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Décor, mobilier et objets

La Restauration des sièges du Salon rouge de l’hôtel de la Chancellerie entre usages contemporains et patrimoine

The restoration of the seats of the Red room of the Chancellery hotel, between contemporary uses and heritage
Amandine Cambet, Thomas Deshayes, Carolina Hall et Antoine Meissonnier

Résumés

Siège de la Chancellerie depuis plus de trois siècles, l’hôtel de Bourvallais accueille plusieurs objets mobiliers classés au titre des monuments historiques. Parmi ceux-ci, on compte un ensemble remarquable de trente-trois sièges en acajou avec bronzes, datant vraisemblablement de la Restauration, se caractérisant par leurs protomés à têtes de lion et leurs pieds griffus. Après des années de préparation et d’attente, ces sièges font aujourd’hui l’objet d’un programme de restauration complet visant à leur redonner leur éclat.

À l’issue de cette étude, des lacunes demeurent dans la connaissance de l’ensemble mobilier aux têtes de lion du ministère de la Justice : les conditions de commande et d’arrivée à l’hôtel de Bourvallais ne sont pas certaines, ni l’identité de l’auteur. Mais les informations collectées dans les archives attestent de l’importance de cet ensemble de premier ordre, dès la fin des années 1820. Il ne s’agit pas d’un mobilier quelconque mais de l’ensemble d’apparat principal de l’hôtel de la Chancellerie. Après une période de relatif oubli sous la Troisième République, le mobilier aux têtes de lion retrouve sa vocation initiale de représentation de prestige dans un nouvel écrin, le salon Empire ou Salon rouge, qui reprend la fonction de salon d’apparat de l’hôtel de Bourvallais.

La valeur d’usage de ce patrimoine nécessitait de tenir compte de ces évolutions dans le choix de l’étoffe de garnissage : fruit d’un compromis, le choix d’une soierie cramoisie brochée de motifs dorés a été établi sur des modèles historiquement documentés. De même, le garnissage a été réalisé suivant les méthodes anciennes. Quant à la restauration des bois, elle a été faite suivant les standards de restauration patrimoniale, en visant la conservation maximale des matériaux anciens.

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Texte intégral

1In memoriam Xavier Bonnet, tapissier, décédé au cours de la restauration de cet ensemble, le 13 octobre 2018.

Introduction : un mobilier caractéristique du style impérial

2Au sein de l’important patrimoine mobilier conservé par le ministère de la Justice à l’hôtel de Bourvallais se distingue un ensemble exceptionnel de trente-trois sièges en acajou à tête de lion et bronzes, classé au titre des monuments historiques1. Il se compose de deux grands canapés, de deux petits canapés appelés « causeuses », de deux bergères, de dix fauteuils meublants, de six fauteuils volants ou courants ainsi que de onze chaises. Cet ensemble meuble principalement aujourd’hui le « Salon Empire » ou « Salon rouge », situé au premier étage de l’hôtel de Bourvallais, dans le corps de bâtiment qui donne sur la place Vendôme [fig. 1]. Ses tentures sont d’ailleurs coordonnées avec l’étoffe des sièges, leur donnant le nom courant d’« ensemble du Salon rouge ».

Figure 1

Figure 1

Salon rouge ou salon Empire de l'hôtel de Bourvallais, siège du ministère de la Justice, 13 place Vendôme, Paris (1er arrondissement) : état avant restauration, juillet 2018.

© Joachim Bertrand.

  • 2 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes. Une Histoire du goût au xixsiècle, Paris, Mare & Martin, 20 (...)

3Il s’agit d’un ensemble de mobilier de salon semblable à ceux qui étaient en usage chez les princes et les grands officiers du régime dans la première moitié du xixsiècle, avec des sièges meublants (canapés, bergères et fauteuils) destinés à être placés de manière permanente le long des murs, et des sièges volants (fauteuils et chaises) plus légers, donc plus mobiles, pour le centre de la pièce. La décoration (bronzes sur acajou) est aussi représentative de la gradation décorative en vigueur depuis le Premier Empire2.

4Ces sièges ont les caractères du mobilier de style « Empire » : emploi de l’acajou (massif comme en placage), lignes anguleuses, pieds arrière dits « en sabre », vocabulaire antique des bronzes (palmettes, rinceaux). Ils se distinguent également par la présence d’impressionnants protomés de lion formant les montants avant des sièges [fig. 2], ornement que l’on retrouve fréquemment dans la production des années 1800-1820, tant par goût des références antiques que comme symbole de pouvoir.

Figure 2

Figure 2

Détail d'un protomé de lion, avec un papillon, ministère de la Justice, juillet 2018.

© Joachim Bertrand.

5Ce style en fait déjà un ensemble notable. Mais c’est sa complétude et l’importance numérique de ses pièces qui en font un ensemble mobilier remarquable. C’est pourquoi, constatant l’état d’usure des étoffes des garnitures, le département des Archives, de la Documentation et du Patrimoine du ministère de la Justice a entrepris en 2018 une restauration ambitieuse pour redonner à ces sièges leur éclat. Établi en coordination avec la direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France, le programme de restauration devait concilier les exigences déontologiques patrimoniales et la vocation d’usage de ces sièges qui participent toujours du rôle de représentation qu’assument les hôtels ministériels. Nous y reviendrons.

6Mais avant cela, il faut revenir sur les mystères qui émaillent l’histoire de cet ensemble mobilier : quand a-t-il été acquis par le ministère de la Justice ? Quel en est l’auteur ? Autant de questions sans réponse simple, sur lesquelles nous nous attarderons néanmoins en premier lieu.

