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Dossier

Marielle Goitschel : une nouvelle créature audiovisuelle ?

Marielle Goitschel: a new audiovisual creature?
Lucie Falcone et Thomas Bauer

Résumés

Durant les années 1960, au moment où la télévision et la radio connaissent un véritable essor, les athlètes femmes sont mises en scène pour illustrer les normes de genre alors en vigueur. C’est le cas de la jeune skieuse Marielle Goitschel qui, rapidement élevée au rang d’héroïne nationale après ses premiers succès internationaux, devient peu à peu une aubaine pour les médias. Intrigués par cette nouvelle égérie, les journalistes du petit écran s’emparent de son caractère trempé, de sa masculinité apparente et de ses attitudes désinvoltes, pour donner à voir au grand public un spectacle divertissant. Les discours qu’ils prononcent et les images qu’ils diffusent d’elle façonnent d’emblée l’imaginaire des téléspectateurs, et ils véhiculent implicitement les stéréotypes du garçon manqué pour construire une nouvelle vision – leur vision ? – de la skieuse. Pour comprendre la façon dont les médias télévisuels ou radiophoniques ont construit cet idéal médiatico-féminin, il convient de procéder en deux temps : comprendre l’impact discursif des propos tenus par les journalistes et relayés par les principaux acteurs du fait divers – les routines d’écriture journalistique laissant une large part à des représentations stéréotypées (Aurélie Olivesi, 2012) – et analyser les stratégies qui conditionnent cette construction narrative visant à recréer un sentiment de vérité. Ces temps d’analyse complémentaires permettent de mieux identifier les mécanismes qui pénètrent dans l’inconscient des téléspectateurs et le structurent. En effet, ces vecteurs de communication de masse ne procèdent-ils pas, grâce à la magie du montage, à des choix de mise en scène qui répondent parfaitement aux attentes socio-historiques (Catherine Ghosn, 2002) ? Cette contribution s’appuie ainsi sur un ensemble d’archives audiovisuelles de la télévision nationale et de la radiophonie issue de l’INAthèque : de nombreux extraits de Journaux Télévisés (13h ou Journal du matin), des sources plus originales telles que des émissions féminines (Dim Dam Dom) ou encore des grands reportages tels que Cinq Colonnes à la Une.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 Nageuse française, vice-championne olympique et détentrice du record du monde du 100 mètres dos en (...)
  • 2 Athlète française, championne olympique du 400 mètres en 1968.
  • 3 Championne du monde du combiné en 1962 à l’âge de 16 ans, elle est également championne olympique d (...)
  • 4 Expression utilisée pour désigner une femme adoptant des comportements traditionnellement associés (...)

1Durant les années 1960, au moment où la télévision connaît un véritable essor, la mise en scène des athlètes femmes illustre les normes de genre alors en vigueur. Dans ce contexte social où l’émancipation féminine prend de plus en plus de place, Christine Caron1 et Colette Besson2 deviennent de parfaits exemples d’un traitement médiatique genré. C’est également le cas de la jeune skieuse Marielle Goitschel qui, rapidement élevée au rang d’héroïne nationale après ses premiers succès internationaux3, devient peu à peu une aubaine pour les médias. Intrigués par cette nouvelle égérie, les journalistes du petit écran s’emparent de son caractère bien trempé, de son apparence jugée masculine, et de ses attitudes désinvoltes, pour donner à voir au grand public un spectacle divertissant. Les discours qu’ils prononcent ou les images qu’ils diffusent d’elle façonnent d’emblée l’imaginaire des téléspectateurs et véhiculent implicitement le stéréotype du garçon manqué4, construisant ainsi une nouvelle vision – leur vision ? – de la skieuse. Pour comprendre la façon dont les médias télévisuels ou radiophoniques ont édifié cet idéal médiatico-féminin dans la société française, il convient de procéder en deux temps : comprendre l’impact discursif sur les spectateurs des propos tenus par les journalistes et relayés par les principaux acteurs du fait divers – les routines d’écriture laissant une large part à des représentations stéréotypées (Olivesi, 2012 : 27) – puis analyser les stratégies qui conditionnent cette construction narrative visant à recréer un sentiment de vérité. Ces temps d’analyse permettent d’identifier les mécanismes qui pénètrent l’imaginaire des téléspectateurs mais également le structurent. En effet, ces vecteurs de communication de masse ne procèdent-ils pas, grâce à la magie du montage, à des choix de mise en scène qui répondent parfaitement aux attentes socio-historiques (Ghosn, 2002 : 3) ? Cette contribution s’appuie ainsi sur un ensemble d’archives audiovisuelles de la télévision nationale et de la radiophonie issues de l’INAthèque : de nombreux extraits de journaux télévisés (13h ou journal du matin), des sources plus originales telles que des émissions féminines (Dim Dam Dom) ou encore des grands reportages tirés de Cinq Colonnes à la Une.

Corpus et méthodologie

2Comme l’expliquent Josiane Boutet et Dominique Maingueneau, l’analyse du langage permet de comprendre et mieux déconstruire le monde social (2005 : 39). Aussi, lorsqu’on étudie des discours médiatiques, il convient de resituer ces derniers à travers les « lieux sociaux qui les rendent possibles et qu’ils rendent possibles » (Maingueneau, 2009 : 19). Dans cette perspective, notre étude des discours genrés tenus sur Marielle Goitschel a pour visée de mettre en exergue les effets d’un dénigrement répété. Elle s’inscrit dans la lignée des travaux de Diane Vincent, Marty Laforest et Olivier Turbide qui ont montré, à partir d’outils discursifs, l’impact de la qualification péjorative d’autrui sur le développement du racisme, de l’homophobie ou du sexisme (2007). En effet, l’attention forte que l’on porte généralement à l’apparence corporelle et vestimentaire, la mention du sourire, la psychologisation des traits, ou encore l’évocation de la vie privée avec cette interrogation sur la compatibilité entre vie familiale et professionnelle, sont autant de paramètres qui reviennent lorsqu’il s’agit d’évoquer la situation des femmes célèbres dont la skieuse en question. En cela, ces discours engendrent « des imaginaires attachés aux représentations de genre et ces stéréotypes fonctionnent comme autant de barrières symboliques pour les femmes » (Coulomb-Gully et Rennes, 2010 : 177).

