Des collèges médiévaux aux campus
Résumés
L’intérêt des historiens pour le patrimoine architectural des établissements d’enseignement secondaire et supérieur est apparu dans le courant du xixe siècle. Le nombre et la finalité de leurs travaux n’ont cessé depuis de varier selon les époques et les pays. Aujourd’hui, on ne compte plus les monographies d’édifices, mais les études proprement typologiques sont encore trop rares. Se fondant sur de nombreux exemples, essentiellement européens et américains, cet article tente de dresser un bilan de la question et de rendre compte de la diversité des sujets et des approches. Il en ressort que la manière dont a été longtemps étudiée l’histoire de l’architecture scolaire procède du rapport qu’une population entretient avec les établissements eux-mêmes, parfois aussi de considérations très empiriques. La déférence des Anglais à l’égard de leurs vénérables collèges et le regard pragmatique que portent les Américains sur leurs campus ont ainsi inspiré des essais de natures différentes ; au contraire, le discrédit dont ont longtemps souffert les bâtiments anciens des établissements français explique sans doute qu’aucune véritable étude d’envergure ne leur a encore été consacrée.
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Chronologie :
Moyen Âge (XIIe-XVe siècle), XVIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècle, XXe sièclePlan
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- 1 Cette analogie apparaissait déjà au milieu du xixe siècle dans les écrits de l’Américain Henry Barn (...)
- 2 Il est rare qu’une même étude confronte des bâtiments des trois degrés d’enseignement. Un article d (...)
- 3 Malcolm Seaborne : The English School. Its Architecture and Organization, 1370-1870, Londres, Routl (...)
- 4 La Mémoire des pierres. Découvrez l’architecture scolaire à Bruxelles. Bruxelles Architecture Scola (...)
- 5 Anne-Marie Châtelet (dir.) : Paris à l’école, « Qui a eu cette idée folle… », Paris, Pavillon de l’ (...)
- 6 Tjeerd Boersma et Ton Verstegen (dir.) : Nederland naar school. Twee eeuwen bouwen voor een verande (...)
- 7 Voir supra, pp. 24-25, par Anne-Marie Châtelet.
- 8 DanaJohnson : « La Poursuite des études avancées. L’école secondaire en Ontario, 1800-1930 », Bulle (...)
- 9 Ola Uduku : An Analysis of the Factors Affecting the Design of Secondary Schools in Nigeria, Ph.D. (...)
- 10 Dale Allen Gyure : The Transformation of the Schoolhouse. American Secondary School Architecture an (...)
- 11 Catherine Rochant : Architectures et lycées en Île-de-France, Paris, Conseil régional d’Île-de-Fran (...)
- 12 Citons : Charles Dagois : De l’architecture des lycées parisiens, 1930-1940, Mémoire de travaux pra (...)
1Le projet initial de cet essai était de rendre compte de ce qui avait été écrit sur les bâtiments destinés à l’enseignement secondaire, d’une part, et supérieur, d’autre part. Au final, il sera peu question des premiers, du moins de ceux d’entre eux qui ont été construits depuis deux cents ans. Il est vite apparu, en effet, que ceux-là n’ont guère fait jusqu’ici l’objet d’études d’envergure spécifiques. Cela tient sans doute à ce que l’historiographie de l’architecture scolaire les assimile traditionnellement aux bâtiments des écoles primaires, dont ils constitueraient, en quelque sorte, une variante plus ou moins monumentale1. S’il ne vient à personne l’idée de mettre sur un même plan écoles rurales et campus universitaires, il est fréquent de voir présentés, dans un même ouvrage, des établissements primaires et secondaires, où ces derniers se voient souvent, d’ailleurs, octroyer une moindre place2. On en trouve l’exemple dans de nombreuses publications aux ambitions locales ou nationales, en Grande-Bretagne3, en Belgique4, en France5 ou aux Pays-Bas6. Outre-Atlantique, les rapports de recherche provinciaux qu’avait sollicités l’Inventaire des bâtiments historiques du Canada (IBHC) au début des années 1980, présentaient également quelques écoles secondaires7, mais un seul d’entre eux leur fut exclusivement consacré, qui couvrait l’Ontario8. Ces vingt dernières années, peu d’historiens se sont engagés dans cette voie. Deux thèses universitaires sont toutefois à noter : celle d’Ola Uduku, soutenue en 1992, qui porte sur l’architecture des établissements nigérians9, et celle de Dale Allen Gyure, soutenue en 2001, qui s’intéresse aux établissements américains, en particulier à ceux de Saint-Louis et de Chicago, sur une période courte, mais décisive10. Quant à l’histoire architecturale des lycées français, elle a été abordée pour la première fois en 1988, mais d’une manière trop hâtive, à travers l’exemple francilien11. Depuis cette date, elle a inspiré peu d’études d’ensemble12.
2C’est donc essentiellement aux histoires des édifices universitaires qu’est consacré cet article. Celles-ci recouvrent trois niveaux d’investigation, du général au particulier : les plus ambitieuses sont les études qui tentent de cerner une typologie transnationale, mais on les compte sur les doigts d’une main ; celles qui embrassent une région ou un pays entier, tout aussi précieuses, sont également rares ; celles, enfin, qui ne s’attachent qu’à un établissement sont pléthoriques et d’inégale valeur. Tous ces travaux forment un ensemble tentaculaire, qui embrasse neuf siècles (xiie-xxe siècles), et dont le caractère composite et néanmoins fragmentaire n’a d’égal que l’extrême variété des objets considérés et des points de vue adoptés. Aucun recensement bibliographique n’en a été dressé, à notre connaissance.
- 13 Pour la compréhension des études espagnoles, allemandes et hollandaises, j’ai bénéficié de l’aide a (...)
3Pour constituer la base du corpus de notre étude, nous avons donc interrogé les catalogues des principales bibliothèques européennes et nord-américaines, tout particulièrement ceux des bibliothèques d’architecture. Une grande partie des travaux ainsi répertoriés a pu être consultée ensuite à Paris et au Royal Institute of British Architects (RIBA), à Londres ; ceux qui ne s’y trouvaient pas ont été commandés ; d’autres n’ont pu être vus (la totalité des références italiennes, notamment), et ne seront donc pas mentionnés ici13. Les études portant sur des établissements installés dans des bâtiments qui n’étaient pas initialement à usage universitaire ont été exclues. Enfin, nous n’avons retenu que les textes qui avaient une portée générale. Les enseignements que nous avons tirés de ce dépouillement ont peu à peu révélé la structure de ce qui suit.
4Cet essai ne prétend nullement à l’exhaustivité. Plus simplement, il aimerait donner une idée de la richesse d’un sujet protéiforme (l’histoire de l’architecture des collèges et universités), en montrant comment la spécificité des établissements a pu induire des types particuliers d’enquête et en dégageant certaines problématiques soulevées dans le passé. Il entend fournir des outils et suggérer des pistes de réflexion.
I. Trois pays face à leur patrimoine scolaire
- 14 John Summerson : Architecture in Britain. 1530-1830, 1953, rééd. New Haven/Londres, Yale University (...)
- 15 Hugh Morrison : Early American Architecture. From the First Colonial Settlements to the National Pe (...)
- 16 Louis Hautecœur : Histoire de l’architecture classique en France, Paris, Picard, sept tomes, 1943-1 (...)
5L’attention portée aux bâtiments des collèges anciens diffère d’un pays à l’autre. En Angleterre, aux États-Unis ou en France, par exemple, des intérêts divergents ont influencé la manière d’envisager l’histoire architecturale des établissements et déterminé le moment où on a entrepris de l’écrire : la première grande étude britannique fut publiée en 1886 ; près de cent ans plus tard, paraissait la première histoire d’envergure portant sur les campus américains ; quant à l’ouvrage de référence français, il se fait toujours attendre… Il est également éloquent de constater que, dans les années 1950, des histoires générales de l’architecture anglaise14, d’une part, et américaine15, d’autre part, ont considéré les collèges isolément, tandis que la monumentale Histoire de l’architecture classique en France de Hautecœur16 ne leur consacrait que quelques lignes disséminées au fil des volumes. Ces trois approches singulières méritent d’être élucidées.
1. « Oxbridge » : la déférence des Anglais
- 17 Parmi les ouvrages les plus anciens, citons notamment History and Antiquities of the University of (...)
- 18 David Loggan : Oxonia illustrata, Oxoniæ, 1675 ; et Cantabrigia illustrata, Cantabrigiæ, 1690.
- 19 A History of the University of Oxford, its Colleges, Halls, and Public Buildings, deux volumes, Lon (...)
6En Angleterre, l’intérêt suscité par les bâtiments d’enseignement est ancien, et naît, presque fatalement, à Oxford et Cambridge. Pendant longtemps, la physionomie des édifices retint seule l’attention ; aux collèges étaient consacrés des guides descriptifs17, ainsi que des recueils d’estampes dont les plus importants sont dus au graveur David Loggan (1634-1692)18 et à l’éditeur Rudolf Ackermann (1764-1834)19. Le premier, qui s’intéressait aux bâtiments pour eux-mêmes, faisait abstraction de leur environnement et privilégiait les expositions frontales ; chaque établissement était illustré par une perspective cavalière – qui permettait d’embrasser simultanément son apparence et sa configuration générales –, parfois aussi par une élévation de sa façade principale ou la vue d’une cour, toujours agrémentées de petits personnages. Les aquatintes du second étaient plus pittoresques, et les points de vue, plus diversifiés ; les collèges y apparaissaient souvent au détour d’une rue ou émergeant d’un massif d’arbres. Ces deux approches (l’une proprement architecturale, l’autre plus sentimentale et attachée au contexte) allaient avoir des postérités propres.
- 20 Voir W. A. Pantin : « The Oxford Architectural and Historical Society, 1839-1939 », Oxoniensia (OAH (...)
- 21 W. A. Pantin., op. cit., p. 188.
- 22 Ibid.
7C’est au milieu du xixe siècle qu’on projette, pour la première fois, de retracer l’histoire matérielle de l’ensemble des collèges dans l’une et l’autre de ces villes. En 1839, à la faveur d’un engouement pour l’art gothique, deux associations avaient été fondées au sein de chacune d’elles : The Oxford Society for Promoting the Study of Gothic Architecture (Oxford Architectural and Historical Society, depuis 1860), puis la Cambridge Camden Society (Ecclesiological Society, depuis 1845). Vouées à l’origine à l’architecture religieuse, toutes deux analysaient avec soin les églises anciennes ; elles en relevaient plans et élévations, et guidaient leur restauration ; elles inspiraient également la conception des églises nouvelles dans le pays, et parfois même jusque dans les lointaines colonies britanniques. Mais après quelques années, l’association oxfordienne décida de se recentrer sur l’histoire et le patrimoine locaux, et d’élargir son champ d’action aux monuments civils20. En 1857, on envisagea de faire de la ville d’Oxford le principal objet de ses investigations, et de retracer le passé des édifices en les replaçant dans l’époque qui les avait suscités21. Ce souci des circonstances historiques devait s’appliquer notamment aux collèges. Parce que le seul moyen d’élaborer une histoire de l’université consistait, pensait-on, à faire œuvre collective, il fut proposé de faire étudier chaque établissement par un de ses propres membres, qui en rattacherait « l’architecture, autant que possible, à l’histoire du temps ou à certaines de ses figures éminentes »22. Ces contributions, qu’il n’était pas question alors de rassembler dans une publication spécifique, prirent bientôt la forme de conférences données au sein de l’association.
- 23 Robert Willis et John Willis Clark : The Architectural History of the University of Cambridge, and (...)
8La démarche adoptée à la même époque par Robert Willis (1800-1875), dans la ville rivale, était très différente. Ce professeur de mécanique industrielle (mechanical engineering), qui fut l’un des premiers vice-présidents de la Cambridge Camden Society, avait entrepris d’explorer seul le patrimoine bâti de son université ; passionné de longue date par l’architecture autant que par les machines, il voulait comprendre les rouages des édifices considérés, discerner les campagnes de travaux successives, les transformations et les extensions, en retrouver les fondements, analyser les modes de construction, etc., sans réel égard pour le contexte culturel, religieux, politique ou économique dans lequel s’étaient déroulés les chantiers. Le 5 juillet 1854, il exposa publiquement un premier état de ses recherches (On the collegiate and other buildings in Cambridge), qu’il projetait déjà de publier. D’autres conférences suivirent (1860, 1861 et 1869), mais à sa mort, en 1875, cette première véritable étude typologique des bâtiments d’enseignement demeurait inachevée. Il revint au légataire de ses notes et manuscrits, son neveu John Willis Clark (1833-1910), de mener celle-ci à terme, et de la faire paraître enfin en 188623.
- 24 D. Watkin : « Introduction » à la réédition de l’ouvrage de Willis et Clark, 1988, tome I, p. XIX.
