STOSKOPF (Nicolas), Université de Haute-Alsace. La longue histoire d’une jeune université
STOSKOPF (Nicolas), Université de Haute-Alsace. La longue histoire d’une jeune université, Strasbourg : La Nuée Bleue, 2005, 95 p.
Texte intégral
1Ce petit ouvrage, rédigé par un historien de l’université de Mulhouse, décrit les grandes étapes qui ont mené à la mise en place d’une université de plein exercice en Haute-Alsace dans les années 1970. Rien ne semblait prédisposer l’agglomération mulhousienne, région industrielle relativement éloignée des grands centres administratifs et intellectuels anciens, à accueillir une institution d’enseignement supérieur. Cependant, comme ce fut aussi le cas à Rouen (travaux d’Anne Bidois) ou à Nantes (travaux de Virginie Champeau), la présence d’un patronat local à la fois puissant et dynamique a constitué un élément central dans la volonté de disposer d’une offre de formation de qualité dans la région.
2Si le projet de développer un enseignement supérieur s’inscrit donc dans le cadre d’un lien étroit entre science et industrie, l’auteur met en garde contre une analyse mécaniste voyant l’enseignement supérieur comme directement issu des nouveaux besoins industriels, en montrant que l’intérêt scientifique des grandes familles mulhousiennes existe dès le XVIIIe siècle. Ce goût de la science, en particulier sous son aspect fondamental, perdurera tout au long du siècle suivant, fonctionnant comme un aiguillon efficace dans le développement d’une science plus appliquée, en liaison avec l’industrialisation, et aura pour effet de soutenir le développement de structures d’enseignement spécifiques. La première pierre en est posée avec l’École de chimie, en 1822.
3L’auteur retrace ensuite l’histoire des différents établissements créés au XIXe siècle et éclaire le rôle central joué par la Société industrielle de Mulhouse dans le développement, le soutien et le choix des orientations de ces écoles, en collaboration étroite avec les édiles municipaux, puis, dans les années 1950, dans la négociation avec le gouvernement afin d’obtenir que Mulhouse soit l’un des sites choisis par la politique de déconcentration des facultés des sciences. Cette étroite synergie entre les industriels, les écoles et la municipalité, qui entraîne sur deux siècles la création et la pérennisation d’un enseignement supérieur de qualité, est sans doute la principale caractéristique de la situation mulhousienne. Le mouvement engagé depuis près de 150 ans voit son aboutissement avec la création d’une université de plein exercice, comprenant à la fois des UER de sciences et de sciences humaines et des écoles d’ingénieurs, en 1975. D’une certaine façon, cette naissance marque la fin de l’alliance précédente et l’autonomisation de l’enseignement supérieur mulhousien face à ses promoteurs.
4Pour présenter ce survol historique (l’ouvrage compte moins d’une centaine de pages), l’auteur a privilégié le point de vue des acteurs ayant porté le projet. Bien que succinct, ce récit met cependant bien en lumière les caractéristiques propres à l’enseignement supérieur mulhousien en utilisant des sources variées, archives, presse, entretiens… Il forme une introduction intéressante et fait souhaiter un ouvrage plus complet sur la même matière.
Pour citer cet article
Référence papier
Emmanuelle Picard, « STOSKOPF (Nicolas), Université de Haute-Alsace. La longue histoire d’une jeune université », Histoire de l’éducation, 119 | 2008, 119-120.
Référence électronique
Emmanuelle Picard, « STOSKOPF (Nicolas), Université de Haute-Alsace. La longue histoire d’une jeune université », Histoire de l’éducation [En ligne], 119 | 2008, mis en ligne le 21 mai 2009, consulté le 07 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/1871 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.1871
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