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Varia

Comment l’appareil soufre-fumée a contribué à un tournant dans l’histoire de la métrologie de la pollution de l’air en France (1957-1965)

How the Sulphur-Smoke Detector Marked a Turning Point in the History of French Air Pollution Measurement (1957-1965)
Florian Charvolin
p. 149-170

Résumés

Depuis trente ans, il est devenu ordinaire d’avoir à disposition l’état de la pollution de l’air partout en France grâce à des infrastructures techniques distribuées sur tout le territoire, et une politique publique d’installation de ces matériels. L’appareil soufre-fumée, apparu en France au tournant des années 1960, est exemplaire du moment de démarrage de cette infrastructure. Il porte sur deux caractéristiques sensorielles de la pollution de l’air : l’odeur et la fumée. En objectivant la mesure de ces deux composantes en SO2 et degré de noirceur, il contribue à un moment marquant dans la technicisation de l’évaluation de l’air et conduit à l’autonomisation d’un réseau d’expertise française à l’interface entre population, laboratoires, et réglementation.

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Texte intégral

  • 1 R. Hourcade, 2023.
  • 2 R. Hourcade, 2023.
  • 3 F. Charvolin et al., 2015.
  • 4 D. J. Hess, 2016.

1Le chapitre de Renaud Hourcade, dans le livre dirigé par Renaud Bécot et Gwenola Le Naour, « Vivre et lutter dans un monde toxique1 », note la façon dont la Société nationale des pétroles d’Aquitaine, à la fin des années 1950, a créé un laboratoire de recherche sur les pollutions de l’air à Lagor près du complexe gazier de Lacq, dans les Pyrénées. Les savoirs produits étaient alors associés aux diagnostics émis par l’industriel dans l’octroi des aides aux agriculteurs se plaignant d’atteinte à leurs récoltes2. Cette manière de produire une connaissance ciblée, avec les moyens de la chimie de l’atmosphère et la toxicologie de l’époque, a marqué la recherche sur la pollution de l’air, et anticipé l’ouverture de l’Unité 57 de l’Inserm en 1964, premier laboratoire consacré uniquement à la pollution de l’air dirigé par un transfuge de Lagor3. Ce tournant produit aussi de la science non faite, sertie d’angles morts4.

  • 5 J.-B. Fressoz, 2013.
  • 6 Cet article représente un des volets de la recherche réalisée dans le cadre du contrat « Prises, in (...)
  • 7 P. Lascoumes & P. Le Galès, 2005.
  • 8 F. Jarrige & T. Le Roux, 2017.
  • 9 T. P. Hughes, 1983 ; W. E. Bijker & J. Law, 1992.

2Cet épisode n’est pas isolé et donne un tour inaugural à plusieurs moments clés de l’histoire française de la métrologie de la pollution de l’air. La régulation des troubles de voisinage par l’appel à des techniques de mesure ne date pas d’hier et Jean-Baptiste Fressoz la montre à l’œuvre dès le xixe siècle pour des fabriques, dont notamment les soudières5. Le calcul « pollueur/payeur » a une riche histoire avant sa formulation par les experts de l’OCDE dans les années 1970. Il est intéressant de s’interroger sur les métriques sur lesquelles se base ce genre de régulation6, et qui ouvrent le champ de l’histoire aux terrains couverts par la notion d’instrument d’action publique développée par les sciences politiques7. Ce type d’instruments, saisis comme articulation d’une technicité matérielle et d’une visée régulatoire des affaires publiques et privées, gagne à être pris comme objet d’étude à part entière, aussi bien dans le domaine de l’histoire environnementale8 que dans la socio-histoire des techniques9.

  • 10 S. Schaffer, 1990.
  • 11 S. Frioux, 2023.
  • 12 S. Frioux, 2021.

3La connexion entre qualification de l’air, santé et action publique, réalisée par de tels instruments de mesure, ne date pas d’hier. Déjà Priestley, au xviiie siècle, inventait des tests d’air, pour mesurer les atmosphères dans le laboratoire et en dehors10. L’instrument est d’autant plus important que l’air peut être objet d’une pollution invisible et inodore, comme le monoxyde de carbone qui est testé depuis la fin du xixe siècle en France11. Cet article porte sur le début de la mise en place de dispositifs métrologiques dont la couverture est territoriale, distincte de l’activité des laboratoires scientifiques préoccupés souvent par la seule chimie de l’atmosphère ou la toxicologie, et dont la fourniture de mesures en continu est partiellement indépendante des hauts et des bas de l’actualité médiatique ou des dépôts de plainte des habitants. À cheval sur les progrès des laboratoires confinés et la préoccupation sociale pour un sujet qui va toucher les sphères de l’État avec les préparatifs de la loi sur l’air de 196112, la mise au point d’appareils de mesures physico-chimiques et implantables localement sans trop de coût, signe le début de la mise en réseau des futures organisations officielles de mesure de la qualité de l’air. Depuis la Loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (Laure) de 1996, on les nomme les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa). On propose dans les pages suivantes leur archéologie.

  • 13 R. Bécot & G. Le Naour, 2023 ; C. Gramaglia, 2023.

4La période qui s’ouvre durant les années 1950 en France est celle d’une réorganisation de la caractérisation de la pollution de l’air par le recours, de plus en plus commun, à des outils techniques réclamant une interprétation de spécialiste et l’amorce de l’installation d’une infrastructure de mesure de la pollution de l’air partout dans l’Hexagone. L’air, qui dans la loi Morizet de 1932 était conçu essentiellement comme fumée, odeurs et poussières, est considéré désormais pour ses concentrations en polluants, c’est-à-dire selon une mesure quantitative. L’appareil soufre-fumée, dont il va être question ici, est un agent important de cette quantification. Il reprend, à la population, le leitmotiv des effluves qui sentent et des fumées qui se voient, en établissant une quantification d’une part de la noirceur des fumées, signe de la suie qui se dépose sur les draps qui sèchent dehors, ou qui provoque des toux, et d’autre part des odeurs – l’anhydride sulfureux se caractérisant par sa puanteur. Ces deux caractéristiques, propres à certains effluents aériens, ancrent la mesure de l’appareil soufre-fumée dans le ressenti des habitants, et son appui sur les sens visuels et olfactifs pour saisir l’air qui les entoure. Les sociologues contemporains ont pu étudier comment les riverains d’usines associaient et associent encore cette perception de l’air avec des stratégies de composition avec la pollution13 ; certains relevant le goût des aliments, d’autres évaluant les panaches de fumées ou les odeurs pour savoir où se déplacer, voire où choisir son logement.

