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AccueilNuméros181Le pastoralisme mobile en Iran

Le pastoralisme mobile en Iran

Ses variantes, leurs déterminants et leurs conséquences pour le développement
Jean-Pierre Digard et Mohammad-Hossein Pâpoli-Yazdi
p. 89-102

Résumés


En dépit d’une forte originalité, qui le distingue notamment du nomadisme bédouin arabe, le pastoralisme mobile en Iran ne constitue pas un phénomène uniforme. Ses variantes régionales, ici regroupées en sept types principaux, sont la conséquence de conditions écosystémiques et de circonstances historiques particulières, qui, ensemble, ont façonné des systèmes culturels distincts, fondés notamment sur des modalités différentes d’appropriation des pâturages. Les politiques de développement doivent impérativement prendre en compte cette diversité et ne pas chercher à appliquer partout les mêmes remèdes.

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Texte intégral

1LE PRESENT ARTICLE est le fruit d’un programme de recherche franco-iranien et de plusieurs missions sur le terrain effectuées entre 1996 et 2005, portant sur les derniers changements qui ont affecté le genre de vie pastoral nomade et les sociétés tribales en Iran : épuisement catastrophique des pâturages, menaçant à terme le potentiel pastoral de ces régions, usure des institutions tribales, désaffection des jeunes pour le nomadisme et l’élevage, fascination croissante pour la vie citadine, sédentarisation massive, etc. [Digard, Karimi et Pâpoli-Yazdi 1998] Au-delà de ces quelques grandes tendances visibles à peu près partout dans le pays, et malgré la forte originalité du nomadisme iranien dans son ensemble, des disparités régionales ont été constatées, auxquelles on s’est efforcé de trouver un modèle explicatif commun.

Nomadisme et sédentarisation en Iran

Le nomadisme en Iran : un genre de vie original

2Dérogeant aux stéréotypes du nomadisme pastoral, l’Iran ne présente pas, ou très peu (au Baluchestân), de nomadisme de désert. Dans ce pays, le nomadisme est presque entièrement cantonné dans les montagnes. Il est fondé sur l’élevage extensif du petit bétail et sur l’occupation saisonnière de différents étages altitudinaux : alpages ou zones froides (sardsir ou yeylâq) en été, zones chaudes de plaines ou de piémonts (garmsir ou qeshlâq) en hiver, avec déplacements ascendants au printemps et descendants en automne (à ne pas confondre avec la transhumance, où les troupeaux sont accompagnés des seuls bergers) [Digard 1983]. Sa localisation dans des régions « vouées par la nature à la vie sédentaire » [de Planhol 1968 : 199] implique une productivité pastorale supérieure à celle des zones plus arides. La population nomade d’Iran est par ailleurs caractérisée par son organisation en tribus – segments de lignage et clans emboîtés (tash, tire, tâyefe) répartis sur des territoires communs – dotées d’une chefferie plus ou moins centralisée et hiérarchisée (rishsefid, kadkhodâ, kalântar).

3L’Iran est le pays du monde qui conserve la plus importante population nomade. En plus d’un siècle, cette population a peu diminué en nombre (2,5 millions de personnes à la fin du XIXe siècle comparés à 1,5 million en 1997), mais, alors que les nomades représentaient autrefois 25 % de la population totale du pays, ils ne représentent plus aujourd’hui que 2 % de cette population (dont le quart est constitué par les grandes tribus comme les Bakhtyâri et les Qashqâ’i).

4En revanche, les tribus occupent près de 90 millions d’hectares, soit environ la moitié de la superficie du pays ; l’élevage demeure l’activité principale de 60 % des familles, et près de 40 % du cheptel ovin se trouve entre leurs mains. L’enjeu économique et écologique que représentent les tribus n’est donc pas mince.

La sédentarisation : modalités et conséquences

5Face aux « problèmes des nomades » – dans la pratique : aux problèmes que les nomades posent aux autres plus qu’aux problèmes qui se posent à eux –, les États « modernes » et les « experts » brandissent toujours la même « solution » : la sédentarisation [Monteil 1966].

