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Catherine Mavrikakis
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Texte intégral

1Dès qu’elle eut atteint 93 ans, la Moumou montra une grande ressemblance avec l’écrivain Antonin Artaud, sur l’œuvre duquel sa fille travaillait depuis tant d’années.

2Sur ses lèvres trop minces que sa bouche exempte de dents, avait depuis longtemps avalées, Moumou passait de longs moments à dessiner un trait de rouge à lèvres. C’est dans cette bouche infinie, celle peut-être de son propre inconscient, que son enfant déjà âgée plongeait en présence de sa mère, alors qu’elle s’évertuait à corriger le dessin des contours évanescents de l’étrange ouverture du corps maternel.

3C’est en cet orifice buccal que la fille de la Moumou se lovait, croyant par le simple regard, tomber à travers cette cavité infinie jusqu’à l’utérus maternel. Ces plongées dans le trou immense de sa mère perturbaient la fille. Parfois, elle pensait qu’elle se trouvait tout entière happée par l’intérieur matriciel et qu’elle ne sortirait plus vivante du corps de sa mère. Elle serait ainsi gobée ainsi par les entrailles d’origine qu’elle avait fréquentées autrefois. Mais toujours, elle revenait forte de cette précipitation dans les organes vides que lui offrait sans le vouloir sa vieille et dure maman lors de ses séances de retouche de maquillage.

4À tout cela, il faut ajouter que la Moumou en vieillissant avait développé un timbre de voix très semblable à celui qu’avait adopté Artaud lors d’un enregistrement radiophonique en 1947. Dans celui-ci, l’écrivain, avec cet accent bien parisien de l’époque, passe des sons aigus aux basses en vociférant. Moumou qui avait vécu à Paris à la même époque que l’écrivain engueulait sa progéniture à la manière d’Artaud en émettant des notes stridentes, après des avoir produit des grognements caverneux.

5Là ne s’arrêtait la ressemblance entre Moumou, la vieille, et le poète de telle sorte que la fille de celle qui lui avait donné naissance se demandait souvent si ce n’était pas Antonin Artaud qui l’avait engendrée elle, sortie tout droit intellectuellement de la cavité buccale de celui qui avait une bouche encore plus vaste que celle de sa mère.

6À la fin d’une vie qui s’étiole, meurt-on homme ? Persiste-t-on à être femme au moment où l’existence se braque, telle une chienne têtue qui se refuse à avancer ? À la naissance, la plupart d’entre nous avons été sorti-es des limbes du genre et du néant, à travers cet accueil proféré par les autorités médicales : C’est une fille ! C’est un garçon ! Là, dans cette parole tonitruante, fière, se trouve cachée et soulignée la phobie d’une existence qui échapperait à une idée du genre ou encore la panique devant ce qui pourrait constituer une indécision herméneutique. Les annonces faites à partir de la contemplation extatique d’échographies floues à des géniteurs anxieux montrent bien le désir de faire entrer coûte que coûte, dans le monde un enfant à travers une identité de genre déjà définie et claire.

7Mais à l’instant de la mort, et dans la période qui l’embrasse, quel discours entoure l’identité ? Suis-je dans ce qui constitue déjà ma vieillesse, capable de m’extraire du corps genré, reproducteur, apte à la production ou encore à la guerre que me donne à vivre la société. L’âge et l’approche de plus en plus évidente, très souvent terrifiante de la mort, ne me permettraient-ils pas de me défaire, de remettre en cause quelque chose de la performance d’un genre qui a fait son temps en moi comme dans l’histoire humaine ?

  • 1 Sylvie Schoch de Neuforn, La transidentité d’âge : pour une fondation du concept d’âge-queer”, Cah (...)
  • 2 Linn J. Sandberg et Barbara L. Marshall, “Queering Aging Futures”, Societies, vol. 7, n° 3, 2017. D (...)

8Quand le temps sort de ses gonds, un morceau du symbolique et du social tels qu’ils sont pensés à travers la différence sexuelle, peut-il tout à coup s’effondrer ou faire moins sens et dans sa chute souligner la violence de l’identité de genre quelle qu’elle soit, maintenue à grands frais, toute la vie ? Pourrions-nous parler d’une transidentité conférée par l’âge qui serait capable d’advenir au sujet avec la vieillesse ou certaines étapes de l’être au monde des corps1? Est-il envisageable de soutenir avec certaines théoricien-nes actuel-les2 les liens évidents entre l’émergence d’une identité queer durant le vieillissement, et ainsi d’affirmer qu’un intéressant trouble dans le genre peut se révéler important à la fin de la vie ?