  • 14 La différence entre espace de calcul par recoupement et par rapprochement a été analysée dans C. Be (...)
  • 15 P. Thorsheim, 2006.
  • 16 P. Thorsheim, 2006.
  • 17 G. C. Bowker et al., 2010 ; H. Karasti et al., 2016.

5La technicisation de la mesure, dont l’appareil soufre-fumée est un agent puissant, se développe grâce à la mise en place, à partir de lui, d’une infrastructure étendue pour des raisons aussi bien politiques, techniques qu’économiques ; elle fabrique progressivement un espace de calcul par la quantification, prolégomène à la centralisation des données au niveau national à la fin des années 1980 et au développement de la modélisation dans les années 1990. Elle se distingue alors de plus en plus de la perception habitante de la pollution de l’air, qui s’opérait par les sens et les rapprochements qu’ils permettent entre phénomènes variés, une étiologie populaire entre des sources plus ou moins sensibles et des effets plus ou moins subjectifs. En cela l’appareil soufre-fumée installe un nouvel échelon à la connaissance de l’étendue des pollutions sur le territoire national14. Mesurant le soufre et la fumée, deux pollutions issues essentiellement de la combustion du charbon, il s’inscrit dans une évolution de la qualité de l’air en France et plus généralement en Europe et aux USA, qui était depuis le xixe siècle très liée à cette énergie fossile15. Il est devenu commun depuis les années 2000 de noter que cette pollution issue du charbon est en net recul, notamment par la substitution du gaz et du pétrole au charbon, comme cela a été prouvé en Angleterre16. Elle est supplantée par les oxydes d’azote ou les particules fines des véhicules à moteur. Cet article vise cependant à montrer que l’appareil soufre-fumée a joué un rôle de passeur entre une mesure de l’air parcellaire et souvent liée à une étiologie rudimentaire, et l’apparition d’une technicisation à travers l’histoire de sa normalisation et de sa diffusion dans des réseaux matériels17.

6Je procéderai en commençant par resituer les outils et usages de la quantification ordinaire de l’air dans le xxe siècle, puis j’aborderai la naissance, au tournant de 1960, d’un instrument, l’appareil soufre-fumée, avant de décliner les technologies d’interprétation des échantillons qui lui sont associées. Je terminerai par une rapide analyse de sa diffusion en commençant par un des prérequis de cette diffusion qu’est la standardisation de la méthode dans les cercles de l’expertise internationale alors en construction.

1. Une question de quantification de la perception ordinaire

  • 18 T. Le Roux, 2011.
  • 19 J.-B. Fressoz, 2013.
  • 20 A. Zimmer, 2016.
  • 21 F. Charvolin et al., 2015.

7La pollution de l’air ne prend cette dénomination que tardivement dans le xxe siècle en France. La loi Morizet de 1932 parle de fumées, d’odeurs et de gaz toxiques. Elle rapporte ce qu’il y a de sensible pour la population dans les manifestations de la pollution, à savoir ce qui se voit – la fumée – et ce qui se sent – l’odeur. Le législateur s’est donc basé sur l’expérience ordinaire de la pollution pour légiférer, reprenant en cela le décret de 1810 sur les établissements insalubres incommodes et dangereux, et avant cela encore, le traitement du problème par les pouvoirs de police18. On trouve des traces de débats des édiles ou des entreprises liés à des plaintes19 ou des épisodes particulièrement meurtriers, comme le brouillard rouge de la Meuse en 1930, qui défraie alors la chronique20 et donnera lieu à une commission des brouillards à Lyon, par exemple, peu après21. Dans les années d’entre-deux-guerres, la pollution se mesure au visuel et à l’odeur. Cela signifie que la pollution est associée à une épreuve ordinaire, partout manifestable dès lors qu’il y a des gens pour sentir et voir des sources de pollution. Le meilleur réseau de vigilance est encore à l’époque celui de la population et de sa distribution sur le territoire national. Autrement dit, la question ne se pose pas de la localisation de capteurs de pollution et de la possibilité d’analyse par des laboratoires atteignables localement. En tablant sur les sens ordinaires, le traitement des fumées et odeurs suppose un équipement minimal : un bon nez et de bons yeux. Il n’y a pas encore de masse critique d’instrumentation technique à mobiliser pour mesurer.

  • 22 On manque de preuves de l’usage qui est fait de l’échelle de Ringelmann ou des jauges Owen par les (...)
  • 23 F. Uekoetter, 2005.
  • 24 P. N. Edwards, 2010.
  • 25 F. Uekoetter, 2005.
  • 26 « À une date – qui nous est personnellement inconnue – mais il y a au moins 50 ans, Ringelmann a pr (...)
  • 27 S. Frioux, 2023.

8Mesurer suppose de quantifier, et de mettre à disposition de la population un exercice de quantification. Autrement dit, les habitants peuvent faire leurs « gammes » avec une quantification de leur perception subjective d’environnements pollués. Ils ont les aptitudes pour opérer des rapprochements entre les phénomènes de pollution et susciter des mises en cause, basées sur une étiologie populaire22. Ils sont aidés en cela par un outillage fruste d’échelles d’évaluations, dont la plus connue est inventée par l’agronome Maximilien Ringelmann à la fin du xixe siècle, et qui portera son nom23. L’échelle de Ringelmann est un morceau de carton (Figure 1) à comparer à la fumée que l’on vise d’un œil. Sur ce dernier, sont apposés des petits carrés plus ou moins noircis et qui correspondent à un degré de noirceur allant de 20 à 100 %. En comparant la fumée qu’on voit à l’échelle et ces petits carrés, on peut déterminer le degré de noirceur. Cette opération simple permet de passer d’une mesure analogique, voir la fumée, en mesure numérique graduée, un pourcentage de noirceur. Ce petit saut est le même que celui mentionné par Paul Edwards avec le thermomètre au mercure24, le mercure représentant un réactif analogique, et la graduation sur le thermomètre représentant une « gamme » numérique. Ce faisant la pollution est quantifiable par qui peut se procurer cette échelle et cette dernière sera fortement utilisée durant tout le xxe siècle jusque dans les années 196025. En France, des témoignages des années 1960 évoquent son utilisation, notamment à des fins réglementaires suite à la mise en œuvre de la loi Morizet de 193226, et Stéphane Frioux en montre l’antériorité dans le municipalisme antifumée avant la loi Morizet27.