6Le mot est ambigu et recouvre une grande variété de phénomènes. On peut distinguer :

71) La sédentarisation « spontanée », qui désigne le flux constant d’expulsion, par la société nomade et vers les zones sédentaires, de son excédent démographique (résultant d’un taux de reproduction humaine et animale supérieur au taux des sédentaires). Il s’agit d’un phénomène historique permanent qui ne nuit pas au nomadisme mais apparaît au contraire comme l’une des conditions de sa reproduction. La sédentarisation spontanée s’effectue généralement soit « par enrichissement » de nomades ayant su convertir leurs surplus de bétail en terres agricoles ou en propriétés urbaines, soit « par appauvrissement » de nomades dont le cheptel est tombé en dessous du seuil minimum nécessaire pour vivre et qui doivent donc partir chercher du travail en zone agricole ou en ville (notons que ces derniers deviennent des salariés des premiers) [Barth 1961].

82) La sédentarisation « forcée » ou « encouragée », qui est le fait des États ou de puissances étrangères aux nomades [Awad 1959]. Elle procède soit par des méthodes « directes » (interposition de l’armée sur les parcours, expropriations, etc.), soit par des méthodes « indirectes » (conséquences plus ou moins fortuites du tracé de frontières, de la construction d’axes routiers, de pipelines ou de barrages, qui perturbent, détournent ou interrompent les déplacements saisonniers). En l’absence de prise en compte des effets à long terme et faute de solutions de remplacement efficaces et durables, la sédentarisation forcée ou encouragée se solde généralement par la sous-prolétarisation des populations concernées et par la paupérisation des zones de nomadisme.

Un échantillon de ces différents phénomènes

Sous les Qâjârs : la situation traditionnelle

9En Iran, au moins depuis son développement à partir du XIIIe siècle, le grand nomadisme a représenté à la fois un système de production pastoral adapté au milieu montagnard aride et un genre de vie associé à l’organisation tribale. Dans la situation « traditionnelle » (jusque vers 1925), et malgré leur réputation de « pillardes » et de « hors-la-loi », les tribus étaient intégrées au fonctionnement de l’édifice monarchique. L’administration des provinces était plus ou moins déléguée aux khân (chefs de tribu), non sans que ceux-ci usent à l’occasion de cette prérogative pour s’emparer du pouvoir central (voir les débuts des dynasties successives et le rôle joué, dans la Révolution constitutionaliste de 1906-1911, par les chefs bakhtyâri) [Digard 1987]. Par la suite, accusés plus ou moins directement, selon les cas, de nuire à la sécurité et à l’unité du pays, de freiner sa modernisation et de détruire sa végétation, les nomades d’Iran ont été l’objet de multiples tentatives de sédentarisation.

Sous les Pahlavi : la rupture

10La première grande rupture entre les nomades et l’État iranien a lieu sous Rezâ Shâh (1924-1941). Sous prétexte de nationalisme et de modernisation, celui-ci entreprend à leur encontre une triple action :

111) de sédentarisation forcée, soit à l’estivage, soit à l’hivernage, avec installation de l’armée sur les itinéraires de nomadisation afin d’en barrer l’accès ;

122) de détribalisation, par dépossession, arrestation voire exécution des principaux chefs ;

133) de déculturation, par interdiction du port des costumes traditionnels.

14Après une vingtaine d’années de retour au statu quo ante, son fils Mohammad Rezâ Shâh (1941-1979) reprend les attaques contre les nomades mais d’une tout autre manière : par le « développement » – plus précisément, par le non-développement, c’est-à-dire par une politique de « pôles de développement » dont les zones tribales sont exclues – et par la « Révolution blanche », dont l’une des principales mesures consiste à nationaliser les pâturages (1962). Ces deux politiques des Pahlavi, père et fils, se soldent, de leur propre point de vue, par des échecs puisqu’à la faveur des désordres occasionnés par la Deuxième Guerre mondiale, dans un cas, et par la Révolution islamique, dans l’autre, le nomadisme reprend ou continue comme par le passé, simplement avec un peu moins de vigueur et d’organisation [Digard 1979].