9À la résidence pour femmes âgées, Madame Asaki sortait toutes les cinq minutes d’un grand sac rouge qui ne la quittait pas trois photos qu’elle présentait à la ronde aux démentes assises autour d’elle. Il y avait l’image d’elle, petite, dans un camp de Japonais au Canada pendant la guerre. Et une image de chiot et une autre de chaton que Madame Asaki avait découpées dans un calendrier de la SPCA qui traînait dans le grand salon de la maison de retraite. Madame Asaki faisait des grands gestes en se désignant pour montrer à la tablée qu’elle était non seulement la minuscule enfant sur la photo d’époque, mais les deux bébés animaux. “Oui, disait Moumou, on a compris, vous êtes une jeune chienne ou un jeune chat. On n’est pas idiotes. Vous êtes une bête. Ça c’est certain. Une sale bête. Vous ne devriez pas manger avec nous. Mais nous ne ferons pas d’histoire. Alors finissez votre soupe, et à la niche !”

10On pourrait bien sûr penser qu’avec la vieillesse, la performance du genre est moins facile à accomplir. Pourtant il ne s’agit pas ici d’avancer simplement que les pratiques sexuelles (souvent, hélas, garantie imaginaire du maintien de son identité de genre) disparaissent avec l’âge. L’atténuation de l’identité de genre est dans la société liée à la potentialité reproductive de corps et à un devenir autre du corps, posé hors de l’identité de genre.

  • 3 Clarice Lispector, “À la recherche d’une dignité”, Nouvelles, édition complète, éd. Benjamin Moser, (...)
  • 4 Ibid., p. 319.
  • 5 Ibid., p. 320.

11Des textes littéraires nous donnent ci et là la possibilité de réfléchir à un au-delà ou un en deçà du corps reproducteur. Je songe ici à une nouvelle de l’écrivaine brésilienne Clarice Lispector, À la recherche d’une dignité3, où la protagoniste constate qu’elle est devenue avec l’âge “une chose ratatinée comme une figue séchée”4. Elle voit que debout dans la salle de bain elle est “aussi anonyme qu’une poule”5. Cette mise en suspens du genre au profit d’un devenir fruit ou d’une ressemblance avec un animal de basse-cour, hors de toute singularité humaine est à prendre au sérieux et non pas simplement comme un dénigrement de l’âge. N’y a t- il pas là quelque chose à comprendre d’un effacement du genre au profit d’un devenir autre souvent négligé à l’âge de la reproduction, encadré de manière générale par la binarité de la différence sexuelle biologique ?

12Le corps vieux se donne dans un chaos, un désordre. Ses fuites (qui ont été à l’âge de la reproduction liés à une féminité de sécrétions), ses poils tous azimuts (qui sont pensés comme l’apanage d’un masculin viril et procréateur) viennent créer une impression de trouble dans le genre fondé dans une honte et une abjection qui se donnent comme contraires à l’ordonnance du corps jeune en santé, émettant des signes corporels cohérents.

13Moumou, à la fin de sa vie, faisait systématiquement ses besoins dans son lit. Elle qui avait passé sa vie à repasser ses draps roses et qui ne supportait pas la moindre tache sur elle, elle qui réveillait brutalement sa fille adolescente la nuit, pour que celle-ci change de serviette hygiénique afin de ne pas souiller la literie, se roulait en riant dans sa merde et hurlait aux infirmières : “Voilà ce que je suis, de la merde, juste de la merde… Ne vous avisez pas de me dire le contraire.” Et Moumou riait de plus belle.

14Or la question la plus importante que pose le grand âge réside dans l’expérience du temps que fait la personne qui vieillit en ce qui concerne le futur.

  • 6 Lee Edelman, No future. Queer Theory and the Death Drive, Durham, Duke University Press, 2004.

15En ce sens, si je suis la pensée de Lee Edelman dans No future : Queer Theory and the Death Drive6 et que je comprends que toute idée du progrès est hétéro-normative, puisque basée sur le concept d’enfant et de transmission de soi dans le futur, la vieillesse peut se donner comme l’expérience d’une identité queer.

