Un garrot dans l’instrumentarium du médecin antique ?
Résumés
La présence d’une petite boucle déposée à l’intérieur d’une boîte métallique renfermant des collyres parmi le mobilier de la trousse d’oculiste de La Favorite (musée gallo-romain de Lyon) nous a conduit à envisager cet objet anodin comme un instrument médical à part entière. Cette découverte n’est pas isolée, mais on a souvent interprété ces éléments comme des résidus d’étuis en cuir. L’hypothèse selon laquelle il s’agirait de garrots a parfois été avancée, rarement relayée. L’existence de garrots est pourtant bien attestée dans la médecine gréco-romaine. L’examen des traités médicaux antiques montre qu’il n’est pas nécessaire de comprendre la circulation sanguine pour constater de façon empirique les effets d’une méthode de compression à distance. L’étude des sources textuelles et le contexte archéologique du mobilier lyonnais nous invitent à reconsidérer cette hypothèse de travail.
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- 1 DASEN Véronique (éd.), La médecine à l’époque romaine. Quoi de neuf docteur ?, catalogue de l’expos (...)
1Lors de l’exposition Quoi de neuf docteur ? La médecine à l’époque romaine, qui a été présentée en 2011, le musée gallo-romain de Lyon a pu réunir le mobilier de quatre sépultures de médecins gallo-romains datant de la fin du IIe à la fin du IIIe siècle apr. J.-C.1. Parmi les instruments appartenant à la trousse dite du médecin de Paris, deux petites boucles ont particulièrement retenu notre attention, faisant écho à une autre boucle contenue dans la trousse d’oculiste découverte à Lyon en 1983. À la lecture des publications sur le mobilier de ces deux trousses, ces objets n’entrent pourtant pas dans le champ d’étude des instruments médicaux. À l’instar des cuillers, spatules et palettes à broyer issues de découvertes anciennes qui ont longtemps été regroupées sous la désignation d’instruments de toilette, en contexte funéraire, ces boucles peuvent facilement être considérées comme des boucles de ceinture ou des résidus de trousses en cuir. Pour une grande partie du corpus des instruments médicaux, la méconnaissance du contexte archéologique et de la position stratigraphique dans le dépôt appauvrit considérablement notre approche. Sans la découverte lyonnaise qui a fait l’objet d’une fouille rigoureuse, il serait difficile d’interroger la fonction de ces boucles et d’accréditer l’hypothèse selon laquelle elles peuvent être nécessaires à la pratique médicale.
Les données archéologiques
Le contexte de découverte
- 2 Avant d’être acquise par le musée Carnavalet en 1991, la trousse d’instruments appartenait à la col (...)
- 3 Ibidem, p. 31-32. Le Pr. Deneffe évoque les travaux entrepris par Ledoux en 1783 pour édifier une n (...)
- 4 KÜNZL Ernst, « Medizinische Instrumente aus Sepulkralfunden der römischen Kaiserzeit », in Bonner J (...)
2La trousse du médecin de Paris a été mise au jour en 1880 par des ouvriers lors de travaux de voirie avenue de Choisy, à proximité de la place d’Italie. Eugène Toulouze, ingénieur et archéologue amateur appelé sur place, reconnut l’équipement d’un médecin de l’époque romaine2. Un bassin circulaire en bronze de 20 cm de diamètre contenait 34 objets et 75 monnaies. Le dépôt monétaire permet de dater l’ensevelissement : un terminus post quem est donné par les monnaies les plus récentes datées de 281-282. On se situe extra muros, en bordure d’une ancienne voie romaine (voie d’Italie). Aucune urne cinéraire n’accompagnait le bassin, situé dans les niveaux inférieurs de remblais, voire dans les alluvions sous-jacentes. Le contexte environnant direct a vraisemblablement été perturbé à la fin du XVIIIe siècle3. Cela pourrait expliquer l’absence de structure et de mobilier funéraire associé4.
3Quant au contexte archéologique de la trousse d’oculiste de Lyon, il est bien mieux connu puisqu’il s’agit d’une découverte relativement récente, due à des fouilles préventives réalisées en 1983 par l’A.F.A.N. La trousse a été retrouvée en place dans une tombe à incinération de la nécropole longeant la rue de la Favorite (Lyon 5e). Le mobilier céramique a permis de dater la structure du dernier tiers du IIe ou du début du IIIe siècle apr. J.-C. Les instruments médicaux, bien conservés, ont été disposés groupés après la crémation (dépôt secondaire). Un étui contenant les instruments était soigneusement aligné contre une boîte rectangulaire à compartiments en laiton présentée par le fond, et recouverte d’une tablette en pierre.
Que contenaient ces trousses médicales ?
4La nature des instruments retrouvés couvre différents champs de la médecine antique. L’équipement du médecin de Paris évoque une pratique courante faite de petite chirurgie et de préparations pharmaceutiques (Fig. 1). Outre des accessoires de rangements en alliage cuivreux pour les instruments (quatre étuis cylindriques) ou les médicaments secs (un coffret rectangulaire, à deux compartiments), une tablette en marbre, une spatule-sonde, une cuiller à bec verseur et un insufflateur (tube creux avec cuilleron) servaient à la préparation et à l’administration des médicaments. Parmi les instruments de chirurgie qui nous intéressent plus particulièrement, on compte six pinces (deux pinces à branches droites de type pince à dissection et quatre autres dont l’extrémité des branches est recourbée ou coudée et dentée), une pince staphylagra pour l’opération de la luette (mors concaves destinés à enserrer la luette), trois manches de scalpel et deux ventouses.
Fig. 1 : Les instruments de la trousse du médecin de Paris
© R. Viollet/Musée Carnavalet/Ville de Paris
- 5 BOYER Raymond & MOUREY William, « Le matériel d’oculiste », in Découverte de la tombe d’un oculiste (...)
5La trousse de Lyon, nous oriente plutôt vers le soin des yeux avec la préparation de médicaments spécifiques (Fig. 2). La boîte rectangulaire en laiton à cinq compartiments (L. 114 mm, l. 62-67 mm) renfermait en effet vingt collyres secs (façonnés sous forme de petits pains oblongs ; onze d’entre eux portaient encore une empreinte de cachet au moment de leur découverte). L’étui cylindrique, long de 194 mm, protégeait trois instruments : un cuilleron de 5 mm de diamètre seulement dont le long manche se termine en pointe à l’autre extrémité, une spatule-sonde à extrémité arrondie d’un côté et renflement olivaire de 5 mm de diamètre de l’autre, une cuiller-sonde enfin. La petite taille du cuilleron du premier instrument laisse à penser qu’il servait à instiller des gouttes pour des préparations liquides. A contrario, la longueur de la spatule du second exclut l’application de médicaments pâteux à l’œil. Elle pouvait simplement servir à mélanger et homogénéiser les ingrédients préalablement broyés avec l’extrémité olivaire. Une tablette en schiste permettait de faire ce mélange (elle porte des traces d’usure). Grâce à ses bords biseautés, elle pouvait coulisser dans les glissières réservées dans le coffret métallique. Une dépression circulaire de 19,5 mm de diamètre, aménagée au dos de celui-ci, servait à dissoudre la poudre obtenue pour une préparation liquide à base d’eau, de blanc d’œuf, de lait de femme, de vin ou de vinaigre5.
