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Compte rendu

CARTER (Karen E.), Creating Catholics. Catechism and Primary Education in Early Modern France

Notre Dame (Indiana), University of Notre Dame, 2011, 328 p.
Annie Bruter
p. 139-140
Bibliographical reference

CARTER (Karen E.), Creating Catholics. Catechism and Primary Education in Early Modern France, Notre Dame (Indiana), University of Notre Dame, 2011, 328 p.

Full text

1Cherchant à expliquer l’attachement de la paysannerie française à la foi catholique sous l’Ancien Régime, Karen E. Carter se penche sur le catéchisme au village et les « petites écoles » rurales en tant que lieux de formation et de transmission de cette foi. Ses sources sont un imposant corpus de plus de 180 catéchismes publiés au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle, les rapports des visites pastorales effectuées à la même époque dans trois diocèses, ceux d’Auxerre, Châlons-sur-Marne et Reims, ainsi que des courriers et des réponses à des questionnaires reçus par les évêques de ces mêmes diocèses. On regrette, à ce propos, que ces derniers soient tous situés au nord-est de la ligne Saint-Malo/Genève, c’est-à-dire dans une région notoirement connue pour son avance en matière d’alphabétisation, choix qui n’est signalé que dans une brève note (p. 234) alors qu’il jette un doute sur la fiabilité des généralisations auxquelles K. Carter se livre parfois hardiment.

2L’ouvrage est divisé en deux parties, la première consacrée aux intentions de l’épiscopat des diocèses en question (contenus et méthodes d’enseignement du catéchisme), la seconde à leur mise en œuvre : sont successivement étudiés les curés, les maîtres d’école, les élèves et l’enseignement proprement dit (lecture, écriture, récitation). Au total, se trouvent confirmés – au moins pour les lieux étudiés – les acquis des travaux sur la Réforme catholique : les évêques du XVIIIe siècle, dévoués à leur tâche pastorale, sont secondés par des curés désormais mieux formés dans les séminaires, les masses rurales fréquentent les sacrements et même réclament un clergé en nombre suffisant.

3En dépit de l’intérêt de nombre de détails très vivants sur les écoles des diocèses étudiés, l’ouvrage ne convainc pas. On s’étonne, tout d’abord, que le jansénisme n’y tienne aucune place : il n’est pas même mentionné, alors que le diocèse d’Auxerre a été l’une de ses places-fortes sous l’épiscopat de Caylus ! On s’étonne aussi que l’exemple choisi pour illustrer la façon dont les communautés villageoises embauchaient leur maître d’école soit situé au XIXe siècle, c’est-à-dire hors de la période étudiée (p. 159-161).

  • 1 Jean Delumeau (dir.), La Première communion. Quatre siècles d’histoire, Paris, Desclée de Brouwer, (...)

4On reste surtout sceptique sur les motivations que l’auteur prête aux parents, qui seraient purement morales (avoir des enfants obéissants et bien élevés), alors que les sources utilisées, uniquement cléricales, ne peuvent donner de ces motivations qu’une vue partielle. La polarisation de K. Carter sur le catéchisme au détriment de la cérémonie sur laquelle il débouchait – la première communion, à laquelle ne sont consacrées que 8 pages sur plus de 200 (p. 128-135) – lui fait sous-estimer l’importance de celle-ci comme rite d’intégration à la communauté et moment de passage à l’âge du travail, aspects pourtant bien montrés dans un livre sur le sujet1 cité dans l’ouvrage.

  • 2 Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne, Monsieur Nicolas, Paris, Gallimard, t. I, 1989, p. 245-248. Je r (...)
  • 3 Id.

5On est d’autant plus fondé à douter de la portée morale des enseignements du catéchisme que la pédagogie utilisée reposait quasi-exclusivement sur la mémorisation mécanique, comme l’indique l’auteur elle-même et comme le confirme Rétif de la Bretonne dans son autobiographie2 : la scène se situe justement dans l’un des diocèses étudiés par le livre, celui d’Auxerre. Le même Rétif fait aussi entrevoir un motif d’assistance au catéchisme qui semble avoir échappé à K. Carter. En dépit des nombreuses recommandations de faire le catéchisme séparément aux garçons et aux filles émanant des évêques, la chose était rarement possible. Le catéchisme, où assistaient aussi les « grandes filles », était en tout cas l’un des lieux où Rétif pouvait voir sa bien-aimée et même, à l’occasion, faire étalage de son excellente mémoire en sa présence3. Sans doute tous les adolescents villageois n’étaient-ils pas aussi précoces que ce polisson de Rétif. Mais ce motif d’assiduité ne vaut-il pas la peine d’être pris en compte ?

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Notes

1 Jean Delumeau (dir.), La Première communion. Quatre siècles d’histoire, Paris, Desclée de Brouwer, 1987.

2 Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne, Monsieur Nicolas, Paris, Gallimard, t. I, 1989, p. 245-248. Je remercie Pierre Caspard d’avoir attiré mon attention sur cet ouvrage.

3 Id.

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References

Bibliographical reference

Annie Bruter, CARTER (Karen E.), Creating Catholics. Catechism and Primary Education in Early Modern FranceHistoire de l’éducation, 133 | 2012, 139-140.

Electronic reference

Annie Bruter, CARTER (Karen E.), Creating Catholics. Catechism and Primary Education in Early Modern FranceHistoire de l’éducation [Online], 133 | 2012, Online since 09 December 2012, connection on 08 October 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/2472; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.2472

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