9Illustré de plus de trois cents gravures, l’ouvrage se divisait en trois parties : la première consistait en une introduction historique ; la deuxième, de loin la plus longue, en une « histoire architecturale des collèges et des bâtiments de l’Université », lesquels étaient étudiés un à un ; la troisième, enfin, en une succession d’« essais sur les différentes parties constitutives d’un collège » (la disposition générale, l’entrée, les chambres et pièces de travail, le logement du principal, la salle commune et la cuisine, la bibliothèque, la chapelle, etc.). Un recueil de plans complétait l’ensemble, qui permettait, grâce à une ingénieuse superposition de calques, de démontrer que chaque établissement est un palimpseste24.
- 25 Augustus Jessopp écrivit, par exemple, qu’il s’agissait d’une « des plus importantes contributions (...)
- 26 D. Watkin, op. cit., p. VIII. Watkin souligne que la démarche de Willis s’inscrivait dans une tradi (...)
- 27 Alec C. Crook :Penrose to Cripps. A Century of Building in the College of St John The Evangelist, C (...)
- 28 Idem :From the Foundation to Gilbert Scott. A History of the Buildings of St John’s College, Cambri (...)
10Cette publication, qui eut un grand retentissement25, se démarquait particulièrement de tout ce qui avait écrit jusqu’alors sur le sujet par la méthode de travail adoptée. En confrontant les informations patiemment recueillies dans les archives de chaque collège à ce que révélait l’observation des bâtiments eux-mêmes, Willis avait contribué à « donner forme à cette nouvelle science qu’est l’histoire de l’architecture »26. À la fin des années 1970, l’emprise de son étude était encore telle que, lorsque l’architecte Alec Crook se pencha sur l’histoire matérielle du St John’s College (fondé en 1511, à Cambridge), celui-ci reprit d’abord le fil du récit où Willis et Clark l’avaient interrompu, c’est-à-dire en 188527. Ce n’est que dans un second temps qu’il consentit à examiner, à son tour, les bâtiments du collège qui avaient été élevés avant cette date28. Cette « suite » avait été sollicitée par des membres de l’établissement.
- 29 Royal Commission on Historical Monuments for England : An Inventory of the Historical Monuments in (...)
- 30 Compte rendu par W. A. Pantin, dans Oxoniensia, vol. V, 1940, p. 179.
- 31 Royal Commission on Historical Monuments for England : An Inventory of the Historical Monuments in (...)
- 32 Nikolaus Pevsner : Cambridgeshire, Harmondsworth, Penguin Books, coll. « The Buildings of England», (...)
11Au xxe siècle, d’autres ouvrages ont porté un regard d’ensemble sur les patrimoines d’Oxford et de Cambridge, dont ils ne manquaient pas de souligner les exceptionnels mérites artistiques. à défaut d’en être le sujet exclusif, les collèges y tenaient naturellement une place importante et chacun d’eux faisait l’objet d’une notice détaillée. En 1939, la Royal Commission on Historical Monuments for England offrait à la ville d’Oxford l’étude générale qui lui faisait encore défaut29 ; on y trouvait en particulier, « réunis pour la première fois dans un même volume, des plans datés de tous [ses] collèges »30. Vingt ans plus tard, ladite commission se penchait sur la ville de Cambridge31. Et en 1954 et 1974, l’historien de l’art Nikolaus Pevsner éditait de précieux guides des comtés au sein desquels se situent les deux universités, dans sa fameuse série : « The Buildings of England »32. Là encore, les textes consacrés à chaque collège, et eux seuls, étaient accompagnés d’un plan.
2. Les campus : le pragmatisme des Américains
- 33 Andrew McFarland Davis : « A Search for a Lost Building», The Atlantic Monthly (Boston/New York), v (...)
- 34 Ashton R. Willard : « The Development of College Architecture in America », The New England Magazin (...)
- 35 Idem : « College Libraries in the United States », ibid., vol. XVII, n° 4, décembre 1897, pp. 422-4 (...)
12De l’autre côté de l’Atlantique, c’est également dans les dernières années du xixe siècle que parurent les premières études rétrospectives consacrées spécifiquement à l’architecture des établissements d’enseignement supérieur. En 1890, l’historien Andrew McFarland Davis s’efforçait de reconstituer le bâtiment initial de Harvard (le plus vieux des collèges américains), dont il ne restait ni vestige, ni représentation33 ; pour ce faire, il recourait à une poignée de publications anciennes et aux ressources des archives de l’établissement, et expliquait à ses lecteurs les avantages comme les limites de cette procédure, ce qui laisse supposer que celle-ci était encore inhabituelle. Sept ans plus tard, le critique Ashton Willard dressait le premier bilan historique de la question34. N’hésitant pas lui-même à remémorer des édifices disparus (ceux, du moins, dont des gravures avaient perpétué l’image), il offrait un panorama des différents dispositifs et styles architecturaux adoptés successivement dans la construction des collèges depuis le début du siècle précédent, avant de s’attarder, à l’instar de Willis et Clark, sur les solutions retenues pour certains bâtiments ou locaux spécifiques : les chapelles, les Society et Memorial Halls, les salles à manger et les musées, ainsi que, dans une moindre mesure, les gymnases et les laboratoires ; les bibliothèques firent à elles seules l’objet d’un second article35.
- 36 Selon Willard, ces différents partis résultaient de la culture religieuse de chacun des deux pays : (...)
- 37 En 1890, Davis insistait déjà sur le caractère rudimentaire et incommode du premier bâtiment d’Harv (...)
- 38 Montgomery Schuyler : « Architecture of American Colleges », Architectural Record (New York), série (...)
13La publication de cette étude à l’époque même où, aux États-Unis, une importante réforme du système universitaire suscitait de nouvelles doctrines relatives à l’aménagement des établissements n’est pas fortuite. Dans son texte, en effet, Willard opposait le « plan américain » – qui consistait traditionnellement en une collection de bâtiments indépendants, affectés chacun à une fonction particulière – au « plan anglais » – où tous les organes du collège étaient regroupés sans discontinuité autour de cours fermées : les quadrangles –, et ne cachait pas sa prédilection pour ce dernier36. Or ce mode d’agencement, mâtiné des principes de composition propagés par l’école des Beaux-Arts de Paris (ampleur du parti, symétrie, etc.), était précisément en faveur alors auprès de nombreux architectes et présidents de collèges et universités américains. L’analyse historique que proposait Willard était donc au service d’un idéal d’ordonnancement qu’il s’agissait de légitimer en démontrant la prétendue indécision qui avait prévalu dans la conception des établissements jusqu’alors, ainsi que l’inconvenance des solutions qu’on avait retenues37. Vers 1910, examinant à son tour l’architecture des collèges, le critique Montgomery Schuyler fustigeait encore l’aspect chaotique des plans d’un grand nombre d’entre eux38.
- 39 A. R. Willard : « The Development… », op. cit., p. 525.
- 40 Richard P. Dober : Campus Planning, s.l., Reinhold Publishing Corporation, 1963, 314 p.
- 41 Ibid., avant-propos non paginé.
- 42 Ibid., pp. 13-42 (« Campus Design in Perspective »).
- 43 R. P. Dober : Campus Architecture. Building in the Groves of Academe, New York/Londres, McGraw-Hill (...)
- 44 Brian Edwards : University Architecture, Londres/New York, Spon Press, 2000, VII-164 p. Cet ouvrage (...)
14Comprendre le passé pour mieux assurer l’avenir, quitte à instrumentaliser l’histoire, fut longtemps la finalité de la plupart des travaux dédiés aux collèges américains. Cette approche procédait de la nature même des campus. En Angleterre, les établissements « avaient poussé comme pousse un arbre »39, c’est-à-dire par des accroissements successifs qui avaient accentué leur irrégularité ; chaque nouvelle construction se rattachait simplement aux autres comme un anneau à une chaîne, et personne n’avait jamais réclamé un remaniement du tout. Aux États-Unis, au contraire, l’étendue de nombre d’établissements, leur caractère quasi urbain et la contrainte récurrente de leur adjoindre des bâtiments financés par de riches donateurs avaient engendré une activité spécifique, apparue au cours du xixe siècle : celle des campus planners, à la fois architectes et urbanistes, qui étaient chargés de préparer les plans d’ensemble des nouveaux collèges, mais aussi d’accommoder, au gré des besoins ou des modes, ceux des collèges existants. Les articles de Willard et de Schuyler visaient à nourrir leur réflexion, comme le firent, par la suite, de véritables manuels, dont certains faisaient également grand cas de l’étude du passé, mais d’une manière moins tendancieuse. Fort de sa propre expérience, l’architecte Richard Dober publiait l’un d’eux en 1963, alors que la plupart des établissements devaient se préparer à répondre à une flambée des effectifs d’étudiants40. Son propos était d’établir « une base de départ qui permette à chaque institution, à chaque planificateur [planner], à chaque concepteur [designer], de trouver une solution particulière à un problème précis, aussi bien que des solutions générales à des problèmes généraux »41. Parce qu’il estimait que ceux qu’il avait fallu résoudre autrefois étaient souvent de même nature que ceux des temps présents, Dober consacrait un chapitre entier à l’examen chronologique des dispositifs des campus, et s’efforçait d’en tirer des enseignements42 ; quant aux parties plus théoriques, elles s’appuyaient sur quantité d’exemples architecturaux ou urbanistiques, puisés ici et là, procédé qu’on retrouva par la suite dans les deux essais qu’il consacra encore au sujet43, ainsi que dans celui de son confrère britannique Brian Edwards44. Le patrimoine universitaire tenait ainsi lieu de répertoire de solutions, de formes et de styles, dont l’exposition permettait d’éclairer les architectes contemporains sur les moyens de contenter les besoins propres aux établissements.
- 45 Albert Bush-Brown : Image of a University. A Study of Architecture as an Expression of Education at (...)
- 46 Eric Johannesen : Ohio College Architecture before 1870, Columbus, Ohio Historical Society, 1969, 5 (...)
- 47 Paul Venable Turner : Campus. An American Planning Tradition, 1984, rééd. 1995, New York/Cambridge (...)
- 48 Ce parti se reflétait dans l’abondante iconographie, où l’on trouvait nombre de vues d’ensemble, pl (...)
- 49 Turner s’en justifiait en expliquant que, jusqu’en 1776, les Anglais n’avaient pas fondé de collège (...)
- 50 Ibid.
- 51 Thomas A. Gaines : The Campus as a Work of Art, New York, Praeger, 1991, X-168 p. L’auteur avait dé (...)
- 52 P. V. Turner : « Some Thoughts on History and Campus Planning », Planning for Higher Education (Uni (...)
15En 1958, en marge de ces travaux dont le pragmatisme était suscité par les impératifs du moment, une première étude approfondie avait été consacrée à l’histoire matérielle des collèges et universités, étude assurément pionnière, mais qui se limitait à une période donnée (le xixe siècle), s’attachait particulièrement aux établissements de la côte Est (c’est-à-dire aux plus anciens et plus prestigieux des collèges américains), et portait plus d’attention aux bâtiments qu’à l’évolution des dispositions globales45. D’autres investigations régionales furent menées au tournant des années 197046, mais il fallut attendre 1984, et la parution de Campus. An American Planning Tradition, pour que les États-Unis disposent enfin d’un ouvrage de référence équivalent à celui dont Willis et Clark avaient gratifié l’Angleterre cent ans plus tôt47. Plus urbanistique que proprement architecturale48, l’étude de l’universitaire Paul Turner se démarquait des travaux antérieurs par son ampleur : elle embrassait plus de trois siècles (de la fondation de Harvard à nos jours), couvrait tout le territoire national49 et ne négligeait aucune catégorie de collèges. Surtout, Turner soulignait le caractère délibéré des divers types d’agencement adoptés dans le passé, qu’on avait longtemps imputés au hasard. Il établit ainsi que, depuis l’époque coloniale, les campus s’étaient développés de manière autonome, indépendamment des standards européens, que leur conception spécifique était profondément ancrée dans l’histoire sociale, économique et culturelle des États-Unis, et qu’ils avaient même constitué « le laboratoire de ce qui furent sans doute les expériences américaines les plus caractéristiques en matière d’aménagement [planning] architectural »50. Ses conclusions contribuèrent au premier chef à modifier le regard porté sur les installations universitaires. Six ans plus tard, l’architecte Thomas Gaines assimilait lui-même les campus aux autres créations purement américaines que sont les gratte-ciel et les comédies musicales, et soulignait leur valeur artistique, encore rarement perçue51. Quant aux campus planners, Turner les exhortait désormais à respecter et perpétuer les spécificités des établissements dont ils avaient la charge, discours bien différent de ceux qui leur avaient été tenus jusqu’alors52.
3. Les collèges parisiens : l’indifférence des Français
- 53 Encyclopédie, tome III, Paris, [1753], p. 632 (article « Collège »).
- 54 G. Lenotre : « Le lycée Louis-le-Grand », La Science illustrée, n° 316, 16 décembre 1893, pp. 33 et (...)
