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Données médicales

La difficile collecte de l’information vétérinaire entre la fin de l’Ancien Régime et le Second Empire

Le cas du Limousin et de la Marche
The difficult collection of veterinary information between the end of the Ancien Régime and the Second Empire: the case of the Limousin and Marche regions of France
La difícil recolección de información veterinaria entre el final del Antiguo régimen y el Segundo imperio: el caso de las regiones francesas del Limousin y la Marche
Soazig Villerbu
p. 87-104

Résumés

L’État, en créant les premières écoles vétérinaires dans les années 1760, semblait avoir pris en main la question des épizooties. Mais l’incapacité à produire des données sur la question de la santé des bêtes durant le siècle qui suit interroge : le processus de construction d’un problème de santé publique est demeuré longtemps inabouti. Les statistiques agricoles n’en tiennent pas compte, les vétérinaires ne produisent pas de données exploitables au fil de rapports normés et narratifs. Il faut attendre le Second Empire pour que le ministère organise une collecte, mais celle-ci demeure partielle et imparfaite.

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Texte intégral

  • 1 Le Limousin correspond à la Corrèze et à la Haute-Vienne sans l’arrondissement de Bellac. Ce derni (...)

1C’est en interrogeant la possibilité d’une histoire avec les animaux dans le Limousin de la fin du xviiie et du début du xixe que la question de la création d’un système de collecte de données vétérinaires s’est posée presque naturellement. En effet, il est vite devenu évident qu’il y avait dans les trois dépôts des archives départementales de la Corrèze, de la Creuse et de la Haute-Vienne1 d’impressionnants gisements archivistiques entièrement inexploités et qu’il fallait – avant d’imaginer y lire une relation entre hommes et animaux ou, mieux, d’éventuelles communautés anthropozoologiques – comprendre de quoi étaient constitués ces fonds. Ceux-ci, de prime abord, consistaient avant tout en une vaste opération administrative de remontée de l’information vers les différents paliers de l’autorité, sous l’Ancien Régime comme sous les multiples formes politiques qui lui ont succédé jusqu’au milieu du xixe siècle.

  • 2 Caroline Hannaway, « Veterinary Medicine and Rural Health Care in Pre-Revolutionary France », Bull (...)
  • 3 Notamment par Fabien Knittel, « L’enseignement vétérinaire : un progrès pour le monde agricole (17 (...)
  • 4 Malik Mellah, L’École d’économie rurale vétérinaire d’Alfort (1766-1813), une histoire politique e (...)

2Ces fonds donnent l’impression curieuse de renouveler des découvertes anciennes, quand des historiens comme Jean-Pierre Peter, Jean-Pierre Goubert ou Jacques Léonard faisaient face à une masse d’archives médicales inédites. L’histoire de la médecine humaine a avancé depuis les années 1960, mais la médecine animale, elle, est demeurée marginale. Les intuitions de Caroline Hannaway dans les années 1970 et la synthèse publiée en 1999 par Ronald Hubscher2 ont laissé de nombreuses pistes à creuser. Une histoire sociale des premières générations de vétérinaires n’a été que rarement entreprise3, sans interroger vraiment les pratiques de terrain. En revanche, la question de l’institutionnalisation et de la professionnalisation est mieux connue et placée dans un contexte international, puisqu’en Angleterre, par exemple, des questions similaires se posent, même si les réponses peuvent diverger. Le problème central est double : il s’agit, d’une part, de construire ou de déconstruire le lien entre médecine humaine et médecine animale pour constituer un savoir en même temps qu’un corps de praticien et, d’autre part, de poser la question, devenue cruciale en Révolution, du rôle des vétérinaires dans la construction d’une économie rurale nationale4.

  • 5 Le terme « amateurs » est emprunté à Olivier Faure, Contre les déserts médicaux : les officiers de (...)

3Avant que d’interroger en médecine vétérinaire la relation thérapeutique (à explorer dans une configuration en triangle entre soignants, propriétaires des bêtes et animaux eux-mêmes) ou d’explorer le marché thérapeutique (dans un contexte où existent aussi, à côté des nouveaux professionnels, des « amateurs » de toutes sortes que la qualification stigmatisante d’« empiriques » ou de « mèges » empêche souvent de bien discerner5), il faut poursuivre la voie institutionnelle en comprenant la masse de l’archive vétérinaire et son paradoxe : alors que la santé des bêtes bénéficie de l’attention des pouvoirs publics, le phénomène demeure partiel du fait de la difficulté à non seulement collecter des données nécessaires à une gestion raisonnée des épizooties, mais aussi penser seulement cette collecte au sein de dispositifs existants. Passer de l’attention à la constitution d’une politique de santé publique ne fut en rien linéaire. Après avoir montré l’échec d’une telle collecte au temps de Vicq d’Azyr et de la première époque de l’État statisticien, il s’agira de dévoiler les pratiques d’écriture narrative des vétérinaires de terrain, avant de faire la lumière sur le premier effort de statistique vétérinaire national appliqué au Limousin et à la Marche, dans les années 1850.

La médecine vétérinaire, un potentiel de collecte inabouti

4On peut, en simplifiant sans doute, établir qu’il y eut deux occasions manquées d’établir une première fois des données vétérinaires entre la fin du xviiie siècle et les premières années du xixe siècle D’abord dans le cadre de la profession, ensuite dans celui de la statistique agricole.

  • 6 Caroline Hannaway, « Veterinary Medicine and Rural Health Care… », art. cit. Ronald Hubscher menti (...)

5Les écoles royales vétérinaires d’Alfort et de Lyon sont créées dans les années 1760, en même temps que celle – « générale », car elle ressort de la généralité et non de l’État royal – de Limoges, dont la brève existence empêche de tirer des leçons régionales6. Les artistes vétérinaires qui opèrent dans la généralité de Limoges sont alors formés dans les deux établissements royaux. Leur projet était ambigu : porteur à la fois d’un idéal des Lumières apporté dans les campagnes pour faire progresser les méthodes d’élevage et diminuer les pertes régulières du cheptel liées aux violentes épizooties du temps, il ne visait pas dans le même temps la création d’un corps de médecins des bêtes, mais d’experts zootechniques, idéalement des fils de maréchaux-ferrants qu’il s’agissait de faire monter en compétence. De même, l’enseignement peinait à se détacher d’une primauté séculaire donnée aux soins hippiatriques, alors que les troupeaux bovins ou ovins attendaient massivement les élèves une fois en poste. Mais qu’espérait-on de ces vétérinaires en matière de remontée d’informations ? Devaient-ils contribuer à une synthèse des savoirs à visée pratique et encyclopédique ? La réponse est double.

  • 7 François Vallat, « Felix Vicq d’Azyr et l’épizootie de 1774-1776 », Bulletin de la Société françai (...)
  • 8 Félix Vicq d’Azyr, Nouveau plan de constitution pour la médecine en France, présenté à l'Assemblée (...)
  • 9 Félix Vicq d’Azyr, préface aux Mémoires de la Société royale de médecine, Paris, Philippe-Denys Pi (...)