Fig. 2 : Les instruments de la trousse d’oculiste de La Favorite, Lyon
© Musée gallo-romain de Lyon - Fourvière. Photo Ch. Thioc
- 6 KÜNZL Ernst, op. cit., p. 50, 97, 101 : on retrouve ce motif sur des manches d’instruments. Le serp (...)
- 7 Ibidem., p. 75.
- 8 MILNE John Stewart, Surgical Instruments in Greek and Roman Times, Chicago, éd. Ares, 1986, p. 164.
- 9 DENEFFE Victor, op. cit., p. 40. Le Pr Deneffe, professeur à la faculté de médecine de l’Université (...)
- 10 VELAY Philippe, « Paris de l’Antiquité à nos jours. Dix ans d’acquisitions du musée Carnavalet », B (...)
- 11 D’après Philippe Velay, des photographies – qu’il n’a pas pu consulter – auraient été prises lors d (...)
6Au côté de ces objets bien identifiés comme des instruments médicaux, voire chirurgicaux, se trouvaient de petites boucles métalliques. La trousse du médecin de Paris comporte deux boucles de facture différente. L’une en alliage cuivreux, de section circulaire, (36 mm de diamètre) ne se referme pas sur elle-même : ses deux extrémités, représentant des têtes de serpent, se font face (Fig. 3 et 4)6. À la base de l’anneau se détache une petite ouverture rectangulaire qui permettait de recevoir une lanière en tissu ou en cuir. L’autre, en fer, de section aplatie et de forme heptagonale (30 mm de longueur), a conservé un ardillon. Dans son étude consacrée aux instruments médicaux romains provenant de sépultures, E. Künzl les désigne comme des boucles de ceinture7. Pour J. S. Milne, ces boucles sont ce qu’il reste du système de fermeture d’un étui ou d’une trousse en cuir8. Il les évoque cependant dans un chapitre traitant de la « bande d’Antyllus » et rappelle l’opinion du Pr. Deneffe qui voyait dans ces accessoires des boucles de garrot9. P. Velay retient cette hypothèse de garrot pour la boucle en alliage cuivreux, mais considère que la boucle heptagonale en fer, de section plus fine, devait correspondre à la sangle d’une trousse médicale en cuir10. Ces réserves sont tout à fait compréhensibles quand on a affaire à des découvertes anciennes pour lesquelles aucun relevé de terrain n’a été fait11. Pourtant, cette question mérite d’être réétudiée à la lumière de la découverte de la trousse d’oculiste de Lyon. La boucle en fer à ardillon de la trousse du médecin de Paris est très proche de celle retrouvée parmi les instruments déposés dans la sépulture de la Favorite. Or cette fouille a fait l’objet d’une publication scientifique pour laquelle on a des photos de terrain montrant la trousse in situ (Fig. 5). Et l’on voit bien la boucle posée non pas à même le sol, mais à l’intérieur d’un compartiment du coffret métallique. On a pris soin de la mettre avec les collyres, à l’abri du coffret doté d’un double système de fermeture : chaque compartiment est fermé par de petits couvercles pivotants et le coffret est clos par une plaque rectangulaire coulissante. Cette place en fait un instrument à part entière. Dans ce cas précis, il paraît difficile d’envisager une boucle de fermeture d’étui. L’hypothèse du garrot mérite donc d’être réétudiée en confrontant les données archéologiques aux sources textuelles.
Fig. 3 : Boucle à deux têtes (D. 3,6 cm), trousse du médecin de Paris
© S. Coudert /Musée Carnavalet/Ville de Paris
Fig. 4 : Boucle à ardillon (D. 3 cm), trousse du médecin de Paris
© S. Coudert /Musée Carnavalet/Ville de Paris
Ce qu’en disent les textes12
Garrot et saignée
- 13 HIPPOCRATE, Plaies, Nature des os, Cœur, Anatomie, texte établi et traduit par Marie-Paule Duminil, (...)
- 14 DASEN Véronique et KING Helen, La médecine dans l’Antiquité grecque et romaine, Lausanne, éd. BHMS, (...)
- 15 PAUL d’ÉGINE, Chirurgie, traduit par René Briau, livre 7, Paris, éd. Masson, 1855, VII. 40 : « Nous (...)
- 16 CELSE, De la médecine, texte établi, traduit et commenté par Guy Serbat, t. I, Paris, Les Belles Le (...)
- 17 Oribase, VII. 2 (d’après Galien) : « Il faut aussi saigner, au commencement du printemps, ceux qui, (...)
- 18 Paul, VII. 40.
7Dès le Corpus hippocratique, on rencontre dans le traité des Plaies une occurrence de garrot : « Quand on ouvre un vaisseau et que le sang ne s’arrête pas de couler après qu’on a tiré du sang et dénoué la bandelette »13. La pose du garrot est ici liée à la pratique de la saignée qui répond à l’un des fondements de la médecine hippocratique : la théorie humorale. La santé dépend du juste équilibre de fluides ou « humeurs » parcourant le corps14 en écho aux quatre éléments caractérisés par quatre qualités : le chaud ou le froid, le sec ou l’humide. Le sang est l’une de ces humeurs. Il est lié à l’air, au chaud et à l’humide. Un état de pléthore diagnostiqué par le médecin nécessite l’évacuation de l’humeur en excès. Le médecin peut adapter le régime alimentaire du malade, se servir de remèdes purgatifs ou diurétiques comme évacuants, ou employer un moyen plus drastique comme la saignée. Il y a fréquemment recours, que ce soit en prévention ou en cas de douleur aiguë15. Il n’y a guère de contre-indication d’âge. Seul l’état des forces du malade peut justifier de renoncer à la pratiquer et le médecin peut juger de celui-ci en prenant le pouls du patient16. Le changement de saison au printemps est, d’après les textes, propice à un excès de sang dans le corps17. Dans un chapitre consacré à la phlébotomie, Paul d’Égine nous rappelle une évidence : « Le principal but de la saignée est l’évacuation du sang surabondant.18 » Mais la saignée ne sert pas seulement à évacuer le sang. Avec lui peuvent venir d’autres humeurs.
- 19 Oribase, VII. 2 (d’après Galien).
On aura déterminé préalablement quelle est l’humeur en excès, car, chez quelques-uns, il y a surabondance plutôt de bile amère que des autres humeurs ; chez d’autres, c’est la bile noire ou la pituite qui prédomine ; chez d’autres enfin, il y a surabondance égale de toutes, et on dit, dans ce dernier cas, qu’il y a pléthore sanguine19.
- 20 Celse, II. 10,12. Voir aussi Oribase, VII. 5 : l’auteur précise quelle veine choisir en fonction de (...)
- 21 Oribase, VII. 5 : « Lorsqu’on saigne pour opérer une révulsion, on verra se produire rapidement un (...)
- 22 Dans son livre de chirurgie, Paul d’Égine adapte également le lieu de la saignée au stade de l’infl (...)
8Celse et Oribase stipulent quelles zones du corps sont à privilégier pour la phlébotomie. On ne saigne pas au même endroit selon le lieu de l’affection : « Il faut saigner au bras si la cause affecte l’organisme entier ; si elle est locale, il faut agir sur l’endroit même, ou du moins sur la partie la plus proche, car la saignée ne peut se faire n’importe où, mais aux tempes, aux bras, à proximité des talons »20. Tous deux récusent l’utilité d’une saignée éloignée de la partie affectée. Ils évoquent aussi l’usage d’une saignée révulsive pour détourner le flux du sang en cas de saignement incontrôlé21 ou pour évacuer en début d’inflammation22.
