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Les séries américaines à l'épreuve du genre

« Séries de filles » et « Séries de mecs » : enquête sur les représentations genrées des étudiants et étudiantes concernant les séries américaines

Marianne Alex
p. 22-49

Résumés

Chaque individu construit son identité spectatorielle de façon continue. Au sein de cette identité, pratiques et opinions s’accompagnent afin de dessiner un profil de spectateur qui sera invoqué en cohérence avec les contextes d’interaction. Le panthéon personnel de personnages de séries avec lesquels l’individu entretient une relation peut être décrit comme un étendard personnel brodé des différentes références qui font de lui un être culturellement unique. À partir d’une enquête menée avec des étudiants et étudiantes, cet article propose d’observer les rapports entre représentations de genre concernant les séries télévisées américaines et présentation de soi. Nous verrons que certaines séries sont représentées comme étant rattachées au masculin ou au féminin, que les étudiants entretiennent un rapport déterminé par le genre avec les personnages et que ces phénomènes ont des conséquences sur l’utilisation de ces séries en tant que référence face à l’autre.

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Texte intégral

1La masculinité et la féminité sont traditionnellement associées à une culture audiovisuelle particulière. Des séries, des émissions de télé-réalité, des films sont ouvertement produits dans l’optique de conquérir un public au travers de thèmes considérés comme attractifs selon l’appartenance à un sexe. Depuis la petite enfance, un individu fait face à une multitude de productions audiovisuelles qui lui sont dédiées, selon son sexe, et d’autres qui lui montrent ce que l’autre sexe est censé apprécier. Ceci est un des pendants médiatiques du processus du genre : il est voué à produire une identité culturelle qui serait en adéquation avec l’appareil génital selon des critères spécifiques à la société étudiée. Nous entendons donc ici par le terme « genre » un processus social diffus qui tente d’imposer des caractéristiques aux individus mais aussi « qui permet de rendre compte de la manière dont une classification sociale en masculin et en féminin hiérarchise les individus par des rôles de sexes, dont l’histoire a reconstitué les modes de production » (Octobre, 2014 : 10). Il est important d’ajouter que cette hiérarchisation se fait également au sein des différentes incarnations du masculin et du féminin, comme le montre Raewyn Connell dans son ouvrage Masculinities (1995).

  • 1 Le terme de représentation est ici utilisé au sens de ‘pensée sociale’, comme explicité par P. Moli (...)
  • 2 Le corpus a été constitué par les interrogé(e)s eux mêmes : il se trouve que les références données (...)

2Les propositions des chaînes câblées américaines, le mélange des genres (sériels) et les modes de consommation contemporains ont organisé le rapport aux séries de la génération née après 1990. Ces jeunes individus les voient se multiplier et grandissent, mûrissent avec des personnages et des scénarios complexes et subtils. C’est en prenant en compte ce nouveau paradigme que nous nous sommes posé la question de la persistance de la dichotomie genrée : existe-t-il encore des séries de mecs et des séries de filles dans les représentations1 de cette génération ? Cette problématique revient à se poser la question de la persistance de l’attribution de types d’intrigue à un sexe et des raisons de cette attribution. Les objets culturels que sont les séries contemporaines2 sont-ils genrés ? Les étudiants et les étudiantes interrogés font-ils preuve de transgression face à ces représentations ? Quels sont les écarts entre ces représentations et les pratiques réelles ?

  • 3 Les problématiques concernant, entre autres, la notion de transgenre ne sont pas traitées ici pour (...)

3Comme le cinéma, sujet de conversation privilégié (Ethis, 2009), les séries télévisées deviennent un thème de plus en plus courant dans les échanges interpersonnels. Peut-on dès lors observer des traces des représentations évoquées dans les propos que les 18-21 ans tiennent sur les séries ? Parler de ses préférences, de ses coups de cœur, de ses liens intimes avec une série et ses personnages, c’est présenter une partie de soi à l’autre. Nous verrons ici que c’est également présenter une partie de ses considérations de genre, de ce que l’on considère attenant au féminin et au masculin3. Autrement dit, cette enquête montre qu’un dialogue s’instaure entre la considération des séries comme objets relatifs aux genres et le choix de ces séries par les interrogé·e·s lors de la présentation de soi.

  • 4 Le masculin ne sera pas utilisé dans sa fonction grammaticale généralisante. Par exemple « les étud (...)
  • 5 Sauf en cas de mention d’un auteur à leur suite, toute citation entre guillemets est issue des disc (...)

4Cet article se place en opposition aux mouvances essentialistes qui explicitent certaines pratiques par un penchant naturel, selon le sexe, vers un type de fiction spécifique. En prenant comme postulat que les « stéréotypes de genre affectent tant les individus que les objets culturels » (Octobre, 2014 : 16), l’objectif de cette étude est d’une part de comprendre, à travers le discours des interrogé·e·s4, ce qui corrèle une série au masculin ou au féminin et, d’autre part, certaines conséquences de ces considérations sur la présentation de soi. Nous souhaitons pointer du doigt le fait que les individus sont non seulement imprégnés de représentations de genre, même à propos des séries en tant qu’objet, mais aussi que ces représentations déclenchent des réflexions et des réflexes. Ces derniers peuvent avoir comme but de ne pas « trahir »5 son appartenance, de contrôler la transgression de genre face à l’autre mais aussi de caractériser l’autre. Nous pourrons donc ouvrir une réflexion concernant la pression de conformité de genre (Deslaurier et al., 2010) vécue par certains individus.

  • 6 Nous empruntons également les termes endogroupe (groupe considéré comme d’appartenance par l’indivi (...)

5Pour cette étude, 42 étudiant·e·s de la licence Information et Communication ont été sondé·e·s à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse. Ce panel était composé d’individus qui se sont eux-mêmes définis comme féminin et masculin grâce à une question ouverte. Même en ayant choisi cette forme de question, nous faisons face à une situation de catégorisation simple, c’est à dire « dans laquelle les individus sont confrontés à une claire dichotomie entre leur propre groupe et l’exogroupe6 (par exemple lorsqu’il est question d’hommes et de femmes) » (Storari et Gilles, 2008 : 1). Nous nous sommes assuré que les interrogé·e·s regardaient des séries télévisées américaines au moins une fois par mois et qu’ils avaient à leur disposition un appareil personnel (télévision, ordinateur, tablette, etc.) pour choisir et visionner ces séries selon leur propre volonté. Nous avons également sélectionné des étudiant·e·s affirmant parler régulièrement des séries avec leurs camarades de promotion. Ces étudiant·e·s se sont vu·e·s proposer un questionnaire construit dans la lignée des travaux d’Emmanuel Ethis (2004). Nous avons fait le choix de laisser les interrogé·e·s le remplir eux-mêmes, en ayant le temps et les conditions de la réflexion puisque qu’ils disposaient d’une heure et demie et d’un silence complet pour répondre. Ce questionnaire était composé essentiellement de questions ouvertes ventilées en trois parties : la première questionnait les goûts et pratiques concernant les séries télévisées américaines. La seconde portait sur les préférences en termes de séries mais aussi de personnages. Enfin, la troisième interrogeait les représentations de soi et de genre. Ces trois parties étaient complétées par un encart « Vos informations », qui demandait à l’interrogé·e de préciser son sexe, son genre, son âge, le niveau d’étude, la situation sociale et le projet professionnel.

