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Processus de patrimonialisation

La chambre de commerce de Beaune : un décor iconique de la Bourgogne viticole

The Beaune chamber of commerce, an emblematic décor of Burgundy wine-growing
Sophie Loppinet Méo

Résumés

Au xixsiècle, dans le contexte de revendication d’une filière d’excellence des vins de Bourgogne, la chambre de commerce de Beaune se devait de participer à l’Exposition universelle de 1889 pour rendre visible cette activité économique importante de la Bourgogne. Le décor original conçu à cette occasion sous forme d’un buffet présente les différents terroirs de la Bourgogne et leurs appellations. La carte en relief de la Côte des vins en est le fleuron. Ce meuble buffet est réadapté et enrichi dès la fin de l’Exposition pour constituer, de façon pérenne, le décor des nouveaux locaux de la chambre de commerce de Beaune : un décor total qui inclut non seulement les boiseries mais aussi les portes et fenêtres avec leur quincaillerie, les peintures murales, les vitraux, les luminaires et le mobilier. La chambre de commerce fait appel à son secrétaire-trésorier, Arthur Montoy, également administrateur des Hospices de Beaune mais surtout artiste de formation. La redécouverte du fonds de dessins de ce maître d’œuvre montre à quel point celui-ci s’est investi dans chaque élément de décor, aussi modeste soit-il. Demeuré intact, ce décor illustre de façon remarquable cette construction iconique de la Bourgogne viticole et de son terroir. Il revendique déjà ce qui constituera cent ans plus tard l’argumentation de la candidature à l’Unesco des « climats de Bourgogne ».

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Texte intégral

Contexte économique

1À la fin du xixsiècle, dans le contexte général de développement économique mais aussi de défense du commerce du vin, en pleine crise du phylloxéra, la Côte viticole bourguignonne revendique sa spécificité d’une région attachée à une culture traditionnelle mais également ouverte aux innovations. Au sein de cette Côte des vins, la ville de Beaune a fondé son essor économique en grande partie sur le négoce du vin.

2Le xixe est un siècle charnière, transformant profondément le visage de la viticulture pour l’amener au tournant du xxsiècle vers celle que nous connaissons aujourd’hui.

  • 1 - Étude des vignobles de France, pour servir à l’enseignement mutuel de la viticulture et de la vin (...)

3C’est l’époque de toutes les réussites et de tous les dangers. Les progrès des voies de communication – et notamment du chemin de fer – permettent la constitution d’un marché national et facilitent la commercialisation des vins de Bourgogne auprès d’une population urbaine plus prospère. C’est également une période d’innovations techniques et scientifiques qui révolutionnent les méthodes de vinification : la chaptalisation en 1801, les découvertes de Louis Pasteur sur les micro-organismes en 1866 (levures, bactéries, etc.), le traité de Jules Guyot sur l’organisation du travail en 18681.

  • 2 - LAVALLE, Jean. Histoire et statistiques de la vigne et des grands vins de la Côte-d’Or avec le co (...)

4Les premiers classements pour les vins sont proposés selon leurs qualités et leurs parcelles d’origine (1827-1831) puis, en 1855, une hiérarchisation des appellations est proposée par Jean Lavalle2.

  • 3 - GIRARD, Maurice. Le Phylloxéra de la vigne, son organisation, ses mœurs [1874]. Paris : Hachette, (...)

5Mais parallèlement, les catastrophes biologiques se succèdent : l’oïdium en 1830 puis le mildiou et enfin le phylloxéra qui débarque en France vers 1864, provoquant une catastrophe nationale qui va ruiner des régions entières et entraîner une quasi-disparition de la vigne. En 1878, la Bourgogne est contaminée, en commençant par Meursault. En 1888, 13 000 ha de l’arrondissement de Beaune sont atteints. Une carte de 1882 montre les régions infestées3 (fig. 1).

Figure 1

Figure 1

Carte de l’extension du phylloxéra en France, en 1882, par Maurice Girard.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

6La reconstitution des vignobles se fait de 1880 à 1900, grâce à la greffe sur des plants américains. Mais c’est au prix d’une diminution des surfaces : de nombreux coteaux ne produisent plus de vin vers 1900, à la différence de la Côte qui maintient ses vignes. L’organisation du travail est modernisée. Les vignes sont maintenant alignées, autorisant la mécanisation. On passe alors très rapidement de la pénurie à la surproduction grâce à de meilleurs rendements

  • 4 - JACQUET, Olivier. Un siècle de construction du vignoble bourguignon : les organisations vitivinic (...)

7Dans le même temps, les vignerons, regroupés en syndicats viti-vinicoles vont façonner politiquement, économiquement, juridiquement et culturellement les terroirs de Bourgogne4.

Création de la chambre de commerce de Beaune

  • 5 - Une des salles de la chambre de commerce prendra son nom en hommage.

8Le scientifique Jean-Antoine Chaptal a particulièrement œuvré pour rétablir les chambres de commerce sur le territoire de la République, après la Révolution. Auteur d’ouvrages sur la vigne et le vin5, il a mis au point le procédé qui a pris le nom de « chaptalisation ».

9À l’origine, une seule chambre de commerce est créée en Côte-d’Or, celle de Dijon, en 1852. Elle couvre tout le département. Très vite, des tensions apparaissent entre Dijon et Beaune, qui ont des intérêts divergents.

  • 6 - MICHEL, Roger, secrétaire général de la CCI de Beaune. « La chambre de commerce et d’industrie de (...)

10En 1857, l’association commerciale viticole de l’arrondissement de Beaune est fondée, dans un contexte de vitalité économique, avec un vignoble encore en plein essor. Elle fait circuler une pétition demandant l’établissement d’une chambre de commerce à Beaune, au motif que la ville est le centre principal de production des grands vins de Bourgogne, ce qui justifie une chambre spécifique. Elle est soutenue par les villes de l’arrondissement. Sa création est actée par Napoléon III par décret impérial du 23 janvier 18646. Sa circonscription est l’arrondissement de Beaune.

