Avant-propos
Texte intégral
- 1 Le terme de « collège » est employé ici dans son acception de l’époque moderne. Celle-ci perdure da (...)
1L’intérêt pour l’architecture scolaire ne s’est éveillé que progressivement. Si les premières histoires architecturales des collèges1 et universités paraissent à la fin du xixe siècle, celles qui concernent les écoles primaires ne se développent que dans les années 1950 ; quant aux écoles secondaires, elles n’ont encore fait l’objet que de très rares études spécifiques. L’importance de ces recherches est aujourd’hui assez significative pour que soit tenté un bilan historiographique international. Sans prétendre être exhaustif, ce numéro spécial embrasse donc d’autres pays que la France. Il a pour ambition de présenter un état des recherches, de comprendre l’évolution des travaux et de confronter leur développement suivant les pays retenus et les disciplines.
2Dans une première partie, deux articles liminaires présentent indépendamment les publications relatives à l’architecture des écoles primaires et celles relatives aux collèges et universités (ainsi qu’aux écoles secondaires, dans une moindre mesure). Cette distinction a plusieurs raisons. Certaines tiennent à l’histoire de l’enseignement. Ce qui apparaît aujourd’hui comme différents niveaux d’un même système, constituait hier deux formes d’enseignement distinctes destinées à des groupes sociaux différents. Leurs effectifs se chiffraient ici en dizaines d’élèves et là en centaines. Leur fonctionnement n’exigeait pas les mêmes locaux, externats pour les uns, internats pour les autres. Enfin leur statut réclamait une expression architecturale différenciée, ce qui se traduisait par des budgets de construction d’une importance bien moindre pour les premières. D’autres tiennent à l’histoire de leur architecture. Longtemps, l’école n’eut pas même d’édifice spécifique et elle n’a pas hérité de l’agencement développé pour les collèges depuis plusieurs siècles. En revanche, à la fin du xixe siècle, les maisons d’école sont plus nombreuses et plus largement réparties sur le territoire que les établissements secondaires et universités ; les grandes villes en possèdent, à elles seules, plus d’une centaine. Ces caractères expliquent que les études d’histoire de l’architecture de ces bâtiments n’embrassent que rarement les trois degrés d’enseignement. Dans la plupart des cas, elles sont consacrées soit aux écoles primaires, parfois associées aux établissements secondaires, soit aux collèges et universités et elles présentent une approche différente qui retient volontiers la monographie de villes pour les premières et celle de bâtiments pour les autres. Toutefois, les limites sont poreuses. Ainsi, la démocratisation de l’enseignement entreprise après la Seconde guerre mondiale a donné naissance à des bâtiments analogues dans le primaire et dans le secondaire qui sont parfois analysés conjointement.
- 2 Anne-Marie Châtelet, Dominique Lerch et Jean-Noël Luc (dir.) : L’École de plein air. Une expérience (...)
3La seconde partie du numéro est constituée d’un ensemble d’articles illustrant différentes tendances représentatives de la recherche en histoire de l’architecture scolaire. Certains ont été choisis dans le corpus des publications analysées pour éclairer ces tendances et permettre une lecture de textes qui, publiés dans leur pays d’origine, ne sont pas facilement accessibles : ceux de Paul V. Turner, Dell Upton, Romana Schneider, Andreas Giacoumacatos et Ezio Godoli, Andrew Saint, This Oberhänsli. À lire les bilans bibliographiques introductifs, on comprendra quelle est leur place au sein de ce domaine de recherche. D’autres ont été écrits spécifiquement pour ce numéro, ceux de Marc Le Cœur, Marta Gutman, Ola Uduku et Christian Hottin. Ils témoignent en partie de l’émergence de nouveaux sujets d’investigation. Ainsi, celui de Marta Gutman, consacré aux écoles de plein air aux États-Unis à l’époque progressiste, élargit la connaissance d’un type d’établissement spécifique qui a récemment fait l’objet d’un colloque dont les actes ont été publiés l’an dernier2. Celui d’Ola Uduku sur les écoles d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique australe, plus précisément du Nigeria et de l’Afrique du Sud, défriche des territoires dont l’architecture scolaire était jusqu’ici méconnue.
Notes
1 Le terme de « collège » est employé ici dans son acception de l’époque moderne. Celle-ci perdure dans les pays anglo-saxons, où les collèges sont encore des établissements d’enseignement supérieur.
2 Anne-Marie Châtelet, Dominique Lerch et Jean-Noël Luc (dir.) : L’École de plein air. Une expérience pédagogique et architecturale dans l’Europe du xxe siècle, Paris, Éditions Recherches, 2003.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Anne-Marie Châtelet et Marc Le Cœur, « Avant-propos », Histoire de l’éducation, 102 | 2004, 5-6.
Référence électronique
Anne-Marie Châtelet et Marc Le Cœur, « Avant-propos », Histoire de l’éducation [En ligne], 102 | 2004, mis en ligne le 30 décembre 2008, consulté le 10 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/694 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.694
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page