6Tous les étudiant·e·s ont indiqué appartenir au genre traditionnellement rattaché à leur sexe : les femmes ont toutes déclaré appartenir au genre féminin et les hommes au genre masculin. Cependant, pour éviter toute confusion idéologique, les termes membres du groupe féminin et membres du groupe masculin seront utilisés ici. Cet article travaille la notion de genre avec une posture constructiviste : ces groupes sont donc considérés comme remarquables quant à l’expérience du genre qui est la leur, et non à travers leur appartenance sexuée. Nous souhaitons mettre en lumière un lien entre l’appréhension de représentations genrées et l’identité culturelle présentée à l’autre et pour cela, nous accepterons ici l’idée que ces deux processus sont liés à l’immersion dans une culture spécifique au sexe qui a été attribuée aux interrogé·e·s.

La classification genrée des séries américaines chez les étudiant·e·s

Le choix des termes « séries de filles » et « séries de mecs »

7Lors de l’enquête préliminaire, le questionnaire a été testé sur un panel plus réduit d’étudiant·e·s, c’est-à-dire 5 membres de chaque groupe. Cette passation a été suivie d’un court entretien avec les interrogé·e·s. Ces derniers reformulaient systématiquement les questions avec le terme « mec » lorsqu’étaient évoquées les séries « masculines », « pour hommes », « de garçons » ou « d’hommes ». Ce terme semblait refléter la vision de ce type de fiction de façon plus compréhensible pour les interrogé·e·s, ils ou elles se plaçaient déjà dans une posture d’appréhension d’un stéréotype à l’énoncé des questions. De même pour les fictions dites « pour femmes » ou « féminines », les interrogé·e·s proposaient eux-mêmes la reformulation, série « de filles » ou « girly ».

8Cette enquête préliminaire a laissé percevoir trois hypothèses qui guident la recherche.

  • 7 Nous ne traiterons pas les modes de visionnage des séries dans cet article.
  • 8 Nous utilisons ici les termes types d’intrigue pour éviter la confusion entre genre de série et gen (...)

9Il semble que les productions considérées comme corrélées au féminin ou au masculin soient des productions à investissement intellectuel moindre. Ces productions sont rattachées à des pratiques décrites comme, d’une part, « les séries du dimanche soir » : un moment de détente où il est appréciable de visionner une série qui ne demande pas un effort de compréhension remarquable et qui est tournée vers l’humour. D’autre part, les pratiques de visionnage de ce type de production étaient également rattachées au groupe : « c’est un film qu’on va regarder entre copines/entre copains, entre mecs ». Une série qui ne demande pas une séance de visionnage dans le silence complet, que les interrogé·e·s pourraient commenter sans perdre le fil de l’intrigue7. Les interrogé·e·s prenaient l’exemple de deux genres cinématographiques pour exemplifier : les comédies dramatiques et les films d’action. Ceci explique que nous ayons choisi de mettre les termes « filles » et « mecs » au pluriel. Nous pouvons donc formuler une première hypothèse : les séries rattachées au masculin ou au féminin seraient des séries extrêmement codifiées dans les deux types d’intrigue8 que nous venons de citer. Cette caractéristique serait la première déterminante de la série pour les interrogé·e·s.

10La seconde hypothèse se décompose en deux parties : d’une part les séries et personnages seraient invoqués par les interrogé·e·s pour se présenter de façon cohérente à l’autre, selon les contextes d’interaction. Et d’autre part, cette sélection de référence pourrait être observée au prisme du genre.

11Enfin, les lectures préalables à cette enquête, spécifiquement les travaux de Raewyn Connell et d’Éric Macé, laissent également penser que les membres du groupe masculin démontreraient une plus grande pression à la conformité de genre que les membres du groupe féminin. Ceci constitue la troisième hypothèse.

12Nous pouvons désormais nous attacher à observer et analyser les réponses des interrogé·e·s en suivant les thèmes abordés par les questionnaires remplis par 21 membres du groupe féminin et 21 membres du groupe masculin constituant ensemble un groupe selon la définition de Kurt Lewin (Faucheux, 1957) : ces étudiant·e·s sont en interaction tous les jours et poursuivent un but commun, la réussite universitaire personnelle mais également en tant que promotion. Nous considèrerons tour à tour les réponses du groupe d’étudiant·e·s au complet puis les réponses des membres féminins et des membres masculins.

Quelles sont les séries de filles ?

13La possibilité de citer deux séries de filles était donnée aux interrogé·e·s. Au total, 84 réponses ont été données, proposant 26 séries. Le tableau ci-dessous montre les 8 séries citées par au moins deux interrogé·e·s.

Tableau 1 - Les séries dites « de Filles »

Tableau 1 - Les séries dites « de Filles »
  • 9 Les séries sont référencées selon la chaine et la période de première diffusion.

14Dans ce tableau, il faut lire que l’occurrence la plus citée pour la question est Desperate Housewives (ABC, 2004-2012)9. Nous pouvons remarquer que ce résultat porte à croire que la dichotomie espace public/ espace domestique serait encore d’actualité dans les fictions populaires (Esquenazi, 2010). Le titre de la série évoque clairement le rattachement, aussi désespéré soit-il, des femmes au foyer. Pourtant, les membres du groupe féminin se démarquent en livrant Gossip Girl (CW, 2007-2012) en premier item. Cette série développe une intrigue moins centrée sur le cocon familial. Dans les deux cas, en observant les phrases d’accroche, nous voyons qu’il s’agit de séries qui possèdent un potentiel humoristique mais dont la promesse (Jost, 1999) n’est pas basée sur cette caractéristique. La promesse de Desperate Housewives se base sur les secrets entre voisins « Every one has a little dirty laundry » (Tout le monde cache un peu de linge sale), accentuant encore la référence au stéréotype de la femme au foyer en jouant sur les deux sens du terme « laundry ». Gossip Girl se place dans un autre registre, le passage à l’âge adulte et l’émancipation, avec des accroches telles que « Quand on s’accroche trop au passé, on se condamne à ne pas avoir d’avenir » ou « Every parent’s nightmare ».

