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Fabriquer les masculinités
Sources et documents

Champignons de Vénus

Mushrooms of Venus
Setas de Venus
Radu Suciu
p. 133-144

Résumés

Lucien Métivet (1863-1932) publie en septembre 1912 un curieux dessin humoristique dans le magazine Le Rire. Connu pour ses nombreuses œuvres satiriques, Métivet avait l’habitude de traduire en images l’actualité parisienne de son temps. Ici, il fait converger de manière surprenante et improbable des références médico-prophylactiques en lien avec les maladies vénériennes et leur transmission, quelques faits divers rapportés par les journaux après un été pluvieux, ainsi qu’une plaisanterie mondaine liée à la visite à Paris d’un jeune prince étranger. Cet article se propose d’esquisser le contexte socio-culturel de ce dessin de presse, considéré comme un objet-témoin de l’histoire de la médecine et de la société française du début du xxe siècle.

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Texte intégral

Figure 1. Lucien Métivet, « Mycologie »

Figure 1. Lucien Métivet, « Mycologie »

Gallica/Bibliothèque nationale de France. Disponible en ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/​ark:/12148/​bpt6k11722242/​f4.item (consulté le 5 janv. 2024)

  • 1 Article publié dans le cadre du projet FNS Sinergia « Neverending infectious diseases ». Le docume (...)
  • 2 Les dessins et illustrations de Métivet couvraient tous les sujets à la mode. Voir, par exemple, c (...)
  • 3 Lucien Métivet, « Eugénie Buffet tous les soirs [aux] Ambassadeurs », affiche lithographiée en cou (...)
  • 4 Lucien Métivet, « L’Echo de Paris commence La Femme-enfant, roman contemporain, par Catulle-Mendès (...)

1En septembre 1912, Lucien Métivet (1863-1932) publie ce dessin1 dans Le Rire, un journal satirique très lu à Paris au début du xxe siècle (figure 1). Peintre, illustrateur et caricaturiste de renom, Métivet était connu par ses très nombreuses illustrations de presse (il en signait souvent dans Le Rire et L’Assiette au beurre2), ou par des affiches publicitaires (pour la chanteuse de cabaret Eugénie Buffet3, ou pour les œuvres mondaines de Catulle Mendès4).

  • 5 Au sujet de la presse illustrée satirique parisienne et du Rire en particulier, voir Laurent Bihl, (...)

2La presse satirique parisienne5 proposait, semaine après semaine, de très nombreux dessins humoristiques comme celui-ci. Le mécanisme comique est souvent le même : les dessins détournent les actualités du moment – mœurs, politique, nouveautés ou controverses scientifiques, médisances bourgeoises – pour les transformer en calembours visuels incongrus.

3Regardons de plus près : deux personnages masculins sont représentés au premier plan. Celui qui nous fait face est probablement assez âgé : il porte un haut de forme, des lunettes, des favoris et un nœud papillon. Il occupe toute la place, son vêtement est représenté par des traits parallèles, hachurés grossièrement, comme pour accentuer sa volonté de se faire remarquer. Le geste de sa main s’adresse à un autre homme, plus petit, vraisemblablement plus jeune, qui regarde tout ébahi vers la droite : c’est là que se trouve le véritable centre visuel de la composition. Cet autre plan est légèrement décalé à l’arrière et identifié comme tel par la ligne de délimitation du dessin, comme si les deux hommes se trouvaient devant un cadre, une fenêtre ou un tableau. Par leur gestuelle et leur regard, ils nous invitent à entrer dans le dessin et, en complicité avec eux, à découvrir cette scène faite de deux silhouettes féminines ressemblant étrangement à des champignons (ou vice versa). Pour les dessiner, le crayon de Métivet se fait plus fin, plus retenu, le tracé plus léger. La lecture de la légende imprimée immédiatement sous l’illustration explique ce décalage entre les deux plans de l’image : « mycologie – Dans vénéneux il y a Vénus. Méfiez-vous, mon fils, de ces champignons-ci, quelle que soit leur couche. »

  • 6  Un « mycosis » figure parmi les maladies de la peau du groupe des « dermatoses véroleuses » du tra (...)