Sous la République islamique : données nouvelles du problème et hésitations

15Après dix à quinze années de laisser-faire et même de revalorisation de l’image des tribus – qualifiées par Khomeyni lui-même de zakhâyer-e enqelâb (« joyaux de la Révolution ») –, la République islamique affronte à son tour le problème du nomadisme, qui se pose alors en des termes sensiblement différents.

16D’une part, même si elle continue à faire débat, la sédentarisation est passée dans les mœurs des nomades : de fait, la République islamique a involontairement sédentarisé davantage de nomades en vingt-cinq ans que les deux souverains Pahlavi en cinquante ans, et ce en dépit de toutes leurs tentatives. Ce paradoxe s’explique à la fois par l’extraordinaire essor des villes et de la culture urbaine iraniennes depuis 1979 – véritable miroir aux alouettes pour les nomades – et par le remplacement du « petit programme de grands travaux » du dernier Pahlavi par un « grand programme de petit travaux », uniformément répartis dans tout le pays, y compris dans les zones tribales, et grâce auquel les avantages et le confort de la vie sédentaire ont, pour la première fois, été mis à la portée des nomades.

17D’autre part, en interrompant en 1979 les importations de viande de l’étranger, la République islamique provoque une forte demande de viande et une flambée des prix sur le marché intérieur, lesquelles ont, sur l’élevage nomade et sur les effectifs de bétail des tribus, un effet catalyseur. Dans le même temps, l’intense campagne de mobilisation en faveur de l’autosuffisance alimentaire et de l’accroissement de la production agricole incite de nombreux nomades à convertir, en les labourant, des pâturages en champs cultivés, au détriment des surfaces accessibles au bétail. Cette augmentation du bétail sur des surfaces réduites, jointe à plusieurs années de sécheresse consécutives (1996-2001), entraîne une dégradation des pâturages proche de la catastrophe écologique.

18Dès la fin des années 1980, quand des menaces sérieuses commencent à peser sur l’état des pâturages à cause d’une décennie d’utilisation incontrôlée, la question d’un retour à une politique de sédentarisation se pose. Le chapitre de politique tribale (barnâme-ye ‘ashâyeri) du deuxième plan (1375-1379, 1995-2000) prévoit la sédentarisation de 20 000 familles avec un budget de 50 milliards de tumân (contre seulement 3 millions de tumân pour l’ensemble de la population nomade) ; le quatrième plan (1384-1388, 2005-2008) se fixe encore pour objectif d’augmenter de 50 % le nombre des nomades sédentarisés. Dans le but de favoriser le regroupement de l’habitat, une loi interdit la fourniture d’eau, d’électricité et de services aux hameaux comprenant moins de 20 familles. Du fait de ces mesures, de nombreux nomades se sédentarisent.

19En complément de ces mesures d’incitation à la sédentarisation, le Jahâd-e Sâzandegi (Guerre sainte pour la reconstruction, aujourd’hui fondu dans le ministère de l’Agriculture) se préoccupe, dès 1988, des infrastructures d’accueil des nomades sédentarisés, suivant une stratégie qui comporte trois phases : 1) étude du potentiel régional par des universitaires et/ou des bureaux d’étude privés ; 2) choix des sites (sâyt, de l’anglais site) où installer des « noyaux » (haste) de sédentarisation ; 3) élaboration de plans d’aménagement de ces « noyaux ».

Difficultés et effets indésirables de la sédentarisation

Difficultés d’application des mesures d’incitation

20Dans la majorité des cas, les opérations de sédentarisation et de regroupement de hameaux, quoique inégales selon les régions, se sont déroulées de manière satisfaisante et se sont accompagnées d’effets positifs. En de nombreux endroits, cependant, des difficultés imprévues ont surgi : multiplication des conflits générés par les adductions d’eau, insuffisance des commerces et des services, apparition du chômage, etc.

