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Comptes rendus

PERRIN (Pierre). – Les Idées pédagogiques de Jean-Marie de La Mennais

Rennes : PUR, 2000. – 221 p.
Françoise Mayeur
p. 179-182
Bibliographical reference

PERRIN (Pierre). – Les Idées pédagogiques de Jean-Marie de La Mennais. – Rennes : PUR, 2000. – 221 p.

Full text

1L’évocation des deux frères La Mennais, Jean-Marie et Félicité, sert de repère obligé dans l’histoire du renouveau catholique en France au début du xixe siècle, dans les débats philosophiques, théologiques, politiques, et tout particulièrement ceux qui traitent des relations entre pouvoir temporel et institutions d’Église. Issu d’une thèse de doctorat soutenue à Rennes en 1998, le présent livre entend retracer, à travers les débuts de la congrégation des frères de l’Instruction chrétienne, dits de Ploërmel, l’évolution des idées pédagogiques de leur fondateur, sans négliger la part prise dans les discussions avec l’autorité temporelle, et le rayonnement de ses œuvres, aussi bien que ses prises de position.

  • 1 Pourquoi ce recours à M. Gontard ?
  • 2 Sauf lorsqu’il s’agit de noms propres, à commencer par La Mennais que l’on n’écrit pas d’ordinaire (...)

2Les fonds d’archives, publiques et congréganistes, les correspondances ont été largement consultés, notamment les publications de Louis Le Guillou, préfacier de l’ouvrage. L’ensemble est assorti d’une bibliographie assez courte ; l’ordre de classement, voire les choix, peuvent surprendre1. Quelques illustrations figurent au cours du développement, l’un ou l’autre texte et une utile chronologie qui confronte les principales dates de la vie de Jean-Marie aux « événements scolaires et politiques ». Les coquilles sont assez rares2 ; style et présentation se font apprécier par leur clarté.

3Le plan suivi n’est pas moins limpide. Après le rappel en introduction des principales données bio-bibliographiques sur Jean-Marie, une première partie se consacre aux frères de l’Instruction chrétienne, décrit les principaux traits de l’instruction primaire en Bretagne et l’évolution réglementaire en matière d’instruction. Les premiers frères de l’Instruction chrétienne, recrutés par l’abbé Deshayes et La Mennais, obtiennent la reconnaissance légale en 1822 qui vaut, conformément au vœu de ce dernier, uniquement pour l’académie de Rennes. Bientôt seul à la tête de la congrégation, La Mennais attache beaucoup de prix au noviciat ; il crée des noviciats qui forment les futurs frères à la tâche qui les attend. En même temps, on y éprouve leur vocation : 58 % des novices, durant la période 1816-1880, ne persévèrent pas. C’est dire le caractère élevé des exigences – les journées de cinq à neuf heures sont consacrées à l’étude et à la prière –, mais peut-être surtout l’acuité et la précision du projet qui anime le fondateur.

  • 3 H.C. Rulon et P. Friot : Un siècle de pédagogie dans les écoles primaires (1820-1940). Histoire des (...)

4Il est alors loisible de décrire l’école mennaisienne3, désireuse de lutter contre l’école mutuelle, jugée impie (la dernière partie y revient). Beaucoup de points rapprochent de l’école lasallienne : les frères sont invités, jusqu’en 1868, à s’inspirer de la Conduite des écoles. Une divergence nette existe sur les punitions. L’éducation doit conduire « à la sainteté, par la douceur ». L’enseignement simultané n’est pas généralement adopté. Si l’école comporte deux classes, celle des débutants se consacre à la lecture et au calcul, tandis que la seconde aborde l’apprentissage de l’écriture. La méthode, souple, cherche à s’adapter aux circonstances : il faut répondre aux besoins des parents, de même qu’à l’évolution de la société. Le niveau de la formation s’élève au cours des années 1830. Si un essai d’école primaire supérieure à Dinan ne dure pas, car les esprits ne sont pas mûrs, les frères s’attachent dès que possible à dispenser un enseignement primaire professionnel. L’enseignement agricole se développe après 1850. La situation côtière de plusieurs établissements explique l’attention apportée à l’enseignement de l’hydrographie. À la fin du siècle, les frères auront rédigé des manuels en mathématiques et langues, aussi bien que L’agriculture à l’école primaire (1893).