Pourquoi les interrogé·e·s considèrent-ils/elles ces séries comme relatives au féminin ?

Tableau 2 - qu’est-ce qui fait une série « de Filles » ? 

Tableau 2 - qu’est-ce qui fait une série « de Filles » ? 

15Dans ce tableau, il faut lire que la présence de personnages principaux féminins est la première raison donnée pour la caractérisation d’une série comme une série de filles. Les interrogé·e·s pouvaient répondre librement à la question « Qu’est-ce qui en fait pour vous une série de filles ? », à la suite de la série qu’ils ou elles avaient proposée comme corrélée au groupe féminin. Les réponses libres ont été codées a posteriori afin d’être ventilées dans les six thèmes présents dans le tableau ci-dessus.

16Le premier item se détache donc en couvrant un quart des interrogé·e·s, avec une répartition approximativement égale entre membres du groupe féminin et membres du groupe masculin. Ces derniers y voient même, pour certains, une exclusion de leur propre expérience : « La vision de la société s’effectue au travers d’un regard féminin avec des private jokes destinées aux filles ». Ceci fragilise déjà notre première hypothèse : le type d’intrigue n’est pas le premier élément déterminant de la qualification série de filles. Le fait que les personnages principaux soient des femmes est l’élément qui permet l’entrée de la série dans cette catégorie au sein des représentations des interrogé·e·s.

17Arrivent ensuite le thème attendu de l’amour ou du romantisme puis les objets représentés comme corrélés au féminin, c’est-à-dire principalement la mode ou la chanson comme nous pouvons le voir dans les trois exemples suivants :

18Drop Dead Diva (Lifetime, 2009-) est une série de filles car « L’histoire se passe autour d’une fille qui était auparavant mannequin donc beaucoup de shopping, manucures et histoires d’amour. Mais ce n’est pas qu’une série de filles ». On remarque ici la dernière phrase qui confirme l’hypothèse que l’appellation série de filles peut réduire le contenu de la série à des stéréotypes. Sex and the City (HBO, 1998-2004) et Glee (Fox, 2009-) entrent également dans cette catégorie avec les commentaires suivant « Ça parle de fille, de copines, avec comme centres d’intérêt le shopping et l’amour » et « Car cela parle de la chanson et d’histoires d’amour d’ado ».

19Certains interrogés masculins réagissent également par opposition, une série de filles est l’opposé d’une série de mecs : ce sont des séries avec des « Sujets qui ne plaisent généralement pas aux hommes », où « Les acteurs principaux sont des actrices et l’histoire n’est pas basé sur des scènes d’action ». On peut soupçonner ici une représentation des cultures de genre dichotomique et opposable.

20On remarque en quatrième item, les intrigues dites « féminines ». Les interrogé·e·s décrivent ce qu’ils entendent par intrigues « féminines » à travers deux thèmes principaux, l’inévitable vie de famille (« Que des histoires de couples, de trahisons et de drames familiaux », « Car cela parle du foyer, de la vie de famille ») et l’observation de plusieurs personnages avec une émission d’opinion sur leur évolution (« On les voit évoluer », « Ragots et potins à gogo », « Vie sociale d’un groupe »). Les membres du groupe féminin semblent confirmer l’hypothèse paraphrastique (Esquenazi, 2009), c’est-à-dire l’impression que la série met en scène l’expérience des interrogées : « L’histoire de 4 femmes au foyer américaines. On vit leur quotidien et donc leur vie de femme, on s’y retrouve », « C’est la seule série qui se met vraiment dans la tête des filles ». Ces deux citations décrivent encore une fois Desperate Housewives et Gossip Girl.

21En observant plus particulièrement les réponses du groupe masculin pour les questions concernant les prescripteurs de ces séries, nous pouvons voir que les interrogés disent que l’impulsion pour visionner a été donnée par quelqu’un d’autre, une femme de la famille, une amie proche ou une compagne. Il est également intéressant de souligner que tous les interrogés de ce groupe qui ont cité Desperate Housewives disent avoir aimé cette série, sans pour autant la citer dans les premières questions du questionnaire « quelles séries regardez-vous en ce moment ? » ou « Pouvez-vous citer trois séries que vous avez aimées ? ». Nous reviendrons sur l’analyse de ce phénomène.

Quelles sont les séries de mecs ?

22Comme précédemment, les étudiant·e·s étaient invité·e·s à proposer deux séries de mecs. Le tableau 3 présente une nouvelle fois les séries ayant été citées par au moins deux interrogé·e·s. Elles sont au nombre de 12.

Tableau 3 - Les séries dites « de mecs » ?

Tableau 3 - Les séries dites « de mecs » ?

2321 interrogé·e·s n’ont cité qu’une seule série de mecs. Les réponses évoquent 28 titres de séries. Ce nombre est légèrement plus élevé que le nombre de séries de filles proposées, c’est-à-dire 26. Le groupe d’interrogé·e·s, en proposant moins de réponses, a donné plus de titres de séries qualifiées de mecs que de titres de séries de filles. Nous pouvons déduire de cette différence que les séries dites de mecs recoupent un plus large panel de productions dans les représentations des étudiant·e·s. Les deux séries qui se détachent sont Game of Thrones (HBO, 2011-) et The Walking Dead (AMC, 2010-). Il est indéniable que ce panel de séries est caractérisé par une intrigue « où l’enjeu n’est pas seulement le destin individuel, mais en priorité la société, son fonctionnement ou sa survie » (Jost, 2011 : 32).

Pourquoi les interrogé·e·s considèrent-ils/elles ces séries comme relatives au masculin ?

Tableau 4 - qu’est-ce qui fait une série dite « de mecs » ?

Tableau 4 - qu’est-ce qui fait une série dite « de mecs » ?

24Logiquement, le fait que les personnages principaux fassent partie du groupe masculin n’est pas un élément de considération primordial étant donnée l’habitude qu’ont les interrogé·e·s de voir des productions le mettant en scène. Les éléments de langage dont la saillance est la plus forte en ce qui concerne Game of Thrones est « violence » et « sexe » avec des commentaires tels que « Sexisme : alcool sexe » ou « On présente l’homme viril, présence de scènes de sexe ». The Walking Dead est également qualifiée par le terme « violence » mais, à la différence de la première série citée, ce thème suivi par celui du « surnaturel ». Le caractère violent semble être ce qui, en priorité, définit une série de mecs pour les interrogé·e·s.