Insatisfaction ou regrets des nouveaux sédentarisés

21Parmi les nomades qui ont franchi le pas, ont tout liquidé et quitté les zones tribales pour s’installer en ville, beaucoup ne paraissent pas satisfaits de leur sort. On sait que la sédentarisation touche surtout, et depuis fort longtemps, deux catégories de nomades : d’une part, les plus riches, qui ont converti leurs surplus pastoraux en investissements fonciers et/ou agricoles et pour qui « sédentarisation » rime avec confort et sécurité relatifs ; d’autre part, les plus pauvres, dont le cheptel est tombé en dessous du minimum vital (ici, de l’ordre d’une cinquantaine de têtes de petit bétail) et qui n’ont pas d’autre issue que d’aller chercher ailleurs un travail salarié plus ou moins rémunérateur.

22Fait nouveau depuis la Révolution islamique : des membres des couches tribales intermédiaires, de plus en plus nombreux, ont, eux aussi, franchi le pas de la sédentarisation, soit parce qu’ils y ont été entraînés par de jeunes adultes de la tribu devenus pâsdâr (Gardiens de la Révolution) ou basiji (miliciens islamistes) à la faveur de la guerre Iran-Irak, soit, plus simplement et plus fréquemment, parce que, mécontents ou lassés de la vie tribale et/ou nomade, ils ont fini par succomber à la contagion du tropisme urbain.

23Or, nombreux sont aujourd’hui ceux qui se lamentent d’avoir fait ce choix. Les plus chanceux, qui ont trouvé à s’installer et à s’employer à la périphérie des villes comme engraisseurs de bétail ou chauffeurs de camionnette, se plaignent surtout de l’éloignement de leurs montagnes et de l’exigu ïté de leur nouveau cadre de vie. Ce thème de l’enfermement entre les quatre murs d’une maison est repris avec une insistance toute particulière par les femmes de toutes catégories, qui, malgré la libération que l’électricité et l’eau courante représentent pour elles, cultivent la nostalgie des tentes ouvertes et groupées en campements. Quant aux moins favorisés des nomades qui se sédentarisent, environ 10 % finissent chômeurs ou, au mieux, sigâr-forush (revendeurs de cigarettes à la sauvette) sur les trottoirs de quelque ville voisine. Ces derniers regrettent d’autant plus de ne pas s’être accrochés aux pentes de leurs montagnes natales que les conditions de sédentarisation s’y sont, entre-temps, quelque peu améliorées.

Dégradation de la situation dans la sphère pastorale et tribale

24D’autres effets pervers de la sédentarisation sont apparus : relative stagnation de l’élevage se traduisant par des importations de viande assez importantes (63 127 tonnes en 1374, 1995-1996, contre près de 200 000 tonnes en 1382, 2003), augmentation des abattages d’arbres pour la construction des maisons, etc.

25Plus grave encore : l’état des pâturages continue de se dégrader, même une fois passé la sécheresse de la fin des années 1990, ce qui prouve une fois de plus que les causes « naturelles » ne suffisent pas à expliquer les catastrophes écologiques. En l’occurrence, la surcharge pastorale et les aléas climatiques sans cesse invoqués jouent, dans ce processus, un rôle secondaire par rapport à celui que jouent les facteurs sociaux et culturels, comme le délabrement dans lequel ont peu à peu sombré les grandes institutions tribales telles que la propriété collective des terres, le préhéritage du bétail et certaines fonctions politiques régulatrices de l’organisation des déplacements saisonniers et de la gestion des ressources naturelles.

26Ces nouvelles difficultés, écologiques notamment, contribuent à alimenter les hésitations qui sont encore perceptibles, ici et là, quant au bien-fondé de la politique à mettre en œuvre vis-à-vis des nomades. Certains idéologues et technocrates de la République islamique prônent la sédentarisation au nom d’une conception na ïve et convenue du « développement » (tose’), qui équivaut à une pâle imitation de l’Occident. Les « experts », universitaires et autres chercheurs apparaissent divisés : tandis que les uns se montrent plutôt favorables à la sédentarisation au nom de la modernisation et de l’élévation des standards de vie, les autres se disent plus circonspects et penchent même pour une réhabilitation du nomadisme.

Une difficulté supplémentaire et méconnue : les formes d’appropriation des pâturages

Le statut des terres tribales

27Le statut, équivoque et controversé, des terres tribales donne lieu à un débat technique et idéologiquement sensible, dans le détail duquel nous n’entrerons pas ici sinon pour souligner l’urgence et l’importance d’un règlement des régions de nomadisme, dans un sens favorable au développement durable.

