Pudeurs et manipulations médicales du cadavre (France, XIXe siècle)
Résumés
Ce travail s’intéresse à la question de la pudeur dans différents cas de manipulations médicales du cadavre en France au XIXe siècle : embaumement, vérification des décès, dissections. Il s’efforce de mettre en contexte ces questions avec l’évolution des sensibilités funéraires des contemporains, et pas seulement avec la pratique médicale. Il met en évidence l’importance de l’adéquation entre les manipulations et le processus funéraire, et les différences sociales dans le traitement.
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- 1 Ce travail a bénéficié d’une aide de l’ANR au titre du programme CoRPS 08-BLANC-0164-1. Pour en sav (...)
1Le travail qu’on se propose de présenter ici ne constitue pas une recherche achevée, mais une réflexion ébauchée à propos de quelques pistes croisées en travaillant sur l’histoire du corps mort, de son statut, de ses usages médicaux et sociaux1. Dans un premier temps on s’interrogera de façon générale sur la mort, la pudeur, le cadavre : le corps mort présente en effet des particularités qui ne sont pas celles du vivant et s’en tenir à l’aspect médical serait sans doute une erreur. On abordera ensuite trois exemples de manipulations médicales du corps mort : d’abord dans le cadre de l’embaumement, puis dans celui du constat de mort, et enfin dans celui des dissections. L’objectif est de replacer ces questions de pudeur dans des configurations différentes, du point de vue du type de médecine exercé (et des différences sociales que ces types d’exercice sous-tendent) et du point de vue de la place de l’intervention médicale dans le rituel mortuaire. Un dernier point doit être précisé : on utilisera dans ce travail alternativement les mots de pudeur et de décence ; bien que les deux termes se recouvrent partiellement, celui de décence servira à désigner plutôt des comportements généraux qui répondent à un certain nombre de convenances sociales, y compris corporelles, celui de pudeur renvoyant davantage à la question du regard et de la nudité.
La mort, la pudeur, le cadavre
2Parler de la question de la pudeur dans les manipulations médicales du cadavre n’a de sens que si on la replace dans le cadre plus général de l’évolution des sensibilités funéraires et des attitudes collectives face au cadavre au XIXe siècle.
- 2 BERTRAND Régis, Les Provençaux et leurs morts. Recherches sur les pratiques funéraires, les lieux d (...)
- 3 BERTRAND Régis et CAROL Anne (dir.), Aux origines des cimetières contemporains. Antécédents et post (...)
- 4 CAROL Anne, « La cadavre et la machine au XIXe siècle», dans GUIGNARD Laurence (dir.), Corps et mac (...)
3Les pratiques funéraires connaissent alors des changements importants, que Régis Bertrand a bien mis en évidence dans ses travaux2. Ces changements, qu’on résumera ici brièvement et de façon forcément caricaturale, vont dans le sens d’un respect croissant des dépouilles mortelles et prennent forme dans le culte rendu aux morts. Alors que le décret de Prairial an XII (1804)3 éloignait les cimetières des villes, pour protéger les vivants ; qu’il érigeait en norme l’inhumation dans des fosses soumises à des rotations quinquennales, et faisait de la concession une exception destinée à honorer les grands hommes ; qu’il prévoyait donc que le cimetière soit un lieu de consumation des corps le plus efficace possible en terme d’hygiène publique4, les cimetières contemporains se développent, sous la pression de la population et grâce à la complicité des communes chargées de les gérer, dans un sens totalement différent.
4Très vite, l’idéal y devient la concession perpétuelle, ou au moins trentenaire, où le défunt repose dans un caveau individuel ou familial, isolé du sol, clairement identifié par une épitaphe sur lequel on vient se recueillir ; être enterré dans les tranchées, au contraire d’être une norme, est un stigmate social – le prolongement déshonorant de la mort à l’hôpital. Le cimetière se transforme en un lieu de conservation et non de destruction, et loin de les fuir, la population s’y rend en pèlerinage ; le jour des Morts marque l’apothéose de cette fréquentation.
5Ces pratiques ont également un caractère novateur, si on les compare non plus seulement aux attentes des réformateurs des cimetières, mais à celles de l’époque moderne : la règle était l’enterrement dans des fosses communes anonymes, à reprise périodique, avec exhumations et rassemblement des restes dans des ossuaires. Même dans le cas de ceux qui bénéficiaient de sépultures identifiées (caveaux familiaux ou de confréries, par exemple dans le sol ou dans une chapelle de l’église), le souvenir ne passait pas par la visite au cimetière, mais, pour aller vite, par les prières et les messes dites après la mort, et souvent stipulées par les testaments. Dans ce contexte, la question du corps proprement dit, de son intégrité, de son repos, de son identification et de son traitement individualisé ne se posait pas avec la même acuité – qu’on songe aux exhumations et aux ossuaires où les restes étaient confondus.