16Pour le queer, dans l’essai polémique et courageux d’Edelman, il ne saurait y avoir de futur, tel qu’il s’ancre dans la projection reproductrice de soi ou encore dans l’efficacité des corps dans l’espace social. En ce sens, on comprend bien que le maintien de la violence de l’identité de genre chez les personnes âgées se performe dans la répétition ad nauseam du discours sur être un (bon) grand parent qui rappelle au sujet qu’il a déjà été reproduction, qu’il a une descendance et donc qu’il est hétéronormé d’une façon ou d’une autre.

17Dans la pensée d’Edelman, il s’agit de réfléchir hors de l’horizon d’un futurisme reproductif à travers le refus de l’idéalisation de l’enfant qui se verra lui-même immédiatement pris dans une identité de genre. La culture dominante fait vivre toutes les créatures qui ne sont pas prêtes à participer à son ordre totalitaire dans un espace vu comme abject. Chez Edelman, l’engagement politique qui a été traditionnellement lié à une pulsion vers l’avenir demeure extrêmement problématique dans la mesure où il perpétue le temps comme une promesse de et pour l’enfant. Ainsi Edelman s’inscrit dans une perspective non-assimilationniste des communautés marginalisées. Il nous invite à penser à une radicalité de l’expérience queer, qui construirait le corps hors de ses promesses de bien-être dans la reproduction de soi. Pour Edelman, comme pour en quelque sorte Sarah Ahmed, dans la Pensée du bonheur, il s’agit d’interroger la psychologie positive. Dans la mesure où les identités hétéronormées sont basées sur une prétention au bien-être et à l’envie de léguer ou reproduire la vie, le bonheur lié à l’enfant et à l’enfance devient une technique disciplinaire au sens où Foucault l’entend. Le queer, lui, conduit à embrasser des affects négatifs (le pessimisme, la honte, etc.).

18Les petits-enfants, la progéniture en général, témoignent de la vitalité perdue d’un corps reproducteur ou encore de celle d’une cellule identitaire (personnelle ou familiale) capable de donner naissance même à travers le corps d’autrui.

  • 7 Clarice Lispector, “Le départ du train”, Nouvelles, édition complète, éd. Benjamin Moser, Paris, Éd (...)

19Cette absence de futur de la vieillesse, on la retrouve encore dans l’œuvre de Clarice Lispector. Dans la nouvelle Le départ du train7, on retrouve le personnage âgé de Dona Maria Rita qui pense :

  • 8 Ibid., p. 327-328.

[…] depuis que j’ai commencé à prendre de l’âge je disparais aux yeux des autres, il ne m’accorde que des regards pressés. La vieillesse : moment suprême. Elle était étrangère à la stratégie générale du monde et la sienne était réduite à sa plus simple expression. Elle avait renoncé aux grands objectifs. Elle était devenue son propre futur. […] Elle ne faisait rien d’autre que ceci : vieillir8.

20En d’autres termes, si l’on veut suivre les leçons que peuvent nous donner la vieillesse vue comme queer, une seule question se pose avec force : comment imaginer un engagement personnel et politique de la personne queer âgée hors de la perspective du futur et de l’enfant et plus généralement de la transmission ?

21Si l’on veut radicaliser notre pensée, demandons : un engagement envers le monde et son avenir est-il possible hors de la pensée hétéronormative du futur ?

  • 9 Simon Wattney, Policing Desire. Pornography, AIDS and the Media, Minneapolis, University of Minneso (...)
  • 10 Leo Bersani, Is the Rectum a Grave: ? and Other Essays, Chicago, The University of Chicago Press, 2 (...)

22Beaucoup d’écrits gays contemporains du sida ont pavé le chemin à la pensée de Edelman. Lorsque Simon Watney dans Policing Desire9 déplore en pleine épidémie que le sida mette encore le sexe gai du côté de la contagion, rendant ainsi plus évident un lien déjà très fort dans l’imaginaire social entre l’homosexualité et la mort, Leo Bersani lui répond en 1987 dans un texte provocateur Is the rectum a grave ?10 en revendiquant le lien entre la mort et l’homosexuel. Il argumente qu’il est nécessaire à l’époque du sida d’embrasser la possibilité de la mort liée à l’homosexualité dans l’imaginaire populaire. En ce sens, la pulsion de mort associée des pratiques homosexuelles ne doit pas être niée. Elle constitue une possibilité politique d’importance dans la mesure où elle refuse de domestiquer la culture gaie et de participer à l’internalisation psychique d’une différence entre les bons gais (monogame, prêts au mariage) et les mourants du sida. Un tel engagement ne mène donc pas à un avenir nécessairement basé sur la perpétuation de la vie. Pour Bersani, l’inestimable valeur du sexe est fondée dans ses aspects anti-communautaire, anti-égalitaire, et anti- amoureux

23Moumou passait son temps à prendre des poses lubriques que sa fille, pourtant lectrice d’Artaud, trouvait particulièrement dégoûtantes. Il arrivait à Moumou de commencer à se masturber devant les infirmières qui aussitôt lui donnaient un petit cachet pour la calmer. Il n’y avait plus rien à faire avec Moumou.