11La première séance se tient le 13 juin 1864. Les neuf membres de cette chambre sont presque tous négociants en vins de grosses maisons : Antonin Bouchard, Antonin Bourgeois, Louis Lavirotte, Claude Champy et Claude Girod à Beaune, Léon Dubois à Chassagne et Félix Marey à Nuits-Saint-Georges qui en est le premier président (1864-1866). Lui succèdent Louis Lavirotte puis Antonin Bouchard, qui reste à la tête de la chambre de commerce de Beaune de 1869 à 1893. On peut également citer Arthur Montoy qui en est plus brièvement président, de 1903 à 1905.

  • 7 - Décret du 19 mars 2009 sur la fusion de la chambre de Beaune avec la chambre de Dijon pour former (...)

12En 2010, la chambre de commerce de Beaune fusionne avec celle de Dijon pour former de nouveau la chambre de commerce de Côte-d’Or7.

L’Exposition universelle de Paris de 1889

  • 8 - L’ouvrage suivant est signalé dans la base de données de la bibliothèque municipale de Dijon mais (...)

13En 1888, malgré un contexte économique morose, à cause des ravages du phylloxéra, la chambre de commerce de Beaune, avec le concours du syndicat du commerce en gros des vins et spiritueux de l’arrondissement de Beaune, décide de participer à l’Exposition universelle de Paris de 18898.

14C’est pour elle l’occasion de profiter d’une visibilité internationale, même si ce n’est pas la première fois qu’elle participe à un événement de cette ampleur (Porto en 1865, Paris en 1867…).

  • 9 - PV de séance de la chambre de commerce de Beaune du 19 novembre 1889, AMB, fonds CCI.

15Cette candidature n’est peut-être pas étrangère au fait que Sadi Carnot, député de Beaune, président du comité départemental de la Côte-d’Or, devenu président de la République en 1887, ait exprimé son désir de voir les crus de Bourgogne représentés au Champ de Mars « avec toute l’ampleur que comporte leur vieille réputation9».

  • 10 - L’Architecture à l’Exposition universelle de 1889 : principales constructions du Champ-de-Mars et (...)

16La majorité des exposants en vins est installée dans la classe 73, située dans le palais des Produits alimentaires, au sein des galeries du quai d’Orsay, entre le Champ de Mars et l’esplanade des Invalides10 (fig. 2).

Figure 2

Figure 2

Palais des produits alimentaires à l’Exposition de 1889. L’Architecture à l’Exposition universelle de 1889 (…). Archives du musée d’Orsay.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

  • 11 - Ministère du Commerce, de l’Industrie et des Colonies. PICARD, Alfred (dir.). Exposition universe (...)
  • 12 - M. Berger, directeur général de l’exploitation pour l’exposition universelle de 1889, qui souh (...)

17Le rapport du jury international de la classe 7311 fait le bilan de la participation viticole à l’Exposition : 6 000 exposants avec 25 000 échantillons (5 000 dans les classes 74 et 75). Le rapport souligne les circonstances particulières de cette participation, en pleine crise du phylloxéra, mais avec l’espoir que représente la greffe. Toutes les régions viticoles sont représentées. La Côte-d’Or, avec 242 exposants, figure en seconde place mais loin derrière la Gironde, avec 1 048 exposants12. Trois collectivités regroupent les exposants du département : le comité d’agriculture de Beaune et de Nuits, la chambre de commerce de Beaune, avec le concours du syndicat du commerce en gros des vins et spiritueux de la Côte-d’Or, et la chambre syndicale du commerce en gros de vins et spiritueux de la Côte-d’Or.

  • 13 - Département de la Côte-d’Or avec l’arrondissement de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et notamme (...)

18Le rapport du jury souligne la qualité des vins de la Haute Bourgogne13 « l’altissima Burgundia, suivant la fière inscription placée par la chambre de commerce de Beaune au-dessus de son exposition collective […] ». Le résultat de ces efforts est consacré par un grand prix décerné aux vignobles de Côte-d’Or, pour la qualité et la quantité des vins présentés, témoignant « d’une viticulture avancée et d’une vinification soignée. Celle-ci réunissait 711 espèces [échantillons], dont les principales étaient inscrites sur un meuble artistement sculpté dans le style du xvsiècle, d’après les boiseries du célèbre Hôtel-Dieu de Beaune […] ». Comme le précise le jury, la présentation bourguignonne ne se contente pas d’afficher des produits mais crée une mise en scène dans un cadre régionaliste avec une construction identitaire forte, censée symboliser les valeurs traditionnelles de la Bourgogne.

  • 14 - Procès-verbaux des séances de chambre de commerce de Beaune. AMB, fonds CCI.

19Les différentes sources d’archives nous aident à reconstituer le stand de la chambre de commerce de Beaune. Les procès-verbaux des séances de la chambre témoignent des démarches effectuées pour sa participation à l’Exposition. En janvier 1889, le bureau soumet un croquis de « meuble-dressoir dont la disposition architecturale permet de réserver une place pour les tableaux indicateurs »14. Le coût de sa fabrication est évalué à 6 000 F.

  • 15 - AMB, fonds Montoy (en cours de classement).

20La fonction du meuble, dont un plan sommaire est conservé dans les archives de la CCI15, est surtout de répartir la production des divers exposants. Chaque domaine ayant apporté sa contribution en nature (bouteilles) est noté dans des cases correspondant probablement à son emplacement physique sur le meuble (fig. 3). Le domaine des Hospices de Beaune figure en bonne place, au centre. Ce sont finalement 85 exposants qui sont représentés à Paris entre mai et novembre 1889.

Figure 3

Figure 3

Plan du meuble dressoir.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

  • 16 - Mémoires de travaux des différentes entreprises, 1889. AMB, fonds CCI.