6Pourquoi rappeler ce changement ? Parce qu’il introduit, au XIXe siècle, ou du moins qu’il renforce un impératif de « décence » (plutôt que de pudeur) dans les manipulations du corps mort. Ce souci de conservation, cette représentation de la mort comme un repos éternel, qui imposent de ne pas le troubler par des gestes ou des pratiques intempestives, gagnent la société tout entière, et se lisent dans des pratiques dont on peut citer quelques exemples.
- 5 BERTHERAT Bruno et CHEVANDIER Christian, Paris dernier voyage. Une histoire des pompes funèbres, Pa (...)
- 6 Voir par exemple BOREL Petrus, « Le croquemort », dans CURMER Léon (dir.), Les Français peints par (...)
- 7 BERNARD Julien, Croquemort, Paris, Métailié, 2003.
7Le premier réside dans la diffusion de la toilette mortuaire et de l’habillement du mort ; l’ensevelissement nu n’est plus tolérable au XIXe siècle. Il s’agit à la fois de pudeur et de distinction sociale : on met au mort son plus bel habit, souvent celui du mariage, ou son uniforme. Un autre exemple de cet impératif de décence est le silence qui s’installe progressivement autour du mort : il devient malséant, archaïque, grossier – c’est d’ailleurs ce dont on accuse les paysans et les ouvriers dans les villes – de faire du bruit, de chanter, et même de parler fort près d’un mort. Le modèle de la veillée mortuaire, c’est le silence recueilli, le chuchotis ; impératif de silence qui s’étend d’ailleurs au cortège funéraire, autrefois plus sonore. On peut aussi évoquer la tentative de codifier les pratiques des professions funéraires, dont la palette s’élargit avec l’essor et la généralisation des pompes funèbres5. Cette codification, cette normalisation s’accompagnent en contrepoint de la condamnation des croquemorts indélicats, dont les contemporains stigmatisent l’attitude incorrecte6. Que ce soit par l’habit, par la précision des rituels, des gestes, des paroles, des postures mêmes, se crée une culture, vraisemblablement transmise autant par l’oral que par l’écrit ; une culture y compris somatique, dont l’histoire reste à faire, et dont les professionnels actuels sont les héritiers : en témoigne encore le sociologue Julien Bernard, dont le récit7 montre comment il doit se plier à tout un apprentissage corporel qui impose, par exemple, de ne pas tourner le dos au mort, de ne pas incliner le cercueil, de ne pas même se pencher en avant lorsqu’on doit ramasser quelque chose, mais de s’accroupir, etc.
Pudeur et embaumement
8Quels sont les prolongements médicaux de cet impératif de décence ?
- 8 CORBIN Alain, Le miasme et la jonquille. L’odorat et l’imaginaire social, Paris, Aubier, 1982 ; CAM (...)
9Rappelons d’abord que l’indécence majeure est, dans ce XIXe siècle, la putréfaction des corps. Elle dément cette fiction du repos et de la conservation et fait du mort, à son corps défendant, un objet de répulsion pour la vue et l’odorat ; or, on connaît l’intolérance croissante aux mauvaises odeurs depuis le XVIIIe siècle, surtout organiques, qui relève tout autant de la peur des miasmes que du processus de civilisation8. La putréfaction ramène de fait le mort du côté de l’organique le plus brut, la Nature reprenant ses droits ; or tout ce qui a trait à l’organique, excepté peut-être la nourriture, est occulté dans la culture bourgeoise du XIXe siècle. La putréfaction est obscène, et son spectacle devient progressivement intolérable. Lorsqu’enfle au XIXe siècle la peur des inhumations prématurées, le débat fait rage entre les partisans de la construction de maisons mortuaires où seraient entreposés les morts en l’attente soit d’un réveil, soit de l’apparition de la tâche verte abdominale, et ceux qui, refusant cet attentisme, pensent qu’un examen médical suffit à déterminer la réalité de la mort. Or, les seconds s’opposent aux dépôts mortuaires pour des raisons de santé publique – les miasmes – mais aussi au nom de la décence comme en témoigne l’indignation du visiteur d’un dépôt allemand en 1845 :
- 9 HUSSON Armand, « Lettre sur les morts apparentes », Gazette des hôpitaux, 11 avril 1854, p. 180.
Les corps sont placés dans des bières presque nus […] il y a une affreuse confusion des cadavres plus ou moins putréfiés, dont les exhalaisons vicient l’air […] mais ce qui frappe surtout de l’aspect d’un tel établissement, c’est l’abandon moral des restes humains9.
10Pour lutter contre l’obscénité de la putréfaction, on choisit donc d’inhumer dans des tombeaux isolés du sol par une maçonnerie, dans des bières de plus en plus solides et épaisses. Et surtout, on choisit d’embaumer : ce qui ramène au médecin.
11L’embaumement était, à l’époque moderne et encore dans le premier tiers du XIXe siècle, une pratique réservée aux « grands » : le roi, la famille royale, quelques grands dignitaires laïcs ou ecclésiastiques, les sénateurs ou les maréchaux sous l’Empire. Cette pratique s’appuyait sur une technique archaïque, faite de macération et d’incisions, très mutilante pour le corps, et qui avait pour but de transformer le corps en un résidu « sec » et imputrescible et de lui épargner les inévitables altérations de la thanatomorphose, davantage que de conserver un cadavre ressemblant au vivant.
