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Autour de Jean-Pierre Peter

Jean-Pierre Peter

Le gai savoir au cœur des ténèbres
Jean-Pierre Peter. The gai savoir in the heart of darkness
Jean-Pierre Peter. El gai savoir en el corazón de las tinieblas
Marie-Christine Pouchelle
p. 149-155

Texte intégral

  • 1 Comme Vincent Barras l’a bien vu dans sa présentation de la réédition de l’ouvrage de Jean-Pierre (...)

1Jean-Pierre Peter existe-t-il ? Il s’était parfois posé la question. Aujourd’hui atteint par la maladie d’Alzheimer, il continue implicitement de se demander s’il existe, comme il le demande à un entourage qu’il n’est pas sûr de reconnaître. Le voilà désormais taraudé au quotidien par l’exigeante inquiétude qui a gouverné son itinéraire de chercheur1. Il l’énonce à l’improviste au cours de l’une de mes visites à l’Ehpad, en décembre 2021 : « Je ne comprends pas ce que je crois comprendre. » Je dirai de cette inquiétude, en reprenant mot à mot ce que lui-même peut répéter aujourd’hui à propos d’une pièce musicale ou d’une cuillerée de miel, qu’en effet « ça existe ». « Ça » parle toujours, et très fort. D’un appétit de vivre. D’existence. Et d’oubli.

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  • 2 Alexandre Klein, « L’histoire de la santé : le renouveau interdisciplinaire de l’historiographie m (...)
  • 3 Jean-Pierre Peter, « Un historien dans ses histoires », Actes – Psypropos, actes des journées d’ét (...)

2L’histoire de la médecine fut d’emblée pour Jean-Pierre Peter une histoire du corps, de la santé et de la maladie, dans la perspective anthropologique caractéristique des Annales2. Le domaine en question ne faisait pas précisément partie de son projet initial. Celui-ci visait une histoire générale du malheur, histoire qui eût été aussi celle des pouvoirs et de l’injustice, de la révolte et de l’oubli. Le tout sur fond d’une basse continue : les effets de la méconnaissance, dans tous les domaines des existences individuelles et sociales3.

  • 4 Ibid. et Jean-Pierre Peter, « Dimensions de l’affaire Dreyfus », Annales. Économies, Sociétés, Civ (...)
  • 5 Pierre-Joseph Proudhon, Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère (extrai (...)

3Il avait engagé le fer dès ses premières publications, au début des années 1960. Avaient retenu son attention l’aveuglement et le déni qui venaient de conduire des historiens de l’affaire Dreyfus et de la guerre d’Espagne à soutenir que c’en était bien fini4. Il s’attela parallèlement à mettre en regard dans un même volume des extraits de la Philosophie de la misère de Pierre-Joseph Proudhon (1846) et la réponse que fit Karl Marx à ce dernier l’année suivante (1847)5.

  • 6 Jean-Pierre Peter, « Un jeune homme bien habillé. Essai d’analyse sur un énoncé élémentaire de sca (...)
  • 7 Ibid. Première publication dès 1967 : Jean-Pierre Peter, « Une enquête de la Société royale de méd (...)
  • 8 Sur la fécondité du rêve dans l’engagement scientifique, Alexandre Grothendieck déclare que « prêt (...)

4Puis, virage soudain. En 1965, son « Essai d’analyse sur un énoncé élémentaire de scandale » lui attira les foudres du patron (Fernand Braudel)6. Grâce à Emmanuel Le Roy Ladurie, il « [s]’enfui[t] pour longtemps sur l’archipel lointain (d’ailleurs gardé jalousement par l’institution médicale) qu’étaient alors pour l’historien les choses de la santé, des maladies, du corps. Les rêveurs intrépides sont ainsi faits qu’ils vont naïvement de péril piégé en trappe périlleuse7. » La trappe n’était pas si périlleuse que cela ; le « rêveur intrépide » devait s’y plonger avec passion8. Il y trouva amplement de quoi réaliser son projet originel.

5Dans le cadre restreint de ces quelques pages, je ne pourrai pas développer les multiples facettes de l’œuvre produite entre 1961 et 2013. J’esquisserai seulement quelques-uns des thèmes explorés : savoirs, pouvoirs, malheur, méconnaissance. Nous verrons aussi comment travaille un chercheur parfois provocant, alliant distance critique et intuition, hors des sentiers battus.