- 23 Oribase, VII. 5
Pour le dire en un mot, on pratiquera une émission sanguine révulsive au début d’une inflammation ; mais, si l’inflammation dure déjà depuis longtemps, on saignera, s’il est possible, les organes affectés eux-mêmes, ou, du moins, les parties qui en sont les plus rapprochées : en effet dans les inflammations commençantes, il faut dériver ce qui afflue, tandis que dans les inflammations chroniques, il s’agit uniquement d’évacuer ce qui est fortement enclavé dans la partie affectée23.
- 24 Pour les oreilles, voir Celse, VI. 7.
- 25 GALIEN, Le médecin. Introduction, texte établi et traduit par Caroline Petit, t. III, Paris, Les Be (...)
- 26 Hippocrate, De la Vision, IX. 1. Celse rappelle cette pratique hippocratique et en précise les moda (...)
- 27 Celse, VI. 6 : « Les yeux sont souvent le siège d’une inflammation accompagnée de douleur et de tum (...)
9La saignée est particulièrement indiquée en cas de douleur chronique et d’inflammation des yeux et des oreilles24. Galien conseille par exemple de saigner en cas de céphalée : « Parmi donc les maladies chroniques, la céphalée est une douleur survenant de façon intermittente à l’intérieur de la tête, mouvante la plupart du temps, et causée par le phlegme. Mais lorsque la douleur touche une partie seulement de la tête, on l’appelle aussi hétérocranie. Le traitement des deux se fait par soustraction de sang ou par pose de ventouses sur l’inion »25. Chez tous nos auteurs, du Corpus hippocratique à Paul d’Égine, en passant par Celse, Galien et Oribase, elle est préconisée pour soulager les ophtalmies : « Dans l’ophtalmie annuelle et épidémique, la purgation de la tête et du bas-ventre est utile ; et si la constitution du malade le permet, la saignée est utile dans certains cas de ces affections, ainsi que l’application de ventouses sur les veines »26. Les symptômes de l’ophtalmie, endémique des pays chauds, sont décrits par Celse : gonflements du globe oculaire, sensation de douleur et d’inflammation, larmoiement27. Le lien entre garrot et pratique de la saignée ayant été préalablement établi, le recours à la saignée pour le soin des yeux est intéressant si on se rappelle le contexte de découverte de la boucle de La Favorite. Encore nous faut-il comprendre la ou les fonctions du garrot pour la médecine antique.
Fonctions du garrot
10Lorsque l’on parle de garrot, on pense aussitôt au contrôle de l’hémorragie. Or, les sources textuelles antiques l’emploient de préférence comme lien de contention veineuse avant la saignée ou la cautérisation d’un vaisseau, semblable à celui que l’on pose aujourd’hui sur le bras au moment d’une prise de sang. La première utilité de ce lien est de faire gonfler les veines pour mieux les faire apparaître. D’après Celse, outre le risque de toucher un tendon ou de provoquer une hémorragie, l’une des difficultés qui se présentent au jeune médecin au moment de la saignée est de repérer le trajet de la veine.
- 28 Celse, II. 10.
Pour le praticien expérimenté, il est sans doute très aisé de saigner, mais c’est très difficile pour l’ignorant ; car à la veine est accolée une artère, aux deux des tendons. Dans ces conditions, si la lancette touche un tendon, il s’ensuit des convulsions musculaires qui font périr le malade d’une mort cruelle. D’autre part, une artère entaillée ne se referme pas et ne guérit pas [...], il arrive aussi que le vaisseau ne soit pas apparent et qu’on ait de la peine à le trouver28.
- 29 Paul, VII. 40.
- 30 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9.
- 31 Voir aussi Paul, VII. 40 : « on saigne les veines des extrémités après avoir lié les parties qui so (...)
- 32 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9, évoque cette pratique de la saignée dite au tact, tro ;s aJfh ; (...)
11Pour une saignée au pli du coude, Paul d’Égine enserre les muscles du bras : « Il faut avec une bandelette étroite faire une ligature autour des muscles du bras ; et après avoir, en faisant frotter les mains l’une contre l’autre, fait gonfler la veine qui convient au cas présent, on doit la diviser dans toute sa largeur seulement »29. Chez Oribase, une description plus précise encore, tirée d’Antyllus, correspond en tout point au protocole actuel de soins infirmiers lors d’une prise de sang au pli du coude30 : poser le garrot dix centimètres au-dessus du point de ponction ; « quand les muscles du bras sont saillants et ont des contours bien dessinés, on appliquera la bande au-dessous d’eux, surtout si ceux qu’on saigne sont de taille élancée ; dans ce cas, en effet, la distance qui existe entre le pli du coude et le muscle est suffisante » ; favoriser la vasodilatation de la veine choisie, en demandant au patient de serrer le poing : « Après avoir appliqué l’appareil, on frottera les mains l’une contre l’autre et on y tiendra quelque chose », et en mettant le membre en position de déclive, « si on saigne à la fosse poplitée, on appliquera la bande à la cuisse, au-dessus du genou [...]. Après l’application de l’appareil, le malade se promènera ; quand on est sur le point de faire l’incision, il se tiendra droit, en s’appuyant uniquement sur la jambe »31. Si toutefois la veine n’est toujours pas visible, elle peut être recherchée en palpant le bras32.
- 33 Ibidem. L’auteur conseille d’interrompre la saignée si le pouls s’effondre : « à cause de la débili (...)
- 34 Oribase (d’après Antyllus), VII. 12 : « Si c’est une défaillance qui gêne le succès de l’opération, (...)
- 35 Voir aussi dans le même traité le chapitre XIV, ou dans le traité des Épidémies, II, 3e section, 14 (...)
12À partir de l’époque alexandrine, on sait également contrôler le pouls artériel après la pose du garrot, pendant la saignée pour juger de l’état des forces du malade33 et on l’allonge s’il est pris de malaise34. Au moment de desserrer le garrot, si le saignement continue, il est conseillé de relever le membre « pour que le cours du sang s’inverse »35.
- 36 Hippocrate, Plaies, XXVI. 1.
Quand on ouvre un vaisseau et que le sang ne s’arrête pas de couler après qu’on a tiré du sang et dénoué la bandelette, pour que le cours du sang s’inverse, le patient doit tenir la partie du corps, que ce soit bras ou jambe, comme si le cours du sang retournait en arrière, en demeurant plus ou moins longtemps couché dans cette position36.
- 37 Hippocrate, Épidémies, II, 3e section, 14. Et Paul, VII. 40 : « Mais lorsque le sang s’arrête avant (...)
- 38 Oribase (d’après Antyllus) VII. 9.
- 39 GITTON-RIPOLL Valérie et VALLAT François, « La bleime et la fourbure, deux affections du pied du ch (...)
- 40 Voir Celse, V. 21. Pour la rétractation des extrémités d’une veine sectionnée, voir du même auteur (...)
- 41 SALAZAR Christine F., The Treatment of War Wounds in Graeco-Roman Antiquity, Leyde, éd. Brill, 2000 (...)
- 42 Celse, VII. 33. Paul, VII. 84, approuve la pratique de Léonidès qui applique un cautère chauffé à r (...)
- 43 Oribase (d’après Archigène), XLVII. 13.