12Or, dans les années 1830 et 1840, les procédés techniques se modifient profondément ; se substitue aux incisions la technique de l’injection avec des produits conservateurs : sublimé corrosif (Chaussier), chlorure de zinc (Sucquet), arsenic (Gannal), etc. La pratique s’étend socialement à la bourgeoisie, ouvrant un marché où la concurrence fait vite rage entre pharmaciens, médecins, chimistes ou naturalistes. Le conflit le plus connu est celui qui oppose dans les années 1840 le pharmacien Gannal et le docteur Sucquet, et qui se règle devant l’Académie de médecine en 1845. Bataille des brevets, recherche des dépositaires agréés, diversification des tarifs, brochures publicitaires, procès, exhumations et contre-épreuves, tout est bon dans cette guerre dont on se propose bientôt de faire l’histoire. Mais il est justement un argument récurrent dans cette concurrence commerciale : celui de la décence et de la pudeur dans les manipulations.
13Cet argument joue à deux niveaux. Le premier est celui, général, de la modernité, et sert à convaincre des couches sociales élargies d’avoir recours à cette pratique. La nouvelle génération des embaumeurs insiste de façon unanime sur le respect de l’intégrité corporelle par opposition aux méthodes d’incision précédentes, qui sont, on l’a dit, très mutilantes. Il s’agit toutefois ici davantage de violence que de violation de la pudeur, de respect plus que de décence. Le deuxième niveau concerne la guerre interne, c’est-à-dire celle des embaumeurs entre eux. Tous utilisent l’injection : il faut donc convaincre la clientèle que son procédé est plus « pudique » que celui du concurrent.
14Dans la guerre qui oppose Sucquet à Gannal, un des concessionnaires du procédé Sucquet explique ainsi sa supériorité dans une brochure publicitaire en opposant les deux méthodes du point de vue de la pudeur :
- 10 Lambert D. M. P., La vérité sur la question des embaumements, Lyon, Imp. de La Croix Rousse, 1848, (...)
Par le procédé Gannal, le corps était retiré de son lit, dépouillé entièrement de ses vêtements et placé sur une table. Une incision profonde était pratiquée au cou pour y injecter le liquide dont on espérait la conservation des corps. Les membres et le tronc étaient exactement serrés dans des bandelettes, pour être recouverts ensuite de leurs habits.
Par la méthode du docteur Sucquet, le corps reste dans son lit, un des bras seulement est mis à découvert, et le liquide conservateur est injecté par une incision à la saignée du membre sans qu’il paraisse une goutte de sang. Plus d’exposition sur une table aux regards étrangers, rien de ce qui peut blesser la pudeur d’une mère de famille ou le respect qu’on doit aux dépouilles des siens. Tout se fait sans bruit, sans étalage, avec décence, avec le profond sentiment de décence et de moralité, qui doit ici, plus qu’ailleurs encore, régner dans les rapports des familles frappées dans leurs affections […]. Les corps dans leur habit seulement, se conservent avec leur couleur, leur souplesse et leur fraîcheur, comme s’ils venaient d’être mis dans leur cercueil10.
15Quelques années plus tard, même stratégie de dénigrement et de comparaison chez l’inventeur d’une nouvelle méthode :
- 11 Embaumement des corps. Nouveau système Audigier, consacré par des expérimentations publiques et des (...)
Ce procédé exige un travail de plusieurs heures, car la main de l’opérateur doit s’exercer sur toutes les parties du corps, et conséquemment, il est indispensable que la dépouille mortelle soit mise entièrement à nu. Ne serait-ce pas là, disons-le de suite, la cause principale de la répugnance que certaines familles ont manifestée pour la pratique de l’embaumement ? Bien des personnes, en effet, ne peuvent s’habituer à l’idée que des mains étrangères viennent, après la mort, arracher le voile qui recouvre des êtres vénérés et chéris. […]
AVANTAGES DU NOUVEAU SYSTÈME
Plus d’opérations de chirurgie, plus de mutilations, plus de dissections. Plus de profanation du corps, car il demeure caché aux regards, enveloppé dans son suaire ; il pourrait être tout habillé. L’embaumement peut être pratiqué publiquement, sans indiscrétion et sans répugnance11.
- 12 CAROL Anne, « Faire un beau cadavre. Difficultés techniques et ambiguïtés esthétiques de l’embaumem (...)