16Au contraire des Anglais et des Américains, les Français n’ont longtemps évalué les bâtiments de leurs collèges qu’à l’aune de la fonctionnalité et des convenances. Ceux-ci devaient être construits « avec solidité & simplicité »53, et quand ils étaient jugés trop vétustes ou trop malcommodes, on n’hésitait pas à les sacrifier sur l’autel de la rationalité. Au xviie siècle, Richelieu avait ainsi fait disparaître l’ensemble des bâtiments médiévaux de la Sorbonne, auxquels il avait substitué de nouvelles constructions qui, à l’exception de la chapelle, furent remplacées à leur tour sous la Troisième République. Simultanément à cette seconde reconstruction de la Sorbonne, l’historien Georges Lenotre déplorait la démolition imminente de « l’antique façade » du lycée Louis-le-Grand, bien qu’il jugeât celle-ci « laide […], sans style, sans proportions, […], malpropre, lépreuse, irrégulière, presque sordide », et concluait : « Ce qui me console, c’est [que la nouvelle bâtisse] deviendra vieille à son tour et [que] dans trois ou quatre siècles il se trouvera un architecte pour la déclarer, elle aussi, bonne à abattre »54.
17Àen juger par l’exemple parisien, ces sentiments largement partagés n’avaient pas empêché plusieurs auteurs de se pencher sur les collèges. Aux xviie et xviiie siècles, deux types de publications, aux finalités très différentes, les avaient examinés : les guides destinés aux voyageurs et aux curieux, et les recueils ou traités d’architecture. Les premiers embrassaient tous les établissements, sans distinction de nature ou de mérite ; les seconds ne présentaient que quelques édifices seulement, sélectionnés pour leur excellence et leur exemplarité.
- 55 Poncelin : Histoire de Paris, et description de ses plus beaux monuments, Dessinés & Gravés en tail (...)
- 56 Étaient figurés chacun des dix collèges de plein exercice, ainsi que le collège de Sorbonne, le Col (...)
- 57 Montaigne : Essais, livre I, chap. XXVI. C’est au vu des gravures de Martinet que l’historien de Pa (...)
18Entièrement consacré à l’université de Paris, l’ouvrage de Poncelin, avocat au Parlement, était particulièrement riche en informations historiques et en descriptions architecturales55 ; surtout, il était illustré de petites gravures de François-Nicolas Martinet, formant l’unique ensemble de vues des établissements de la capitale sous l’Ancien Régime56. On ne saurait mieux saisir la différence de considération dont jouissaient alors les installations des collèges de part et d’autre de la Manche qu’en confrontant ces modestes tailles-douces avec les majestueuses planches de Loggan, exécutées à Oxford et Cambridge, cent ans plus tôt. La différence d’échelle n’était pas tout : comme son devancier, Martinet avait adopté un mode de représentation systématique (à chaque établissement étaient associés au moins une élévation de la façade sur rue et un panorama de la cour principale) et animé ses images par de petits personnages surpris en pleine activité ; comme lui également, il avait choisi de représenter la porte d’entrée ouverte, mais tandis que, chez l’Anglais, cela apparaissait comme un gage d’hospitalité, cette béance dévoilait partout, chez le Français, la lourde grille qui, quelques mètres plus loin, terminait le passage couvert menant à la cour, et évoquait la « vraye geaule de jeunesse captive » à laquelle Montaigne assimilait déjà les collèges deux siècles auparavant57.
- 58 Outre celui de Poncelin, citons les ouvrages de M. Le Maire : Paris ancien et nouveau, Ouvrage très (...)
- 59 L. Liger, op. cit.
- 60 (Quatre-Nations) Jacques-François Blondel : Architecture française, ou Recueil des plans, élévation (...)
- 61 (Chapelle de la Sorbonne) Jean Marot : Recueil des plans, profils et élévations des [sic] plusieurs (...)
- 62 Quatremère de Quincy : Encyclopédie méthodique. Architecture, tome Ier, Paris/Liège, 1788, pp. 715- (...)
- 63 En particulier, sur le collège Romain, à Rome, et sur Queen’s College, New College et Christ Church (...)
19Les auteurs de guides s’attachaient à légitimer l’existence des établissements en mettant l’accent sur la date éloignée de leur création, ainsi que sur l’identité de leurs fondateurs et bienfaiteurs, mais percevaient l’ancienneté des installations comme un handicap qu’aucun sentiment artistique ne suffisait à compenser58. En 1715, Liger estimait ainsi que la plupart des collèges parisiens n’avaient « rien de remarquable que leur antiquité », et ne reconnaissait de qualités architecturales qu’aux collèges des Quatre-Nations et de Sorbonne, c’est-à-dire aux seuls établissements dont les bâtiments formaient un ensemble homogène et construit de fraîche date59. Cette position était partagée par les architectes. En fait de constructions scolaires, seules certaines des réalisations élevées depuis le xviie siècle avaient leur faveur : le collège des Quatre-Nations et le séminaire de Saint-Sulpice, qui firent l’objet d’une présentation complète60, ainsi que la Sorbonne et le collège des Irlandais (ancien collège des Lombards), dont on ne publia que les chapelles61. Et quand ces constructions furent à leur tour considérées comme surannées, ils allèrent chercher à l’étranger les modèles qui faisaient défaut en France, à l’instar de Quatremère de Quincy qui, à la veille de la Révolution, dans un long texte consacré aux collèges, ne mentionnait qu’évasivement les établissements de Paris, « parmi lesquels on auroit peine à en trouver un qui pût fixer les regards d’un homme de goût »62, et préféraient s’étendre longuement sur ceux d’Italie et d’Angleterre63.
- 64 L’expulsion des Jésuites, en 1762, avait vidé le collège de Louis-le-Grand et entraîné la réunion, (...)
- 65 Dès les années 1840, les Annales archéologiques, bientôt relayées par le comte de Montalembert à la (...)
- 66 N. M. Troche : « Ancienne chapelle du collège de Navarre », Revue archéologique, 1844, 3e livraison (...)
- 67 Anonyme : « L’abbaye de Sainte-Geneviève. Ancien collège Henri IV. Lycée Napoléon », Le Magasin pit (...)
- 68 Entre 1851 (année de sa fondation) et 1858, l’Encyclopédie d’architecture reproduisit celles des ci (...)
20Le xixe siècle vit le démantèlement progressif de ces constructions archaïques, dont beaucoup avaient perdu depuis longtemps leur affectation initiale64. Ces destructions, dictées par l’administration, contribuèrent à retourner une partie de l’opinion65, et incitèrent les amateurs d’antiquités à se pencher sur l’histoire singulière des bâtiments qui couraient un péril imminent. La plus ancienne étude que nous avons retrouvée date de 1844 ; elle présentait la chapelle du collège de Navarre (xive siècle), que la « pioche du démolisseur officiel » s’apprêtait à dénaturer66. D’autres publications suivirent, parfois indignées par les dommages annoncés, souvent résignées, qui consistaient ordinairement en un simple récit chronologique, sans véritable analyse architecturale et sans mise en perspective, mais accompagné d’au moins une illustration. Il importait, en effet, de saisir par le crayon, tant qu’il était encore temps, « quelques traits de la physionomie du passé » afin de les « transmettre à nos descendants »67. Les revues d’architecture se penchèrent également sur les constructions menacées, mais, plus préoccupées de constituer un catalogue de formes que de rendre compte de leurs distributions complètes, elles se concentrèrent sur leurs portes, c’est-à-dire sur leurs parties les plus ornées68.
- 69 Albert Lenoir : Statistique monumentale de Paris, Paris, 1867, pp. 221-223 (« Saint-Jean-l’Évangéli (...)
- 70 Ce constat n’est pas propre à leur histoire matérielle. Marie-Madeleine Compère a, en effet, observ (...)
21Ce « mouvement archéologique » était paradoxalement encouragé par le gouvernement et les édiles de la capitale, qui patronnèrent plusieurs enquêtes de longue haleine, dont les résultats parurent à partir de la fin du Second Empire. Ces ouvrages savants, illustrés parfois de beaux relevés architecturaux, répertoriaient le patrimoine parisien de l’Ancien Régime ; les collèges y tenaient une bonne place, mais ils étaient présentés isolément, parmi d’autres monuments, sans égard pour leur typologie spécifique69. Aucun d’eux, pourtant, n’inspira de recherches plus approfondies. À la fin du siècle, il ne restait quasiment aucune trace des vieux collèges, et les historiens français cessèrent définitivement de s’intéresser à eux. Par la suite, comme on va le voir, les seuls essais où il en sera question seront dûs à des Allemands70.
- 71 Christian Hottin rédige actuellement une thèse sur « l’architecture des établissements d’enseigneme (...)
- 72 Christian Hottin (dir.) : Universités et grandes écoles à Paris. Les palais de la Science, Paris, A (...)
- 73 C. Hottin : « Naissance d’une architecture spécifique » et « L’enseignement : les amphithéâtres », (...)
22Il n’existe pas plus, à l’heure actuelle, d’étude d’ensemble portant sur les bâtiments des établissements fondés depuis la Révolution71. Le seul ouvrage paru à ce jour consiste, pour l’essentiel, en une collection de monographies écrites par un collectif d’auteurs72. Il ne peut donc être comparé aux études de Willis et Clark, et de Turner. Les questions proprement typologiques y font néanmoins l’objet de trois articles73.
II. Du patrimoine à la typologie : nouvelles approches
23Ainsi, les histoires de l’architecture universitaire sont, du moins à leur origine, le produit d’une culture nationale, au même titre que les objets qu’elles étudient. De nouvelles approches sont apparues ces dernières années, qui invitent à élargir le champ référentiel de façon à distinguer ce qui relève de problématiques générales de ce qui est appartient en propre au territoire considéré. Quelques premières études transnationales permettent désormais de replacer chaque collège dans la lente élaboration d’une typologie européenne ; quant au développement des travaux consacrés aux bâtiments proprement destinés à l’enseignement féminin, il devrait permettre, à terme, de définir également les grands traits d’une typologie qui dépasse le strict cadre local.
1. Les études transnationales
24Procéder à l’examen comparatif des dispositifs adoptés simultanément et consécutivement dans plusieurs pays et sur plusieurs siècles est une tâche téméraire. Parce que les études nationales d’envergure sont encore trop rares pour qu’on envisage d’en faire une synthèse significative, une telle entreprise requiert de mobiliser soi-même des sources aussi hétéroclites qu’éparses, et rédigées dans diverses langues, afin de se familiariser avec des bâtiments disséminés dans plusieurs pays, quand ils n’ont pas été détruits ou dénaturés. Surmontant ces difficultés, trois auteurs, au moins, sont toutefois parvenus à jeter les bases d’une histoire européenne des bâtiments affectés aux collèges et aux universités, du xiie au xixe siècle. Ces travaux ont été entrepris dans l’après-guerre, alors que les nécessités de la reconstruction puis la croissance exponentielle des effectifs appelaient de nouvelles doctrines d’aménagement des établissements d’enseignement supérieur.
- 74 Nikolaus Pevsner : « Universities : Yesterday », The Architectural Review (Westminster), vol. 122, (...)
- 75 Trois ans plus tôt, il avait publié son guide du comté de Cambridge (N. Pevsner, Cambridgeshire, op (...)
- 76 En 1976, il confiera être passionné par « cette analyse des bâtiments [qui] envisage le développeme (...)
- 77 Turner ne souscrira pas à cette analyse (P. V. Turner, Campus…, op. cit.).
25La plus ancienne étude transnationale que nous avons retrouvée fut précisément publiée, en 1957, en préambule à un article consacré aux tendances contemporaines de l’architecture universitaire74. Nikolaus Pevsner – dont on connaît l’intérêt tant pour les collèges75, que pour l’histoire des types architecturaux76 – y retraçait la longue évolution des dispositifs d’agencement, en confrontant les établissements élevés à une même époque dans plusieurs pays européens, ce qui lui permit de distinguer deux grandes configurations de bâtiments : le type anglais, formé au cours du xive siècle, et le type espagnol et italien, apparu à la Renaissance ; il terminait en évoquant le Downing College, construit à Cambridge à partir de 1807, qu’il considérait comme « le modèle pour les campus universitaires américains »77 et, par conséquent, comme le point de départ d’un système d’agencement qui était alors en train de se propager dans le monde entier.
- 78 Konrad Rückbrod : Universität und Kollegium. Baugeschichte und Bautyp, Darmstadt, Wissenschaftliche (...)
- 79 MichaelKiene : « Die Grundlagen der europäischen Universitätsbaukunst », Zeitschrift für Kunstgesch (...)
- 80 K. Rückbrod : Universität…, op. cit., p. 3.
- 81 Ibid., pp. 3-5.
- 82 Voir R. Willis et J. W. Clark : The Architectural History…, op. cit., tome III, pp. 266-273. Watkin (...)