4Cette composition de Métivet n’est donc rien d’autre qu’une blague grivoise sur les risques sexuels encourus par les hommes. Un bourgeois d’un certain âge et d’une certaine prestance sociale enseigne à son cadet les bases de l’hygiène sexuelle. Mais si l’on trouvait à cette époque toutes sortes d’artifices pour représenter visuellement le danger qu’était pour un jeune homme la fréquentation de femmes issues du demi-monde et de la prostitution, assimiler celles-ci à des champignons vénéneux est surprenant et inattendu. Et si la dermatologie française se préoccupait alors des pathologies provoquées par les mycoses6, ce n’est pas le rapprochement de deux branches de la médecine (vénérologie et mycologie) qui devait susciter le rire. La clé comique du dessin, typique de l’humour grinçant pratiqué par Le Rire, est à rechercher derrière des faits divers… météorologiques.

Les chasseurs de champignons

5Quand ce dessin paraît dans Le Rire, la France fait face à une étonnante invasion de champignons provoquée par une météo estivale capricieuse. Voici ce que relate l’édition du 7 septembre 1912 du journal parisien Le Temps :

  • 7  Cunisset-Carnot, « La Vie à la campagne », feuilleton du Temps, 7 septembre 1912, p. 3.

Mais cette pluie pénétrante, en redonnant un essor inattendu à toute la végétation, a tiré les champignons de la torpeur dans laquelle ils se languissaient depuis deux ans, en 1910 pour avoir trop bu d’eau, en 1911 pour avoir eu trop soif. Ils se rattrapent aujourd’hui de cette longue inaction. Il en sort de partout : les bois, les prairies, les friches, les bas-côtés des routes, des chemins, des sentiers en sont couverts. On ne voit que gens bravant les averses, leur panier à la main, courbés ou accroupis pour profiter de l’aubaine inattendue de cette savoureuse et gratuite récolte7.

6Après la cueillette, commencent les ennuis. Les journaux font état de nombreux empoisonnements mortels dus à l’ingestion de champignons vénéneux. Tels ceux mentionnés le 2 septembre par la une du quotidien Le Matin :

  • 8  « Le champignon c’est la mort », Le Matin, 2 septembre 1912, p. 1.

La cueillette de ces délicieux comestibles, dont certains sont dignes de figurer sur la table des plus fins gourmets, n’est pas sans danger, surtout si le « chasseur de champignons » n’a pas, au moins, quelques notions de mycologie. Les journaux ont déjà annoncé cette année de nombreux accidents mortels causés par les champignons. Plus de vingt intoxications suivies de décès ont déjà été enregistrées, et la liste n’est pas close, malheureusement […]8.

7Ce passage est le début d’un long article qui se poursuit à la deuxième page du journal avec de nombreux conseils pratiques et des mises en garde imprimées en majuscules. Le journaliste conclut que seul un « long passé d’observation et d’étude mycologique » peut garantir « le bonheur de pouvoir apprécier des comestibles aussi délicats et raffinés » :

  • 9  Le Matin, 2 septembre 1912, p. 1-2. De tels articles sont quasi quotidiens en ce mois de septembre (...)

Pour l’instant, étant donnée l’extraordinaire multiplication des champignons de toutes sortes et la difficulté de reconnaître les espèces nuisibles des variétés inoffensives, mieux vaut mettre un frein à notre gourmandise et nous abstenir de ces comestibles exquis, mais aussi fort dangereux, même pour des connaisseurs9.

  • 10 « Dans vénéneux il y a Vénus ». Si le rapprochement entre ces deux mots pourrait surprendre, une l (...)

8Il n’y a pas d’équivoque. Seule l’abstinence préserve du risque de contamination et de mort. On comprend, dès lors, pourquoi Lucien Métivet a choisi de rapprocher les champignons meurtriers des maladies vénériennes : le plus sûr est de s’abstenir des unes comme des autres, amanites ou Marguerites, quelle que soit leur « couche ». Si la légende du dessin s’ouvrait par une boutade lexicographique jouant sur l’étymologie de « vénéneux »10, la chute comique repose sur l’ambiguïté polysémique du mot « couche ».

  • 11  Qui en contient des échos dans son bulletin de l’automne 1912 : « Le nombreux empoisonnements sign (...)
  • 12 On les retrouve notamment dans L’Écho de Paris, 9 septembre 1912, p. 2 ; Le Petit Journal, 10 sept (...)

9Parmi ces histoires de champignons qui avaient fini par préoccuper la Société mycologique de France11, surgissaient dans la presse des publicités nouvelles pour les champignons de couche (figure 2)12 :

Figure 2. Encart publicitaire pour les champignons de couche

Figure 2. Encart publicitaire pour les champignons de couche

Gallica/Bibliothèque nationale de France. Disponible en ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/​ark:/12148/​bpt6k11722242/​f4.item (consulté le 5 janv. 2024).