24On dut pourtant prendre des mesures extraordinaires quand on s’aperçut qu’elle promenait madame Asaki en laisse au deuxième étage à l’heure de la sieste. Elle lui donnait des coups de pied dans le ventre, et exigeait qu’on lui lèche les mains, et le visage.

  • 11 Leo Bersani et Adam Philipps, Intimacies, Chicago, University of Chicago Press, 2008.

25Bersani en prenant cette posture intellectuelle très provocatrice n’est pas sans connaître les stigmates que vit la communauté gaie en plein sida. En ce sens, quand il analyse l’œuvre de Dustan dans le livre Intimacies11, il se penche très naturellement sur le barebacking et les pratiques sexuelles non protégées. En tout ce qui serait vu dans une perspective de conservation de la vie et du futur comme des comportements à risque punissables éventuellement par la loi, Bersani cherche et voit de nouvelles formes de relations à l’autre, à travers la reconnaissance de la pulsion de mort dans toute sexualité.

26Pour lui, il s’agit d’une stratégie politique contre la répétition d’un futur hétéronormé qui verra toujours l’homosexualité comme quelque chose de plus ou moins acceptable selon la capacité à se conformer à l’hétéronorme. En ce sens, on peut dire que par cette approche politique pour certains-es très contestable et terrifiante du sida, Bersani crée une tension forte entre l’apocalyptique et l’utopique, dans laquelle le futur ne peut exister comme reproduction de ce qui est.

  • 12 Il faut néanmoins citer l’important livre de Lynne Huffer qui fait des liens entre les théories que (...)

27Il semble difficile, dans une perspective où le féminin s’est beaucoup construit sur sa capacité reproductive, de voir dans des textes féministes engagés des visions aussi peu propices l’avenir que dans la communauté gaie, masculine qui a connu l’hécatombe du sida. Néanmoins, toute pensée de l’avortement fait signe à ce refus de mettre en scène le corps féminin comme reproducteur, tourné vers le futur. Mais il y a peu de textes féministes, à ma connaissance, capables de poser la question avec force et sérieux : is the uterus a grave?12 En effet, si certains écrits antiféministes peuvent critiquer le pouvoir mortifère de la mère et du sexe féminin, les études féministes ne semblent pas avoir souvent travaillé à souligner la pulsion de mort dans la sexualité féminine ou la maternité, et l’aspect paradoxal de certaines sexualités.

  • 13 Virginie Despentes, Baise-moi, Paris, Livre de Poche, 2016.
  • 14 Nancy Huston, Professeurs de désespoir, Arles, Actes Sud, 2004.

28Despentes dans Baise moi13 fait comme quelques autres exception, en embrassant le côté fatal et mortifère des femmes lorsqu’elle met en scène des filles en cavale qui tueront tout sur leur route et qui en mourront. Elles vont même jusqu’à tuer un enfant, durant ce qui constitue un acte banal pour elles. La position la plus courante de l’engagement féministe tourné vers l’enfant et son avenir me semble être celle de Nancy Huston qui, au nom d’un certain féminisme et de considérations sur la procréation dans Professeurs de désespoir14, déplore les maîtresses en noirceur (dont Christine Angot, Linda Lê, Elfriede Jelinek et Sarah Kane) qui refusent la transmission et le bonheur de la succession des générations. La maternité pour Huston sauverait d’un certain pessimisme littéraire et philosophique et garantirait un type d’engagement vers le bonheur social.

29Tout récemment, cependant Constance Debré dans Nom s’en prend à la famille, l’héritage, la suppression de l’autorité parentale.

  • 15 Constance Debré, Nom, Paris, Flammarion, 2022, p. 100.