26Deux importants essais allemands ont, par la suite, étudié l’histoire typologique des collèges : celui de Konrad Rückbrod fut publié en 197778 ; celui de Michael Kiene, en 198379. Rückbrod avait adopté une démarche différente de celle de Pevsner. Il se réclamait de l’enseignement de l’architecte Friedrich Ostendorf (1871-1915), diffusé et développé par son élève Karl Gruber (1885-1966), qui considérait « le monument et ses détails d’un point de vue fonctionnel et pas seulement formel »80. Citant d’ailleurs Gruber, Rückbrod entendait observer les bâtiments « comme l’expression de la vie de leur temps »81. Il mettait particulièrement l’accent sur trois sites (les universités de Bologne, de Paris et d’Oxford) et ne s’arrêtait pas à l’examen des dispositifs architecturaux, ainsi qu’aux rapports entretenus entre lieux de vie et lieux d’étude : il analysait aussi la façon dont les établissements s’étaient inscrits dans la ville. Une quarantaine de planches clôturaient son livre, qui figuraient des cartes urbaines, des plans d’édifices et des perspectives cavalières. Toutes étaient dessinées par une même main, selon une même charte graphique, ce qui accentuait le caractère de « type » des constructions représentées. Michael Kiene, enfin, s’est intéressé aux « fondements de l’architecture universitaire européenne ». Ses recherches avaient été soutenues par le service des échanges universitaires allemand et l’université de Münster, qui lui avaient permis de séjourner pendant plusieurs mois en Grande-Bretagne (1979) et en France (1980), puis d’aller travailler au Collegium Maius de Cracovie. La qualité de son travail se ressentait de cette longue préparation, et nombre d’études que n’avait pas consultées Rückbrod s’y trouvaient citées. D’emblée, Kiene se démarquait des théories, jugées trop restrictives, selon lesquelles l’architecture des collèges dérivait d’un modèle unique, soit profane (pour Willis : le manoir)82, soit sacré (pour Rückbrod : le couvent). L’analyse typologique de Pevsner lui semblait la plus pertinente. Il s’employa donc à poursuivre celle-ci, et à l’approfondir. Aux deux types d’établissements (anglais et hispano-italien) qu’avait relevés son devancier, il put ainsi en substituer quatre, plus précisément définis : le type de Cambridge, le type d’Oxford, le type écossais et le type toulousain. Une présentation du Downing College clôturait pareillement son essai.
- 83 Kiene a lui-même prolongé sa réflexion, à travers plusieurs études de cas. Parmi ses nombreuses pub (...)
- 84 Brigitte Pradervand-Amiet : L’Ancienne Académie de Lausanne. Innovation et tradition dans l’archite (...)
- 85 Pierre-Philippe Bugnard : « Architecture et pédagogie avant l’instruction publique », Le Cartable d (...)
27Ces analyses des différents dispositifs adoptés par les collèges au fil du temps seront sans doute encore affinées dans l’avenir. Pour l’heure, elles peuvent déjà inspirer et étayer de nouvelles monographies architecturales d’établissements anciens, où le contexte typologique serait mieux pris en considération83. En se penchant, en 1987, sur l’Académie (protestante) de Lausanne, bâtie de 1579 à 1587, Brigitte Pradervand-Amiet l’avait bien compris84. S’appuyant abondamment sur les travaux de Rückbrod et de Kiene, elle replaçait le bâtiment considéré dans le long processus de développement typologique des collèges européens, du xive au xvie siècles ; elle le confrontait ensuite avec des édifices de même nature, construits en Suisse à la même époque, et exposait enfin dans quelle mesure il était devenu un modèle architectural pour les collèges du pays de Vaud. Récemment paru, un article consacré au collège (jésuite) Saint-Michel de Fribourg (bâti à partir de 1585) est venu compléter, en quelque sorte, l’essai de Pradervand-Amiet, dont il discute certaines analyses85.
2. Architecture scolaire et gender studies
- 86 Voir Mineke van Essen et Rebecca Rogers : « Écrire l’histoire des enseignantes. Enjeux et perspecti (...)
28La problématique du « genre », qui s’est imposée depuis quelques années dans l’historiographie sociale et culturelle, ne pouvait épargner le champ de l’éducation. Mais si elle a inspiré de nombreux travaux touchant à l’histoire des enseignantes86, elle semble avoir encore peu renouvelé l’analyse des bâtiments scolaires. Quelques études existent néanmoins, qui ont permis de porter un regard neuf sur l’histoire des établissements féminins mais aussi, par contraste, sur celle des établissements masculins.
- 87 Helen Lefkowitz Horowitz : Alma Mater. Design and Experience in the Women’s Colleges from Their Nin (...)
- 88 Horowitz avait limité ses investigations à sept établissements représentatifs, élevés à l’est des É (...)
- 89 H. L. Horowitz, op. cit., p. XVIII.
29La première à s’être penchée sur cette matière n’était ni historienne de l’architecture, ni historienne de l’éducation : Helen Horowitz se présentait elle-même comme une historienne américaine de la culture et une historienne des femmes. Son intérêt particulier pour les collèges de femmes américains avait d’ailleurs été éveillé presque fortuitement. À la fin des années 1970, elle projetait d’étudier tous les lieux conçus pour un usage exclusivement féminin, tels que clubs, restaurants, etc., et ce n’est que devant l’ampleur de ses premières découvertes relatives aux collèges qu’elle décida de consacrer à ceux-ci un ouvrage entier, qui parut au même moment que celui de Turner sur les campus87. Son livre, fondé sur les archives des établissements (abondantes, mais pour la plupart encore inexploitées par les historiens)88, visait à démontrer que leur architecture, leur environnement paysager comme leur mode de fonctionnement révélaient « la manière dont les femmes américaines étaient perçues par les hommes et la manière dont elles vinrent à se percevoir elles-mêmes »89. Concrètement, plusieurs types de configuration avaient été successivement adoptés jusqu’à ce que ces collèges atteignent leur maturité, à la fin du xixe siècle. Abusivement qualifiés de « couvents protestants » (Protestant nunnery), les premiers d’entre eux étaient établis à la campagne et se composaient d’un bâtiment unique et imposant, où vivaient et étudiaient les jeunes filles. Confinées sous un même toit et condamnées à l’isolement, les pensionnaires y développèrent un esprit de corps et une culture d’autonomie jugés peu compatibles avec leur futur état d’épouse et de mère. Le Smith College, ouvert en 1875, tenta de remédier à cela, en s’établissant en ville et en répartissant les étudiantes dans des cottages à l’allure familiale, disséminés sur son site. Mais c’est de M. Carey Thomas, la première féministe appelée à diriger un collège, que vinrent les innovations les plus audacieuses : dans les années 1890, elle n’hésita pas moderniser les cursus et à donner par étapes à Bryn Mawr College une configuration digne des collèges d’hommes, convaincue qu’elle était que les jeunes femmes ne devaient pas être traitées différemment de leurs homologues masculins. Cette démarche pleine d’assurance inspira les autres établissements.
- 90 Margaret Birney Vickery : Buildings for Bluestockings. The Architecture and Social History of Women (...)
- 91 Girton et Newnham (université de Cambridge), Lady Margaret Hall et Somerville (université d’Oxford) (...)
- 92 M. B. Vickery, op. cit., p. 12.
30Quelques années après Horowitz, Margaret Birney Vickery s’intéressa aux collèges de femmes en Angleterre90. Elle avait réduit son corpus aux six premiers d’entre eux91, et privilégié, cette fois, une approche spécifiquement architecturale. La thèse dont était issu son essai, soutenue en 1993 à Stanford, avait d’ailleurs été dirigée par Paul Turner. Les distributions intérieures des bâtiments, illustrées par plusieurs plans, y faisaient l’objet d’une attention toute particulière. Vickery put ainsi exposer, par exemple, que dès la construction du Girton College, en 1872, les collèges féminins anglais avaient rejeté le système de circulations adopté dans les collèges d’hommes depuis des siècles – qui consistait en une multiplication des escaliers conduisant directement, depuis l’extérieur, aux petits appartements des étudiants –, et lui avaient substitué un long corridor sur lequel s’ouvraient toutes les chambres, ce qui encourageait la convivialité au sein de la communauté, protégeait la santé des jeunes filles, réputée fragile, contre le froid du dehors, et facilitait le contrôle de leurs allées et venues. Ce dispositif évoquait les demeures victoriennes, devenues, dans les années 1860, « un dédale complexe de couloirs, de cages d’escaliers et de pièces, organisés de telle manière que les sexes et les classes sociales soient bien séparés »92. En s’inspirant de l’architecture domestique, sur ce point comme sur d’autres (organisation ségrégative de l’espace ; cabinets d’aisance, salle de bain et infirmerie à proximité des chambres, etc.), les collèges féminins se démarquaient ainsi délibérément de la typologie traditionnelle des établissements d’Oxford et de Cambridge.
- 93 Christa Kersting et Helga Schmidt-Thomsen : « Arquitectura escolar en Berlín a comienzos del siglo (...)
- 94 Ibid., p. 225.
- 95 Ibid., p. 226.
31Enfin, les premières écoles secondaires publiques destinées spécifiquement aux jeunes filles allemandes, bâties en exécution de la loi du 18 août 1908, furent analysées par Christa Kersting, qui relevait du département d’histoire de l’éducation de l’université Humboldt, à Berlin, et Helga Schmidt-Thomsen, qui était architecte93. Leur étude s’inscrivait dans le contexte d’un débat très actuel : dans l’Allemagne des années 1980, alors que plusieurs personnes s’interrogeaient sur le bien-fondé de la mixité dans l’éducation, était réapparue l’idée de l’école comme « lieu social pour le développement individuel des femmes »94. Se concentrant sur l’exemple des établissements berlinois d’autrefois, les deux auteurs tentaient de savoir si l’architecture scolaire tenait « consciemment ou inconsciemment, de l’organisation et du climat domestiques », et si elle imitait, reproduisait ou renforçait même « la hiérarchie entre les sexes liée à ceux-ci »95.
32Considérées globalement, ces trois études témoignent qu’aux États-Unis, en Angleterre et en Allemagne, les premiers établissements féminins présentaient de grandes constantes, en dépit de leurs différences de statut (privés/publics, secondaires/universitaires, internat/externat) : assimilation à la sphère domestique et familiale, souci de conformer les locaux à la constitution physique des jeunes filles et à leur sensibilité artistique, et de se démarquer des établissements d’hommes, tantôt intentionnellement, tantôt par obligation (les financements étaient moindres, en Allemagne, pour les lycées de filles que pour les lycées de garçons). Les principes architecturaux adoptés successivement varièrent pourtant d’un pays à l’autre. La propagation de ce type d’approche devrait être encouragée. Les travaux de Horowitz, Vickery, Kersting et Schmidt-Thomsen ont montré, en effet, tout ce que l’historiographie de l’architecture scolaire avait, elle aussi, à gagner en intégrant l’analyse « gendrée » dans le processus d’investigation.
III. Les monographies
- 96 Les sixièmes centenaires du New College, Oxford, puis de l’Université de Cologne ont, par exemple, (...)
- 97 Marie-Madeleine Compère et Philippe Savoie : « L’établissement secondaire et l’histoire de l’éducat (...)
33Il était difficile, dans le cadre de cet essai, de ne pas évoquer les innombrables monographies architecturales qui ont été consacrées à des établissements universitaires, du plus humble au plus prestigieux, parfois à l’occasion d’un anniversaire96. Si la plupart pèchent par leur « patriotisme d’établissement »97, il en est d’autres qui, avec le secours d’une méthode d’exploration ou d’un point de vue particuliers, contribuent à perfectionner la connaissance de l’histoire de l’architecture scolaire en général. Deux grandes catégories d’études ont particulièrement retenu notre attention : les unes portent sur ce qui n’existe plus depuis longtemps ou ce qui n’a jamais existé que sur le papier ; les autres, sur ce qui existe bien et a une forte valeur significative.
1. Le révolu, le restituable et le potentiel
- 98 Octave Gréard : « Derniers souvenirs de la vieille Sorbonne », La Revue de Paris (Paris), 15 novemb (...)
- 99 LaurentGuyard (dir.) : Le Collège de France (Paris). Du quartier gallo-romain au Quartier latin (1e (...)
- 100 A. Lawrence Kocher et Howard Dearstyne : « Discovery of Foundations for Jefferson’s Addition to the (...)
34Parce qu’elle couvre souvent de très longues périodes, l’historiographie architecturale des établissements d’enseignement secondaire ou supérieur peut être amenée à emprunter des voies détournées. Dans certains cas, l’archéologie se révèle un moyen d’investigation utile autant qu’insolite. Elle permet de matérialiser l’idée du collège comme palimpseste, suggérée par Willis et Clark dès 1886. Ainsi, en 1901, Octave Gréard publiait une analyse méthodique des substructions de la chapelle initiale de la Sorbonne – bâtie à partir de 1326 et détruite au xviie siècle –, que les travaux de reconstruction de l’établissement avaient révélées quatre ans plus tôt98. Toujours dans le Quartier latin, la campagne de fouilles menée dans les trois cours du Collège de France, en 1994-1995, a mis à jour les vestiges des fondations des deux collèges de Cambrai et de Tréguier, auxquels s’était substituée la prestigieuse institution, ainsi que nombre d’objets, tels ces émouvants débris d’ardoises d’écoliers du xvie siècle99. Confrontées aux sources traditionnelles de l’historiographie que sont la littérature ancienne et les archives, les informations recueillies lors du chantier ont permis d’affiner l’histoire de cet îlot voué à l’enseignement depuis le Moyen Âge, ainsi que celle des bâtiments qui s’y élevèrent successivement. Au College of William and Mary (Williamsburg, Virginie),l’archéologie a également permis de prouver que le projet d’extension du Wren Building, élaboré par Thomas Jefferson en 1771-1772, avait bien reçu un commencement d’exécution100.