25Les deux principaux objets dits « masculins » sont d’une part les combats, les milieux d’hommes tournés vers les combats, tels que l’armée et la chevalerie (« Les enquêtes se passent dans l’armée », « Chevalier Guerre » et « Action, action, action, baston, action ») et, nous l’avons dit, le sexe. Ce dernier n’est pas seulement évoqué lorsque la série contient des scènes à caractère sexuel : un interrogé prend l’exemple de Futurama (Fox, 1999-2013) : « Thèmes et sujets dits ‘masculins’ avec des blagues à connotation sexuelle surtout pensées, dans l’esprit collectif, pour les mecs ». Grâce au commentaire d’un étudiant, nous pouvons même remarquer que la combinaison de trois thèmes dits masculins, le sexe, les combats et le surnaturel, dans la série Buffy contre les vampires (WB, 1997-2003) prime sur la présence d’une femme en tant que personnage principal. Cette série est décrite avec ces mots : « Héroïne à poitrine vachement abusé et du combat ».

26Deux commentaires sur le thème de la Science-fiction nous poussent à un rapprochement théorique : « The Shield (FX, 2002-2008) c’est l’inverse d’une série de filles, un univers instauré par la pop culture : des supers héros à la base destiné aux garçons » et « Star Trek (CBS, 1966-1969) : Complètement geek : style de vie plus répandu chez les mecs, pas trop chez les filles, comme l’intérêt pour la science-fiction ». Ces descriptions sont données par des membres du groupe masculin. Nous avons vu plus haut que certains membres de ce groupe avaient tendance à définir les séries de filles par opposition aux intérêts masculins. Ce phénomène de définition par la négative n’est pas sans rappeler les commentaires de Germain Dulac (Dulac, 1990) sur la socialisation des garçons qui, selon lui, contient une majorité de prérogatives formulées à la négative comme « ne pleure pas ». Ces commentaires s’intègrent dans une réflexion globale démontrant que la socialisation masculine se fait également dans la peur d’être assimilé au féminin et à ses supposés intérêts, spécifiquement culturels (Pasquier, 1999 et 2002).

Une série peut-elle être de mecs et de filles ?

27L’unique série qui est citée comme une série de filles et comme une série de mecs est Bones (Fox, 2005-). Les deux interrogés qui la citent font partie du groupe masculin. Le premier l’inclut dans les séries de filles car « le personnage principal est une femme, et elle domine pas mal son mari » tandis que le second choisi de l’inscrire dans les séries de mecs car « ce sont des enquêtes policières, ils trouvent des vieux corps ce qui donne des scènes plutôt dégueulasses ». Ces commentaires nous poussent à considérer la présence d’un personnage principal féminin et la violence des images comme les deux éléments qui catégorisent les séries de manière genrée.

28Pour conclure cette première partie, il est intéressant de comparer les cas de Desperate Housewives et de Game of Thrones. Trois membres du groupe féminin citent Game of Thrones dans les séries qu’elles regardent et qui font partie de leurs préférées. Elles l’ont également référencée comme une série de mecs. Par ailleurs, aucun membre du groupe masculin n’a cité Desperate Housewives, ni aucune série dite de filles de prime abord à l’annonce des questions « citez une série que vous regardez en ce moment » ou « citez une de vos séries préférées ». Il est intéressant de noter que les 6 membres du groupe masculin qui ont cité cette série dans la catégorie séries de filles confessent avoir un lien avec elle : ils l’ont tous regardé et disent l’aimer. Alors que les étudiantes n’ont aucun mal à inclure des séries représentées comme visant l’exogroupe dans la présentation de leur propre pratique sérielle, les étudiants ne le font pas spontanément. Il est nécessaire de passer par d’autres entrées que les séries visionnées ou aimées pour avoir ces informations. Dans les faits, les membres des deux groupes regardent et aiment des séries qu’ils considèrent pour l’exogroupe. Dans les discours, nous remarquons une réticence de la part du groupe masculin. Ajoutons à cela une anecdote provenant de l’enquête préliminaire : un seul membre du groupe masculin citait Girls dans les séries visionnées. Ce jeune homme a ensuite tenu à s’excuser de, selon lui, « fausser les réponses » parce qu’il était « gay ». Nous pouvons voir ici deux choses : une pression de conformité de genre (Tremblay et L’Heureux, 2010) plus visible chez les étudiants masculins et un poids certain des stéréotypes concernant les liens qu’entretiendraient les goûts, l’identité sexuelle et l’identité de genre.

Le rapport des interrogé·e·s à leurs personnages préférés

Qu’est-ce que le panthéon personnel ?

29Lorsque nous demandons aux interrogé·e·s leur série préférée, nous voyons apparaitre des séries qui ne sont pas, à leurs yeux, représentatives d’un groupe genré : par exemple, Breaking Bad (AMC, 2008-2013) et Dexter (Showtime, 2006-2013) regroupent chacune 4 interrogé·e·s, à représentation égale pour les deux groupes féminin et masculin. Suivent des Sitcoms tels que Friends (NBC, 1994-2004), How I Met your Mother (CBS, 2005-2014), The Big Bang Theory (CBS, 2007-) et autres Malcolm (Fox, 2000-2006) ou Scrubs (ABC, 2001-2010). L’humour est d’ailleurs le genre de série le plus apprécié avec 17 interrogé·e·s qui le classent en premier et 12 qui le classent en second. Ces séries offrent, si ce n’est une parité voulue, une visibilité des deux genres en termes de nombre de personnages. Nous appellerons ici panthéon personnel de séries le regroupement, chez un individu, de la série « préférée » et des séries « aimées », selon les termes employés dans les énoncés des questions puis repris par les interrogé·e·s. Nous considérerons également le panthéon personnel de personnages de série, composé des personnages préférés. Ces panthéons personnels sont évidement considérés pour les besoins de cette étude, à un instant T c’est-à-dire celui de la passation, et comme non exhaustifs. Pour la suite de cet article, nous nous concentrerons exclusivement sur le panthéon personnel de personnages.

La similitude genrée est-elle prédominante dans le choix des personnages du panthéon personnel ?

30Les étudiants pouvaient indiquer 3 personnages de séries qu’ils aimaient particulièrement, ceux-ci composent le panthéon personnel, selon les conditions de considération émises plus haut. Posons-nous la question du sexe de ces personnages et de sa corrélation avec le groupe de l’interrogé·e. Le tableau suivant présente quatre catégories : la première regroupant les étudiant·e·s n’ayant choisi que des personnages représentatifs de l’endogroupe et la dernière regroupant ceux et celles qui ont choisi des personnages exclusivement représentatifs de l’exogroupe.

Tableau 5 - Appartenance des personnages préférés

Tableau 5 - Appartenance des personnages préférés

31Il faut lire que seul un membre du groupe féminin a choisi des personnages uniquement représentatifs de l’endogroupe alors que 14 membres du groupe masculin ont eu la même démarche. Il est possible dès maintenant de formuler l’hypothèse que le groupe masculin peine à proposer des personnages représentatifs de l’exogroupe lors de la présentation de soi, le remplissage du questionnaire étant considéré comme une forme de présentation de soi.