28Dans les faits, la République islamique n’a pas remis en cause la nationalisation des pâturages (melli kardan-e marâte’) réalisée par le régime précédent (point 2 de la « Révolution blanche ») ; elle l’a même confirmée par une loi de 1986 qui rappelle le transfert à l’État des terres tribales, c’est-à-dire des terres à vocation pastorale et à appropriation collective ou indivise (moshâ’), par opposition aux terres privées (khosusi), agricoles et constructibles.

29La nationalisation des pâturages a toujours été une source d’incompréhension, voire de désaccord, entre les tribus et l’État, en raison notamment d’un malentendu majeur sur le statut juridique des terres tribales de pacage et de parcours.

30Les terres de pacage et de parcours utilisées par les tribus nomades d’Iran dans la situation traditionnelle n’étaient pas des terres sans propriétaires, que chacun aurait été libre d’occuper à sa guise. Au contraire, toutes ou presque faisaient l’objet de titres écrits (bonchâq), vieux parfois de plus d’une centaine d’années. Elles étaient appropriées en indivision et/ou exploitées collectivement comme pâturages, par l’ensemble des descendants (owlâd, tire, obe, etc.) de chaque propriétaire d’origine. Chez les Bakhtyâri du Zâgros central, par exemple, la part (sahm) de territoire d’un tira (clan) ou d’un tash (segment de lignage) n’est pas autre chose que la surface qui a été attribuée dans le passé comme pâturage à l’ancêtre fondateur de l’unité en question (cette attribution ainsi que la finalité pastorale de la terre allouée sont précisées sur les bonchâq). Les descendants du titulaire de la terre disposent sur celle-ci de droits d’usage coutumiers exclusifs ; ils ne sont pas pour autant autorisés à céder à des tiers ces droits ou ces parts [Karimi 1978].

31Les autorités iraniennes ont des terres tribales une conception toute différente : pour elles, il s’agit de terres dites anfâl, non appropriées puisque non « vivifiées », conformément à un usage, d’ailleurs fort controversé, du droit musulman (il n’est pas toujours facile de distinguer entre terres « communes », mushtaraka, et terres « vacantes », mavât, ou pouvant être considérées comme telles) [Linant de Bellefonds 1959]. De leur point de vue, ces terres peuvent donc être nationalisées, c’est-à-dire, selon certaines sources, être déclarées communes (istirâk) à l’ensemble de la communauté nationale, et leur utilisation est contrôlée par l’État. Dans ce cadre, les bonchâq furent pris en considération dans un sens très restrictif : ils ne conférèrent rien de plus à leurs détenteurs qu’une vague priorité d’usufruit.

32Quel que soit le bien-fondé juridique des arguments invoqués de part et d’autre, la nationalisation des pâturages tribaux a constitué un acte dénué d’efficacité technique et écologique (elle n’a pas contribué à éviter la dégradation des pâturages), et néfaste sur le plan politique (elle a généré un mécontentement et des rancœurs durables).

33Il est donc indispensable de dresser, sans tarder, un bilan sans complaisance de la nationalisation et de revenir sur le passé afin que les terres tribales soient enfin, ou bien restituées à leurs propriétaires légitimes quand ils sont identifiables, ou bien transférées de l’État aux collectivités locales (farmândâri, shahrdâri, etc.) ou aux institutions tribales.

Les variantes régionales

34Le problème se complique du fait de la diversité des situations sur le terrain, notamment dans des domaines aussi déterminants que ceux de la structure de la propriété foncière, de l’organisation du travail et des déplacements pastoraux, ou encore de la nature des pâturages. Des essais de typologie générale des systèmes pastoraux ont été réalisés en croisant ces différents critères [Casimir 1992, 2000]. Pour l’Iran, de multiples travaux ethnologiques et géographiques ont mis en évidence cette diversité [Digard 1994 et 2008 ; Shahshahani ed. 2003]. Leur compilation permet d’identifier sept grands types de systèmes pastoraux mobiles.