3Il faut dire que la communication télévisuelle, dont la popularité n’est plus à démontrer, joue alors un rôle non négligeable entre contrôle gouvernemental et mise en scène de l’information. Au moment où le Général de Gaulle fait son grand retour en politique, non seulement 700 000 postes sont en service (Vassallo, 2005 : 12) mais la Radiodiffusion-télévision française (RTF) diffuse plus de six heures par jour ; le journal télévisé devient rapidement « l’un des rendez-vous préférés des Français » (11). Par sa facilité de pénétration, la télévision « capte l’intérêt de tous » (18) et anime bien des passions. Le reportage télévisé, les émissions en tout genre et le JT fascinent peu à peu tout un peuple avide d’une nouvelle réalité (Barbé, 2019 : 14). Quelques années plus tard, la seconde chaîne fait son apparition et l’on compte, au début des années 1970, plus de 11,7 millions de postes – pour une durée de diffusion de 16h30 par jour. Conscient de cette ascension fulgurante, le gouvernement voit en ce nouveau média un moyen de créer un contact direct avec le peuple et d’offrir aux téléspectateurs sa perspective sur les institutions et des rituels politiques. Dès lors, de par son caractère politique et son importance grandissante, la communication audiovisuelle oriente l’imaginaire des Français et engendre des représentations qui structurent, sur le long terme, leur façon de penser les débats de société, parfois peu visibles, tels que la place de la femme sportive. Bien que les études anglo-saxonnes sur l’approche sexuée des images médiatiques de sport se multiplient depuis le milieu des années 1990, notamment grâce à l’ouvrage pionnier de Pamela Creedon (1994), les recherches françaises croisant ces deux axes restent rares. Des études francophones sur l’histoire du sport féminin se sont développées ces dernières années, principalement depuis la publication des travaux de Pierre Arnaud et Thierry Terret (1996), mais peu de mises en application dépassant l’aspect théorique proposent in fine une réelle analyse des images en rapport à la diffusion des stéréotypes ou lieux communs genrés.

4Au-delà des discours tenus par les journalistes, la télévision s’appuie sur une mise en scène visuelle pour générer un sentiment de vérité. Le philosophe Ernst Gombrich (2003) l’a mis en évidence en précisant qu’on ne voit que ce que l’on sait. L’image devient, au-delà de l’aspect documentaire, un récit imaginaire souvent enjolivé par la magie du découpage. François Niney a d’ailleurs montré comment, grâce aux mystères du raccord, de l’ellipse et du rythme, les pionniers du cinéma comme Griffith, Stroheim ou Eisenstein ont ouvert de nouvelles « perspectives du temps » (2002 : 37). Chaque plan, c’est-à-dire chaque portion de film comprise entre deux collures, a son importance. Par exemple, le gros plan favorise l’isolement d’un objet ou d’un visage pour trahir des émotions ou sentiments. Le ralenti, quant à lui, est opportun pour faire percevoir certains enjeux aux spectateurs. Par opposition, le fait de favoriser la contre-plongée ou d’utiliser une lumière particulière peut procurer à ces derniers un sentiment de tension. En jouant sur ces procédés, les professionnels du montage engendrent bel et bien des « imaginaires communicationnels » (Lochard et Soulages, 1994 : 16).

5En vue de mesurer les effets de ces « imaginaires communicationnels » par rapport à Marielle Goitschel, aux skieuses et plus globalement aux sportives, de nombreuses archives de l’INAthèque ont été mobilisées. Tout d’abord, les 305 résultats portant sur Marielle Goitschel entre 1960 et 1968, issus des fonds de données relatifs à la télévision nationale, ont été visionnés et décryptés. D’autres ressources, issues des fonds de données relatifs à la télévision régionale (France 3 Rhône) ont été identifiées, mais celle-ci n’étant encore que peu démocratisée et regardée à l’époque, les résultats n’ont pas été conservés pour la suite de l’analyse. Par ailleurs, afin de pouvoir établir un corpus représentatif du discours audiovisuel dans son ensemble, notre intérêt s’est porté sur les archives radiophoniques qui constituent un objet d’étude en soi. Tous les résultats exploités ici sont issus d’émissions diffusées sur France Inter entre 1962 et 1968. Ils concernent, en grande majorité, des commentaires de courses en direct (par exemple la victoire en slalom de Marielle aux Jeux de Grenoble en 1968) et des résultats de compétitions. Enfin, certaines archives audiovisuelles disponibles au sujet de Christine Caron et de Colette Besson ont été intégrées au corpus pour comparer leurs images médiatiques – toutes deux étant au même titre que la skieuse des championnes emblématiques des années 1960 – et ainsi mieux faire ressortir les différences discursives ou narratives.

6D’un point de vue statistique, il est possible d’établir un panorama télévisuel des apparitions de Marielle Goitschel à partir des archives de la télévision nationale ; il faut noter que l’analyse se concentre essentiellement sur la cadette Goitschel car c’est elle qui apparaît dans les médias, parfois avec sa soeur aînée Christine (elle aussi skieuse de haut niveau), mais le plus souvent seule. Elle devient un personnage culturel bien au-delà du mythe des sœurs Goitschel qui fait vivre l’histoire de deux jeunes sœurs de sang, couronnées à tour de rôle dans l’épreuve la plus symbolique qui soit : les Jeux olympiques. On peut ainsi distinguer quatre catégories à l’issue de ses apparitions médiatiques : les émissions diverses (Cinq colonnes à la une, Le Temps des loisirs, Au-delà de l’écran, Âge tendre et tête de bois), les magazines féminins (Dim Dam Dom, Page de la femme), les reportages et magazines sportifs (Page des sports, Les Coulisses de l’exploit, Sport dimanche, Rétrospective sport) et les journaux d’information comprenant Les Actualités françaises et les JT (13h, 20h, nuit et matin).

Fig. 1. Répartition des résultats par catégorie issus de la télévision nationale

Fig. 1. Répartition des résultats par catégorie issus de la télévision nationale

7Lorsque l’on regarde le graphique (Fig. 1), il est aisé de constater que les ressources diffusées dans le cadre du JT constituent la grande majorité des résultats (73,7 % soit 225 résultats sur les 305 trouvés). Ceux-ci comprennent les données issues des journaux des deux premières chaînes nationales (à compter de son apparition en juillet 1964 pour la seconde).

8Si l’outil télévisuel est un élément déterminant dans le cadre de cette étude, les magazines féminins, qui diffusent une représentation de ce que doit être la femme, représentent un indicateur-clé. Entre diffusion de l’éternel féminin et contribution à l’apogée de sa figure moderne, leurs programmes constituent un marqueur essentiel des normes de genre. Ils reconstruisent une certaine réalité en créant un monde narratif qui répond aux attentes du public visé, tout en diffusant plusieurs stéréotypes (Ghosn, 2002 : 11). Même si elles ne représentent qu’1 % des résultats, ces émissions sont donc véritablement porteuses de sens. En effet, Pierre Bourdieu (1996) rappelle que le temps est une donnée extrêmement rare à la télévision. Et « si l’on emploie des minutes si précieuses pour dire des choses aussi futiles, c’est que ces choses futiles sont en fait très importantes que dans la mesure où elles cachent des choses précieuses » (16).