Comment sont choisis les personnages du panthéon personnel ?

  • 10 Personnage de la série Malcolm.

32Les étudiant·e·s, après chaque proposition de personnage, pouvaient le décrire succinctement puis répondre à la question « Pourquoi aimez-vous ce personnage ? ». La réponse qui est la plus donnée peut être résumée au « savoir être » (Jost, 2011) : les interrogé·e·s donnent en grande majorité, plus de la moitié, des réponses qui décrivent les personnages comme étant remarquables à travers la gestion du comportement. Dewey10, proposé par un étudiant, « représente l’apprentissage de l’enfant innocent que [l’interrogé] [était], parfois incompris et influençable. Mais il s’en sort avec des stratégies sur sa famille et calcule comment il doit réagir en fonction d’eux sur la fin ». À son tour, Oliver, de la série Arrow (CW, 2012-) est apprécié pour son savoir-être et ses valeurs : « C’est le héros de la série, il est élégant, fort, courageux, il est musclé et rend justice à sa ville natale. Il a toutes les filles qu’il veut parce qu’il sait y faire ». Ces résultats font écho aux travaux de Tania Modelski (1983) et Dominique Pasquier (1999) qui exposent le même phénomène sur d’autres groupes d’âge, la première à travers l’étude des Soaps et leur fonction de préparation à la vie familiale et la seconde avec la lecture du courrier des spectateurs d’Hélène et les garçons (TF1, 1992-1994), laissant transparaitre une fonction de préparation à la vie sentimentale.

  • 11 Ces personnages sont issus respectivement des séries Scrubs, Twin Peaks (ABC, 1990-1991) et Despera (...)

33L’hypothèse paraphrastique peut être considérée comme un facteur d’entrée d’un personnage dans le panthéon personnel. Une interrogée présente son attachement à Jess, de la série New Girl (Fox, 2011-) en ces termes : « parce qu’elle ressemble à la majorité des femmes, je me retrouve en elle ». Se retrouver dans un personnage n’est pas forcément synonyme d’image positive de soi. Les traits de caractère dans lesquels semblent se reconnaitre des interrogé·e·s ne sont pas toujours choisis dans une optique de valorisation. Nous pouvons prendre trois exemples : le personnage d’Elliot Reed (« Je m’y reconnais dans certains aspects (malheureusement) »), le personnage d’Andy Brennan (« Archétype du looser attachant, je crois que je lui ressemble ») et Eddy Britt11 (« C’est un personnage toujours dans l’exagération mais vraie, pleine de défauts. Je retrouve en elle certains de mes grands défauts »).

Les personnages du panthéon représentent-ils des schémas de travail ?

34Le panel d’étudiant·e·s a été interrogé sur la notion de modèles. Peuvent-ils citer des personnages qui représentent des schémas de travail (Kaufmann, 2010) en règle générale, dans le milieu professionnel ou dans la gestion de leur vie sentimentale ? L’objectif de ce groupe de question était de poser les premières pierres d’une réflexion sur la place du personnage en tant qu’objet de comparaison sociale (Festinger, 1954). Sur la présente enquête, les interrogé·e·s laissent croire qu’ils ou elles ont reçu le groupe de questions comme leur demandant de décrire des personnages avec des caractéristiques, des traits de caractère, qu’ils aimeraient avoir. Il semble que les étudiant·e·s aient proposé des buts à atteindre. Cette considération est surtout présente chez les membres du groupe féminin qui élèvent des personnages comme Carry Bradshaw de la série Sex and the city (HBO, 1998-2004) ou Nancy Botwin de la série Weeds (Showtime, 2005-2012) avec les commentaires respectifs « Plus tard, j’aimerai qu’on me voie comme ça » et « Parce que je me dis que lorsque j’aurais réponse à tout comme elle, on m’appellera Nancy ! ».

35Avant d’analyser les résultats, nous devons souligner que ces trois pôles de questions subissent un fort taux de non-réponse : respectivement 16 sur 42, 17 sur 42 et 21 sur 42. Le plus fort taux de non-réponse est visible pour le groupe masculin concernant un personnage « modèle en règle générale » avec des commentaires tels que : « Pour moi les séries n’ont pas à donner des modèles. Elles sont plutôt là pour représenter la réalité, dépeindre des personnages vrais avec leurs défauts et leurs qualités ». Ce taux de non-réponse est, selon nous, provoqué par l’outil questionnaire et l’utilisation du terme « modèle » qui aurait pu être remplacé par « inspiration » par exemple.

Tableau 6 - Modèles et personnages de séries

Tableau 6 - Modèles et personnages de séries

36Ici il faut lire qu’aucun membre du groupe masculin n’a exprimé avoir un modèle en général qui soit féminin. Avec ces résultats, nous pouvons soulever trois points d’analyse :

  • La grande majorité des interrogé·e·s des deux groupes ayant répondu a des modèles représentatifs de l’endogroupe, quel que soit le domaine social exprimé.

  • Le groupe masculin exprime encore une fois une difficulté plus grande à citer des personnages représentatifs de l’exogroupe.

  • Il est appréciable de voir que la présence de plus en plus forte de figures féminines dans des intrigues professionnelles permet au groupe féminin de trouver une variété de modèles non négligeable. Ces modèles se trouvent autant dans des séries tournées vers les relations interpersonnelles, telles que Sex and the City, que vers le domaine professionnel comme Les Experts (CBS, 2000-) ou The Good Wife (CBS, 2009-).

37Certain·e·s interrogé·e·s cherchent à obtenir un équilibre au sein des personnages qui composent leur panthéon personnel : lorsqu’un personnage est présent de façon récurrente dans les réponses de l’interrogé·e, c’est-à-dire que la série est citée dans les séries préférées, que le personnage issu de cette série est cité dans les personnages du panthéon personnel, qu’il est également cité dans les modèles et que les descriptions de ce personnage sont élogieuses, alors l’interrogé·e choisit à ses côtés un personnage qu’il ou elle décrit de façon plus négative, en plaçant l’emphase sur ses défauts. Ainsi, ce second personnage qui lui semble moins frôler la perfection empêche la frustration. L’interrogé·e cherche donc à créer un équilibre au sein du panthéon personnel et au sein de ses modèles. Prenons deux exemples pour éclairer ce propos. Oliver, de la série Arrow, est présent dans tous les types de modèles et est le personnage préféré d’un membre du groupe masculin. Il est contrebalancé par Homer Simpson, de la série Les Simpson (Fox, 1989-), c’est-à-dire un contre-exemple : « C’est la critique de l’homme au sens propre mais certains de ses traits de caractère lui donnent des plus ». Une étudiante suit le même schéma en ne proposant que deux personnages, dont Carrie Bradshaw (Sex and the City) qui est son modèle dans tous les domaines puisque c’est « l’alliance parfaite entre style de vie, travail passionnant et amour ». La seconde citée est Jess (New Girl) qui « Se donne entièrement » et permet à l’interrogée de « retrouve[r] les difficultés à vouloir être parfaite ».