- 44 WYPLOSZ Julien, « Qui a fait la première ligature artérielle ? », séance de janvier 2011, in Histoi (...)
13Poser un lien sur le membre permet d’avoir une action sur la circulation superficielle en favorisant la vasodilatation des veines mais trop serrer ce lien comprime les veines et interrompt l’afflux de sang : « dans les saignées, les ligatures hâtent l’écoulement du sang ; fortes, elles l’arrêtent »37. Il est non seulement constaté qu’un garrot mal ajusté coupe la circulation mais aussi qu’il provoque l’engourdissement du membre : « si on applique l’appareil tout à fait au-dessus du muscle, ou sur sa partie inférieure, on pourra serrer très fortement, sans que les parties sur lesquelles on agit y mettent obstacle ; seulement cela ne sert à rien, car la ligature rend les vaisseaux moins apparents, engourdit et endolorit le bras »38. On sait que la médecine vétérinaire antique tire parti de ces deux aspects pour réduire la sensibilité au niveau du sabot du cheval et opérer à vif quand il faut exciser la corne39. Toutes les observations cliniques sont là, pourtant le garrot – en tant que simple bande de tissu ou courroie – ne semble pas avoir été souvent utilisé pour contrôler une hémorragie chez l’homme. En cas de blessure, Celse préconise simplement la compression directe après avoir rempli la plaie de charpie. Si cela ne suffit pas, l’emploi de médicaments caustiques pour provoquer une croûte est possible quoique l’auteur n’y ait pas volontiers recours. En dernier lieu, il recommande de saisir le vaisseau pour le ligaturer de part et d’autre de la plaie et le sectionner, précisant que les parois du vaisseau se rétractent alors d’elles-mêmes40. On comprend aisément que le garrot ne soit pas utilisé par les médecins pré-alexandrins tant que la ligature des veines et des artères n’est pas pratiquée. Pour un saignement important, si le garrot ne reste pas en place assez longtemps, son action n’est qu’éphémère : dès que le garrot est défait, sans autre intervention chirurgicale, l’hémorragie reprend. Si au contraire, le médecin le laisse posé trop longtemps, il risque de provoquer la gangrène du membre41. Il est plus étonnant en revanche que des auteurs comme Celse au IIe ou Paul d’Égine au VIIe apr. J.-C., qui recommandent parfois la ligature des vaisseaux pour contrôler une hémorragie, ne fassent référence ni au garrot, ni à la ligature des vaisseaux au moment de procéder à l’amputation d’un membre gangrené42. Il n’y a guère que chez Oribase que l’on rencontre l’usage du garrot lors d’une amputation. Il rapporte les protocoles d’intervention de deux confrères du début du IIe apr. J.-C., Archigène et Héliodore. Tous deux sont contemporains mais l’on voit que les pratiques diffèrent. Avant de procéder à la séparation des chairs, Archigène opère la ligature des vaisseaux et en vient parfois, mais pas systématiquement, à poser un garrot : « Évidemment donc, l’ablation réclame l’intégrité des forces du malade ; on doit aussi distinguer les choses qu’il faut faire avant, pendant et après. D’abord, on liera les vaisseaux qui se rendent là où sera pratiquée la section, ou bien on interceptera le cours du sang à l’aide d’une suture ; chez certains individus, on liera le membre tout entier ; on fera des affusions d’eau froide, et, dans quelques cas, on pratiquera une saignée »43. On note l’emploi de l’eau froide qui favorise la vasoconstriction. Le recours à la saignée, en revanche, nous paraît paradoxal mais on sait qu’Ambroise Paré lui-même, qui a introduit la pratique de la ligature artérielle au XVIe siècle, en faisait autant44. Les vieux usages demeurent malgré les progrès dans la maîtrise de l’hémostase. Si les ligatures ne suffisent pas et que l’écoulement de sang reprend au moment de scier l’os, Archigène emploie des cautères chauffés à blanc et pose des compresses. Dans le paragraphe suivant, Oribase cite Héliodore. Ce dernier reproche à certains de ses confrères d’agir dans la précipitation par crainte de l’hémorragie, en détachant les chairs en un seul geste sans tenir compte de la présence des vaisseaux. Lui préfère poser un garrot pour avoir le temps de séparer graduellement les muscles de l’os, mais il ne pratique pas la ligature ni la cautérisation des vaisseaux pour obtenir l’hémostase et se contente, après l’ablation du membre, d’appliquer des compresses maintenues par un bandage.
- 45 Oribase (d’après Héliodore), XLVII. 14.
Quelques médecins, s’attachant avec un empressement sans motif à la rapidité de l’opération, pratiquent d’un seul coup l’incision des parties molles et scient ensuite les os ; mais l’amputation ne se fait pas sans danger de cette manière là, vu qu’il y a grand nombre de vaisseaux qui répandent du sang à la fois ; pour cette raison je suis d’avis de diviser d’abord les parties les moins charnues du membre, par exemple celles qui correspondent à la face antérieure du tibia, de scier ensuite, et après cela de diviser le reste des parties molles, afin d’arriver ainsi [graduellement] à l’ablation du membre. Pour obtenir, autant que possible, l’obturation des vaisseaux, j’ai l’habitude d’appliquer d’abord une bande au-dessus de la région où je scie, et de pratiquer ensuite l’opération de la manière que je viens de décrire45.
14Ainsi, pour une même opération, quelle que soit l’époque, les pratiques divergent sans que l’on puisse faire une lecture chronologique des progrès médicaux dans le contrôle de l’hémorragie. Les moyens sont connus mais les choix sont multiples : Celse au Ier apr. J.-C., comme certains confrères d’Héliodore au IIe apr. J.-C., privilégie la rapidité de l’intervention avec une unique incision des chairs ; Héliodore et Archigène, au IIe apr. J.-C., utilisent tous deux un garrot mais procèdent différemment ensuite, tandis que Paul d’Égine, au VIIe apr. J.-C., ne fait référence qu’à la cautérisation des vaisseaux.
Forme du garrot
- 46 KIRKUP John, The Evolution of Surgical Instruments. An Illustrated History from Ancient Times to th (...)
- 47 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9.
- 48 Ibidem, VII. 9.
- 49 Ibidem, VII. 7. On a un vocabulaire équivalent chez Celse, VII. 7, avec deligare « attacher » : GAI (...)
- 50 Ibidem, (d’après Galien), VII. 5.
- 51 Dans un même chapitre, on a huit occurrences pour διασφίγξις et une occurrence pour ἀποσφίγξις (VII (...)
- 52 Hippocrate, Plaies, XXVI. Paul, VII. 40 (deux occurrences).
- 53 Chez Chiron, 617-618, le terme latin lorum employé pour désigner un garrot posé sur la patte du che (...)
- 54 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9 (six occurrences dont τελαμω’νι εὐτόνῳ traduit par « à l’aide d’ (...)
- 55 KIRKUP John, op. cit., p. 315.
- 56 Paul, VII. 118 : « Mais s’il faut une plus forte extension, on attachera la jambe au-dessus des mal (...)