16Dans ce type d’argumentaire, le fait que le promoteur de telle ou telle méthode soit un médecin n’est pas indifférent : Sucquet, par exemple, se réfère sans cesse implicitement au « tact » que procure la pratique libérale de la médecine, la médecine de ville, de cabinet, l’habitude de fréquenter le monde ; « tact » qui fait défaut au pharmacien, vulgaire boutiquier. Il n’est pas indifférent non plus que la clientèle visée soit une clientèle bourgeoise : l’argument de la pudeur y a une efficacité maximale, et joue presque autant que la qualité du résultat obtenu ou que l’apparence plus ou moins esthétique du corps12. La pudeur, dans la pratique médicale, se confond avec la décence dans les usages mortuaires qui se répandent au même moment dans cette classe sociale. Or, on retrouve la même question du tact dans le deuxième exemple : celui du constat de mort. Question d’autant plus délicate que, contrairement à l’embaumement, le constat de mort vient perturber le processus funéraire.
Pudeur et constat de mort
- 13 CAROL Anne, Les médecins et la mort XIXe-XXe siècles, Paris, Aubier, 2004.
17On a fait allusion brièvement plus haut à la question de la mort apparente et à la peur des inhumations prématurées, qui font débat dans le monde médical dès le XVIIIe siècle. Ce problème de santé publique fait l’objet d’une production écrite énorme tout au long du XIXe siècle : traités médicaux, thèses, articles, concours dans les sociétés savantes comme l’Académie des sciences ou l’Académie de médecine13.
18Or, une bonne partie de cette production se concentre sur la question du meilleur signe de la mort, du signe incontestable qui permettra d’éviter les méprises et les inhumations d’individus vivants. Cette littérature, très technique, est nécessairement compilatrice, dès lors que les auteurs commencent généralement par examiner tous les signes proposés jusque-là, avant de proposer le leur, réputé infaillible.
19La recherche du meilleur signe de la mort relève d’une approche diagnostique : il s’agit de faire apparaître, par l’observation, par des épreuves ou des protocoles expérimentaux, soit la mort réelle, soit le maintien d’une vie résiduelle – signes négatifs ou positifs. Dans les deux cas, le corps est l’objet de manipulations plus ou moins intrusives, plus ou moins violentes. Il faut, bien sûr, examiner le cadavre, prendre son pouls, sa température – un peu comme on le ferait sur un malade ; mais certains préconisent, surtout au début du siècle, des épreuves douloureuses qui sont censées à la fois tester la sensibilité et ranimer par la douleur un individu qui ne serait qu’en léthargie : par exemple, par des brûlures, des incisions sur des parties du corps particulièrement innervées, comme la plante des pieds, la pulpe des doigts, les mamelons… Ces gestes supposent le dénudement partiel ou total du corps ; ils supposent aussi des violences et des postures incongrues, sur un corps abandonné, passif, qui peuvent se révéler difficile à supporter dans le cas de ce médecin qui préconise le toucher rectal ou vaginal pour repérer le relâchement des sphincters. À la fin du siècle, ce sont plutôt des procédés expérimentaux qui sont proposés, où le corps inanimé est traité comme une sorte de matériau que l’on teste grâce à des réactifs chimiques.
20Malgré ses intentions pratiques, une grande partie de cette littérature reste théorique, savante ; de ce fait, elle semble ne pas connaître de limites liées à la pudeur. Lorsque la question se pose, l’argument pour justifier ces manipulations est l’urgence du sauvetage : les auteurs sont dans un registre souvent héroïque, où le bon médecin doit faire absolument comme si le corps était vivant ; le respect des convenances est considéré comme une forme d’abandon, de résignation indigne du philanthrope soucieux d’arracher son prochain à une mort horrible.
- 14 CAROL Anne, Le médecin des morts à Paris au XIXe siècle, travail inédit dans le cadre d’une habilit (...)
21Qu’en est-il dans la réalité, c’est-à-dire dans la mise en pratique de la vérification des décès ? Certaines villes, au XIXe siècle, s’emparent en effet du problème et réglementent dans ce sens. Dès 1800, le préfet Frochot crée à Paris un corps de médecins vérificateurs des décès qui a pour mission de visiter les morts, dont l’avis de décès a été déposé en mairie, et de délivrer un certificat indispensable pour le permis d’inhumer14. Cette réglementation a donné lieu à une production abondante de textes administratifs, dont certains voués à encadrer la pratique de ces « médecins des morts » ; mais aussi à des rapports (un corps des inspecteurs ayant été créé en 1839 pour contrôler les vérificateurs), à des plaintes ou à des récits des acteurs eux-mêmes, qui permettent de prendre la juste mesure de la portée des textes normatifs savants ou des exhortations préfectorales.
22Car de fait, que constate-t-on ? Deux choses : le décalage entre les prescriptions et les pratiques, d’une part, qui témoigne d’un compromis entre l’impératif de santé publique et le respect des convenances mortuaires ; les nuances sociales dans les façons de procéder, d’autre part.
23Il faut rappeler d’abord les recommandations préfectorales aux médecins chargés de visiter les morts ; certains, comme Rambuteau, sont allés assez loin dans la précision de ces recommandations. Par rapport aux écrits théoriques évoqués plus tôt, il est intéressant de constater que le discours préfectoral se situe déjà en retrait. Certes, les nombreuses circulaires qui rappellent les missions des vérificateurs insistent sur l’impérieuse nécessité du soin avec lequel ils doivent pratiquer l’examen, en arguant du risque d’inhumation prématurée ou de la dissimulation d’un crime ; mais elles insistent également sur le souci de ne pas froisser la pudeur des familles lors de l’examen. Une circulaire du préfet Rambuteau aux maires, le 25 juillet 1844, fait ainsi directement appel au savoir-faire médical, qu’il soit savant ou social :
- 15 Archives de Paris, VI 1 25, « Circulaire contenant les instructions sur la vérification des décès a (...)
