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Comptes rendus

Emmanuel Garnier, Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid en Europe

Paris, Plon, 2009, 245 p.
Corinne Beck et Joëlle Burnouf

Texte intégral

Emmanuel Garnier, Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid en Europe. Paris, Plon, 2009, 245 p.

1En 245 pages (198 pages de texte, 24 planches, 6 tableaux et 37 figures), Emmanuel Garnier livre le résultat des recherches qu’il a menées depuis quatre ans au sein de l’UMR CEA-CNRS de Saclay, résultat d’un travail qu’en tant qu’historien il a pu bâtir « à l’aune des exigences et des attentes des spécialistes des sciences dites “dures” » (p. 13), laissant ainsi entendre que l’histoire serait soumise à la climatologie. C’est en réalité le récit de « phénomènes climatiques extrêmes » que propose Emmanuel Garnier, comme le dit le titre de son ouvrage : Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid en Europe.

2L’auteur souhaite, « quarante ans après les travaux fondateurs d’Emmanuel Le Roy Ladurie » (p. 12), redonner du souffle à la recherche française en matière d’histoire du climat. Avec cet ouvrage – dont il dit lui-même être « conscient de la chance » qu’il a eue de le voir publier –, Emmanuel Garnier a voulu « ouvrir les horizons d’une histoire du climat conçue comme un site d’observation privilégié des relations entre sciences, sociétés et cultures dans une perspective globale » (p. 17), perspective sur laquelle on ne peut que s’accorder.

3Le livre se compose de six parties divisées en vingt chapitres.

4La première partie intitulée « Vous avez dit histoire du climat ? » se décline en quatre chapitres : après avoir resitué les relations histoire-climat dans le débat contemporain (chap. 1), l’auteur revient sur l’historiographie (chap. 2), explicite sa méthodologie (chap. 3) et présente les sources et les outils de son analyse (chap. 4).

5Précisant que l’histoire du climat n’est pas une perspective récente de la recherche historique, il en fait rapidement l’état des lieux, mentionnant les travaux de quelques-uns de ses prédécesseurs – ceux de l’École anglo-saxonne, initiés par Hubert Horace Lamb et Christian Pfister et, bien entendu, ceux d’Emmanuel Leroy Ladurie – et l’impact qu’ils ont eu sur la création d’une véritable climatologie historique. Il évoque également le programme Millennium auquel il a participé.

6Sur le plan méthodologique, l’auteur rappelle – et à juste titre – que l’histoire du climat fait fi des césures chronologiques académiques et qu’elle nécessite la mise en perspective critique de tout un ensemble de sources : depuis les particules emprisonnées dans les glaces polaires et les pollens piégés dans les sédiments et les bois fossiles – qui constituent les sources « ordinaires » des archéologues – jusqu’aux documents d’archives « classiquement » exploités par les historiens, sans oublier les témoignages iconographiques comme les ex-voto. Et de présenter alors brièvement ces sources d’archives que les historiens français des temps modernes connaissent bien : « archives administratives » (rapports des intendances, registres de délibérations communales, registres des maîtrises des eaux et forêts...), registres paroissiaux, journaux de navigation, « journaux intimes » ou livres de raison, rapports des premières sociétés météorologiques.

7Soucieux de s’inscrire dans la longue durée, Emmanuel Garnier consacre une deuxième partie aux « Grandes stances du climat européen ». Celle-ci s’ouvre par un chapitre (chap. 5) dans lequel l’auteur brosse en 10 pages l’évolution du climat, depuis les temps protohistoriques jusqu’au XVe siècle. Il y évoque essentiellement le Petit Optimum médiéval (entre 950 et 1200) et le début du Petit Âge glaciaire, ce dernier épisode climatique faisant l’objet du chapitre 6, où sont rappelés les grands rythmes connus de cette période comprise entre 1550 et 1850.

8La troisième partie intitulée « Les événements climatiques extrêmes » est, avec les trois suivantes, le cœur du travail de l’auteur. Sont successivement passés en revue les tempêtes et ouragans, qui semblent avoir plus particulièrement affecté le XVIIIe siècle, notamment entre 1720 et 1760 (chap. 7), et les inondations, notamment les crues de la Seine (chap. 8). Face à ces événements, les explications peuvent être diverses voire contradictoires, faisant dire à Emmanuel Garnier combien « la notion d’évolution du climat doit être maniée avec précaution et discernement » (p. 88). Le chapitre 9 traite, quant à lui, des sécheresses occasionnées dans plus de 86 % des cas par un déficit hydrique de printemps et d’été. L’espace méditerranéen – le Languedoc-Roussillon, la Catalogne et la Sicile – est particulièrement touché dans les années 1562-1568, dans la première moitié du XVIIe siècle et dans les années 1812-1818 (pp. 94-95).