  • 13 Charles Lansiaux, Les carrières de Paris. Champignonnière, photographie ancienne, 17,1  23,2 cm, (...)
  • 14 Voir, par exemple, Grandville, Voyage pour l’éternité, estampe lithographiée, 22,2 x 30,4 cm, Pari (...)

10Cultivés sur une « couche » de paille et de fumier, ces champignons domestiqués, réglementés et contrôlés représentaient au xixe siècle une forme d’agriculture souterraine qui prospérait dans les catacombes de Paris13. Si la construction du métro en fit déplacer la production en Val de Loire à partir des années 1890, l’appellation « champignons de Paris » leur est restée. C’est là le premier sens, agricole, que revêt le mot « couche » de la légende qui accompagne le dessin de Métivet. Le mot en avait plusieurs autres qui étaient en usage alors. En premier lieu, il caractérise une strate de la société : « couche sociale » renvoie au sens sociologique que l’expression conserve depuis le début du xixe siècle, à savoir une communauté définie par son statut social. Le mot est à comprendre également, et surtout ici, dans son sens propre qui désigne le lit préparé pour accueillir les dormeurs, comme dans « couche nuptiale ». Un dernier sens, plus métaphorique, pourrait être celui de la « couche » qui masque la réalité : souvent les risques de la syphilis étaient représentés visuellement, déjà depuis le xviiie siècle, par le motif de la mort qui se cache derrière le masque d’une belle femme14.

11Cette lecture polysémique allant des champignons de couche jusqu’à la couche (extra)conjugale concentre tous les ferments du rire dans la rencontre improbable et extravagante entre des faits divers rapportés par les journaux et un problème bien plus complexe qui agitait tout autant sinon davantage la bourgeoise parisienne visée par le journal : celui du « péril vénérien ».

La leçon d’hygiène

  • 15  Voir Alexandre Wenger, « La visite à l’hôpital des vérolés, ou la littérature face au péril vénéri (...)

12L’enseignement d’étymologie que Métivet fait professer à son personnage empapillonné (« Dans vénéneux il y a Vénus ») rappelle tout un discours hygiéniste qui, depuis la seconde moitié du xixe siècle, s’était construit en lien avec une médecine sociale et prophylactique, rendue célèbre par les travaux d’Alfred Fournier, professeur de médecine à l’hôpital Saint-Louis de Paris. Fer de lance de la lutte anti-vénérienne, celui-ci prônait l’hygiène sexuelle et l’abstinence avant le mariage comme seuls moyens efficaces contre la prolifération des maladies vénériennes15.

  • 16   Alfred Fournier, Prophylaxie de la syphilis, Paris, Rueff, 1903, p. 469-490 : « Pour nos fils qua (...)
  • 17  Tout d’abord réservée aux classes sociales aisées, cette forme d’éducation s’étend progressivement (...)
  • 18  Arthur Schnitzler n’avait que quinze ans lorsqu’il avait été contraint par son père de consulter l (...)
  • 19  Charles Burlureaux, « Rapport de […] prophylaxie individuelle », IIe Conférence internationale pou (...)
  • 20 C’était le sujet d’une aquarelle de Félicien Rops montrant deux soldats devant des moulages anatom (...)
  • 21 André Couvreur, Les Mancenilles, Paris, Plon, 1900.
  • 22  André Couvreur, Ibid., p. 121, cité par A. Wenger, « La visite à l’hôpital des vérolés… », art. ci (...)

13L’illustration du Rire renvoie non seulement à cet imaginaire médico-sanitaire mais aussi, de manière encore plus précise, aux enjeux prophylactiques de l’éducation sexuelle. De nombreux traités de médecine et de sociologie des mœurs paraissaient alors16, misant tous sur la nécessité de faire l’éducation sexuelle du plus grand nombre d’hommes, quelle que soit leur… couche. Le bourgeois qui pointe vers les « femmes-champignons » est la caricature d’un moment important de cette éducation des jeunes qu’on appelait la « leçon d’hygiène » 17. Elle consistait à mettre en garde contre les dangers des mauvaises fréquentations par la présentation d’atlas dermatologiques dont les gravures coloriées montrant des corps rongés par la syphilis ne pouvaient que susciter un dégoût prophylactique18. Les références à Vénus étaient devenues des clichés langagiers ou visuels, censés susciter chez les hommes une « salutaire terreur »19. D’autres recouraient à des voyages « scolaires » pour observer tantôt des malades à l’hôpital, tantôt des moulages anatomiques fabriqués en cire. Ceux-ci servaient de matériel didactique aux médecins et à leurs étudiants, mais étaient accessibles aux visiteurs profanes soucieux de connaître ou de faire connaître les risques encourus20. Commence à apparaître à cette époque une littérature prophylactique, faite de nouvelles et de romans à buts préventifs. Dans un roman d’André Couvreur paru en 190021, une scène entière se déroule à l’hôpital Saint-Louis où le personnage principal est emmené par son ami médecin pour être confronté à la réalité : obligé d’observer de près les pustules et les lésions syphilitiques, il est incité à changer radicalement son comportement. La leçon d’hygiène, orchestrée par un ami, un parent ou un précepteur, repose donc sur cette stratégie de dissuasion représentée toujours par le même geste : on pointe du doigt le tableau, la vitrine, le livre, le film d’une réalité qui nous entoure, mais qu’il faut apprendre à craindre et à éviter ; un « procédé cruel en vérité, mais efficace par l’effroi dont il imprégnerait l’esprit du jeune homme, dont il graverait la cire molle de sa sensibilité »22.