Figure 1. Échelles de Ringelmann

Figure 1. Échelles de Ringelmann

Source. Wikipédia (URL : https://fr.wikipedia.org/​wiki/​Carte_%C3%A9talon_de_Ringelmann).

9Ce système de cartons, pour fonctionner, doit être placé à proximité d’une source de pollution. Et la plupart des mesures et de la préoccupation publique de l’époque de la première moitié du xxe siècle concernent effectivement ce qu’on peut appeler la pollution à l’émission, c’est-à-dire avec une source assignable, essentiellement les cheminées d’usine. Il en est de même pour les odeurs, où les plaintes concernent surtout des usines ou des artisans facilement assignés comme producteurs de pollution. La quantification de la pollution à l’émission est cependant critiquée très tôt comme imprécise et assez subjective. Elle ne permet pas de faire des agrégats fiables, voire des cartographies de la pollution comme cela se passera plus tard. Une autre technique tout aussi fruste est également mise en place : elle consiste à relever cette fois la pollution à travers les retombées des polluants de l’air ambiant : les jauges Owen (Figure 2).

Figure 2. Installation de jauge Owen à Paris en 1964

Figure 2. Installation de jauge Owen à Paris en 1964

Source. Préfecture de Paris : Archives/Département patrimonial, Service de la mémoire et des affaires culturelles/Secrétariat général pour l'administration.

  • 28 Pierre Bapsères, docteur en sciences, chef de laboratoire à la Société nationale des pétroles d’Aqu (...)

10On retrouve également la même critique d’imprécision au sujet des récipients qui collectent les eaux de pluie sur les toits, et dont le contenu peut être analysé en laboratoire mais qui ne peut être rapporté à une source de pollution particulière ni à un débit d’air entrant permettant de calculer un rapport entre quantité de pollution par volume d’air ou journées de précipitations28. Si échelle de Ringelmann et jauge Owen sont très pratiques, et pour cela, resteront utilisées longtemps, et si elles souffrent conjointement de critiques quant à leur fiabilité, elles déclinent deux manières bien différentes d’aborder la pollution de l’air : à l’émission ou à l’immission.

2. La naissance d’un instrument : le détecteur soufre-fumée (SF)

  • 29 F. Uekoetter, 2009.

11La pollution associée à une source d’émission unique et manifeste, mesurable partout où il y a une émanation qui se traduit par une fumée incommodante, relève de l’ordinaire des situations vécues par la population ; elle diffère d’un nouveau type de pollution urbaine, moins visible immédiatement et moins liée à une source d’émission unique : la pollution diffuse ; celle qui va être mesurée par l’appareil soufre-fumée (SF) est représentative du passage à la pollution à l’immission (Figure 3). Mais c’est la question du trafic routier qui sera exemplaire de cet ajout d’une métrologie spécifique. Aux USA, la ville de Los Angeles va être le lieu de mesure d’une autre forme de pollution, une pollution secondaire, photochimique, qui se forme dans l’atmosphère, à partir des multiples sources de pollution locales29. Ce smog de Los Angeles vient affermir une tendance des quelques instances qui mesurent l’air en France (le Laboratoire central de la préfecture de police de Paris, ou LCCP, ou le Laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris, ou LHVP) à faire porter leur mesure au-delà de la source, vers la pollution à laquelle tout un chacun est exposé, et surtout en ville. On ajoute donc à la mesure à l’émission, la mesure à l’immission, c’est-à-dire celle du fond de l’air urbain que les citadins respirent.

12Ce faisant, on sort de la logique de l’échelle de Ringelmann ou des plaintes pour odeurs nauséabondes qui faisaient le lot de l’expérience publique de la pollution de l’air, par la montée en puissance d’un corps de spécialistes et des infrastructures techniques et organisationnelles de plus en plus sophistiquées. Cette création d’une expertise qui rapidement a pour charge de connecter les avancées dans les laboratoires de chimie de l’atmosphère et de toxicologie, dans un monitoring territorialisé de la qualité de l’air, se heurte à un problème de représentativité des échantillons collectés.

  • 30 J. Pelletier pose dès 1959 cette question de la localisation des capteurs : J. Pelletier, 1959, p.  (...)
  • 31 J. Pelletier, 1959, p. 235.
  • 32 La solution de passer par des échantillonneurs pose également le problème de sa précision de mesure (...)

13Il lui faut sélectionner des sites pour organiser les prélèvements, et donc en choisir certains, en écarter d’autres. Plusieurs éléments sont pris en compte dans les documents d’époque : notamment un lieu à proximité des aires densément peuplées30. Ensuite pour que l’appareil fonctionne il faut une prise de courant et une localisation sous abri. Au départ, pour des raisons pratiques d’accessibilité et d’alimentation électrique, seront mis à contribution les bâtiments publics, comme les mairies, les bâtiments administratifs ou les écoles31. À ces critères de localisation des capteurs qui feront et font toujours l’objet de compromis entre la praticabilité, la représentativité des échantillons et le souci des collectivités territoriales de ne pas trop montrer que leur communauté est soumise à de fortes pollutions, s’ajoute un critère organisationnel, celui, du moins au début, d’avoir un personnel pour relever les échantillons tous les jours même le dimanche32.

14Ainsi progressivement à la fin des années 1950, la « vigilance » de la population assurée par l’accès potentiel à des instruments de mesure maniables par tout un chacun est supplantée par la « surveillance » qui installe un monopole de la mesure de l’air confié à des spécialistes. On a un indice de ce transfert avec le fait que ce sont toujours les deux expériences publiques principales qui préoccupent les nouveaux « techniciens » de l’air, à savoir la fumée, et l’odeur, ou plutôt le composé chimique qui est source de nombreuses odeurs nauséabondes, à savoir le SO2, même si ce gaz très odorant n’est que rarement associé dans les textes à la réduction de la mauvaise odeur.

Figure 3. Le modèle Afpyro du détecteur SF en 1960

Figure 3. Le modèle Afpyro du détecteur SF en 1960

Source. Photo de l’auteur de l’appareil conservé à Atmo Aura Auvergne, 2023.

  • 33 S. Mosley, 2009.
  • 34 Mais d’autres techniques existent comme le Titrilog aux USA, des torches à plomb en Allemagne.