- 101 W. F. Oakeshott (dir.) : Oxford Stone Restored. The Work of the Oxford Historic Buildings Fund, 195 (...)
- 102 Luis Cervera Vera : Arquitectura del Colegio Mayor de Santa Cruz en Valladolid, Valladolid, Edicion (...)
- 103 Carien de Boer-van Hoogevest (dir.) : Dudok in Parijs. Het Collège néerlandais / Dudok à Paris. Le (...)
35Au même titre que les sols, les murs eux-mêmes peuvent être sondés. Cela permet de saisir le mode de construction de l’édifice, parfois aussi de retrouver d’anciens percements – portes ou fenêtres – qui ont été obstrués, comme l’a révélé la publication illustrée du bilan de la très ambitieuse campagne de restauration des monuments d’Oxford, menée de 1957 à 1974101. L’expertise architecturale intégrale d’un bâtiment est rare, et elle ne peut survenir qu’à la veille d’un grand chantier. Parce qu’il est plus inhabituel encore que les résultats d’une telle expertise soient rendus publics, l’ouvrage que l’architecte espagnol Luis Cervera Vera a consacré au collège de Santa Cruz, à Valladolid, constitue un document exceptionnel pour qui s’intéresse aux établissements scolaires du xve siècle102. Il était divisé en deux parties : la première proposait une analyse méticuleuse des plans, coupes et élévations (composition, proportions, tracés régulateurs, organisation des circulations, etc.) ; la seconde était constituée d’une succession de très beaux relevés, où figuraient notamment nombre de détails constructifs. L’ensemble, qui s’inscrivait dans la lignée des travaux de Willis et Clark sur les collèges de Cambridge, donnait de l’édifice une vision exhaustive, mais presque abstraite. Plus récemment, le Collège néerlandais de la Cité universitaire, à Paris (inauguré en 1938), a lui-même fait l’objet d’une analyse, tant architectonique qu’historique, très poussée103.
- 104 Howard Colvin : Unbuilt Oxford, New Haven/Londres, Yale University Press, 1983, IX-198 p. (p. VI).
- 105 Voir André Chastel : « Où sont les archives de l’architecture moderne ? », Revue de l’art (Paris), (...)
- 106 Carol McMichael : Paul Cret at Texas. Architectural Drawings and the Image of the University in the (...)
- 107 Marc Le Cœur : « Le lycée Louis-le-Grand à Paris : chronique d’une reconstruction différée (1841-18 (...)
36Délaissant l’exploration du bâti existant, plusieurs historiens ne se sont intéressés qu’aux seuls documents graphiques anciens (plans, coupes, élévations, etc.) et aux sources manuscrites qui en sont l’indispensable complément. Cela leur a permis de parfaire la compréhension du processus d’élaboration de l’œuvre et de ses métamorphoses successives, en mettant à jour des études qui n’avaient pas été réalisées. Ainsi que l’écrivit Howard Colvin, dans son Unbuilt Oxford (l’Oxford non construit), « l’examen des projets rejetés permet de se faire une meilleure idée des raisons qui ont déterminé le choix final, et de mieux percevoir la place que tient un bâtiment donné dans l’histoire de l’architecture »104. Souvent associé à une exposition rétrospective, ce type d’enquête est apparu dans les années 1970, alors que croissait l’intérêt porté aux archives architecturales105. La conservation des dessins dans un même lieu favorise naturellement de tels travaux. Mais tous les établissements n’ont pas préservé à demeure des archives complètes. Celles-ci peuvent avoir été détruites ou éparpillées : en 1983, Carol McMichael a confié les difficultés qu’elle avait eues à rassembler les documents qui constituaient l’exposition du centenaire de l’université du Texas à Austin106 ; quant aux projets de reconstruction élaborés successivement pour le lycée Louis-le-Grand au xixe siècle, ils se répartissent à Paris dans pas moins de six fonds d’archives différents107. Quoi qu’il en soit, chaque présentation raisonnée des projets non retenus pour un collège, y compris les plus idéalistes d’entre eux, est une contribution importante à l’historiographie de l’architecture scolaire. Trois publications exemplaires illustrent cette démarche particulière.
- 108 Allan Doig : The Architectural Drawings Collection of King’s College, Cambridge. A Catalogue and Hi (...)
- 109 A. Doig, op. cit., p. 20.
- 110 Cinzia Maria Sicca, avec Charles Harpum et Edward Powell : Committed to Classicism. The Building of (...)
- 111 Bruce Laverty, Michael J. Lewis, Michele Taillon Taylor : Monument to Philanthropy. The Design and (...)
37En 1979, Allan Doig publiait un catalogue scientifique des principaux dessins appartenant au King’s College de Cambridge, qui avaient pour auteurs certains des plus fameux architectes des xviiie et xixe siècles : Hawksmoor, Gibbs, les frères Adam, Wyatt, Scott, etc. Ce livre succédait à une exposition, présentée trois ans plus tôt dans la chapelle de l’établissement, dont le titre était explicite : King’s As It Might Have Been (King’s tel qu’il aurait pu être)108. Les projets architecturaux, étudiés parfois simultanément (deux concours furent organisés, en 1822 et 1877), s’efforçaient de suivre les instructions qu’avait données le fondateur, le roi Henri VI, en 1448, mais tous avaient fait long feu ou n’avaient connu qu’un commencement d’exécution. À la pérennité du site et de l’institution s’ajoutait donc celle du programme de construction, ce qui fait l’intérêt de cette présentation qui, sur deux siècles, met en lumière « l’évolution des goûts, le débat gothique/classique, le développement professionnel d’architectes particuliers et, bien entendu, le destin d’un établissement remarquable »109. Parue en 1987, l’étude de Cinzia Maria Sicca portant sur la genèse, la construction puis les agrandissements du Downing College, Cambridge, témoignait du même attachement pour les documents figurés, mais elle embrassait, cette fois, toute l’histoire de l’établissement110. Les archives du collège étaient ici complétées par des pièces conservées à la British Architectural Library. Dans le long essai historique qui précédait le catalogue des dessins, Sicca analysait chacun des projets – depuis les premières études (finalement non retenues) de James Wyatt, à la fin du xviiie siècle, jusqu’à celles de Quinlan Terry, à l’aube des années 1980 –, et, élargissant sa réflexion, s’interrogeait sur les rôles respectifs des architectes et des maîtres d’ouvrage, ainsi que sur les rapports qu’entretinrent les uns et les autres au fil du temps. En 1998, enfin, une exposition de dessins célébrait le 150e anniversaire de l’ouverture du Girard College, à Philadelphie, qu’accompagnait un catalogue illustré111. Une nouvelle fois, l’établissement considéré revêtait un caractère exceptionnel, qui justifiait le sort fait à ses archives : il avait été, à son ouverture, celui des bâtiments américains qui avait coûté le plus cher, après le Capitole de Washington. Le catalogue en question illustrait donc une page importante de l’histoire des campus. On y trouvait une large sélection des projets soumis au concours de 1832, puis les études successives du lauréat, Thomas U. Walter.
2. Styles et décors d’architecture
- 112 S. Andres Ordax et J. Rivera (dir.) : La introduccion del Renacimiento en España. El Colegio de San (...)
- 113 Jean F. Block : The Uses of Gothic. Planning and Building. The Campus of the University of Chicago, (...)
- 114 Loren W. Partridge : John Galen Howard and The Berkeley Campus. Beaux-Arts Architecture in the « At (...)
- 115 L’ouvrage qu’ont dirigé MonikaGibas et Peer Pasternack sur les bâtiments universitaires de l’Allema (...)
- 116 Carlos Monarcha : « Arquitetura escolar republicana : a Escola Normal da Praça e a construção de um (...)
- 117 François Loyer : « Le palais universitaire de Strasbourg : culture et politique en Alsace au xixe s (...)
- 118 Michaela Marek : Universität als « Monument » und Politikum. Die Reprä-sentationsbauten der Prager (...)
38La question du style architectural traverse toutes les études dont nous avons parlé. Pour certains établissements, elle est même prééminente. Le cinquième centenaire du collège de Santa Cruz, à Valladolid, a ainsi fourni l’occasion de démontrer la place essentielle que celui-ci tient dans l’histoire de l’architecture espagnole, en tant qu’édifice de transition où s’expriment l’effacement de la tradition gothique et l’avènement des principes de la Renaissance112. Dans l’architecture scolaire, le style ne se réduit pas toujours à un simple habillage de façade ou à l’adoption de quelques principes décoratifs : il peut être indissociable d’une doctrine d’aménagement globale. Ainsi, le néo-gothique en faveur dans les établissements américains, à la fin du xixe siècle, renvoyait très précisément aux compositions des collèges d’Oxford et de Cambridge, plus qu’à un quelconque imaginaire médiéval (on parlait d’ailleurs communément de collegiate gothic, gothique de collège)113. Le style néo-grec ou le style « Beaux-Arts » renvoyèrent, en leur temps, à d’autres types d’aménagement114. L’analyse stylistique d’un édifice n’est donc pas seulement formelle, puisqu’elle éclaire aussi une typologie particulière. Elle peut aussi révéler la signification politique d’un établissement115 : en 1997, Carlos Monarcha présentait l’école normale de São Paulo, inaugurée en 1894, comme l’expression de la nouvelle image qu’entendaient donner de l’enfance les républicains brésiliens116, et en 1991, l’historien de l’art François Loyer démontrait que le « palais universitaire » de Strasbourg (construit par Otto Warth, de 1878 à 1884) était, contre toute attente, « un temple de l’art et de la pensée et non le symbole de la germanisation de l’Alsace », ainsi que la manifestation « d’une avant-garde en rupture avec l’art officiel »117. La question de l’historicisme était également au cœur de l’étude qu’a consacrée Michaela Marek, professeur d’histoire de l’art à l’université de Leipzig, aux deux édifices des facultés de philosophie (1925-1929) et de droit (1925-1931) de l’université Charles, à Prague118 ; elle expliquait comment une architecture académique s’était imposée au détriment des projets modernistes initiaux, étudiés à partir de 1907, et les raisons de ce conservatisme tchèque, à la veille et au lendemain du premier conflit mondial.
- 119 Pour la France, signalons les thèses pionnières de Lin Young Bang (Les Décors peints dans les édifi (...)
- 120 C. Kersting et H. Schmidt-Thomsen : « Arquitectura escolar… », op. cit., pp. 231-238.
- 121 Astrid Wentner : « Die Aulagemälde », in Alois Kernbauer (dir.) : Der Grazer « Campus ». Universitä (...)
- 122 Christian Hottin : Quand la Sorbonne était peinte, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001, 303 p. (pp. (...)
39De la même manière, les décors des établissements – en général, peints ou sculptés – sont désormais scrutés par les historiens en tant qu’expressions d’une idéologie, au même titre que les bâtiments dont ils sont l’accessoire. L’intérêt pour les décors n’est pas complètement nouveau119, mais il semble ne s’être manifesté dans le champ de l’histoire de l’architecture scolaire que depuis une dizaine d’années. En 1993, Kersting et Schmidt-Thomsen montraient que l’iconographie de ceux qui ornaient les lycées de jeunes filles allemands reflétait une image particulière de la femme120 ; en 1995, Astrid Wentner se penchait sur la peinture monumentale que Goltz avait exécutée pour l’université de Graz121, et, en 2001, Christian Hottin analysait longuement les décors des universités et grandes écoles parisiennes, dans lesquels il voyait l’expression d’une « volonté de représenta-tion » contribuant à la « construction de la communauté » liée à un établissement donné122.
- 123 Voir Stefan Muthesius : The Postwar University. Utopianist Campus and College, New Haven/Londres, Y (...)
40Cent cinquante ans après que Robert Willis a divulgué ses premières observations relatives aux établissements de Cambridge, l’histoire architecturale des écoles secondaires, des collèges et des universités demeure très lacunaire. La profusion des monographies de bâtiments devrait néanmoins pouvoir nourrir de nouveaux bilans nationaux qui, à leur tour, permettront de mieux saisir le développement des modèles typologiques ainsi que leur circulation d’une région ou d’un pays à l’autre. D’ores et déjà, on peut distinguer trois grands types d’agencement, qui présentent eux-mêmes de nombreuses variations : dans le premier, qui s’est développé en Europe à partir du Moyen Âge, les différentes composantes du collège se répartissent dans des bâtiments continus qui s’élèvent autour d’une ou plusieurs cours fermées ; dans le second, qui fut l’apanage des États-Unis avant de se répandre dans de nombreux pays au lendemain de la Seconde Guerre mondiale123, les bâtiments sont disjoints et distribués sur un vaste site ; dans le troisième, qui s’est surtout imposé au xixe siècle dans les centres-villes, un bâtiment unique et massif abrite toutes les activités de l’établissement.