6Car, en effet, il existe un modèle. En 1827, Jean-Baptiste Huzard, qui exerçait depuis l’Ancien Régime et représentait alors ce qui se faisait de mieux en matière vétérinaire en France, affirmait ainsi à l’occasion d’un concours que « nous ne cesserons point de recommander aux vétérinaires » de suivre les instructions données par Félix Vicq d’Azyr7. Celui-ci était médecin et enseignait l’anatomie à Alfort ; il milita longuement pour une union des médecines humaine et animale au point qu’en 1790, il présenta en vain un projet de réforme de leur enseignement8. Mais dès 1776, alors qu’il achevait une mission de deux ans de lutte contre une épizootie de peste bovine à l’échelle du royaume, il donnait en effet, dans la préface aux Mémoires de la Société royale de médecine, la voie à suivre pour construire un rapport sur les maladies humaines comme sur les épizooties car, disait-il, « la médecine est une, & les principes généraux, une fois posés, sont très faciles à appliquer aux circonstances & aux espèces différentes9 ». Dans le cas animal, un bon rapport devait se déployer en trente-cinq items, que l’on peut répartir en trois rubriques révélatrices des conceptions médicales du temps : d’abord une étude de l’environnement de vie des bêtes, ensuite une longue description point par point des symptômes de la maladie et enfin, en trois points seulement, les remèdes à apporter.

  • 10 Archives départementales de la Haute-Vienne (AD87), C 257, rapport de Myrat, 22 juillet 1784.
  • 11 AD87, C 257, rapport de Gabriel Sazerat, 10 septembre 1788.

7Or, les archives de l’intendance du Limousin (qui inclut la Marche) disent que localement – et sans préjuger d’autres situations régionales – les vétérinaires ne livrent pas de tels rapports, que l’administration ne demande d’ailleurs pas particulièrement. Celle-ci – la généralité en l’occurrence – est avant tout attentive à la gravité des cas et à leur traitement, mais sans chercher à construire des données spécifiques d’un cas à l’autre. Les vétérinaires, de leur côté, ne semblent guère se préoccuper des recommandations de Vicq d’Azyr : le rapport de Myrat sur les bovins malades aux Billanges10 comme celui de Sazerat envoyé examiner les chevaux du maître de poste de Boisseuil11 se distinguent surtout par leur concision et l’absence totale de considérations sur l’environnement. Les deux hommes se contentent d’une description sommaire des symptômes et des remèdes. En revanche, ces mêmes archives sont pleines de données que j’appellerais « involontaires », car elles n’ont pas été produites pour établir un état de la médecine, mais pour des questions comptables. La règle veut que les vétérinaires envoient des notes de frais puisqu’ils agissent à la demande du représentant de l’État et pour le bien public. Ils doivent donc établir pour chaque situation la liste des animaux malades, les remèdes pharmaceutiques apportés et la situation financière des propriétaires, à charge pour les curés des paroisses concernées de certifier les documents. L’historien·ne tient là un formidable gisement pour à la fois toucher les bêtes et les soins au plus près et pour en tirer des analyses sérielles. Mais ces documents ne relèvent pas d’un projet qui serait, lui, de l’ordre de la statistique vétérinaire ; il s’agit de la comptabilité de l’État en ses provinces.

  • 12 AD87, L 223, liasse traitant des épizooties révolutionnaires (mais comprenant par erreur quelques (...)
  • 13 Archives départementales de la Corrèze (AD19), L 166, vétérinaires, 6 février 1791-13 floréal an V (...)

8Et la Révolution n’y change pas grand-chose, pour autant que les archives permettent de l’envisager, puisqu’il n’existe de fonds sur les épizooties pour cette décennie qu’en Haute-Vienne12 – alors que la Corrèze conserve pour cette période des dossiers personnels de vétérinaires13. Or, que ce soit dans l’arrondissement de Rochechouart ou dans les Monts d’Ambazac, les praticiens – parmi lesquels on retrouve d’ailleurs Myrat et Sazerat, entre autres – ne manquent pas de cas à traiter. Si le cadre administratif a évolué, la pratique est demeurée la même, le département remplaçant l’intendance. Les fonds se distinguent par l’absence ou presque de rapports, mais aussi par l’abondance d’une correspondance administrative qui signale que la principale différence réside dans le fait que l’interlocuteur local est la municipalité et non plus le curé. Là encore, les notes de frais détaillées abondent, auxquelles il faut ajouter les nombreuses factures des pharmaciens qui doivent se faire payer leurs produits par le département.

  • 14 Jean-Pierre Peter, « Une enquête de la Société royale de médecine (1774-1794) : malades et maladie (...)
  • 15 Isabelle Laboulais, « La fabrique des savoirs administratifs », dans Stéphane Van Damme (dir.), Hi (...)
  • 16 Jean-Claude Perrot, L’Âge d’or de la statistique régionale française : an IV-1804, Paris, Société (...)
  • 17 Demandes à faire à chaque administration de département, Paris, Prault, an VI, p. 16.
  • 18 Marie-Noëlle Bourguet, Déchiffrer la France : la statistique départementale à l’époque napoléonien (...)
  • 19 Louis Texier-Olivier, Statistique générale de la France : département de la Haute-Vienne, Paris, T (...)

9Il n’est dès lors peut-être pas étonnant que les efforts statistiques que connaît la France ne tiennent pas compte des animaux malades. Il n’existe pas, avant le début du xixe siècle, malgré Vicq d’Azyr, de culture du rapport ou des données vétérinaires à l’échelle locale, au moins en Limousin et en Marche, pas plus que ne sont développées des « topographies vétérinaires » équivalentes aux nombreuses topographies médicales de l’époque14. La France de la fin de l’Ancien Régime avait commencé une grande entreprise de mise en ordre des savoirs administratifs – lesquels incluaient des objets scientifiques –, qui visait à renforcer l’efficacité de l’État par une volonté de rationalisation de son action15. Le Directoire allait accentuer la mise en œuvre de tels projets, poursuivis par le Consulat et l’Empire16 – et les régimes suivants allaient hériter d’un appareil de collecte qu’ils feraient sans cesse évoluer. Or, s’il s’agit de connaître pour contrôler et perfectionner, et puisque l’agriculture et l’élevage sont pensés comme des moteurs essentiels de la puissance française, on aurait pu imaginer qu’une évaluation administrative des risques sanitaires qui pesaient en permanence sur ces moteurs devait être effectuée. Il n’en fut rien avant longtemps. Il n’y a guère qu’en l’an VI que les Demandes faites à chaque administration de département incluent le nombre de vétérinaires – mais ne veulent rien savoir des bêtes que ces derniers soignent17. La statistique départementale lancée sous l’Empire et étudiée par Marie-Noëlle Bourguet reste silencieuse sur le sujet18. Le résultat, fameux en Haute-Vienne, qu’en donna le préfet Louis Texier-OIivier, en est le reflet19. Les animaux d’élevage sont bien présents, comme dans de nombreuses et régulières enquêtes thématiques, mais sous trois aspects uniquement : le nombre, le type (la question de l’« amélioration des races » est ici centrale) et les usages. Indirectement, ces bêtes sont aussi présentes dès lors qu’il est question de mesurer l’accroissement des superficies en prairies artificielles. Mais elles ne sont jamais malades, il n’y a pas de pertes dans les troupeaux.