Histoire de l’ensemble

Vie au sein de l’hôtel de Bourvallais

  • 3 PAU Clémence, L'hôtel de Bourvallais, 300 ans de justice place Vendôme, Paris, ministère de la Just (...)
  • 4 SERRUR Henry Auguste Calixte César (1794–1865), Portrait du comte de Peyronnet, collection privée, (...)

7Les conditions d’arrivée de cet ensemble à la Chancellerie ne sont pas connues. Les archives n’ont pas permis de déterminer s’il s’agissait d’une commande effectuée par la Chancellerie ou d’un achat de mobilier antérieur. On ignore également la date d’arrivée de cet ensemble à l’hôtel de Bourvallais. Les caractéristiques stylistiques permettent de dater ce mobilier de l’époque impériale comme du début de la Restauration. Il a pu être livré sous le long ministère du duc de Massa (1802-1813), qui réalisa d’important travaux dans l’hôtel, ou même sous celui du comte de Peyronnet (1821-1828) qui entreprit une importante campagne de renouvellement des décors de la Chancellerie3 [fig. 3]. Ainsi, on remarque sur un portrait de ce garde des sceaux passé sur le marché de l’art un mobilier à têtes de lion proche, bien qu’en bois doré, plus imposant et plus richement décoré4.

Figure 3

Figure 3

Charles-Ignace, comte de Peyronnet (1778-1854), ministre de la Justice (1821-1828), portrait conservé au British Museum.

Reproduction Delpech / British Museum.

  • 5 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, p. 72-74.
  • 6 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, p. 136.

8Un tel ensemble est en tous les cas parfaitement conforme aux commandes exécutées pour les hauts dignitaires du Premier Empire et de la Restauration. Durant ces deux régimes, des règlements établissaient une hiérarchie des matériaux et des compositions des ensembles mobiliers. L’ensemble du Salon rouge s’y inscrit pleinement5. Il est ainsi en acajou avec bronzes dorés [fig. 4], soit le deuxième matériau par ordre de prestige après le bois doré. L’ensemble comporte enfin un nombre important de fauteuils et canapés, comme dans les ensembles commandés pour les princes de second rang de la Cour napoléonienne et pour les grands officiers de la Couronne de la Restauration6. Ce dernier point pourrait accréditer l’idée d’une arrivée de l’ensemble au ministère de la Justice sous la Restauration, l’hôtel de Bourvallais n’accueillant pas de personnage de rang princier sous le Premier Empire.

Figure 4

Figure 4

Détail de l'accotoir d'un canapé, avec bronze doré, ministère de la justice, août 2017.

© Joachim Bertrand.

  • 7 Archives nationales (ci-après AN), BB30, dossiers 517, 522.

9Les fonds de la série BB (ministère de la Justice) des Archives nationales contiennent de nombreux articles concernant la gestion matérielle du ministère durant la période révolutionnaire, le Directoire, l’Empire et la Restauration, avant que la documentation ne s’amenuise pour la monarchie de Juillet et le Second Empire. Les archives montrent qu’à la fin des années 1820, ce sont les tapissiers Darrac et Charre, installés rue de Cléry et rue Neuve Saint-Eustache, no 5, qui s’occupent du mobilier de l’hôtel de Bourvallais, pourvoyant autant à l’entretien des tapis, tentures et rideaux qu’à la garniture des sièges et même à la fourniture de mobilier pour répondre à des besoins ponctuels sans passer par le Garde-Meuble royal7. Malheureusement, aucun des ensembles commandés alors ne correspond à celui qui nous intéresse.

  • 8 Archives de Paris, DQ12/57.
  • 9 Le terme « sopha » ou « sofa » est attesté à la fin du xviiisiècle pour désigner un « canapé à jo (...)
  • 10 Il est précisé pour les fauteuils qu’ils sont « bordés en galons de soie ».

10Il est néanmoins très clairement reconnaissable dès le premier état de l’inventaire du mobilier de l’hôtel de la Chancellerie tenu entre 1829 et 18408. Ce dernier mentionne justement « deux grands canapés en acajou avec leur carreau avec deux coussins garnis en soie verte à dessins brochés avec leurs housses en toile de coton verte, bois sculpté et ornements en cuivre doré ». Malgré l’absence de mention des têtes de lion, ce sont les seuls à être décrits comme en « bois sculpté » avec des « ornements en cuivre doré ». Or ils sont accompagnés de deux « sophas9 assortis aux deux canapés précédens, chacun avec leurs deux coussins et leur housse », ainsi que de deux bergères, dix fauteuils meublants, six courants et douze chaises, tous avec la même description (bois sculpté et ornements en cuivre doré) et la même garniture10 que les grands canapés. À une chaise près perdue depuis, on est donc bien en présence d’un ensemble unique ayant exactement la même composition que l’ensemble actuel.

11Dès cette époque, il se détache du reste du mobilier du ministère : c’est le seul ensemble en acajou avec « cuivres dorés » comportant des grands canapés, ainsi qu’une répartition dix / six des fauteuils meublants et courants et un nombre aussi élevé de chaises. Seul indice d’une date de fabrication, les douze chaises sont les seules de l’inventaire de 1829 à être dites « en très bon état », ce qui pourrait trahir leur fabrication très récente.

12On peut souligner que cet ensemble n’est jamais désigné comme présentant des têtes de lion. Curieusement, la seule mention de sculptures de ce type concerne « six [autres] fauteuils en acajou, à dos renversé, bras sculptés et terminés par une tête de lion, couvertes en maroquin rouge en bon état », auxquels sont coordonnés quatre fauteuils assortis à dos droit. Aujourd’hui, le ministère de la Justice conserve deux fauteuils de ce type à dos renversé et protomés de lion, qui présentent une garniture dépareillée par rapport à l’ensemble mobilier du Salon rouge.