15Si les traités médicaux antiques, du Corpus hippocratique à Paul d’Égine, attestent de l’emploi du garrot pour favoriser la vasodilatation des vaisseaux au moment d’une saignée ou, au contraire, leur vasoconstriction dans la lutte contre l’hémorragie, ils sont peu prolixes pour décrire l’instrument lui-même. Cela tient à la nature même des sources qui sont des manuels de médecine, notes ou traités, destinés à l’étudiant et au praticien, et non des catalogues d’artisans spécialisés dans la fabrication d’instruments médicaux comme on en trouve en France à partir du XVIIIe siècle46. Ainsi, les mots utilisés pour désigner le garrot dans les différents textes expriment davantage la fonction que la forme. Le verbe et le geste priment dans la formation du nom. On a donc des substantifs dérivés de verbes qui expriment l’action d’entourer et de lier comme ἐπι- ou δια-δέω et περι-βάλλω en grec : τὸ περιβάλλειν47, ou ἡ διάδεσις48, ἡ ἐπίδέσις49. Il arrive aussi que l’emploi du participe suffise à évoquer l’instrument διαδηςάντων, περιβάλλων50. Mais le substantif qui revient le plus souvent chez Oribase est διασφίγξις ou ἀποσφίξις51 tiré du verbe σφίγγω qui signifie « lier fortement ». On a là une indication intéressante qui induit la solidité, la résistance du lien et qui n’apparaît pas dans le choix du nom féminin ἡ ταίνια, « bandelette » utilisé pour désigner le garrot dans le traité des Plaies du Corpus hippocratique ou chez Paul d’Égine52. Ce dernier terme évoque plutôt un lien souple en tissu53. C’est également le cas du nom masculin ὁ τελαμών que l’on rencontre chez Oribase, mais l’auteur adjoint le qualificatif εὔτονος « fortement tendu »54. Or, on sait qu’un simple bandage ne permet pas de maintenir une pression constante et finit par se relâcher55. Un passage intéressant chez Paul, au sujet du traitement d’une luxation coxo-fémorale qui nécessite une forte extension, distingue l’emploi de bandes βρόχοι simplement tissées ὑψαντοί ou tressées πλεκτοί56.
- 57 PERRET Jean-Jacques, L’art du coutelier expert en instruments de chirurgie, 2 t., Paris, 1772, p. 3 (...)
- 58 Ibidem, VII. 40 : « Or donc il faut avec une bandelette étroite, faire une ligature autour des musc (...)
- 59 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9.
- 60 Ibidem, VII. 12.
- 61 SEERIG A. W. H., Armamentarium chirurgicum oder Beschreibung Chirurgische Instrumente älterer u. ne (...)
- 62 Ibidem, p. 102 §1.
16L’emploi d’une bande solide, dont les fils sont tissés serrés en guise de courroie de garrot, est tout à fait envisageable si on songe aux épaisses bandes de tissu des systèmes plus élaborés de tourniquets que l’on rencontre dans les trousses à amputation des XVIIIe et XIXe siècles. Selon la description de Jean-Jacques Perret du tourniquet inventé par Petit : « La jarretière est de fil fort ou de filoselle : elle porte trois pieds de long, et huit lignes de large »57. Dans nos traités médicaux, Paul qualifie la bande utilisée pour favoriser la vasodilatation avant la saignée d’étroite otenhv58 et Oribase précise : « Avant la saignée, on entourera le bras d’une bande solide de la largeur d’environ deux doigts, ou un peu plus », soit environ 3,7 cm de large59. Nous savons également qu’au moment d’une saignée, le médecin a besoin de pouvoir ajuster son garrot en le serrant plus ou moins afin de pouvoir agir sur la vasodilatation sans couper la circulation : « Si l’écoulement s’arrête parce que l’on a trop serré la bande, on la relâchera »60. C’est là que des boucles métalliques à ardillon, telles que celles des trousses de La Favorite et du médecin de Paris, prennent tout leur intérêt pour un garrot. Elles permettent de régler facilement la pression que l’on exerce sur le membre sans avoir à défaire un nœud, comme ce serait le cas pour un simple lien en tissu. L’ardillon de la boucle vient se ficher entre les mailles de la bande tissée pour bloquer l’appareil. On retrouve cette association, boucle et bande tissée, sur toute une série de garrots, représentés sur une planche consacrée aux Schnallen-Tourniquet « tourniquets à boucle » dans un ouvrage allemand du XIXe siècle (Fig. 6)61. Notre garrot antique pourrait être très proche du tourniquet d’Assalini par exemple (Fig. 7). Le seul inconvénient avec un tel système est que l’on n’exerce pas de pression localisée sur l’artère, contrairement à un garrot comme le célèbre tourniquet de Petit qui intègre, en plus, un coussinet collé sur une plaque métallique mue par une vis. Cependant, l’auteur explique qu’il était d’usage avec le système le plus élémentaire d’intercaler, entre le membre et la courroie, une bande de lin enroulée sur elle-même ou un coussinet62.
- 63 DASEN Véronique, « L’aryballe Peytel, le cabinet d’un médecin grec », in La médecine à l’époque rom (...)
17Cette hypothèse est appuyée par l’examen des instruments associés aux boucles dans nos deux trousses médicales. Dans celle de Paris, se trouve tout un groupe d’instruments utiles pour évacuer les humeurs par la pratique de la saignée ou la pose de ventouses : ventouses, scalpels dont il ne reste plus que le manche et bassin rappellent la scène représentée sur l’aryballe Peytel, petit vase à figures rouges conservé au musée du Louvre63 : on y voit un jeune médecin s’apprêtant à faire une saignée au pli du coude d’un patient qui se tient debout, bras tendu au-dessus d’un bassin posé au sol. D’après ce que l’on sait de l’usage du garrot posé pour faire gonfler les veines avant une saignée, les deux boucles conservées s’intègrent parfaitement à cet équipement. Le lien est moins évident de prime abord entre la boucle de la trousse de La Favorite et les autres qu’elle contenait, puisqu’aucun manche de scalpel n’est conservé. Compte tenu de sa place dans la boîte rectangulaire en laiton au côté des collyres estampillés, elle est liée au soin des yeux. Nous avons vu que la saignée aux tempes était préconisée en cas d’ophtalmie (inflammation avec gonflement des paupières, larmoiement, rougeur). Or, Oribase rapporte l’usage de poser un garrot au cou pour faire gonfler les artères temporales superficielles.
- 64 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9.
Quand on saigne au front, à l’angle de l’œil, à la langue, ou près des oreilles, on entourera le cou d’une bande, et on ordonnera au malade de placer sa main gauche, ou sa main droite sous le menton, soit tout entière, soit le pouce seulement ; ensuite on serrera la bande sur les doigts ; de cette manière, la trachée artère ne sera pas interceptée, et les vaisseaux qui, de chaque côté, se rendent à la tête, se gonfleront à leur partie supérieure par l’effet de la pression64.
- 65 PERRET Jean-Jacques, op. cit., p. 390 : « Pour saigner aux veines jugulaires, on n’a pas l’aisance (...)
- 66 Celse, VII. 7. L’auteur précise par ailleurs que « rien ne surpasse ce qui se pratique dans la Gaul (...)