9Enfin, les émissions diverses dans lesquelles apparaissent les sœurs Goitschel apportent un éclairage « plus significatif de la télévision du Général » (Vassallo, 2005 : 198). L’émission Cinq colonnes à la Une, qui marque la naissance du grand reportage, est placée à un horaire de choix, à 20h30. Son producteur, Pierre Lazareff, voulant s’opposer au cadre rigide du JT, souhaite renouveler le traitement de l’information audiovisuelle. Le sérieux qui contraste entre les enquêtes diffusées dans Cinq colonnes à la Une et les sujets abordés au JT accentue la fadeur et la médiocrité de ce dernier. Dès lors, la mise en perspective des résultats trouvés dans le JT permet de caractériser de façon relativement objective les représentations véhiculées sur Marielle Goitschel. L’analyse est ensuite enrichie à l’aide des autres catégories d’émissions, sans pour autant avoir une prétention d’exhaustivité.

Marielle Goitschel à l’épreuve des médias

10Quelques jours après les fabuleux championnats du monde de Portillo, alors que les journalistes tournent leurs regards vers la bande à Killy, Marielle Goitschel s’agace des discours tenus à son égard, estimant que la plupart d’entre eux se jouent d’elle :

  • 5 « Résumé des championnats du monde 1966 », reportage diffusé le 15 août 1966 sur la première chaîne (...)

11Les gens m’ont fait un personnage qui n’est absolument pas le mien. Je ne suis pas plus garçon manqué que les autres. On pratique un sport assez violent, donc on ne peut pas être comme cela (elle imite grossièrement les filles très féminines). On descend à 80km/h sur les pistes… Alors vous comprenez bien qu’on ne peut pas y aller en robe ! Et puis rentrer, se faire les ongles, se coiffer sans arrêt… alors qu’on poste des casques ! Mais de là à dire que je suis un garçon manqué, qui joue qu’au football, qui en arrivant chez Charlot lui aurait tapé sur l’épaule, ça c’est de la bêtise5 !

12Au moment où elle tient ces propos, la skieuse est déjà championne olympique et championne du monde, donc à un stade avancé de sa carrière et n’a plus rien à prouver. Pourtant, les années passent et les journalistes continuent d’ancrer un peu plus encore ce portrait, voire ce personnage médiatique, dans l’imaginaire des téléspectateurs. De la gamine insolente au garçon manqué, de l’amazone à l’androgyne, de la femme d’action à la féministe, elle incarne à vrai dire tous les symboles de la femme ayant la « tentation du masculin » (Bauer, 2011 : 85). Aurélie Olivesi montre à ce sujet – même si son étude porte sur les personnalités politiques – que les femmes, bien qu’incarnant des qualités typiquement féminines (douceur, sensibilité, écoute), sont parfois présentées comme « des battantes, des fonceuses, ayant adopté des caractéristiques plutôt masculines pour réussir » (2012 : 121). L’utilisation de qualificatifs relatifs au genre féminin serait d’ailleurs, selon elle, un marqueur d’infériorité. De fait, les caractéristiques perçues comme féminines sont dévaluées. L’auteure note également que les qualités masculines sont le plus souvent présentées dans un « contexte d’adversité » (2012 : 126). Partant de ces constats, si les discours usant de symboliques masculines à propos de la skieuse peuvent sembler péjoratifs, ils sont aussi un moyen de mettre en lumière sa domination dans le domaine du sport. Car Marielle Goitschel, en bousculant les codes, dérange autant qu’elle fascine, ce qui explique les nombreux exemples qu’on trouve dans les reportages :

  • 6 « Champignon vinaigrette », reportage diffusé le 21 août 1966 sur la première chaîne (Archives de l (...)

Déconcertante Marielle ! À 22 ans, elle en aura terminé avec son temps de gloire, comme un garçon en aura terminé avec son service militaire. Et d’ailleurs, entre l’entraînement et la compétition, la vie de championne ne ressemble-t-elle pas plus à la vie de garçon que ce qu’on imagine être la vie d’une jeune fille de 16 ans6 ?

  • 7 Cet ancien cycliste français s’est reconverti dans le journalisme sportif au milieu des années 1950 (...)
  • 8 « Ski femmes : interview de Marielle Goitschel », reportage diffusé le 21 février 1962 sur la premi (...)

13Les journalistes rappellent de façon quasi systématique cette caractérisation masculine qui alimente en continu un imaginaire communicationnel et fonde des stéréotypes médiatiques sujets aux transformations de l’identité nationale (Macé, 2006). Les questions posées lors des entretiens, presque toujours orientés dans le sens d’un dénigrement de sa féminité, ne laissent qu’une infime marge de manœuvre à la skieuse. C’est notamment le cas lors d’une interview télévisée au cours de laquelle Robert Chapatte7 lui demande : « On a beau être un garçon manqué, parfois on a peur au début des descentes, c’est votre cas ? » Ce à quoi elle répond humblement : « Oh oui, je dois dire que j’avais un trac fou. »8 Ici, la question ne se pose pas, elle est un « garçon manqué » pour le journaliste. Et cette affirmation devient de facto une évidence pour les téléspectateurs. On note d’ailleurs que cette idée se ressent également dans d’autres types de divertissements visuels, comme la comédie musicale qui porte de nombreux stéréotypes de genre (Beuré, 2015). Le cinéma quant à lui, en mettant en scène des femmes d’action de divers horizons, participe aussi à viriliser subtilement la féminité – ou à féminiser la virilité selon l’angle d’approche – comme le montre Raphaëlle Moine (2010).

  • 9 « Interviews Caron et Goitschel », reportage diffusé le 25 novembre 1965 sur la deuxième chaîne (Ar (...)

