Face aux cancers féminins : dévoiler et porter le fer (XIXe siècle)
Résumés
Dans un contexte de moralisation de la société, le XIXe siècle érige la pudeur en vertu cardinale pour les femmes. Celles-ci doivent constamment rester maîtresses de leurs poses, de leur toilette, de leur conversation afin de se conformer aux apparences de modestie et de décence que l’on attend d’elles à tout moment. Jusque dans la maladie, confrontées au regard médical, les femmes doivent éviter de trop se dévoiler. Les cancers féminins – tumeurs malignes de la poitrine et de l’appareil génital – réclament pourtant au premier chef un examen attentif, et parfois des interventions susceptibles de blesser la bienséance. Ce travail s’attache à étudier la manière dont médecins et patientes s’accommodent de la pudeur dans leurs efforts pour triompher d’un mal redouté.
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- 1 RATHER Lelland, The genesis of cancer. A study in the history of ideas, Johns Hopkins University Pr (...)
1Les cancers de l’utérus et du sein sont parmi les pathologies cancéreuses les mieux connues de la médecine du début du XIXe siècle. Depuis les premiers apports de l’anatomo-pathologie jusqu’aux progrès décisifs de la révolution pasteurienne dans les années 1880, l’intérêt des thérapeutes pour ces affections ne se dément pas1. Les premiers symptômes des cancers féminins sont néanmoins généralement ignorés par les malades, par dédain de leur corps, ou par crainte de trop bien comprendre la nature du mal qui les touche.
- 2 DUBY Georges et PERROT Michelle (dir.), Histoire des femmes en Occident, Tome 4 : « Le XIXe siècle (...)
- 3 BOLOGNE Jean-Claude, Histoire de la pudeur, Paris, Hachette, 1997 ; VIGARELLO Georges, Le propre et (...)
- 4 PERROT Philippe, Le travail des apparences ou les transformations du corps féminin : XVIIIe-XIXe si (...)
2Dans un siècle marqué par le renouveau religieux, les femmes ont appris que la chair est l’ennemie de l’âme, un obstacle majeur sur la voie du salut. Souvent invalidé par les grossesses, l’accouchement et l’allaitement, le corps féminin incarne avant toute autre chose son aliénation au service de l’espèce2. De là une répugnance à regarder son corps et à en prendre soin. Certes le naturalisme des lumières affirmait déjà que l’hygiène était la vraie morale. Toutefois cette nouvelle morale a bien du mal à s’imposer face à la pudeur triomphante du XIXe siècle : se laver avec trop de complaisance passe pour du libertinage, et en premier lieu la toilette intime3. On cherche à contraindre le corps par un vêtement de plus en plus rigide et complexe. Le corset permet de maîtriser le corps, il permet aux « femmes comme il faut » d’exercer un contrôle de tous les instants sur leurs formes et sur leurs poses ; il sert de tuteur à la dignité, physique et morale. Les médecins ne sont pas étrangers à ce désir accru de dissimuler et de contraindre le corps féminin, en insistant sur sa fragilité et ses insuffisances et en jugeant de ce qui est bon ou non pour la santé des femmes4.
- 5 DALL’AVA-SANTUCCI Josette, Des sorcières aux mandarines : histoire des femmes médecins, Paris, Calm (...)
3Les rapports difficiles qu’entretiennent ces femmes avec leur corps trouvent un acmé dans l’apparition de la maladie. Les cancers féminins apparaissent comme des affections particulièrement terribles car elles touchent à l’identité physique des malades à travers leur poitrine et leur sexe. Bien que les affections féminines fassent l’objet d’un intérêt accru, l’embarras que génèrent les pathologies en lien avec les parties de la génération n’a pas non plus disparu de la sphère médicale. En effet, ces organes restent les derniers bastions d’une féminité terriblement ambivalente. Qu’elle soit avilie ou placée sur un piédestal, au travers de parties jugées tour à tour « honteuses » ou « sacrées », la féminité est toujours regardée comme étrangère ; la science médicale elle-même s’étant employée à la définir comme l’apanage de la nature et de l’instinct. Au risque de s’ériger en profanateurs, certains thérapeutes se refusent ainsi à troubler le sanctuaire féminin. Il faut d’ailleurs rappeler que les professions médicales et chirurgicales restent le monopole des hommes5 – la première femme à obtenir son doctorat de médecine est Madeleine Brès en 1875.
4Le cancer fait peur et celles qui en souffrent se trouvent isolées, en proie à l’inquiétude et à la honte, n’osant pas dévoiler leurs maux. Dans le contexte de sacralisation de la pudeur qui caractérise la première partie du XIXe siècle, on peut se demander quelles attitudes les femmes adoptent lorsqu’elles se voient confrontées à la menace du cancer. Partagés entre la volonté de faire progresser leur discipline dans la connaissance du cancer et la nécessité de ne pas offenser la bienséance, les médecins adoptent, quant à eux, une attitude ambivalente. Au moment de la découverte de la tumeur, au cours de la consultation, puis durant d’éventuels soins chirurgicaux, on étudiera ici la manière dont malades et médecins cherchent tour à tour à se conformer au carcan des convenances du siècle et à leur désir de vaincre la maladie.
- 6 CAROL Anne, « L’examen gynécologique en France (XVIIIe-XIXe siècles) », dans BOURDELAIS Patrick et (...)