  • 20 AD19, 7 M 93, par exemple la statistique envoyée le 14 novembre 1819 par Bonnot, membre du conseil (...)
  • 21 Bertrand Gille, Les sources statistiques de l’Histoire de France : des enquêtes du xviie à 1870, G (...)
  • 22 Archives départementales de la Creuse (AD23), 6 M 457, le maire d’Évaux au préfet, 2 avril 1837.
  • 23 Rémy Luglia (dir.), Sales bêtes ! Mauvaises herbes ! « Nuisible », une notion en débat, Rennes, Pr (...)

10Passons rapidement sur la statistique bovine de 1819. Les documents n’en sont conservés que pour la Corrèze – encore ne le sont-ils que très partiellement –, les épizooties ne sont pas un sujet, même si certaines réponses en font mention, sans données chiffrées20. La grande enquête nationale agricole lancée en 1836 ne fait pas mieux. À vrai dire, elle a mauvaise presse et mériterait d’être étudiée comme l’exemple d’un échec de l’État à se saisir de ses ressources. Bertrand Gille a dit à quel point les préfets avaient signalé au ministère qu’ils ne transmettaient que, pour le moins, des approximations. En Creuse, les maires disaient la même chose au préfet21. Celui d’Évaux ne pouvait que constater que la commission cantonale chargée du travail de collecte n’avait pu travailler que de « manière essentiellement fautive et inexacte », ne fournissant que « quelques résultats approximatifs et proportionnels, autant que possible, entre les diverses communes du canton22 ». Le bilan publié en 1840 est donc à prendre avec précaution. Mais s’il y est question, pour la première fois, des maladies touchant les céréales – et donc indirectement de certains animaux, les « nuisibles23 » –, tout se passe de nouveau comme si le bétail était implicitement sain. Pourtant, en ces années 1830, le travail des vétérinaires a évolué, leurs rapports sont plus régulièrement présents dans les archives. On peut douter pour autant qu’ils aient pu jouer un rôle dans le lissage départemental des données si on le leur avait demandé – or ils sont absents, par exemple, des commissions creusoises.

L’expression administrative du savoir vétérinaire de terrain dans le premier xixe siècle

  • 24 Yvonne Poulle-Drieux, « À propos du bicentenaire de l’École vétérinaire de Lyon », Revue d'histoir (...)
  • 25 Malik Mellah, « L’École d’Alfort, les bêtes à laine et le perfectionnement des arts économiques : (...)

11Plus que la Révolution, c’est l’Empire qui lance le mouvement qui, lentement, modifie la donne dans le monde vétérinaire de terrain. Car si les réformes de l’école d’Alfort (celle de Lyon est quasi inconnue24) sont importantes pour l’histoire intellectuelle de l’économie rurale – comme pour l’histoire de la mérinisation des troupeaux ovins25 –, les jeunes qu’elle forme ne modifient sans doute guère leur rapport quotidien au soin des bêtes. En revanche, l’invention du corps préfectoral et des arrondissements, plus que le décret signé à Moscou en 1813 – qui réforme le métier et sera rapidement remis en cause par la Restauration –, a des effets de long terme sur l’administration de la médecine vétérinaire et donc sur la production de données. La prose vétérinaire, en effet, explose à partir des années 1810, informée avant tout par le rapport à la hiérarchie. Le vétérinaire est dans une situation particulière puisqu’il est un agent de l’effort étatique en faveur des « progrès » dans les campagnes, mais qu’il n’est pas pour autant un agent public au sens strict. Si sa formation est très souvent financée, au moins en partie, par un système de bourses attribuées selon des quotas départementaux (ce qui explique l’abondance de dossiers personnels dans les archives) sa profession est libérale : il ne vit que de sa clientèle. Et dans le même temps, il doit répondre aux convocations préfectorales dès lors que les maires ruraux signalent le surgissement d’une épizootie (aux contours bien flous, le terme étant employé sans grande rigueur scientifique). C’est d’ailleurs le seul moment qui permet la production d’archives : l’activité vétérinaire n’est visible que dans son rapport aux sous-préfets et aux préfets, ce qui signifie que le quotidien des praticiens, notamment ceux auxquels l’État ne fait jamais appel, est inconnu ou presque (à moins qu’existent des fonds privés). Rapidement, le système est rationalisé : le préfet nomme des vétérinaires d’arrondissement, qui en plus de leur travail quotidien sont, à la différence de leurs collègues, chargés de répondre aux demandes de l’administration.

12Ainsi, en 1836, le préfet de la Creuse adresse au sous-préfet de Bourganeuf l’arrêté de nomination de Demay, le premier à occuper le poste de vétérinaire de l’arrondissement :

  • 26 AD23, 2 Z 53, vétérinaires de l’arrondissement de Boussac, le préfet au sous-préfet, 3 février 183 (...)

1° Il devra résider au chef-lieu de l’arrondissement ; 2° il se rendra fréquemment dans les lieux où se tiennent les foires les plus importantes pour s’assurer qu’on ne [met] point en vente de bestiaux ou de chevaux atteints de maladies contagieuses ; tous les trois mois, il nous adressera par votre entremise un rapport sur le résultat de sa tournée ; 3° il sera à votre disposition & devra sur votre réquisition se rendre immédiatement dans les lieux infectés de maladies pour y porter tous les secours de son art ; 4° il ne recevra aucune indemnité pour les remèdes qu’il sera dans l’état de fournir, ils resteront à la charge des propriétaires, il n’aura droit qu’à des frais de déplacement qui lui seront payés à raison de huit francs par jour sur la justification de l’ordre de service que vous lui aurez donné, & les certificats des maires constatant l’heure et le jour de son arrivée & ceux de son départ de la commune où il aura été appelé ; 5° sera considéré comme concussionnaire l’article vétérinaire qui recevrait dans une commune où il aurait reçu l’ordre de se rendre, d’autre somme d’argent que le prix des médicaments qu’il aurait fourni26.

  • 27 Le système est analysé par Élisabeth Barge-Meschenmoser, L’administration préfectorale en Corrèze (...)

13On assiste dès lors au déploiement dans le monde vétérinaire de la chaîne administrative classique de la France du xixe siècle : l’agent rend compte au sous-préfet qui transmet au préfet, l’information étant ensuite destinée à remonter jusqu’au ministère de l’Intérieur27. Mais le dispositif prend deux formes. Ce qui est pratiqué depuis des décennies demeure en effet en place puisqu’il n’est demandé, en cas de crise épizootique, qu’état de frais et certificat des maires. En revanche, le vétérinaire d’arrondissement doit désormais remettre un rapport trimestriel. Le problème est dès lors archivistique, car ces rapports, en fait, n’existent pour ainsi dire pas. La seule série de bonne tenue – bien qu’incomplète – est celle produite par Jean-Marie Rondel dans l’arrondissement d’Ussel entre 1826 et 1829. L’existence de ces rapports prouve certes que la pratique n’a pas attendu 1836 et n’est pas née dans l’esprit du préfet de la Creuse, mais elle pose la question de la rareté de tels documents : mauvaise conservation, envoi au ministère (mais il serait étonnant que les services préfectoraux ne fassent pas remonter des synthèses départementales plutôt que la longue prose d’arrondissement), ou respect des consignes très aléatoire ?