15Avec le fait d’inventer des appareils techniques pour mesurer fumées et soufre (ou ce que les contemporains désignent comme acidité forte), l’appareil soufre-fumée (SF) engendre une infrastructure de mesure puisqu’il va falloir se passer de l’appui de la distribution de la population sur le territoire, pour lui supplanter une distribution des échantillonneurs sur des sites les plus diversifiés possibles. Avec ce réseau s’invente une organisation qui est présente dès 1912 en Grande-Bretagne33, mais qui est totalement inconnue en France avant les années 1950. C’est d’ailleurs d’Angleterre que viendra la première description de l’appareil SF dans une publication du Department of Scientific and Industrial Research anglais en 1948 ; c’est ce procédé qui va majoritairement se développer en France34.

16Le principe du détecteur SF est simple. Une pompe aspire l’air, avec un compteur volumétrique (pour mesurer la quantité d’air aspirée), via une prise d’air à mettre à l’extérieur. L’air passe par un filtre Schneider, qui retient les particules les plus larges, puis vient barboter dans une solution liquide. Tous les jours d’abord, puis toutes les semaines avec la sophistication de la technologie (appareils « SF8 »), le filtre et la fiole de barbotage sont récupérés pour être analysés en laboratoire.

3. L’analyse des échantillons collectés

  • 35 J.-B. Fressoz, 2013.

17Les analyses par réactifs chimiques étaient déjà opérées au début du xixe siècle par ceux que Jean-Baptiste Fressoz appelle des « experts » dans le cadre de litiges35. Il n’est plus ici question de litige mais bien d’un monitoring continu, qui vient redoubler l’action de la population. Le principe du détecteur SF ne déroge pas à cette tendance, puisqu’il s’appuie sur un réseau de circulation des filtres usagés et des fioles de barbotage, vers des centres distants qui en assurent l’analyse. Ainsi, dans le cas des mesures qui seront faites au Chambon-Feugerolles au début des années 1960, les filtres sont envoyés à Saint-Étienne et les fioles à Paris tous les jours. On voit se tisser un réseau de circulation des produits et surtout la dissociation très nette de ce qui pouvait être instantanément fait par la population : la perception et l’évaluation. Ici on a un échantillonnage qui appelle une analyse hors site, et souvent très distante, et dans un temps décalé. Un décalage analogue, cette fois sur le dioxyde de carbone, est flagrant dans le cas du camion laboratoire du LVHP, et ses sessions de mesure de l’air parisien vicié par le trafic routier. Une session de mesure d’un jour donnait du travail au technicien pendant 15 jours. On est loin de l’instantanéité de la perception/mesure des personnes ordinaires.

  • 36 Pour une description de leur principe, voir infra.
  • 37 M. Callon, P. Lascoumes & Y. Barthe, 2001.
  • 38 F. Uekoetter, 2009, p. 129.
  • 39 M. Lynch, 1985.
  • 40 Ces instruments seront cependant remplacés plus tard par des appareils électriques qui donneront de (...)

18D’autre part, l’analyse des échantillons suppose des réflectomètres, pour les filtres Schneider, et de la colorimétrie pour l’acidité forte, c’est-à-dire un détour par le laboratoire36. On voit comment se passe ce que Michel Callon, Pierre Lascoumes et Yannick Barthe appellent le confinement de la recherche par un transport dans le lieu clos du laboratoire où aura lieu le travail d’analyse37. Les instances à même de développer des mesures de plus en plus techniques de la pollution de l’air s’appuient, dans les années d’après-guerre, sur la montée d’un milieu international de scientifiques et techniciens de la mesure. Le premier journal nord-américain sur la pollution de l’air, Air repair, bientôt rebaptisé Journal of the Air Pollution Control Association, naît en 195138. De ce fait, ce n’est plus la perception ordinaire qui est en jeu dans la vigilance quotidienne, mais une compétence technicienne pour mesurer la noirceur des fumées, qu’on commence à appeler « particules », et l’acidité forte. Il faut être compétent dans la traduction qui se joue au laboratoire. Cette inflexion de la régulation de la pollution de l’air par l’entrée en scène d’une expertise assise sur les laboratoires scientifiques, en progrès dans ce domaine, correspond bien à un transfert de légitimité, qui au départ n’est qu’un petit saut technique : initialement tout ce qui se passe au laboratoire n’est pas étranger à des opérations ordinaires de perception, comme cela a été montré par Michael Lynch39, avant le mouvement d’automatisation et de technicisation qui caractérisera la suite, de la fin des années 1960 à maintenant. Ainsi le réflectomètre n’est qu’une technologie de Ringelmann améliorée, où on place dans l’appareil binoculaire le filtre, qui voisine une grille de noirceur permettant d’identifier avec plus de précision le degré de noirceur. C’est toujours l’œil humain qui a le dernier mot40.

19En ce qui concerne les odeurs, le nez humain reste le meilleur récepteur et la conversion dans un appareil aussi performant est impossible dans les années 1960. Aussi la solution consiste à ne considérer que le SO2 et SO3 pour définir l’odeur. Mais là encore on recourt à un sens ordinaire pour mesurer la quantité d’acidité forte présente dans la fiole de barbotage. On étalonne des fioles, contenant plus ou moins de SO2, avec un réactif, qui se colore plus ou moins selon la concentration de SO2 ; on met le réactif dans la fiole à barbotage et on compare la couleur obtenue avec les couleurs des autres fioles témoins, ce qui donne une mesure de la quantité d’acidité forte. Toutefois, ces mesures de SO2 sont approximatives car la solution la plus praticable techniquement et financièrement ne permet pas de dissocier la quantité de SO2 et de SO3 par le réactif, et c’est pourquoi on parle d’acidité forte.

  • 41 F. Charvolin et al., 2015.

20Ce détour par la traduction des échantillons en laboratoire, pour assurer leur interprétation, a pour conséquence le contrôle désormais avéré des accès aux instances d’interprétation. Puisque les victimes ou émetteurs domestiques de la pollution ne sont plus celles et ceux qui pourvoient en mesure la puissance publique, cela pose un nouveau problème : celui du retour vers le public de cette connaissance, désormais produite de manière confinée. Que faire de ces mesures de plus en plus précises mais de plus en plus soustraites à la prise par la population ? C’est d’ailleurs pour ces raisons que la mesure de la pollution au Chambon-Feugerolles, à Roanne et à Rive-de-Gier, sera interrompue au milieu des années 1960 faute de solution politique satisfaisante41.