[…] je suis pour que les enfants soient éloignés de leur parents au plus jeune âge, je suis pour l’abolition de la filiation, je suis pour l’abolition du nom de famille, je suis contre la tutelle, je suis contre le patrimoine, je suis contre le domicile, la nationalité, je suis pour la suppression de l’était civil, je suis pour la suppression de la famille, je suis pour la suppression de l’enfance aussi si on peut15.

30En écho à la pensée de Edelman, pour Constance Debré il est nécessaire de repenser les modes de préservation familiale qui assurent la permanence d’un futur répressif pour les marginaux de l’hétéronormativité.

31L’engagement ici chez Edelman est à la fois dans un pessimisme forcené où le futur ne peut exister dans la continuité et dans un désir optimiste d’embrasser toute cette négativité pour ne pas participer à un ordre hétéronormé. Dans ce retrait paradoxal, souvent intenable, là réside peut-être un peu d’espoir, comme le pense Ahmed en discourant sur les dystopies.

32Moumou s’entêtait à vivre, elle aimait bien ce qu’elle était devenue. Elle pouvait enfin se goinfrer à sa guise. Sa fille lui apportait tous les jours des sucreries et des gâteaux, espérant peut-être plonger Moumou dans un coma diabétique qui l’emporterait.

33Un jour, entre deux loukoums, Moumou fit entrer une aiguille à tricoter dans son vagin sec le poussant jusqu’à son utérus. Une préposée remarqua que la vieille, vieille dame saignait abondamment.

34Sa fille venue à toute vitesse à l’hôpital, se fit dire par Moumou : “je veux avorter, tu comprends, je ne veux pas te mettre au monde. Je n’aurais jamais dû te donner naissance. Quelle horreur d’avoir des enfants. Ainsi je te tue dans l’œuf. Disparais, je ne veux plus te voir.”

35Et Moumou mourut quelques heures plus tard d’une perforation du ventre que les médecins décidèrent de ne pas trop soigner. Moumou, après tout, était si vieille et sa vie sans perspective de futur.

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Note de fin

1 Sylvie Schoch de Neuforn, La transidentité d’âge : pour une fondation du concept d’âge-queer”, Cahiers de Gestalt-thérapie, vol. 2, n° 48, , 2022, p. 49-63. Disponible sur : <https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-cahiers-de-gestalt-therapie-2022-2-page-49.htm>.

Voir aussi : Macia Enguerran et Nicole Chapuis-Lucciani, “La vieillesse et ses masques. Quelle place pour le corps âgé dans le maintien de la subjectivité ?”, Corps, vol. 2, n° 5, , 2008, p. 101-106. Disponible sur : <https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-corps-dilecta-2008-2-page-101.htm>.

2 Linn J. Sandberg et Barbara L. Marshall, “Queering Aging Futures”, Societies, vol. 7, n° 3, 2017. Disponible sur : <https://www.mdpi.com/2075-4698/7/3/21>.

3 Clarice Lispector, “À la recherche d’une dignité”, Nouvelles, édition complète, éd. Benjamin Moser, Paris, Éditions des femmes, 2017.

4 Ibid., p. 319.

5 Ibid., p. 320.

6 Lee Edelman, No future. Queer Theory and the Death Drive, Durham, Duke University Press, 2004.

7 Clarice Lispector, “Le départ du train”, Nouvelles, édition complète, éd. Benjamin Moser, Paris, Éditions des femmes, 2017.

8 Ibid., p. 327-328.

9 Simon Wattney, Policing Desire. Pornography, AIDS and the Media, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1996.

10 Leo Bersani, Is the Rectum a Grave: ? and Other Essays, Chicago, The University of Chicago Press, 2009.

11 Leo Bersani et Adam Philipps, Intimacies, Chicago, University of Chicago Press, 2008.

12 Il faut néanmoins citer l’important livre de Lynne Huffer qui fait des liens entre les théories queer et féministes : Lynne Huffer, Are the Lips a Grave? A Queer Feminist on the Ethics of Sex, New York, Columbia University Press, 2013.

13 Virginie Despentes, Baise-moi, Paris, Livre de Poche, 2016.

14 Nancy Huston, Professeurs de désespoir, Arles, Actes Sud, 2004.

15 Constance Debré, Nom, Paris, Flammarion, 2022, p. 100.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Catherine Mavrikakis, « L’engagement contre le futur »Revue critique de fixxion française contemporaine [En ligne], 27 | 2023, mis en ligne le 15 décembre 2023, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/fixxion/13263 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/fixxion.13263

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Catherine Mavrikakis

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