- 124 Plusieurs ouvrages se caractérisent par la familiarité de leur auteur avec l’objet étudié. Ainsi, H (...)
- 125 Voir Anne Querrien et Pierre Lassave (dir.) : Universités et territoires, numéro spécial de la revu (...)
41Depuis la fin du xixe siècle, deux démarches analytiques ont été alternativement adoptées. La première, inaugurée par Willis et Clark, était proprement architecturale et souvent le fait d’enseignants appartenant au collège ou à l’université considérés124 ; les bâtiments y étaient envisagés pour eux-mêmes et étudiés méticuleusement, parfois avec le respect dû à de vénérables témoignages du passé. La seconde, apparue aux États-Unis, était beaucoup plus pragmatique et urbanistique ; tournée vers l’avenir, elle était le fait d’architectes ayant en charge l’aménagement des établissements ; elle se perpétue aujourd’hui à travers les travaux de sociologues, d’urbanistes, de géographes et d’économistes qui étudient les conditions d’installation des établissements universitaires, leur place dans la ville et leurs possibilités d’évolution afin de répondre aux besoins que génère la démocratisation de l’enseignement supérieur125.
42Dans le passé, ainsi qu’on l’a vu, les recherches historiques ont été souvent inspirées par des événements de l’actualité : la démolition progressive des derniers collèges parisiens de l’Ancien Régime, l’émergence de nouvelles doctrines d’aménagement pour les campus américains, la remise en question de la mixité dans les établissements allemands, etc. Souhaitons que les importants débats actuels favorisent, à leur tour, l’émergence de nouveaux travaux sur l’architecture universitaire.
Notes
1 Cette analogie apparaissait déjà au milieu du xixe siècle dans les écrits de l’Américain Henry Barnard (voir Jean et Robert McClintock : Henry Barnard’s School Architecture, New York, Teachers college Press, coll. « Classics in Education », n° 42, 1970, XVI-338 p.). En France, les lycées du xixe siècle étaient pourtant plus proches des collèges universitaires d’Angleterre, tant par leur disposition d’ensemble que par leur qualité d’internat, que des écoles primaires contemporaines.
2 Il est rare qu’une même étude confronte des bâtiments des trois degrés d’enseignement. Un article d’Ola Uduku fait exception : « Educational Design and Modernism in West Africa », Docomomo (Paris), n° 28, mars 2003, pp. 76-82 ; voir aussi infra, pp. 247-266.
3 Malcolm Seaborne : The English School. Its Architecture and Organization, 1370-1870, Londres, Routledge & Kegan Paul, 1971, XX-317 p., 235 pl. ; M. Seaborne et Roy Lowe : idem, vol. II (1870-1970), Londres, Routledge & Kegan Paul, 1977, XVII-240 p., 60 pl. ; Ron Ringshall, Dame Margaret Miles et Frank Kelsall : The Urban School. Buildings for Education in London, 1870-1980, Londres, Greater London Council, Architectural Press, 1983, 282 p. ; StuartMaclure : Educational Development and School Building : Aspects of Public Policy 1945-1973, Harlow (Essex, U.K.), Longman, 1984, XII-283 p. ; Malcolm Seaborne : Schools in Wales. 1500-1900. A Social and Architectural History, Denbigh (Clwyd, Wales), Gee & Son Limited, 1992, 273 p.
4 La Mémoire des pierres. Découvrez l’architecture scolaire à Bruxelles. Bruxelles Architecture Scolaire, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, 1987, XVI-146 p. ; Florence Ectors : « Quelques bâtiments scolaires : un mariage heureux entre l’architecture et la décoration graphique monumentale », in Région de Bruxelles-Capitale : Art et Architecture publics, Liège, Mardaga, 1999, pp. 48-53.
5 Anne-Marie Châtelet (dir.) : Paris à l’école, « Qui a eu cette idée folle… », Paris, Pavillon de l’Arsenal/Picard, 1993, 304 p.
6 Tjeerd Boersma et Ton Verstegen (dir.) : Nederland naar school. Twee eeuwen bouwen voor een veranderend onderwijs, Rotterdam, NAi Uitgevers, 1996, 255 p.
7 Voir supra, pp. 24-25, par Anne-Marie Châtelet.
8 DanaJohnson : « La Poursuite des études avancées. L’école secondaire en Ontario, 1800-1930 », Bulletin de recherches (Ottawa, Parcs Canada), n° 214, février 1984, 34 p.
9 Ola Uduku : An Analysis of the Factors Affecting the Design of Secondary Schools in Nigeria, Ph.D. dissertation, Université de Cambridge, 1992.
10 Dale Allen Gyure : The Transformation of the Schoolhouse. American Secondary School Architecture and Educational Reform, 1880-1920, Ph.D. dissertation, Université de Virginie, mai 2001, 490 p. Je remercie Anne-Marie Châtelet de m’avoir communiqué un exemplaire de cette thèse.
11 Catherine Rochant : Architectures et lycées en Île-de-France, Paris, Conseil régional d’Île-de-France, 1988, 65 p.
12 Citons : Charles Dagois : De l’architecture des lycées parisiens, 1930-1940, Mémoire de travaux pratiques de fin d’études, École d’architecture de Paris-Belleville, 1990 ; Marc Le Cœur : « Les lycées dans la ville : l’exemple parisien (1802-1914) », Histoire de l’éducation (Paris), n° 90, mai 2001, pp. 131-167 (cet article a également été publié en portugais dans : Educar em revista (Curitiba, Brésil), n° 22, juillet-décembre 2003, pp. 359-400) ; et idem : « L’architecture et l’installation matérielle des lycées. La réglementation et sa mise en œuvre (1802-1940) », Actes du colloque Lycées et lycéens en France. 1802-2002 (à paraître). Je rédige actuellement une thèse d’histoire de l’art consacrée à l’architecture des lycées parisiens, de 1802 à 1940 (université de Paris-I).
13 Pour la compréhension des études espagnoles, allemandes et hollandaises, j’ai bénéficié de l’aide amicale de Jean-Diego Membrive, Noemi von Alemann et John Wienk. Je les remercie vivement, ainsi que Thomas Vernes qui a bien voulu être mon relais dans les bibliothèques canadiennes, en particulier au Centre canadien d’architecture (CCA), à Montréal.
14 John Summerson : Architecture in Britain. 1530-1830, 1953, rééd. New Haven/Londres, Yale University Press, 1993, pp. 157-172 et 278-294.
15 Hugh Morrison : Early American Architecture. From the First Colonial Settlements to the National Period, New York, Oxford University Press, 1952, pp. 463-471.
16 Louis Hautecœur : Histoire de l’architecture classique en France, Paris, Picard, sept tomes, 1943-1957.
17 Parmi les ouvrages les plus anciens, citons notamment History and Antiquities of the University of Cambridge, Londres, 1721, 70 p. ; Thomas Salmon : The Forei-gner’s Companion though the Universities of Cambridge and Oxford…, Londres, 1748, 85 et 98 p. ; Cantabrigia Depicta. A Concise and Accurate Description of the University of Cambridge and its Environs, Cambridge, 1763, 120 p.
18 David Loggan : Oxonia illustrata, Oxoniæ, 1675 ; et Cantabrigia illustrata, Cantabrigiæ, 1690.
19 A History of the University of Oxford, its Colleges, Halls, and Public Buildings, deux volumes, Londres, R. Ackermann, 1814 ; A History of the University of Cambridge, its Colleges, Halls, and Public Buildings, deux volumes, Londres, R. Ackermann, 1815. Chacun des deux ouvrages est accompagné d’un texte de William Combe.
20 Voir W. A. Pantin : « The Oxford Architectural and Historical Society, 1839-1939 », Oxoniensia (OAHS, Oxford), vol. IV, 1939, pp. 174-191. Sur les origines de cette association, voir également S. L. Ollard : « The Oxford Architectural and Historical Society and the Oxford Movement », ibid., vol. V, 1940, pp. 146-160.
21 W. A. Pantin., op. cit., p. 188.
22 Ibid.
23 Robert Willis et John Willis Clark : The Architectural History of the University of Cambridge, and of the Colleges of Cambridge and Eton, quatre volumes, Cambridge, Cambridge University Press, 1886, XXXVI-CXXXIV-630 p., XIII-776 p., XI-722 p., et 29 plans. En 1988, les trois volumes de textes ont été réimprimés en fac-similé par le même éditeur, avec une introduction inédite de l’historien David Watkin.
24 D. Watkin : « Introduction » à la réédition de l’ouvrage de Willis et Clark, 1988, tome I, p. XIX.
25 Augustus Jessopp écrivit, par exemple, qu’il s’agissait d’une « des plus importantes contributions à l’histoire sociale et intellectuelle de l’Angleterre qui ait jamais été écrite par un homme de Cambridge » (« The Building up of a University », The Living Age (Boston), 5e série, vol. LVI, n° 2217, 18 décembre 1886, p. 707 [article repris du Nineteenth Century]).
26 D. Watkin, op. cit., p. VIII. Watkin souligne que la démarche de Willis s’inscrivait dans une tradition éprouvée à Cambridge depuis le xviiie siècle.
27 Alec C. Crook :Penrose to Cripps. A Century of Building in the College of St John The Evangelist, Cambridge, Cambridge, St John’s College, 1978, X-235 p. (Penrose et Cripps sont deux bâtiments du collège qui furent construits respectivement en 1885 et de 1963 à 1967).
28 Idem :From the Foundation to Gilbert Scott. A History of the Buildings of St John’s College, Cambridge. 1511 to 1885, Cambridge, St John’s College, 1980, VIII-183 p.
29 Royal Commission on Historical Monuments for England : An Inventory of the Historical Monuments in the City of Oxford, Londres, His Majesty’s Stationary Office, 1939, 244 p.
30 Compte rendu par W. A. Pantin, dans Oxoniensia, vol. V, 1940, p. 179.
31 Royal Commission on Historical Monuments for England : An Inventory of the Historical Monuments in the City of Cambridge, Londres, Her Majesty’s Stationary Office, 1959, 256 p.
32 Nikolaus Pevsner : Cambridgeshire, Harmondsworth, Penguin Books, coll. « The Buildings of England», 1954, 453 p. [2nde éd., 1970 : 558 p.] ; Jennifer Sherwood et Nikolaus Pevsner : Oxfordshire, Londres, Penguin Books, coll. « The Buildings of England», 1974, 948 p.
33 Andrew McFarland Davis : « A Search for a Lost Building», The Atlantic Monthly (Boston/New York), vol. LXVI, n° 394, août 1890, pp. 211-219.
34 Ashton R. Willard : « The Development of College Architecture in America », The New England Magazine (Boston), vol. XVI, n° 5, juillet 1897, pp. 513-534.
35 Idem : « College Libraries in the United States », ibid., vol. XVII, n° 4, décembre 1897, pp. 422-440.
36 Selon Willard, ces différents partis résultaient de la culture religieuse de chacun des deux pays : dans les collèges américains, les bâtiments étaient « aussi indépendants que les églises congrégationalistes sous l’égide du régime ecclésiastique de la Nouvelle-Angleterre », tandis que, dans leurs analogues britanniques, ils se dressaient « unis comme un ensemble de communautés anglicanes sous l’égide d’un évêque » (A. R. Willard : « The Development… », op. cit., pp. 513-514 ; on trouve encore la même analyse chez Adolf Placzek : « Design for Columbia College, 1813 », Journal of the Society of Architectural Historians (Louisville, Kentucky), vol. XI, n° 2, mai 1952, pp. 22-23). Quelques années plus tôt, Charles Eliot avait déjà allégué « l’absence d’une église officielle ou d’une secte dominante aux États-Unis » pour expliquer en partie l’éparpillement des collèges américains et l’absence d’universités prééminentes, sur le modèle de celles d’Oxford et de Cambridge (Charles W. Eliot : « English and American Universities compared », North American Review (New York), vol. CXXVI, n° 261, mars-avril 1878, pp. 217-237 [p. 217]).
37 En 1890, Davis insistait déjà sur le caractère rudimentaire et incommode du premier bâtiment d’Harvard (op. cit.).
38 Montgomery Schuyler : « Architecture of American Colleges », Architectural Record (New York), série de dix articles parus entre octobre 1909 et mai 1912.
39 A. R. Willard : « The Development… », op. cit., p. 525.
40 Richard P. Dober : Campus Planning, s.l., Reinhold Publishing Corporation, 1963, 314 p.
41 Ibid., avant-propos non paginé.
42 Ibid., pp. 13-42 (« Campus Design in Perspective »).
43 R. P. Dober : Campus Architecture. Building in the Groves of Academe, New York/Londres, McGraw-Hill, 1996, XIII-258 p. ;et Campus Landscape. Functions, Forms, Features, New York/Chichester, John Wiley & Sons, Inc., 2000, XXVI-259 p.
44 Brian Edwards : University Architecture, Londres/New York, Spon Press, 2000, VII-164 p. Cet ouvrage traitait de l’architecture des campus en général, mais les exemples américains y prédominaient naturellement.