21Le mémoire de travaux exécutés par l’entreprise Pasquinelly Bruley à Beaune pour le compte de la chambre de commerce, du 3 août 1889, décrit « un grand meuble dressoir contenant les vins en bouteille et placé dans les bâtiments de l’Exposition universelle à Paris, consacrés à la classe 73 (276 colis divers) ». Les documents comptables détaillent la mise en œuvre de ce décor16, et les artisans locaux ayant participé à sa réalisation : colonnettes, chapiteaux, par Maurice, menuisier ; fleurons, pinacles, frise, couronne ducale, exécutés par Bernard, sculpteur ; ferrures, crochets, anneaux, équerres, platines, clous par Thomas-Gerbeaux, serrurier. Deux artisans parisiens sont sollicités : Lenoir, menuisier ébéniste, pour le nettoyage et les retouches du meuble, et H. Motte, décorateur à Neuilly, pour des travaux de peinture décorative.

22Nous n’avons malheureusement pas retrouvé d’illustration de ce meuble. Si les publications sont nombreuses sur l’Exposition, elles privilégient souvent les Beaux-Arts et l’artisanat ainsi que les nouvelles découvertes scientifiques ou techniques, présentées dans le palais de l’Industrie. Les descriptions des galeries alimentaires sont plus sommaires, et se concentrent souvent sur quelques stands particulièrement spectaculaires comme celui de la Champagne. L’énorme tonneau de la société Mercier, acheminé à grand renfort de publicité depuis sa région d’origine, a fait l’objet de nombreux articles de presse17 (fig. 4).

Figure 4

Figure 4

Foudre Mercier.

© Collection Mercier, https://maisons-champagne.com.

23Les Archives nationales n’ont malheureusement pas conservé de dossiers concernant les stands de l’Exposition.

« Les Petites Boucheries »

  • 18 - Alfred Vergnette de La Motte (1806-1886) fut maire de Beaune en 1851, membre correspondant de l’I (...)

24La même année que l’Exposition parisienne, se trouvant à l’étroit dans les locaux qui lui sont affectés dans l’hôtel de ville, la chambre de commerce décide d’acheter à la Ville de Beaune une dépendance de l’ancien couvent des Carmélites. Le bâtiment, connu sous le nom de « Petites Boucheries », abrite une petite halle où l’on vendait de la viande et du poisson. Il donne sur la rue Saint-Étienne, actuelle rue Vergnette-de-la-Motte18.

  • 19 - AMB, fonds CCI. Ce projet de laboratoire d’analyse des vins sera finalement abandonné au profit d (...)

25L’objectif est d’y « installer la salle de ses séances, son secrétariat, ses archives, une exposition permanente ou périodique de vins, de l’outillage vinicole et aussi d’instruments et d’échantillons de produits intéressant les autres industries de la région, et, quand faire se pourra, un laboratoire »19.

26Le 3 décembre 1891, les membres de la chambre de commerce se réunissent pour la première fois dans leur nouvel hôtel consulaire. Le 6 novembre 1892, jour de la Vente des vins des Hospices, est présentée également pour la première fois, dans le hall, une exposition des vins de Bourgogne, organisée par le comité d’Agriculture. Elle sera renouvelée chaque année jusqu’en 1938 (fig. 5).

Figure 5

Figure 5

Aquarelle de Pierre Garnier.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

  • 20 - [DELISSEY, Joseph]. Un édifice riche de souvenirs (…) abrite depuis le 1er juillet 1978, la chamb (...)

27Ultérieurement, le développement de ses services amène la chambre à étendre ses locaux dans le couvent des Carmélites, à partir de 197820.

  • 21 - PV du 6 février 1890. AMB, fonds CCI.

28C’est Arthur Montoy, secrétaire-trésorier de la chambre de commerce depuis 1888, qui est chargé de s’occuper de l’aménagement du bâtiment. Il confie à l’architecte Félix Goin la direction des travaux ; ce dernier, « ayant construit le bâtiment des petites boucheries, semble tout indiqué pour diriger les travaux21 ».

29Félix Goin (1824-1900) est le premier architecte-voyer de la ville de Beaune, de 1852 à 187322. Son talent lui vaut d’être membre de la commission locale de l’arrondissement de Beaune pour dresser l’inventaire des richesses d’art, puis d’être désigné architecte pour les monuments historiques de Beaune. Il sera aussi conseiller municipal, et adjoint au maire de Beaune de février 1874 à mai 1876.Auteur de projets d’architecture vernaculaire, dont de nombreux lavoirs, on lui doit des réalisations importantes à Beaune : la Caisse d’épargne avec Maxime Deschamps, le théâtre, la caserne de cavalerie, la maison d’octroi et l’hôpital militaire. Il a également construit l’église Sainte-Anne à Maconge, l’hospice Pierrette-Carnot à Nolay en collaboration avec Arthur Chaudouet et Lebault, l’hôpital de Chagny, l’église Saint-Léger à Baubigny avec Charles Forest23.

30Arthur Montoy et Félix Goin se sont connus à l’hôtel-Dieu. En effet, en 1875, lors des grands travaux de restauration de l’hôtel-Dieu, sous la direction de Maurice Ouradou (1822-1884), architecte du gouvernement attaché à la commission des Monuments historiques, les architectes locaux Charles Forest et Félix Goin sont choisis pour assister le maître d’œuvre. En tant qu’administrateur de l’hôtel-Dieu, Montoy suit avec le plus grand soin les travaux de restauration.

  • 24 - Travaux d’appropriation : devis établis suivant les plans dressés par M. Arthur Montoy, mai 1890. (...)
  • 25 - Arthur Montoy est même cité comme « architecte » dans certains documents. Dessins de détails, sig (...)

31Il n’est pas étonnant dès lors qu’Arthur Montoy et Félix Goin soient influencés par le décor de l’hôtel-Dieu pour l’aménagement de la chambre de commerce, mais il semble que Félix Goin se soit cantonné à un rôle d’architecte d’opération24. Le fonds de dessins signés d’Arthur Montoy et conservé aux archives municipales, qui comprend nombre de vues de détails, laisse visiblement peu de place à l’architecte dans un rôle de créateur25.

