Gwénola Sebaux (dir.), Identités, migrations et mobilités transnationales. Europe XIXe-XXIe siècle, Presses universitaires du Septentrion, 2017, 234 p., 20 €.
Gwénola Sebaux (dir.), Identités, migrations et mobilités transnationales. Europe XIXe-XXIe siècle, Presses universitaires du Septentrion, 2017, 234 p., 20 €.
Texte intégral
1Si les mouvements migratoires ont forgé l’histoire du continent européen, ils sont aujourd’hui appelés à en définir l’avenir. C’est sur ce postulat que s’ouvre et se construit le présent ouvrage, aboutissement d’un colloque qui s’est tenu à l’université catholique de l’Ouest en décembre 2013, sous le patronage de Gwénola Sebaux, professeure en civilisation allemande contemporaine. L’ambition de ce recueil de contributions pluridisciplinaires et internationales est de mettre en perspective les nouveaux enjeux que posent aujourd’hui les mouvements migratoires aux gouvernements européens, tout en nourrissant les débats que « la crise des réfugiés » fait naître au sein des sociétés civiles. Porté par des chercheurs en histoire, en géographie, en sociologie et en civilisation germanique, l’originalité et l’intérêt majeur de cet ouvrage est de croiser analyses de fonds d’archives, recueil de témoignages et enquêtes sociologiques, pour tenter d’embrasser le plus largement possible les réalités politiques, culturelles et sociétales du phénomène étudié. L’Allemagne, envisagée ici comme le cœur de l’Europe, est le point d’ancrage d’une réflexion qui se veut transnationale et qui, en nous faisant voyager également en Autriche, en France, en Roumanie et en Israël, permet de prendre en compte les sociétés d’accueil comme les sociétés d’origine, en insistant sur les notions d’interdépendance et de transfert.
2Un découpage en cinq axes principaux permet de structurer le propos : les premiers articles engagent une réflexion historiographique sur la notion de régime migratoire, quand les suivants s’intéressent, à l’aide d’études de cas concrètes, à l’Europe sud-orientale et aux trajectoires (post)coloniales germaniques. Si les troisième et quatrième partie – qui traitent respectivement des migrations forcées, réelles ou symboliques, et des migrations en tant qu’enjeu transnational – envisagent le phénomène migratoire à l’aune des représentations mentales et de sa mémoire, la dernière partie se concentre sur l’Allemagne et les questions migratoires et identitaires auxquelles elle est confrontée. Au fil de la lecture des contributions, réflexions générales ou études de cas précises, des clichés sont déconstruits (concernant notamment le communautarisme turc en Allemagne ou le mythe de populations roms nomades et inadaptées socialement), des espaces sont (re)découverts – à l’instar de la région du Banat ou de la ville de Timisoara –, de nouveaux concepts émergent et se croisent (régime(s) migratoire(s), identité collective, migration symbolique) ...
3Cette approche résolument transnationale et pluridisciplinaire donne alors au lecteur le sentiment d’appréhender le phénomène migratoire dans toutes ses nuances et sa complexité, comme rarement un ouvrage de sciences sociales a su le faire, en mêlant sans les brouiller réalités concrètes et représentations symboliques, trajectoires individuelles et identités collectives, questions mémorielles et enjeux actuels. Cette pluralité d’approches n’entrave cependant pas l’émergence d’un tableau cohérent : la mosaïque des interventions permet de dresser le portrait d’une Europe « en quête de cohérence identitaire » que la question migratoire vient interroger dans ses fondements et son bien-fondé. Miroir tendu à nos consciences politiques et citoyennes, éveil aux réalités humaines et collectives sous-tendues par les mouvements migratoires, le présent ouvrage nourrit avec intelligence et subtilité un débat qui ne peut que bénéficier du recul et de la profondeur que les sciences humaines et sociales sont en mesure de lui apporter.
Pour citer cet article
Référence papier
Yasmine Achouche, « Gwénola Sebaux (dir.), Identités, migrations et mobilités transnationales. Europe XIXe-XXIe siècle, Presses universitaires du Septentrion, 2017, 234 p., 20 €. », Hommes & migrations, 1322 | 2018, 224-225.
Référence électronique
Yasmine Achouche, « Gwénola Sebaux (dir.), Identités, migrations et mobilités transnationales. Europe XIXe-XXIe siècle, Presses universitaires du Septentrion, 2017, 234 p., 20 €. », Hommes & migrations [En ligne], 1322 | 2018, mis en ligne le 01 juillet 2018, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hommesmigrations/7011 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/hommesmigrations.7011
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