  • 2 Voir The Ruling Race. A History of American Slaveholders, Londres et New York, W.W. Norton and Comp (...)

9La quatrième partie, « Les sociétés européennes à l’épreuve du climat », s’intéresse à l’histoire sociale : celle des sensibilités des populations – physiques, mentales et culturelles – au temps qu’il fait et aux changements climatiques (chap. 10), celle des réactions des sociétés confrontées à ces « dérangements » et celle des conflits que ces derniers ont générés (chap. 13). C’est là un thème maintes fois abordé par les historiens, notamment ceux du monde rural, dont on citera le plus récent : Georges Pichard2. Emmanuel Garnier souligne « le caractère permanent du sentiment de changement météorologique au cours des cinq derniers siècles » (p. 103), insistant sur l’importance des Lumières dans la réorientation d’un monde « centré sur Dieu » vers un monde « dirigé par la rationalité et la science » (p. 118), rejoignant ainsi les travaux d’autres historiens (Paul Allard et Fabien Locher).

10La cinquième partie, « Les séismes climatiques en Europe », exploite quelques phénomènes extrêmes, bien connus par ailleurs, tels « le grand hiver » qui s’est abattu sur l’ensemble de l’Europe en 1709 (chap. 14), « la grande tempête » qui a frappé les côtes anglaises, françaises et espagnoles en novembre 1703 – et que Daniel Defoe a relatée dans son Journal of the Plague Year –, la tempête de janvier 1739 (chap. 15) et les inondations, ayant eu lieu au cours de l’hiver 1784, des grands fleuves européens : de la Vltava à Prague à la Garonne et l’Orb en France (chap. 16).

11Enfin, la sixième partie intitulée « Le climat : un tueur en série ? » présente, à partir de quelques dossiers, les incidences démographiques et sociales des événements climatiques. Reprenant ici la question des relations entre « climat » et « santé » posée dans les années 1970 par les historiens de l’École des Annales, Emmanuel Garnier insiste sur la difficulté à attribuer au seul climat la responsabilité des crises démographiques tant les facteurs qui entrent en jeu sont multiples, l’impact du facteur « climat » étant fonction de l’état du développement économique et politique des sociétés (p. 193).

12Mais, et ainsi que le pressent son auteur, cet ouvrage ne peut manquer de « heurter les sensibilités », notamment des historiens et archéologues de l’environnement (p. 18). En effet, il suscite chez le lecteur un certain étonnement, pour ne pas dire une déception certaine. Le positionnement de l’historien au sein de la thématique qu’il a choisie d’explorer tout comme sa méthodologie laissent perplexe.

13On est tout d’abord surpris de voir l’auteur évoquer sa « solitude » de chercheur dans un domaine comme celui de l’histoire du climat. Voilà plusieurs décennies déjà qu’est menée, au sein du CNRS notamment, une réflexion sur la nécessité d’une recherche intégrée, sur l’obligation de s’inscrire dans l’interdisciplinarité, et que les approches réunissent sciences de l’homme et de la société, sciences de la terre et de la vie.

14Si Emmanuel Garnier mentionne les travaux des fondateurs de l’histoire du climat, il ne fait, en revanche, nullement état des travaux plus récents du Programme interdisciplinaire de recherches en environnement ou du programme « Environnement, vie et société » du CNRS, pourtant jalonnés, entre 1987 et 2002, de nombreuses publications qui ont fait date. Il semble également ignorer les thèses réalisées dans le cadre de ces programmes, tout comme il ignore les publications des colloques, tels ceux qui se sont tenus à Antibes en 1995 et en 2008. L’auteur participe pourtant aux travaux du Laboratoire de Saclay, où nombre de chercheurs collaborent à des programmes sur les mêmes thématiques. Mais, à l’évidence, l’ouvrage qu’il nous livre est le fruit d’un travail solitaire. On comprend mieux dès lors les lacunes du tableau qu’il dresse de l’historiographie française. D’autant que l’histoire qu’il considère se résume à la seule histoire textuelle, négligeant « l’histoire sédimentaire », à savoir l’archéologie, ou la réduisant à une source « complémentaire » (p. 32).

