THOMAS (Marcel), Au collège en Basse-Bretagne. Formation, déformation, insoumission. Lesneven 1951-1958 avec les écoles de Plabennec et de Lannilis
THOMAS (Marcel), Au collège en Basse-Bretagne. Formation, déformation, insoumission. Lesneven 1951-1958 avec les écoles de Plabennec et de Lannilis, Rennes, Éditions Goater, 2010, 347 p.
Full text
1Fils d’un ancien marin et d’une mère ayant interrompu sa scolarité à 12 ans, Marcel Thomas, asthmatique et de santé délicate, raconte, à l’origine pour ses descendants, ses années d’études au collège catholique de Lesneven. Pensionnaire, « soumis à un régime quasi carcéral », il y acquiert une solide culture classique (qui l’éloigne davantage de sa famille modeste), mais souffre de l’ « endoctrinement » religieux auquel il se révèle assez vite rebelle. Pourtant il manifeste une certaine gratitude pour certains de ses enseignants (l’abbé Simier, son professeur de sixième, retrouvé en philosophie, son successeur en quatrième, Louis Riou, « un civil, à la voix de stentor » surnommé « Papa Riou », ou l’abbé Dilasser, son professeur de français en première et par ailleurs, ce que M. Thomas semble ignorer, historien de Locronan). L’auteur est en effet pris dans la contradiction propre à sa génération (il est né en 1939) : s’il doit au collège Saint-François d’échapper à sa condition sociale et au travail manuel, il en exècre les obligations religieuses auxquelles il est soumis dès l’entrée en sixième (la messe quotidienne, dont il est pourtant rapidement dispensé en raison de son asthme ; la confession mensuelle ou la retraite de communion ou de fin d’études). Une année (celle de troisième, en 1954-1955) dans un cours secondaire privé dans le Vaucluse, grâce à une prise en charge de la Sécurité sociale, lui fait découvrir un autre monde que le collège froid et humide de Lesneven : « la douceur des soirées provençales », la mixité (mais les filles logent « en ville ») et les premiers émois de la sexualité, la camaraderie entre une petite dizaine de pensionnaires de milieux sociaux divers (les « climatiques », les « Bastidons » et les recalés de l’enseignement « placés là par leurs parents en désespoir de cause »), la proximité avec les enseignants, appelés par leur prénom (sauf le directeur, « oncle Michel »), la musique classique et le théâtre sous la direction du gendre du directeur, ainsi que l’existence de protestants… inconnus en Léon ! Preuve que cet entracte l’a marqué, M. Thomas a gardé contact avec certains d’entre eux, dont il a suivi le destin parfois tragique (son ancien condisciple Michel Molin s’est suicidé en 1962). Comme l’écrit son préfacier et ancien condisciple lesnevien, l’universitaire Hervé Martin, « Marcel Thomas porte un regard critique sur l’institution Saint-François, sans jamais verser dans le réquisitoire à sens unique […] Il souligne le jansénisme latent, la peur panique des femmes, et le refoulement des pulsions corporelles ». De cet univers oppressif, l’auteur cherche encore à se libérer par l’écriture.
References
Bibliographical reference
Serge Chassagne, “THOMAS (Marcel), Au collège en Basse-Bretagne. Formation, déformation, insoumission. Lesneven 1951-1958 avec les écoles de Plabennec et de Lannilis”, Histoire de l’éducation, 131 | 2011, 121-122.
Electronic reference
Serge Chassagne, “THOMAS (Marcel), Au collège en Basse-Bretagne. Formation, déformation, insoumission. Lesneven 1951-1958 avec les écoles de Plabennec et de Lannilis”, Histoire de l’éducation [Online], 131 | 2011, Online since 29 March 2012, connection on 04 October 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/2372; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.2372
Top of pageCopyright
The text only may be used under licence CC BY-NC-ND 4.0. All other elements (illustrations, imported files) are “All rights reserved”, unless otherwise stated.
Top of page