Le projet d’Arthur Montoy (1890-1891)

  • 26 - Voir aussi VOTTERO, Michaël. « Portraits peints et sculptés du XIXe siècle dans les hôpitaux de B (...)
  • 27 - Revue bourguignonne du 15 septembre 1898 et Le Bien Public du 10 septembre 1898.
  • 28 - Il obtient le 1er prix au concours départemental pour son appareil à stériliser les vins et un br (...)

32Principal acteur du chantier de la chambre de commerce, Arthur Montoy (1842-1932) est une personnalité de premier plan à Beaune (fig. 6)26. Il reflète bien son époque, à la fois homme de l’art et scientifique dans un siècle riche en innovations. Ancien élève de l’École nationale des beaux-arts, Arthur Montoy se destine d’abord à une carrière artistique. Il a d’ailleurs laissé quelques aquarelles représentant des vues de Beaune (Salons de 1877 et 1878). Il est répertorié dans l’édition de 1883 du Dictionnaire général des artistes de l’école française. On lui doit le jardin de l’exposition de Beaune de 189827. Il mène parallèlement une carrière scientifique avec plusieurs brevets d’invention déposés, notamment le sub-extracteur de dépôt de tous les liquides, le filtre Montoy à bougies ou l’appareil à stériliser les vins28. Il donne de nombreuses conférences sur les ferments du vin, les maladies et l’hygiène des vins (Exposition universelle de Lyon, 1894).

Figure 6

Figure 6

Photo d’Arthur Montoy, 1929. (84Z 32.3) Archives municipales de Beaune.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

  • 29 - Rogier Van der Weyden, Le Jugement dernier, 1443-1452.

33À partir de 1881 et pendant plus de quarante ans, il occupe les fonctions d’administrateur des Hospices de Beaune puis en devient vice-président à partir de 1895 jusqu’à sa mort. Il est d’ailleurs le principal organisateur du musée de l’Hôtel-Dieu autour du célèbre retable29 et des tapisseries, musée qui a longtemps porté son nom. Parallèlement, il assure la fonction de secrétaire-trésorier à la chambre de commerce durant vingt-six ans.

  • 30 - Voir dans la base Mérimée, notice : PA00112102.

34Il est également très impliqué dans la vie locale et devient membre du conseil municipal. Très sensible au patrimoine et à l’histoire, il fait classer le beffroi aux monuments historiques (188530) et projette d’y installer le musée du Vin.

  • 31 - AMB, fonds CCI.

35L’intervention d’Arthur Montoy concerne l’ensemble des futures pièces de la chambre de commerce. Son projet est décrit précisément dans le procès-verbal de la commission du 23 mai 189031 :

[…] Ce projet comprend, au rez-de-chaussée du bâtiment donnant sur la rue, la grande salle actuelle qui serait réservée dans son intégrité, soit pour une salle de conférence, de marchés, de réunions commerciales, soit pour des ventes publiques ou expositions de vins, etc. Pour ces emplois, l’entrée serait précédée d’un tambour formant petit vestibule, fermé sur la rue par la grille existante et sur l’intérieur par le tambour en question percé de portes donnant accès dans la salle. Les murs intérieurs de cette grande pièce seraient ornés d’une partie des boiseries provenant du meuble de l’Exposition, complétée par un système de rayons articulés et étagés en trois parties ; cette disposition aurait comme avantage d’orner la muraille en donnant la possibilité d’utiliser cette salle pour une exposition de vins, s’il y avait lieu.

  • 32 - Plans signés A. Montoy [s.d.]. AMB, fonds Montoy.

Dans la cour de l’immeuble, il serait prélevé une cage d’escalier, un laboratoire d’analyse, puis la partie restante serait vitrée.
Le premier étage du bâtiment principal serait aménagé ainsi qu’il suit :
1e un vestibule à l’arrivée de l’escalier
2e une pièce pour le secrétariat et les archives
3e une grande salle de séances
[…] Suivant devis établi par Mr Goin, architecte, sur la vue du plan qui est soumis, l’ensemble de ces travaux représenterait une dépense totale de 10 049 F32 (fig. 7).

Figure 7

Figure 7

Plans signés A. Montoy.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

Une œuvre d’art totale

36Dans le fonds Montoy, conservé aux archives municipales de Beaune, un exceptionnel ensemble de dessins illustre chaque élément de décor, montrant l’implication du maître d’œuvre dans le processus créatif jusque dans les moindres détails (éléments de structure, décor mural, boiseries, vitraux, huisseries, portes et fenêtres, mais également mobilier) (fig. 8).

Figure 8

Figure 8

« Support de la base d’appui, exposition du vin », signé A. Montoy.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

37Les motifs font référence à l’époque gothique. Il n’est pas étonnant qu’Arthur Montoy, administrateur de l’hôtel-Dieu, ait été influencé par le décor médiéval de ce bâtiment emblématique de Beaune.

38Il s’illustre également dans plusieurs réalisations pour l’hôtel-Dieu : des meubles ainsi que des luminaires dont la parenté avec les créations pour la chambre de commerce est évidente (fig. 9).

Figure 9

Figure 9

Aigle-lutrin, détail. Hospices de Beaune.

Phot. Arnaud Alexandre. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

39La salle principale, au rez-de-chaussée, dite « grande salle » sur les plans d’Arthur Montoy, ou « salle Montoy », est la salle publique. C’est la pièce la plus ouvragée, conçue comme une vitrine de la viticulture locale (fig. 10).

Figure 10

Figure 10

Grande salle.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

  • 33 - Voir PV de la commission du 23 mai 1890, AMB, fonds CCI (voir ci-dessus).

40Pour son aménagement, Arthur Montoy réutilise, comme prévu, le stand de l’Exposition universelle de 188933. Le dessin d’un panneau porte un titre explicite : « débris du meuble de l’Exposition universelle 1889 en boiserie décoration » (fig. 11). Ces boiseries en chêne sont divisées en travées, chacune présentant une appellation de village avec son blason. Chaque travée est composée de trois parties superposées : un soubassement, une partie centrale et un attique sculpté couronné d’une frise à jour tréflée, orné de pinacles, de fleurons à crochets et de caducées d’Hermès. Les trois panneaux de bois ornés de ferrures, au centre, cachent un ingénieux système pour la présentation des vins : ils peuvent être rabattus à l’horizontale et constituer des tablettes où déposer les bouteilles de vins destinées à la présentation et à la dégustation (fig. 12).