18Cette pratique peut choquer, quoiqu’on la rencontre aussi dans les manuels du XVIIIe siècle65. Reste que l’on n’a retrouvé aucun scalpel pour pratiquer une saignée : l’étui circulaire qui accompagnait la boîte avec les collyres ne contenait qu’une spatule et une cuiller dont le manche se prolonge par un renflement olivaire et un minuscule cuilleron dont le manche s’affine jusqu’à former une pointe. Là encore, les sources textuelles apportent leur éclairage. Celse fait aussi référence à la pose d’un garrot sur le cou, destiné à faire gonfler les vaisseaux de la tête mais cette fois il s’agit de les cautériser avec un fer chaud : « C’est une opération usuelle que de cautériser les veines temporales qui, dans ce genre d’affection, sont ordinairement tuméfiées ; mais pour les enfler et les rendre plus apparentes, il faut, auparavant, serrer modérément le cou avec une bande ; puis à l’aide de fers déliés et mousses, cautériser les veines jusqu’à cessation de l’écoulement de pituite par les yeux ; c’est à ce dernier signe que l’on reconnaît que les conduits, vecteurs de l’humeur, sont presque totalement obstrués »66. On parle souvent de spatule-sonde ou de cuiller-sonde pour ces instruments doubles à renflement olivaire mais celui-ci peut très bien servir aussi de cautère le cas échéant.
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- 67 BOYER Raymond, « Les collyres», in Découverte de la tombe d’un oculiste à Lyon (fin du IIe siècle a (...)
- 68 BLIQUEZ Lawrence J., Roman Surgical Instruments and Other Minor Objects in the National Archaeologi (...)
- 69 CZYSZ Wolfgang, Gontia, Günzburg in der Römerzeit. Archäologische Entdeckungen an der bayerisch - s (...)
19L’examen des traités médicaux antiques montre qu’il n’est pas nécessaire de comprendre la circulation sanguine pour constater de façon empirique les effets d’une méthode de compression à distance, que le médecin soit à la recherche d’une vasodilatation des vaisseaux pour détourner et évacuer les « humeurs » qui perturbent l’état de santé, ou d’une hémostase, si le risque d’hémorragie est important. L’existence de garrots est donc bien attestée dans la médecine gréco-romaine. Cependant, sans la découverte lyonnaise, il serait délicat de traiter les boucles mises au jour comme des instruments à part entière et de développer cette hypothèse de travail. Les études précédentes, conduites sur la trousse d’oculiste de La Favorite, ont privilégié la composition des collyres et les inscriptions conservées, qui correspondent aux empreintes des cachets d’oculiste reportés sur la pâte avant séchage, au détriment des instruments qui, il faut bien le reconnaître, ne présentent pas à première vue d’intérêt particulier. La présence d’une boucle en fer est assez anecdotique pour ne pas être commentée67. Ainsi, plus que tout autre instrument, les boucles subissent le sort des « petits objets », témoins de la vie quotidienne. C’est là l’un des principaux écueils de l’étude des instruments médicaux hors contexte, longtemps regroupés sous la dénomination plutôt vague d’« instruments de toilette, de couture ou de chirurgie », dans les catalogues de musées. Seule une découverte groupée d’instruments à usage strictement médical (ventouse, speculum, pince staphylagra…), à côté d’instruments d’usage courant, permet de parler de spatule ou cuiller-sonde plutôt que de spatule à fard. Pour une boucle, l’explication la plus simple veut souvent que ce soit le résidu d’un étui en cuir non conservé, destiné à transporter et protéger certains instruments. Et quand bien même, l’inventaire des instruments chirurgicaux conservés au musée national de Naples recense ainsi quelques étuis cylindriques et boîtes rectangulaires en alliage cuivreux mais aucune boucle n’y figure68. Si toutes les boucles mises au jour avec des ensembles d’instruments médicaux n’ont peut-être pas fonction de garrots, c’est une hypothèse qui mérite d’être reconsidérée pour les trouvailles anciennes. Ainsi, lors de fouilles réalisées en 1979 à Günzburg, on a retrouvé dans une urne cinéraire deux boucles en alliage cuivreux aux côtés d’une boîte rectangulaire, d’un bâtonnet de plomb et d’une cuiller-sonde, dans une sépulture datée du début du IIIe siècle69. Ces boucles sans ardillon sont interprétées comme les résidus d’un étui en cuir. Pour les découvertes à venir, la position stratigraphique de la boucle dans le dépôt et celle des instruments associés permettront de vérifier notre hypothèse.
Notes
1 DASEN Véronique (éd.), La médecine à l’époque romaine. Quoi de neuf docteur ?, catalogue de l’exposition, 2011.
2 Avant d’être acquise par le musée Carnavalet en 1991, la trousse d’instruments appartenait à la collection privée de M. Toulouze et était présentée dans le petit musée qu’il avait aménagé dans sa maison, « le musée de Lutèce ». Le Pr. Deneffe évoque sa visite auprès de M. Toulouze. Voir DENEFFE Victor, Étude sur la trousse d’un chirurgien gallo-romain du IIIe siècle, Anvers, éd. H. Caals, 1893, chap. 2 p. 24.
3 Ibidem, p. 31-32. Le Pr. Deneffe évoque les travaux entrepris par Ledoux en 1783 pour édifier une nouvelle enceinte et l’aménagement de nombreuses guinguettes adossées à celle-ci.
4 KÜNZL Ernst, « Medizinische Instrumente aus Sepulkralfunden der römischen Kaiserzeit », in Bonner Jahrbüchern des Rheinischen Landesmuseum, Band 182, 1982, Bonn, 1983, p. 75, émet des réserves sur la nature funéraire du dépôt. Compte tenu du nombre de monnaies associées au matériel médical, il privilégie plutôt l’hypothèse de l’enfouissement d’un trésor au moment des invasions barbares en 275.
5 BOYER Raymond & MOUREY William, « Le matériel d’oculiste », in Découverte de la tombe d’un oculiste à Lyon (fin du IIe siècle après J.-C.). Instruments et coffret avec collyres, BOYER Raymond (dir.), Gallia vol. 47, 1990, p. 235-246 ; VOINOT Jacques, « La trousse d’oculiste de Lyon », in La médecine à l’époque romaine. Quoi de neuf docteur ?, catalogue d’exposition, Lyon, éditions du Département du Rhône, 2011, p. 24.
6 KÜNZL Ernst, op. cit., p. 50, 97, 101 : on retrouve ce motif sur des manches d’instruments. Le serpent, attribut du dieu de la médecine, peut être une façon de se placer sous la protection d’Asclépios et d’invoquer son pouvoir.
7 Ibidem., p. 75.
8 MILNE John Stewart, Surgical Instruments in Greek and Roman Times, Chicago, éd. Ares, 1986, p. 164.
9 DENEFFE Victor, op. cit., p. 40. Le Pr Deneffe, professeur à la faculté de médecine de l’Université de Gand, est allé à la rencontre de M. Toulouze pour pouvoir étudier sur place le contenu de la trousse du médecin de Paris.
10 VELAY Philippe, « Paris de l’Antiquité à nos jours. Dix ans d’acquisitions du musée Carnavalet », Bulletin du musée Carnavalet, n° 38, 1994, p. 271.
11 D’après Philippe Velay, des photographies – qu’il n’a pas pu consulter – auraient été prises lors de la mise au jour de la trousse du médecin de Paris (ibidem, p. 272).
12 Quand cela était possible, nous avons privilégié les éditions récentes de textes médicaux aux Belles Lettres pour Celse et certains traités hippocratiques. Mais on doit la traduction de l’œuvre d’Oribase et de Paul d’Égine à des médecins, historiens de la médecine, les Dr. C. Daremberg et R. Briau en 1851 et 1855, époque à laquelle É. Littré s’attache à éditer l’ensemble du Corpus hippocratique.