14En tout état de cause, ce qui frappe, c’est que personne ne semble vraiment se soucier de cette norme supposée, énoncée par un préfet dans un département, appliquée par un vétérinaire dans un autre. En Creuse, en Corrèze comme en Haute-Vienne, on lit dans les liasses concernant les épizooties entre les deux Empires une autre démarche : les maires alertent le préfet, qui envoie le vétérinaire, qui produit un rapport ponctuel. Ces documents-là abondent. Mais il est possible qu’ils donnent une image faussée de la profession si le choix des vétérinaires d’arrondissement est en décalage par rapport à la composition générale du corps.

  • 28 Ronald Hubscher, Les maîtres des bêtes…, op. cit.
  • 29 Fabien Knittel, « L'enseignement vétérinaire… », art. cit.
  • 30 Soazig Villerbu, « Écrire la santé des bêtes au début du xixe siècle : Jean-Marie Rondel, vétérina (...)
  • 31 Nicole Lemaître, Un horizon bloqué : Ussel et la montagne limousine aux xviie et xviiie siècles, U (...)

15Claude Bourgelat et les autres fondateurs d’écoles vétérinaires voulaient un encasernement qui permettrait de déculturer les fils du peuple des campagnes. Les écoles sont donc des internats extrêmement stricts, les conditions de vie y sont épouvantables et la surveillance policière permanente. En 1807 à Alfort, 64 % des élèves sont des fils de maréchaux-ferrants28. En Meurthe-et-Moselle, la proportion sur les premières décennies d’existence du corps est de 57 %29. Les autres sont issus d’une petite bourgeoisie rurale. Or Jean-Marie Rondel, le seul, donc, dont on conserve de beaux rapports trimestriels, n’est pas issu de ce monde puisque né à Ussel – commune au caractère urbain indéniable –, d’une famille au sein de laquelle se distinguent des perruquiers et, surtout, des chirurgiens comme son père30. Or ceux-ci « sont au-delà du sommet du monde artisan31 », agrégés parfois à la petite bourgeoise, et Rondel lui-même épouse la fille d’un marchand d’Égletons, les témoins du mariage étant notaire, gendarme, tailleur d’habit et marchand. Aussi, une question se pose : y aurait-il au sein du corps des vétérinaires un rapport socialement différencié à la culture de l’écrit, et pour tout dire une hiérarchie sociale et culturelle entre ceux que l’autorité préfectorale fait « d’arrondissement » et les autres, la masse sur laquelle on sait très peu de chose, sauf exception ?

  • 32 AD87, 7 M 190, rapports de Joseph Glandus, 15 décembre 1816, 18 mars 1817, 24 août 1817, 27 septem (...)

16Parmi ces exceptions, on peut compter Joseph Glandus, vétérinaire au début de la Restauration à Saint-Germain-les-Belles, en Haute-Vienne, qui multiplie les rapports spontanés au sous-préfet de Saint-Yrieix dont dépend son canton, mais aussi au préfet de Tulle quand la maladie touche Meilhards, en Corrèze, hors de son ressort32. Mais d’une part, on sent que Glandus cherche avant tout, justement, à monter en grade en faisant étalage de ses compétences, d’autre part, il est, comme Rondel, originaire d’une petite notabilité de petite ville, en l’occurrence Saint-Yrieix. Ses rapports ressemblent, avec une dose d’agressivité supplémentaire, à ceux des vétérinaires d’arrondissement. De ceux-ci prenons un exemple – qui a l’avantage d’une forme de brièveté (relativement, par exemple, aux rapports de Rondel) –, en suivant Amable Magdinier (le fils d’un roulier originaire de Tarare, dans le Rhône, qui de ce fait était d’un monde lié aux bêtes par le rôle joué par son père dans le transport), auteur d’un rapport écrit dans la Creuse en 1844 :

Conformément aux deux invitations que j’ai eu l’honneur de recevoir de vous l’une en date du cinq octobre et l’autre du vingt-huit septembre de l’année 1843 à l’effet de me transporter dans les communes de st martin-château et de la chapelle saint martial pour y combattre une maladie épizootique sur les bêtes bovines.

Dans la première commune la perte a été de dix jeunes bêtes à la chapelle st martial neuf bêtes ont péri dans ce dernier endroit la maladie attaquait indistinctement les grand et petits animaux. Quant à la nature de la maladie elle était absolument analogue par sa marche sa durée sa terminaison.

J’ai constamment remarqué que cette maladie s’annonce rarement avec des symptômes précurseurs que son début est prompt sa marche assez rapide à peine sa durée dépasse-t-elle la quinzième heure elle se déclare par des douleurs abdominales le trépignement des pieds postérieurs un air triste des frissons la conjonctive rouge et injectée l’animal ne fait que se coucher et se relever rarement tranquille les oreilles sont alternativement chaudes ou froides le pouls inexplorable les battements du cœur très forts peu de temps après le ballonnement du ventre survenait et la mort deux ou trois heures après un phénomène morbide constant et que j’ai observé chez tous les malades était l’emphysème du tissu cellulaire sous cutané qui était probablement dû à la décomposition rapide du sang.

J’ai vu j’ai considéré les lieux et examiné toutes les circonstances afin de reconnaître s’il était possible les causes de cette affection j’ai cru devoir m’arrêter aux considérations suivantes les fourrages dont s’étaient nourris les bestiaux pendant l’hiver avaient été mal recoltés ils [s]ont restés en tas dans les prairies exposées à une pluie continuelle la fermentation a eu lieu et [ils] ont perdus toutes leurs propriétés nutritives ces aliments totalement détériorés ont été ainsi sans être battus donnés aux animaux la mauvais nourriture d’ailleurs la malpropreté des etables le sejour du fumier dedant et devant la poste de ces dernieres l’entassement des animaux le defaut d’air la mauvaise boisson etayé de tous ces faits et symptômes que j’ai observés je crois Monsieur le Sous Préfet devoir conclure et affirmer que la maladie qui régnait dans ces deux communes et qui fesait tant de ravages est la fièvre charbonneuse (typhus charbonneux).

Les altérations les plus constantes trouvées à l’ouverture des cadavres sont des taches noires plus ou moins grandes dans le tissu cellulaire sous cutané dans l’épaisseur des muscles dans celle des membranes muqueuses et à la surface des séreuses le poumon gorgé de sang noir, le cerveau, la moëlle epinière offraient aussi des echymoses deux heures après la mort le sans se répandait une odeur infecte et les canaux qui le contenait revétaient une couleur rouge pourpre.

Quant au traitement curatif il faut l’avouer les chances de guérison sont malheureusement fort rares tant à cause de la marche rapide de la maladie que des profondes altérations dont elle s’accompagne cependant j’ai essayé le traitement sur plusieurs il consistait en breuvages faits avec des infusions aromatiques dans lesquelles j’ajoutais un peu d’acétate d’ammoniaque à la dose d’une soixantaine de grammes environ, des lavemens astringents un séton au fanon avec l’hellébore macéré dans du vinaigre boisson blanchie avec de la farine d’orge dans lesquelles je mettais quatre vingt grammes de nitrate de potasse raffiné ce traitement m’a réussi sur deux bêtes seulement.

Comme moyens hygiéniques et préservatifs j’ordonnais de bons fourrages nutritifs boissons rendues laxatives par deux cent grammes de sel d’epsum, tenir les etables bien aërés ne point y laisser séjourner les fumiers qui par les exhalaisons malsaines qu’ils dégagent corrompent l’air et peuvent devenir funestes les fumigations guytonniennes en un mot isoler les animaux qui présentent les premiers symptômes de la maladie de ces traitemens la maladie diminua d’intensité et n’a plus attaqué aucune bête un mois après son invasion.