14Des dessins humoristiques comme celui du Rire de 1912 s’emparent de la morale prophylactique pour la transposer dans un registre comique, sans en atténuer le message premier : méfiez-vous des femmes « vénéneuses ». Dans ces conditions, la turlupinade dessinée par Métivet possède, aujourd’hui, un caractère documentaire : c’est la transposition satirique de controverses sociales, morales ou médicales au sujet de l’omniprésence des maladies vénériennes et des meilleurs moyens de s’en prémunir. C’est peut-être aussi le signe qu’en ce début du xxe siècle, de tels sujets commençaient à être débattus plus ouvertement par une partie grandissante de l’opinion publique. Comment expliquer autrement que cette composition ait pu convoquer et superposer, de manière aussi provocatrice, sinon désinvolte, deux sujets d’actualité – les empoisonnements alimentaires et les maladies vénériennes – si éloignés les uns des autres ?

Le fuselage princier

15Il est fort probable que cette illustration humoristique soit, de surcroît, l’écho d’une rumeur mondaine qui courait dans Paris au sujet d’un récent voyage d’Édouard, prince de Galles et futur roi Édouard VIII. Pendant plusieurs mois du printemps et de l’été 1912 la France avait accueilli le prince héritier, venu parfaire ses connaissances en français. Pendant son séjour il avait posé pour un portrait, déjeuné à l’Élysée et reçu la Légion d’honneur. Il s’agissait d’éblouir le jeune prince, dans le but de consolider l’Entente cordiale avec le Royaume-Uni, matérialisée depuis 1904 par un important ensemble d’accords diplomatiques.

16Toute la presse française suivait de près les voyages, les déjeuners mondains ou l’avancement de l’éducation du futur monarque. Le Rire faisait de même : sur la page où est imprimé le dessin de Métivet, les lecteurs et lectrices de l’époque pouvaient lire un article mondain désobligeant à l’adresse du prince. À en croire les mauvaises langues, son séjour n’aurait pas « donné le résultat espéré […]. Son altesse serait retournée en Angleterre avec ce que chacun… et chacune croyaient qu’elle laisserait à Paris […] ». Un curieux dialogue s’ensuit :

– Est-il possible ? me dit un bon Anglais, très loyaliste… Comment, les Parisiennes n’ont pas fait connaître au prince of Wales les dessous de l’entente cordiale ?

– Cela m’étonne !… Le prince est allé souvent voir des aéroplanes.

– Des aéroplanes, sir ? Cela n’a pas de rapport...

– Pardon, les aéroplanes perdent parfois leur fuselage… et, vous savez, cela peut être contagieux ! […]

  • 23 Pour un florilège de caricatures compilé du vivant d’Édouard VII, voir John Grand-Carteret, « L’on (...)

17La référence aéronautique aux avions qui perdent leur « fuselage » évoque de façon cocasse la perte du pucelage. C’est ce que le prince de Galles n’aurait pas réussi à laisser à Paris : sa virginité. Une raison de plus pour la presse parisienne de jaser, comme elle l’avait déjà fait des années auparavant au sujet de son grand-père, Édouard VII, qui, attendant de monter sur le trône, était un habitué des maisons closes parisiennes23.

  • 24 Henri de Breteuil, « Mémoires du marquis de Breteuil. Un séjour du prince de Galles à Paris en 191 (...)

18Le dessin de Métivet figure immédiatement à côté du texte cité ci-dessus. Un lecteur averti n’aurait eu aucune peine à rapprocher la figure pompeuse du dessin de celle du marquis Henri de Breteuil, diplomate et ami de la monarchie anglaise, l’un des principaux promoteurs de l’Entente cordiale24. C’est lui qui avait accueilli Édouard et c’est peut-être grâce à ses conseils que le jeune prince avait été préservé du venin mondain parisien.