14Dans son étude ayant vocation à traiter le rôle du stéréotype dans la stratégie discursive du JT, Catherine Ghosn montre que l’information s’inscrit à l’intérieur des repères supposés les mieux partagés, ceux de la culture populaire. Dans ce but, le stéréotype « relève de techniques narratives préétablies et obéit à des grilles de lecture définies » (Ghosn, 2002 : 3). L’intérêt de l’usage de ce dernier va au-delà de sa facilité de circulation puisqu’il contribue à construire une vision partagée de la réalité. Dans cette optique, le sociologue Jean-Marc Leveratto préfère le terme de « lieu commun » à celui de stéréotype, qu’il entend comme un objet culturel disponible pour tout le monde (Leveratto, 2000). Dans le cas de Marielle Goitschel, l’image du garçon manqué renvoie à des enjeux sociétaux liés à l’émancipation des femmes. Elle, comme de nombreuses autres, représente ce genre de femme qui n’accepte plus d’être seulement une subordonnée de l’homme. De façon volontaire ou non, la skieuse devient un modèle d’identification pour la gent féminine en incarnant l’idéal de la femme forte et indépendante. C’est sans surprise que les questions qu’on lui pose visent à la positionner dans un entre-deux entre le rôle des femmes et celui des hommes, comme pour remettre à sa place celle qui oserait transgresser les normes de genre. C’est le cas dans un entretien durant lequel le journaliste demande : « Vous êtes la première championne de ski féminine. Qu’est-ce que ça vous fait de penser que, quoi que vous fassiez, un homme sera toujours plus fort et rapide ? » Goitschel répond, agacée : « Mais, il n’y a aucun rapport entre le ski féminin et masculin. Le ski est un sport très dangereux. Les femmes ont autant de mérite à gagner leur première place ! » Son interlocuteur enchaîne : « Mais ça ne vous arrive jamais de rêver que vous battez un champion ? » Goitschel : « Sur des petits slaloms, il m’est arrivé d’en battre ! Et plutôt deux fois qu’une ! »9 Le journaliste construit ici sa communication audiovisuelle en s’appuyant sur un discours convenu : les idées reçues qu’il exploite servent à caricaturer et donc à faciliter la lecture de l’information par les téléspectateurs. Cette stratégie lui permet de « jouer plus facilement sur les affects et de capter l’attention en présentant des supports d’identification reposant sur la projection et l’empathie » (Ghosn, 2002 : 5). Bien entendu, à l’instar de ce journaliste, la plupart des acteurs médiatiques choisissent avec soin ces poncifs pour s’emparer d’une nouvelle réalité. Mais, au final, Marielle Goitschel n’est qu’une victime parmi d’autres de ce système. Un cercle vicieux qui enferme son personnage dans un cadre bien défini et imposé par la domination masculine.

Fig. 2. « Les demoiselles de Grenoble », reportage diffusé le 2 février 1968

Fig. 2. « Les demoiselles de Grenoble », reportage diffusé le 2 février 1968

Archives de l’INAthèque

  • 10 « Les demoiselles de Grenoble », reportage de l’émission Cinq colonnes à la Une diffusé le 2 févrie (...)

15Au-delà de cette première vision stéréotypée, il est possible de discerner une autre croyance : l’image d’une fille à protéger. Aurélie Olivesi évoque, à ce sujet, la figure paternelle ou celle du mentor avec l’idée qu’il existe naturellement dans le rapport entraîneur/entraînée une « dimension genrée » (2012 : 120). En témoigne le fait que Marielle Goitschel apparaît très souvent au côté d’Honoré Bonnet dans les séquences diffusées à la télévision. Ce dernier joue le rôle de père, de chef, de manager, autant pour elle que pour les autres « mignonnes » de l’équipe de France. Dans un reportage de Cinq colonnes à la Une10, diffusé juste avant les Jeux de Grenoble, on peut voir la vie de ces « demoiselles » vivant loin de leurs familles pendant les longs mois d’hiver. On découvre alors des scènes de vie de tous les jours, les skieuses jouant aux cartes ou au piano avec Monsieur Bonnet, qui discute et rit avec elles (Fig. 2). Ces images donnent l’impression au grand public qu’elles sont encore des enfants sous l’autorité d’un père de famille. Marielle Goitschel, âgée de 21 ans et maintes fois médaillée, est d’ailleurs contrainte de respecter les interdictions de sortie et les couvre-feux instaurés par l’entraîneur.

  • 11 Depuis la loi du 13 juillet 1965.
  • 12 Loi Neuwirth du 19 décembre 1967.
  • 13 Il faut attendre le 4 juin 1970 pour que cette appellation soit supprimée du code civil.

16De la fille à protéger à la future épouse ou mère, il n’y a parfois qu’un pas. De fait, les discours médiatiques de l’époque mettent aussi en exergue l’idéal de la femme-mère. Il faut alors préciser qu’à ce stade, les femmes sont tout juste autorisées à gérer leurs biens propres et à exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari11. La contraception vient d’être légalisée12 et la notion de « chef de famille » est encore d’actualité13. Et cela transparaît dans les médias. On ne compte plus les fois où Marielle Goitschel doit répondre à des questions portant sur le mariage ou sur son idéal masculin. Dans un extrait télévisé proposant différents avis de citoyennes à propos de leur choix de vote, la skieuse déclare :

  • 14 « Citoyennes à part entière », reportage diffusé le 7 novembre 1965 sur la première chaîne. (Archiv (...)

Je pense que les femmes qui ont une certaine personnalité ne suivent pas l’avis de leur mari. Elles prennent leurs idées à elles. Pour les autres, eh bien ma foi, je pense que ce n’est pas plus mal dans un fond. Mais moi, personnellement, je sais que le jour où je voterai, je prendrai mon avis à moi. Je pèserai le pour et le contre, mais je ne suivrai pas mon mari obligatoirement14 !

17Marielle Goitschel peut sembler effrontée en parlant de cette façon, et ce dans un contexte où la plupart des femmes suivent encore les recommandations de leur père ou mari pour voter. Dans un autre extrait, radiophonique cette fois, le reporter décrypte les propos tenus précédemment par la skieuse au sujet du mariage. Il explique :

  • 15 « Madame Inter », émission radiophonique diffusée le 13 décembre 1967 sur France Inter (Archives de (...)

Marielle dit « Je ne suis pas pour le mariage mais pour l’indépendance ». Cela est très intéressant car trop de filles placent leur avenir dans les mains du mariage. Ici, elle vit pour l’avenir de Marielle Goitschel. Il n’y a aucune agressivité anti-masculine dans son discours, elle veut simplement exister par elle-même. Cette indépendance n’est pas ce que l’on appelle bêtement du féminisme : elle est là, elle vit, elle travaille, et ne rejette pas l’idée d’être avec un homme. Une déclaration de cette force n’aurait pas eu être faite il y a 20 ans par une jeune fille de cet âge15 !

18Le parti-pris du journaliste de France Inter ne consiste pas à ridiculiser les propos de Marielle Goitschel en jouant à outrance la carte de ce que de trop nombreux reporters auraient volontiers qualifié de militantisme, mais plutôt de montrer qu’il est possible de se défaire de l’autorité masculine et de l’idéal du mariage, sans pour autant y voir une mise à mal de ce qu’il représente.