  • 11 Archives de Paris, DQ12/86.

13Dans l’inventaire de la période suivante (1841-185611), organisé non plus par typologie de meubles mais par pièce, on retrouve l’ensemble du Salon rouge actuel : il meuble le « salon vert » donnant sur jardin qui correspond à l’actuel salon des Oiseaux. Le changement de couleur de la garniture daterait de 1846 puisqu’il est indiqué que « ce meuble a été recouvert en damas de soie de Lyon cramoisi en 1846 ». Les rideaux et la tenture d’appartement verts du salon sont eux remisés au magasin. On trouve alors dans le salon :

  • Deux grands canapés en acajou, avec rosaces en cuivre doré, pieds terminés en pattes de lion, couverts en étoffe en soie [ajout d’une autre main :] cramoisi à dessins et bordures brochées avec leurs deux coussins et leur housse en toile de coton verte ;

  • Deux petits canapés assortis aux précédents et de même nature, avec leurs coussins et leur housse ;

  • Deux bergères idem ;

  • Dix fauteuils idem ;

  • Six fauteuils couverts idem.

  • Douze chaises en acajou assorties aux canapés.

14D’autres meubles à têtes de lion, clairement désignés comme tels, sont signalés dans cet inventaire : on retrouve les six fauteuils à dos renversé et les quatre fauteuils à dos droit déjà signalés, auxquels sont coordonnées neuf chaises, le tout en basane rouge, ainsi qu’un fauteuil de bureau à têtes de lion également, présent dans la bibliothèque.

  • 12 Archives du ministère de la Justice, 1970 MJ 1.
  • 13 Indice d’un possible éclatement de l’ensemble, une main ultérieure a corrigé la mention « idem » po (...)

15Par la suite, la cohérence de l’ensemble n’est pas conservée et le mobilier dit « du salon rouge » se trouve réparti entre différentes pièces de l’hôtel de la Chancellerie. Dans l’inventaire tenu entre 1857 et 1875, on retrouve dans le salon d’angle du 1er étage donnant sur le jardin, premier salon dans l’ordre protocolaire de l’appartement donnant sur jardin, attenant au second salon ou « salon vert » où l’ensemble se trouvait avant 1856 : « Six fauteuils en acajou avec rosaces en cuivre doré, couverts en damas de soie », avec « douze chaises », « deux bergères » et « deux canapés » du même type12. On trouve aussi mention de « deux grands canapés recouverts de soie cramoisie » dans la bibliothèque du rez-de-chaussée, l’actuel bureau du ministre ainsi que de « dix fauteuils » du même type13. On note que les occupants de l’hôtel ne souhaitent plus associer dans une même pièce fauteuils meublants et fauteuils courants. La répartition montre que les deux sous-ensembles sont encore identifiés mais l’étiquette de cour ne semble plus justifier de les avoir à l’intérieur d’un même salon comme c’était le cas sous la Restauration. Les annotations ultérieures permettent de savoir que trois des quatre canapés sont ensuite placés au premier étage, dans les petits salons situés aux extrémités de la salle à manger d’honneur (appelée aujourd’hui « galerie Peyronnet »).

  • 14 Archives de Paris, DQ12/58.
  • 15 Archives du ministère de la Justice, 1970 MJ 1.
  • 16 Archives du ministère de la Justice, 1970 MJ 1

16L’ensemble reste ensuite éclaté, au point qu’on n’arrive plus à localiser l’ensemble complet. Dans l’inventaire tenu entre 1877 et 189614 ainsi que dans celui couvrant la période suivante (1897-192715) et enfin dans celui de 192816, les grands canapés de l’ensemble sont toujours placés dans les salons d’extrémité de la galerie Peyronnet. Dans le salon d’angle du premier étage de l’hôtel se trouvent « six fauteuils en acajou avec rosaces en cuivre doré couverts de damas de soie, quatre chaises idem, deux bergères idem et deux canapés idem (petits) ». On n’arrive pas à identifier les autres sièges. Il est intéressant de noter qu’à cette époque, le grand salon Empire donnant sur la place Vendôme, dont les rideaux sont en brocatelle cramoisie, est meublé avec des fauteuils et des chaises garnies de la même brocatelle, qui ne sont pas ceux à têtes de lion, ainsi qu’avec une partie d’un ensemble noir et or toujours en possession du ministère de la Justice, garni à l’époque de la même brocatelle cramoisie.

  • 17 Archives du ministère de la Justice, 969 MJ 4.

17Deux inventaires à fiche permettent d’en savoir plus sur le destin de cet ensemble au cours du xxsiècle17. Les dates d’événements mentionnées (affectation, restauration, retour au Mobilier national…) s’étalent entre les années 1950 et 1980. On note l’apparition dans un des deux fichiers de la dénomination « ensemble retour d’Égypte » alors que le vocabulaire décoratif de ces sièges est certes néoclassique mais ne comporte aucun élément d’inspiration égyptienne. On retrouve alors inventorié, non l’ensemble complet que nous connaissons aujourd’hui mais uniquement les éléments qui étaient déjà identifiés dans les inventaires de la période 1877-1928. Il manque donc toujours dix fauteuils et huit chaises. Les fiches cartonnées témoignent d’une opération d’entretien et d’un regarnissage des fauteuils en 1955-1956. Il est dit que les sièges étaient de soie rouge et recouverts à neuf d’un « lampas tout soie Malmaison ». Malheureusement, leur affectation n’est pas précise (« un salon » de l’hôtel).