- 7 NICOL Elsa, « Ce mal infernal pour notre sexe » : les femmes confrontées aux cancers féminins (1789 (...)
- 8 PORTER Roy, « The patient’s view: doing medical history from below », Theory and society, n° 14, 19 (...)
- 9 PERROT Michelle, Les femmes ou les silences de l’Histoire, Paris, Flammarion, 1998.
5Cette démarche revient à reconsidérer le rôle de la pudeur au sein de la relation thérapeutique, sujet difficile à aborder par la rareté des sources. On sait, grâce aux travaux d’Anne Carol6, que les discours sur la pudeur se multiplient au cours du siècle parmi les médecins, qui tentent de fixer un modèle de comportement exemplaire et se plaignent régulièrement des entraves à leur pratique causées par ce sentiment. Les revues et les traités médicaux du XIXe siècle sur lesquels a été fondée une recherche précédente et qui ont à nouveau été sollicités pour cette étude, vont dans ce sens7. Mais qu’en est-il du discours des souffrantes ? S’il est souvent complexe d’écrire une histoire de la médecine « from below »8, cet exercice l’est d’autant plus quand il est question des femmes9. C’est pourquoi on franchira la Manche puis l’Atlantique pour revenir sur l’expérience de deux femmes célèbres, Abigail Adams et Fanny Burney.
Les réticences à la consultation
- 10 BAYLE Gaspard Laurent, Traité des maladies cancéreuses, 2 vol., Paris, M. Laurent, 1833.
6La découverte de la tumeur cancéreuse se fait généralement de manière progressive. À ce sujet, on ne peut que renvoyer au tableau édifiant dressé par le docteur Gaspard Bayle, un des grands spécialistes français du cancer en ce début de XIXe siècle, dans son Traité des maladies cancéreuses publié en 183310. Il s’agit ici du portrait d’une malade atteinte d’un cancer du sein :
- 11 Ibidem., cité dans DARMON Pierre, Les cellules folles, Paris, Plon, 1993, p. 117.
Une femme, en touchant son sein, y a remarqué une petite dureté qui n’est pas naturelle, mais qui ne lui cause pas la plus légère incommodité ; elle ne saurait indiquer précisément depuis combien de temps cette dureté existe ; elle en ignore la cause […]. Du reste, elle jouit d’une santé parfaite ; il lui semble même que depuis quelque temps, elle a acquis plus d’embonpoint et de fraîcheur qu’elle n’en avait eus jusqu’alors11.
- 12 À titre de comparaison avec la situation actuelle, on pourra consulter les ouvrages suivants : GROS (...)
- 13 NOLTE Karen, « Carcinoma Uteri and “Sexual debauchery”—Morality, cancer and gender in the nineteent (...)
7Les femmes ne semblent pas s’inquiéter tout d’abord de l’apparition d’une petite glande dans leur sein, ou, dans le cas d’un cancer de la matrice, de pertes inhabituelles. Lors, les premiers doutes, puis les premières inquiétudes surviennent. Mais elles sont tout d’abord niées – comportement que l’on peut toujours observer chez les femmes atteintes de cancer de nos jours12 – puis contrebalancées par la pudeur et la honte. Les médecins ont en effet souvent cru devoir rechercher l’origine de l’apparition des cancers féminins dans les mœurs légères des patientes13. De fait, on peut comprendre que celles-ci soient peu désireuses de faire connaître leur état.
8Les nouvelles alarmes que Gaspard Bayle évoque dans la suite de sa description ne suffisent pas à décider la malade, qui persiste à ignorer son état ou à espérer une soudaine rémission. Reconnaître le mal qui la touche équivaut en effet à accepter une issue qu’elle sait très probablement funeste et à consentir à se remettre entre les mains d’une science impudique et inquiétante. Souvent, lorsque les malades se résolvent enfin à consulter, la tumeur a pris un développement important, elle est quelquefois même déjà ulcérée, donnant lieu à de fréquentes hémorragies.
- 14 LOWY Ilana, « “Because of their praiseworthy modesty, they consult too late”: Regime of hope and ca (...)
- 15 Joseph Marie Joachim Vigarous (1759-1829) est professeur à l’école de médecine de Montpellier et mé (...)
9Les médecins sont les premiers à se plaindre de cet état de fait et du danger que représente un trop long retard à la consultation14. Dans un Cours élémentaire des maladies des femmes, rédigé en 1801 à destination de ses élèves de la faculté de médecine de Montpellier, le docteur Joseph Vigarous15 déplore l’attitude de ses patientes, mais reconnaît que celle-ci est le fruit de puissants facteurs culturels :
- 16 VIGAROUS Joseph Marie Joachim, Cours élémentaire de maladies des femmes, vol. 1, Paris, Detterville (...)
L’éducation instituée pour leur bonheur, vient au contraire aggraver leur sort. Obligées de vivre sous l’empire de mille préjugés, auxquels la religion et nos institutions sociales ont donné le jour, à peine laissent-elles soupçonner leurs maux ; et le plus souvent une pudeur mal entendue les leur fait dérober à notre connaissance16.
10Le docteur Vigarous oublie ici facilement que les parutions et les traités médicaux du temps contribuent à maintenir les femmes sous l’empire des préjugés qu’il critique, au sujet de la faiblesse, de la délicatesse, et de l’apparence de modestie que les femmes ne doivent jamais manquer de conserver.
- 17 Ibidem.