Je n’ai sans doute pas besoin, monsieur le maire, d’insister sur les égards que messieurs les médecins vérificateurs doivent avoir pour les personnes qu’ils rencontrent dans la maison mortuaire ; leur éducation et leurs habitudes me sont un sûr garant qu’ils ne cessent d’observer, en toute circonstance, ces formes de politesse attentive, si douces pour les familles dans ces circonstances douloureuses, et qu’elles aiment à rencontrer dans les agents de l’autorité que leurs fonctions mettent alors en contact avec elles […]. J’appelle particulièrement votre attention sur la manière dont la visite des corps doit toujours être faite [...]. Le corps d’un décédé doit donc toujours être examiné d’une manière attentive et complète ; et, dans beaucoup de cas même, il peut être utile de le déplacer ; mais alors ces déplacements doivent être faits avec beaucoup de soins et de convenance, car il ne faut pas perdre de vue qu’un mouvement un peu brusque, une manière trop hâtive en apparence suffiraient pour offenser la douleur de la personne qui assiste, et qui peut être un proche parent15.
24Les sources dévoilent de fait la répugnance de la population devant les manœuvres trop intrusives du médecin. Le problème vient en effet de ce que, très souvent, les médecins vérificateurs trouvent les corps déjà habillés et/ou ensevelis, corps dont les ouvertures ont parfois été tamponnées. Pour des raisons pratiques – la rigidité cadavérique, il est en effet plus facile de faire la toilette mortuaire et d’habiller le mort le plus vite possible. Le vérificateur devrait donc, en toute logique, faire déshabiller le mort (ou démailloter le nourrisson) pour examiner son corps. Il doit en outre déranger éventuellement la mise en scène organisée autour du mort : mains jointes avec chapelet ou crucifix, semi-obscurité, amoncellement de fleurs. Mise en scène d’autant plus complexe que l’on s’élève dans l’échelle sociale. Un inspecteur se plaint en 1900 :
- 16 Archives de Paris, 1326 W 36, Rapport de l’inspecteur de la 1ère circonscription, 31 mars 1900.
Dans la grande majorité des cas, lorsque le médecin de l’état civil se présente pour constater le décès, le cadavre est déjà tout habillé et paré, les familles se hâtent de faire l’ensevelissement pendant que le cadavre est encore souple. Il est la plupart du temps impossible d’obtenir des familles de faire déshabiller le mort, on objecte qu’il est tout raide, ou bien on objecte un sentiment de pudeur.
Dernièrement un médecin de l’état civil se présentait pour constater le décès d’une jeune fille qui avait célébré ses fiançailles peu de jours avant sa maladie. Le père de la jeune fille pria le médecin de ne pas toucher au cadavre et de ne pas même déranger les fleurs qui couvraient tout le lit, parce que le fiancé avait dit qu’il tuerait celui qui toucherait à quoi que ce soit du lit mortuaire ; et en effet il y avait dans un coin de la chambre un jeune homme debout, aux yeux féroces et qui semblait très capable de faire ce qu’il avait dit ; il ne quitta pas de vue le médecin de l’état civil qui fit, bien entendu, une constatation à distance16.
25Le plus souvent, c’est un compromis qui est trouvé : seul le visage est dévoilé. En 1877, un inspecteur accuse un vérificateur, le docteur Grenet, d’avoir mal visité deux morts de son quartier ; le docteur et le maire, comme c’est très souvent le cas, font cause commune ; le maire écrit en effet au préfet :
- 17 Archives de Paris, 1326 W 35, Lettre du maire du VIIe arrondissement au Préfet, 31 août 1877.
M. le docteur Grenet, apportant une certaine discrétion dans l’observation du règlement, qui prescrit la découverte du corps, a cru devoir, dans les décès Rigonaud et Bedouré, épargner à la famille une visite complète, toujours fort pénible pour les parents ; la mort était constante et la maladie bien prouvée par une suite d’ordonnances présentées au médecin de l’état civil. M. Bédouré, en effet, était mort de phtisie et quant à M. Rigonaud, il avait été soigné dans sa maladie par M. le docteur Grenet lui-même. Le quartier Saint Thomas d’Aquin qui est confié aux soins de M. le docteur Grenet exige d’ailleurs beaucoup de tact et beaucoup de ménagements17.
26On notera la nuance sociale : on retrouve à plusieurs reprises ce genre de notation. Les médecins trop zélés ont du mal à faire leur travail dans les arrondissements cossus :
- 18 Archives de Paris, 1326 W 35, Compte rendu d’une réunion du bureau des inhumations, 1896.
