CONDETTE (Jean‑François), ROUET (Gilles) (dir.), Un siècle de formation des maîtres en Champagne‑Ardenne. Écoles normales, normaliens, normaliennes et écoles primaires de 1880 à 1980
CONDETTE (Jean‑François), ROUET (Gilles) (dir.), Un siècle de formation des maîtres en Champagne‑Ardenne. Écoles normales, normaliens, normaliennes et écoles primaires de 1880 à 1980. Actes des journées d’études organisées les 30 avril 2003
et 16 mars 2005 par l’IUFM de Champagne‑Ardenne et l’Association des amis du Musée aubois d’histoire de l’éducation (Troyes). [Reims] : CRDP de Champagne‑Ardenne, 2008, 284 p.
Full text
1Cet ouvrage regroupe quatorze contributions présentées lors de deux journées d’études organisées au centre IUFM de Troyes. La première partie, qui correspond à la première journée, a pour titre : « Les années de l’enracinement républicain, 1880‑1940 » (p. 23‑153, six contributions). La seconde (p. 55‑285, huit contributions) s’intitule : « Entre continuités et ruptures : formation des maîtres, normaliens et normaliennes de 1936 à 1980 ». L’ouvrage renferme aussi de belles illustrations issues du Musée aubois d’histoire de l’éducation.
2Deux types de textes font l’intérêt de cet ouvrage. D’une part, des études de cas menées à partir des sources locales abordent des questions qui n’ont guère été traitées ailleurs : les conseils de professeurs (Guy Baron, p. 23-47), les amicales normaliennes avant 1914 (Jean-Louis Humbert, p. 53-67), les lectures normaliennes (Christine Poncelet et al., p. 127-134), les travaux des élèves maîtres, tels les mémoires rédigés par les normaliens et les copies d’examen (Philippe Larralde, p. 249-260), un journal des élèves, Entre nous (Jean-Louis Humbert, p. 263-285). D’autre part, et essentiellement dans la deuxième partie, des contributions sur des sujets précis apportent des informations nouvelles sur des questions insuffisamment connues de l’histoire de la formation des maîtres et maîtresses d’école : les études de Renaud d’Enfert sur l’enseignement scientifique du Front populaire à la Libération (p. 155-163), de Jean-François Condette sur les aléas de la formation des maîtres sous Vichy (p. 165-200), de Jacqueline Roca sur celle de l’enfance inadaptée (p. 227-234). L’étude de Philippe Regerat sur la réouverture des écoles normales à la fin de la guerre dépasse le seul cas du département de la Marne (p. 203-210). En revanche, nous n’avons pas compris l’intérêt de la contribution intitulée « La formation dans les écoles normales de 1880 à 1940 : mise en perspective illustrée » (p. 135‑152), texte mal rédigé, rempli d’inexactitudes, construit sur un mythe, et qui ne doit vraiment rien à la méthode historique.
3Il faut dire aussi que les textes proposés dans la première partie sous le titre « L’enracinement républicain » ne laissent rien voir de l’extraordinaire débat qui ne cesse d’agiter l’existence des écoles normales dès avant la fin de la Grande Guerre et jusqu’en 1939. L’idée est de rapprocher la formation des instituteurs et institutrices de l’enseignement secondaire, voire supérieur, de créer des établissements voués à la pédagogie et de briser « l’esprit primaire » qui caractériserait les écoles normales. Mais des territoires se sont constitués, comme le primaire supérieur, les écoles normales, le secondaire ; ils défendent âprement leurs positions. La simplification, la recomposition, la mise en cohérence et l’ouverture du système éducatif sont réclamées de tous bords, avec emphase. Entre les deux guerres, tous les grands ministres se sont attelés à cette tâche, sans résultats quasiment. On peut lire dans les documents parlementaires l’énergie qu’ils ont déployée, leurs projets souvent très élaborés. Ce grave échec, qui caractérise cette période, est d’abord celui de la réforme de la formation des maîtres et maîtresses d’école : c’est elle qui a fait obstacle. On peut regretter que la présentation qui est faite de la période de Vichy ne fasse pas suffisamment le lien avec l’exacerbation des conflits et les crispations nées entre les deux guerres de l’incapacité de la République à réformer la formation de ses maîtres.
4L’ouvrage souffre, pour certains de ses textes, de l’absence d’une relecture sérieuse. Cependant, l’approche d’abord locale qui nous est proposée ici est très utile. Il serait du plus grand intérêt qu’elle se généralise, dans l’intérêt de la formation des professeurs d’aujourd’hui.
References
Bibliographical reference
Marcel Grandière, “CONDETTE (Jean‑François), ROUET (Gilles) (dir.), Un siècle de formation des maîtres en Champagne‑Ardenne. Écoles normales, normaliens, normaliennes et écoles primaires de 1880 à 1980”, Histoire de l’éducation, 127 | 2010, 132-133.
Electronic reference
Marcel Grandière, “CONDETTE (Jean‑François), ROUET (Gilles) (dir.), Un siècle de formation des maîtres en Champagne‑Ardenne. Écoles normales, normaliens, normaliennes et écoles primaires de 1880 à 1980”, Histoire de l’éducation [Online], 127 | 2010, Online since 10 March 2011, connection on 08 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/2210; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.2210
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