38Après cette seconde partie, il est alors concevable d’analyser ce besoin d’équilibre comme la preuve d’une comparaison sociale aux personnages du panthéon. Cela mène à penser que la sur-représentation de stéréotypes genrés dans les séries peut provoquer un mal-être et une difficulté d’acceptation de soi due, encore une fois, à la pression de conformité de genre. Nous pouvons mettre en parallèle de cette remarque le fait que 13 interrogées décrivent un personnage féminin préféré comme « belle », « jolie », « sexy » ou « agréable à regarder » et souhaiteraient être décrites en ces termes.

Personnages du Panthéon personnel et Présentation de Soi

Les références aux personnages sont-elles adaptables aux contextes de présentation de soi ?

39Deux scénarios ont été proposés aux 42 interrogé·e·s : lors d’un rendez-vous galant et lors d’un entretien d’embauche, la personne en face de qui ils ou elles se trouvent leur demande quel est leur personnage de série préféré. 25 étudiant·e·s ont choisi des personnages différents selon les contextes. Nous pouvons déjà proposer à la réflexion le fait que les personnages de séries peuvent être des éléments constitutifs d’une façade (Goffman, 1973) adaptée au contexte d’interaction. Sur les 42 interrogé·e·s, 26 choisissent de citer des personnages de leur panthéon personnel lors d’un rendez-vous galant ou lors d’un entretien d’embauche (12 membres du groupe féminin et 14 du groupe masculin). 9 ne répondent pas et 7 choisissent des personnages qu’ils ou elles n’ont pas évoqués dans la description du panthéon personnel de personnages qui leur était propre. Nous nous concentrerons maintenant sur la majorité d’interrogé·e·s « piochant » dans leur panthéon personnel, c’est-à- dire 26.

Quelle tendance disent avoir les deux groupes d’appartenance lors d’un rendez-vous galant ?

  • 12 Cette enquête n’a pas sondé les préférences sexuelles des étudiants et étudiantes. Cette analyse es (...)

40Penchons-nous sur les 19 interrogé·e·s qui ont choisi deux personnages différents pour se présenter lors des scénarios proposés. Nous allons nous focaliser en premier lieu sur le scénario du rendez-vous galant. Nous pouvons d’ores et déjà relever que certains membres du groupe masculin, 6 sur 11, tombent fatalement dans le piège des stéréotypes genrés concernant les objets médiatiques en traitant ce scénario. Ces interrogés citent systématiquement des personnages de séries, représentatifs de l’endogroupe qu’ils estiment appréciés par l’exogroupe, ou tout au moins par la personne qu’ils imaginent face à eux dans ce contexte12. Nous avons ici un soupçon d’hétéronormativité quant à leurs représentations si nous nous fions aux raisons évoquées pour expliciter leur choix. Voici 5 exemples de cette première tendance des membres du groupe masculin :

  • 13 Ces personnages sont respectivement issus des séries The Mentalist (CBS, 2008-), Game of Thrones, T (...)

Lors d’un rendez-vous galant, vous citeriez :
– « Patrick Jane, les filles l’adorent ! »,
– « Jon Snow, il parait qu’il est sexy »
– « Rick : il protège tout le groupe, c’est un meneur »
– « Charles Ingalls : le père de famille qui protège »
– « Lucas Scott13 : il les fait rêver »

41Nous pouvons faire deux remarques au vu de ces résultats. L’effet d’homogénéisation de l’exogroupe est visible : pour ces interrogés, il est préférable de mettre en avant une caractéristique considérée comme masculine et recherchée telle que la capacité à protéger. Ensuite, les interrogés agissent comme si invoquer le personnage allait consolider une façade qui semble appropriée, comme si les caractéristiques du personnage se transféraient sur eux-mêmes. Nous pouvons donc voir qu’interviennent ici les représentations concernant principalement les attentes de l’exogroupe.

  • 14 Ces personnages sont respectivement issus des séries Sex and the City, How I Met your Mother, Daria (...)

42Au sein des 8 membres du groupe féminin, nous pouvons déceler deux dynamiques principales. Nous retrouvons ici trois interrogées démontrant la volonté d’équilibre au sein du panthéon de personnages évoqués plus haut : elles entretiennent un lien fort avec un personnage qui représente l’exemplaire de l’endogroupe, contrebalancé par un second personnage. C’est le premier personnage, la perfection, le but à atteindre qui est présenté lors d’un rendez-vous galant. Carry Bradshaw est rejointe ici comme exemple par Robin Sherbatski, corrélée au personnage de Daria, et Nancy Botwin, rattachée au personnage de Jane Bingum14. De la même façon que pour la première tendance du groupe masculin, ces interrogées souhaitent transférer aux yeux du public certains traits du personnage. Ensuite, trois interrogées du groupe féminin invoquent des personnages issus de séries dites de filles qu’elles regardent en ce moment, que les personnages soient de l’endogroupe ou de l’exogroupe. Tout se passe comme s’il fallait choisir une référence rassurante, corrélée à son propre genre, dans les éléments du Panthéon les plus récemment admis. Le genre de la série prévaut sur le personnage. Nous pouvons ajouter que deux des trois séries d’origine des personnages cités, Teen Wolf (MTV, 2011-) et True Blood (HomeBox Office, 2008-2014), sont des séries qui intègrent le surnaturel. À la vue de ce choix, nous pouvons supposer qu’il s’agit de tisser un lien avec l’exogroupe à travers ce thème. Cette supposition en restera une, car elle implique de considérer qu’un rendez-vous galant est perçu par l’interrogée comme impliquant un membre de l’exogroupe.

Quelles tendances disent avoir les deux groupes d’appartenance lors d’un entretien d’embauche ?

43Enfin, nous allons nous pencher sur les réponses concernant le scénario de l’entretien d’embauche pour ces 19 interrogé·e·s. C’est dans ce contexte que les réponses des deux groupes sondés diffèrent le plus pour créer un effet d’homogénéité visible. Les membres du groupe féminin choisissent à part égale des personnages masculins et féminins, le point commun entre ces personnages est un rapport particulier au monde professionnel. Ce rapport est entretenu soit par le thème de la série avec, par exemple, Gregory House de la série Dr House (Fox, 2004-2012), Patrick Jane (The Mentalist) ou Alicia Florrick (The Good Wife), soit par la construction fictionnelle de la personnalité et les focalisations de l’intrigue sur l’importance de la sphère professionnelle pour ces personnages. Nous retrouvons dans ce cas Carrie Mathison (Homeland, Showtime, 2001-), Jane Bingum (Drop Dead Diva) ou encore Greg Parker (Flashpoint, CBS, 2008-2012).

