3 | 2020
Matérialiser la frontière
Pour ce troisième numéro, les auteur·rice·s étaient invité·e·s à s’interroger sur les modalités de formalisation et de conception de la frontière. Les huit contributions abordent différents types de matérialités, de l'Antiquité à l'époque moderne, qu'il paraît pertinent de répartir en trois thématiques.
La première traite de l’aspect matériel de la frontière dans le monde moderne, par le biais d’approches croisées du matériel archéologique. J.S. Baldi (CNRS, Archéorient), en appliquant les méthodes de l’archéologie des techniques, étudie des pithoi antiques utilisées aux xixe et xxesiècles pour stocker des aliments. Son étude permet de retracer la frontière entre les milices libanaises qui se sont affrontées dans le village de Qleiaat entre 1988 et 1990. B. Besnard (Lyon 2, Archéorient) adopte une démarche ethnoarchéologique afin d’étudier les techniques et les aménagements matériels liés au problème de l’évacuation des eaux et à sa gestion dans l’architecture de brique de terre crue de la région de l’intérieur de l’Oman.
Le deuxième axe aborde la question de la matérialisation de la frontière entre espaces sacrés et espaces profanes depuis l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge, au travers de quatre contributions. M. Sauvage-Cerisier (Université de Lille, HALMA) s’intéresse ainsi aux multiples frontières qui permettent de protéger les cérémonies secrètes données dans les sanctuaires de Déméter du Péloponnèse et s’interroge sur leur impact sur la communauté de fidèles. M. Emion (Université Rouen Normandie, GRHis) montre comment, du ive au vie siècle, se manifestait la frontière entre l’Empereur romain et le commun des mortels, tant d’un point de vue matériel que symbolique. R. Demès (Université de Lille, IRHiS - CESCM) développe une réflexion autour de la figure des paons affrontés représentés sur les chancels lombards des viiie-ixe siècles. Les chancels servant à matérialiser la frontière entre les fidèles et le clergé, l’auteur interroge ici le lien entre décor et support. Enfin, S. Chardonnet (Montpellier 3, CEMM) traite du remploi des sculptures de lions dans les entrées des églises du xie au xiiie siècle de la région du Comté de la Marche (Creuse et ses marges) et propose d’y voir une délimitation entre le sacré et le profane.
Le troisième axe traite de la délimitation matérielle des espaces dans les sociétés. M. Villetard (Université de Lille, HALMA) s’intéresse ainsi à la nature des frontières permettant de délimiter les lieux d’enseignements des espaces de circulation dans l’empire romain. Pour finir, C. Toppin (Université Savoie-Mont-Blanc, LLSETI) étudie la mise en place d’un bornage pour la délimitation fiscale et juridique d’un alpage – celui de la Grassaz - exploité par deux communautés rurales du Moyen Âge.
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Passé/Présent : approches croisées du matériel archéologique
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Architecture vernaculaire de terre et évacuation des eaux [Texte intégral]Études de cas dans l’intérieur de l’Oman et perspectives ethnoarchéologiques
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Délimiter l'espace sacré
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Les paons affrontés dans l’art lombard des viiie‑ixe siècles [Texte intégral]Gardiens et médiateurs d’une frontière entre humain et divin
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Les statues de lions des églises romanes, des gardiens de pierre entre espace profane et espace sacré [Texte intégral]L’exemple des sculptures léonines du comté de la Marche (xie‑xiiie siècle)
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Frontières institutionnelles
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Matérialiser les limites des communs