11Face à l’irruption du cancer, les praticiens paraissent soudainement déplorer la pudeur féminine vis-à-vis de l’examen médical. Ils savent en effet que plus le mal est traité rapidement et plus les possibilités de guérison sont grandes. Une maladie trop avancée réduit au contraire leur art à l’impuissance et les cantonnent au rang de témoins d’une mort annoncée. Joseph Vigarous reprend ainsi : « Le silence des femmes sur ce point, leur retenue et leur extrême réserve, aggravent toujours [ces maux] et les rendent souvent incurables »17.
- 18 Le docteur Ducasse occupe les postes de directeur de l’École de médecine de Toulouse ainsi que de s (...)
12À Toulouse, en 1837, le docteur Ducasse18 relate un cas – exemplaire à tous égards – de la difficulté que peuvent éprouver les femmes à se présenter devant un médecin :
- 19 DUCASSE fils, « Quelques mots sur le cancer », Journal de médecine et de chirurgie de Toulouse, Tou (...)
Mme P***, alors âgée de seize ans, reçut une contusion assez forte sur le sein droit. Une pudeur mal entendue l’empêcha de parler du mal qu’elle avait éprouvé ; elle en fit même un secret à sa mère. Les premières douleurs s’éteignirent, et la malade se crut guérie. Au bout de quelques mois, elle sentit que le corset la gênait plus que de coutume. […] Sa santé, jusqu’alors inaltérable, l’aveugla encore sur cette circonstance, et ce ne fut qu’après une année de douleurs assez vives, qu’elle avertit ses parents19.
- 20 SMITH Abigail Adams, Journal and correspondence of Miss Adams, daughter of John Adams, second presi (...)
13La récurrence du retard à la consultation se retrouve aussi dans les témoignages laissés par les souffrantes. On trouve ainsi les mêmes réticences dans les lignes tracées par Abigail « Nabby » Adams, fille de John Adams, président des États-Unis d’Amérique de 1797 à 1801. Nabby a laissé un important témoignage sous la forme d’un journal intime et de lettres adressées aux membres de sa parenté20. Mère de famille louée pour son tempérament calme et réservé, elle remarque à l’âge de quarante-deux ans une légère marque sur son sein gauche pouvant aisément être confondue avec un grain de beauté. Elle ne s’en aperçoit guère que lors de la toilette ou du vêtement. Lorsqu’elle commence à ressentir quelques élancements, d’abord peu douloureux, puis de plus en plus intenses à l’endroit de la grosseur, elle choisit de l’ignorer. Pour elle, les travaux de la ferme et l’entretien de la maison se présentent comme autant de manières efficaces d’oublier ce sujet d’inquiétude. Elle s’applique dès lors à conserver sa chemise jusque dans les situations les plus intimes afin que son mari ne puisse rien soupçonner. Mais le cancer possède une manière fort persuasive de se rappeler à la mémoire de son hôtesse et Nabby se voit contrainte de solliciter un avis médical en 1811, quatre ans après avoir remarqué la tumeur pour la première fois.
14La peur de voir leurs craintes se concrétiser et la honte vis-à-vis des proches et du médecin qui pourrait les examiner expliquent, par conséquent, que les femmes retardent l’heure de la consultation. Dans la lutte contre le cancer, les thérapeutes doivent dès lors gagner la confiance de leurs patientes pour leur apporter une aide efficace.
L’œil du médecin
- 21 Les visites au médecin demeurent rares et réservées aux pathologies graves dans les milieux populai (...)
- 22 Le docteur Alexandre Hamilton est professeur à l’université d’Édimbourg et membre de l’académie des (...)
15Lorsque la malade se présente enfin devant un praticien qu’elle rencontre souvent pour la première fois21, comment se déroule la consultation ? La patiente subit d’abord un interrogatoire sur son état de santé général et ses habitudes de vie. Dans les « Règles pour ceux qui consultent un médecin par lettres », écrites par le docteur Alexandre Hamilton22 en appendice de son Traité des maladies des femmes et des enfans (1798), un aperçu intéressant de ce en quoi peuvent consister ces questions est donné :
- 23 HAMILTON Alexandre, Traité des maladies des femmes et des enfans, Paris, Batilliot frères, an VI (1 (...)
On doit d’abord faire connaître l’âge, la consultation, la manière de vivre, et les habitudes ordinaires de la malade. On doit, si elle n’est pas mariée, décrire l’état de sa santé utérine ; si elle l’est, on doit faire mention du nombre des enfants, des avortements, et de la période qui s’est écoulée entre chacun ; on doit dire aussi combien elle a nourri d’enfants. […] On y ajoutera le sentiment de la malade sur les causes probables de la maladie. On s’enquerra de l’état de l’appétit, des excrétions, de la langue et du pouls et l’on ne manquera pas de demander si quelques remèdes ont déjà été pris23.
16Ce bref entretien comporte de nombreuses questions qui peuvent faire naître un sentiment de gêne chez la patiente. Néanmoins, Alexandre Hamilton recommande d’adopter un ton ferme, assuré et bienveillant, afin d’éviter des silences ou des non-dits, aussi peu désirables pour la patiente que pour le praticien.
- 24 Au sujet de l’histoire de la gynécologie, on lira avec profit MOSCUCCI Ornella, The Science of Woma (...)