44Pour comprendre la tendance des membres du groupe masculin exposée ci-après, il est important de savoir que les interrogés ont répondu aux questions suivantes :

Citez trois caractéristiques
– qu’une femme doit faire ressortir dans un entretien d’embauche :
– qu’un homme doit faire ressortir dans un entretien d’embauche :
– qu’une femme doit faire ressortir dans un rendez-vous galant :
– qu’un homme doit faire ressortir dans un rendez-vous galant :

45Ce groupe de questions avait pour objectif de voir si les étudiant·e·s faisaient une différenciation genrée dans les caractéristiques qu’un individu doit faire valoir dans certains contextes. Ceci constitue une porte d’accès à leurs représentations de genre. Retournons maintenant à l’analyse des réponses concernant le contexte de l’entretien d’embauche.

46En opposition au groupe féminin, les membres du groupe masculin se concentrent moins sur la place du monde professionnel dans la série ou pour les personnages que sur les caractéristiques de ces personnages, caractéristiques qui sont pour eux essentielles dans le contexte d’un entretien d’embauche : elles font partie des traits à mettre en avant, « faire ressortir » pour un homme, selon l’intitulé de la question. « Il trouve toujours des nouvelles ressources pour proposer des choses inédites » écrit un interrogé en évoquant Don Draper de la série Mad Men (AMC, 2007-). Cet étudiant écrit également qu’un individu doit faire preuve d’initiative lors d’un entretien d’embauche. Charlie Runkle de la série Californication (Showtime, 2007-) correspond à la nécessité de se montrer investi dans un entretien d’embauche. L’interrogé le décrit : « C’est un entrepreneur motivé, passionné par son travail, il rebondit en cas de coups durs. Il vit son job ». Et enfin, Tyrion Lannister (Game of Thrones), bien éloigné des mondes professionnels classiques pour les étudiants, doit être cité comme référence car « C’est un bon communiquant » précise un troisième interrogé pour qui un homme doit se montrer « poli », avoir une « bonne présentation » et de la « confiance en soi » lors d’un entretien d’embauche.

Une tendance est-elle remarquable lorsque le personnage ne varie pas selon le contexte ?

47Lorsque les étudiant·e·s choisissent le même personnage dans les deux contextes, rendez-vous galant et entretien d’embauche, ces personnages sont systématiquement indiqués dans leur panthéon personnel et sont représentatifs de l’endogroupe pour une majorité (5 interrogé·e·s sur 7). Sur ces 5 interrogé·e·s, 3 indiquent que le personnage choisi est également un modèle « en règle générale », ce qui peut être interprété comme une considération de ce dernier de manière globale et ne reposant pas sur un trait de caractère ou une caractéristique particulière. Nous pouvons nous focaliser sur 2 de ces 3 interrogé·e·s et observer qu’ils considèrent la série qu’ils ont citée comme étant rattachée à un genre. Dans les deux cas, il s’agit d’une série dite de mecs, avec les personnages Oliver Queen et Daenerys Targaryen des séries Arrow et Game of Thrones. Ces personnages représentent l’endogroupe des deux étudiant·e·s. Nous pouvons voir ici qu’une nouvelle fois, le genre des personnages peut prévaloir sur celui de la série dans plusieurs contextes de présentation de soi, spécifiquement si le rapport au personnage est de l’ordre du schéma de travail.

48Si nous nous focalisons maintenant sur les deux seuls interrogé·e·s, chacun membre d’un groupe d’appartenance différent, qui ont choisi un personnage de l’exogroupe, nous pouvons remarquer un point qui sera central dans notre analyse. Le premier interrogé, masculin, propose le personnage de Dharma Finklestein Montgomery, de la série Dharma et Greg (ABC, 1997-2002), lors des deux scénarios de présentation de soi. La seconde interrogée, du groupe féminin, propose Tyrion Lannister. Lorsqu’il et elle ont été questionnés sur les qualités à présenter lors des deux scénarios (rendez-vous galant et entretien d’embauche), les deux interrogé·e·s indiquent les mêmes caractéristiques à mettre en avant pour un homme et pour une femme : l’appartenance à un genre ne prime pas sur le contexte de la présentation de soi. Par exemple, pour l’interrogé membre du groupe masculin, hommes et femmes doivent faire ressortir « motivation, assurance et sympathie » lors d’un entretien d’embauche puis « charisme, chaleur et sensualité » lors d’un rendez-vous galant.

49Nous nous permettons donc de lancer l’hypothèse que les représentations de genre et le rapport aux personnages du panthéon dialoguent lors de l’appréhension d’un contexte de présentation de soi. L’analyse des résultats concluant cette troisième partie le montre. Les interrogé·e·s que nous venons de détailler n’ont aucune résistance à invoquer un personnage de l’exogroupe, l’appartenance à un groupe n’évoquant pas chez eux des caractéristiques particulières face aux stimuli que sont les contextes de présentation de soi proposés.

50La première hypothèse suggérait de considérer les séries de filles et les séries de mecs comme établies par le type d’intrigue proposée. Il s’avère que c’est la présence de personnages féminins qui détermine une série de filles et le thème qui caractérise une série de mecs. Nous pouvons valider la seconde hypothèse en analysant les résultats de l’enquête menée : nous avons vu que le choix d’une série ou d’un personnage se fait non seulement en cohérence avec l’appréhension d’un contexte d’interaction mais est également déterminé par les représentations de genre. En ce qui concerne la troisième hypothèse, nous nous permettrons d’y répondre en prenant appui sur des travaux nord-américains. Dans l’ouvrage collectif québécois Regards sur les hommes et les masculinités (2010), Tremblay et L’Heureux font un état des lieux des recherches mettant en lumière les difficultés à construire une identité masculine considérée par les autres et par soi-même. Différents processus pousseraient les individus de sexe masculin à tenter de prouver incessamment leur appartenance et leur virilité : « cela signifie tenter de s’approcher le plus fidèlement possible du modèle dominant de masculinité, celui qui renvoie au stéréotype de genre, ce que Connell (1995) appelle la masculinité hégémonique qui domine les autres formes de masculinités » (2010 : 105). S’il est vrai que le dispositif méthodologique du questionnaire tend à générer un phénomène d’induction des réponses, nos résultats nous semblent néanmoins exploitables de par leur convergence avec des travaux antérieurs sur le rapport genré aux productions culturelles. Nous voyons par exemple ici que ce modèle de masculinité hégémonique implique le fait d’aimer les scènes ou allusions au sexe, la violence et la science-fiction dans les séries. Et surtout il s’agit de ne pas montrer de lien avec la culture dite féminine. On voit que nos interrogés renvoient aux stéréotypes concernant la masculinité mais également à ceux concernant la féminité pour parler de leurs attirances en termes de série, de personnage et même en ce qui concerne d’éventuel prétendant.