  • 16 Journaliste de la première chaîne, il réalise régulièrement des interviews et reportage.
  • 17 « Ski femmes : interview de Marielle Goitschel », reportage diffusé le 21 février 1962 sur la premi (...)
  • 18 « Marielle des neiges », reportage diffusé le 21 mars 1962 sur la première chaîne (Archives de l’IN (...)
  • 19 Extrait du JT 13h, diffusé le 13 février 1964 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).
  • 20 Il faut attendre le 6 février 2013 pour que cette interdiction soit abrogée.

19Une dernière croyance stéréotypée que l’on peut extraire des discours médiatiques concerne l’apparence physique de la sportive, lequel renvoie nécessairement à la notion de séduction. Jane Freedman explique que « l’image corporelle reste plus au cœur des représentations des femmes que de celles des hommes » (1997 : 79-80). Ce mécanisme s’illustre en particulier dans les propos sur la tenue vestimentaire : la question la plus fréquemment posée à Marielle Goitschel est de savoir si elle porte parfois des robes. Alors que beaucoup de journalistes auraient demandé à un homme quelle est sa stratégie pour gagner, comment il s’est senti durant la course ou encore ce qu’il a ressenti en rencontrant le Général de Gaulle, ces mêmes personnes préfèrent échanger en priorité sur la tenue de la skieuse. Sur l’ensemble des archives visionnées, aucune ne montre, par exemple, un Jean-Claude Killy se justifiant quant à son apparence. Goitschel doit, elle, au contraire, décrypter en permanence le choix de ses toilettes. C’est le cas après sa victoire en combiné au Championnat du monde de 1962, lorsque le journaliste Jacques Perrot16 lui demande : « C’est vrai ce qu’on raconte… que lorsque vous portez des jupes, immédiatement après, vous vous précipitez chez vous pour l’enlever et porter un pantalon d’homme ? » Elle répond : « Oui, car on est plus à l’aise. Mais, enfin, je mets quand même des jupes, il ne faut pas exagérer. »17 On trouve un autre exemple quelques semaines plus tard, alors que les médias commencent à s’intéresser de plus en plus à ce jeune prodige : « Qu’est qu’il y a davantage dans votre garde-robe : des jupes ou des pantalons ? » Goitschel répond : « Contrairement à ce que disent les gens, il y a beaucoup de fuseaux mais aussi de robes ! »18 Même durant les moments les plus emblématiques de sa carrière, les journalistes restent focalisés sur ce dilemme robe/pantalon. Alors qu’elle sort tout juste d’une réception chez le Premier ministre à Matignon, un journaliste l’interpelle pour lui faire remarquer : « Dites-moi, vous êtes venue en pantalon ! Vous n’avez pas de robe ? » Ce à quoi Marielle, agacée, rétorque : « Écoutez je cours demain le Kandahar, je n’en ai pas emmené ! »19 Il faut quand même préciser que le pantalon est encore officiellement banni pour les femmes et ce depuis la loi de 1789, même si cette interdiction bénéficie d’une marge de tolérance20. Marielle doit donc rendre des comptes concernant ce que certains considèrent comme une provocation. Tout au long de sa carrière, la skieuse ne peut se défaire de l’attention forte portée à sa tenue. Il en est de même avec sa coiffure, son maquillage ainsi qu’avec tous les autres marqueurs esthétiques de la féminité. L’apparence physique constitue une construction sociale, voire une obligation qui se véhicule au travers des médias. La femme apparaît dans les discours et sur le petit écran telle qu’elle devrait l’être, selon les normes de genre en vigueur, c’est-à-dire, apprêtée, polie, douce voire effacée. Et lorsqu’elle ne correspond pas exactement aux attentes de l’imaginaire collectif des Français, elle ne peut échapper à des questionnements qui prennent le plus souvent la forme d’insinuations.

Ces images qui façonnent l’imaginaire collectif

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20Bien au-delà des propos tenus par les journalistes, la télévision possède un fort pouvoir de suggestion qui structure les stéréotypes et représentations (Ghosn, 2002) des téléspectateurs. Ces idées reçues sont alors entendues au sens d’expression naturalisée d’une asymétrie des rapports de pouvoir qui se reconfigure dans ce qui est rendu visible et ce qui est laissé invisible (Macé, 2007 : 75). La télévision devient dès lors un bon poste d’observation pour étudier le travail de l’imagination. Quand la presse écrite raconte, retranscrit et fait vivre par le biais des mots ses récits aux lecteurs, le petit écran, lui, est en mesure de raconter une histoire avec des images. Les monteurs l’ont bien compris et agencent les plans pour construire une réalité, et ce depuis les premiers temps du cinéma. Les pionniers, à l’image de Griffith21, avaient déjà compris que la juxtaposition des plans pouvait produire un sens nouveau (Niney, 2002 : 37). C’est ainsi que les associations d’idées renforcent le discours des journalistes et, indirectement, l’imaginaire des téléspectateurs. D’ailleurs, certaines études ont montré la façon dont les gestes et images peuvent être découpées et affichées comme de véritables recueils. Pour Adrien Barbé par exemple, certains gestes placés à des moments clés du reportage acquièrent une « charge symbolique particulière » (Barbé, 2019 : 3). Du jeté de ski de Didier Cuche sur la ligne d’arrivée22, à l’emblématique saut de Michael Jordan qui devient par la suite un logo connu dans le monde entier23, en passant par le chewing-gum mâché incessamment par Marielle Goitschel, certaines images phares imprègnent la mémoire du sport et structurent la mémoire collective.

  • 24 « Champions de ski », reportage diffusé le 12 octobre 1965 sur la première chaîne, (Archives de l’I (...)
  • 25 Ibid.
  • 26 « Coupe du monde de ski alpin », reportage diffusé le 3 mai 1967 sur la deuxième chaîne (Archives d (...)