Type A : nord de l’Alborz

35Dans les petites vallées boisées du versant nord de l’Alborz vivent les gâlesh (litt. « bouviers »), semi-nomades éleveurs de bovins. Ils utilisent successivement plusieurs étages altitudinaux (de bas en haut) : 1) parkuh, zone de forêt basse ; 2) mâzeru, partie située dans les nuages ; 3) mehsar, au-dessus du brouillard ; 4) reje, commencement de la forêt dense ; 5) pertâs, partie la plus dense de la forêt où un parasite des arbres (dârvâsh, variété de gui) constitue une sorte de fourrage aérien que les éleveurs coupent pour leur bétail ; 6) sâkuh, alpage à végétation arbustive clairsemée ; 7) sarkuh, alpage [Pour-Fickoui et Bazin 1978 ; Bazin 1980 ; Bazin et Bromberger 1982]. Les trois premiers étages sont occupés au printemps, puis l’on monte passer l’été dans les deux étages supérieurs avant de redescendre pour l’hiver dans les deux étages intermédiaires.

36La propriété des pâturages varie selon les étages. Dans les trois premiers, la propriété est privée et bien définie : chaque parcelle est clôturée (sâmân) ; à l’intérieur sont érigés des maisons, des étables et des greniers ; une partie de la terre peut être cultivée, mais, depuis la nationalisation de la forêt en 1961, il est interdit d’y couper des arbres. Dans les quatrième et cinquième étages (hivernage), les propriétés sont utilisées collectivement au sein des familles élargies : les usufruitiers peuvent y construire des étables mais non des habitations. Aux sixième et septième étages, la mise en commun des pâturages s’effectue à l’échelle des communautés villageoise ou intervillageoise (tabâr : « tribu » regroupant plusieurs villages) : tous les éleveurs doivent parvenir sur les alpages pour le 15 khordâd (début juin) ; ils forment un troupeau commun et prennent un berger commun.

Type B : Bakhtyâri et autres tribus du Zâgros central, Turkmènes du Golestân

37Les pâturages sont privés, le plus souvent en indivision, mais leur utilisation – exclusivement pastorale – est collective (moshâ’) [Karimi 1978 ; Digard 1981], à l’hivernage sur les piémonts (qeshlâq ou garmsir) comme à l’estivage en altitude (yeylâq). Il arrive fréquemment que des groupes différents se succèdent sur les mêmes pâturages : ainsi des Bakhtyâri (en hiver) et des Arabes du Khuzestân (en été), mais aussi des Turkmènes (en été) et des Kurdes du Khorâsân (en hiver) [Pâpoli-Yazdi 1991], des Afshâr (en hiver) et des villageois de la province de Kermân (en été). Les pâturages concernés peuvent par conséquent avoir plusieurs propriétaires mais pour des périodes différentes de l’année (un peu à la manière des appartements en multipropriété dans les stations balnéaires ou de sports d’hiver d’Europe occidentale).

38Dans tous ces contextes d’utilisation collective traditionnelle des pâturages, la tendance actuelle à cultiver et à construire davantage pousse chacun à récupérer ses parts de terre pour une exploitation plus individuelle. Cette poussée individualiste survenant après des siècles d’utilisation en commun ne va pas sans générer de nombreux conflits : 71 % des plaintes ayant pour objet des litiges sur les pâturages concernent des membres d’une même famille ou d’une même tribu [Mehrâbi 1991 : 87].

Type C : Qashqâ’i du Fârs et région de Bojnurd (Khorâsân)

39Les pâturages appartiennent aux khân et autres grands propriétaires (qui peuvent en posséder plusieurs milliers d’hectares). Ceux-ci prélèvent un droit de pacage (galle-begiri) équivalant, chez les Qashqâ’i du Fârs, à 3 % du croît des troupeaux [Lambton 1953 ; Rouholamini 1967]. Cette grande propriété et les pratiques qui lui sont liées ont été abolies par la loi de nationalisation des pâturages de 1961. Malgré des tentatives de restauration à la faveur de la Révolution islamique de 1978-1979, cette abolition n’a pas été remise en cause. Cela n’empêche pas la fondation pieuse d’Âstân-e Qods à Mashhad de posséder des milliers d’hectares de pâturages, pour l’utilisation desquels elle exige, des pasteurs des régions de Bojnurd et de Sarakhs, un droit de 2 % du croît des troupeaux.