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  • 9 Jean-Pierre Peter, « Un historien dans ses histoires », art. cit., p. 43.
  • 10 Id., « Comment le dire ? Faut-il le croire ? L’entre-deux des inconscients : histoire et histoires (...)
  • 11 Id., « Entendre Pierre Rivière », Le Débat, 66 (4), 1991, p. 110-118, (ici p. 118). L’expression « (...)
  • 12 Jean-Pierre Peter, « Un historien dans ses histoires », art. cit., p. 43 et Jeanne Favret-Saada, « (...)
  • 13 Jean-Pierre Peter, « Comment le dire ?... », art. cit., p. 131 ; id., « L’histoire à l’épreuve… », (...)
  • 14 Jean-Pierre Peter, « Un jeune homme bien habillé… », art. cit., p. 86 et 95 ; id., « Le corps du d (...)
  • 15 Jean-Pierre Peter, « Un jeune homme bien habillé… », art. cit., p. 95.

6« L’Histoire n’existe pas. Il n’y a que des historiens9. » Il n’est donc question que de points de vue. Tout en défendant ardemment le sien, Jean-Pierre Peter avait renoncé au mythe d’un savoir absolu. Contrairement peut-être aux apparences, il s’est contenté du probable. C’est que l’on n’est jamais sûr de rien10. En a résulté, avant même de se pencher sur les documents historiques ou l’historiographie, une térébrante et constante interrogation sur lui-même, sur son métier et le contenu de sa boîte à outils. Le premier de ces outils, c’est en effet le chercheur lui-même, acceptant le cas échéant « de plonger et de souffrir dans le cœur des ténèbres11 », en quête de l’énigme de soi12. L’objectivité est à ce prix13. Parmi d’autres outils : une méfiance de principe vis-à-vis de la théorisation, cette dernière étant prompte à verser dans l’idéologie et à échafauder des dogmes ; une ironie à peine dissimulée à l’égard d’une histoire seulement érudite, qui se contenterait d’accumuler des données, voire de les organiser à coups de statistiques et de traitements informatiques, sans prendre le risque de l’interprétation14. On ajoutera aussi l’exploration « des chemins féconds de l’analogie [et] de la symbolique15 », y compris pour interpréter les dimensions les plus techniques du soin telles que le pansement (voir ci-après « Linges de souffrance, texture de chair »).

  • 16 Id., « Silence et cris. La médecine devant la douleur ou l’histoire d’une élision », Le Genre huma (...)
  • 17 Jean-Pierre Peter, « Comment le dire ?... », art. cit., p. 175 ; id., « De Mesmer à Puységur. Magn (...)

7C’était presque une devise chez Jean-Pierre Peter que de ne jamais prendre pour argent comptant les textes censés faire autorité. Par exemple, en comparant les histoires classiques de la médecine avec ce que permet d’apercevoir une lecture attentive des archives, il a relevé certaines amnésies significatives dans l’historiographie de l’anesthésie et dans celle de la découverte de l’inconscient. La première fait l’impasse sur le demi-siècle pendant lequel, jusqu’en 1847, les moyens techniques de soulager la douleur, qui étaient alors disponibles, furent refusés par les praticiens16. Et ce malgré leur secrète compassion pour les hurlements des patients. La seconde concerne l’apport du magnétisme et de l’hypnose à la connaissance de la vie psychique17.

  • 18 Jean-Pierre Peter, « Un intermédiaire mal perçu : Franz Anton Mesmer (1734-1815), médecin trop gué (...)
  • 19 Ibid., p. 312.

8Ces élisions, voire ces dénis, en tout cas ces méconnaissances, ont à voir avec la construction et la préservation du dogmatisme médical. L’historien montre que celui-ci ne s’est pas solidifié sans remous. Ainsi, au xixe siècle, un nombre important de médecins fut d’abord fasciné par l’aura magique du magnétisme, avant que ce dernier ne soit officiellement exclu de l’horizon académique18. Certes, le mouvement mesmérien se présente clairement comme « un savoir initiatique procédant d’une foi ». Mais la médecine moderne naissant à la clinique a ignoré « la part d’intuition et de croyance dont elle procédait aussi, et a fini par instituer la science médicale […] comme un objet durable de dévotion religieuse19 ».

  • 20 Jean-Pierre Peter, Les mots et les objets de la maladie…, op. cit. ; Vincent Barras, « Avant-propo (...)
  • 21 Jean-Pierre Peter, « Le corps du délit », art. cit., p. 91-93.
  • 22 Ibid., p. 79-80 ; id., Les mots et les objets de la maladie…, op. cit., p. 60, note 48.