4. La standardisation de la technologie anglaise et l’internationalisation de l’expertise

  • 42 S. L. Star & K. Ruhleder, 1996.

21En matière de matériel technique, il n’y a pas qu’une option sur la table dans les années 1950-1960 mais de multiples procédés, plus ou moins fiables, coûteux, et soutenus politiquement ou scientifiquement. La raison du privilège donné à l’appareil SF tient à ce que cette technique était déployée, et notamment la marque Afpyro, sur plusieurs sites français. Cette extension de l’infrastructure métrologique, qui est d’abord organisationnelle, ne va pas sans un processus parallèle d’homologation et de standardisation du matériel42. Il a fallu tout un environnement de normalisation du matériel pour qu’il puisse se présenter sous la même forme dans plusieurs pays.

  • 43 N. Jas, 2013.
  • 44 René Truhaut présentera la section « Pollution de l’air », dans R. Truhaut, 1961.
  • 45 Le laboratoire de Lagor sera doté d’un fort personnel, jusqu’à 5 ingénieurs et une trentaine de tec (...)

22Au niveau des standards, le processus est appuyé par le développement d’une expertise internationale en matière d’environnement dans l’après-guerre. On l’a déjà dit, la communauté scientifique de la métrologie de l’air se structure après la guerre avec les premiers journaux américains notamment. Le comité Eurotox (Comité européen pour la recherche sur les risques de toxicité chronique) réunit des toxicologues de plusieurs pays occidentaux qui vont mettre en place des standards comme le niveau de concentration maximum pour des polluants, ou la dose journalière acceptable pour des additifs dans les aliments43. Parmi eux un français jouera un rôle important : René Truhaut, cocréateur du comité d’experts de la Food and Agriculture Organization (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur les additifs alimentaires, et qui sera le président d’Eurotox44. René Truhaut formera Pierre Bourbon, les deux s’impliquant dans le laboratoire de Lagor, centre de recherches consacré à l’étude de la pollution de l’air, à côté de l’usine d’extraction de gaz de Lacq, dans les Pyrénées45.

  • 46 Organisation de coopération et de développement économique.
  • 47 M. Meslans, 1960, p. 232.
  • 48 Lors d’un second rendez-vous du groupe de travail, un observateur rapporte : « Tout le monde est d’ (...)

23Fort de ce milieu d’experts en gestation, l’Organisation européenne de coopération économique (OECE), l’ancêtre de l’OCDE46, convie en juillet 1957 un groupe de travail à Paris, sous l’impulsion des Anglais, pour rationaliser les matériels et procédés sur la métrologie des fumées et de l’acidité forte47. La technologie SF est au cœur des débats et en passe d’être adoptée. Les années 1957 et 1958 seront mises à profit pour améliorer le procédé48. Du 6 au 14 novembre 1957, se tient un congrès à Milan à l’initiative du comité régional pour l’Europe de l’OMS, qui insiste sur la nécessité de mettre en réseau les organisations interétatiques de mesure de la pollution de l’air et entérine l’utilité de la technologie SF.

  • 49 On apprend la création d’une Commission de la pollution atmosphérique à l’Afnor à la demande du min (...)

24En France, les premières utilisations de l’appareil SF sont attestées à Paris en 1954. On assiste à l’organisation d’une infrastructure de mesure sur laquelle je reviendrai. Et dès 1965, se crée un comité Afnor (Association française de normalisation) sur la pollution de l’air (Figure 4), sur la terminologie et la normalisation49.

Figure 4. La pollution de l’air rentre dans la normalisation Afnor

Figure 4. La pollution de l’air rentre dans la normalisation Afnor

Source. Extrait de la première page de l’article de Jean-Paul Détrie au Courrier de la normalisation : J.-P. Détrie, 1965, p. 543.

5. La diffusion du détecteur SF en France

  • 50 Sur Paris, J. Pelletier rappelle qu’avant 1956, 5 appareils SF existent : 2 au LHVP montés en paral (...)
  • 51 J. Pelletier, 1959, p. 254.
  • 52 T. P. Hughes, 1983.
  • 53 S. Frioux, 2021.
  • 54 S. Frioux, 2023.

25En passant de la population au détecteur de fumée, se pose la question de sa diffusion sur le territoire, donc d’une infrastructure organisationnelle mais aussi du choix des sites d’implantation, comme on l’a évoqué. Ces critères expliquent pourquoi ce sont les laboratoires de mesure publics, et rapidement des réseaux associatifs, qui vont s’occuper de la mise en place, du relevé et de l’entretien du réseau de capteurs. La France de ce point de vue est très en retard. En 1957, le district de la Seine utilise 13 détecteurs SF soit la quasi-totalité de ses capteurs50. La même année Londres en compte 62 et a installé, en tout, 262 appareils permanents51. En décembre 1965 il y en aura 85 dans le district de la Seine. C’est donc bien au tournant 1960, avec la disponibilité de la technologie à moindre coût, que s’opère le développement d’un « moment » technique particulier52. La technologie ne fait pas tout. C’est après le smog de Londres qu’en 1954 se met en place en France une commission pour envisager la possibilité d’un tel smog. Elle participe d’une évolution, portée par la toute jeune Association pour la prévention de la pollution atmosphérique (Appa) et le Comité d’action technique contre la pollution atmosphérique (Catpa), militant pour une meilleure prise en compte de l’air dans les mesures réglementaires ou législatives. Elle aboutira à la loi de 196153 sur la pollution atmosphérique. Ce sont les mêmes personnalités que l’on retrouve dans les milieux administratifs, politiques et métrologiques à l’époque54.

  • 55 F. Charvolin et al., 2015.

26Parmi les institutions qui naissent à cette époque l’Appa se singularise. Cette association naît en 1958 à l’initiative de médecins et d’industriels55. Jean Pelletier en décrit la nécessité organisationnelle pour développer une infrastructure métrologique, et la source d’inspiration anglaise qui a pu présider à sa création :

  • 56 J. Pelletier, 1959, p. 254-255.

« Une solution en France, inspirée de l’expérience anglaise en la matière, consisterait à créer des réseaux d’organismes coopérants. L’organisme coopérant pourrait être déterminé par sa participation – sous quelque forme que ce soit – à la lutte contre la pollution atmosphérique : mesure de la pollution, recherches techniques pour sa prévention, publication et information… Ou même, simple coopération financière en matériel et personnel. […] La coordination nécessaire de l’action de tels organismes est réalisée en fait par l’Association pour la prévention de la pollution atmosphérique, véritable conférence permanente des organismes coopérant56. »

  • 57 Archives laboratoire central de la préfecture de police, Paris, 1972. Tableau inséré dans un cours (...)
  • 58 Archives de Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, section Auvergne.