18Les illustrations de l’article de Bruno Pons paru en 1991 dans la revue Monuments historiques18 ainsi que les photographies prises à l’occasion du classement de l’ensemble19 attestent de l’avant-dernier état des sièges avant la restauration actuelle : un lampas de soie cramoisie portant un trophée or sur un semé or20. C’est également la première fois que l’ensemble décore le grand salon Empire donnant sur la place Vendôme, dont les tentures sont à présent du même semé que les sièges. L’origine de la dénomination actuelle courante d’« ensemble du Salon rouge » n’est pas attestée auparavant. Était-ce l’état résultant du regarnissage de 1955-1956 ? C’est une hypothèse qui ne peut être confirmée de façon certaine.

  • 21 Ces différents courriers sont conservés à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, dossie (...)

19Enfin, les archives de l’Administration des Monuments historiques permettent de dater la précédente et dernière restauration. Elle est évoquée pour la première fois dans un courrier du ministère de la Justice au ministère de la Culture du 11 mars 1988 dans lequel il est dit qu’un plan pluriannuel de restauration de l’hôtel de Bourvallais a été lancé en 1986. Celui-ci a déjà débouché sur la restauration de la galerie Peyronnet en 1987 et doit se poursuivre par la restauration du « grand salon » du premier étage qui abrite un « mobilier en acajou, signé Bellangé, constitué de 33 pièces ». En annexe d’un courrier du 28 mars 1990 échangé entre les services du ministère de la Culture, un résumé du chiffrage de l’opération permet de savoir qu’il est prévu que les bois de l’ensemble seront restaurés par l’atelier de Michel Jamet, que le tissu sera fourni par la maison Tassinari et Chatel et que le tapissier sera Michel Abelin21.

20Le résultat de cette restauration, qui a dû intervenir au tout début des années 1990 mais dont on ne connaît pas la date exacte de réalisation, est le dernier état de l’ensemble avant le projet entrepris aujourd’hui. On note que le tissu choisi, un damas cramoisi à motifs végétaux et de papillons de nuit, n’est pas identique au précédent.

Origine et attributions possibles

  • 22 Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, dossier 75-007 sur le mobilier classé, sous-dossier (...)
  • 23 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, PAB 107.

21La commission supérieure des Monuments historiques réunie le 15 février 1988 pour examiner le classement de l’ensemble mobilier du Salon rouge indique que celui-ci est estampillé « Bellanger » (sic) et que ces pièces se rapprochent de celles du château des Beauvau-Craon22 à Haroué (Meurthe-et-Moselle). Cependant, malgré l’étude préalable menée en 2017 et les premières restaurations, il a été impossible de trouver la moindre estampille. On peut supposer que les membres de la commission supérieure des Monuments historiques ont fondé leur décision sur l’ensemble mobilier qui meuble toujours la salle de billard du château de Craon [fig. 5] et qui est estampillé Pierre-Antoine Bellangé23. Composé de quatre canapés, de six fauteuils et de dix chaises, il est en effet le seul de l’ancienne collection de la comtesse du Cayla à présenter des protomés de lion.

Figure 5

Figure 5

Salle de billard du château de Craon (Haroué), s.d., photographie conservée à la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, ministère de la Culture (France).

© Henri Heuzé / reproduction RMN-GP.

  • 24 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, p. 36-37.
  • 25 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, PAB 47, 69, 101, 102, 10 (...)
  • 26 THE METROPOLITAN MUSEUM OF ART, Recueil Bellangé, New York, The Elisha Whittelsey Collection, The E (...)
  • 27 CORDIER Sylvain, « The Bellangé Album and New Discoveries in French Nineteenth-Century Decorative A (...)
  • 28 CORDIER Sylvain, « The Bellangé Album and New Discoveries in French Nineteenth-Century Decorative A (...)

22Au regard d’autres productions, l’attribution à la famille Bellangé, plus particulièrement à la branche de Pierre-Antoine Bellangé (1757-1827) et de son fils Louis-Alexandre (1796-1861), serait envisageable. Maître menuisier en 1788, nommé fournisseur breveté de la Couronne en 1817, Pierre-Antoine s’associe à son fils à partir de 1820. On sait également que ces ébénistes travaillaient en collaboration avec Darrac et Charre, tapissiers du roi, fournisseurs de la Chancellerie sous la Restauration. Ainsi, en 1827, ces tapissiers achètent des meubles issus de la succession de Pierre-Antoine Bellangé24. On trouve dans leur production plusieurs exemples de mobilier à protomés de lion ou pieds griffus25. Un dessin signé « Bellangé à Paris » conservé au Metropolitan Museum of Art (New York) montre un modèle de siège à protomés de lion assez proche de notre fauteuil26. Ces références montrent une grande proximité stylistique avec les dessins du Recueil de décorations intérieures de C. Percier et P.-F.-L. Fontaine de 181227. Mais il faut justement noter les différences de ces modèles avec le style de l’ensemble du ministère de la Justice : conformément aux motifs de Percier et Fontaine, chez Pierre-Antoine et Louis-Alexandre Bellangé, les lions ont plutôt la gueule ouverte et leur tête, parfois ailée comme au château de Craon, est appuyée sur un pied massif, prolongé par un motif végétal qui fait comme une corolle dont point la tête de lion. Le mobilier du Salon rouge présente une plus grande sobriété stylistique. On ne retrouve pas non plus les éléments stylistiques personnels définis par Sylvain Cordier dans son étude, comme les doubles croches affrontées28.

  • 29 Sotheby’s, vente Robert de Balkany, 20 septembre 2016.
  • 30 On signalera aussi au même endroit, sur l’un de ces deux fauteuils, une autre inscription manuscrit (...)
  • 31 Rémy Le Fur, vente de mobilier et objets d’art, céramique, 25 mars 2014, lot no 144.
  • 32 Sotheby’s, vente d’important mobilier, sculptures, objets d’art et tableaux, 27 avril 2017, lot no  (...)