- 25 MESNARD Jacques, Le Guide des accoucheurs, Paris, De Bure l’aîné/Le Breton/Durand, 1753, p. 174.
- 26 Sur la pratique du toucher vaginal, de ses opposants et de sa progressive acceptation, on consulter (...)
17Le médecin s’emploie ensuite à examiner la tumeur. Concernant le cancer du sein, le praticien procède en premier lieu à un palper de la région affectée, pour identifier la tumeur et le stade de son évolution. Pour ce dernier examen, le thérapeute se borne à dénuder le sein et l’épaule correspondante. Il en va autrement lorsqu’il s’agit d’une tumeur de la matrice24. « Après l’avoir interrogée sur ce qu’elle ressent, il lui demandera civilement la permission d’introduire le doigt dans son vagin25 », préconise Jacques Mesnard, l’auteur d’un Guide des accoucheurs (1753), dans le cas d’un examen utérin. Si elle apparaît relativement banale aux yeux de patientes du XXIe siècle, la pratique du toucher vaginal demeure sujette à débat à l’époque qui nous intéresse. Premièrement pratiqué par les accoucheurs pour s’assurer d’une grossesse, le toucher est décrié depuis le XVIIIe siècle pour son indécence et l’effet corrupteur qu’il peut avoir sur les sens de femmes susceptibles de prendre goût à l’examen26. Pourtant, ces critiques ne peuvent avoir raison de la pratique du toucher. Dans les cas de cancers utérins au premier chef, il s’agit d’un instrument précieux de diagnostic, seul susceptible de permettre une identification correcte de la pathologie.
- 27 CAROL Anne, « L’examen gynécologique en France…, op. cit.
18Mais qu’en disent les patientes ? À ce sujet, si les témoignages directs nous font défaut, les thérapeutes ne manquent pas de souligner les réticences de ces femmes à se soumettre au toucher et les dangers que cette répugnance entraîne. Il convient alors de rasséréner la timidité naturelle des femmes en conservant toutes les apparences de la décence. Durant l’examen, la patiente demeure entièrement habillée : le bas-ventre est dissimulé sous les jupons, voire, s’il s’agit d’une visite à domicile, sous le linge de lit. La main du praticien peut être recouverte d’un mouchoir pour ne pas blesser les regards. L’examinateur prend garde à ne jamais redoubler la gêne de la patiente en évitant soigneusement de la regarder dans les yeux. En outre, la malade se soumet parfois à l’examen en présence d’une tierce personne – mari, mère, sœur… – destinée à contrôler la bonne moralité du médecin et à assister la malade. Certaines femmes préfèrent cependant se dispenser de ce surcroît de public, désireuses de taire, souvent même à leur propre famille, l’état où elles se trouvent. Au cours du XIXe siècle, le toucher acquiert toutefois une réputation d’outil efficace de diagnostic ce qui le rend plus acceptable aux yeux des patientes et des éventuels observateurs27.
- 28 Le docteur Benito Dias est un médecin madrilène en activité dans la deuxième moitié du XIXe siècle (...)
- 29 DIAS Benito, « Tumeur équivoque du sein », Siglo Medico, traduit et publiée dans GARNIER M. P. et W (...)
- 30 NAUDIN Jules, « Rapport sur le concours du grand prix pour l’année 1873 », Compte-rendu des travaux (...)
- 31 Ibidem, p. 89.
19À un premier examen « simple », pratiqué sans instruments, peuvent se joindre différentes techniques d’exploration du corps. Ainsi, en 1864, dans le cas d’une « tumeur équivoque du sein », le docteur Dias28 cherche à écarter l’hypothèse d’une affection cancéreuse en introduisant un trocart de Récamier dans le sein de sa patiente29. De même pour le cancer de la matrice, le spéculum peut être utilisé en complément du toucher vaginal. Malgré son utilité, reconnue par les grands noms de la médecine du début du XIXe siècle comme Récamier, Lisfranc ou Dupuytren, cet instrument ne manque pas d’être taxé d’immoralité au sein même des rangs médicaux. On pourrait croire que l’interposition d’un instrument entre le corps féminin et celui du praticien aurait paru plus convenable. Or, il n’en est rien. Alors qu’on touchait jusqu’alors à l’aveuglette, le spéculum donne à voir l’intérieur du corps féminin dans ses aspects les plus intimes, dévoilant ce que la vertu s’était employée à tenir caché. La Société de médecine, chirurgie et pharmacie de Toulouse reprend ainsi, en s’en félicitant, la conclusion d’un des mémoires envoyés au concours qu’elle a organisé en 1873 : « La nouvelle génération des médecins doit s’habituer à être davantage sobre d’examen et de visites au spéculum chez les femmes qui se présentent aux consultations »30. Elle surenchérit même en saluant cette initiative destinée à « faire cesser l’abus de certaines spécialités, qui sont un outrage à la moralité et à la décence, et concourent à l’abaissement de la profession médicale »31. Toutefois, dans la plupart des rapports relatant une consultation pour cancer de la matrice, et à mesure que le siècle avance, le praticien n’hésite plus à employer le spéculum pour s’assurer de la nature de la maladie et rencontre de moins en moins d’opposition.
- 32 DACHEZ Roger, Histoire de la médecine : de l’antiquité au XXe siècle, Paris, Tallandier, 2004 ; LOW (...)