27L’Appa va rapidement se doter d’un journal, Pollution atmosphérique, véritable plaque tournante du milieu d’experts et de techniciens en gestation autour de la pollution de l’air, et aussi ouvrir des sections locales dans toutes les grandes villes de France. L’Appa, en organisant le réseau de mesure sur tout le territoire français, est l’ancêtre des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air qui naîtront en 1996. Or l’Appa va adopter tout de suite la technologie SF. En 1972, le détecteur SF, dans sa version améliorée, est utilisé par les antennes de l’APPA à Paris, Marseille, Lyon, Lille, Nancy, Strasbourg, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Grenoble, Reims, Bordeaux, Besançon, Caen, Tours, Rennes, Nantes, Toulouse et Montpellier57. À Clermont-Ferrand comme dans la Loire auparavant, c’est à l’occasion de la venue de l’Appa, sous la forme notamment d’une exposition sur la pollution de l’air à la Chambre de Commerce et d’Industrie qu’a lieu la première réunion entre le Laboratoire municipal et un représentant de l’Appa en 1966. Très rapidement l’Appa fournira des appareils SF1 en prêt à l’agglomération clermontoise58.

  • 59 Il est dès lors difficile de rapporter une mesure fiable de la production de pollution industrielle (...)

28La seconde association particulièrement notable est le Citepa, Centre interprofessionnel technique d’étude de la pollution atmosphérique, né en 1961, et qui regroupe les industriels du secteur. Il est issu du Capta, présidé par Louis Armand, un polytechnicien, ingénieur des Mines, ancien résistant qui a fait sa carrière à la SNCF. Européaniste convaincu, il a dirigé Euratom à la fin des années 1950 et se consacrait également à la question des pollutions avant d’être missionné en 1970 par son ancien compagnon d’armes, Jacques Chaban-Delmas, pour rédiger un livre blanc sur l’environnement. Ces industriels s’occupent de récupérer les informations sur les pollutions occasionnées par les différentes branches industrielles. Le Centre ne fait pas de mesure à proprement parler mais plutôt de la synthèse d’informations transmises par les industriels59. Il a un rôle de mise en forme, de cartographie et de design des données pour qu’elles soient facilement lisibles et présentées dans le sens que les industriels veulent donner à l’information. Le Citepa revêt en outre un intérêt tout particulier car c’est par ses travaux qu’on connaît la quantité approximative de polluants émis par les différentes branches industrielles en France. Les industriels ont ainsi, dès 1961, compris qu’étant les principaux pollueurs, il était avantageux pour eux d’être les principaux pourvoyeurs d’information sur les polluants émis par leurs entreprises. Franck Uekoetter parle de la bénédiction ambiguë pour la qualité de l’air, de l’investissement des industriels :

  • 60 F. Uekoetter, 2009, p. 262 (ma traduction).

« d’un côté, les directeurs d’usine voulaient investir dans les équipements de contrôle avec une ampleur jusque-là jamais atteinte, mais d’un autre côté, les industriels souhaitaient, et généralement réussirent, à avoir une influence sur la définition sur le rythme et l’étendue des politiques de contrôle60 ».

  • 61 G. Debrun, 1963, p. 18.

29Ces derniers restent actuellement dans ce même rôle d’informateur et de lobbyiste. Le Citepa est enfin important car les industriels, comme la Société nationale des pétroles d’Aquitaine (à l’initiative du centre de Lagor), les Charbonnages de France ou Électricité de France (EDF) se dotent à cette époque de réseaux de mesure de la pollution de l’air sur leurs sites. En 1960, EDF a la volonté d’assurer une compatibilité entre ses matériels et celui développé par les précurseurs comme le LHVP. Le laboratoire d’EDF sur la pollution de l’air, créé cette année-là, insiste sur le fait que le mouvement va dans le sens d’une internationalisation des techniques de mesure61.

30Ainsi, il aura fallu à peine une décennie pour que se stabilisent des instruments techniques, pris dans les rets de la standardisation internationale et de l’extension de plus en plus large des infrastructures de réseaux de mesure. Il est à noter que cette opération est poussée par une diversité de milieux, médecins, industriels, fonctionnaires mais également collectivités publiques et sociétés civiles, dont l’essor de l’Appa et du Citepa bénéficient. Le moment est aussi politique, avec la préparation de la nouvelle loi sur l’air de 1961, et il appartiendra encore aux historiens de mieux comprendre comment ce tournant métrologique est lié au milieu décisionnel qui prépare la politique gouvernementale et parlementaire.

Conclusion

  • 62 S. Mosley, 2009 ; F. Uekoetter, 2009.

31Les années 1960 peuvent être considérées comme un tournant dans l’histoire de la connaissance de l’air avec l’autonomisation d’un échelon particulier consacré à la métrologie, dans une optique d’action publique. Ce tournant n’est pas seulement français mais concerne aussi d’autres pays comme l’Angleterre, la République fédérale d’Allemagne ou les États-Unis, qui avaient développé de longue date des « inspecteurs » ou des administrations relatives au traitement des fumées et pollutions atmosphériques, et qui voient, dans les années 1960 et avant la vague environnementaliste, un regain d’activité et de légitimité62. Il est d’autant plus marqué en France que le pays part de loin comparé à ses homologues. On a montré dans ce qui précède le rôle de la genèse des infrastructures organisationnelles et techniques dans ce virage de la régulation de la pollution de l’air. Pour la première fois à cette époque, la France se dote d’instruments de mesure extérieurs aux laboratoires, et bientôt d’un réseau d’organisations multiples les déployant sur le territoire national. Avec cette couverture métrologique progresse la technicisation de la mesure de l’air qui s’ajoute à la longue histoire de la connaissance en laboratoire et de la régulation publique des plaintes et des griefs sur les polluants atmosphériques.

  • 63 P. Lascoumes & P. Le Galès, 2005.
  • 64 A. Barré, 1997.