23François-Honoré-Georges Jacob (1771-1841) dit Jacob-Desmalter est une autre attribution possible. Fils de Georges Jacob (1739-1814) – le menuisier de Marie-Antoinette – avec qui il s’associe en 1803, Jacob-Desmalter est l’un des artisans les plus réputés de cette première moitié du xixsiècle. Plusieurs indices laissent penser qu’il pourrait être l’auteur de ce mobilier, de manière même plus probable que les Bellangé. Un modèle de fauteuil et de bergère extrêmement proche, qui en diffère uniquement par la partie supérieure du dossier, estampillé « Jacob-Desmalter, rue Meslée », est passé récemment en vente29. Certains détails stylistiques sont absolument identiques à l’ensemble du ministère de la Justice : double moulure simple soulignant la ceinture, finesse des accotoirs et des pattes de lion, éléments décoratifs de la jonction entre les accotoirs et le dossier ou encore rainures sur les pieds avant rappelant l’aspect naturel d’une patte animale. Quelques sièges de l’ensemble présentent d’ailleurs la même inscription manuscrite, « Bichut » (peut-être une marque de tapissier), que le revers d’une traverse de la ceinture de deux fauteuils du ministère30. Un modèle exactement identique au précédent, lui aussi estampillé, est passé en vente chez le commissaire-priseur Rémy Le Fur le 25 mars 201431. Un autre modèle proche, quoique différant par certains détails, lui aussi estampillé Jacob-Desmalter, a été vendu par Sotheby’s le 27 avril 201732. Enfin, les ceintures intérieures des sièges du ministère sont creusées de manière concave (« chanfreinées »), détail technique particulier que l’on retrouve fréquemment sur les productions estampillées Jacob-Desmalter.

  • 33 Le salon des Oiseaux, qui accueillait l’ensemble aux têtes de lion, est aujourd’hui plus utilisé co (...)

24Après avoir parcouru l’histoire de l’ensemble mobilier aux têtes de lion du ministère de la Justice, on constate à quel point ce mobilier est resté actuel pendant plus de deux siècles. Mobilier de prestige dédié à un des salons d’apparat sous la Restauration, il a été mis en retrait pendant soixante ans dans un salon moins en vue, en partie dispersé dans différentes pièces de l’hôtel de Bourvallais. À une date inconnue du xxe siècle, peut-être après la Seconde Guerre mondiale ou lors de son regarnissage en 1955-1956, l’ensemble a été remis en valeur pour la pièce qui est encore le principal salon d’apparat du ministère33, le salon Empire donnant sur la place Vendôme. S’il était impératif d’inscrire l’opération d’aujourd’hui dans les méthodes et les principes de la restauration patrimoniale, il était tout aussi nécessaire de tenir compte de l’usage encore actuel de cet ensemble mobilier.

Restauration

25Avec sa garniture élimée en de multiples endroits, le mobilier du Salon rouge du ministère de la Justice nécessitait, à la fin des années 2010, une restauration fondamentale, tant au niveau du textile, très abimé, que de la structure des bois. S’appuyant sur une importante étude préalable et un constat d’état détaillé de chaque siège réalisés en mars 2017, le ministère s’est engagé dans une restauration ambitieuse pilotée par le département des Archives, de la Documentation et du Patrimoine qui a pu commencer à l’été 2018 avec le choix, à l’issue d’un appel d’offre, de Carolina Hall, restauratrice de mobilier, diplômée de l’université de Paris I, pour la restauration des bois, et de Xavier Bonnet, tapissier, compagnon du Devoir, pour la réfection des garnitures. Le décès de ce dernier, le 13 octobre 2018, a interrompu les travaux. À l’issue des procédures complexes consécutives à cet événement dramatique et après un second appel d’offre, la réfection des garnitures a pu être attribuée à Amandine Cambet, tapissière, compagnon du Devoir, à l’été 2019, permettant la reprise des travaux. Même si cette restauration est toujours en cours et doit se clore en 2022, quatre chaises et deux fauteuils restaurés ont déjà été livrés [fig. 6].

Figure 6

Figure 6

Chaises du Salon rouge, après restauration, ministère de la Justice, octobre 2019.

© Joachim Bertrand.

Restauration des bois

26Pour les bois, le choix s’est orienté vers une restauration patrimoniale respectueuse de la patine historique de cet ensemble. Tous les sièges montrent des signes de réparations et de restaurations antérieures, ce qui donne un aspect hétérogène à la surface. Des altérations structurelles mettent en péril la bonne conservation des sièges. On constate également des fragilisations des feuillures, suite à la pose des garnitures successives. Les altérations ont été traitées de manière à les stabiliser en tenant compte de leur valeur d’usage, de leur valeur historique et de leur valeur esthétique. À l’exception des nettoyages, toutes les interventions ont cherché à conserver les traces du vécu de ce mobilier.

27Il était important de réaliser un traitement de toutes les surfaces pour en harmoniser l’aspect, améliorer l’esthétique d’ensemble et garantir la conservation des matériaux. Le choix des produits à utiliser lors de cette restauration devait garantir sa réversibilité. L’observation du vernis a été approfondie sous lumière UV et à l’aide d’une caméra grossissante (x 800). Cela a permis de distinguer différents matériaux en surface (vernis type gomme-laque, restes de cire encaustique, restes de colle protéinique…) et de déterminer les techniques de nettoyage. Outre les manques partiels de vernis, une altération très visible était celle des « chancis ». L’observation sous grossissement a permis de comprendre que ces zones blanchies sont des zones de micro-craquelures du vernis ou d’un manque de cohésion entre le vernis et le support.