  • 3 « Espace et nature en Provence. L’environnement rural, 1540-1789 ». Thèse, Université Aix-Marseille (...)
  • 4 Une histoire du climat. Des derniers mammouths au siècle de l’automobile. Paris, Errance, 1995.

15On ne peut qu’être frappé par le caractère réducteur et indigent de cette fresque, par la méconnaissance de la bibliographie, des laboratoires traitant ces questions, tels ceux de Besançon, Meudon, Clermont-Ferrand, Montpellier, Rennes, Caen, Nice, pour n’en citer que quelques-uns. On ne peut qu’être frappé par la méconnaissance des paléo-climatologues travaillant en lien avec les archéologues, tel Michel Magny auquel on doit la synthèse la plus accessible et la plus récente sur les climats du passé3, ou encore André Ferhi auquel on doit la restitution du climat autour de l’an Mil dans la région du lac de Paladru4. Assurément, cette connaissance lui aurait évité de déclarer de manière péremptoire qu’« il est impossible de mesurer l’impact des changements climatiques sur les sociétés à partir des archives naturelles » (p. 33). L’archéologie des lacs jurassiens de Chalain et de Clairvaux au IIIe millénaire avant J.-C. et de l’habitat de Charavines autour de l’an Mil prouve le contraire.

16Emmanuel Garnier écrit ainsi que « la part de l’anthropique échappe » (p. 22), ce qui est faux. Ce sont d’autres archives – les archives du sol – qu’il faut mettre à contribution. C’est une autre démarche, interdisciplinaire, qu’il faut adopter. L’auteur affirme que « l’homme est un paramètre incalculable » (p. 22), ce qui est tout aussi faux. Les travaux du programme Archaeomedes ont montré qu’il était possible de modéliser la part des sociétés. On ne comprend guère que l’auteur parle de « l’anachronisme » qui consiste à « reconstruire les climats du passé » (p. 24), ce qui est contradictoire avec ce qu’il rapporte des travaux sur les carottes glaciaires et leurs « archives », et ce qui montre son ignorance de la façon de procéder et une certaine confusion quant à la documentation.

17Certes, plus on remonte dans le temps plus la documentation « écrite » est avare de données. Et, au moment où apparaît l’écriture, il est certain que le chercheur ne dispose ni de mesures ni d’informations « directes » sur le climat. Toutefois, grâce à une étude critique de la documentation, il est possible, à condition de ne pas surinterpréter et de croiser les « types » de documents, de connaître les phases climatiques des derniers millénaires. Mais c’est aux chercheurs travaillant sur cette question de construire ensemble les procédures d’enquête d’où seront déduits des protocoles de collecte des données, et on ne voit guère où se loge « l’anachronisme » dans cette démarche.

18D’un point de vue documentaire, l’auteur considère que les témoignages écrits sont fiables et peuvent donc être interprétés (p. 26). Le travail de l’historien ne prouve-t-il pas le contraire ? C’est même son premier travail que de faire la critique des documents qu’il va constituer en « sources », et ce quels qu’ils soient, y compris ceux du « temps présent ». La documentation ne peut pas, ne doit pas être prise comme telle. Il faut établir une « échelle de sincérité » et une « échelle de fiabilité » avant de procéder à une interprétation des documents. S’il fallait prendre un exemple, ce serait celui de la date du ban des vendanges (p. 33). En effet, cette date est fixée en fonction de l’intérêt de l’autorité et ne coïncide pas forcément avec celle de la maturité des fruits. Cette date dépendait même, pour les périodes anciennes, du marché.

19Et on peut s’étonner de voir qualifier de « météorologiques » des sources qui n’ont pas été constituées dans cette optique : il y a là une confusion manifeste entre la documentation « directe » et la documentation « indirecte », celle entre autres des archéologues. Quant aux exposés sur la question du climat, qui font « l’ornement des grandes thèses d’histoire rurale » (p. 27), c’est, à l’instar de la présentation du « paysage » qui y est faite, un exercice rhétorique sur l’état « actuel » et non sur ce qui existait dans le passé.