21Le visuel se suffit pour faire passer un message et remplace, de façon parfois plus efficace, la voix off ou celle du reporter. Par exemple, dans un extrait télévisé diffusé en 1965 sur la première chaîne24, on trouve une succession de plans assez significative. Dans un premier temps, on voit Marielle Goitschel descendre à ski avec sa sœur Christine. Les deux skieuses jouent, se jettent des boules de neiges comme pour évoquer leur enfance commune encore proche, tout en étant vêtues de fuseaux et gros pulls. Le plan suivant montre une belle dame, maquillée et bien habillée. Elle est un peu maniérée et regarde son entourage jouer dans la poudreuse. Elle leur lance avec un rire un peu forcé : « Attention à la neige ! »25. Les téléspectateurs ne peuvent qu’être frappés par le contraste qu’offre ce montage. Bien entendu, chaque plan pris isolément n’aurait pas porté préjudice à la féminité des deux sœurs, mais les deux plans en succession induisent un parallèle chez les téléspectateurs. Force est alors de constater que les sœurs Goitschel sont loin d’incarner les normes classiques de genre en comparaison à l’élégante dame qui les succède au montage. On retrouve dans le corpus des archives sélectionnées, de nombreux exemples allant dans ce sens tel cet extrait de 1967 tourné à la suite de la coupe du monde de ski alpin, où les membres de l’équipe de France participent à une réception26. À leur arrivée, la caméra s’oriente vers Annie Famose et Marielle Goitschel qui portent toutes les deux un tailleur jupe et des chaussures à talons. On les voit, soit-dit en passant, en légère difficulté pour marcher. Plutôt que de se focaliser sur l’ensemble de l’équipe, arrivant tout sourire et dégageant une certaine sympathie et fraternité, le caméraman choisit de zoomer, pour offrir un gros plan durant de longues secondes, sur les chaussures vacillantes de deux jeunes femmes. Si aucun mot n’est prononcé, l’image est tout de même porteuse de sens. L’audience est plus importante et ces événements accentuent l’effet d’attention recherché. Si Marielle apparaît comme une championne incontestable, ses médailles ont un prix : son manque de féminité.

Fig. 3. Extrait du « Résumé des championnats du monde 1966 » diffusé le 15 août 1966 sur la première chaîne

Fig. 3. Extrait du « Résumé des championnats du monde 1966 » diffusé le 15 août 1966 sur la première chaîne

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  • 27 Ce journaliste, également producteur de télévision, écrivain et cinéaste participe à de nombreuses (...)
  • 28 « Interview Caron et Goitschel », reportage diffusé le 25 novembre 1965 sur la deuxième chaîne (Arc (...)
  • 29 Voir le manuel publié en 1960 par exemple.

22Le montage peut aussi renforcer le discours du journaliste. Il se superpose à ce dernier et devient un ajout significatif. Il faut dire qu’une interview, peut-être plus encore par les gestuelles que par le contenu stéréotypé des propos, sert d’intermédiaire entre les Français et leurs héros. Dans un entretien accordé pendant l’émission féminine Dim Dam Dom en 1965, Michel Polac27 demande ainsi à Marielle Goitschel : « Quelles sont les auteurs femmes que vous lisez ? » Elle répond après une hésitation : « Violette Leduc. » Le reporter enchaîne et insiste : « Quel titre ? Vous avez oublié ? » La caméra se recentre alors sur le visage gêné de la skieuse. On l’entend finalement répondre : « Je ne sais plus, de toute manière je me suis arrêtée à un quart du livre… pas plus. »28 Ce choix scénique est explicitement orienté pour positionner la skieuse dans l’espace social car, si tel n’était pas le cas, le monteur aurait pu couper cette séquence et ainsi éviter d’exposer, de façon complice, la gêne et la détresse de la jeune skieuse. Dans la même optique, un autre exemple montre Marielle Goitschel s’agacer à la suite des championnats de Portillo. Le spectateur ne peut passer à côté de l’image des pieds usés de la jeune femme, au moment même où elle déclare ne pas être un garçon manqué qui ne joue qu’au football (Fig. 3). Ce plan joue explicitement en sa défaveur. Il ferait même oublier ses propos – pourtant légitimes – car il suggère que ses dires ne sont que des mensonges. Malgré son tricot dans les mains, une jeune fille en accord avec les normes de genre ne ferait pas d’interview les pieds nus, posés sur la table. Elle respecterait les règles de bonne conduite que l’on retrouve par exemple dans les manuels scolaires d’économie domestique pour les femmes29. Les paroles de Marielle passent alors au second plan. François Niney rappelle qu’en introduisant le regard à un nouvel espace-temps imaginaire, la caméra dépasse forcément, plus ou moins consciemment, l’objectivité comme simple face-à-face avec le sujet filmé : « elle l’inclut dans une figuration. On peut donc dire en ce sens que tout plan est désormais subjectif » (2002 : 41-42).

Kiki Caron et Colette Besson aux antipodes

23Au-delà du cas de Marielle Goitschel, les années 1960 connaissent un véritable engouement pour le sport féminin et la comparaison avec deux autres championnes est intéressante pour comprendre les différences de traitement médiatique : la nageuse Christine Caron, vice-championne olympique en 1964, et l’athlète Colette Besson, championne olympique en 1968.

Fig. 4. « Kiki et les dauphins », reportage diffusé le 18 juillet 1969 sur la deuxième chaîne

Fig. 4. « Kiki et les dauphins », reportage diffusé le 18 juillet 1969 sur la deuxième chaîne

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  • 30 « Le sport féminin », reportage diffusé le 4 juin 1965 sur la première chaîne (Archives de l’INAthè (...)
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24Christine Caron, tout comme les deux autres sportives, se retrouve confrontée à certaines questions spécifiquement posées aux femmes. C’est par exemple le cas dans un extrait diffusé en 1965 où le reporter l’interpelle à sa sortie des vestiaires : « Vous n’étiez pas très gracieuse tout à l’heure ? » Elle lui répond : « Vous savez, il faisait très froid et j’avais hâte de me rhabiller. Je pense que la compétition, pour les femmes, c’est très bien. En natation, elle développe le corps assez harmonieusement, j’aime bien. »30 Sa réponse traduit à la fois une certaine habitude et une lassitude par rapport à ce registre de question. Pourtant, celle que l’on surnomme affectueusement « Kiki » apparaît souvent de manière plus féminine dans les médias. Dans un reportage datant de 1964, on la voit arriver à l’entraînement en robe et talons. Puis elle se rend chez un couturier pour son costume olympique. La séquence diffusée à la télévision montre le tailleur s’enthousiasmer : « C’est un modèle mannequin et, dis donc, vous n’êtes pas loin du compte ! Si un jour ça ne marche pas dans la natation, je peux vous embaucher ! »31 Un autre exemple est visible dans l’émission Dim Dam Dom, celle-là même qui mettait précédemment à mal la féminité de Marielle Goitschel. On y voit Christine Caron jouer au milieu des dauphins (Fig. 4) et poser devant la caméra avec un grand collier, une coiffure sophistiquée et les yeux très maquillés. Elle s’exclame alors de manière forcée : « Oh dis donc, c’est sensaaaaas, je ne sais pas l’effet que ça me fait ! »32 Il est clair que les journalistes, grâce aux dialogues et au montage, ménagent l’enfant des bassins en comparaison avec Marielle Goitschel. D’ailleurs, la belle blonde aux yeux bleus, laissant peu à peu pousser ses cheveux, se maquillant et prenant pour modèle une certaine Brigitte Bardot, finira par épouser une carrière d’actrice. Celle qui n’était qu’une enfant sage, parfois un peu naïve, devient rapidement un objet de désir en jouant sur les idéaux féminins. À contre-courant des représentations de la sportive masculine, Christine Caron est élevée au rang de sex-symbol.