28Afin de pouvoir préserver au mieux ce vernis tout en retirant l’encrassement visible, des tests de solubilité ont été réalisés. Ils ont démontré que le vernis présentait une grande solubilité à l’eau. Cela n’est normalement pas le cas des vernis gomme-laque sauf s’ils sont chimiquement très dégradés ou s’ils sont utilisés en mélange. En effet, au xxe siècle, de nombreux mélanges de vernis ont été employés, notamment des mélanges gomme-laque et vernis cellulosique, sensibles à l’eau. Un tel mélange pourrait expliquer ce domaine de solubilité, surprenant suite aux observations préalables. Les gels ou solutions aqueuses nécessitant un rinçage à l’eau ont donc été exclus, de même que l’éthanol, solvant de la gomme-laque et l’acétone, trop fort. C’est donc un solvant moins polaire, le white spirit, qui a été retenu. Il a l’avantage d’être le solvant de la cire, permettant de retirer les nombreux résidus encrassés au-dessus de la couche de vernis.

29Il n’y a a priori qu’un seul type de vernis présent sur les sièges, dont la couche ne semble pas très épaisse. La fluorescence indique la présence de gomme-laque, mais la sensibilité à l’eau témoigne d’une autre résine dans le vernis. Il est à noter que certaines greffes de placage, visiblement postérieures à la création des sièges, se trouvent sous la couche de vernis. L’ensemble de ces observations tendent à montrer que ce vernis n’est pas l’original. Les sièges ont peut-être été décapés puis revernis, ce qui serait cohérent avec l’état de dégradation de certaines parties et l’aspect global du vernis.

30Les zones de chanci ont été récupérées par l’application ponctuelle de solvants, afin de dissoudre la résine et la régénérer sans application d’un liant supplémentaire. Sur les zones lacunaires de vernis, des cires teintées ont été appliquées pour homogénéiser l’aspect des surfaces, leur redonner de la brillance tout en ajoutant un matériau se trouvant dans une zone de solubilité différente de celle du vernis et en assurant le principe de réversibilité.

Restauration des garnitures

31Le choix de la restauration des garnitures était plus complexe et nécessitait un compromis entre conservation muséale et vie d’un patrimoine toujours en usage.

32La garniture existante était parfois très élimée et ne possédait aucun caractère historique, que ce soit dans sa pose (le garnissage des dossiers n’était pas conforme au style en vigueur au xixe siècle) ou dans son motif (on a vu plus haut les nombreux changements d’étoffe). Au demeurant, il était impératif de disposer d’un résultat final conforme à l’usage de représentation de l’hôtel de Bourvallais. Il a donc été décidé de refaire les garnitures et de changer le tissu. Cependant, étant donné l’importance de ce mobilier, classé au titre des monuments historiques, qui reste le principal ensemble de prestige de l’hôtel de la Chancellerie, le souhait était de réaliser une réfection exigeante, utilisant des matériaux et des méthodes aussi proches que possible des techniques anciennes.

33Le dessin de Bellangé conservé au Metropolitan Museum of Art a servi de référence pour le garnissage : une garniture à carreau, un bombé significatif du plateau, un câblé cousu sur carre et un galon sur les feuillures. L’épaisseur des garnitures, les dimensions des coussins, ont été reprises des mémoires de travaux de Darrac et Charre pour d’autres ensembles de la Chancellerie qui avaient été trouvés aux Archives nationales.

34L’étoffe et les passementeries (câblé, galons et cartisanes) devaient être réalisées en soie naturelle. Mais quelle couleur et quel motif choisir ? La déontologie de la restauration exige de retrouver le dernier état cohérent. Mais dans ce cas, cette cohérence s’apprécie au regard du salon de destination qui n’a cessé de changer : à son apparition dans les sources en 1829, l’ensemble aux têtes de lion était couvert d’une soierie brochée verte coordonnée avec un salon de la même couleur, qui a été vraisemblablement réaménagé au Second Empire en blanc et or. Entretemps, dès 1846, l’ensemble a été recouvert d’une soierie cramoisie, avant qu’il ne soit dispersé dans d’autres pièces. Quand se clôt le dernier inventaire complet du mobilier de la Chancellerie en 1928, l’ensemble mobilier est toujours cramoisi, mais il n’a pas rejoint le Salon rouge. Sans qu’on puisse en dater l’apparition, on constate que l’ensemble est coordonné aux tentures du Salon rouge au début des années 1980 et cet état est significatif de l’usage du Salon rouge comme salon principal d’apparat. Revenir à la couleur verte n’aurait pas grand sens puisque le Salon vert coordonné n’est plus dans son état de la Restauration. Par ailleurs, remettre en cause la coordination des tentures du Salon Empire avec de l’étoffe des sièges à têtes de lion revenait à nier l’usage actuel du salon comme pièce d’apparat et la vocation première de ce mobilier, conçu dès son origine comme un mobilier de prestige et de représentation. Enfin, les deux descriptions des soieries utilisées au xixsiècle, tant verte que cramoisie, mentionnaient des dessins brochés. Par conséquent, en accord avec la DRAC d’Île-de-France et l’architecte en chef des monuments historiques (ACMH), il a été décidé de revenir à un lampas de soie cramoisie avec des motifs dorés, comme cela était le cas dans la seconde moitié du xxsiècle, avant la restauration des années 1990.

  • 34 COURAL Jean, Paris, Mobilier national. Soieries Empire, Paris, Éditions de la Réunion des musées na (...)