***

19Le dessin de Lucien Métivet n’avait pas d’autres prétentions que de réagir (et de faire réagir) de manière provocatrice aux actualités d’un été 1912 pluvieux et morose. Et pourtant, depuis les champignons de couche, en passant par la prophylaxie antivénérienne, jusqu’à la plus haute couche princière, il se laisse lire de trois manières différentes, à la fois plausibles et divergentes. Pour remettre ce dessin dans son contexte, il aura fallu mobiliser un étrange outillage interdisciplinaire (l’histoire de la mycologie ne rencontre pas souvent celle de l’Entente cordiale) : l’histoire de la médecine croise ici celle de l’art, des mœurs ou de la presse. Le dessin est aussi, me semble-t-il, un bon exemple de la richesse documentaire, ainsi que du potentiel d’analyse et d’interprétation que referment les grands corpus de presse illustrée du début du xxe siècle, désormais facilement accessibles à travers des bibliothèques numériques disponibles en ligne, mais encore relativement peu exploités par les historiens et les historiennes en dehors des spécialistes de la presse.

Figure 3. Le Rire, no 503, 21 septembre 1912, p. [4].

Figure 3. Le Rire, no 503, 21 septembre 1912, p. [4].

Gallica/Bibliothèque nationale de France. Disponible en ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/​ark:/12148/​bpt6k11722242/​f4.item (consulté le 5 janv. 2024).

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Notes

1 Article publié dans le cadre du projet FNS Sinergia « Neverending infectious diseases ». Le document qui y est analysé a été découvert, par sérendipité digitale, dans le cadre du projet FNS « Visual Contagions. Art, Images, and the Globalization of Cultures from the Printed Era to the Internet (1890today) » (Faculté des lettres, Université de Genève). Je remercie Alexandre Wenger, Guillaume Linte, Patrick Dandrey, Béatrice Joyeux-Prunel, Jean-Marie Flamand, Francesca Arena et Esther Cazin, ainsi que les relecteurs et relectrices anonymes de la revue HMS, pour leurs précieux conseils lors de la préparation de ce texte.

2 Les dessins et illustrations de Métivet couvraient tous les sujets à la mode. Voir, par exemple, comment il prenait en dérision les peintres cubistes : Lucien Métivet, « Le bazar du Rire – jouets et solde », Le Rire, no 466, 6 janvier 1912, p. [8]. Disponible sur Gallica : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k6246201r/f8.item. Lucien Métivet, « Le ...bisme expliqué », Le Journal amusant, no 698, 9 novembre 1912. Disponible sur Gallica : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k5498589d/f01 (consulté le 5 janv. 2024). Dessins reproduits et commentés dans Jeanne-Bathilde Lacourt, Nicolas Surlapierre, Brouillon Kub: les artistes cubistes et la caricature. 1911-1918, Milan, Silvana Editoriale, 2014.

3 Lucien Métivet, « Eugénie Buffet tous les soirs [aux] Ambassadeurs », affiche lithographiée en couleur, 120  77 cm, Paris, [Charles Verneau], 1893. Disponible sur Gallica : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b90171411.item (consulté le 5 janv. 2024).

4 Lucien Métivet, « L’Echo de Paris commence La Femme-enfant, roman contemporain, par Catulle-Mendès », affiche lithographiée en couleur, 130  96 cm, Paris, [Émile Levy], 1890. Disponible sur Gallica : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b9016353m.item (consulté le 5 janv. 2024).

5 Au sujet de la presse illustrée satirique parisienne et du Rire en particulier, voir Laurent Bihl, « “Audaces fortuna Juven” : les rires du Rire (1894‑1914). Propositions et hypothèses sur la réception publique d’un périodique fin-de-siècle », Acta Fabula, avril 2018. Disponible en ligne : https://www.fabula.org:443/colloques/document5417.php, consulté le 20 nov. 2023. L’histoire des magazines satiriques est à placer dans le cadre plus large de l’histoire de la presse et de l’important champ de recherche anglophone des « Periodical Studies ». En général, sur l’histoire de la presse en France, se référer à la synthèse monumentale dirigée par Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant (dir.), La civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au xixe siècle, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2011. Pour l’histoire de la presse illustrée, voir Evanghelia Stead et Hélène Védrine (dir.), L’Europe des revues (1880-1920). Estampes, Photographies, Illustrations, Paris, Presses universitaires de Paris Sorbonne, 2008 ; E. Stead et H. Védrine, L’Europe des revues II (1860-1930). Réseaux et circulations des modèles, Paris, PUPS, 2018. Depuis 2020, le projet d’humanités numériques « Visual contagions » explore le phénomène de la circulation des images de presse grâce à l’analyse computationnelle de grands corpus de données numérisées. Voir Béatrice Joyeux-Prunel et Nicola Carboni (dir.), Contagions visuelles. Les images dans la mondialisation. Une exposition de l’espace de création en ligne du Jeu de Paume ; B. Joyeux-Prunel et N. Carboni, « Une possibilité épochale. Le passé numérisé », juin 2022. Disponible en ligne : https://www.unige.ch/visualcontagions/expositions/jeu-de-paume-le-projet/ii-promesses-de-la-machine/2corpus (consulté le 20 nov. 2023).