Figure 11

Figure 11

« Débris du meuble de l’Exposition de 1889 ». Dessin d’Arthur Montoy.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

Figure 12

Figure 12

Détail des panneaux à rabats.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

  • 34 - On retrouve le même type de décor à la bibliothèque du grand séminaire de Dijon. Ce décor a été d (...)

41La partie centrale du meuble dressoir, sur le plan schématique de l’Exposition de 1889, présente un emplacement noté « plan des vignobles » et une surélévation qui semble correspondre au décor actuel entourant la carte du vignoble sur le mur gauche de la grande salle (fig. 13). Ici, le lambris, plus élaboré que sur les autres murs, est surmonté d’une sorte de dais semi-circulaire. Une frise sculptée au motif de vigne ferme le devant du dais. Des blasons en pendentif représentent les deux « C » accolés de la chambre de commerce et le blason de la Bourgogne, surmonté d’une couronne ducale34 (fig. 14).

Figure 13

Figure 13

La carte du vignoble.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

Figure 14

Figure 14

Détail du dais.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

42La carte en relief du vignoble de la Côte constitue le point de mire de cette salle d’apparat. Document pédagogique à l’intention des visiteurs, pour leur permettre de situer les différentes parcelles de vigne, elle constitue aussi aujourd’hui un témoignage précieux de la Côte à la fin du xixsiècle. On trouve représentés le relief des coteaux avec leurs parties boisées, les villages et les masses bâties. Mais c’est surtout les parcelles de vigne, appelées localement « climats », qui sont mises en valeur. Leur délimitation est gravée en creux, jouant avec la lumière rasante. Chaque numéro renvoie à une liste des noms de climats. La carte est réalisée par Raynuce frères en 1878 (fig. 15) ; elle fait référence à la spécificité de la viticulture bourguignonne, attachée au terroir. Chaque « climat » de Bourgogne est une parcelle de vigne soigneusement délimitée et nommée depuis des siècles, qui possède son histoire et bénéficie de conditions géologiques et climatiques particulières. Chaque vin issu d’un climat a son goût et sa place dans la hiérarchie des crus. Plus de 1 000 climats se répartissent sur un territoire étroit qui va de Dijon à Santenay et qui représente le cœur de la Bourgogne viticole. Les étiquettes des bouteilles de vin portent à la fois la référence à l’appellation du village mais aussi au « climat » vinifié, chaque parcelle produisant son vin (à l’exception des appellations régionales).

Figure 15

Figure 15

Détail de la carte du vignoble.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

43Depuis la pièce principale, l’escalier monumental (fig. 16) dessert les deux pièces de l’étage, également pourvues de boiseries à compartiments, de portes à linteau sculpté et d’un plafond à caissons.

Figure 16

Figure 16

Escalier principal.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

44Le dessus de cheminée de la salle des séances présente un portrait d’Antonin Bouchard, le président de l’époque, encadré par un décor à l’antique de pilastres cannelés et de chapiteaux ioniques ornés de pampres (fig. 17, fig. 18).

Figure 17

Figure 17

Portrait d’Antonin Bouchard.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

Figure 18

Figure 18

Détail de chapiteau. Dessin signé A. Montoy.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

45Dans ce projet d’Arthur Montoy, aucun espace n’est laissé nu. Le décor est d’une grande richesse et variété dans ses motifs peints en semis sur les murs et sur le plafond à caissons. Des thyrses (attribut de Dionysos) illustrent la vocation de la grande salle. Dans la cage d’escalier, plusieurs variantes de caducées, aux initiales de la chambre de commerce, sont agrémentées de feuilles de vigne, de pommes de pin, de cordes ou d’ancres de marine (fig. 19).

Figure 19

Figure 19

Caducée. Dessin signé A. Montoy.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

  • 35 - Contrat entre Félix Piotti, mosaïste à Dijon et Félix Goin, architecte, du 22 mai 1891 : « M. Pio (...)

46Les matériaux sont également variés, avec l’emploi de bois, fer forgé, laiton, verre et mosaïque sur le sol35. Les éléments de ferronnerie ont fait l’objet de la même attention de la part du maître d’œuvre : plaques de serrure à motifs fleurdelisés, poignées de portes sculptées à motifs géométriques ou zoomorphes. La rampe de l’escalier présente des arcatures trilobées alternant bois et métal. La porte du palier du 1er étage est plus richement décorée : la partie centrale vitrée à arcature outrepassée est ornée d’une ferronnerie à motif végétal stylisé (fig. 20).

Figure 20

Figure 20

Détail de la porte de palier du 1er étage.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

47Les vitraux accentuent l’ambiance gothique et le caractère sacré et intime qui sied à la dégustation des nectars. C’est peut-être aussi un rappel discret de l’origine médiévale de l’activité viticole. L’éclairage principal de la cage d’escalier est assuré par une grande verrière ornée de motifs héraldiques (fig. 21).

Figure 21

Figure 21

Verrière de la cage d’escalier.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

48Les pièces ont également conservé leur mobilier d’origine, assorti au décor (fig. 22). Le vestibule du 1er étage intègre par exemple dans ses lambris un porte-manteau dessiné spécialement.

Figure 22

Figure 22

Fauteuil.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

49Dans le laboratoire a été conservé un buffet rappelant, dans sa partie haute, la destination des lieux : « chambre de commerce créée par décret du 23 janvier 1864 ».

50Les luminaires sont particulièrement soignés. Les nombreux dessins d’Arthur Montoy montrent son souci du détail pour ces « couronnes de lumière » en fer forgé (fig. 23) qui sont fixées aux boiseries par des potences et ont conservé le système de becs utilisés à l’origine pour l’éclairage au gaz (fig. 24). Si, dans ces luminaires, l’inspiration gothique est particulièrement présente, la rampe en laiton du bas de l’escalier, avec ses formes végétales, est plus proche du style 1900.