35À défaut d’en savoir plus sur les motifs exacts utilisés au xixsiècle pour cet ensemble, l’objectif était de reprendre une étoffe documentée dans les collections datant du Premier Empire ou de la Restauration. Avec le conseil précieux de Xavier Bonnet, un nouveau textile a ainsi été sélectionné auprès de la manufacture lyonnaise Prelle, repris d’un modèle conservé au Mobilier national [fig. 734]. Il s’agit d’un lampas cramoisi (couleur choisie dans une variation typique du xixsiècle) et or composé, pour le dossier, d’un motif de fritillaire impériale – sorte de fleur à clochettes – entourée d’une couronne de lauriers, et pour l’assise, d’un motif de palmettes rayonnantes, toujours au centre d’une couronne de lauriers. Les dos sont couverts d’une faille cramoisie unie de la maison Veraseta. Les passementeries ont été réalisées par la maison Declercq, suivant les techniques du xviiie siècle.

Figure 7

Figure 7

Tissage manuel de la bordure par la manufacture Prelle, ministère de la Justice, novembre 2018.

© Joachim Bertrand.

36La garniture, actuellement en cours de réalisation par Amandine Cambet, est effectuée à la manière du début du xixsiècle, en accord avec le modèle du dessin de Bellangé. Le dos et l’assise des fauteuils sont garnis en crin à épaisseur et piqués fin, avec un bombé significatif sur le plateau. Leurs plates-bandes sont couvertes à l’aide de bordures avec un câblé cousu sur la carre. Leurs bras sont piqués en demi-cercle sur le devant et le derrière. Ils sont agrémentés de petites bordures et de câblés à ces mêmes endroits. Les chaises sont garnies et couvertes de manière analogue aux fauteuils, les garnitures étant toutefois légèrement moins épaisses. Le dossier et les bras des bergères sont garnis et couverts de manière analogue aux fauteuils, le dossier étant légèrement plus épais. Les joues sont simplement tendues d’une toile (sans garniture de crin ou autre) et couvertes du lampas liseré fond cramoisi. Le bourrelet de plateforme est piqué fin et couvert de petite bordure en façade. La plateforme est couverte de la faille unie coordonnée au lampas. Le carreau est garni de demi-duvet. La plate-bande de la bergère est couverte de grande bordure en façade. Le câblé est cousu tout autour du plateau supérieur et en façade uniquement sur le plateau inférieur. Les canapés, enfin, sont garnis de manière analogue aux bergères, à l’exception du dossier, qui est proportionnellement plus épais, et du matelas, qui est réalisé en crin piqué avec une couche superficielle en laine. Deux coussins terminent la décoration de chaque canapé, avec des cartisanes aux quatre coins.

Conclusion

37À l’issue de cette étude, des lacunes demeurent toujours dans notre connaissance de l’ensemble mobilier aux têtes de lion du ministère de la Justice : les conditions de commande et d’arrivée à l’hôtel de Bourvallais ne sont pas certaines, comme l’identité de l’auteur. Mais les informations collectées dans les archives attestent de l’importance de cet ensemble de premier ordre, dès la fin des années 1820. Il ne s’agit pas d’un mobilier quelconque mais de l’ensemble d’apparat principal de l’hôtel de la Chancellerie. Après une période de relatif oubli sous la Troisième République, le mobilier aux têtes de lion retrouve sa vocation initiale de représentation de prestige dans un nouvel écrin, le salon Empire ou Salon rouge, qui reprend la fonction de salon d’apparat de l’hôtel de Bourvallais.

38La valeur d’usage de ce patrimoine nécessitait de tenir compte de ces évolutions dans le choix de l’étoffe de garnissage. Par l’excellence des matériaux utilisés et la compétence des restaurateurs qualifiés qui travaillent à ce projet, l’ensemble mobilier aux têtes de lion va continuer à contribuer à la fonction de représentation qui est celle du patrimoine national déposé dans les hôtels ministériels.

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Notes

1 Arrêté du 23 juin 1988, Palissy PM75000421 à 427. Voir https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM75000421 [lien valide en mai 2022].

2 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes. Une Histoire du goût au xixsiècle, Paris, Mare & Martin, 2012, p. 74 et p. 136.

3 PAU Clémence, L'hôtel de Bourvallais, 300 ans de justice place Vendôme, Paris, ministère de la Justice, 2019. Voir aussi : PAU Clémence, « L’hôtel de Bourvallais, place Vendôme : symbole patrimonial du ministère de la Justice », In Situ. Revue des patrimoines, 2022, n° 46, [En ligne] https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/33807 [lien valide en mai 2022].

4 SERRUR Henry Auguste Calixte César (1794–1865), Portrait du comte de Peyronnet, collection privée, œuvre vendue par Sotheby’s, New York, le 12 février 1997.

5 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, p. 72-74.

6 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, p. 136.

7 Archives nationales (ci-après AN), BB30, dossiers 517, 522.

8 Archives de Paris, DQ12/57.

9 Le terme « sopha » ou « sofa » est attesté à la fin du xviiisiècle pour désigner un « canapé à joues », c’est-à-dire avec des accotoirs pleins comme le sont ceux des bergères. Ces canapés semblent d’un module plus petit. Voir à ce sujet REYNIÈS Nicole de, Le Mobilier domestique. Vocabulaire typologique, Paris, Éditions du patrimoine, 2003, tome 1, p. 148. Dans le cas de l’ensemble mobilier du Salon rouge, ce serait donc une façon de désigner les petits canapés à joues de l’ensemble.