Type D : région de Torbat-e Jâm (extrême nord-est de l’Iran, à la frontière du Turkménistan)

40Les pâturages sont aux mains de moyens propriétaires (quelques centaines d’hectares), qui sont eux-mêmes des exploitants (appelés sargalle : « maîtres du troupeau »). Cette superficie correspond aux besoins de 1 ou 2 troupeaux (quelques centaines de têtes de petit bétail). Un petit propriétaire d’une trentaine de têtes est obligé de joindre son troupeau à un grand, en participant au salaire du berger au prorata de son cheptel.

41Cette situation, qui pourrait résulter de l’individualisation de pâturages anciennement indivis, est illustrée notamment par le cas des tribus Teymuri, qui se sédentarisèrent dans des villages de la région de Torbat-e Jâm entre les deux guerres.

Type E : région de Bâranjegân (est de l’Iran) et tribu ‘Ali-Gorgi (du Khorâsân au Baluchestân)

42Les pâturages sont communs, dans tous les sens du terme, et la production, collective. Seuls les puits creusés (mais non les sources, rares au demeurant) relèvent de la propriété privée. Les unités de production ainsi constituées regroupent plusieurs dizaines de milliers d’hectares chacune. Les jeunes y accèdent de plein droit à leur mariage, c’est-à-dire à partir du moment où ils ont fondé un foyer.

Type F : région de Gonâbâd (en bordure du grand désert central)

43De nombreuses petites tribus (de 100 à 300 personnes), comme les Asadollâhi ou les Zamâni, bénéficient d’un accès plus ou moins libre, mais seulement pour le pâturage, en fonction des saisons, aux harim-e rustâ’i (terres communales) de tous les villages de la région [Pâpoli-Yazdi 2000].

Type G : régions de Rabât-e Khân et Posht-e bâdâm (dans le grand désert central)

44L’ensemble du secteur étant nationalisé, le pâturage est libre. Des dromadaires sont lâchés en permanence dans ce désert. Une fois par an, généralement au printemps, ces animaux sont capturés et triés : les jeunes sont marqués ; les autres sont conduits à l’abattoir (pour la confection de charcuterie, principalement).

Les facteurs de diversité

Données écosystémiques

45Le tableau ci-après montre un classement des différents types de systèmes pastoraux suivant trois séries de données écosystémiques – volume des précipitations, densité démographique et qualité des pâturages (selon le barême de la Direction des ressources naturelles du Jahâd-e Sâzandegi [Guerre sainte pour la Reconstruction] – qui varient logiquement les unes en fonction des autres : la densité démographique et la qualité des pâturages décroissent en même temps que le volume des précipitations.

46Il en résulte une géographie caractéristique du pastoralisme mobile en Iran. Dans le nord, où il tombe plus de 700 millimètres de pluie, les pâturages sont les plus riches (1re catégorie) et peuvent nourrir des bovins. Presque partout ailleurs, c’est le domaine des ovins et des caprins. La zone pluviométrique comprise entre les isohyètes 500 et 400 millimètres correspond aux grands massifs montagneux de la façade ouest du pays qui constituent l’habitat caractéristique des grandes tribus nomades d’Iran. Les valeurs moyennes (qualité des pâturages de 3e et 4e catégories, pluviosité comprise entre 250 et 200 mm) se situent au sud-ouest et au nord-est, zone qui correspond en gros au domaine des anciennes tribus timourides. Enfin, la plus grande partie de l’est de l’Iran – la plus défavorisée à cause de la sécheresse (moins de 100 mm de pluie par an) et du vent (dit bâd-e sad-o-bist ruze : « vent des cent vingt jours ») – est le domaine du dromadaire et du nomadisme le plus pur. Les sédentaires y sont peu nombreux ; et quand il y en a, ce sont d’anciens nomades.