Fig. 5. « Médaille d’or de charme », reportage diffusé le 13 novembre 1968 sur la première chaîne

Fig. 5. « Médaille d’or de charme », reportage diffusé le 13 novembre 1968 sur la première chaîne

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  • 33 « Médaille d’or de charme », reportage diffusé le 13 novembre 1968 sur la première chaîne (Archives (...)
  • 34 « Interview Colette Besson », reportage diffusé le 18 octobre 1968 sur la première chaîne (Archives (...)
  • 35 « Médaille d’or de charme », reportage diffusé le 13 novembre 1968 sur la première chaîne (Archives (...)

25Dans le cas de Colette Besson, le traitement médiatique est différent. Bien que celui-ci renvoie aussi aux représentations classiques de la féminité des années 1960, cette sportive incarne surtout l’élégance athlétique. Une séquence est particulièrement intéressante de ce point de vue. En 1968, dans un extrait nommé « médaille d’or de charme », on la voit en gros plan et au ralenti en train de courir à côté d’un cheval (Fig. 5). Leurs foulées, celles de l’athlète et de l’animal, sont non seulement superposées mais décortiquées et décomposées par le ralenti, de sorte à dégager une impression d’harmonie et de légèreté. Une voix off commente : « ici tout est style, élégance et beauté. »33 Il n’y a plus aucune contradiction entre la force athlétique de la sportive et l’esthétique féminine. Au contraire, ici la beauté réside dans le geste, sa pureté et sa finesse. Le montage guide l’imaginaire des téléspectateurs pour valoriser cette puissance féminine en la comparant à celle d’un étalon. On constate alors combien la superposition des plans peut servir ou desservir un propos et suggérer une impression aux téléspectateurs. Les autres archives audiovisuelles montrent Colette Besson le plus souvent en robe et coiffée d’un serre-tête : en bref, ces images la présentent comme une jeune fille modèle. Pourtant les discours tenus dépeignent une femme de caractère. Son entraîneur, Monsieur Durand Saint-Homère, n’hésite pas à déclarer : « Elle est très courageuse. Même dans les cross dans la neige en hiver, elle est très opiniâtre ! »34 Ou encore : « Ce qu’on demande aux hommes à l’entraînement, c’est valable pour les femmes aussi. Ce résultat olympique est dû au caractère de Colette : elle ne s’arrête jamais, elle adore courir, elle ne rate jamais un entrainement ! »35 Colette Besson semble avoir franchi une limite dans l’imaginaire collectif qu’aucune autre sportive avant elle n’est parvenue à surmonter.

26La redondance des discours genrés est certes une constante pour ces championnes, mais l’acharnement médiatique sur la question du genre diffère pour chacune d’entre-elles. Et, c’est Marielle Goitschel qui en fait le plus les frais. Cheveux courts, attitude nonchalante, franc-parler, tous les facteurs pouvant illustrer sa masculinité sont mis en lumière par les médias. Finalement, les téléspectateurs des années 1960 ne peuvent retenir que ces trois visions bien tranchées de ces championnes : Kiki la muse, Colette l’athlétique et Marielle la garçonne.

  • 36 Extrait du JT 20h, diffusé le 17 février 1968 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

27Qu’en est-il des skieurs présentés dans les médias à la même période ? Quelques jours après la victoire de Goitschel à Grenoble, Jean-Claude Killy est reçu sur le plateau du 20h36. Il vient lui aussi de remporter le slalom spécial. L’entretien s’attarde sur les conditions météorologiques de la course, particulièrement difficiles ce jour-là. Killy explique comment il est parvenu à tirer son épingle du jeu malgré l’épais brouillard. L’attitude du journaliste est radicalement différente de ce qu’elle a pu l’être lorsque Goitschel était au micro. Copinage, humour et admiration sont de rigueur. Tout est fait pour mettre à l’honneur l’immense performance du skieur. Le montage alterne les prises de vue entre les deux protagonistes, les gros plans sur la mâchoire carrée, les larges épaules et le visage héroïque de Killy suggérant un certain ébahissement de la part du reporter. Sa tenue vestimentaire et sa vie privée ne sont nullement évoquées. Killy est là en roi du ski et la production ne se risquerait pas à le mettre en scène sous un autre jour. Cette perspective se retrouve également dans d’autres types de productions médiatiques. En effet, la presse écrite, par le biais des caricatures, fait elle aussi souffrir Goitschel de la comparaison avec son acolyte masculin. Quand cette dernière est moquée et sa féminité raillée, Killy lui, est encore une fois présenté comme un modèle héroïque (Falcone et Bauer, 2021 : 135).

Fig. 6. « Plateau Marielle Goitschel », reportage diffusé le 20 février 1984 sur Antenne 2

Fig. 6. « Plateau Marielle Goitschel », reportage diffusé le 20 février 1984 sur Antenne 2

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Conclusion

28À travers le filtre de la communication audiovisuelle, il est possible de décrypter la façon dont les médias construisent et véhiculent des stéréotypes genrés ou lieux communs, lesquels influencent durablement les représentations collectives. L’exemple de la skieuse Marielle Goitschel, des prémices de sa carrière jusqu’à l’image qu’il nous en reste aujourd’hui, illustre parfaitement ce mécanisme qui a fait d’elle une star du sport, certes, mais également une femme masculine. En effet, les discours portés à son égard et les images diffusées sur sa vie personnelle ont participé activement à la naissance d’une créature audiovisuelle, à savoir une femme qui brave le danger mais incarne, malgré elle, le stéréotype du garçon manqué pour le grand public français. Cette construction médiatique se situe à l’opposé des portraits d’autres championnes comme Christine Caron et Colette Besson qui, plus en adéquation avec l’idéal féminin, ont été moins exposées par ces idées reçues. Ces dernières, plus en conformité avec les modèles iconiques de l’époque, ont su jouer de leur physique pour s’inscrire dans les canons de la désirabilité. Incontestablement, les conditions de la production audiovisuelle déterminent réellement la réception et la circulation des représentations sociales. Toutefois, ces reportages médiatiques ont permis à ces héroïnes de passer de l’anonymat à la célébrité et ont fait de Marielle Goitschel, au-delà d’un simple faire-valoir dans les débats de spécialistes (Fig. 6), un personnage emblématique pour ne pas dire une légende du sport français. Se pose alors la question de savoir si les sportives plus récentes, à l’image de Surya Bonaly ou Laure Manaudou, perpétuent l’héritage de la skieuse, à savoir enrayées au cœur d’une infernale machine médiatique ?