6  Un « mycosis » figure parmi les maladies de la peau du groupe des « dermatoses véroleuses » du traité célèbre d’Alibert, mais le nom est dû à une simple analogie de forme : les excroissances envahissantes de la peau feraient penser à des champignons : « [Le] tissu [du mycosis fongoïde] a beaucoup d’analogie avec celui des champignons. » (Jean-Louis Alibert, Clinique de l’hôpital Saint-Louis ou traité complet des maladies de la peau, Paris, Cormon et Blanc, 1833, p. 271 et suiv.). Peu de temps après, le médecin micrographe David Gruby observe des végétations et des « mycodermes », mais ses conclusions sur le rôle parasitaire chez l’homme de certains champignons peinent à être acceptées par la profession médicale. A la fin du xixe siècle, les recherches de Raymond Sabouraud, professeur à Saint-Louis, sont décisives pour confirmer l’existence de mycoses parasitaires. Voir Gérard Tilles, « L’invention du “milieu de Sabouraud”, un progrès décisif en mycologie médicale », La Presse Médicale, vol. 35, no 9, septembre 2006, p. 1403-1405 ; Raphaël Blanchard, « Notices biographiques III. David Gruby, 1810-1898 », Archives de parasitologie, t. 2, no 1, 1899, p. 44-74 ;Eugène Bodin, Les champignons parasites de l’homme, Paris, Masson/Gauthier-Villars, 1902.

7  Cunisset-Carnot, « La Vie à la campagne », feuilleton du Temps, 7 septembre 1912, p. 3.

8  « Le champignon c’est la mort », Le Matin, 2 septembre 1912, p. 1.

9  Le Matin, 2 septembre 1912, p. 1-2. De tels articles sont quasi quotidiens en ce mois de septembre 1912 qui succédait à un « été pourri » : « Le mois d’août 1912 bat tous les records, comme froid et manque de soleil » (Le Matin, 2 septembre 1912, p. 1).

10 « Dans vénéneux il y a Vénus ». Si le rapprochement entre ces deux mots pourrait surprendre, une liaison morphologique et sémantique est néanmoins probable. Une même racine indo-européenne (*wen- pour « désirer ») se retrouverait dans les deux mots. À la fois dans *uenes-no-m qui est l’ancêtre latin de uenenum, dont le sens était de « décoction » ou de « philtre » (à effet positif ou nocif, avant que le sens de « poison » ne soit définitivement adopté) ; ainsi que dans uenus, ancien nom commun neutre en -os/-es (comme onus, opus) qui – avant sa transformation en nom propre suite à l’importation latine de la divinité grecque – désignait l’amour physique, le charme, la séduction. Cette filiation était connue des lexicographes français du xixe siècle, comme l’atteste l’édition de 1885 du Dictionnaire étymologique latin de Michel Bréal et Anatole Bailly : « Venenum est proprement un philtre ; il est peut-être un dérivé de Venus, pour *venes-num » (Michel Bréal, Dictionnaire étymologique latin, Paris, Librairie Hachette, 1885, p. 424). Reste à savoir dans quelle mesure le lectorat de ce magazine humoristique, ou Lucien Métivet lui-même, étaient au courant de ces subtilités étymologiques. Voir Alfred Ernout et Alfred Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, 4e édition augmentée d’additions et de corrections par Jacques André, Paris, Klincksieck, 2001. Je remercie Francesca Arena et Jean-Marie Flamand de m’avoir aidé à démêler cette question d’étymologie.