51Même si nous ne prétendons pas hiérarchiser les difficultés en termes de socialisation genrée et d’appréhension des stéréotypes dans cette étude nous pensons y contribuer en mettant en lumière des expériences différentes selon l’appartenance. Une de ces différences est visible dans le rejet de la culture dite pour le groupe féminin par le groupe masculin, dans la difficulté à verbaliser un lien avec cette culture et dans la forme que prend l’homogénéisation de l’exogroupe. Ces résultats se veulent participatifs de la réflexion portée par Sylvie Octobre dans l’ouvrage Questions de Genre, questions de culture (2014 : 20) : « Les transgressions ou plus largement les mobilités de genre sont moins aisées pour les garçons, coincés entre le spectre de l’homosexualité et la nécessité de faire preuve de leur virilité en s’arrachant au féminin depuis leurs premières années de vie ».

52La perpétuelle répétition et transmission des stéréotypes sur certains objets culturels tels que les séries contribue à freiner la réelle appréhension par le goût et ce frein est visible à travers la présentation de soi : nous pouvons ici admettre que si ce n’est une peur, c’est au moins un effort qui est fait pour correspondre aux attentes supposées en termes de genre. Nous sommes face à un système engendré et subi de façon plus ou moins forte selon les individus : le rapport aux personnages peut être une porte d’entrée vers des représentations plus globales de genre et vice versa. En d’autres termes, les personnages de séries invoqués dans des contextes spécifiques peuvent être choisis dans une optique de valorisation de son identité masculine ou féminine, puisqu’ils semblent être une vitrine des représentations que les individus ont. Loin de nous l’idée de critiquer les productions fictionnelles, qui pour beaucoup font preuve d’une volonté considérable de passer au-delà des stéréotypes. Nous nous concentrons ici sur l’utilisation de ces figures que sont les personnages par les individus, utilisation qui montre que l’environnement social imprègne grandement la vision d’eux-mêmes et de l’autre. Nous pouvons retenir que dans une période de vie telle que l’émancipation, il est capital d’avoir l’occasion d’être face à un discours qui exprime le choix que peuvent avoir les individus. Dans le cadre de cette enquête, il semble que, pour les interrogé·e·s, se placer par rapport aux modèles dominants de masculinité et de féminité, par rapport aux objets qui leurs sont culturellement reliés implique le respect de normes de genre hégémoniques que leurs choix traduisent.

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Bibliographie

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Notes

1 Le terme de représentation est ici utilisé au sens de ‘pensée sociale’, comme explicité par P. Moliner et P. Rateau (2009).

2 Le corpus a été constitué par les interrogé(e)s eux mêmes : il se trouve que les références données sont des séries uniquement produites aux États-Unis.

3 Les problématiques concernant, entre autres, la notion de transgenre ne sont pas traitées ici pour des raisons de données disponibles : cette enquête n’a pas eu l’occasion d’inclure des individus se définissant autrement que par le féminin ou le masculin.

4 Le masculin ne sera pas utilisé dans sa fonction grammaticale généralisante. Par exemple « les étudiants » ne sera employé que lorsqu’il est question des interrogés ayant déclaré appartenir au groupe masculin.

5 Sauf en cas de mention d’un auteur à leur suite, toute citation entre guillemets est issue des discours des étudiants interrogés. Les phrases sont retranscrites sans correction telles qu’elles ont été rédigées sur les questionnaires.

6 Nous empruntons également les termes endogroupe (groupe considéré comme d’appartenance par l’individu) et exogroupe (groupe auquel l’individu ne se considère pas appartenir) à la psychologie sociale, sur le modèle des travaux de Deschamps et Vinier.

7 Nous ne traiterons pas les modes de visionnage des séries dans cet article.

8 Nous utilisons ici les termes types d’intrigue pour éviter la confusion entre genre de série et genre féminin et masculin.

9 Les séries sont référencées selon la chaine et la période de première diffusion.

10 Personnage de la série Malcolm.

11 Ces personnages sont issus respectivement des séries Scrubs, Twin Peaks (ABC, 1990-1991) et Desperate Housewives.

12 Cette enquête n’a pas sondé les préférences sexuelles des étudiants et étudiantes. Cette analyse est donc à considérer avec cette remarque.

13 Ces personnages sont respectivement issus des séries The Mentalist (CBS, 2008-), Game of Thrones, The Walking Dead, La Petite maison dans la prairie (NBC, 1974-1985) et Les Frères Scott (CW, 2003-2012).

14 Ces personnages sont respectivement issus des séries Sex and the City, How I Met your Mother, Daria (MTV, 1997-2002), Weeds et Drop Dead Diva.

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Table des illustrations

Titre Tableau 1 - Les séries dites « de Filles »
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Titre Tableau 2 - qu’est-ce qui fait une série « de Filles » ? 
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Fichier image/png, 43k
Titre Tableau 3 - Les séries dites « de mecs » ?
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Fichier image/png, 37k
Titre Tableau 4 - qu’est-ce qui fait une série dite « de mecs » ?
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Fichier image/png, 37k
Titre Tableau 5 - Appartenance des personnages préférés
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Fichier image/png, 36k
Titre Tableau 6 - Modèles et personnages de séries
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Fichier image/png, 28k
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Pour citer cet article

Référence papier

Marianne Alex, « « Séries de filles » et « Séries de mecs » : enquête sur les représentations genrées des étudiants et étudiantes concernant les séries américaines »Genre en séries, 2 | 2015, 22-49.

Référence électronique

Marianne Alex, « « Séries de filles » et « Séries de mecs » : enquête sur les représentations genrées des étudiants et étudiantes concernant les séries américaines »Genre en séries [En ligne], 2 | 2015, mis en ligne le 07 février 2022, consulté le 18 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ges/1606 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ges.1606

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Auteur

Marianne Alex

Marianne Alex est doctorante en Communication à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse. Ses travaux sont dirigés par M. le Professeur Emmanuel Ethis. Ceux-ci portent sur le genre et les publics des médias, spécifiquement le cinéma et les séries télévisées. Le sujet de sa thèse porte sur le rapport des étudiants au cinéma observé à travers le prisme de la notion de masculinités. Marianne Alex est également enseignante au sein de la formation Information et Communication de l’UAPV.

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Droits d’auteur

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