20Enfin, une méthode d’analyse complémentaire est introduite au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, alors que la cytologie prend son essor ; il s’agit de prélever un échantillon de la matière composant la tumeur pour le soumettre à l’épreuve du microscope32. Si la pudeur ne semble guère ici offusquée, il s’agit d’un nouveau coup porté à la sacralisation des parties de la génération féminines, puisque le thérapeute va jusqu’à s’enhardir à observer les mécanismes microscopiques qui les régentent.
- 33 Le docteur Jules-Emile Péan (1830-1898) est chirurgien à l’hôpital Saint-Antoine de Paris. Il est l (...)
- 34 PÉAN Dr, « Hypertrophie considérable de l’utérus compliquée de kyste multiloculaire du ligament gau (...)
21Une description très complète de l’examen utérin d’une patiente est fournie par le docteur Péan33 dans la Gazette médico-chirurgicale de Toulouse en date du 20 décembre 186934. Le principal intérêt de cet article réside dans la mention des différents moyens dont bénéficie le médecin de cette seconde partie du siècle pour diagnostiquer les pathologies de l’appareil génital féminin. Aux touchers vaginaux et rectaux viennent s’ajouter la percussion, l’hystéromètre et le cathéter. Pour le praticien, la pudeur semble revêtir une place moindre au profit d’une efficacité diagnostique et thérapeutique renforcée. Il en va cependant autrement du point de vue des malades. L’impression d’être davantage considérée comme des sujets d’étude que comme des êtres en souffrance ne peut qu’accentuer la gêne et les réticences qu’éprouvent les patientes, confrontées aux regards d’hommes dont elles doivent attendre un verdict de vie ou de mort. Il ne s’agit plus alors de la crainte d’être perçues comme des objets sexuels, mais comme des objets médicaux inanimés, livrés aux yeux et aux scalpels des praticiens consultés. Ce sentiment se retrouve avec un surcroît d’intensité dans les récits d’opérations auxquelles les malades choisissent quelquefois de se résoudre.
Une chirurgie indécente ?
- 35 Ici sont uniquement étudiés les cancers du sein, pour les opérations relatives au cancer de la matr (...)
22Le désir de maintenir des apparences de décence demeure présent au cours d’une des épreuves les plus difficiles que peuvent avoir à traverser les malades : l’opération35. Celle-ci atteint l’être au plus profond de ses chairs. Et c’est en l’occurrence au cœur des chairs féminines, savamment dissimulées et corsetées, qu’il faut porter le fer. Le cancer est toutefois suffisamment redouté pour autoriser une telle transgression, d’autant que si la chirurgie n’est pas le seul remède mis au point pour lutter contre les affections cancéreuses féminines, elle se présente comme l’unique recours thérapeutique qui ait pu démontrer une efficacité réelle. En lien avec les progrès de l’anatomo-pathologie, le remède chirurgical connaît ainsi un remarquable essor au XIXe siècle. Mais si les médecins sont nombreux à tenter d’extirper les cancers féminins, ils n’en continuent pas moins à ménager, avec plus ou moins de succès, la pudeur des patientes.
- 36 On trouvera une description plus complète de l’opération dans l’ouvrage de James S. Olson précédemm (...)
23Abigail « Nabby » Adams se résout à subir une mastectomie le 8 octobre 1811, à l’âge de quarante-six ans36. L’intervention se déroule dans une chambre à l’étage de la maison familiale de Quincy, dans le Massachusetts. John Warren, un chirurgien réputé de Boston, est assisté de son fils Joseph, et de deux autres confrères. Nabby entre dans la pièce vêtue de ses habits du dimanche, désireuse d’apparaître comme une femme digne et forte. Sa mère, son mari et sa fille entrent à sa suite pour l’assister durant l’opération. Nabby ne découvre que son sein gauche, malade, ainsi que l’épaule correspondante. Elle conserve sa robe ainsi que sa coiffure. Le docteur Warren installe sa patiente sur une chaise inclinable. Pendant qu’un des chirurgiens attache par précaution son buste et ses membres à la chaise, un second lui maintient le bras gauche au-dessus de la tête afin de faire saillir le muscle pectoral. L’opération dure vingt-cinq minutes, durant lesquelles les opérateurs ne croisent jamais le regard de la malade, qui gémit et remue sous l’effet de la douleur. Regarder l’opérée dans les yeux semble devoir ramener les opérateurs à l’idée qu’ils sont en train de porter le fer dans le corps féminin, à la poitrine qui plus est, symbole d’une maternité placée sur un piédestal au XIXe siècle. Les proches de la malade détournent aussi le regard de ce spectacle difficile à supporter. Une fois la plaie cautérisée et pansée, la mère et la fille d’Abigail l’aident à remettre immédiatement le haut de sa robe, en dépit de la sueur et du sang qui la maculent désormais, l’urgence semblant d’abord de dissimuler le corps de la patiente aux regards, après cette intervention délicate mais nécessaire.
- 37 BURNEY Fanny, Diary and Letters of Madame d’Arblay, London, H. Colburn, 1854, vol. 6, p. 319-327 ; (...)
- 38 Antoine Dubois est chirurgien des armées de Napoléon. Il est nommé baron d’Empire après avoir accou (...)
- 39 BURNEY Fanny, Diary and Letters…, op. cit., p. 323.
- 40 Ibidem, p. 324.
- 41 Ilana Lowy rappelle que la survie de Fanny Burney a été expliquée plus tard par le fait qu’elle ne (...)