  • 33 AD23, 7 M 139, rapport d’Amable Magdinier envoyé au préfet de la Creuse, 4 janvier 1844.

Tels sont Monsieur le Sous Préfet les moyens que j’ai cru devoir employer comme etant les meilleurs pour arrêter les effets d’une maladie contre laquelle les secours de l’art sont généralement impuissans et qui a enlevé plusieurs animaux33.

  • 34 Ibid., 2 octobre 1844.

17Magdinier applique ici une grille commune, qui est celle que Vicq d’Azyr appelait de ses vœux, même si l’ordre et le systématisme ne sont pas au rendez-vous chez les artistes vétérinaires. Chacun décrit les symptômes, évoque l’environnement des bêtes comme cause principale des maladies et donne les remèdes, ou plutôt les tentatives de remèdes tant ceux-ci restent incertains – Magdinier, pour un autre cas de fièvre charbonneuse en octobre, n’appliquera pas les mêmes recettes qu’en janvier34. Cela révèle à la fois à quel point la formation est efficace dans la construction d’une culture commune et combien celle-ci évolue peu : il y a dans la manière de penser la maladie animale une continuité profonde entre la fin du xviiie siècle et le milieu du xixe siècle, jointe à une impossibilité d’en tirer des données statistiques. Le vétérinaire, depuis sa position d’entre-deux, ni vraiment médecin, ni vraiment technicien agricole, pas réellement fonctionnaire mais pas uniquement libéral, n’avait pas été imaginé pour cela. Or le Second Empire change la donne. Mais parfois en trompe-l’œil.

La difficile naissance des données sérielles, 1852-1857

  • 35 Nadine Vivier, « L’âge d’or des grandes enquêtes agricoles : le xixe siècle », Annales du Midi, 12 (...)
  • 36 Michel Demonet, Tableau de l’agriculture française au milieu du 19e siècle…, op. cit., p. 23-38.

18L’enquête agricole lancée en 1852 a suscité chez les historiens deux types de commentaires. Nadine Vivier y voit un tournant dans la pratique, un passage – que l’on peut discuter – d’une volonté de savoir héritée des Lumières au souhait de sonder l’opinion publique inhérent aux enquêtes du Second Empire et de la IIIe République35. Michel Demonet, lui, avait surtout noté la fiabilité du travail, le premier qui permettrait de dresser un tableau de l’agriculture française, du fait d’un certain nombre d’avancées. D’abord, l’État s’appuie sur des commissions cantonales qui doivent cette fois-ci être permanentes et auxquelles les préfets accordent toute leur attention, dans leur composition comme dans leur fonctionnement. Ensuite, justement, la méthode de collecte est expressément précisée, mais pas forcément dès le début de l’enquête : c’est parce que l’ambition de l’État est soutenue que celui-ci prend la peine de donner des consignes exactes si les premiers résultats semblent ne pas convenir, si les commissions hésitent sur la marche à suivre. Enfin, l’ampleur du questionnaire est particulièrement frappante avec 845 questions, dont un bloc qui ne concerne plus seulement la production, mais aussi l’« économie rurale », c’est-à-dire les structures sociales et économiques du monde agricole36.

  • 37 AD23, 6 M 408, courrier adressé par Persigny à tous les préfets de France, 18 septembre 1852.
  • 38 Ronald Hubscher, Les maîtres des bêtes…, op. cit., p. 182 ; Corine Marache, Les petites villes et (...)
  • 39 Il faudrait cependant élargir l’enquête à d’autres initiatives ; en Ille-et-Vilaine, c’est dès jui (...)
  • 40 AD23, 6 M 408, instructions du préfet de la Creuse, 4 mai 1853, p. 161.

19Pour ce qui nous concerne, il importe de signaler que dans la Creuse, seul des trois départements concernés qui ait conservé des fonds concernant les commissions cantonales, aucun vétérinaire n’est invité à titre d’expert. Mais le préfet ne faisait qu’appliquer la directive du 18 septembre 1852 : Persigny, ministre de l’Intérieur, du Commerce et de l’Agriculture, y donnait sur plus d’une page la liste des professions que l’on devait ou que l’on pouvait intégrer aux commissions et nulle part il n’était question des vétérinaires – qui ne sont sans doute pas inclus dans la catégorie des « membres du corps médical37 » et dont la figure de notable est encore en construction38. Le fait est d’importance et presque étonnant, car l’enquête de 1852 innove pourtant en la matière : pour la première fois, l’État demande une collecte de données vétérinaires39. Pour chacune des trois catégories choisies, il est demandé des distinctions dans le type de décès. Pour les bêtes à cornes et à laine, deux types suffisent : maladies épizootiques et non épizootiques. Les équidés, en revanche, se voient attribués trois catégories : morts de maladie, par accident ou de vieillesse. Sans renfort des vétérinaires, la tâche de collecte semblait ardue. Néanmoins, il est fort possible que l’on ait fait appel à eux. En 1853, le préfet Villesaison appelait les commissions, dès lors qu’il s’agissait de traiter des animaux domestiques, à constituer des « sous-commissions spéciales » dont le recrutement nous échappe totalement40. Si des vétérinaires ont participé au travail, c’est nécessairement à cette échelle-là.

  • 41 Béatrice Marin et Mathieu Marraud, « L’enquête agricole de 1852 », L’Atelier du Centre de recherch (...)

20On peut estimer que les résultats finaux leur doivent donc quelque chose. Ceux-ci ont été construits de la manière hiérarchique habituelle : le ministère a disposé des synthèses par arrondissements, qui sont à la base du travail de Michel Demonet et disponibles désormais en ligne41. Or les données ont d’abord été collectées par commune, puis synthétisées canton par canton par les sous-préfets qui envoyaient les données de leur arrondissement à la préfecture. À l’échelle limousine et marchoise, il ne subsiste en la matière que l’enquête concernant l’immense arrondissement de Limoges, qui s’étend de la ville même aux Monts d’Ambazac et au-delà d’Eymoutiers, dans la Montagne limousine. Or, que ce soit à l’échelle du département ou à celle de l’arrondissement, et pour n’évoquer ici que le cas des bovins et en ne distinguant pas ce qui relève d’épizooties ou de cas individuels, on ne peut qu’être frappé par d’énormes écarts entre les territoires.

Tableau 1 : Pertes de bovins en Haute-Vienne d’après l’enquête agricole de 1852

Arrondissement Proportion de bovins décédés de maladie en 1852
Bellac 1,5 %
Limoges 2,6 %
Rochechouart 17,3 %
Saint-Yrieix-la-Perche 2,1 %

Source : Archives départementales de la Haute-Vienne (AD87), 6 M 450.

Tableau 2 : Pertes de bovins dans l’arrondissement de Limoges d’après l’enquête agricole de 1852

Cantons Proportion de bovins décédés de maladie en 1852
Aixe 3,1 %
Ambazac 1 %
Châteauneuf 2,7 %
Eymoutiers 2,9 %
Laurière 2,1 %
Saint-Léonard 9,8 %
Limoges urbain 0,9 %
Limoges rural 2,5 %
Nieul 4 %
Pierre-Buffière 2,6 %

Source : Archives départementales de la Haute-Vienne (AD87), 6 M 450.