Le docteur Loiseau signale divers incidents pendant ses constatations ; on a quelquefois refusé de lui laisser voir le corps ; la famille s’est montrée grossière [...], le docteur Dauvillé demande que la circulaire recommande la patience à l’égard des familles... Le médecin est assez [sic] souvent mal accueilli dans une famille d’une situation de fortune au-dessus de la moyenne, notamment dans le 17e arrondissement18.
27On peut noter toutefois une évolution intéressante : à la fin du siècle, ce genre de plainte voisine avec des plaintes opposées, c’est-à-dire des plaintes selon lesquelles les médecins ne pousseraient pas assez loin les investigations. Un rapport de 1900 rend compte ainsi de ces deux tendances contradictoires, à travers deux cas de plaintes :
- 19 Archives de Paris, 1326 W 36, Rapport de l’inspecteur Renault, 12 août 1900.
La fille de la défunte reproche au médecin sa visite tardive ; mais en outre elle est courroucée contre celui-ci, parce qu’il l’a obligée à découvrir, contre son gré, le cadavre de sa mère pour les constatations nécessaires. Elle trouve enfin que mon confrère a été grossier […].
Le médecin vérificateur n’a ni découvert, ni touché le corps, en disant à la veuve, qui se préparait à enlever les couvertures, que la chose était inutile. Surprise de la belle-sœur présente19.
28Ces réactions tendraient à indiquer que la visite – dans certaines limites de pudeur, sans doute – est intégrée désormais dans le rituel mortuaire, soit que la pratique en soit devenue routinière, soit que l’examen médical soit devenu un soin ultime, un « devoir » de plus rendu au mort qu’on veut honorer.
Pudeur et manipulations médicales du cadavre à l’hôpital : un contre-modèle ?
29Que ce soit dans le cadre de l’embaumement ou dans celui de la vérification des décès, le médecin agit au domicile de son client/patient ; il en va autrement du dernier cas de figure sur lequel on terminera : celui de la pratique hospitalo-universitaire.
- 20 CAROL Anne, « L’examen gynécologique en France XVIIIe-XIXe siècles : techniques et usages », dans B (...)
- 21 Sur la pratique des dissections en France au XIXe siècle, peu de travaux ; voir RICHARDSON Ruth, De (...)
30Les cadavres sur lesquels les manipulations médicales s’exercent sont des corps issus de populations pauvres, par définition, et les médecins y opèrent entre eux ou sans témoins – contrairement aux siècles précédents, où les dissections étaient publiques. Les ménagements dus à la pudeur cèdent-ils, dès lors, aux impératifs de la recherche ou de la pédagogie ? De fait, la première impression est brutale. Les obstétriciens, par exemple, incitent, par force exhortations, leurs étudiants à s’exercer au toucher vaginal sur les cadavres20. Ce n’est pas tant la pratique qui surprend, ici, que le récit tranquille qui en est fait, voire la revendication. Mais on se concentrera plutôt sur la pratique des dissections21.
- 22 GODEAU Emmanuelle, L’esprit de corps. Sexe et mort dans la formation des internes en médecine, Pari (...)
31Les dissections, on le sait, font partie de la formation des étudiants avec la réforme des études médicales en France au début du XIXe siècle. La fréquentation de l’amphithéâtre est une étape obligée de leurs cursus, et encore actuellement ; la manipulation et, surtout, l’ouverture du cadavre constituent même, aux yeux de certains anthropologues, une sorte d’épreuve initiatique, un rite de passage qui fait passer l’étudiant de l’autre côté : du côté de ses pairs, des professionnels de la médecine ; principale raison d’être de leur maintien encore aujourd’hui22.
- 23 CAROL Anne, « La nudité au XIXe siècle : quelques pistes pour l’histoire des pratiques et des sensi (...)
32Dans l’amphithéâtre, le médecin est donc confronté au cadavre. Ce cadavre est nu, entièrement nu, pour des raisons pédagogiques évidentes, à une époque où la nudité complète est rare23. Il est en outre confronté, au XIXe siècle, à l’indécence de la putréfaction ; les manuels de dissection du début du XIXe siècle insistent d’ailleurs davantage sur la question du « dégoût » que sur la peur du mort. Il doit enfin procéder sur ce corps à des gestes d’une violence inouïe, puisque la dissection, contrairement à l’autopsie, aboutit in fine à la destruction totale du corps.
- 24 LE BRETON David, La chair à vif. Usages médicaux et mondains du corps humain, Paris, Métailié, 1993
33On peut ici faire l’hypothèse, comme David Le Breton24, que pour pouvoir acquérir la distance nécessaire à la mise en œuvre de ces manipulations transgressives, le dissecteur est dans l’obligation de réifier le corps qu’il a devant lui, et d’en évacuer l’humanité, sous peine d’être troublé par ses émotions. La transgression de l’ouverture s’accompagne ainsi souvent d’une transgression de la décence qui entoure ordinairement le traitement d’un cadavre. De sorte qu’à l’indifférence vis-à-vis du cadavre anonyme mort à l’hôpital, qu’à la distance sociale liée au statut des hospitalisés, qu’à la liberté qu’autorise le fait d’opérer sans témoins sinon ses pairs, s’ajoute non un droit, mais presque une obligation, d’impudeur dans le comportement et dans les gestes.