11  Qui en contient des échos dans son bulletin de l’automne 1912 : « Le nombreux empoisonnements signalés cet automne ont à nouveau attiré l’attention sur ce sujet toujours d’actualité des champignons vénéneux. Que d’encre vient encore de couler, en pure perte hélas, pour montrer le danger de ces préjugés si enracinés auxquels sont dues la plupart de ces intoxications et dont l’inanité a déjà été signalée par des plumes plus autorisées que la mienne ! » (M. Paris, « Champignons comestibles et vénéneux », p. XXXXVIII). Plus loin, dans ce même numéro, on apprend que, lors de la séance du 5 septembre 1912, « une conversation s’engage sur une question d’actualité : les empoisonnements par les Champignons. M. Dumée parle de cas d’empoisonnements mortels dûs à Amanita phalloïdes. » (« Séance du 5 septembre 1912 », p. LXVII, Bulletin de la société mycologique de France, t. 28, Paris, 1912). Le dessin de Métivet semble reprendre précisément la forme caractéristique des redoutables amanites phalloïdes. Il évoque peut-être les plaisanteries obscènes du Dictionnaire érotique d’Alfred Delvau que les lecteurs du Rire ne pouvaient pas ne pas connaître : « Champignon (Le). Le membre viril, – à cause de sa forme, qui rappelle celle des cryptogames dont les femmes sont si friandes, surtout quand ce sont des champignons de couche (…). Champignon. Végétation charnue et maligne qui vient sur le membre viril par suite d’un contact suspect. » (Alfred Delvau, Dictionnaire érotique moderne, Freetown [Bruxelles], Imprimerie de la Bibliomaniac Society, 1864, p. 65).

12 On les retrouve notamment dans L’Écho de Paris, 9 septembre 1912, p. 2 ; Le Petit Journal, 10 septembre 1912, p. 5.

13 Charles Lansiaux, Les carrières de Paris. Champignonnière, photographie ancienne, 17,1  23,2 cm, Paris, Musée Carnavalet, v. 1916-1922, inv. PH9947. Disponible en ligne : https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/champignonniere-ancienne-carriere-de-calcaire-grossier-14eme-arrondissement (consulté le 20 nov. 2023). William Robinson, écrivain horticulteur irlandais, donne en 1869 une description détaillée, accompagnée de planches gravées, d’une culture souterraine de champignons à Montrouge (The Parks, Promenades & Gardens of Paris: Described and Considered in Relation to the Wants of Our Own Cities and of Public and Private Gardens, chapitre XXI ; « Mushroom Culture », Londres, John Murray, 1869, p. 472 et suiv. Disponible en ligne : http://archive.org/details/parkspromenades00Robi (consulté le 20 nov. 2023).

14 Voir, par exemple, Grandville, Voyage pour l’éternité, estampe lithographiée, 22,2 x 30,4 cm, Paris, Bulla et Aubert, 1830. Disponible sur Gallica : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b10507323r/f14.item (consulté le 5 janv. 2024).

15  Voir Alexandre Wenger, « La visite à l’hôpital des vérolés, ou la littérature face au péril vénérien (fin xixe-début xxe siècle) », Revue d’Histoire littéraire de la France, vol. 120, no 4, 2020, p. 871–880. Virginie De Luca Barrusse, « Natalisme et hygiénisme en France de 1900 à 1940. L’exemple de la lutte antivénérienne », Population, vol. 64, no 3, 2009, p. 531-560. Alain Corbin, Les filles de noce. Misère sexuelle et prostitution aux xixe et xxe siècles, Paris, Aubier-Montaigne, 1978.

16   Alfred Fournier, Prophylaxie de la syphilis, Paris, Rueff, 1903, p. 469-490 : « Pour nos fils quand ils auront dix-huit ans. Quelques conseils d’un médecin ». Ce discours est réédité en 1905 (Paris, Ch. Delagrave, 1905). Voir Virginie De Luca Barrusse, « Le genre de l’éducation à la sexualité des jeunes gens (1900-1940) », Cahiers du Genre, vol. 49, no 2, 2010, p. 155–182 ; Jérôme Laubner et Dominique Brancher (dir.), « Introduction », dans « L’art de déjouer le mal. Savoirs et discours prophylactiques (xvie-xxe siècles) » [numéro spécial], Arts et savoirs, no 18, 2022. DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/aes.4809.