  • 42 La race est alors dans un processus de construction : voir Dominique Danthieux et Philippe Grandco (...)

21L’avantage de pouvoir comparer, ne serait-ce que pour un seul territoire, les deux séries de données est de conclure à l’incertitude totale. En effet, le nombre de têtes de bovins est lui-même divisé en deux catégories : celle de « la race dominante dans le canton » et celle de « la race habituellement introduite dans le canton ». Or cette dernière colonne n’est remplie qu’imparfaitement : dans la plupart des cas, dans l’arrondissement de Limoges, elle ne bénéficie d’aucune donnée chiffrée et les races dominantes et introduites sont le plus souvent identiques (il s’agit de la race limousine42), ce qui ne manque pas d’intriguer. En l’occurrence, le taux de mortalité important dans le canton de Saint-Léonard est problématique. On mentionne exceptionnellement sur cette ligne l’introduction d’agenaises, mais sans en préciser le nombre. Et peut-être en compte-t-on parmi les bêtes décédées, ce qui fausserait le résultat. Malheureusement, on ne dispose pas des chiffres cantonaux pour l’arrondissement de Rochechouart, qui permettraient de mieux comprendre ce taux de 17,3 %. En tout état de cause, ces données semblent d’une fiabilité relative. Qu’en sait-on dans les bureaux ministériels ? Pris brutalement, sans recul, ces chiffres avaient de quoi inquiéter : certains arrondissements pouvaient encore connaître d’impressionnants pics de mortalité dans les troupeaux. Il fallait en savoir plus et, en 1855, Paris a commencé à exiger des statistiques vétérinaires annuelles.

  • 43 Il n’y aura de ministère de l’Agriculture qu’en 1881, mais depuis 1853, le secteur est détaché de (...)
  • 44 La circulaire est présente dans les AD23, 7 M 139.

22C’est en Haute-Vienne et en Creuse qu’il faut chercher des sources sur cette étape ambiguë. Commençons par une circulaire signée Eugène Rouher, ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics43, adressée aux préfets le 16 mai 1857 et qui éclaire le processus. Le ministre rappelle que ses services ont publié le 27 août 1855 une première circulaire appelant d’une part à reconstituer des statistiques pour les années 1852, 1853 et 1854 et d’autre part à prendre dorénavant un rythme annuel en la matière, le tout « en donnant [au rapport] autant que possible la forme du tableau » qui était joint44. Mais nous étions en 1857 et l’État ne pouvait que constater n’avoir pas reçu grand-chose, d’où ce rappel à l’ordre.

23L’enquête est donc rétrospective, son lancement n’est pas concomitant à l’enquête agricole, mais consécutif. La faire débuter fictivement en 1852 revient donc pour le ministère à opérer un alignement administratif qui a sa logique, puisqu’il s’agirait de comprendre les chiffres de pertes obtenus pour cette année-là, mais aussi à donner l’illusion d’une cohérence à un nouveau régime napoléonien qui pourrait apparaître alors à la fois soucieux des conditions de l’élevage en France et rigoureux dans la coordination de ses actions. Le geste est donc autant politique que sanitaire. Mais l’efficacité n’est pas au rendez-vous, car les rapports départementaux n’arrivent pas au ministère. Pourtant, les arrondissements délivrent les leurs, bien présents dans les fonds des préfectures. Cela signifie que c’est à l’échelle des services préfectoraux que se situe le problème. Or, au regard des rapports existants, on ne peut que comprendre les fonctionnaires qui les ont reçus et n’en ont rien fait, car les synthétiser relevait de l’impossible gageure. Les tableaux normalisés étaient clairement établis de la sorte :

Tableau 3 : Liste des données statistiques demandées par la circulaire du 27 août 1855

Nom
Nature
Marche
Symptômes
Durée de la maladie
Son caractère contagieux ou non contagieux
Son mode de terminaison le plus ordinaire
Le nombre approximatif et proportionnel des pertes qu’elle a fait éprouver
La description des lésions cadavériques essentielles et les plus communes qu’elle a laissées sur les sujets qui ont succombé
Les méthodes de traitement préservatif ou curatif, hygiénique ou médical à base desquelles il a été combattu avec plus ou moins de succès
Le parti qu’il a été possible de tirer des animaux guéris, morts ou abattus
Les mesures de police sanitaire qui ont été prescrites contre elle
Les lois, décrets, arrêtés ou règlements en vertu desquels ces mesures ont été appliquées
Observations

Source : Archives départementales de la Creuse (AD23), 7 M 139.

  • 45 AD23, 7 M 139.

24Néanmoins, ces quatorze items ne se prêtaient guère à une pratique statistique et si l’on excepte quelques rapports signés directement par le sous-préfet d’Aubusson45, ceux rédigés et signés par les vétérinaires d’arrondissement s’étalent sur plusieurs pages de grand format. Ces praticiens n’ont en rien modifié leurs pratiques d’écriture, ils ont simplement décomposé leurs rapports habituels pour faire entrer de longues relations dans les cases d’un tableau qui, de fait, relève de l’exercice littéraire et non statistique, ces éléments descriptifs se répétant de surcroît très largement d’une année sur l’autre et avec fort peu de variations en fonction des arrondissements. Il était tout à fait fastidieux et illusoire de vouloir en tirer des éléments sériels, à moins de se livrer à un travail de longue haleine de déconstruction des éléments narratifs et descriptifs.

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  • 46 Tableau analytique et résumé des documents relatifs aux épizooties et aux enzooties adressés par l (...)
  • 47 Contrairement à ce qu’affirmait Virginie Tournay dans « Le concept de police médicale : d’une aspi (...)
  • 48 Gilles Barroux, « La santé des animaux et l'émergence d'une médecine vétérinaire au xviiie siècle  (...)
  • 49 Le cas d’Ussel serait intéressant à travailler tant il semble que la ville ait été nettement surre (...)
  • 50 Delphine Berdah, « Entre scientifisation et travail de frontières… », art. cit.

25Le bilan est donc pour le moins mesuré et il serait bien hasardeux de tracer un chemin linéaire vers la mise en place d’une collecte de données vétérinaires le long des quelques décennies évoquées ici. D’autant plus que si l’on avance dans les années 1860, la situation ne semble guère satisfaisante : le ministère de l’Agriculture et du Commerce ressuscité en 1869 a, cette année-là, tenté une synthèse de deux points : la création de services vétérinaires départementaux selon la loi de 1862 et la production de rapports annuels par les départements depuis 1864. Or, sur les 89 départements, 46 ne disposent encore d’aucun service et l’hétérogénéité domine ailleurs ; de plus, aucun département ne peut garantir la régularité des rapports, ni dans la forme ni dans le temps46. La standardisation bureaucratique projetée dans la décennie précédente est donc appliquée bien imparfaitement et intervient finalement bien plus tard qu’au temps de Vicq d’Azyr47. Cette histoire a l’avantage de mettre au jour l’entrelacs de cultures et d’intérêts qui font la médecine vétérinaire et rendent cette collecte difficile. Vicq d’Azyr plaidait pour une médecine unique, mais sans qu’aucune initiative allant dans ce sens soit réellement prise par l’État sous toutes les formes qu’il a connues entre les années 1770 et 1850. Les épizooties peinent à être constituées en problème de santé publique et le vétérinaire reste pris entre plusieurs mondes. Il « veille à ce que l’animal reste une viande comestible, autant qu’à ce qu’il soit […] un outil de travail optimum48 » et est placé de ce fait du côté de l’agriculture, ou pour mieux dire, de l’économie rurale. Il est donc, au moins quand il a la charge d’un arrondissement, un agent au service de la bonne administration de l’État, mais pas seulement. Et il est aussi du côté de la médecine, du soin, même si en ce domaine il faudrait analyser de plus près ce que les débats parisiens, notamment autour des écoles et de la recherche, peuvent avoir comme échos dans les départements, comment les vétérinaires vivent eux-mêmes leur rapport à la médecine et aux médecins entre Boussac, Saint-Yrieix-la Perche et Ussel49. L’inachèvement du « travail des frontières » disciplinaires et intellectuelles trouverait dans l’incapacité à produire des données une traduction concrète50. Il faudra poursuivre l’enquête, en conséquence, pour comprendre comment une sorte d’angle mort se construit paradoxalement à un tel carrefour, mais aussi pour relativiser cet angle mort, puisque si les données ne sont construites pendant longtemps ni par les vétérinaires ni par l’administration, il y a bien un savoir vétérinaire en action qui reste largement à éclairer.