32Pour prendre une image, on pourrait dire qu’à la vigilance populaire de l’air s’ajoute désormais une surveillance de la pollution atmosphérique, qui aboutira, plus de vingt ans plus tard, à la reprise en main par l’État des associations de mesure indépendantes, sous la forme d’un agrément public et la création des Aasqa. Avec la montée des expertises de l’OMS et de l’OCDE, avec la promulgation de directives européennes dès les années 1970, la mesure de la pollution est devenue une affaire de normes et sa connaissance un véritable instrument d’action publique63. En 1960, avec 6 240 000 véhicules, le parc automobile français a pratiquement triplé par rapport à son état en 1950, et il doublera en 197064. Cela se traduit par d’autres types de pollutions liées au trafic routier, et notamment celle des oxydes d’azote, que l’appareil soufre-fumée ne permet pas de mesurer. Mais l’appareil SF, s’il est progressivement dépassé par d’autres appareils pour d’autres mesures de pollution, aura joué un rôle précurseur et méconnu dans la multiplication du tissu associatif de mesure de la pollution de l’atmosphère en France.

  • 65 C. Bessy & F. Chateauraynaud,2014 [1995].
  • 66 Réunion de l’Agence pour la qualité de l’air, 21 juin 1989, Archives Airparif.
  • 67 H. Kieken, 2004.
  • 68 R. Vautard et al., 1998.
  • 69 F. Charvolin, 2022.

33Il importait de montrer que le tournant auquel il participe est une inflexion certes minime, vers la surveillance, mais qui représente une différence de taille entre deux façons d’engager la connaissance dans la régulation des pollutions. La petite différence produite par ce premier moment de la pollution de l’air concerne le passage d’une logique de rapprochement des perceptions de la pollution, souvent liées à la pollution à l’émission, et que la population partageait avec les fonctionnaires chargés de la mesure, à une logique de recoupement à partir de données déjà quantitatives, qui sera l’apanage des spécialistes65. C’est le prologue de la possibilité, donnée par les ordinateurs à partir des années 1970, d’automatisation de la collecte des données de l’atmosphère, et d’instauration d’une nouvelle discipline spécialisée dans les chiffres de la pollution de l’air et les algorithmes de calcul. En 1976 naît la Banque de données sur la pollution de l’air, qui normalise l’information, en commutant les réseaux de mesures locaux développés indépendamment les uns des autres66, et à laquelle s’ajouteront bientôt les premiers modèles de l’air, au niveau international67 et français68. Ce nouvel espace de calcul est cependant gagné récemment par une remise au goût du jour des rapprochements opérés par la population, grâce à la miniaturisation de la technologie de mesure. L’exemple des micro-capteurs de pollution particulaire actuels montre combien la médiation technique peut également être réinvestie par la population et ses habitudes de quantification69. De l’appareil SF des années 1960 aux micro-capteurs, il manque en France une histoire des techniques de mesure, qui les replace dans un contexte social, politique et économique, qu’elles contribuent également à infléchir, en créant des basculements, comme l’a été la période 1957-1965 dans l’Hexagone.

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Bibliographie

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Notes

1 R. Hourcade, 2023.

2 R. Hourcade, 2023.

3 F. Charvolin et al., 2015.

4 D. J. Hess, 2016.

5 J.-B. Fressoz, 2013.

6 Cet article représente un des volets de la recherche réalisée dans le cadre du contrat « Prises, instrumentations et expérimentations : la qualité de l’air à l’épreuve » (Prisair) financé par l’Agence de la transition écologique (Ademe) et auquel participent Gwendoline L’Her et Laurent Devisme.

7 P. Lascoumes & P. Le Galès, 2005.

8 F. Jarrige & T. Le Roux, 2017.

9 T. P. Hughes, 1983 ; W. E. Bijker & J. Law, 1992.

10 S. Schaffer, 1990.

11 S. Frioux, 2023.

12 S. Frioux, 2021.

13 R. Bécot & G. Le Naour, 2023 ; C. Gramaglia, 2023.

14 La différence entre espace de calcul par recoupement et par rapprochement a été analysée dans C. Bessy & F. Chateauraynaud, 2014 [1995].

15 P. Thorsheim, 2006.

16 P. Thorsheim, 2006.

17 G. C. Bowker et al., 2010 ; H. Karasti et al., 2016.

18 T. Le Roux, 2011.

19 J.-B. Fressoz, 2013.

20 A. Zimmer, 2016.

21 F. Charvolin et al., 2015.

22 On manque de preuves de l’usage qui est fait de l’échelle de Ringelmann ou des jauges Owen par les particuliers. On les mentionne ici car il s’agit d’outils simples d’usage, dont le protocole d’utilisation est aisé à mettre en place, (même si les liquides précipités dans les jauges Owen réclament un travail d’analyse en aval). Ces outils contrastent avec la sophistication des instruments futurs, et la concentration qu’ils inaugureront de la collecte et l’interprétation dans les mains des spécialistes.

23 F. Uekoetter, 2005.

24 P. N. Edwards, 2010.

25 F. Uekoetter, 2005.

26 « À une date – qui nous est personnellement inconnue – mais il y a au moins 50 ans, Ringelmann a proposé une échelle pour l’appréciation de l’intensité des fumées noires des chaudières. Cette échelle et les degrés d’appréciation qu’elle contenait étaient peut-être valables en ce moment. Elle appréciait le taux d’imbrûlé du charbon. Actuellement avec l’introduction, d’abord, du charbon pulvérisé, ensuite des combustibles liquides, la couleur des fumées a varié considérablement (en même temps d’ailleurs que la teneur en SO2). Cependant, appuyés, chez nous, sur l’arrêté-type de la loi Morizet (1932), beaucoup de règlements se réfèrent encore à cette appréciation pour déterminer un taux d’émission admissible », A. P. Avy, 1959, p. 14.

27 S. Frioux, 2023.

28 Pierre Bapsères, docteur en sciences, chef de laboratoire à la Société nationale des pétroles d’Aquitaine, écrit : « Le contrôle de la pollution atmosphérique par les jauges d’Owen a beaucoup de partisans mais aussi beaucoup de détracteurs. En Europe, les spécialistes de pollution atmosphérique n’attribuent à cette technique qu’une valeur assez symbolique ; les Anglo-Saxons, au contraire, lui reconnaissant une importance très grande tant pour connaître la nature chimique des retombées pluviales, que pour déterminer les quantités de polluants susceptibles de se répandre dans une zone déterminée », P. Bapsères, 1962, p. 112.

