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Comptes rendus

LAUNAY (Marcel). – Les séminaires français aux xixe et xxe siècles

Paris : Cerf, 2003. – 261 p.
Jean-Marie Mayeur
p. 134-135
Bibliographical reference

LAUNAY (Marcel). – Les séminaires français aux xixe et xxe siècles. – Paris : Cerf, 2003. – 261 p.

Full text

1Publié dans l’utile collection « petit Cerf-histoire », ce livre aborde un sujet important : la formation cléricale, qui n’avait pas fait l’objet de synthèse comparable portant sur les xixe et xxe siècles, même si, au long d’une histoire du clergé ou d’une histoire de diocèse, le sujet est volontiers abordé. Rares sont du reste les études de séminaire ou de petits séminaires. Héritage tridentin, reconstruction post-révolutionnaire, formation et études cléricales au xixe siècle, crise de la séparation, mutations du xxe siècle, crise du sacerdoce, tels sont les axes majeurs d’un livre enrichi par une trentaine de pages de documents. L’ouvrage est au cœur de plusieurs histoires, celle de l’Église catholique, celle des courants d’idées théologiques, philosophiques, intellectuels, celle d’institutions scolaires que l’auteur ne manque pas de comparer aux collèges et lycées, comparaison d’autant plus indispensable que nombre de petits séminaires « mixtes » sont, en même temps, collèges. On appréciera le sens de la synthèse, la finesse, le souci du concret de l’auteur, ainsi lorsqu’il évoque la vie quotidienne dans les établissements. L’information est sûre et diverse. On doit regretter en revanche que le genre de la collection ne permette pas de donner au moins quelques notes, qui éclaireraient la source de citations fort précieuses.

2On retiendra particulièrement les développements relatifs aux écoles presbytérales, qui réunissent quelques pensionnaires autour d’un curé. Dans les années d’après la Révolution, ces « petites écoles ecclésiastiques » pallient l’absence de petits séminaires ou bien sont une école préparatoire à ceux-ci, assurant un prérecrutement. Cette formule se maintient jusqu’aux années 1840, et parfois au-delà. Le vœu des évêques allait cependant à l’essor de petits séminaires. Installés dans la ville de l’évêque ou dans de petites villes, ils jouent souvent le rôle de collèges. Comme le disait Mgr Frayssinous, Grand maître de l’Université, en 1823 : « il est bon qu’il y ait des écoles où les élèves du sanctuaire soient rapprochés de ceux au milieu desquels ils doivent vivre un jour : l’inconvénient de quelques vocations arrêtées dans leur cas est abondamment compensé ». M. Launay présente les bâtiments, le corps enseignant longtemps inégal, le projet pédagogique, la vie quotidienne, dont le cadre spartiate, note l’auteur, est « le lot commun de la plupart des collèges et lycées ». Les petits séminaires connurent leurs dernières belles années pendant l’entre-deux-guerres. Ils jouent alors moins souvent le rôle de collèges. Grâce à des bourses, ces petits séminaires permirent d’aller au-delà de l’école primaire aux enfants des classes moyennes des bourgs et des agriculteurs.

3Abordant les grands séminaires, M. Launay montre que les études cléricales du xixe siècle sont dominées par le modèle de Saint-Sulpice, même si, à côté des sulpiciens, des lazaristes, des prêtres diocésains enseignent dans les séminaires. La formation spirituelle, venue de l’école française du xviie siècle, l’idéal du prêtre « séparé », les méthodes doivent beaucoup au modèle sulpicien. La formation intellectuelle est d’un niveau inégal, mais s’élève incontestablement à partir des années 1860 et plus encore à la fin du xixe siècle. On comprend dès lors les incidences de la crise moderniste dans les séminaires. Autre crise, les luttes anticléricales : la politique anticongréganiste de Combes contraignant religieux et congréganistes à abandonner leurs responsabilités dans les séminaires, la séparation des Églises et de l’État, faute d’associations culturelles, conduit la majorité des diocèses à perdre leurs séminaires et petits séminaires.

4Les développements consacrés au xxe siècle représentent un tiers de l’ouvrage. On retiendra les pages consacrées aux séminaristes confrontés à la guerre, en 1914-1918, en 1939-1945, le conflit algérien. On suivra aussi les évolutions progressives des petits séminaires et des séminaires. Elles ne purent enrayer la crise à partir du milieu des années 1960. Les petits séminaires furent victimes du développement des collèges. La crise des vocations – le millier par an désormais –, les mises en question de l’image classique du prêtre mettaient en cause la formation sacerdotale venue de l’époque moderne. M. Launay aborde les essais de réformes, le regroupement de séminaires – une vingtaine aujourd’hui –, la création aussi de nouveaux centres de formation. Ce livre dense et médité constituera une référence nécessaire.

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References

Bibliographical reference

Jean-Marie Mayeur, “LAUNAY (Marcel). – Les séminaires français aux xixe et xxe sièclesHistoire de l’éducation, 101 | 2004, 134-135.

Electronic reference

Jean-Marie Mayeur, “LAUNAY (Marcel). – Les séminaires français aux xixe et xxe sièclesHistoire de l’éducation [Online], 101 | 2004, Online since 07 January 2009, connection on 14 September 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/795; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.795

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