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I. Représenter et présentifier – Represent and Presentify

Vu de Chine : rendre présents les morts en les représentant

A View from China: Making the Dead Present by Representing Them
中國視角:表現死者,使其現身
Alain Arrault
p. 17-54

Résumés

L’image cultuelle, l’objet par excellence du rapport des vivants avec les morts, ne fut pas une donnée immédiate, par tous et en tout temps admise. Elle oscilla entre iconomachie et iconodoulie, entre des discours dépréciatifs et des discours de justification, entre des théories et des pratiques souvent contradictoires. Nous essaierons dans le cadre de cet article d’examiner au plus près, grâce aux sources littéraires, les soubresauts que subirent au fil du temps, à partir de l’ère commune, les images en particulier des ancêtres et des maîtres, mêlant ainsi la généalogie biologique et la généalogie spirituelle, le rôle et le type qu’elles accordèrent à la représentation des morts. Nous nous efforcerons dès lors d’analyser de manière transversale lesdites religions chinoises, le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme, afin d’en faire émerger le régime différencié du culte des vivants aux morts.

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Cairn

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Plan

Des ancêtres…
Portraits d’ancêtres impériaux
Portraits d’ancêtres non impériaux
Des maîtres…
La représentation de Confucius, un maître bien particulier
Les statues des moines bouddhistes
Images de maîtres taoïstes
Conclusion

Aperçu du texte

Au commencement était… le shi, qui représente lors des funérailles le défunt. Il se tient confortablement assis, il est encouragé à s’abreuver de boissons alcooliques, à manger à satiété, puisque sa satisfaction est aussi celle de celui qu’il représente. Parfois ce dernier parle par sa bouche. Puis le représentant se lève, tambours et cloches l’accompagnent, vraisemblablement vers l’ultime demeure du défunt. Ce shi, ce cadavre – le sens premier de ce sinogramme – est bien vivant puisqu’il est choisi parmi les petits-fils du mort, forcément un jeune garçon, à défaut parmi la parentèle homonyme, et il s’agit plus rarement d’une jeune fille. On ne badine avec cette règle que le Confucius du Livre des rites (Liji) rappelle sans état d’âme. Un vivant, le personator (shi), doit tenir la place d’un mort. L’antiquité chinoise a par la suite promu l’usage de la tablette, un morceau de bois sur lequel est transféré l’esprit du disparu et significativement appelée zhu (le maître, le seigneur o...

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Pour citer cet article

Référence papier

Alain Arrault, « Vu de Chine : rendre présents les morts en les représentant »Extrême-Orient Extrême-Occident, 47 | 2024, 17-54.

Référence électronique

Alain Arrault, « Vu de Chine : rendre présents les morts en les représentant »Extrême-Orient Extrême-Occident [En ligne], 47 | 2024, mis en ligne le 01 janvier 2027, consulté le 19 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/extremeorient/3127 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12knw

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Auteur

Alain Arrault

Alain Arrault est directeur d’études de l’École française d’Extrême-Orient, membre de l’UMR Chine Corée Japon (EHESS/CNRS/Université Paris Cité) et directeur du Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine (depuis 2024). Diplômé en philosophie et docteur en études chinoises, il s’est d’abord intéressé à l’histoire de la pensée et de la religion dans la Chine pré-moderne (dynasties des Song et des Ming), notamment à Wang Yangming et Shao Yong. Il s’est ensuite orienté vers l’histoire des calendriers annuels chinois du iiie au xe siècle. Depuis 2002, il se consacre à l’étude des « religions communes », notamment aux pratiques religieuses dans la province du Hunan, à l’analyse de la statuaire domestique du xvie siècle au début du xxe siècle et à la réalisation d’enquêtes de terrain in situ. Ses principales publications comprennent : Shao Yong (1012-1077), poète et cosmologue (Paris, Collège de France/Institut des hautes études chinoises, 2002) ; en collaboration avec Jean-Claude Martzloff, « Les calendriers » (dans Marc Kalinowski [dir.], Divination et société dans la Chine médiévale, Paris, BnF, 2003) ; en collaboration avec Olivier Guyotjeannin et Perrine Mane, Les Calendriers d’Europe et d’Asie (Paris, École nationale des chartes, 2021) ; A History of Cultic Images in China. The Domestic Statuary of Hunan (Chinese University of Hong Kong Press, 2020).
Alain Arrault is directeur d’études (professor) at the École française d’Extrême-Orient (EFEO), member of the China Korea Japan Research Center (UMR 8173, CCJ) and Director of the Research Center on Modern and Contemporary China (since 2024). With a Master degree in philosophy and a doctorate degree in Chinese studies, he first became interested in the history of thought and religion in pre-modern China (Song and Ming dynasties), with a focus on Wang Yangming and Shao Yong. He then focused on the history of Chinese annual calendars from the third to the tenth century. Since 2002, he has focused on “common religion” studies, in particular looking at religious practices through domestic statuary in Hunan province from the sixteenth to the early twentieth centuries, and contemporary fieldwork studies. His main publications include Shao Yong (1012-1077), poète et cosmologue (Paris, Collège de France/Institut des hautes études chinoises, 2002); with Jean-Claude Martzloff, “Les calendriers” (in Marc Kalinowski [ed.], Divination et société dans la Chine médiévale, Paris, BnF, 2003); with Olivier Guyotjeannin and Perrine Mane, Les Calendriers d’Europe et d’Asie (Paris, École nationale des chartes, 2021); A History of Cultic Images in China. The Domestic Statuary of Hunan (Chinese University of Hong Kong Press, 2020).

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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