9Flux et reflux des savoirs et des croyances. Mélanges aussi. Dans les archives de la Société royale de médecine (SRM), Jean-Pierre Peter avait repéré les incertitudes théoriques et les hésitations pratiques des médecins de la fin du xviiie siècle20. C’était le moment où l’ancien système humoral commençait à laisser la place à ce qui deviendrait la médecine clinique : « Cette médecine en mutation [semble] se comporter comme un vaisseau désemparé qui chasse sur ses ancres21. » Comment des doctrines logiquement contraires pouvaient-elles coexister chez un même praticien ? Ouvrant une nouvelle piste, Jean-Pierre Peter raisonne alors par analogie avec le fonctionnement de la psyché, en l’appliquant à la vie scientifique et à ses acteurs : « Il se jouerait dans l’ordre des doctrines, un équivalent de ce que jouent, dans l’ordre de l’inconscient, la fixation, le refoulement, le retour du refoulé. Même abandonné ou rejeté, un système doctrinal continue d’agir », chez les novateurs eux-mêmes et à leur insu22.

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  • 23 Id., « Le corps du délit », art. cit., p. 71.

10Mais voilà que ça crie dans les archives. Douleur. Misère. Malheur. Bien loin de L’Indifférent d’Antoine Watteau, qui plaisait à l’historien dans son ambiguïté distante, gisent dans les archives de la SRM, à fleur de texte, des paysans « mangés de fièvres et d’impôts » et recouverts par « les pelletées de mots » de la médecine. « Combien de textes ont poussé sur leurs restes, comme les blés sur d’immenses charniers ! Mais de ces hommes, ce que l’archive nous rend et prétendument fait survivre, ce n’est que cet effacement23. »

  • 24 Ibid., p. 98 et suiv. ; id., Les mots et les objets de la maladie…, op. cit., p. 57-61.
  • 25 Id., « Le corps du délit », art. cit., p. 101-102.

11Dans « Le corps du délit » , comme dans « Les mots et les objets de la maladie », parus la même année, Jean-Pierre Peter montre toute l’ambiguïté des savants médecins vis-à-vis des populations qu’ils sont venus sauver : tantôt compassion et dévouement, tantôt condamnation pour ces arriérés rétifs à la médicalisation24. Du « cœur des ténèbres » surgit, aux yeux des médecins, « l’évidence des monstres », c’est-à-dire d’êtres qui, mélangés aux animaux, « ne procèdent plus tout à fait de l’humain25 ». Des ogres apparaissent…

  • 26 Jean-Pierre Peter, Jeanne Favret-Saada, « L’animal, le fou, le mort », dans Michel Foucault (dir.) (...)
  • 27 Jean-Pierre Peter, « Feydeau à corps et cœur perdus, ou le rire meurtrier de soi-même », Communica (...)
  • 28 Id., « Un jeune homme bien habillé… », art. cit., p. 94.

12Mais « aux humbles le silence. Et ce n’est que justice si […] il vient à tel d’entre eux ce rire insensé qui dit le sens à mesure qu’il glace et qu’il déchire, ce rire perpétuel de Pierre Rivière dans les années qui précèdent le meurtre, ce rire qui parle de l’intolérable26. » Or, l’intolérable comporte plusieurs registres. Bien plus tard, à la fin du xixsiècle, loin du bocage et en pleine bourgeoisie parisienne, se fait aussi entendre aux oreilles de l’historien le rire tragique de Georges Feydeau devant les ridicules d’une bourgeoisie bouffie27. C’eût pu être, en 1830, celui du « Jeune homme bien habillé », dandy incendiaire, devant un parapluie, celui de Louis-Philippe28, qui annonçait celui de M. Fenouillard.

  • 29 Ibid., p. 122.
  • 30 Id., « L’élision du tragique dans la culture française », dans Jean-Paul Aron (dir.), Qu’est-ce qu (...)
  • 31 Ibid., p. 234.

13« Le comique de Feydeau est un accent supplémentaire posé sur la conscience tragique de la vie29. » Un accent ? Un couvercle ! Il cache et révèle tout à la fois. Cela va bien dans une culture, la nôtre, caractérisée pour Jean-Pierre Peter par l’évitement du tragique30. Pour faire saisir cette méconnaissance programmée, l’historien s’est servi d’une fiction. Un Japonais découvre que les Français, en raison des fractures profondes de leur pays, ont choisi d’« éliminer toute source de déraison », de « tenir loin de soi le tragique », bref de « s’assurer par le discours la maîtrise de toute espèce de désordre et de conflit31 ».