24On peut aussi exposer l’opération du sein de Fanny Burney, femme de lettres anglaise et épouse du général napoléonien Alexandre d’Arblay. Dans sa correspondance familiale, elle mentionne son mal à plusieurs reprises et détaille l’opération dans une longue lettre adressée à sa sœur Esther le 22 mars 181237. L’intervention se déroule le 30 septembre 1811, soit une semaine avant celle d’Abigail Adams, mais à Paris cette fois. La malade est âgée de cinquante-neuf ans. Elle a choisi de taire son mal et de ne prévenir aucun de ses proches. Le docteur Antoine Dubois38 entre le premier dans la pièce et tente de ménager sa patiente en lui administrant un cordial tandis que six autres « hommes en noir » pénètrent dans le salon : les docteurs Larrey, Moreau, Aumont, Ribes, ainsi que deux de leurs élèves. Antoine Dubois demande l’installation d’un vieux lit dans la pièce et commande aux domestiques et aux infirmières d’en sortir. Face au ton directif de Dubois, l’effroi et l’indignation se mêlent dans l’esprit de Fanny Burney, qui pensait que l’opération pouvait se dérouler de manière plus anodine, dans un fauteuil et en présence d’un seul chirurgien : « Stupéfiée, je me tournai vers le Dr Larrey qui avait promis qu’un simple fauteuil suffirait ; mais il détourna la tête et évita mon regard »39. La patiente n’est guère à son aise au milieu de ce groupe d’hommes, inconnus pour la plupart : « Je fus contrainte de retirer ma longue robe de chambre, que j’avais eu l’intention de garder. Ah, comme je pensais alors à mes sœurs ! Pas une d’elles à un moment si terrible, près de moi pour me protéger, m’assister, me garder »40. Les praticiens eux-mêmes paraissent nerveux et le désarroi de la malade les plonge dans un état visible d’agitation. L’une des seules initiatives destinées à épargner la sensibilité de la malade consiste, une fois installée pour l’intervention, à masquer son visage avec un mouchoir de baptiste. Le regard apparaît une nouvelle fois comme l’écueil principal que les opérateurs doivent contourner. Ce regard apeuré, contraint, assimile leur geste à un outrage, à une profanation du corps féminin. Le tissu posé sur le visage de Fanny Burney laisse cependant deviner les corps et les actions. Elle peut voir le docteur Dubois décrire un cercle avec son doigt, indiquant à ses collègues que l’intégralité du sein doit être retranchée. Elle se dresse alors sur le lit, arrache son voile et proteste, se récriant contre l’ablation complète du sein puisque ses symptômes semblent circonscrits à une simple portion de celui-ci. Les médecins l’écoutent en silence puis la recouchent et cachent à nouveau son visage sous le mouchoir pour lui signifier qu’elle n’a pas voix au chapitre et que son corps n’appartient pour l’heure qu’à la médecine. Fanny Burney supporte avec courage les vingt minutes que dure l’opération ; ce qui lui doit, en définitive, de pouvoir vivre jusqu’à l’âge de quatre-vingt-huit ans41. La chirurgie, aussi douloureuse et impudique soit elle, a ici permis à la patiente de triompher de la maladie.
*
25Que retenir de ces quelques témoignages de patientes et de praticiens ? Malades et médecins sont confrontés à la grande place accordée à la pudeur féminine au XIXe siècle. Les cancers féminins sont néanmoins des pathologies déjà très connues et chacun sait qu’il s’agit de maladies à l’issue ordinairement funeste si rien n’est tenté pour y remédier. Une telle perspective pousse donc les deux parties à former une alliance et à passer outre les barrières de la pudeur pour identifier et combattre la maladie.
26Les médecins développent deux stratégies différentes pour contourner l’obstacle : d’abord conserver toutes les apparences de la décence, par la dissimulation du corps féminin par exemple ou par la présence de tierces personnes, garantes de la moralité du praticien. En cela, les femmes les suivent et s’emploient à ne dévoiler que les parcelles de leur corps atteintes par la maladie. On peut également déceler l’apparition d’une deuxième stratégie qui consiste à se détacher de la féminité, voire de l’humanité du sujet examiné ou opéré. En refusant de croiser le regard des malades et de leur parler, les médecins tentent d’oublier la portée extrêmement choquante de leurs actions au regard des mentalités de l’époque qui sacralisent la pudeur et rendent la féminité intouchable. Ce comportement permet certes aux thérapeutes de faire progresser les connaissances de leur discipline en matière de cancers féminins, mais il contribue aussi à entretenir un véritable malaise chez les patientes. Celles-ci paraissent chercher à se définir comme des femmes respectables et dignes, frappées injustement par la maladie, en témoignent leur vêtement et leur coiffure particulièrement étudiés au jour de l’opération.
- 42 WILDE Sally et HIRST Geoffrey, « Learning from Mistakes: Early Twentieth-Century Surgical Practice (...)