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Notes

1 Le Limousin correspond à la Corrèze et à la Haute-Vienne sans l’arrondissement de Bellac. Ce dernier et la Creuse forment la Marche. Durant la période étudiée, l’existence séparée de ces deux entités relève de l’évidence, alors que la création d’une région Limousin en 1956 a effacé la Marche.

2 Caroline Hannaway, « Veterinary Medicine and Rural Health Care in Pre-Revolutionary France », Bulletin of the History of Medicine, 51 (3), 1977, p. 431-447 ; Ronald Hubscher, Les maîtres des bêtes : les vétérinaires dans la société française (xviiie-xxe siècles), Paris, Odile Jacob, 1999. Notons que le rythme des épizooties est désormais bien connu : François Vallat, Les bœufs malades de la peste : la peste bovine en France et en Europe, xviiie-xixe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.

3 Notamment par Fabien Knittel, « L’enseignement vétérinaire : un progrès pour le monde agricole (1761-1848). L’exemple lorrain », Cahiers lorrains, 1, 2004, p. 26-47. On trouve des éléments sur le Gers dans Georges Courtès, « La lutte contre les épizooties dans le Gers au xixe siècle », dans Mireille Mousnier (dir.), Les animaux malades En Europe occidentale (vie-xive siècle), Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2005, p. 229-245.

4 Malik Mellah, L’École d’économie rurale vétérinaire d’Alfort (1766-1813), une histoire politique et républicaine avec l’animal domestique, thèse de doctorat en histoire, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2018 ; Delphine Berdah, « Entre scientifisation et travail de frontières : les transformations des savoirs vétérinaires en France, xviiie-xixe siècles », Revue d'histoire moderne et contemporaine, 59 (4), 2012, p. 51-96.

5 Le terme « amateurs » est emprunté à Olivier Faure, Contre les déserts médicaux : les officiers de santé en France dans le premier xixe siècle, Tours, Presses universitaires François Rabelais, 2020.

6 Caroline Hannaway, « Veterinary Medicine and Rural Health Care… », art. cit. Ronald Hubscher mentionne l’école de Limoges dans Les maîtres des bêtes…, op.cit., p. 36-37. Elle devait en grande partie son existence à la présence de Turgot comme intendant à Limoges, mais fut victime d’un financement insuffisant et d’un trop faible nombre d’élèves. Il existe une ancienne étude sur le sujet : Léon Moulé et Alcide Raillet, Turgot et l’École vétérinaire de Limoges (22 février 1765-5 novembre 1768), Paris, Asselin et Houzeau, 1902.

7 François Vallat, « Felix Vicq d’Azyr et l’épizootie de 1774-1776 », Bulletin de la Société française d’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires, 7, 2007, p. 127-140 ; Marion Thomas, « Entre médecine et politique : Félix Vicq d’Azyr et la lutte contre la peste bovine sous l’Ancien Régime », Bulletin d’histoire et d’épistémologie des sciences de la vie, 19 (1), 2012, p. 97-126.

8 Félix Vicq d’Azyr, Nouveau plan de constitution pour la médecine en France, présenté à l'Assemblée nationale par la Société royale de Médecine, s. l., 1790, p. 135-141.

9 Félix Vicq d’Azyr, préface aux Mémoires de la Société royale de médecine, Paris, Philippe-Denys Pierres, 1779, p. xxxv ; Marion Thomas, « Entre médecine et politique : Félix Vicq d’Azyr et la lutte contre la peste bovine sous l’Ancien Régime », art. cit.

10 Archives départementales de la Haute-Vienne (AD87), C 257, rapport de Myrat, 22 juillet 1784.

11 AD87, C 257, rapport de Gabriel Sazerat, 10 septembre 1788.

12 AD87, L 223, liasse traitant des épizooties révolutionnaires (mais comprenant par erreur quelques dossiers sur des épidémies).

13 Archives départementales de la Corrèze (AD19), L 166, vétérinaires, 6 février 1791-13 floréal an VIII.

14 Jean-Pierre Peter, « Une enquête de la Société royale de médecine (1774-1794) : malades et maladies à la fin du xviiie siècle », Annales. Histoire, Sciences sociales, 22 (4), 1967, p. 711-751 ; Marie-Françoise Rofort, Les topographies médicales : une géographie des maladies et de la santé aux xviiie et xixe siècles, thèse de doctorat en géographie historique, Université Paris Diderot, 1987 ; Hugues Moussy, « Les topographies médicales françaises des années 1770 aux années 1880 : essai d’interprétation d’un genre médical », thèse de doctorat en histoire, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2003 ; Brigitte Maillard, « La Topographie médicale de Pierre-François Linacier, médecin des Lumières », Annie Antoine, Brigitte Maillard (dir.), Vivre en Touraine au xviiie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003 ; Julien Edrom, « Les topographies médicales en Révolution : une dynamique des stéréotypes entre science et politique », Hypothèses, 21, 2018, p. 115-125. 

15 Isabelle Laboulais, « La fabrique des savoirs administratifs », dans Stéphane Van Damme (dir.), Histoire des sciences et des savoir, t. 1, De la Renaissance aux Lumières, Paris, Éditions du Seuil, 2015, p. 447-463

16 Jean-Claude Perrot, L’Âge d’or de la statistique régionale française : an IV-1804, Paris, Société des études robespierristes, 1977.

17 Demandes à faire à chaque administration de département, Paris, Prault, an VI, p. 16.

18 Marie-Noëlle Bourguet, Déchiffrer la France : la statistique départementale à l’époque napoléonienne, Paris, Éditions des archives contemporaines, 1989.

19 Louis Texier-Olivier, Statistique générale de la France : département de la Haute-Vienne, Paris, Testu, 1808.

20 AD19, 7 M 93, par exemple la statistique envoyée le 14 novembre 1819 par Bonnot, membre du conseil général qui rédige la réponse en l’absence du sous-préfet. Cette enquête a été utilisée par Annie Antoine, « La sélection des bovins de l’Ouest au début du xixe siècle : évolution des pratiques et des représentations », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 106 (1), 1999, p. 63-85.