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  • 32 Selon Paul Claudel, regarder un tableau c’est « prêter l’oreille au sous-entendu » (Paul Claudel, (...)
  • 33 Jean-Pierre Peter, « Comment le dire ?... », art. cit., p. 166.

14Jean-Pierre Peter accordait une importance extrême aux formes langagières et aux harmoniques qu’elles éveillaient chez lui. Laissant travailler l’attention flottante, il écoute plus encore qu’il ne voit32. D’où « L’histoire par les oreilles ». Cette approche lui permet par exemple d’entendre immédiatement l’annonce d’une venimeuse bastonnade sous la modestie affichée par laquelle commence l’éloge rituel adressé en 1847 par le secrétaire de l’Académie royale de médecine à son prédécesseur récemment décédé : « Cet hommage sera-t-il digne de sa mémoire ? » « Cette phrase liminaire me revenait soudain, se souvient l’historien, en m’agaçant l’oreille comme le son d’une note désaccordée33. »

  • 34 Id., « L’histoire par les oreilles », art. cit., p. 284 ; Jean-Pierre Peter, Jeanne Favret-Saada, (...)
  • 35 Il dit cela de l’écriture de Baudelaire dans « Un jeune homme bien habillé », art. cit., p. 85.

15Il s’agit de comprendre ce que les textes disent en dépit de ce qu’ils affichent. Ce sont surtout les dissonances qui alertent cet historien par ailleurs mélomane. « C’est un rien, un simple accroc du texte – une misère sous une plume un peu hâtive. Et c’est un monument34. » Ainsi détecte-t-il les fissures du sens, les brouillages de la pensée, les feintes du discours, les bâillements du propos, les replis paradoxaux de l’exposition. Sables mouvants. Peut-être est-ce pour leur échapper que, lorsqu’il rédige, il a recours à une écriture rigoureuse, à un certain « art du langage et [aux ressources] tranchantes de la pensée [qui] s’allient pour conduire le lecteur au seuil de la fournaise, et l’y laissent, suspendu, découvrir le monde décapé, tordu par la flamme35 ».

  • 36 Jean-Pierre Peter, « Quand les paroles s’envolent et qu’à terre l’écrit reste », Ethnologie frança (...)
  • 37 Roland Barthes, Essais critiques, Paris, Éditions du Seuil, 1964 (cité dans « L’histoire par les o (...)
  • 38 « Ce qu’il y a de substance théorique dans ma démarche, j’ai préféré l’effacer […]. Comme on retir (...)

16Dionysiaque, cette écriture. À grands coups d’oxymores, elle prend ses distances par rapport à la prudente « componction » des prestations universitaires36. Puissamment incarnée, elle joue avec un renversement des apparences qui relève d’« une érotique du discours37 ». Bref, l’historien, tel un disciple du gai savoir, n’a pas sans réserve et parfois sans rire donné des gages à l’esprit de sérieux38, ce qui lui a été parfois reproché.

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  • 39 Id., Les mots et les objets de la maladie…, op. cit., p. 46.

17J’aurais appelé cet article « De la méthode Peter » si son titulaire n’avait pas toujours été hostile à tout esprit de système. Parcourir ses publications à la file m’a fait sentir combien elles se répondent les unes aux autres. Animées par un même ton flamboyant, mais travaillées par le doute, elles s’attachent à démonter minutieusement les rhétoriques du pouvoir – médical ou autre. Sont particulièrement visés les ambiguïtés, les contradictions, les renversements et pour finir les phénomènes de déni et de méconnaissance. Il en résulte que « l’histoire est vide et bègue s’il n’y a pas le corps, le sang, le désir, l’existence corporelle concrète, avide et douloureuse des hommes39 ».

18Ces publications forment aujourd’hui autour de lui une architecture aérienne, impalpable et souple. Ce n’est pas un mausolée. C’est un réseau de forces où puiser.

19Merci à Rafael Mandressi et aux éditeurs de Histoire, médecine et santé.

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Notes

1 Comme Vincent Barras l’a bien vu dans sa présentation de la réédition de l’ouvrage de Jean-Pierre Peter, Les mots et les objets de la maladie, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2021 [1971], p. 5-13, ici p. 9-10.