27De fait, l’évolution des techniques au cours du siècle confirme les médecins dans leur rôle d’alliés précieux des femmes qui ont à lutter contre le cancer ; la consultation se banalise à mesure que les mentalités évoluent. L’anesthésie et l’asepsie constituent un tournant dans la pratique chirurgicale, elles viennent conforter les malades dans l’idée que la chirurgie peut soigner les maux internes42. Dans le dernier tiers du XIXe siècle, le sentiment de pudeur exacerbé cède progressivement la place à une confiance plus ou moins prononcée envers le thérapeute. Les médecins tiennent désormais les corps souffrants, asexués et déshumanisés, à distance. Cette réification, quoique pouvant déranger les malades, semble paradoxalement leur permettre de mieux accepter le regard et l’intervention thérapeutique comme les moyens de soulager leurs maux et, peut-être, d’obtenir un espoir de guérison. Ainsi, la lutte contre le cancer se laisse moins retarder par de vaines considérations morales qui n’ont plus lieu d’être dans un contexte médical désormais mieux reconnu et considéré, et que les apports de la révolution pasteurienne viennent encore conforter au cours des deux dernières décennies du siècle.
Notes
1 RATHER Lelland, The genesis of cancer. A study in the history of ideas, Johns Hopkins University Press, 1978 ; MOSCUCCI Ornella, « Gender and cancer in Britain, 1860-1910: the emergence of cancer as a public health concern », American Journal of Public Health, 95(8), 2005, p. 1312-1321 ; DARMON Pierre, Les cellules folles : l’homme face au cancer de l’antiquité à nos jours, Paris, Plon, 1993 ; HOERNI Bernard, Dictionnaire des cancers, Paris, Frison-Roche, 2006 ; UXOL Catherine, Histoire du cancer du sein au travers des siècles, Thèse de médecine, Faculté de médecine de Dijon, 1986.
2 DUBY Georges et PERROT Michelle (dir.), Histoire des femmes en Occident, Tome 4 : « Le XIXe siècle », Paris, Plon, 1991 ; COVA Anne, Au service de l’Église, de la patrie et de la famille : femmes catholiques et maternité sous la IIIe République, Paris, L’Harmattan, 2000.
3 BOLOGNE Jean-Claude, Histoire de la pudeur, Paris, Hachette, 1997 ; VIGARELLO Georges, Le propre et le sale, l’hygiène du corps depuis le Moyen Âge, Paris, Seuil, 1987.
4 PERROT Philippe, Le travail des apparences ou les transformations du corps féminin : XVIIIe-XIXe siècle, Paris, Seuil, 1984.
5 DALL’AVA-SANTUCCI Josette, Des sorcières aux mandarines : histoire des femmes médecins, Paris, Calmann-Lévy, 1989.
6 CAROL Anne, « L’examen gynécologique en France (XVIIIe-XIXe siècles) », dans BOURDELAIS Patrick et FAURE Olivier, Les Nouvelles pratiques de santé, Paris, Belin, 2004, p. 51-66.
7 NICOL Elsa, « Ce mal infernal pour notre sexe » : les femmes confrontées aux cancers féminins (1789-1880), Mémoire de Master 2 d’histoire contemporaine sous la direction de Didier Foucault et Jean-Marc Olivier, Université Toulouse II-Le Mirail, 2010.
8 PORTER Roy, « The patient’s view: doing medical history from below », Theory and society, n° 14, 1985, p. 175-198.
9 PERROT Michelle, Les femmes ou les silences de l’Histoire, Paris, Flammarion, 1998.
10 BAYLE Gaspard Laurent, Traité des maladies cancéreuses, 2 vol., Paris, M. Laurent, 1833.
11 Ibidem., cité dans DARMON Pierre, Les cellules folles, Paris, Plon, 1993, p. 117.
12 À titre de comparaison avec la situation actuelle, on pourra consulter les ouvrages suivants : GROS Dominique, Les seins aux fleurs rouges, Paris, Stock, 1994 ; HANIA Betty, Ces femmes au sein blessé : la petite boule maligne ancrée dans le sein, Paris, Éditions du Félin, 1992.
13 NOLTE Karen, « Carcinoma Uteri and “Sexual debauchery”—Morality, cancer and gender in the nineteenth century », Social history of medicine, 21, n° 1, 2008, p. 31-46.
14 LOWY Ilana, « “Because of their praiseworthy modesty, they consult too late”: Regime of hope and cancer of the womb, 1800-1910 », Bulletin of the History of Medicine, vol. 85, n° 3, 2011, p. 356-383. Ilana Lowy reprend d’ailleurs dans le titre de son article un passage de l’essai du docteur Berte ; BERTE Julien, Essai sur le cancer de l’utérus, Paris, Imprimerie Didot le Jeune, 1824, p. 29 : « Souvent, par un principe louable de pudeur, elles ne consultent que trop tard ».
15 Joseph Marie Joachim Vigarous (1759-1829) est professeur à l’école de médecine de Montpellier et médecin en chef de l’hospice de la ville. Il préside également la société médicale d’émulation montpelliéraine et se montre très impliqué dans les débats scientifiques de son époque.
16 VIGAROUS Joseph Marie Joachim, Cours élémentaire de maladies des femmes, vol. 1, Paris, Detterville, an X (1801), p. 3.
17 Ibidem.
18 Le docteur Ducasse occupe les postes de directeur de l’École de médecine de Toulouse ainsi que de secrétaire de la Société royale de médecine, chirurgie et pharmacie de la même ville.
19 DUCASSE fils, « Quelques mots sur le cancer », Journal de médecine et de chirurgie de Toulouse, Toulouse, Augustin Manavit, 1837-1838, p. 84.