45 Albert Bush-Brown : Image of a University. A Study of Architecture as an Expression of Education at Colleges and Universities in the United States Between 1800 and 1900, Ph.D. dissertation, Université de Princeton, 1958.
46 Eric Johannesen : Ohio College Architecture before 1870, Columbus, Ohio Historical Society, 1969, 56 p. ; Bryant Franklin Tolles : College Architecure in Northern New England Before 1860. A Social and Cultural History, Ph.D. dissertation, Université de Boston, 1970.
47 Paul Venable Turner : Campus. An American Planning Tradition, 1984, rééd. 1995, New York/Cambridge et Londres, The Architectural History Foundation/The MIT Press, XII-337 p.
48 Ce parti se reflétait dans l’abondante iconographie, où l’on trouvait nombre de vues d’ensemble, plans-masses, perspectives cavalières et photographies aériennes, mais très peu de plans de bâtiments isolés et aucun détail d’architecture. En 1999, l’éditeur Princeton Architectural Press a lancé une collection de monographies architecturales (« Campus Guides »), qui semble vouloir parachever l’ouvrage de Turner (lequel fut lui-même l’un des auteurs du volume consacré à Stanford, l’un des premiers parus). Seize titres ont été publiés à ce jour, On trouve dans chacun d’eux l’histoire singulière de l’établissement considéré, puis une suggestion de parcours (dont le nombre varie en fonction de la superficie du site), au fil desquels sont présentés les principaux édifices du campus ; un plan d’ensemble tridimensionnel complète chaque ouvrage.
49 Turner s’en justifiait en expliquant que, jusqu’en 1776, les Anglais n’avaient pas fondé de collège colonial à l’extérieur des limites actuelles des États-Unis (P. V. Turner, Campus…, op. cit., p. 6).
50 Ibid.
51 Thomas A. Gaines : The Campus as a Work of Art, New York, Praeger, 1991, X-168 p. L’auteur avait défini quatre critères d’évaluation : « espace urbain », « qualité architecturale », « paysage », « charme de l’ensemble », qui lui permirent de conclure son ouvrage par un insolite classement des cinquante campus américains les plus remarquables (« Top Fifty Campuses »).
52 P. V. Turner : « Some Thoughts on History and Campus Planning », Planning for Higher Education (Université du Michigan, Ann Arbor), vol. XVI, n° 3, 1987-1988, pp. 1-28 (voir infra, pp. 71-86).
53 Encyclopédie, tome III, Paris, [1753], p. 632 (article « Collège »).
54 G. Lenotre : « Le lycée Louis-le-Grand », La Science illustrée, n° 316, 16 décembre 1893, pp. 33 et 35.
55 Poncelin : Histoire de Paris, et description de ses plus beaux monuments, Dessinés & Gravés en taille douce, par F. N. Martinet, Ingénieur, Dessinateur & Graveur du Cabinet du Roi, tome III, Paris, 1781, XI-420 p.
56 Étaient figurés chacun des dix collèges de plein exercice, ainsi que le collège de Sorbonne, le Collège royal de France et l’École royale vétérinaire.
57 Montaigne : Essais, livre I, chap. XXVI. C’est au vu des gravures de Martinet que l’historien de Paris Marcel Poëte souligna, en 1924, la « physionomie de lieu de prison » des collèges à la veille de la Révolution (M. Poëte : Une vie de cité. Paris, de sa naissance à nos jours, tome I, Paris, 1924, p. 175). L’assimilation commune du collège, puis du lycée, à un univers carcéral (que Michel Foucault a, pour ainsi dire, théorisée dans Surveiller et punir, 1975) a sans doute contribué à détourner les historiens de l’architecture des établissements scolaires.
58 Outre celui de Poncelin, citons les ouvrages de M. Le Maire : Paris ancien et nouveau, Ouvrage très-curieux, où l’on voit la fondation, les Accroissements, le nombre des Habitans, & des Maisons de cette grande ville. Avec une description Nouvelle de ce qu’il y a de plus remarquable dans toutes les Eglises, Communautez, & Colleges ; dans les Palais, Hôtels, & Maisons Particulieres ; dans les Ruës & dans les Places Publiques, tome II, Paris, 1685, 619 p. (en particulier les pp. 449-599) ; L. Liger : Le Voyageur fidèle, ou le Guide des étrangers dans la ville de Paris, Paris, 1715, 517 p. (en particulier les pp. 279-305) ; et Piganiol de la Force : Description historique de la ville de Paris et de ses environs, dix tomes, nouvelle édition, Paris, 1765 (en particulier, les tomes V à VIII).
59 L. Liger, op. cit.
60 (Quatre-Nations) Jacques-François Blondel : Architecture française, ou Recueil des plans, élévations, coupes et profils des églises, maisons royales, palais, hôtels et édifices les plus considérables de Paris, tome II, Paris, 1752, pp. 1-8 et pl. 153-158. (Saint-Sulpice) Ibid., pp. 43-45 et pl. 173-177. La chapelle du collège des Quatre-Nations fut à nouveau examinée dans : Cours d’architecture, ou Traité de la décoration, distribution et construction des bâtiments, contenant les leçons données en 1750, et les années suivantes, par J. F. Blondel, Architecte, dans son École des Arts, tome III, Paris, 1772, pp. 323-329.
61 (Chapelle de la Sorbonne) Jean Marot : Recueil des plans, profils et élévations des [sic] plusieurs palais, châteaux, églises, sépultures, grotes et hôtels bâtis dans Paris et aux environs, s.l., [c. 1670], trois planches non numérotées ; J.-F. Blondel, op. cit., pp. 76-83 et pl. 203-208 ; Cours d’architecture…, op. cit., pp. 318-323. (Chapelle des Irlandais) J.-F. Blondel, op. cit., pp. 89-91et pl. 213-214.
62 Quatremère de Quincy : Encyclopédie méthodique. Architecture, tome Ier, Paris/Liège, 1788, pp. 715-716 (article « Collège »).
63 En particulier, sur le collège Romain, à Rome, et sur Queen’s College, New College et Christ Church College, à Oxford. Plus tard, l’architecte Letarouilly relèvera plans, coupes et élévations de trois établissements romains du xvie siècle. Voir Paul Letarouilly : Édifices de Rome moderne, tome Ier, Paris, 1840, pp. 212-215 et pl. 70-72 (collège de la Sapienza) ; idem, tome II, 1850, pp. 372-375 et pl. 173-174 (collège Romain), pp. 380-382 et pl. 177 (collège Innocenziano).
64 L’expulsion des Jésuites, en 1762, avait vidé le collège de Louis-le-Grand et entraîné la réunion, en ses murs, des « petits » collèges de Paris dont les bâtiments furent désormais loués à des particuliers. Devenus biens nationaux au lendemain de la suppression de tous les collèges français (1793), nombre d’entre eux furent alors démembrés, puis vendus. Après quelques années, seuls ceux qui étaient encore disponibles accueillirent certains des établissements d’instruction nouvellement fondés.
65 Dès les années 1840, les Annales archéologiques, bientôt relayées par le comte de Montalembert à la chambre des Pairs, dénoncèrent vainement les mutilations des collèges des Bernardins et de Navarre, et les démolitions des collèges de Bayeux et de Montaigu(voir : Annales archéologiques, juin 1845, pp. 364-366 ; août 1845, p. 129 ; octobre 1846, p. 248 ; septembre 1847, pp. 122, 125 et 127).
66 N. M. Troche : « Ancienne chapelle du collège de Navarre », Revue archéologique, 1844, 3e livraison, pp. 192-200.
67 Anonyme : « L’abbaye de Sainte-Geneviève. Ancien collège Henri IV. Lycée Napoléon », Le Magasin pittoresque, 1857, p. 182.
68 Entre 1851 (année de sa fondation) et 1858, l’Encyclopédie d’architecture reproduisit celles des ci-devant collèges de Bayeux, des Cholets, du Plessis (« ancienne école normale ») et de la Sorbonne ; aucune d’elles ne subsiste de nos jours. La porte du vieux lycée Louis-le-Grand, par deux fois menacée, fut par deux fois publiée : en 1865, dans la Revue générale de l’architecture, puis, en 1890, dans La Construction moderne.
69 Albert Lenoir : Statistique monumentale de Paris, Paris, 1867, pp. 221-223 (« Saint-Jean-l’Évangéliste. Chapelle du collège de Beauvais », avec deux planches), 224-227 (« Couvent et collège des Bernardins », avec trois planches), 228 (« Collège de Fortet », avec une planche) et 228-231 (« Eglise du collège de Sorbonne », avec deux planches) ; L.-M. Tisserand : Topographie historique du vieux Paris, tome V (Région occidentale de l’Université), Paris, 1887, XVIII-659 p. ; idem, tome VI (Région centrale de l’Université), Paris, 1897, I-X-591 p. (un troisième volume devait être encore consacré à l’Université, qui ne parut jamais) ; Alfred Franklin : Les Anciennes Bibliothèques de Paris. Églises, monastères, collèges, etc., trois tomes, Paris, 1867-1873 ; Émile Raunié : Épitaphier du vieux Paris. Recueil général des inscriptions funéraires des églises, couvents, collèges, hospices, cimetières et charniers, depuis le moyen âge jusqu’à la fin du xviiie siècle, tomes I à IV, Paris, 1890-1914 (les volumes suivants, rédigés par André Lesort puis Hélène Verlet, parurent de 1974 à 2000 ; peu de collèges y apparaissaient).
70 Ce constat n’est pas propre à leur histoire matérielle. Marie-Madeleine Compère a, en effet, observé que ce sont « les chercheurs de l’étranger qui ont apporté la contribution la plus substantielle à la connaissance de l’université de Paris dans les dernières décennies » (M.-M. Compère : Les Collèges français. 16e-18e siècles, Répertoire III : « Paris », Paris, INRP, 2002, p. 13).
71 Christian Hottin rédige actuellement une thèse sur « l’architecture des établissements d’enseignement supérieur parisiens au xixe et au xxe siècle, de la conception à la représentation » (EPHE, IVe section)(voir infra, pp. 267-293).
72 Christian Hottin (dir.) : Universités et grandes écoles à Paris. Les palais de la Science, Paris, Action artistique de la ville de Paris, 1999, 222 p.
73 C. Hottin : « Naissance d’une architecture spécifique » et « L’enseignement : les amphithéâtres », ibid., pp. 37-44 et 45-51 ; Simon Texier : « La recherche : les laboratoires », ibid., pp. 52-58.
74 Nikolaus Pevsner : « Universities : Yesterday », The Architectural Review (Westminster), vol. 122, n° 729, octobre 1957, pp. 234-239. Lui succède Lionel Brett : « Universities : Today », ibid., pp. 240-252.
75 Trois ans plus tôt, il avait publié son guide du comté de Cambridge (N. Pevsner, Cambridgeshire, op. cit.).
76 En 1976, il confiera être passionné par « cette analyse des bâtiments [qui] envisage le développement à la fois en termes de style et de fonction, le style relevant de l’histoire architecturale, et la fonction, de l’histoire sociale » (N. Pevsner : A History of Building Types, 1976, rééd. Princeton, Princeton University Press, A. W. Mellon Lectures in the Fine Arts, 19/Bollingen Series, 35, 1997, p. 6).
77 Turner ne souscrira pas à cette analyse (P. V. Turner, Campus…, op. cit.).
78 Konrad Rückbrod : Universität und Kollegium. Baugeschichte und Bautyp, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1977, X-189 p., 43 pl. Il s’agissait de la publication d’une thèse : Das bauliche Bild der abendländischen Universität in den ersten fünfhundert Jahren ihres Bestehens unter dem Einfluß des Bautyps Kollegium ; nous ignorons où, quand et dans quel cadre elle fut soutenue. Du même auteur, voir aussi : « Das bauliche Bild der Universität im Wandel der Zeit », in Horst Linde (dir.) : Hochschulplanung. Beiträge zur Struktur- und Bauplannung, tome I, Düsseldorf, Werner, 1969, pp. 24-37.
79 MichaelKiene : « Die Grundlagen der europäischen Universitätsbaukunst », Zeitschrift für Kunstgeschichte (Munich), n° 46, 1983, pp. 63-114. Comme Rückbrod, Kiene avait préalablement consacré une thèse à ce sujet : Die englischen und französischen Kollegientypen. Universitätsbaukunst zwischen Sakralisierung und Säkulerisie-rung,Münster, Philosophische Fakultät, 1981, 455 p.
80 K. Rückbrod : Universität…, op. cit., p. 3.
81 Ibid., pp. 3-5.
82 Voir R. Willis et J. W. Clark : The Architectural History…, op. cit., tome III, pp. 266-273. Watkin voyait dans cette interprétation l’expression du « certain anticléricalisme » de Willis (D. Watkin : « Introduction », op. cit., p. XVI).