10 Il est précisé pour les fauteuils qu’ils sont « bordés en galons de soie ».

11 Archives de Paris, DQ12/86.

12 Archives du ministère de la Justice, 1970 MJ 1.

13 Indice d’un possible éclatement de l’ensemble, une main ultérieure a corrigé la mention « idem » pour indiquer que ces dix fauteuils sont « recouverts de maroquin vert, grain du Levant ». Lors du classement au titre des monuments historiques en 1988, on peut noter que deux fauteuils courants de l’ensemble ont une garniture en velours gaufré vert, ce qui pourrait attester du dépareillage de l’ensemble à une date antérieure. Voir Palissy, PM75000425, https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM75000425 [lien valide en mai 2022].

14 Archives de Paris, DQ12/58.

15 Archives du ministère de la Justice, 1970 MJ 1.

16 Archives du ministère de la Justice, 1970 MJ 1

17 Archives du ministère de la Justice, 969 MJ 4.

18 PONS Bruno, « Le ministère de la Justice (l’hôtel de la Chancellerie) », Monuments historiques, janvier-février 1991, n°172, p. 97-112.

19 Palissy, PM75000421 à 427, https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM75000421 [lien valide en mai 2022].

20 Comme vu supra, sauf pour deux sièges garnis en velours gaufré vert (voir Palissy, PM75000425).

21 Ces différents courriers sont conservés à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, dossier 75-007 sur le mobilier classé, sous-dossier sur la restauration.

22 Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, dossier 75-007 sur le mobilier classé, sous-dossier sur le classement.

23 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, PAB 107.

24 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, p. 36-37.

25 CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes, Une Histoire du goût au xixsiècle, PAB 47, 69, 101, 102, 107 et LAB 1, 2, 9 à 11.

26 THE METROPOLITAN MUSEUM OF ART, Recueil Bellangé, New York, The Elisha Whittelsey Collection, The Elisha Whittelsey Fund, 1951 (51.624.2), cité dans CORDIER Sylvain, Bellangé, ébénistes. Une Histoire du goût au xixsiècle, p. 40. Voir aussi CORDIER Sylvain, « The Bellangé Album and New Discoveries in French Nineteenth-Century Decorative Arts », Metropolitan Museum Journal, 2012, vol. 47, p. 119-147.

27 CORDIER Sylvain, « The Bellangé Album and New Discoveries in French Nineteenth-Century Decorative Arts », p. 191.

28 CORDIER Sylvain, « The Bellangé Album and New Discoveries in French Nineteenth-Century Decorative Arts », p. 163.

29 Sotheby’s, vente Robert de Balkany, 20 septembre 2016.

30 On signalera aussi au même endroit, sur l’un de ces deux fauteuils, une autre inscription manuscrite, « Georges ». Le prénom évoque la dynastie des Jacob mais cet indice reste tout de même très hasardeux !

31 Rémy Le Fur, vente de mobilier et objets d’art, céramique, 25 mars 2014, lot no 144.

32 Sotheby’s, vente d’important mobilier, sculptures, objets d’art et tableaux, 27 avril 2017, lot no 268.

33 Le salon des Oiseaux, qui accueillait l’ensemble aux têtes de lion, est aujourd’hui plus utilisé comme salle de réunion et de conférences que comme salon d’apparat (c’est-à-dire dédié aux réceptions d’hôtes de marque et aux repas officiels).

34 COURAL Jean, Paris, Mobilier national. Soieries Empire, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1980, p. 251-252, n° 76, avec une variation sur le motif du dossier déjà réalisé par la manufacture Prelle pour d’autres projets.

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Table des illustrations

Titre Figure 1
Légende Salon rouge ou salon Empire de l'hôtel de Bourvallais, siège du ministère de la Justice, 13 place Vendôme, Paris (1er arrondissement) : état avant restauration, juillet 2018.
Crédits © Joachim Bertrand.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/35689/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 601k
Titre Figure 2
Légende Détail d'un protomé de lion, avec un papillon, ministère de la Justice, juillet 2018.
Crédits © Joachim Bertrand.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/35689/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 253k
Titre Figure 3
Légende Charles-Ignace, comte de Peyronnet (1778-1854), ministre de la Justice (1821-1828), portrait conservé au British Museum.
Crédits Reproduction Delpech / British Museum.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/35689/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 436k
Titre Figure 4
Légende Détail de l'accotoir d'un canapé, avec bronze doré, ministère de la justice, août 2017.
Crédits © Joachim Bertrand.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/35689/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 713k
Titre Figure 5
Légende Salle de billard du château de Craon (Haroué), s.d., photographie conservée à la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, ministère de la Culture (France).
Crédits © Henri Heuzé / reproduction RMN-GP.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/35689/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 562k
Titre Figure 6
Légende Chaises du Salon rouge, après restauration, ministère de la Justice, octobre 2019.
Crédits © Joachim Bertrand.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/35689/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 506k
Titre Figure 7
Légende Tissage manuel de la bordure par la manufacture Prelle, ministère de la Justice, novembre 2018.
Crédits © Joachim Bertrand.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/35689/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 278k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Amandine Cambet, Thomas Deshayes, Carolina Hall et Antoine Meissonnier, « La Restauration des sièges du Salon rouge de l’hôtel de la Chancellerie entre usages contemporains et patrimoine »In Situ [En ligne], 48 | 2022, mis en ligne le 23 août 2022, consulté le 16 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/35689 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/insitu.35689

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Auteurs

Amandine Cambet

tapissière

Thomas Deshayes

chef de la mission du Patrimoine mobilier (ministère de la Justice, secrétariat général)

thomas.deshayes@justice.gouv.fr

Articles du même auteur

Carolina Hall

restauratrice-conservatrice des Biens culturels, spécialité mobilier

Antoine Meissonnier

conservateur du patrimoine, chef du département des Archives, de la Documentation et du Patrimoine (ministère de la Justice, secrétariat général)

Antoine.Meissonnier@justice.gouv.fr

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Droits d’auteur

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