21 Bertrand Gille, Les sources statistiques de l’Histoire de France : des enquêtes du xviie à 1870, Genève, Droz, 1964, p. 196-200. C’est la raison pour laquelle Michel Demonet a choisi comme base l’enquête suivante, celle de 1852 : Michel Demonet, Tableau de l’agriculture française au milieu du 19e siècle : l’enquête de 1852, Paris, Éditions de l’EHESS, 1990.

22 Archives départementales de la Creuse (AD23), 6 M 457, le maire d’Évaux au préfet, 2 avril 1837.

23 Rémy Luglia (dir.), Sales bêtes ! Mauvaises herbes ! « Nuisible », une notion en débat, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018.

24 Yvonne Poulle-Drieux, « À propos du bicentenaire de l’École vétérinaire de Lyon », Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, 16 (3), 1963. p. 227-232.

25 Malik Mellah, « L’École d’Alfort, les bêtes à laine et le perfectionnement des arts économiques : de la fin du Directoire à l’Empire »,  Histoire et Société rurales, 43, 2015, p. 73-101 ; Pierre Serna, Comme des bêtes : histoire politique de l’animal en révolution (1750-1840), Paris, Fayard, 2017.

26 AD23, 2 Z 53, vétérinaires de l’arrondissement de Boussac, le préfet au sous-préfet, 3 février 1836.

27 Le système est analysé par Élisabeth Barge-Meschenmoser, L’administration préfectorale en Corrèze (1800-1848) : limites et effets de la centralisation, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2000 ; mais pour une vision renouvelée du rôle préfectoral, voir Pierre Karila-Cohen, Monsieur le préfet : incarner l’État dans la France du xixe siècle, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2021.

28 Ronald Hubscher, Les maîtres des bêtes…, op. cit.

29 Fabien Knittel, « L'enseignement vétérinaire… », art. cit.

30 Soazig Villerbu, « Écrire la santé des bêtes au début du xixe siècle : Jean-Marie Rondel, vétérinaire de l’arrondissement d’Ussel de 1807 à 1838 », Archives en Limousin, 53, 2020.

31 Nicole Lemaître, Un horizon bloqué : Ussel et la montagne limousine aux xviie et xviiie siècles, Ussel, musée du pays d’Ussel, 1978, p. 169 ; id., « Les notables d’Ussel sous la Révolution », dans Jean Boutier et al. (dir.), Limousin en Révolution, Treignac, Les Monédières, 1989, p. 101-114.

32 AD87, 7 M 190, rapports de Joseph Glandus, 15 décembre 1816, 18 mars 1817, 24 août 1817, 27 septembre 1817, 17 mai 1819 ; AD19, 7 M 93, 7 M 166.

33 AD23, 7 M 139, rapport d’Amable Magdinier envoyé au préfet de la Creuse, 4 janvier 1844.

34 Ibid., 2 octobre 1844.

35 Nadine Vivier, « L’âge d’or des grandes enquêtes agricoles : le xixe siècle », Annales du Midi, 125 (284), 2013, p. 495-510 ; Nadine Vivier (dir.), The Golden Age of State Enquiries. Rural Enquiries in the Nineteenth Century, from Fact Gathering to Political Instrument, Turnhout, Brepols, 2014.

36 Michel Demonet, Tableau de l’agriculture française au milieu du 19e siècle…, op. cit., p. 23-38.

37 AD23, 6 M 408, courrier adressé par Persigny à tous les préfets de France, 18 septembre 1852.

38 Ronald Hubscher, Les maîtres des bêtes…, op. cit., p. 182 ; Corine Marache, Les petites villes et le monde agricole : France, xixe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2021, p. 56-62. Lors de l’enquête de 1866, Anthony Hamon note encore en Bretagne la présence d’un vétérinaire dans la seule commission de Loire-Inférieure : Anthony Hamon, Le miroir des notables ? L’enquête agricole de 1866 en Bretagne, mémoire de master 2, université de Rennes 2, 2017, en ligne : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01588911 (consulté le 16 juin 2022).

39 Il faudrait cependant élargir l’enquête à d’autres initiatives ; en Ille-et-Vilaine, c’est dès juillet 1851 que le préfet demande aux vétérinaires d’arrondissement des données statistiques annuelles : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine (AD35, 7 M 252, dossier « 1851 »).

40 AD23, 6 M 408, instructions du préfet de la Creuse, 4 mai 1853, p. 161.

41 Béatrice Marin et Mathieu Marraud, « L’enquête agricole de 1852 », L’Atelier du Centre de recherches historiques. Revue électronique du CRH, en ligne : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/acrh/3696 (consulté le 16 juin 2022).

42 La race est alors dans un processus de construction : voir Dominique Danthieux et Philippe Grandcoing, La Limousine : histoire d’une race bovine, xixe-xxe siècle, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2007. L’essor de l’élevage datait, lui, du siècle précédent : Jean Pierre Delhoume, Les campagnes limousines au xviiie siècle : une spécialisation bovine en pays de petite culture, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2009.

43 Il n’y aura de ministère de l’Agriculture qu’en 1881, mais depuis 1853, le secteur est détaché de l’Intérieur et lié au Commerce et aux Travaux publics.

44 La circulaire est présente dans les AD23, 7 M 139.

45 AD23, 7 M 139.

46 Tableau analytique et résumé des documents relatifs aux épizooties et aux enzooties adressés par les préfets au ministre de l’agriculture et du commerce en 1864, 1865, 1866, 1867 et 1868, s. l., s. d. L’exemplaire utilisé ici se trouve aux AD35, 7 M 252.

47 Contrairement à ce qu’affirmait Virginie Tournay dans « Le concept de police médicale : d’une aspiration militante à la production d’une objectivité administrative », Politix, 77, 2007, p. 173-199.

48 Gilles Barroux, « La santé des animaux et l'émergence d'une médecine vétérinaire au xviiie siècle », Revue d’histoire des sciences, 64 (2), 2011, p. 375.

49 Le cas d’Ussel serait intéressant à travailler tant il semble que la ville ait été nettement surreprésentée parmi les élèves de l’école de santé de Paris entre 1799 et 1804 : si cette abondance de médecins revient exercer au pays, comment construire un rapport à l’environnement vétérinaire, à Jean-Marie Rondel par exemple ? Voir Jean-Pierre Goubert, Roseline Rey (dir.), Atlas de la Révolution française, t. 7, Médecine et santé, Paris, Éditions de l’EHESS, 1993, p. 58.

50 Delphine Berdah, « Entre scientifisation et travail de frontières… », art. cit.

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Pour citer cet article

Référence papier

Soazig Villerbu, « La difficile collecte de l’information vétérinaire entre la fin de l’Ancien Régime et le Second Empire »Histoire, médecine et santé, 22 | 2022, 87-104.

Référence électronique

Soazig Villerbu, « La difficile collecte de l’information vétérinaire entre la fin de l’Ancien Régime et le Second Empire »Histoire, médecine et santé [En ligne], 22 | hiver 2022, mis en ligne le 15 décembre 2022, consulté le 24 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/6154 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/hms.6154

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Auteur

Soazig Villerbu

Centre de recherche interdisciplinaire en histoire, histoire de l’art et musicologie (CRIHAM, (UR 15507), université de Limoges

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