue oculaire, ont alterné travaux de dentelle et de broderie.

23 Archives du M.N., MM 2213, notes de sœur Marie du Sacré-Cœur à Jean Coural, 27 octobre et 8 novembre 1976 ; note de Michelle Fouriscot à Jean Coural, 16 août 1976 ; rapport d’activité de l’atelier du Puy, 5 novembre 1976.

24 Archives du M.N., GMDBL 8, col Mirecourt ; GMDBL 19, « Le jardin des sirènes », 1977, en coton mouliné en partie coloré ; GMDBL 20, « Le château de Polignac », 1977.

25 DELESQUES Brigitte, « La dentelle : déclin, survivance ou renouveau ? », mémoire de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs (section textile) sous la direction de Geneviève Dupeux, Paris, juin 1977, 54 p. dactyl., p. 42-44 (Arch. nat., 20080171/5).

26 Arch. nat., 19870597/7, dossier préparatoire au Conseil restreint du 15 mars 1979 dédié aux métiers d’art, note s.d. sur les ateliers du Puy et d’Alençon.

27 Archives du M.N., MNTX 2 (carton) et GMDBL 45 (œuvre). L’œuvre, citée dans Connaissance des arts, (KJELLBERG Pierre, dossier « La dentelle », no 350, avril 1981) fut simultanément réalisée en broderie à Alençon (GMDBA 22) et en tapisserie à Beauvais (BV 353 et 366, BV 351 et BV 367).

28 Archives du M.N., MN2265, prospectus de l’« exposition internationale de dentelle » du centre Pierre-Cardinal, Le Puy-en-Velay, 12 juin-12 septembre 1982.

29 Archives du M.N., GMDBL 68 ; GMDBL 74-1 et 2.

30 Arch. nat., 20060377/56, dossiers de la Délégation aux arts plastiques relatifs aux métiers d’art, « Relevé de décisions sur la dentelle du Puy », 24 avril 1984.

31 Arch. du M.N., MM2214, note de J. Coural à C. Mollard, 9 janvier 1985 ; note de nomination de M.-P. Landry, 8 juillet 1985. La mission fut confirmée par Jack Lang et étendue à tout le Mobilier national en mars 1986.

32 Archives du M.N., GMDBL 78 (A. Top) ; GMDBL 90 (P. Curie) ; GMDBL 105 (B. Tartière). Le dessin d’Annick Top entrait dans un projet baptisé « CNAP 1985 », piloté par la même Marie-Pierre Landry, visant à « favoriser la naissance d’une collection inédite de produits de la maison et des arts de la table » par la collaboration entre artistes, manufactures nationales et industriels. Deux dessins, pour des œuvres à visée décorative, furent aussi acquis auprès de Jean-Michel Meurice en 1986 et 1987 (archives du M.N., MNTX 9 et 9-1, « Feuillage et fougères, I » et « Feuillage et fougères, II »).

33 Archives du M.N., GMDBA 23, 24, 25.

34 Archives du M.N., GMDBA 39 et 44.

35 Archives du M.N., GMDBA 43 et GMDBL 110 (P.-A. Gette) ; GMDBA 72 (C. Sentou).

36 Archives du M.N., GMDBL 138-1.

37 Archives du M.N., GMDBL 173, d’après Ghislaine Portalis ; les carnets assortis furent réalisés en broderie à l’atelier d’Alençon (GMDBA 78-1 à 78-12).

38 Archives du M.N., GMDBL 116, 149, 150 (Annabelle d’Huart) ; GMDBL 122 (Esther Shalev) ; GMDBL 162 (Christian Jaccard) ; GMDBL 167 (Didier Trenet). Signalons, parmi les œuvres récemment réalisées, le Tapis de Sigmund d’après un carton d’Anne Deguelle acquis en 2011, achevé en 2018 au Puy (archives du M.N., GMDBL 177) et en 2021 à Alençon (archives du M.N., GMDBA 205), qui représente, pour ce dernier atelier, la première « œuvre » complète réalisée d’après un dessin d’artiste.

39 Colliers « Arabesque » et « Prague », dessinés par Marie-Hélène Massé-Bersani, interprétés en dentelle par Bénédicte Leclercq (archives du M.N., GMDBA 76 et 77).

40 Le projet « Corail artefact », en association avec le chercheur Jérémy Gobé, a consisté à reproduire en dentelle le motif de la surface extérieure d’une branche de corail, et à fixer ces dentelles sur des squelettes de corail en matière synthétique. Des tests menés en 2021 au centre Nausicaa de Boulogne-sur-Mer ont montré que le corail se reproduisait avec une certaine facilité sur les structures ainsi obtenues. L’ensemble du projet a été présenté dans le cadre du pavillon français à l’Exposition universelle d’Abu Dhabi en 2021.