20Le rôle de l’observation des cernes de croissance des arbres et celui de l’observation des fluctuations de la limite supérieure des forêts ou encore des tourbières, pièges à pollens par excellence, sont à juste titre soulignés (pp. 31-32). Encore faudrait-il que l’auteur ne confonde pas dendrochronologie et dendrologie. Ce sont là deux manières de traiter la documentation. La dendrochronologie permet de caler, avec la plus grande précision possible, la date d’abattage d’un arbre à la saison près – une abondante bibliographie existe sur cette question, que l’auteur ne connaît manifestement pas. On dispose aujourd’hui de bases de données puissantes, fournies par l’ensemble des laboratoires, ce qui assure la fiabilité des résultats. La dendrologie permet d’analyser les événements qu’a connus l’arbre au cours de sa croissance (stress) et de les interpréter. Sur un grand nombre d’échantillons, il est possible, en croisant les anomalies (les signaux), de donner des interprétations d’ordre climatique. À cela il convient d’ajouter que lorsqu’il s’agit de bois « archéologiques » la critique du contexte est fondamentale.

21Ainsi, bien qu’ayant indiqué les limites de certaines des sources prises en compte (p. 35) comme les ex-voto relatant exclusivement l’anormalité météorologique (p. 36), l’auteur n’évite pas l’effet de sources, piège à éviter dans le traitement de la documentation écrite. La critique serrée de la documentation permet d’échapper au piège du déterminisme social, tout aussi tentant que le déterminisme naturaliste, un « organicisme » naïf dépassé depuis longtemps par les spécialistes.

22Sur le plan épistémologique et méthodologique, on aurait aimé que soient précisées les catégories de « climat » et de « météorologie » afin d’éclairer davantage ce que sont les « données directes » et les « données indirectes ».

23De même, si Emmanuel Garnier attire l’attention – et ce avec raison – sur l’aspect proprement statistique de la recherche sur le climat, il n’explicite guère sa démarche (p. 43 et suivantes). Il évoque « une base de données dans laquelle toutes les informations recueillies sont classées afin de pouvoir offrir une vision synthétique et chronologique des résultats et, encore plus, d’en faciliter un traitement statistique » (p. 44). Soit ! Mais la démarche exposée n’est guère convaincante, et un certain nombre de questions demeurent. Quid des critères qui ont servi à sélectionner les informations ? Sont-ils le résultat de réflexions menées avec des spécialistes contemporains du climat ? Quid de la manière de convertir des données qualitatives en données quantitatives, ou du calibrage des données instrumentales anciennes par rapport aux données obtenues par l’appareillage contemporain ? La question est d’importance. Emmanuel Garnier dit lui-même que c’est le défi scientifique majeur que doit relever l’historien du climat (p. 43).

  • 5 « Oxygène 18 et paléoclimats », in M. Colardelle et É. Verdel eds., Les habitats du lac de Paladru (...)

24La constitution des coefficients de corrélation entre « les séries de températures réelles et celles d’indices calculées à partir des sources manuscrites » (p. 47) demanderait, elle aussi, à être explicitée. L’auteur semble d’ailleurs reconnaître ces insuffisances lorsqu’il souligne que « loin d’être une panacée méthodologique, le résultat graphique final doit beaucoup à la densité chronologique et à la qualité des données, sans parler de l’interprétation subjective du chercheur » (p. 46). N’aurait-il pas été souhaitable de s’inspirer du compte rendu critique que Ezio Ornato a fait en 1988 de l’ouvrage de Pierre Alexandre dans Histoire et Mesures5 ?

25L’utilisation des termes ne constitue donc pas une justification en soi. Encore faut-il s’accorder sur ce qu’ils recouvrent selon les disciplines et dans le temps. L’auteur est bien conscient du caractère éminemment subjectif du vocabulaire utilisé par les rédacteurs des documents anciens (p. 46), mais aucune étude sémantique ne semble avoir été entreprise, qui nous aurait sans doute beaucoup appris sur les modes de désignation du risque par les populations de l’Ancien Régime. À cet égard, on peut déplorer l’absence totale de réflexion sur les questions de l’aléa, du risque, de la catastrophe, de l’anomalie ou, encore, sur le processus de vulnérabilisation et sur les héritages. La prise en compte des héritages des périodes antérieures lui aurait permis de constater que les catastrophes « naturelles » sont en fait « culturelles » (sinon, ce sont des aléas), car il y a bien coproduction des phénomènes sociaux et des phénomènes naturels en co-évolution constante.