Figure 23

Figure 23

Couronne de lumière : détail. Dessin signé A. Montoy.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

Figure 24

Figure 24

Couronne de lumière.

Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.

Le temps de la reconnaissance

  • 36 - RÉVEILLON, Élisabeth, FROMAGET, Brigitte. Beaune, chambre de commerce et d’industrie. Fiche d’inv (...)

51Les locaux de la chambre de commerce n’ont pas subi de modification notable depuis les aménagements effectués par Arthur Montoy et Félix Goin, y compris pour les objets mobiliers. Déjà repéré dans le cadre de l’inventaire topographique par le service de l’Inventaire général36, ce décor n’avait pas fait l’objet d’un signalement particulier.

  • 37 - L’architecte chargé de l’opération, Jean-Baptiste André, a contacté le service des monuments hist (...)

52À l’occasion de travaux engagés par la CCI de Côte-d’Or, propriétaire des lieux, afin d’adapter les lieux à un usage d’enseignement37, ce décor exceptionnel a été signalé à la conservation régionale des monuments historiques de la direction régionale des Affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté qui a alors souhaité engager une double démarche de protection au titre des monuments historiques, immeuble et objets, pour que soit préservé ce témoignage du goût historiciste lié à l’histoire beaunoise, autour de la figure marquante d’Arthur Montoy.

  • 38 - « considérant la qualité architecturale et l’homogénéité de l’ensemble de la chambre de commerce (...)
  • 39 - Rapporteur : Bruno FRANÇOIS. Dossier instruit par la CRMH, DRAC Bourgogne-Franche-Comté.

53L’édifice a été présenté devant la 1re section de la commission régionale du patrimoine et de l’architecture du 12 décembre 2017 qui a souligné l’intérêt de cet ensemble38. Parallèlement, les objets mobiliers ont été présentés devant la 3section de cette commission dans sa séance du 6 décembre 2017 et inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 21 février 201839. Les deux commissions ont souhaité que ce dossier soit examiné par la commission nationale, « considérant la rareté et l’authenticité des décors témoignant du jalon historique et artistique pour les arts décoratifs que représente l’Exposition universelle de 1889 », avec un vœu de maintien in situ des objets mobiliers.

  • 40 - Le pavillon indien, le pavillon de la Suède et de la Norvège notamment sont conservés à Courbevoi (...)
  • 41 - ALEXANDRE, Arnaud. Avis sur le dossier de protection de la CCI de Beaune, 7 décembre 2017, archiv (...)

Si plusieurs pavillons de l’Exposition universelle de 1878 sont conservés et protégés parmi les monuments historiques40, les vestiges de l’Exposition universelle de 1889 sont plus rares : galeries des Sources à Vichy, fontaine de Bartholdi place des Terreaux à Lyon et quelques remplois d’éléments. De ces architectures éphémères, ayant vocation à disparaître, les vestiges d’aménagement intérieur sont encore plus rares. Celui de la bibliothèque Schoelcher de Fort-de-France, dû à Pierre-Henri Picq, s’il provient bien du pavillon de l’Indochine, pourrait constituer le seul décor intérieur classé41.

54Cette démarche s’inscrit également dans la campagne de protection qui accompagne la candidature des « climats de Bourgogne » sur la liste de l’Unesco et la mise en valeur du patrimoine lié à la viticulture sur le territoire bourguignon42. Celle-ci s’est appuyée sur des recherches universitaires autour de la notion de « climat » et ses implications économique, géologique et historique43. Il s’agit de montrer que le vin de Bourgogne n’est pas seulement un breuvage mais aussi un processus issu de l’histoire du lieu, de la qualité du terroir et de son interaction avec le travail millénaire des hommes. Cette construction historique prend son origine dans l’organisation cistercienne des grandes abbayes qui ont exploité la vigne, en particulier Cîteaux et sa ferme viticole, le Clos de Vougeot, devenu le cœur de l’emblème viticole de la Côte. Avec l’hôtel-Dieu de Beaune, tous deux construits au Moyen Âge, ils demeurent des lieux forts de la Bourgogne viticole. Les deux ventes annuelles des vins des Hospices de Beaune et de Nuits-Saint-Georges ainsi que les banquets d’intronisation (ou « chapitres ») de la confrérie du Tastevin au Clos Vougeot restent des rendez-vous incontournables du territoire44.

55À sa manière, le décor néogothique de la chambre de commerce évoque l’origine médiévale de la Bourgogne viticole et son organisation territoriale. La présentation en travées, par appellations, reflète l’attachement au « climat », à la parcellisation de l’espace, à la typicité des terroirs et à la diversité des expressions du vin avec une référence au lieu comme marqueur de qualité et d’identité.

56La conservation de l’ensemble des éléments du décor, complété par l’exceptionnel fonds de dessins d’Arthur Montoy, en fait un témoignage unique, à la fois artistique, historique et sociétal. Ce décor illustre de façon remarquable cette construction iconique de la Bourgogne viticole et de son terroir. Il exprime en germe le caractère presque sacré de cette Côte des vins considérée comme les « Champs Élysées » de la Bourgogne.

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Notes

1 - Étude des vignobles de France, pour servir à l’enseignement mutuel de la viticulture et de la vinification françaises. Paris : Imprimerie impériale, 1868. Le docteur Jules Guyot (1807-1872) est l’auteur de nombreux traités sur la viticulture et la vinification, nourris de son expérience en Champagne, et de rapports au ministre de l’Agriculture sur la vigne dans les diverses régions de France.

2 - LAVALLE, Jean. Histoire et statistiques de la vigne et des grands vins de la Côte-d’Or avec le concours de M. M. Joseph Garnier, Delarue et d’un grand nombre de propriétaires et vignerons. Dijon : Picard, 1855. Voir Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, années 1987-1988, t. CXXVIII, p. 189-195.