34De fait, ces comportements indécents sont bien connus chez les internes ; ils font partie du folklore carabin, que racontent avec nostalgie les anciens, mais dont on trouve la trace dans les archives hospitalières : chahuts, chants, blagues, etc. En 1866, un médecin, qui a fait ses études à Brest dans les années 1820, se souvient de l’amphithéâtre :
- 25 PELLERIN C., « Il y a quarante ans. Souvenirs de l’École de médecine navale de Brest. Période de 18 (...)
Il semble qu’on ait instinctivement besoin de chasser l’influence qui pourrait naître du lugubre spectacle qu’on a devant les yeux. Au lieu de prendre le ton des Nuits d’Young, la conversation à l’amphithéâtre […], j’en ai fait plus d’une fois la remarque, tend plutôt à la gaîté, à la facétie, aux anecdotes plaisantes ou graveleuses25.
35De tels comportements sont-ils réprouvés ou tolérés par l’administration, ou même par les maîtres ? Dans le premier cas, il semblerait que lorsque la question de la décence est évoquée, c’est surtout lorsqu’elle a partie liée avec celle de l’ordre, et surtout de la propreté ou plutôt de l’hygiène. L’irrespect de la dépouille mortelle ne doit pas aboutir, par exemple, à disperser par farce des morceaux de cadavres dans la rue, ou à les abandonner pour éviter d’avoir à les inhumer. C’est dangereux en terme de santé publique et, à la fois, cela provoque l’émoi du voisinage et des plaintes. Pour le reste, la tolérance reste grande. Quant aux manuels de dissection, ils ne comportent – sous réserve d’un dépouillement plus poussé – rien de particulier concernant des injonctions de décence et restent à un niveau souvent purement technique. Lors des séances de travaux anatomiques actuels, certains étudiants demandent que le visage et/ou les parties génitales soient voilés : rien ne permet de dire, en l’état actuel des recherches, que ce soit aussi le cas au XIXe siècle.
*
- 26 MENENTEAU Sandra, Dans les coulisses de l’autopsie judiciaire. Cadre, contraintes et conditions de (...)
- 27 BERTHERAT Bruno, La morgue de Paris au XIXe siècle (1804-1907) : les origines de l’institut médico- (...)
- 28 CAROL Anne, Physiologie de la Veuve : une histoire médicale de la guillotine, Seyssel, Champ Vallon (...)
36La question de la pudeur dans les manipulations médicales du cadavre, rendue aiguë par les transformations des sensibilités mortuaires au XIXe siècle, se pose donc différemment selon le moment où ces manipulations interviennent dans les séquences du processus funéraire, leur spécificité technique, le contexte social dans lequel elles s’exercent. Il faudrait compléter ce panorama par d’autres situations : évoquer, par exemple, la question des autopsies, et différencier autopsies privées et hospitalières des autopsies médico-légales26 ; relire les travaux de Bruno Bertherat sur la morgue, où l’exposition publique des cadavres s’accompagne de mises en scène dans lesquelles les impératifs de la décence luttent avec ceux de l’efficacité27 ; s’intéresser au cas particulier du corps des exécutés28 ; ou encore s’interroger sur les changements éventuels liés à l’incinération.
Notes
1 Ce travail a bénéficié d’une aide de l’ANR au titre du programme CoRPS 08-BLANC-0164-1. Pour en savoir plus sur ce programme de recherche consacré à l’histoire du cadavre voir http://necrolog.hypotheses.org/.
2 BERTRAND Régis, Les Provençaux et leurs morts. Recherches sur les pratiques funéraires, les lieux de sépulture et le culte du souvenir des morts dans le Sud-est de la France depuis la fin du XVIIe siècle, thèse d’État de l’Université de Paris I, 1994 ; « La transition funéraire en France, une rapide synthèse », Mort et mémoire. Provence, XVIIIe-XXe siècles, Marseille, La Thune, 2011, p. 21-56.
3 BERTRAND Régis et CAROL Anne (dir.), Aux origines des cimetières contemporains. Antécédents et postérité du décret du 23 Prairial an XII, Aix-en Provence, PUP, à paraître en 2012.
4 CAROL Anne, « La cadavre et la machine au XIXe siècle», dans GUIGNARD Laurence (dir.), Corps et machines à l’âge industriel, Rennes, PUR, 2011, p. 87-98.
5 BERTHERAT Bruno et CHEVANDIER Christian, Paris dernier voyage. Une histoire des pompes funèbres, Paris, La Découverte, 2008.
6 Voir par exemple BOREL Petrus, « Le croquemort », dans CURMER Léon (dir.), Les Français peints par eux-mêmes, Paris, Omnibus, 2003, tome 2, volume 1, p. 713-730 (1ère édition : 1840-1842).
