Avant-propos. — Nomima ou la cité des inscriptions
Texte intégral
Remerciements
Je tiens à remercier chaleureusement tous les auteurs qui ont accepté de se prêter au jeu de cette Festschrift un peu spéciale, ainsi que nos collègues qui ont eu la gentillesse d’expertiser ce dossier. Une partie des articles qui composent ce numéro ont été présentés lors d’une section parallèle au XVIe Congrès international d’épigraphie grecque et latine qui s’est tenue à Bordeaux le 1er septembre 2022. Nous sommes reconnaissants à M. Navarro Caballero et P. Fröhlich, présidents du comité d’organisation du congrès, d’avoir accepté notre proposition de section parallèle. Cf. Milagros Navarro Caballero et Pierre Fröhlich (éd.), L’épigraphie au XXIe siècle (actes du XVIe Congrès international d’épigraphie grecque et latine, Bordeaux, 29 août-2 septembre 2022), Bordeaux, Éditions Ausonius, 2024. Cette section parallèle a reçu le soutien financier du LUHCIE grâce à qui nous avons pu recevoir nos collègues à Bordeaux. Qu’en soient ici pleinement remerciées I. Taddei, directrice du LUHCIE et J. Fizir, son administratrice.
1Avant de laisser le lecteur parcourir les contributions réunies ci‑après, il faut dire un mot des raisons qui ont poussé à les réunir. La première et la principale venait d’un constat : si, dans le monde académique, chacun a pu apprécier (ou critiquer) l’immense entreprise de rassemblement et d’édition critique d’un large nombre d’inscriptions grecques de l’époque archaïque, que constituent les deux volumes des Nomima édités par Henri van Effenterre et Françoise Ruzé, c’est peu de dire que la véritable avancée des Nomima n’a jamais été véritablement abordée pour elle‑même. Le fait qu’en présentant ensemble un si grand nombre d’inscriptions, celles‑ci faisaient système n’a semble‑t‑il pas été discuté de manière approfondie. Les raisons sont probablement multiples. C’est que ce point de vue, à rebours des présentations plus larges de textes épigraphiques grecs en traduction, était trop rarement pris en compte par les collègues travaillant sur le monde grec archaïque. Bien sûr, les Nomima étaient et sont toujours fréquemment citées, mais plus souvent pour discuter des traductions que pour adresser la vision d’ensemble. Car bien plus qu’un simple recueil de textes épigraphiques, toute la structure et les notices des deux tomes des Nomima proposaient également une approche spécifique de la cité archaïque.
2Cette vision de ce qu’était la cité grecque des viie et vie siècle av. n. è. prend surtout forme dans les introductions aux thématiques qui constituent le plan des volumes. Certains des titres méritent d’être mentionnés car ils donnent une bonne idée de l’approche suivie : « L’âge des législateurs » ; « Une pré-politeia ? » ; « La souveraineté » ; « Fondations et terres civique » ; « Traités et relations extérieures » ; « Les pouvoirs de la cité ». Là encore, on ne peut s’empêcher de voir dans ces choix un pied de nez à un autre courant alors en vogue dans les années 1990, et qui dominent encore aujourd’hui assez largement la discipline, à savoir l’anthropologie historique issue de la célèbre école de Paris. Dans les Nomima, on y parle de droits, de statuts, de pouvoirs. Toute une série de liens sociaux qui n’ont pas ou peu droit de cité dans certains des travaux actuels sur la Grèce archaïque.
3Bien sûr, on peut souligner que cette approche est fortement conditionnée par le type de documents étudiés, ceux qui sont inscrits sur la pierre (ou sur métal). Des lois, des règlements. Mais pas seulement. Nous y trouvons aussi quelques épitaphes, des documents « de la pratique » (économique notamment), même s’il faut reconnaître qu’ils ne représentent pas la majorité des textes publiés. Néanmoins, pour la première fois, les chercheurs non épigraphistes comme les étudiants disposaient d’un large éventail de documents qui rendaient accessible tout un monde, celui de la cité des inscriptions.
4C’est là que se loge la seconde raison, sans doute plus personnelle, de ce dossier consacré à l’épigraphie de la Grèce archaïque sous l’égide des Nomima : le souvenir d’un étudiant qui, grâce à ces volumes, touchait du doigt enfin la matérialité de documents historiques directs, concrets, qui ne passaient pas par le truchement d’un auteur.
5Ainsi s’est imposé comme une évidence, au moment de penser l’organisation de ce dossier, le souhait de voir aborder ce double aspect dans les contributions que nous avons sollicitées auprès des collègues qui ont eu la gentillesse d’accepter notre invitation : d’une part, quels ont été leurs utilisation / rapports aux Nomima en tant que recueil épigraphique, mais aussi (et surtout) aux idées sous‑jacentes de H. van Effenterre et F. Ruzé sur la société grecque archaïque ? Et d’autre part, quels pouvaient être, de leur point de vue, les progrès des connaissances sur l’écrit archaïque, son statut dans la société des années 700‑500 ? Malgré les découvertes importantes comme celle de Méthone, les choses ont‑elles radicalement changé depuis les Nomima ?
6On me permettra une dernière remarque, sous forme de vœux. Bien sûr, les deux volumes ne sont pas parfaits. Nous sommes d’ailleurs plus que reconnaissant à F. Ruzé d’avoir fourni un petit addendum qu’on trouvera ci‑après. Donc, nulle hagiographie ici. Mais nul aggiornamento non plus si l’on conçoit ce dernier comme une manière de mettre au placard une œuvre. Ce dossier en forme de reconnaissance plus que d’hommage se veut donc aussi un appel à, dans le futur, compléter les Nomima de 1994‑1995, avec une approche documentaire renouvelée pour intégrer les nouvelles découvertes, peut‑être aussi en accordant plus de place à l’écrit « simple » (dédicaces, funéraires) ou à la mise en série. Mais en conservant ce qui faisait le cœur des Nomima, une démarche historique sinon similaire, du moins avec le même esprit de système.
Pour citer cet article
Référence électronique
Olivier Mariaud, « Avant-propos. — Nomima ou la cité des inscriptions », Gaia [En ligne], 27 | 2024, mis en ligne le 02 juillet 2024, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/gaia/4407 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11xz3
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