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Hélène Harter

Hélène Harter

Présidente du Comité pour l’histoire du CNRS (CHC)

©Cyril Frésillon

1Ce numéro de la revue Histoire de la Recherche contemporaine forme un tout avec le volume La biologie et la révolution moléculaire : récits choisis que nous avons publié en 2022. Les avancées spectaculaires qu’a connues la biologie ces cinquante dernières années méritaient bien ce double éclairage. Après la découverte des archées et des virus géants qui a été au cœur du précédent dossier, Jean-François Nicolas et Jean-Michel Rossignol partent ici du constat d’un « tsunami moléculaire » dans les années 1970 et interrogent selon leurs propres mots la manière dont les « énormes progrès enregistrés dans la compréhension moléculaire de la structure du génome, de la construction du phénotype et de son adaptabilité, de la variation, de la nouveauté, de l’innovation et des relations génotype-phénotype […], le séquençage systématique des génomes » ont conduit à repenser la biologie moléculaire mais aussi à refonder jusqu’aux dogmes des sciences du vivant, à l’instar de la théorie de l’évolution.

2Les articles qu’ils ont réunis partent d’exemples concrets qui permettent aux non spécialistes de mieux saisir l’ampleur des progrès réalisés en embryologie en un demi-siècle. On apprend beaucoup sur les avancées faites sur la compréhension du développement des embryons – perçue encore comme inaccessible dans les années 1970 – ou encore sur la complexité des virus oncogènes avec toutes les perspectives que cela ouvre dans la lutte contre les cancers.

3Sa lecture prend encore plus de sens en y ajoutant la lecture très complémentaire de la recension consacrée à l’ouvrage de Michel Delseny, Vers une biologie moléculaire des plantes. L’auteur nous entraîne dans une histoire de la biologie moléculaire, cette fois-ci végétale. On y croise l’Arabidopsis mais aussi la vigne et ses 90 000 gênes ou le riz. Séquencer les génomes et dresser l’arbre phylogénétique de ces espèces végétales d’intérêt agronomique fait avancer la science mais aussi permet de mieux comprendre leur résistance aux pathogènes ou encore les réponses qu’elles développent face aux stress hydrique et thermique. On croise là des enjeux sociétaux majeurs dans un monde confronté au réchauffement climatique.

4Le lecteur découvrira aussi dans ce numéro un article consacré à Jean-Pierre Hansen. Le chercheur nous y livre le regard qu’il porte sur plusieurs décennies consacrées à la physique théorique et à la chimie. L’une des marques distinctives de notre revue est de mettre en avant des témoignages de chercheurs qui éclairent un parcours mais aussi permettent de mettre en avant des équipes et des réseaux de recherche. Nous sommes ainsi transportés de Luxembourg à Orsay et Jussieu, en passant par la Belgique, Cornell aux États-Unis ou encore Cambridge au Royaume-Uni. Voilà encore un bel exemple d’internationalisation de la recherche !

5On en trouvera un autre dans l’article consacré à Cheng Mao Lan, jeune chercheur chinois venu se former à l’Institut Franco-Chinois de Lyon dans les années 1920 dans le cadre d’une coopération internationale entre nos deux pays et qui consacrera ses recherches à l’astrophysique observationnelle. De retour dans son pays au début des années 1950, ce spécialiste de l’étude du spectre des étoiles deviendra le premier directeur de l’observatoire de Beijing. La Chine est devenue un pays communiste en 1949 et la science une arme, à l’heure de la guerre froide, mais aussi un outil de coopération, parfois. En la matière, la France occupe une place particulière ; elle qui reconnaît le régime de Pékin dès 1964 quand les États-Unis n’entretiennent pas de relations avec lui jusqu’aux années 1970. La science est aussi une question de politiques publiques.

6C’est aussi ce que nous rappelle l’interview de Jean-Pierre Hansen, notamment lorsqu’il évoque la création de l’ENS-Lyon au milieu des années 1980, les enthousiasmes mais aussi les réticences qui l’ont accompagnée. Elle nous amène à réfléchir à la politique scientifique menée par notre pays sur la longue durée : ses lignes de force, ses navigations à vue, parfois, ses succès et ses échecs. C’est aussi l’enjeu des articles consacrés au transfert dans les années 1980 de Paris en Lorraine du CDST (Centre de documentation scientifique et technique) du CNRS et sa transformation en l’Institut de l’information scientifique et technique (l’Inist).

7Enfin signalons deux recensions d’ouvrages : celui consacré à l’histoire de l’École de chimie de Mulhouse, qui vient de fêter son bicentenaire ; et Notre-Dame de Paris : la science à l’œuvre, un beau livre collectif qui montre comment la catastrophe a pu se transformer en un formidable espace de recherches scientifiques, en permettant notamment de réaliser une archéologie du bâti sans précédent.

8Bonne lecture.

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Table des illustrations

Titre Hélène Harter
Légende Présidente du Comité pour l’histoire du CNRS (CHC)
Crédits ©Cyril Frésillon
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hrc/docannexe/image/10296/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 55k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Hélène Harter, « Éditorial »Histoire de la recherche contemporaine [En ligne], Tome XII n°2 | 2023, mis en ligne le , consulté le 09 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hrc/10296

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Auteur

Hélène Harter

Présidente du Comité pour l’histoire du CNRS

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