2 Alexandre Klein, « L’histoire de la santé : le renouveau interdisciplinaire de l’historiographie médicale francophone », Revue d’histoire de l’université de Sherbrooke, 9, 2016, en ligne : https://rhus.historiamati.ca/volume9/lhistoire-de-la-sante-le-renouveau-interdisciplinaire-de-lhistoriographie-medicale-francophone/ (consulté le 11 avril 2022).

3 Jean-Pierre Peter, « Un historien dans ses histoires », Actes – Psypropos, actes des journées d’étude de l’association Psypropos, 2000, Histoire, histoires, p. 44.

4 Ibid. et Jean-Pierre Peter, « Dimensions de l’affaire Dreyfus », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 16 (6), 1961, p. 1141-1167 ; id., « L’histoire à l’épreuve de la guerre d’Espagne », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 19 (1), 1964, p. 142-174.

5 Pierre-Joseph Proudhon, Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère (extraits), [suivi de] Karl Marx, Misère de la philosophie, réponse à la « Philosophie de la misère », de M. Proudhon, textes choisis et présentés par Jean-Pierre Peter, Paris, Union générale d’éditions, 1964.

6 Jean-Pierre Peter, « Un jeune homme bien habillé. Essai d’analyse sur un énoncé élémentaire de scandale », Café librairie, 5, 1985 [1965], p. 83-96 (avant-propos, p. 83).

7 Ibid. Première publication dès 1967 : Jean-Pierre Peter, « Une enquête de la Société royale de médecine (1774-1794). Malades et maladies à la fin du xviiie siècle », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 22 (4), 1967, p. 711-751.

8 Sur la fécondité du rêve dans l’engagement scientifique, Alexandre Grothendieck déclare que « prêter l’oreille au rêveur en nous c’est communiquer avec nous-mêmes, à l’encontre des barrages puissants qui voudraient à tout prix nous l’interdire » (Récoltes et semailles. Réflexions et témoignage sur un passé de mathématicien, Paris, Gallimard, 2022, p. 212). Jean-Henri Fabre aurait pu dire la même chose : voir ses Souvenirs entomologiques. Étude sur l’instinct et les mœurs des insectes, Paris, Robert Laffont, 1989, 2 vol.

9 Jean-Pierre Peter, « Un historien dans ses histoires », art. cit., p. 43.

10 Id., « Comment le dire ? Faut-il le croire ? L’entre-deux des inconscients : histoire et histoires de cas », Nouvelle revue de psychanalyse, 48, 1993, p. 163-179, ici p. 164.

11 Id., « Entendre Pierre Rivière », Le Débat, 66 (4), 1991, p. 110-118, (ici p. 118). L’expression « cœur des ténèbres » est une référence implicite au livre éponyme de Joseph Conrad, qu’affectionnait particulièrement Jean-Pierre Peter.

12 Jean-Pierre Peter, « Un historien dans ses histoires », art. cit., p. 43 et Jeanne Favret-Saada, « Être affecté », Gradhiva, 8, 1990, p. 3-9.

13 Jean-Pierre Peter, « Comment le dire ?... », art. cit., p. 131 ; id., « L’histoire à l’épreuve… », art. cit., p. 155, 157 et 173.

14 Jean-Pierre Peter, « Un jeune homme bien habillé… », art. cit., p. 86 et 95 ; id., « Le corps du délit », Nouvelle revue de psychanalyse, 3, 1971, Lieux du corps, p. 71-108, ici p. 72, note 2.

15 Jean-Pierre Peter, « Un jeune homme bien habillé… », art. cit., p. 95.

16 Id., « Silence et cris. La médecine devant la douleur ou l’histoire d’une élision », Le Genre humain, 18, 1988, Politiques de l’oubli, p. 177-194 ; id., « Apories de la douleur (Commentaire) », Sciences sociales et santé, 7 (2), 1989, p. 35-41 ; id., De la douleur, Paris, Quai Voltaire, 1993 ; id., « La médecine et la douleur du malade. Histoire d’une esquive savante », dans Didier Michaux (dir.), Douleur et hypnose, Paris, Imago, 2004, p. 60-76.

17 Jean-Pierre Peter, « Comment le dire ?... », art. cit., p. 175 ; id., « De Mesmer à Puységur. Magnétisme animal et transe somnambulique, à l’origine des thérapies psychiques », Revue d’histoire du xixe siècle, 38, 2009, Savoirs occultés : du magnétisme à l’hypnose, p. 19-40.