83 Kiene a lui-même prolongé sa réflexion, à travers plusieurs études de cas. Parmi ses nombreuses publications, citons : « L’architettura del Collegio di Spagna in Bologna : organizzazione dello spazio e influssi sull’edilizia universitaria europea », Il Carrobbio (Bologne), vol. IX, 1983, pp. 233-242 ; « Zum architektonischen Selbstverständnis des universitären Gelehrtenstandes im Sei-Settecento », Bulletin de l’Institut Historique Belge de Rome, 1983-1984, pp. 177-191 ; « L’architettura del Collegio di Spagna e dell’Archiginnasio. Esame comparato dell’architettura universitaria bolognese con quella europea », Annali di Storia delle Università italiane, vol. I, 1997, pp. 97-107 ; « Piccole e grandi università a confronto : insediamenti universitari in Europa dal XVI al XVIII secolo », in Jacques Verger et Gian Paolo Brizzi (dir.), Le università minori in Europa (secoli XV-XIX), Soveria Mannelli (Catanzaro), Rubbettino, 1998, pp. 289-300.
84 Brigitte Pradervand-Amiet : L’Ancienne Académie de Lausanne. Innovation et tradition dans l’architecture scolaire au xvie siècle, Lausanne, Université de Lausanne, 1987, coll. « Études et documents pour servir à l’Université de Lausanne », n° 15, 100 p.
85 Pierre-Philippe Bugnard : « Architecture et pédagogie avant l’instruction publique », Le Cartable de Clio (Le Mont-sur-Lausanne), n° 4, 2004, pp. 265-278.
86 Voir Mineke van Essen et Rebecca Rogers : « Écrire l’histoire des enseignantes. Enjeux et perspectives internationales », Histoire de l’éducation (Paris), n° 98, mai 2003, pp. 5-35.
87 Helen Lefkowitz Horowitz : Alma Mater. Design and Experience in the Women’s Colleges from Their Nineteenth-Century Beginnings to the 1930’s, New York, Knopf, 1984, rééd. Boston, Beacon Press, 1986, XXII-420 p.
88 Horowitz avait limité ses investigations à sept établissements représentatifs, élevés à l’est des États-Unis et connus sous l’appellation générique de Seven Sisters Colleges (Mount Holyoke, fondé comme « séminaire » en 1837, Vassar, Wellesley, Smith, Radcliffe, Bryn Mawr et Barnard), ainsi qu’à trois établissements qui avaient été créés en réaction aux Seven Sisters, au lendemain de la Première Guerre mondiale (Sarah Lawrence, Bennington et Scripps).
89 H. L. Horowitz, op. cit., p. XVIII.
90 Margaret Birney Vickery : Buildings for Bluestockings. The Architecture and Social History of Women’s Colleges in Late Victorian England, Newark/Londres, University of Delaware Press/Associated University Presses, 1999, XIII-200 p.
91 Girton et Newnham (université de Cambridge), Lady Margaret Hall et Somerville (université d’Oxford), Westfield et Royal Holloway (université de Londres).
92 M. B. Vickery, op. cit., p. 12.
93 Christa Kersting et Helga Schmidt-Thomsen : « Arquitectura escolar en Berlín a comienzos del siglo XX : curriculum oculto y género », Historia de la Educación (Université de Salamanque), n° 12/13, 1993-1994, pp. 225-244 (cet article a également été publié en allemand dans : Mitteillungen & Materialien der Arbeitsgruppe Pädagogisches Museum (Berlin), n° 43, 1995, pp. 64-79).
94 Ibid., p. 225.
95 Ibid., p. 226.
96 Les sixièmes centenaires du New College, Oxford, puis de l’Université de Cologne ont, par exemple, inspiré de telles études (Gervase Jackson-Stops : « The Architecture of the College », in John Buxton et Penry Williams (dir.) : New College, Oxford. 1379-1979, Oxford, New College, 1979, pp. 145-264 ; Günther Binding et Georg Müller : Die Bauten der Universität zu Köln, Cologne, Universität zu Köln, 1988, 66 p.).
97 Marie-Madeleine Compère et Philippe Savoie : « L’établissement secondaire et l’histoire de l’éducation », Histoire de l’éducation (Paris), n° 90, mai 2001, p. 13.
98 Octave Gréard : « Derniers souvenirs de la vieille Sorbonne », La Revue de Paris (Paris), 15 novembre 1901, pp. 279-304 (avec un plan).
99 LaurentGuyard (dir.) : Le Collège de France (Paris). Du quartier gallo-romain au Quartier latin (1er siècle av. J.-C.-xixe siècle), Paris, Maison des sciences de l’Homme, coll. « Documents d’archéologie française », n° 95, 2003, 283 p. (voir en particulier les chap. 5 et 6).
100 A. Lawrence Kocher et Howard Dearstyne : « Discovery of Foundations for Jefferson’s Addition to the Wren Building », Journal of the Society of Architectural Historians (Louisville, Kentucky), vol. X, n° 3, octobre 1951, pp. 28-31 (avec deux plans).
101 W. F. Oakeshott (dir.) : Oxford Stone Restored. The Work of the Oxford Historic Buildings Fund, 1957-1974, Oxford, The Trustees of the Oxford Historic Buildings Fund, 1975, VII-122 p., pl.
102 Luis Cervera Vera : Arquitectura del Colegio Mayor de Santa Cruz en Valladolid, Valladolid, Ediciones de la Universidad de Valladolid, 1982, 289 p., pl.
103 Carien de Boer-van Hoogevest (dir.) : Dudok in Parijs. Het Collège néerlandais / Dudok à Paris. Le Collège néerlandais, Bussum (Pays-Bas), Uitgeverij Thoth, 1999, 191 p.
104 Howard Colvin : Unbuilt Oxford, New Haven/Londres, Yale University Press, 1983, IX-198 p. (p. VI).
105 Voir André Chastel : « Où sont les archives de l’architecture moderne ? », Revue de l’art (Paris), n° 29, 1975, pp. 5-8. Dans le passé, quelques projets isolés avaient déjà attiré l’attention, mais l’intérêt suscité était plus anecdotique que scientifique, et personne encore n’avait songé à ne considérer un établissement qu’à travers ses archives. Citons la publication, dès 1867, de deux projets de reconstruction de la chapelle de la Sorbonne, attribués à un architecte italien (Serlio?) et datés de 1553 (A. Lenoir : Statistique monumentale…, op. cit., pp. 228-231), et celle, en 1952, d’un projet pour la reconstruction complète de Columbia College, conçu par James Renwick Sr. en 1813 (A. Placzek : « Design for Columbia… », op. cit.). En 1960, Jean Vallery-Radot avait étudié la collection de plans jésuites de la Bibliothèque nationale, où figuraient nombre de collèges (J. Vallery-Radot : Le Recueil de plans d’édifices de la Compagnie de Jésus conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris, Rome, Institutum Historicum S.I., coll. « Bibliotheca Instituti Historici Societatis Iesu », vol. XV, 1960, XXV-99*-560 p.).
106 Carol McMichael : Paul Cret at Texas. Architectural Drawings and the Image of the University in the 1930s, Austin, The University of Texas at Austin, 1983, 179 p.
107 Marc Le Cœur : « Le lycée Louis-le-Grand à Paris : chronique d’une reconstruction différée (1841-1881) », Histoire de l’art (Paris), n° 23, octobre 1993, pp. 67-80.
108 Allan Doig : The Architectural Drawings Collection of King’s College, Cambridge. A Catalogue and Historical Synopsis of the Major Project Drawings of the Eighteenth and Nineteenth Centuries, s.l. (Cambridge?), Avebury, 1979, 160 p. La même année, le New College d’Oxford présentait ses propres archives, à l’occasion de son sixième centenaire : Six Centuries of an Oxford College. Architectural and Topographical Drawings and Prints of New College, 1379-1979, Oxford, Ashmolean Museum, 1979, 25 p.
109 A. Doig, op. cit., p. 20.
110 Cinzia Maria Sicca, avec Charles Harpum et Edward Powell : Committed to Classicism. The Building of Downing College, Cambridge, Cambridge, Downing College, 1987, XI-226 p.
111 Bruce Laverty, Michael J. Lewis, Michele Taillon Taylor : Monument to Philanthropy. The Design and Building of Girard College, 1832-1848, [Philadelphie], Girard College, 1998, 174 p. La redécouverte des archives de l’établissement, dans les années 1950, avait déjà donné lieu à la publication de deux articles (Charles E. Peterson et E. Newbold Cooper : « The Girard College Architectural Competition », et Agnes A. Gilchrist : « Girard College : An Example of the Layman’s Influence on Architecture », Journal of the Society of Architectural Historians, n° 2, mai 1957, pp. 20-27).
112 S. Andres Ordax et J. Rivera (dir.) : La introduccion del Renacimiento en España. El Colegio de Santa Cruz (1491-1991), Valladolid, Instituto español de Arquitectura/Universidades de Alcala y Valladolid/Colegio oficial de Arquitectos de Valladolid, 1992, 177 p.
113 Jean F. Block : The Uses of Gothic. Planning and Building. The Campus of the University of Chicago, 1892-1932, Chicago, The University of Chicago Library, 1983, XIX-262 p. ; William Morgan : Collegiate Gothic. The Architecture of Rhodes College, Columbia (Missouri), University of Missouri Press, 1989, XIII-105 p.
114 Loren W. Partridge : John Galen Howard and The Berkeley Campus. Beaux-Arts Architecture in the « Athens of the West », Berkeley, Berkeley Architectural Heritage Association, 1978, 65 p.
115 L’ouvrage qu’ont dirigé MonikaGibas et Peer Pasternack sur les bâtiments universitaires de l’Allemagne de l’Est relève de cette optique : Sozialistisch behaust & bekunstet. Hochschulen und ihre Bauten in der DDR, Leipzig, Leipziger Universität-verlag, 1999, 246 p.
116 Carlos Monarcha : « Arquitetura escolar republicana : a Escola Normal da Praça e a construção de uma imagem de criança », in Marcos Cezar de Freitas (dir.) : História social da infância no Brasil, 1997, rééd. São Paulo, Cortez, 1999, pp. 97-136.
117 François Loyer : « Le palais universitaire de Strasbourg : culture et politique en Alsace au xixe siècle », Revue de l’Art (Paris), n° 91, 1991, pp. 9-25 (un article plus modeste l’avait précédé : idem : « Le souffle de Raphaël à l’Université impériale de Strasbourg », Monuments historiques (Paris), n° 168, mars-avril 1990, pp. 41-44).
118 Michaela Marek : Universität als « Monument » und Politikum. Die Reprä-sentationsbauten der Prager Universitäten 1900-1935 und der politische Konflikt zwischen « konservativer » und « moderner » Architektur, Munich, R. Oldenbourg Verlag, coll. « Veröffentlichungen des Collegium Carolinum », n° 95, 2001, 213 p.
119 Pour la France, signalons les thèses pionnières de Lin Young Bang (Les Décors peints dans les édifices civils publics à Paris sous la Troisième République, Université de Paris, 1964) et de Pierre Vaisse (La Troisième République et les peintres, recherches sur les rapports des pouvoirs publics et la peinture, de 1880 à 1914, Université de Paris-IV, 1980 ; publiée en 1995).
120 C. Kersting et H. Schmidt-Thomsen : « Arquitectura escolar… », op. cit., pp. 231-238.
121 Astrid Wentner : « Die Aulagemälde », in Alois Kernbauer (dir.) : Der Grazer « Campus ». Universitätsarchitektur aus vier Jahrhunderten, Graz, Austria Medien Service, 1995, pp. 125-154.
122 Christian Hottin : Quand la Sorbonne était peinte, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001, 303 p. (pp. 12-14). Cet ouvrage était issu d’une thèse de l’École des Chartes, soutenue en 1997 : Étude sur le patrimoine peint et sculpté des établissements d’enseignement supérieur.
123 Voir Stefan Muthesius : The Postwar University. Utopianist Campus and College, New Haven/Londres, Yale University Press for the Paul Mellon Centre for Studies in British Art, 2000, VI-340 p.
124 Plusieurs ouvrages se caractérisent par la familiarité de leur auteur avec l’objet étudié. Ainsi, Horowitz, ancienne étudiante du Wellesley College, reconnaissait que son livre était, « d’une certaine manière, […] une exploration personnelle », et qu’il était inspiré par sa volonté de comprendre l’univers dans lequel elle était entrée à dix-sept ans (H. L. Horowitz, Alma Mater…, op. cit., p. XV).
125 Voir Anne Querrien et Pierre Lassave (dir.) : Universités et territoires, numéro spécial de la revue Les Annales de la Recherche urbaine, n° 62-63, juin 1994, 275 p. ; Pierre Merlin : L’Urbanisme universitaire à l’étranger et en France, Paris, Presses de l’École nationale des Ponts et Chaussées, 1995, 416 p.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Marc Le Cœur, « Des collèges médiévaux aux campus », Histoire de l’éducation, 102 | 2004, 39-69.
Référence électronique
Marc Le Cœur, « Des collèges médiévaux aux campus », Histoire de l’éducation [En ligne], 102 | 2004, mis en ligne le 15 novembre 2009, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/697 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.697
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