7 BERNARD Julien, Croquemort, Paris, Métailié, 2003.
8 CORBIN Alain, Le miasme et la jonquille. L’odorat et l’imaginaire social, Paris, Aubier, 1982 ; CAMPORESI Piero, Les effluves du temps jadis, Paris, Plon, 1995.
9 HUSSON Armand, « Lettre sur les morts apparentes », Gazette des hôpitaux, 11 avril 1854, p. 180.
10 Lambert D. M. P., La vérité sur la question des embaumements, Lyon, Imp. de La Croix Rousse, 1848, p. 2.
11 Embaumement des corps. Nouveau système Audigier, consacré par des expérimentations publiques et des rapports officiels. Brevets d’invention et de perfectionnement SGDG en France et à l’étranger, s. l. n. d. (années 1860).
12 CAROL Anne, « Faire un beau cadavre. Difficultés techniques et ambiguïtés esthétiques de l’embaumement au XIXe siècle », dans GUY Hervé, JEANJEAN Agnès, RICHIER Annie et SÉNÉPART Ingrid (dir.), Rencontre autour du Cadavre, Groupe d’anthropologie et d’archéologie funéraire, Marseille, à paraître en 2012.
13 CAROL Anne, Les médecins et la mort XIXe-XXe siècles, Paris, Aubier, 2004.
14 CAROL Anne, Le médecin des morts à Paris au XIXe siècle, travail inédit dans le cadre d’une habilitation à diriger les recherches : Normes, représentations et pratiques médicales, France XVIIIe-XXe siècles. Pour une histoire sociale et culturelle de la médecine, Habilitation à diriger des recherches en Histoire, Aix-Marseille I, 2004.
15 Archives de Paris, VI 1 25, « Circulaire contenant les instructions sur la vérification des décès adressée aux maires et portant bilan de l’inspection (25 juillet 1844) », Recueil des actes administratifs de la préfecture du département de la Seine, 1844, n° 14, p. 345-346.
16 Archives de Paris, 1326 W 36, Rapport de l’inspecteur de la 1ère circonscription, 31 mars 1900.
17 Archives de Paris, 1326 W 35, Lettre du maire du VIIe arrondissement au Préfet, 31 août 1877.
18 Archives de Paris, 1326 W 35, Compte rendu d’une réunion du bureau des inhumations, 1896.
19 Archives de Paris, 1326 W 36, Rapport de l’inspecteur Renault, 12 août 1900.
20 CAROL Anne, « L’examen gynécologique en France XVIIIe-XIXe siècles : techniques et usages », dans BOURDELAIS Patrice et FAURE Olivier (dir.), Les nouvelles pratiques de santé XVIIIe-XIXe siècles, Paris, Belin, 2005, p. 51-66.
21 Sur la pratique des dissections en France au XIXe siècle, peu de travaux ; voir RICHARDSON Ruth, Death, Dissection and the Destitute, Chicago-London, Chicago University Press, 2000 ; MACDONALD Helen, Human Remains. Dissection and its Histories, New Haven and London, Yale University Press, 2005.
22 GODEAU Emmanuelle, L’esprit de corps. Sexe et mort dans la formation des internes en médecine, Paris, MSH, 2007.
23 CAROL Anne, « La nudité au XIXe siècle : quelques pistes pour l’histoire des pratiques et des sensibilités », Rives, n° 30, 2008, p. 25-37.
24 LE BRETON David, La chair à vif. Usages médicaux et mondains du corps humain, Paris, Métailié, 1993.
25 PELLERIN C., « Il y a quarante ans. Souvenirs de l’École de médecine navale de Brest. Période de 1823 à 1832 », Gazette médicale de Paris, 1866, p. 514.
26 MENENTEAU Sandra, Dans les coulisses de l’autopsie judiciaire. Cadre, contraintes et conditions de l’expertise cadavérique dans la France du XIXe siècle, thèse de doctorat d’histoire de l’Université de Poitiers, 2009.
27 BERTHERAT Bruno, La morgue de Paris au XIXe siècle (1804-1907) : les origines de l’institut médico-légal ou les métamorphoses de la machine, thèse de doctorat d’histoire de l’Université de Paris I, 2002 ; « La mort en vitrine à la morgue de Paris au XIXe siècle », dans BERTRAND Régis, CAROL Anne et PELEN Jean-Noël (dir.), Les narrations de la mort, Aix-en-Provence, PUP, 2005, p. 181-196.
28 CAROL Anne, Physiologie de la Veuve : une histoire médicale de la guillotine, Seyssel, Champ Vallon, 2012.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Anne Carol, « Pudeurs et manipulations médicales du cadavre (France, XIXe siècle) », Histoire, médecine et santé, 1 | 2012, 63-75.
Référence électronique
Anne Carol, « Pudeurs et manipulations médicales du cadavre (France, XIXe siècle) », Histoire, médecine et santé [En ligne], 1 | printemps 2012, mis en ligne le 01 juillet 2013, consulté le 12 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/203 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/hms.203
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