18 Jean-Pierre Peter, « Un intermédiaire mal perçu : Franz Anton Mesmer (1734-1815), médecin trop guérisseur, guérisseur trop médecin », dans Les intermédiaires culturels, actes du colloque du Centre méridional d’histoire sociale, des mentalités et des cultures, tenu à l’université de Provence en juin 1978, Paris, Honoré Champion, 1981 ; id., « Puységur et l’enfant fou, ou la raison originelle », dans Armand Marc Jacques de Chastenet, marquis de Puységur, Un somnambule désordonné ? Journal du traitement magnétique du jeune Hébert, éd. établie et présentée par J.-P. Peter, Le Plessis-Robinson, Synthélabo, 1999 ; id., « L’histoire par les oreilles. Notes sur l’assertion et le fait dans la médecine des Lumières », Le temps de la réflexion, 1, 1980, p. 273-314, ici p.275-286.

19 Ibid., p. 312.

20 Jean-Pierre Peter, Les mots et les objets de la maladie…, op. cit. ; Vincent Barras, « Avant-propos », dans Jean-Pierre Peter, Les mots et les objets de la maladie…, op. cit.

21 Jean-Pierre Peter, « Le corps du délit », art. cit., p. 91-93.

22 Ibid., p. 79-80 ; id., Les mots et les objets de la maladie…, op. cit., p. 60, note 48.

23 Id., « Le corps du délit », art. cit., p. 71.

24 Ibid., p. 98 et suiv. ; id., Les mots et les objets de la maladie…, op. cit., p. 57-61.

25 Id., « Le corps du délit », art. cit., p. 101-102.

26 Jean-Pierre Peter, Jeanne Favret-Saada, « L’animal, le fou, le mort », dans Michel Foucault (dir.), Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère. Un cas de parricide au xixe siècle, Paris, Gallimard/Julliard, 1973, p. 243-264, ici p. 243.

27 Jean-Pierre Peter, « Feydeau à corps et cœur perdus, ou le rire meurtrier de soi-même », Communications, 56, 1993, Le gouvernement du corps, p. 115-124.

28 Id., « Un jeune homme bien habillé… », art. cit., p. 94.

29 Ibid., p. 122.

30 Id., « L’élision du tragique dans la culture française », dans Jean-Paul Aron (dir.), Qu’est-ce que la culture française ?, Paris, Denoël/Gonthier, 1975, p. 223-248.

31 Ibid., p. 234.

32 Selon Paul Claudel, regarder un tableau c’est « prêter l’oreille au sous-entendu » (Paul Claudel, L’œilœil écoute [1946], publié dans Œuvres en prose, Paris, Gallimard, 1965, p. 176).

33 Jean-Pierre Peter, « Comment le dire ?... », art. cit., p. 166.

34 Id., « L’histoire par les oreilles », art. cit., p. 284 ; Jean-Pierre Peter, Jeanne Favret-Saada, « La porte d’enfer », L’Arc, 52, 1973, p. 68-85, ici p. 70.

35 Il dit cela de l’écriture de Baudelaire dans « Un jeune homme bien habillé », art. cit., p. 85.

36 Jean-Pierre Peter, « Quand les paroles s’envolent et qu’à terre l’écrit reste », Ethnologie française, 20 (3), 1990, Entre l’oral et l’écrit, p. 338.

37 Roland Barthes, Essais critiques, Paris, Éditions du Seuil, 1964 (cité dans « L’histoire par les oreilles », art. cit., p. 300.)

38 « Ce qu’il y a de substance théorique dans ma démarche, j’ai préféré l’effacer […]. Comme on retire les échafaudages. C’est plus propre. » (Jean-Pierre Peter, « L’histoire par les oreilles », art. cit., p. 313) D’autre part, il voit dans « un certain esprit de tristesse et de contrition » dû à « l’exaspération théoricienne » une cause de déclin de la créativité scientifique : Jean-Pierre Peter, Rapport au Conseil scientifique sur le développement de l’histoire des sciences et des savoirs, Paris, EHESS, 1976, p. 15.

39 Id., Les mots et les objets de la maladie…, op. cit., p. 46.

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Pour citer cet article

Référence papier

Marie-Christine Pouchelle, « Jean-Pierre Peter »Histoire, médecine et santé, 21 | 2022, 149-155.

Référence électronique

Marie-Christine Pouchelle, « Jean-Pierre Peter »Histoire, médecine et santé [En ligne], 21 | printemps 2022, mis en ligne le 17 août 2022, consulté le 21 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/5857 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/hms.5857

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Auteur

Marie-Christine Pouchelle

CNRS, Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (IIAC, UMR 8177, CNRS/EHESS)

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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