3 - GIRARD, Maurice. Le Phylloxéra de la vigne, son organisation, ses mœurs [1874]. Paris : Hachette, 1883.

4 - JACQUET, Olivier. Un siècle de construction du vignoble bourguignon : les organisations vitivinicoles de 1884 aux AOC. Dijon : Éd. universitaires de Dijon, 2009. (Sociétés). Voir aussi les sites : https://dico-du-vin.com et https://www.vins-bourgogne.fr [consultés le 06/12/2019].

5 - Une des salles de la chambre de commerce prendra son nom en hommage.

6 - MICHEL, Roger, secrétaire général de la CCI de Beaune. « La chambre de commerce et d’industrie de Beaune : histoire sommaire et anecdotes ». Centre beaunois d’études historiques. Recueil de travaux, 1985, t. 5, p. 41-72.

7 - Décret du 19 mars 2009 sur la fusion de la chambre de Beaune avec la chambre de Dijon pour former la chambre de commerce et d’industrie de la Côte-d’Or. Lors de la fusion, les archives de la chambre de commerce de Beaune ont été déposées aux archives municipales de Beaune (AMB).

8 - L’ouvrage suivant est signalé dans la base de données de la bibliothèque municipale de Dijon mais non localisé (il figure dans le catalogue de la BnF) : Exposition universelle de 1889, à Paris. Catalogue spécial de l’exposition collective de la chambre de commerce de Beaune (Côte-d’Or), avec le concours du syndicat du commerce en gros des vins et spiritueux de l’arrondissement de Beaune. Beaune : impr. A. Batault, 1889.

9 - PV de séance de la chambre de commerce de Beaune du 19 novembre 1889, AMB, fonds CCI.

10 - L’Architecture à l’Exposition universelle de 1889 : principales constructions du Champ-de-Mars et de l’esplanade des Invalides. Paris : Librairie de l’architecture et des arts industriels Eugène Bigot, [s.d.]. Archives du musée d’Orsay, fonds de l’Exposition de 1889.

11 - Ministère du Commerce, de l’Industrie et des Colonies. PICARD, Alfred (dir.). Exposition universelle internationale de 1889 à Paris : rapport du jury international – groupe VII, produits alimentaires (2partie), classe 73 (2e partie). Paris : Imprimerie nationale, 1890-1892.

12 - M. Berger, directeur général de l’exploitation pour l’exposition universelle de 1889, qui souhaitait que la Bourgogne ait sa place au côté des autres régions viticoles, signale la disproportion des emplacements affectés à la Champagne et au Bordelais par rapport à la Bourgogne (300 m de gradins en vitrines contre quelques mètres seulement pour la Bourgogne). Voir PV du 19 novembre 1889, op. cit.

13 - Département de la Côte-d’Or avec l’arrondissement de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et notamment la partie située entre Dijon et Chalon.

14 - Procès-verbaux des séances de chambre de commerce de Beaune. AMB, fonds CCI.

15 - AMB, fonds Montoy (en cours de classement).

16 - Mémoires de travaux des différentes entreprises, 1889. AMB, fonds CCI.

17 - L’Architecture à l’Exposition universelle de 1889… op. cit. Voir le site : https://maisons-champagne.com [consultés le 06/12/2019].

18 - Alfred Vergnette de La Motte (1806-1886) fut maire de Beaune en 1851, membre correspondant de l’Institut, auteur de travaux importants sur la vigne et le vin. Il a même préconisé, avant Pasteur, le chauffage du vin, afin de le préserver des maladies microbiennes.

19 - AMB, fonds CCI. Ce projet de laboratoire d’analyse des vins sera finalement abandonné au profit d’une station œnologique indépendante proposée en 1899 par le commerce beaunois, conscient de l’importance du développement scientifique des savoirs œnologiques (voir JACQUET, Olivier. Op. cit.).

20 - [DELISSEY, Joseph]. Un édifice riche de souvenirs (…) abrite depuis le 1er juillet 1978, la chambre de commerce et d’industrie de Beaune : évocation historique sommaire. Plaquette éditée par la chambre de commerce et d’industrie de l’arrondissement de Beaune [1979 ?].

21 - PV du 6 février 1890. AMB, fonds CCI.

22 - Beaune, l’Architecte et la Ville, 1800-1914. Exposition du 19 septembre au 24 octobre 1999. AMB, [1999].

23 - Voir dans la base Mérimée : notices IA 21000113, IA21000001, IA 21003396, IA00061224, IA 21000358.

24 - Travaux d’appropriation : devis établis suivant les plans dressés par M. Arthur Montoy, mai 1890. AMB, fonds CCI.

25 - Arthur Montoy est même cité comme « architecte » dans certains documents. Dessins de détails, signés A. Montoy [s.d.]. AMB, fonds A. Montoy.

26 - Voir aussi VOTTERO, Michaël. « Portraits peints et sculptés du XIXe siècle dans les hôpitaux de Bourgogne, entre imaginaire et réalisme », In Situ [En ligne], 31 | 2017, mis en ligne le 01 mars 2017, consulté le 06 décembre 2019. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/14034 ; DOI : 10.4000/insitu.14034.

27 - Revue bourguignonne du 15 septembre 1898 et Le Bien Public du 10 septembre 1898.

28 - Il obtient le 1er prix au concours départemental pour son appareil à stériliser les vins et un brevet d’invention, délivré par le ministère du Commerce et de l’Industrie pour son sub-extracteur de dépôt de tous les liquides (Revue bourguignonne, 24 août 1895).

29 - Rogier Van der Weyden, Le Jugement dernier, 1443-1452.

30 - Voir dans la base Mérimée, notice : PA00112102.

31 - AMB, fonds CCI.

32 - Plans signés A. Montoy [s.d.]. AMB, fonds Montoy.

33 - Voir PV de la commission du 23 mai 1890, AMB, fonds CCI (voir ci-dessus).

34 - On retrouve le même type de décor à la bibliothèque du grand séminaire de Dijon. Ce décor a été démonté pour être remonté à la bibliothèque diocésaine de Dijon.