20 SMITH Abigail Adams, Journal and correspondence of Miss Adams, daughter of John Adams, second president of the United States, written in France and England, in 1785, New York, Wiley and Putnam, 1841. On pourra également se reporter aux analyses de l’historien américain James S. Olson, qui a livré une étude novatrice sur la maladie d’Abigail Adams dans son ouvrage Batsheba’s breast. Women, cancer and history, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2002.
21 Les visites au médecin demeurent rares et réservées aux pathologies graves dans les milieux populaires et de la petite bourgeoisie, la médicalisation se renforce néanmoins tout au long du XIXe siècle. Sur ce sujet on peut consulter l’ouvrage suivant : FAURE Olivier, Les français et leur médecine au XIXe siècle, Paris, Belin, 1993.
22 Le docteur Alexandre Hamilton est professeur à l’université d’Édimbourg et membre de l’académie des sciences de la même ville ; son œuvre est éditée en anglais et en français.
23 HAMILTON Alexandre, Traité des maladies des femmes et des enfans, Paris, Batilliot frères, an VI (1798), p. 364-365.
24 Au sujet de l’histoire de la gynécologie, on lira avec profit MOSCUCCI Ornella, The Science of Woman: Gynaecology and Gender in England, 1800-1929, Cambridge, Cambridge University Press, 1990.
25 MESNARD Jacques, Le Guide des accoucheurs, Paris, De Bure l’aîné/Le Breton/Durand, 1753, p. 174.
26 Sur la pratique du toucher vaginal, de ses opposants et de sa progressive acceptation, on consultera l’article d’Anne Carol précédemment cité.
27 CAROL Anne, « L’examen gynécologique en France…, op. cit.
28 Le docteur Benito Dias est un médecin madrilène en activité dans la deuxième moitié du XIXe siècle ; il s’intéresse particulièrement à la thérapie cancéreuse par les bains de vapeur.
29 DIAS Benito, « Tumeur équivoque du sein », Siglo Medico, traduit et publiée dans GARNIER M. P. et WAHU M. A., Annuaire de médecine et de chirurgie pratique pour 1864, Paris, Germer Baillière, 1864, p. 191-193.
30 NAUDIN Jules, « Rapport sur le concours du grand prix pour l’année 1873 », Compte-rendu des travaux de la Société de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse, depuis le 12 mai 1872 jusqu’au 11 mai 1873, Toulouse, Douladoure, 1873, p. 87.
31 Ibidem, p. 89.
32 DACHEZ Roger, Histoire de la médecine : de l’antiquité au XXe siècle, Paris, Tallandier, 2004 ; LOWY Ilana, Preventive Strikes: Women, Precancer and prophylactic Surgery, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2010.
33 Le docteur Jules-Emile Péan (1830-1898) est chirurgien à l’hôpital Saint-Antoine de Paris. Il est le premier à réussir l’ablation du kyste de l’ovaire en 1864. Il correspond avec la Société de médecine, chirurgie et pharmacie de Toulouse et entre à l’Académie de médecine de la capitale en 1887.
34 PÉAN Dr, « Hypertrophie considérable de l’utérus compliquée de kyste multiloculaire du ligament gauche, de fibrome de l’ovaire du côté opposé et de kyste de la trompe droite. Ablation complète de l’utérus et de ses annexes », Gazette médico-chirurgicale de Toulouse, n° 35, 20 décembre 1869, p. 4-6.
35 Ici sont uniquement étudiés les cancers du sein, pour les opérations relatives au cancer de la matrice, cf. CAROL Anne, « Une sanglante audace : les amputations du col de l’utérus au début du XIXe siècle en France », Gesnerus, n° 65, 2008, p. 176-195.
36 On trouvera une description plus complète de l’opération dans l’ouvrage de James S. Olson précédemment cité.
37 BURNEY Fanny, Diary and Letters of Madame d’Arblay, London, H. Colburn, 1854, vol. 6, p. 319-327 ; traduction de l’auteure. Sur la vie et la carrière littéraire de Fanny Burney on pourra consulter l’ouvrage suivant : CHISHOLM Kate, Fanny Burney: her Life, 1752-1840, London, Vintage, 1998.
38 Antoine Dubois est chirurgien des armées de Napoléon. Il est nommé baron d’Empire après avoir accouché l’impératrice Marie-Louise.
39 BURNEY Fanny, Diary and Letters…, op. cit., p. 323.
40 Ibidem, p. 324.
41 Ilana Lowy rappelle que la survie de Fanny Burney a été expliquée plus tard par le fait qu’elle ne souffrait pas d’un cancer ; LOWY Ilana, « “Because of their praiseworthy Modesty…” », op. cit., p. 381.
42 WILDE Sally et HIRST Geoffrey, « Learning from Mistakes: Early Twentieth-Century Surgical Practice », Journal of the History of Medicine and the Allied Sciences, 64(1), 2009, p. 38-77 ; LAWRENCE Christopher (dir.), Medical Theory, Surgical Practice: Studies in the History of Surgery, Londres, Routledge, 1992.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Elsa Nicol, « Face aux cancers féminins : dévoiler et porter le fer (XIXe siècle) », Histoire, médecine et santé, 1 | 2012, 35-46.
Référence électronique
Elsa Nicol, « Face aux cancers féminins : dévoiler et porter le fer (XIXe siècle) », Histoire, médecine et santé [En ligne], 1 | printemps 2012, mis en ligne le 01 juillet 2013, consulté le 18 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/hms/142 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/hms.142
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