26On regrettera le manque de réflexion sur la question des échelles d’observation, pourtant très importante dans le dialogue interdisciplinaire avec les « disciplines à protocoles » et « disciplines à mesure ». L’échelle d’observation des naturalistes n’est pas celle des historiens (de papier ou de sédiment), et travailler sur des événements exceptionnels masque le fait que cette échelle est extrêmement courte. À cet égard, il aurait été souhaitable que, sans faire état des nombreuses divergences régionales à l’échelle de l’Europe, l’auteur ait pris la précaution de distinguer au moins une Europe du Sud d’une Europe plus septentrionale.

27On regrettera aussi les effets d’annonce, dont témoigne cet exemple : la volonté d’entreprendre « une approche exhaustive » des liens entre mortalité et fluctuations climatiques pour finalement ne s’en tenir qu’à la seule étude du cas de Créteil !

28Le lecteur trouvera là un ouvrage écrit rapidement, collectionnant les lieux communs, le tout agrémenté de titres accrocheurs, de topoi (« Mère Nature », « la Faucheuse », « Général hiver », etc.) et de termes emphatiques (« clioclimatologue »).

29Spécialiste de la période moderne, Emmanuel Garnier aurait mieux fait de se limiter à cette période. On ne saurait être spécialiste de tout ! S’aventurer sur d’autres terrains nécessite un minimum de précaution bibliographique. Et ce d’autant plus que s’il y a bien une période où les progrès ont été spectaculaires depuis trente ans en matière de connaissance des relations entre les sociétés et leurs milieux, ce sont les trois derniers millénaires : des temps protohistoriques au XVe siècle. Certes, on ne peut reprocher à l’auteur de ne pas connaître suffisamment le Moyen Âge. Toutefois expédier en quatre pages (pp. 55-59) la première partie du Moyen Âge est, pour le moins, surprenant quand on sait que les chercheurs ont procédé à un phasage très fin de cette période et y ont même repéré une variabilité régionale. Quant à la conception du Petit Optimum médiéval, elle est aujourd’hui inadaptée eu égard aux résultats dont on dispose. De la même manière, le début du Petit Âge glaciaire est moins simple que l’auteur ne le laisse entendre. De ce point de vue, une bonne connaissance des dates d’embâcle et de débâcle des grands fleuves autorise aujour-d’hui un phasage plus fin, en particulier au XIIIe siècle. Le point a été fait récemment sur cette question lors d’un colloque qui s’est tenu à Lattes en mai 2007 : « Changement global, effets locaux. Le Petit Âge glaciaire dans le sud de la France. Impacts morphogéniques et sociétaux. »

30En définitive, ce sont bien aux « dérangements du temps » que s’intéresse Emmanuel Garnier. Toutefois l’histoire du climat ne saurait se résumer à la seule histoire des catastrophes.

31Au total, ce « naïf de Saclay » s’est fait instrumentaliser. Il aurait évité les approximations, les erreurs d’appréciation et les contre-vérités s’il s’était ancré dans l’inter-disciplinarité.

32Ce qui montre le danger qu’il y a à travailler seul dans un domaine où le dialogue est la seule démarche heuristique possible.

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Notes

2 Voir The Ruling Race. A History of American Slaveholders, Londres et New York, W.W. Norton and Company, 1998.

3 « Espace et nature en Provence. L’environnement rural, 1540-1789 ». Thèse, Université Aix-Marseille I, 5 vol., 1999.

4 Une histoire du climat. Des derniers mammouths au siècle de l’automobile. Paris, Errance, 1995.

5 « Oxygène 18 et paléoclimats », in M. Colardelle et É. Verdel eds., Les habitats du lac de Paladru (Isère) dans leur environnement. La formation d’un terroir au XIe siècle. Paris, « Documents d’archéologie française » 40, 1993, pp. 121-127.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Corinne Beck et Joëlle Burnouf, « Emmanuel Garnier, Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid en Europe »Études rurales [En ligne], 186 | 2010, mis en ligne le 11 mars 2013, consulté le 11 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesrurales/9340 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesrurales.9340

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