17  Tout d’abord réservée aux classes sociales aisées, cette forme d’éducation s’étend progressivement à d’autres publics. C’est l’implication progressive de l’armée qui coordonne, dès les premières décennies du xxe siècle, plusieurs campagnes d’information qui auront un rôle considérable dans la sensibilisation des soldats contre les dangers de la syphilis : voir Ryan Mungia, Protect Yourself: Venereal Disease Posters of World War II, [Los Angeles], Boyo Press, 2014. Plus généralement, le motif de la leçon d’hygiène s’inscrit dans le phénomène plus large, européen, d’un courant éditorial encyclopédiste visant à proposer aux jeunes une histoire de la morale et des mœurs. Voir Stephanie D’Alessandro, « A Lustful Passion for Clarification: Bildung, Aufklärung, and the Sight of Sexual Imagery », Studies in 20th and 21st Century Literature, vol. 22, no 1, janvier 1998, p. 83-128.

18  Arthur Schnitzler n’avait que quinze ans lorsqu’il avait été contraint par son père de consulter les « gravures repoussantes » d’un traité sur les maladies de la peau : « L’effet que fit sur moi ce spectacle fut durable » (Arthur Schnitzler, Jugend in Wien (1968), trad. Nicole et Henri Roche, Une Jeunesse viennoise. Autobiographie, Paris, Hachette, 1987, livre 2, p. 83-84. Cité par A. Wenger, « La visite à l’hôpital des vérolés », art. cit., p. 874. Fernand Destouches, le père autoritaire de Louis-Ferdinand Céline, avait offert à son fils, jeune et festoyeur, un exemplaire du discours d’Alfred Fournier « Pour nos fils quand ils auront dix-huit ans », art. cit. Voir François Gibault, Céline. 1894-1932. Le temps des espérances, Paris, Mercure de France, 1981, p. 112.

19  Charles Burlureaux, « Rapport de […] prophylaxie individuelle », IIe Conférence internationale pour la prophylaxie de la syphilis et des maladies vénériennes, Bruxelles, Imp. de Hayez, 1902, p. 20. Cité par Alain Corbin, Les filles de noce…, op. cit., p. 395.

20 C’était le sujet d’une aquarelle de Félicien Rops montrant deux soldats devant des moulages anatomiques. Félicien Rops, La Leçon d’hygiène (1878-1881), pierre noire, aquarelle, pastel et gouache sur papier, 21,5 x 14,5cm, Namur, Musée Rops.

21 André Couvreur, Les Mancenilles, Paris, Plon, 1900.

22  André Couvreur, Ibid., p. 121, cité par A. Wenger, « La visite à l’hôpital des vérolés… », art. cit., p. 876. Voir également Laure-Hélène Tron-Ymonet, « De la prophylaxie médicale à la prophylaxie idéologique : le cas André Couvreur », Arts et Savoirs, no 18, octobre 2022. Disponible en ligne : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/aes.5413 (consulté le 27 nov. 2023).

23 Pour un florilège de caricatures compilé du vivant d’Édouard VII, voir John Grand-Carteret, « L’oncle de l’Europe » devant l’objectif caricatural: images anglaises, françaises, italiennes, allemandes, autrichiennes, hollandaises, belges, suisses, espagnoles, portugaises, américaines, etc., Paris, L. Michaud, 1906. Disponible en ligne : https://archive.org/details/gri_33125009789161 (consulté le 20 nov. 2023). Jane Ridley, The Heir Apparent: A Life of Edward VII, the Playboy Prince, New York, Random House, 2014.

24 Henri de Breteuil, « Mémoires du marquis de Breteuil. Un séjour du prince de Galles à Paris en 1912 », Revue des Deux Mondes, Paris, no 13, août 1970 ; Philip Ziegler, King Edward VIII, Londres, Collins, 1990.

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Lucien Métivet, « Mycologie »
Crédits Gallica/Bibliothèque nationale de France. Disponible en ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/​ark:/12148/​bpt6k11722242/​f4.item (consulté le 5 janv. 2024)
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Titre Figure 2. Encart publicitaire pour les champignons de couche
Crédits Gallica/Bibliothèque nationale de France. Disponible en ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/​ark:/12148/​bpt6k11722242/​f4.item (consulté le 5 janv. 2024).
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Titre Figure 3. Le Rire, no 503, 21 septembre 1912, p. [4].
Crédits Gallica/Bibliothèque nationale de France. Disponible en ligne : https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/​ark:/12148/​bpt6k11722242/​f4.item (consulté le 5 janv. 2024).
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Pour citer cet article

Référence papier

Radu Suciu, « Champignons de Vénus »Histoire, médecine et santé, 25 | 2024, 133-144.

Référence électronique

Radu Suciu, « Champignons de Vénus »Histoire, médecine et santé [En ligne], 25 | été 2024, mis en ligne le 01 juillet 2024, consulté le 19 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/8325 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/1217i

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Auteur

Radu Suciu

Université de Genève

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Droits d’auteur

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