Pierre de Coubertin. La réforme sociale par l’éducation et le sport
Pierre de Coubertin. La réforme sociale par l’éducation et le sport. – Paris : Les études sociales, n° 137, octobre 2003.
Texte intégral
1Doté de solides relations et de moyens matériels, Pierre de Coubertin, un jeune homme de bonne famille, dont la pensée s’est rattachée durant dix ans à l’école de Le Play, découvre par l’Angleterre, les États-Unis ensuite, l’influence que peut exercer l’éducation physique dans l’éducation de la jeunesse, au point d’aboutir chez celle-ci à une véritable transformation. Avec son vif attachement à la paix, il est ainsi conduit à concevoir et à faire connaître, en 1894, son désir de créer une unité internationale par l’instauration de Jeux olympiques.
2Le numéro que voici, « diligenté », selon le préfacier J.-P. Rioux, par Patrick Clastres, comporte quatre ensembles. Le premier, dû au même P. Clastres, décrit la séparation progressive d’avec les leplaysiens, suivie du « coup de poignard anonyme » : un article issu de ses anciens amis en 1896. C’est la rupture. Coubertin rejoint alors les républicains progressistes et réformateurs, les libéraux de l’enseignement secondaire, dont Jules Simon. P. Clastres et Nathalie Duval se livrent ensuite, appuyés sur une brève et peu instructive correspondance entre les deux directeurs, à une comparaison entre l’École de Normandie, fondée par Coubertin, et l’École des Roches, créée par Demolins avec des financements d’origine différente. Les pratiques n’y sont pas toutes les mêmes, le « patriotisme cocardier » qui anime la première ne se retrouve pas dans la seconde.
3Fabrice Auger montre de son côté comment Coubertin voit la paix sociale dans les colonies : « disciplinarisation », « moralisation », « maniabilité ». Nicolas Bancel et P. Clastres publient dans ce domaine la correspondance échangée entre Lyautey et Coubertin. Celle-ci ne peut, et de loin, former un ensemble complet, eu égard à la destruction partielle de leurs archives et à la difficulté d’examiner toutes les autres. Un tel document apporte pourtant des éléments de prix. Une différence de taille, tout d’abord, entre les premières années où chacun essaie d’exposer des pans au moins de sa doctrine. Le nombre des lettres de Lyautey est alors bien supérieur en quantité. Plus tard, ce nombre diminue, si l’on en ôte de courts billets d’amitié. Coubertin n’y est guère plus explicite, en dépit du nombre de ses mots à l’adresse de l’absent. L’ultime retour public de tous deux, après disgrâce et démissions, a lieu lors de l’Exposition coloniale (1931). Le désir qu’ils nourrissent de relations pacifiées entre colons et indigènes, sans aboutir à une « prétendue égalité » entre eux, conduit Coubertin à appliquer en ce domaine l’idée maîtresse de sa vie : les bienfaits de l’éducation physique pour les uns et les autres. S’ajoutent à l’ensemble deux chrono-biographies de Lyautey et Coubertin, et une communication de ce dernier, « L’éducation anglaise », faite à la Société d’économie sociale en 1887. Patrick Clastres y voit comme « un véritable programme d’éducation morale, sociale et politique ».
4Quarante années de correspondance entre Coubertin et Lyautey font d’autre part observer chez eux une réelle communauté de vues, fortifiée, on peut le supposer, par des rencontres assez fréquentes. Ils marquent l’un pour l’autre une fidélité, malgré quelques divergences d’appréciation vis-à-vis de la République, et font une solide rencontre, observent les auteurs, entre les étapes connues par leurs idées réformatrices et les « rythmes réformateurs de la République ».
Pour citer cet article
Référence papier
Françoise Mayeur, « Pierre de Coubertin. La réforme sociale par l’éducation et le sport », Histoire de l’éducation, 105 | 2005, 128-129.
Référence électronique
Françoise Mayeur, « Pierre de Coubertin. La réforme sociale par l’éducation et le sport », Histoire de l’éducation [En ligne], 105 | 2005, mis en ligne le 13 mai 2009, consulté le 08 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoire-education/1140 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/histoire-education.1140
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