29 F. Uekoetter, 2009.

30 J. Pelletier pose dès 1959 cette question de la localisation des capteurs : J. Pelletier, 1959, p. 232.

31 J. Pelletier, 1959, p. 235.

32 La solution de passer par des échantillonneurs pose également le problème de sa précision de mesure : « Il est très important de noter que les mesures dans l’air ambiant donnent des résultats variables avec les appareils et très différents suivant les emplacements et surtout les durées de prélèvement : ceux de longue durée, sur 24 heures par exemple, annulent les pointes qui peuvent être identifiées par des mesures de courte durée (3, 10 ou 30 mn). » J.-P. Détrie, 1965, p. 548.

33 S. Mosley, 2009.

34 Mais d’autres techniques existent comme le Titrilog aux USA, des torches à plomb en Allemagne.

35 J.-B. Fressoz, 2013.

36 Pour une description de leur principe, voir infra.

37 M. Callon, P. Lascoumes & Y. Barthe, 2001.

38 F. Uekoetter, 2009, p. 129.

39 M. Lynch, 1985.

40 Ces instruments seront cependant remplacés plus tard par des appareils électriques qui donneront des mesures sur l’aiguille d’un vumètre, comme celui que l’association Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, section Auvergne, a conservé dans ses locaux (Atmo est le nom de la Fédération nationale des Aasqa, organisée désormais en régions et fédérées nationalement).

41 F. Charvolin et al., 2015.

42 S. L. Star & K. Ruhleder, 1996.

43 N. Jas, 2013.

44 René Truhaut présentera la section « Pollution de l’air », dans R. Truhaut, 1961.

45 Le laboratoire de Lagor sera doté d’un fort personnel, jusqu’à 5 ingénieurs et une trentaine de techniciens.

46 Organisation de coopération et de développement économique.

47 M. Meslans, 1960, p. 232.

48 Lors d’un second rendez-vous du groupe de travail, un observateur rapporte : « Tout le monde est d’accord sur l’utilité de l’appareil anglais (fumées et SO2) moyennant des modifications de détail. Par exemple : papier filtre alfa amiante du type GA 32 Schneider utilisé en France préférable au Whatman no 1 utilisé en Grande-Bretagne ; pour la mesure des concentrations de fumées. […] Tout le monde est d’avis qu’il est nécessaire de mettre au point une méthode simple colorimétrique instantanée pour déterminer SO2 », M. Meslans, 1960, p. 232.

49 On apprend la création d’une Commission de la pollution atmosphérique à l’Afnor à la demande du ministère de l’Industrie « ayant en priorité les sujets d’études suivants : terminologie, méthodes de mesures : indices d’opacité des fumées et indice pondéral », J.-P. Détrie, 1965, p. 545.

50 Sur Paris, J. Pelletier rappelle qu’avant 1956, 5 appareils SF existent : 2 au LHVP montés en parallèle afin de vérifier le degré de confiance à accorder aux résultats ; 2 à la tour Saint-Jacques, près du centre géographique de Paris et aussi près d’une station météo, à 10 m et 50 m au-dessus du sol, 1 à Antony « installé dans un pavillon appartenant à un de mes collègues ayant bien voulu se charger de son fonctionnement », J. Pelletier, 1959, p. 235.

51 J. Pelletier, 1959, p. 254.

52 T. P. Hughes, 1983.

53 S. Frioux, 2021.

54 S. Frioux, 2023.

55 F. Charvolin et al., 2015.

56 J. Pelletier, 1959, p. 254-255.

57 Archives laboratoire central de la préfecture de police, Paris, 1972. Tableau inséré dans un cours de maîtrise dispensé en 1972 par Paul Chovin, intitulé « Chimie et physiopathologie des pollutions atmosphériques ».

58 Archives de Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, section Auvergne.

59 Il est dès lors difficile de rapporter une mesure fiable de la production de pollution industrielle en France, ce qui est d’ailleurs relevé par les Aasqa, car ces données sont issues des industriels eux-mêmes, comme le montre le document commandé par le ministère de la Protection de la nature et de l’environnement et réalisé sous la direction de Jean-Paul Détrie, directeur du Citepa, sur l’évaluation du coût de la prévention de la pollution atmosphérique dans l’industrie en France : R. Bouscaren, 1974.

60 F. Uekoetter, 2009, p. 262 (ma traduction).

61 G. Debrun, 1963, p. 18.

62 S. Mosley, 2009 ; F. Uekoetter, 2009.

63 P. Lascoumes & P. Le Galès, 2005.

64 A. Barré, 1997.

65 C. Bessy & F. Chateauraynaud,2014 [1995].

66 Réunion de l’Agence pour la qualité de l’air, 21 juin 1989, Archives Airparif.

67 H. Kieken, 2004.

68 R. Vautard et al., 1998.

69 F. Charvolin, 2022.

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Échelles de Ringelmann
Crédits Source. Wikipédia (URL : https://fr.wikipedia.org/​wiki/​Carte_%C3%A9talon_de_Ringelmann).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoiremesure/docannexe/image/20980/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 368k
Titre Figure 2. Installation de jauge Owen à Paris en 1964
Crédits Source. Préfecture de Paris : Archives/Département patrimonial, Service de la mémoire et des affaires culturelles/Secrétariat général pour l'administration.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoiremesure/docannexe/image/20980/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 398k
Titre Figure 3. Le modèle Afpyro du détecteur SF en 1960
Crédits Source. Photo de l’auteur de l’appareil conservé à Atmo Aura Auvergne, 2023.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoiremesure/docannexe/image/20980/img-3.JPG
Fichier image/jpeg, 2,5M
Titre Figure 4. La pollution de l’air rentre dans la normalisation Afnor
Crédits Source. Extrait de la première page de l’article de Jean-Paul Détrie au Courrier de la normalisation : J.-P. Détrie, 1965, p. 543.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoiremesure/docannexe/image/20980/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 1,6M
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Pour citer cet article

Référence papier

Florian Charvolin, « Comment l’appareil soufre-fumée a contribué à un tournant dans l’histoire de la métrologie de la pollution de l’air en France (1957-1965) »Histoire & mesure, XXXIX-1 | 2024, 149-170.

Référence électronique

Florian Charvolin, « Comment l’appareil soufre-fumée a contribué à un tournant dans l’histoire de la métrologie de la pollution de l’air en France (1957-1965) »Histoire & mesure [En ligne], XXXIX-1 | 2024, mis en ligne le 11 octobre 2024, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoiremesure/20980 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12htb

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Auteur

Florian Charvolin

Centre Max Weber (UMR 5283, CNRS)

florian.charvolin@gmail.com

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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