35 - Contrat entre Félix Piotti, mosaïste à Dijon et Félix Goin, architecte, du 22 mai 1891 : « M. Piotti s’engage à faire exécuter le pavage mosaïque du rez-de-chaussée de la Chambre de Commerce de Beaune aux conditions suivantes : Le pourtour le long des murs sera fait en jaune et rouge de Chagny sur une largeur d’un mètre. Le fonds sera fait en marbre blanc de carrare et rose de Ladoix et rouge royal mélangés. Entre ces deux parties il sera disposé un double galon (…) La bordure extrême et le fond seront en mosaïque venitienne […] Le galon et l’espace intermédiaire en mosaïque romaine […]. Fait double à Beaune le 22 mai 1891. » (AMB, fonds CCI).

36 - RÉVEILLON, Élisabeth, FROMAGET, Brigitte. Beaune, chambre de commerce et d’industrie. Fiche d’inventaire topographique, base Mérimée, 2001. Voir dans la base Merimée : notice IA21000314.

37 - L’architecte chargé de l’opération, Jean-Baptiste André, a contacté le service des monuments historiques pour avis.

38 - « considérant la qualité architecturale et l’homogénéité de l’ensemble de la chambre de commerce de Beaune qui conserve encore tous les éléments décoratifs de style néo-gothique prévus par Arthur Montoy, figure de l’histoire économique et artistique de la ville de Beaune à la fin du xixsiècle et au début du xxsiècle, et l’intérêt que représente la chambre de commerce de Beaune liée à l’économie viticole, dont l’organisation spatiale est encore lisible ». Procès-verbal de la commission régionale du patrimoine et de l’architecture du 12 décembre 2017, archives DRAC/CRMH, dossier de protection établi par l’auteur.

39 - Rapporteur : Bruno FRANÇOIS. Dossier instruit par la CRMH, DRAC Bourgogne-Franche-Comté.

40 - Le pavillon indien, le pavillon de la Suède et de la Norvège notamment sont conservés à Courbevoie.

41 - ALEXANDRE, Arnaud. Avis sur le dossier de protection de la CCI de Beaune, 7 décembre 2017, archives DRAC/CRMH.

42 - LOPPINET MEO, Sophie, VOTTERO, Michaël. « Les protections au titre des monuments historiques de la Bourgogne viticole (1920-2015) ». Dans WOLIKOW, Serge, JACQUET, Olivier (dir.). Bourgogne(s) viticole(s) : enjeux et perspectives historiques d’un territoire. Dijon : Éd. universitaires de Dijon, 2018.

43 - GARCIA, Jean-Pierre (dir.). Les « climats » du vignoble de Bourgogne comme patrimoine mondial de l’humanité. Dijon : Éd. universitaires de Dijon, 2011. (Sociétés).

44 - Voir les sites Tastevin-bourgogne.com et closdevougeot.fr /mariage et réception/ [consultés le 06/12/2019] une réception en image (voir « Le repas à la française », Des racines et des ailes, 6 octobre 2011).

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Table des illustrations

Titre Figure 1
Légende Carte de l’extension du phylloxéra en France, en 1882, par Maurice Girard.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 504k
Titre Figure 2
Légende Palais des produits alimentaires à l’Exposition de 1889. L’Architecture à l’Exposition universelle de 1889 (…). Archives du musée d’Orsay.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 520k
Titre Figure 3
Légende Plan du meuble dressoir.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 488k
Titre Figure 4
Légende Foudre Mercier.
Crédits © Collection Mercier, https://maisons-champagne.com.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 340k
Titre Figure 5
Légende Aquarelle de Pierre Garnier.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 560k
Titre Figure 6
Légende Photo d’Arthur Montoy, 1929. (84Z 32.3) Archives municipales de Beaune.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 168k
Titre Figure 7
Légende Plans signés A. Montoy.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 160k
Titre Figure 8
Légende « Support de la base d’appui, exposition du vin », signé A. Montoy.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 208k
Titre Figure 9
Légende Aigle-lutrin, détail. Hospices de Beaune.
Crédits Phot. Arnaud Alexandre. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Titre Figure 10
Légende Grande salle.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-10.jpg
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Titre Figure 11
Légende « Débris du meuble de l’Exposition de 1889 ». Dessin d’Arthur Montoy.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 264k
Titre Figure 12
Légende Détail des panneaux à rabats.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-12.jpg
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Titre Figure 13
Légende La carte du vignoble.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-13.jpg
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Titre Figure 14
Légende Détail du dais.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-14.jpg
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Titre Figure 15
Légende Détail de la carte du vignoble.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-15.jpg
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Titre Figure 16
Légende Escalier principal.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
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Titre Figure 17
Légende Portrait d’Antonin Bouchard.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
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Titre Figure 18
Légende Détail de chapiteau. Dessin signé A. Montoy.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
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Fichier image/jpeg, 584k
Titre Figure 19
Légende Caducée. Dessin signé A. Montoy.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 164k
Titre Figure 20
Légende Détail de la porte de palier du 1er étage.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-20.jpg
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Titre Figure 21
Légende Verrière de la cage d’escalier.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-21.jpg
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Titre Figure 22
Légende Fauteuil.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-22.jpg
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Titre Figure 23
Légende Couronne de lumière : détail. Dessin signé A. Montoy.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-23.jpg
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Titre Figure 24
Légende Couronne de lumière.
Crédits Phot. Sophie Loppinet Méo. © DRAC BFC / CRMH, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/docannexe/image/24995/img-24.jpg
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Pour citer cet article

Référence électronique

Sophie Loppinet Méo, « La chambre de commerce de Beaune : un décor iconique de la Bourgogne viticole »In Situ [En ligne], 41 | 2019, mis en ligne le 10 décembre 2019, consulté le 18 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/insitu/24995 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/insitu.24995

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Auteur

Sophie Loppinet Méo

Chargée de la protection pour la Côte-d’Or et l’Yonne, DRAC Bourgogne-Franche-Comté / CRMH Sophie.loppinet@culture.gouv.fr

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