41 Dans ce dernier atelier, l’acquisition au fil du temps de pièces de dentelle anciennes de toute provenance, et en particulier de la collection Charles Tardif en 1989, a donné un aspect concret à la mission de « conservatoire ». Intégrées aux collections du Mobilier national, ces pièces ont été inventoriées en 2020 sous la direction de Muriel Barbier (GMTC 1326 à 4434).

42 Ainsi, la « dentelle des reines », qualificatif accordé au point d’Alençon au xixsiècle, est aujourd’hui mécanique : les dentelles qui paraient la robe de la duchesse de Cambridge lors de son mariage à Londres en 2011 ont été réalisées sur métier Leavers à Caudry (Pas-de-Calais).

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Table des illustrations

Titre Figure 1
Légende Confection d’un motif en dentelle à l’aiguille, Atelier-conservatoire d’Alençon, 2022.
Crédits © Justine Rossignol (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 139k
Titre Figure 2
Légende Métier ou « carreau » de dentelle aux fuseaux, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 2022, en usage au Mobilier national.
Crédits © photographe inconnu (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 268k
Titre Figure 3
Légende Col en dentelle de Mirecourt, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 33 x 42 cm, 1977, conservé au Mobilier national (GMDBL 8).
Crédits © Philippe Sébert (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 383k
Titre Figure 4
Légende Le château de Polignac, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 100 x 110,5 cm, 1980, conservé au Mobilier national (GMDBL 45).
Crédits © Marie-Hélène Bersani (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 411k
Titre Figure 5
Légende Mailles, d’après Pierrette Bloch, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 31 x 42 cm, 1980, conservé au Mobilier national (GMDBL 20).
Crédits © Philippe Sébert (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 293k
Titre Figure 6
Légende Robe, d’après Paco Rabanne, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 64 x 110 cm, 1983, conservée au Mobilier national (GMDBL 68).
Crédits © Philippe Sébert (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 260k
Titre Figure 7
Légende Manhattan, set et serviette du service de table d’après Annick Top, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 42 x 44 cm, 1985, conservés au Mobilier national (GMDBL 78).
Crédits © Philippe Sébert (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 172k
Titre Figure 8
Légende Serviette du service de table « Persanne », d’après Jean-Jacques Morel, Atelier-conservatoire d’Alençon, 50 x 50 cm, 1995, conservée au Mobilier national (GMDBA 44).
Crédits © Muriel Barbier (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 86k
Titre Figure 9
Légende Nappe pour douze couverts et serviettes, d’après Ghislaine Portalis, Ateliers-conservatoires du Puy-en-Velay et d’Alençon, 2012-2016. Nappe : 185 x 294 cm, conservée au Mobilier national (GMDBA 173) ; serviettes : 14,9 x 11,8 cm, conservées au Mobilier national (GMDBA 78-1 à 12).
Crédits © Isabelle Bideau (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-9.jpg
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Titre Figure 10
Légende Les dentelles du Ciel, III, d’après Annabelle d’Huart, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 115 x 300 cm, 2007, conservées au Mobilier national (GMDBL 149).
Crédits © Isabelle Bideau (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-10.jpg
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Titre Figure 11
Légende Tissage de l’Europe, d’après Esther Shalev-Gerz, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 131 x 151 cm, 2008, conservé au Mobilier national (GMDBL 122).
Crédits © Isabelle Bideau (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-11.jpg
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Titre Figure 12
Légende Vénus II, d’après Christian Jaccard, Atelier-conservatoire du Puy-en-Velay, 25 x 57 cm, 2010, conservée au Mobilier national (GMDBL 162-2).
Crédits © Isabelle Bideau (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-12.jpg
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Titre Figure 13
Légende Tapis de Sigmund, d’après Anne Deguelle, Atelier-conservatoire d’Alençon, 36 x 65 cm, 2021, conservé au Mobilier national (GMDBA 205).
Crédits © Muriel Barbier (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-13.jpg
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Titre Figure 14
Légende Collier « Arabesque », d’après Marie-Hélène Bersani, Atelier-conservatoire d’Alençon, 18,2 x 22 cm, 2013, conservé au Mobilier national (GMDBA 76).
Crédits © Isabelle Bideau (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-14.jpg
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Titre Figure 15
Légende Collier « Prague », d’après Marie-Hélène Bersani, Atelier-conservatoire d’Alençon, 18 x 22 cm, 2013, conservé au Mobilier national (GMDBA 77).
Crédits © Isabelle Bideau (Mobilier national).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/38061/img-15.jpg
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Pour citer cet article

Référence électronique

Emmanuel Pénicaut, « Sauvegarder ou encourager la dentelle française ? »In Situ [En ligne], 50 | 2023, mis en ligne le 23 juin 2023, consulté le 13 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/38061 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/insitu.38061

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