13 HIPPOCRATE, Plaies, Nature des os, Cœur, Anatomie, texte établi et traduit par Marie-Paule Duminil, t. VIII, Paris, Les Belles Lettres (CUF), 1998, XXVI.1.
14 DASEN Véronique et KING Helen, La médecine dans l’Antiquité grecque et romaine, Lausanne, éd. BHMS, 2008, p. 19. Selon les traités, il est question de deux, trois ou quatre fluides. Le traité De la nature de l’homme compte quatre humeurs : bile jaune, bile noire, sang et phlegme (ou pituite). Le sang et la bile jaune émanent du foie, le phlegme du cerveau et la bile noire de la rate.
15 PAUL d’ÉGINE, Chirurgie, traduit par René Briau, livre 7, Paris, éd. Masson, 1855, VII. 40 : « Nous saignons en n’importe quel temps ceux dont une maladie actuelle exige la soustraction du sang, ayant soin, et seulement dans les pyrexies, d’éviter l’instant d’acuité des paroxysmes partiels. Mais si la fièvre est continue, le moment du matin est en tout cas le plus convenable. Quant à ceux qui n’ont pas actuellement de maladie, mais qui désirent une soustraction de sang comme moyen prophylactique, le printemps est le plus favorable ».
16 CELSE, De la médecine, texte établi, traduit et commenté par Guy Serbat, t. I, Paris, Les Belles Lettres (CUF), 1995, II, 10,1. ORIBASE, Oeuvres d’Oribase, traduit par U. C. Bussemaker et Ch. Daremberg, t. II et IV, Paris, Imprimerie nationale, 1854 et 1862, VII, 4.
17 Oribase, VII. 2 (d’après Galien) : « Il faut aussi saigner, au commencement du printemps, ceux qui, chaque année, sont pris, en été, de maladies tenant à la pléthore… ; en effet, ce changement distend et liquéfie le sang et y produit, pour ainsi dire, une espèce d’ébullition... ».
18 Paul, VII. 40.
19 Oribase, VII. 2 (d’après Galien).
20 Celse, II. 10,12. Voir aussi Oribase, VII. 5 : l’auteur précise quelle veine choisir en fonction de l’organe affecté.
21 Oribase, VII. 5 : « Lorsqu’on saigne pour opérer une révulsion, on verra se produire rapidement un soulagement manifeste, si l’on ouvre les veines du côté où se produit l’hémorragie ; tandis que, si l’on agit de la manière opposée, on n’en recueillera aucun avantage ».
22 Dans son livre de chirurgie, Paul d’Égine adapte également le lieu de la saignée au stade de l’inflammation (VII. 11). PAUL d’ÉGINE, Chirurgie, traduit par René Briau, livre 7, Paris, éd. Masson, 1855.
23 Oribase, VII. 5
24 Pour les oreilles, voir Celse, VI. 7.
25 GALIEN, Le médecin. Introduction, texte établi et traduit par Caroline Petit, t. III, Paris, Les Belles Lettres (CUF), 2009, XIII. 21. Oribase, VII. 1, cite également Galien pour une saignée en cas de sensation de tension dans les tempes.
26 Hippocrate, De la Vision, IX. 1. Celse rappelle cette pratique hippocratique et en précise les modalités, VI. 6 : « Quand les douleurs sont intenses, il est plus avantageux de saigner le second jour ; en cas d’urgence, on le fait même le premier, surtout si les veines du front sont gonflées, et si le sujet est vigoureux et pléthorique ». Voir aussi Oribase, VII 5, 6 et 13 (d’après Antyllus) ; Paul, VII. 4 et 7.
27 Celse, VI. 6 : « Les yeux sont souvent le siège d’une inflammation accompagnée de douleur et de tuméfaction, qui donnent lieu à un écoulement de pituite, tantôt âcre et abondante, tantôt modérée sous ces deux rapports ».
28 Celse, II. 10.
29 Paul, VII. 40.
30 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9.
31 Voir aussi Paul, VII. 40 : « on saigne les veines des extrémités après avoir lié les parties qui sont au-dessus, pour les faire gonfler par le frottement des mains et par la marche ».
32 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9, évoque cette pratique de la saignée dite au tact, tro ;s aJfh ;n, mais ne s’y fie guère : « dans les saignées qu’on nomme saignées au tact, mais qui se font en devinant, on commet des erreurs, en enfonçant l’instrument à plusieurs reprises, car, les veines étant très petites et devenant très peu apparentes là où elles bifurquent, on tombe sur des endroits impropres à la saignée ».
33 Ibidem. L’auteur conseille d’interrompre la saignée si le pouls s’effondre : « à cause de la débilité des forces, et vous reconnaîtrez qu’elle a lieu par le toucher du pouls ; car vous le trouverez irrégulier, quant à sa force et à son développement, et même presque effacé ». On attribue la reconnaissance du pouls et sa mesure scientifique à l’aide d’une clepsydre à Hérophile à l’époque alexandrine (env. 330-320/260-250 av. J.-C.) : le pouls traduit le mouvement des artères dont la paroi élastique se dilate sous l’effet de l’augmentation de la pression engendrée par les contractions cardiaques.
34 Oribase (d’après Antyllus), VII. 12 : « Si c’est une défaillance qui gêne le succès de l’opération, il faut saigner en couchant les malades ».
35 Voir aussi dans le même traité le chapitre XIV, ou dans le traité des Épidémies, II, 3e section, 14 : « Dans les hémorragies qui abondent, il faut trouver la situation convenable ; en général, de déclive on la rendra élevée ». Et chez Oribase (d’après Antyllus), VII. 11 : « Nous pratiquons l’incision transversale, quand nous n’avons nulle intention de réitérer la saignée, parce que, le bras une fois fléchi, la plaie s’agglutine de suite ».
36 Hippocrate, Plaies, XXVI. 1.
37 Hippocrate, Épidémies, II, 3e section, 14. Et Paul, VII. 40 : « Mais lorsque le sang s’arrête avant un écoulement suffisant (et cela a lieu ou pour cause de pusillanimité du sujet et de lipothymie, ou par suite d’un thrombus, ou parce que la bande serre trop fort), nous gouvernons en raison de chacun de ces accidents : contre les lipothymies, en faisant respirer des odeurs ; contre la constriction, en relâchant la bande ».
38 Oribase (d’après Antyllus) VII. 9.
39 GITTON-RIPOLL Valérie et VALLAT François, « La bleime et la fourbure, deux affections du pied du cheval à travers les textes antiques », à paraître. L’auteur cite un passage de Chiron (617-618), corrigé à l’aide du manuscrit de Bâle.
40 Voir Celse, V. 21. Pour la rétractation des extrémités d’une veine sectionnée, voir du même auteur II. 10, 15-10, 16 ; pour la ligature des vaisseaux en cas d’hémorragie provoquée par l’extraction d’un trait, voir Paul, VII. 88.
41 SALAZAR Christine F., The Treatment of War Wounds in Graeco-Roman Antiquity, Leyde, éd. Brill, 2000, p. 42-45.
42 Celse, VII. 33. Paul, VII. 84, approuve la pratique de Léonidès qui applique un cautère chauffé à rouge sur les vaisseaux, après avoir entouré les parties coupées de compresses.