47La culture sèche est possible et est assez souvent associée au pastoralisme dans les types A à C. Dans les types E à G, à l’inverse, l’agriculture irriguée est obligatoire : on note un mépris non dissimulé des nomades pour l’agriculture et les agriculteurs (les nomades qui possèdent des terres arables les louent mais ne les cultivent jamais eux-mêmes). Dans le type D, intermédiaire, les nomades qui ont été sédentarisés sont plus pauvres que les agriculteurs.

Des données naturelles à la formation historique de systèmes culturels

48Au total, les divers types de pastoralisme mobile d’Iran peuvent être regroupés en deux grandes catégories.

49Dans l’est et le centre de l’Iran, régions les plus arides et où les contraintes climatiques sont les plus fortes, le pastoralisme nomade s’impose comme un genre de vie presque obligé. L’appropriation, ou, au moins, l’utilisation collective des pâturages, condition de la mobilité des troupeaux, apparaît, elle aussi, comme obligatoire.

Principales variantes dans les systèmes pastoraux mobiles d’Iran

Localisation des types de pastoralisme mobile (les lettres capitales renvoient au tableau ci-contre)

50Au contraire, dans l’ouest et le nord, où les précipitations sont plus importantes, le genre de vie agricole sédentaire est presque partout possible et ancien. Le nomadisme est apparu plus tardivement, en se superposant à la vie sédentaire à partir des pénétrations turque et mongole des XIe-XIIIe siècles [de Planhol 1968]. La propriété privée des pâturages a probablement été héritée du système sédentaire.

51Bien que très minoritaires, les Teymuri sédentarisés de la région de Torbat-e Jâm pourraient représenter une situation intermédiaire entre les deux grandes catégories précédentes, voire une troisième voie de transition, sous la forme d’une individualisation de pâturages auparavant indivis.

Conséquences pour les politiques de développement

52Les différents types pastoraux qui viennent d’être décrits et les évolutions contrastées qui ont été les leurs ne sont pas sans conséquences pour le choix des mesures à mettre en œuvre pour valoriser les zones pastorales d’Iran. À l’est et au centre, le nomadisme est en quelque sorte « naturel », vital en tout cas. Sauf à vouloir éliminer ou déplacer les populations concernées, il ne peut être question d’éradiquer purement et simplement ce genre de vie : il faut l’aménager, le moderniser, le soutenir, par exemple en investissant dans l’amélioration des pâturages et du bétail.

53Au nord et à l’ouest, où le nomadisme est plus récent et présente un caractère agropastoral accentué, la sédentarisation peut être envisagée, mais seulement pour les personnes. Pour les troupeaux, on risque l’épuisement des pâturages et une baisse de la qualité zootechnique. La transhumance de type méditerranéen peut représenter une solution techniquement efficace et culturellement acceptable, surtout dans ces régions de « nomadisme vertical », à estivage et hivernage [Pâpoli-Yazdi 1998]. Parallèlement, le développement de l’agriculture doit être sévèrement contrôlé, de manière à éviter que les meilleurs pâturages ne disparaissent au profit de cultures aux rendements nécessairement médiocres, avec leur cortège de dégradations (érosion des sols en pente) [Digard 2006].

54Enfin et surtout, il est désormais acquis que, face aux problèmes des nomades – problèmes qui se posent aux nomades et problèmes que les nomades posent aux États modernes –, la sédentarisation n’est nullement la panacée rêvée par certains politiques et « développeurs » qui s’obstinent à ignorer ou à négliger les leçons des cuisants échecs d’un passé pas si lointain.

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Table des illustrations

Légende Principales variantes dans les systèmes pastoraux mobiles d’Iran
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesrurales/docannexe/image/8654/img-1.jpg
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Légende Localisation des types de pastoralisme mobile (les lettres capitales renvoient au tableau ci-contre)
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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Pierre Digard et Mohammad-Hossein Pâpoli-Yazdi, « Le pastoralisme mobile en Iran »Études rurales, 181 | 2008, 89-102.

Référence électronique

Jean-Pierre Digard et Mohammad-Hossein Pâpoli-Yazdi, « Le pastoralisme mobile en Iran »Études rurales [En ligne], 181 | 2008, mis en ligne le 01 janvier 2010, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesrurales/8654 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesrurales.8654

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Jean-Pierre Digard

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