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Bibliographie

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Notes

1 Nageuse française, vice-championne olympique et détentrice du record du monde du 100 mètres dos en 1964.

2 Athlète française, championne olympique du 400 mètres en 1968.

3 Championne du monde du combiné en 1962 à l’âge de 16 ans, elle est également championne olympique du slalom géant et vice-championne olympique du slalom spécial en 1964. Elle obtient, quatre ans plus tard, la médaille d’or sur le slalom spécial, aux jeux de Grenoble. Elle est aussi triple championne du monde en 1966.

4 Expression utilisée pour désigner une femme adoptant des comportements traditionnellement associés à la nature du genre masculin (tenue vestimentaire, attitude, apparence physique).

5 « Résumé des championnats du monde 1966 », reportage diffusé le 15 août 1966 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

6 « Champignon vinaigrette », reportage diffusé le 21 août 1966 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

7 Cet ancien cycliste français s’est reconverti dans le journalisme sportif au milieu des années 1950. Il commente notamment l’émission « Les coulisses de l’exploit » de 1960 à 1966.

8 « Ski femmes : interview de Marielle Goitschel », reportage diffusé le 21 février 1962 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

9 « Interviews Caron et Goitschel », reportage diffusé le 25 novembre 1965 sur la deuxième chaîne (Archives de l’INAthèque).

10 « Les demoiselles de Grenoble », reportage de l’émission Cinq colonnes à la Une diffusé le 2 février 1968 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

11 Depuis la loi du 13 juillet 1965.

12 Loi Neuwirth du 19 décembre 1967.

13 Il faut attendre le 4 juin 1970 pour que cette appellation soit supprimée du code civil.

14 « Citoyennes à part entière », reportage diffusé le 7 novembre 1965 sur la première chaîne. (Archives de l’INAthèque).

15 « Madame Inter », émission radiophonique diffusée le 13 décembre 1967 sur France Inter (Archives de l’INAthèque).

16 Journaliste de la première chaîne, il réalise régulièrement des interviews et reportage.

17 « Ski femmes : interview de Marielle Goitschel », reportage diffusé le 21 février 1962 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

18 « Marielle des neiges », reportage diffusé le 21 mars 1962 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

19 Extrait du JT 13h, diffusé le 13 février 1964 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

20 Il faut attendre le 6 février 2013 pour que cette interdiction soit abrogée.

21 David Wark Griffith est le premier à avoir systématisé de manière significative un certain nombre de procédés nouveaux, épars ou aléatoires (déplacement et rapprochement de la caméra, découpage de plusieurs plans d’une même scène, insertion de gros plans, montage alterné) pour en faire ce qui allait devenir le canon narratif du cinéma de fiction.

22 Skieur suisse dont la carrière s’est étendue de 1993 à 2012. Il est notamment vice-champion olympique en 1998.

23 Considéré aujourd’hui comme le plus grand basketteur de tous les temps. Cet ancien joueur des Chicago Bulls a bâti une véritable portée culturelle à son personnage.

24 « Champions de ski », reportage diffusé le 12 octobre 1965 sur la première chaîne, (Archives de l’INAthèque).

25 Ibid.

26 « Coupe du monde de ski alpin », reportage diffusé le 3 mai 1967 sur la deuxième chaîne (Archives de l’INAthèque).

27 Ce journaliste, également producteur de télévision, écrivain et cinéaste participe à de nombreuses émissions durant les années 1960. Il obtient notamment le prix Georges Sadoul pour son film Un fils Unique en 1970.

28 « Interview Caron et Goitschel », reportage diffusé le 25 novembre 1965 sur la deuxième chaîne (Archives de l’INAthèque).

29 Voir le manuel publié en 1960 par exemple.

30 « Le sport féminin », reportage diffusé le 4 juin 1965 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

31 « Record du monde à 16 ans », reportage diffusé le 13 juillet 1964 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

32 « Kiki et les dauphins », reportage diffusé le 18 juillet 1969 sur la deuxième chaîne (Archives de l’INAthèque).

33 « Médaille d’or de charme », reportage diffusé le 13 novembre 1968 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

34 « Interview Colette Besson », reportage diffusé le 18 octobre 1968 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

35 « Médaille d’or de charme », reportage diffusé le 13 novembre 1968 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

36 Extrait du JT 20h, diffusé le 17 février 1968 sur la première chaîne (Archives de l’INAthèque).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Répartition des résultats par catégorie issus de la télévision nationale
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Titre Fig. 2. « Les demoiselles de Grenoble », reportage diffusé le 2 février 1968
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Titre Fig. 3. Extrait du « Résumé des championnats du monde 1966 » diffusé le 15 août 1966 sur la première chaîne
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Titre Fig. 4. « Kiki et les dauphins », reportage diffusé le 18 juillet 1969 sur la deuxième chaîne
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Titre Fig. 5. « Médaille d’or de charme », reportage diffusé le 13 novembre 1968 sur la première chaîne
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Titre Fig. 6. « Plateau Marielle Goitschel », reportage diffusé le 20 février 1984 sur Antenne 2
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Pour citer cet article

Référence électronique

Lucie Falcone et Thomas Bauer, « Marielle Goitschel : une nouvelle créature audiovisuelle ? »Genre en séries [En ligne], 14 | 2023, mis en ligne le 16 mai 2023, consulté le 13 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ges/3521 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ges.3521

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Auteurs

Lucie Falcone

Lucie Falcone est docteure en histoire contemporaine. Elle a soutenu sa thèse intitulée : « Ces mythiques sœurs Goitschel : itinéraire mémoriel de deux championnes » (dirigée par Thomas Bauer) en décembre 2022 à l’université de Limoges.

Thomas Bauer

Thomas Bauer est maître de conférences HDR à l’université de Limoges et président de l’Association des écrivains sportifs. Il a notamment publié un essai sur La Sportive dans la littérature française des Années folles (2011) et dirigé un ouvrage intitulé Georges Magnane : la plume et le sport (2015).

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