43 Oribase (d’après Archigène), XLVII. 13.
44 WYPLOSZ Julien, « Qui a fait la première ligature artérielle ? », séance de janvier 2011, in Histoire des Sciences médicales, t. XLV, n° 3, Société Française d’Histoire de la Médecine, 2011, p. 230. L’auteur cite Ambroise Paré qui se distingue de ses contemporains qui avaient plutôt recours à la cautérisation des vaisseaux avant une amputation : « Lors de l’amputation du membre, il est nécessaire que quelque quantité de sang s’écoule, à la fin qu’à la partie deschargée y surviennent moins d’accidens, et selon la plénitude et force du malade. Le sang escoulé en quantité suffisante, il faut promptement lier les grosses veines et artères si ferme qu’elles ne fluent plus ».
45 Oribase (d’après Héliodore), XLVII. 14.
46 KIRKUP John, The Evolution of Surgical Instruments. An Illustrated History from Ancient Times to the Twentieth Century, Novato, CA, Norman Publishing, 2006, p. 30.
47 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9.
48 Ibidem, VII. 9.
49 Ibidem, VII. 7. On a un vocabulaire équivalent chez Celse, VII. 7, avec deligare « attacher » : GAIDE Françoise, « À propos de ligare, uincire et de leurs préfixés. Enquête dans quelques textes médicaux latins », in Manus Medica. Actions et gestes de l’officiant dans les textes médicaux latins. Questions de thérapeutique et de lexique (Actes du colloque de l’Université Lyon II, 18-19 septembre 2001), études réunies par F. Gaide et F. Biville, Lyon, Aix-en-Provence, PUP, 2003, p. 38-41.
50 Ibidem, (d’après Galien), VII. 5.
51 Dans un même chapitre, on a huit occurrences pour διασφίγξις et une occurrence pour ἀποσφίγξις (VII. 9, d’après Antyllus). Voir aussi Paul, VII. 5 et VII. 40.
52 Hippocrate, Plaies, XXVI. Paul, VII. 40 (deux occurrences).
53 Chez Chiron, 617-618, le terme latin lorum employé pour désigner un garrot posé sur la patte du cheval, et traduit par « courroie », évoque plutôt un lien en cuir (Gitton-Ripoll et Vallat, à paraître).
54 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9 (six occurrences dont τελαμω’νι εὐτόνῳ traduit par « à l’aide d’une bande solide ».
55 KIRKUP John, op. cit., p. 315.
56 Paul, VII. 118 : « Mais s’il faut une plus forte extension, on attachera la jambe au-dessus des malléoles avec des lanières en tissu ou tressées βρόχοις, ὑψαντοι’ς ἤv πλεκτοι’ς, ou bien avec des courroies ».
57 PERRET Jean-Jacques, L’art du coutelier expert en instruments de chirurgie, 2 t., Paris, 1772, p. 385. Maître coutelier de Paris, spécialisé dans la fabrication d’instruments chirurgicaux, il publie en 1772 un ouvrage illustré consacré à ses réalisations et décrit minutieusement la structure de chaque instrument.
58 Ibidem, VII. 40 : « Or donc il faut avec une bandelette étroite, faire une ligature autour des muscles du bras ».
59 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9.
60 Ibidem, VII. 12.
61 SEERIG A. W. H., Armamentarium chirurgicum oder Beschreibung Chirurgische Instrumente älterer u. neuerer Zeit, Breslau, impr. par A. Gosohorsky (London, Black Young et Young ; Wien, C. Harold), 1836, pl. X.
62 Ibidem, p. 102 §1.
63 DASEN Véronique, « L’aryballe Peytel, le cabinet d’un médecin grec », in La médecine à l’époque romaine. Quoi de neuf docteur ?, catalogue d’exposition, Lyon, éditions du Département du Rhône, 2011, p. 10.
64 Oribase (d’après Antyllus), VII. 9.
65 PERRET Jean-Jacques, op. cit., p. 390 : « Pour saigner aux veines jugulaires, on n’a pas l’aisance de bander le col comme on bande le bras. Pour faciliter l’opération, M. Chaber, Maître chirurgien de Paris, a imaginé une machine à cet effet. Elle est représentée par la Figure 9 : elle est faite d’acier garni de peau et fait office de ligature à saigner ».
66 Celse, VII. 7. L’auteur précise par ailleurs que « rien ne surpasse ce qui se pratique dans la Gaule chevelue, où l’on fait le choix des veines des tempes et du vertex ».
67 BOYER Raymond, « Les collyres», in Découverte de la tombe d’un oculiste à Lyon (fin du IIe siècle après J.-C.). Instruments et coffret avec collyres, Boyer (dir.), Gallia vol. 47, 1990, p. 243 : « Le compartiment D du coffret d’oculiste contenait une boucle circulaire en fer, très corrodée (fig. 37). Diamètre : 24 mm ; section : diamètre 3 mm. Un ardillon de 32 mm de long s’articule sur l’anneau par simple enroulement d’une extrémité. Poids de l’objet : 2 g. Cette boucle n’a pas de lien évident avec l’ophtalmologie ».
68 BLIQUEZ Lawrence J., Roman Surgical Instruments and Other Minor Objects in the National Archaeological Museum of Naples, Mainz, Verlag Philipp von Zabern, 1994, p. 192-196.
69 CZYSZ Wolfgang, Gontia, Günzburg in der Römerzeit. Archäologische Entdeckungen an der bayerisch - schwäbischen Donau, Friedberg, Likias Verlag, 2002, p. 146-147.
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Fig. 1 : Les instruments de la trousse du médecin de Paris |
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Crédits | © R. Viollet/Musée Carnavalet/Ville de Paris |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/docannexe/image/874/img-1.png |
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Titre | Fig. 2 : Les instruments de la trousse d’oculiste de La Favorite, Lyon |
Crédits | © Musée gallo-romain de Lyon - Fourvière. Photo Ch. Thioc |
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Titre | Fig. 3 : Boucle à deux têtes (D. 3,6 cm), trousse du médecin de Paris |
Crédits | © S. Coudert /Musée Carnavalet/Ville de Paris |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/docannexe/image/874/img-3.png |
Fichier | image/png, 75k |
Titre | Fig. 4 : Boucle à ardillon (D. 3 cm), trousse du médecin de Paris |
Crédits | © S. Coudert /Musée Carnavalet/Ville de Paris |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/docannexe/image/874/img-4.png |
Fichier | image/png, 76k |
Titre | Fig. 5 : La boîte à collyres de la trousse d’oculiste de La Favorite in situ |
Crédits | © Photographie AFAN |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/docannexe/image/874/img-5.png |
Fichier | image/png, 159k |
Titre | Fig. 6 : Planche illustrée de tourniquets à boucle |
Crédits | © Photo M. Lioux |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/docannexe/image/874/img-6.png |
Fichier | image/png, 288k |
Titre | Fig. 7 : Détail du tourniquet d’Assalini |
Crédits | © Photo M. Lioux |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/docannexe/image/874/img-7.png |
Fichier | image/png, 92k |
Pour citer cet article
Référence papier
Mélanie Lioux, « Un garrot dans l’instrumentarium du médecin antique ? », Histoire, médecine et santé, 8 | 2016, 69-87.
Référence électronique
Mélanie Lioux, « Un garrot dans l’instrumentarium du médecin antique ? », Histoire, médecine et santé [En ligne], 8 | hiver 2015, mis en ligne le 03 juillet 2017, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/874 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/hms.874
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