5La souplesse que montre La Mennais dans l’organisation de l’enseignement fait contraste avec les idées arrêtées qu'il nourrit sur la formation des frères. Ceux-ci doivent se défier de la « vaine science ». Le latin leur est interdit, ce qui coupe court à leur éventuel désir de devenir prêtres. Chant et musique sont également prohibés, même si le supérieur modifie un peu ses vues après 1840. La lecture des journaux et l’intérêt pour l’actualité ne sont pas non plus permis. L’abolition en 1831 du privilège que constituait pour les congréganistes la lettre d’obédience marque un vrai tournant dans la formation des frères qui se trouvent alors obligés de réussir le brevet. Tandis que la formation théorique s’améliore au noviciat, les frères débutants, employés comme sous-maîtres, se familiarisent avec la pédagogie. Une telle préparation fait des frères de l’Instruction chrétienne des maîtres expérimentés et, en général, bien vus des autorités académiques.

  • 4 Il cède la place en 1833 à son frère. La congrégation est dissoute en 1834.

6La seconde partie : « Former des prêtres, éduquer les filles, catéchiser les esclaves », rassemble trois développements bien distincts. Habités par l’idée que la formation du clergé est insuffisante, les deux frères La Mennais se trouvent en 1825 au début de la congrégation de Saint Pierre qui rassemble elle-même quatre communautés antérieures et connaît une existence brève. Félicité en prend la tête4 et enseigne à la Chênaie, avec Gerbet, dans un extraordinaire climat de liberté, la connaissance des grands théologiens, plusieurs langues orientales et la capacité à communiquer. À Malestroit, conférences, débats, travaux de recherche se déroulent dans le cadre d’un règlement. Au contraire des frères de l’Instruction chrétienne, l’analyse du monde contemporain est vue pour eux comme un « outil d’enseignement ».

  • 5 Il conviendrait de nuancer l’affirmation d’un total désintérêt manifesté par les pouvoirs publics.

7Le souci d’éduquer les filles5 conduit Jean-Marie à fonder les Filles de la Providence de Saint-Brieuc. Celles-ci, au départ de pieuses jeunes filles de la bourgeoisie, ouvrent une école en 1818. Leurs constitutions (1833) présentent des analogies avec le Recueil à l’usage des frères de Ploërmel. Après une crise consécutive à l’éclatement de la congrégation de Saint Pierre, la congrégation ouvre plusieurs écoles, mais n’essaime pas dans les campagnes, comme les frères, et connaît donc un développement plus modeste.

8Le ministère de l’Instruction publique demande à J.-M. de La Mennais, en 1836, d’envoyer des frères pour instruire les esclaves des colonies. Cette mission finalement acceptée, les premiers frères arrivent aux Antilles en 1838. Ils rencontrent de nombreuses difficultés : dissensions internes, manque d’effectifs, climat, hostilité de la société coloniale. À la mort du fondateur cependant (1860), 154 frères enseignent hors de Bretagne et scolarisent 5 800 enfants.

9Le politique fait l’objet de la dernière partie : « Luttes contre le monopole de l’Université ». Rien là qui distingue particulièrement les frères des autres congréganistes, si modéré que paraisse parfois leur supérieur. Les thèmes varient avec l’époque considérée : après la lutte contre l’enseignement mutuel viennent les démêlés du Supérieur avec les autorités locales, notamment le maire de Ploërmel, hostile, puis le débat essentiel sur la liberté d’enseignement. L’Institut se développe pourtant à partir de la loi Guizot. 1850 montre le désaccord définitif entre les deux frères. Félicité vote contre la loi de Falloux ; Jean-Marie, consulté lors de son élaboration, admet d’œuvrer dans le cadre qu’elle trace.

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Notes

1 Pourquoi ce recours à M. Gontard ?

2 Sauf lorsqu’il s’agit de noms propres, à commencer par La Mennais que l’on n’écrit pas d’ordinaire avec un « l » minuscule ; p. 36, un inutile « s » à la fin de « Saint-Laurent sur Sèvre » ; p. 37, en note, le nom de Mgr Frayssinous, tout Grand-Maître qu’il soit, ne comporte pas de particule.

3 H.C. Rulon et P. Friot : Un siècle de pédagogie dans les écoles primaires (1820-1940). Histoire des méthodes et des manuels utilisés dans l’Institut des frères de l’Instruction chrétienne de Ploërmel, Paris, Vrin, 1962, permet d’abréger.

4 Il cède la place en 1833 à son frère. La congrégation est dissoute en 1834.

5 Il conviendrait de nuancer l’affirmation d’un total désintérêt manifesté par les pouvoirs publics.

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References

Bibliographical reference

Françoise Mayeur, “PERRIN (Pierre). – Les Idées pédagogiques de Jean-Marie de La MennaisHistoire de l’éducation, 89 | 2001, 179-182.

Electronic reference

Françoise Mayeur, “PERRIN (Pierre). – Les Idées pédagogiques de Jean-Marie de La MennaisHistoire de l’éducation [Online], 89 | 2001, Online since 14 January 2009, connection on 14 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/880; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.880

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