YOUNG (Brian). – Le Mc Cord. L’histoire d’un musée universitaire, 1921-1996.
YOUNG (Brian). – Le Mc Cord. L’histoire d’un musée universitaire, 1921-1996. / Trad. de l’anglais par M.C. Brasseur. – Québec : Cahiers du Québec, 2001. – 288 p.
Texte intégral
1Écrit par un universitaire historien, qui a lui-même fréquenté les collections en tant qu’enseignant-chercheur, puis en a été administrateur (impuissant) dans les années 1990, ce livre est à plusieurs entrées. On y trouve d’abord (chap. 1) l’histoire singulière d’une famille presbytérienne d’Écosse, émigrée en Ulster, puis au Canada vers 1760, juste au moment de la victoire sur les Français, sa conversion ultérieure à l’anglicanisme, son intégration (par les alliances matrimoniales, y compris juives) à la bourgeoisie anglophone montréalaise, et la constitution par David Ross Mc Cord (1844-1930) d’une collection hétéroclite d’objets (du marteau de la porte d’un couvent détruit à des costumes de cérémonie d’Indiens Mohawks), témoignant d’un sens aigu d’un passé en train de disparaître irrémédiablement sous l’effet d’un capitalisme industriel auquel il reste étranger. Naturellement, l’histoire égotiste de la famille occupe une place de choix dans ce fonds (la hantise de la mort l’a en effet poussée à tout conserver – ce qui est de fait exceptionnel). Sans enfant, et sans grande fortune, David Mc Cord cherche donc à transmettre sa collection à une institution anglophone capable d’en assurer la conservation et la diffusion (chap. 2), d’où de longues négociations avec l’Université Mc Gill (1908-1921), menées en son nom par un avocat ami, car sa santé mentale décline rapidement.
2Dès lors, le Musée, propriété de l’Université et livré à un personnel exclusivement féminin donc considéré comme inférieur (chap. 3), est ballotté au gré des administrateurs tous anglophones de cette prestigieuse institution : fermé au public en 1936, rouvert aux chercheurs à partir de 1955 grâce à un nouveau conservateur Isabel Dobell (une femme divorcée, qui se voue à la survie matérielle du Musée et démarche les mécènes pour forcer la main aux autorités universitaires), transformé en société, autosuffisante en 1980, et tiraillé ensuite entre les exigences forcément contradictoires de la conservation, liée à la communication aux chercheurs (archaïque), et de l’ouverture au grand public par le net et le virtuel (moderne), synonyme de rentabilité, évidemment illusoire. Quand la communication l’emporte sur la conservation, la crise éclate : succession de directeurs (masculins), pétition collective des conservateurs aux autorités académiques, renvoi de l’archiviste (et fermeture des archives évitée de justesse) en 1996. L’auteur s’arrête volontairement à la nomination d’une nouvelle directrice en avril 1998. Comme il écrit dans l’introduction (p. 21) : « Dans l’essence, la question se résume à ceci : qu’est-ce qu’un musée ? Que voit la gardienne de sécurité lorsqu’elle examine ses caméras, tranquille dans son domaine […] ? Ce qu’elle observe dans un musée d’histoire, ce sont des objets sauvegardés du passé et qui éclairent la condition humaine ». Combien, en dehors de l’auteur, en sont encore persuadés ?
Pour citer cet article
Référence papier
Serge Chassagne, « YOUNG (Brian). – Le Mc Cord. L’histoire d’un musée universitaire, 1921-1996. », Histoire de l’éducation, 93 | 2002, 177-178.
Référence électronique
Serge Chassagne, « YOUNG (Brian). – Le Mc Cord. L’histoire d’un musée universitaire, 1921-1996. », Histoire de l’éducation [En ligne], 93 | 2002, mis en ligne le 15 janvier 2009, consulté le 04 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/343 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.343
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page