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AccueilNuméros167-168La nature des médiévistes

Résumés

Résumé
S’interrogeant sur la Nature des médiévistes, c’est-à-dire sur le rapport que les médiévistes entretiennent avec l’histoire de l’environnement, et sur la nature de ce rapport, l’auteur relève la contradiction suivante : malgré plusieurs évolutions intéressantes auxquelles l’archéologie a fortement contribué depuis vingt ans, rien ne bouge ou ne semble bouger, et les paradigmes que les archéologues médiévistes ont hérités des disciplines mères que sont l’histoire et la géographie sont toujours en place. L’auteur s’attache à relire les héritages et à rechercher les véritables enjeux de la recherche. Ceux-ci paraissent se situer dans la mise en œuvre de nouvelles associations et dans la délibération des conflits de réalités. Sur la base d’assez nombreux travaux interdisciplinaires, capables de traverser les frontières des périodes historiques classiques, il est possible de montrer que les éléments sont existants et doivent être réunis pour recomposer de nouveaux objets de recherche.

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Notes de l’auteur

Pour l’historiographie de cette question le lecteur trouvera l’ensemble des références sur le site web de la Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur : http:// medievistes-shmes. net

Texte intégral

1Malgré l’ambiguïté volontaire du titre qui n’a pas de sens en soi car le champ des « médiévistes » est un découpage arbitraire et académique, commode certes mais sans aucune pertinence pour les sociétés qualifiées de médiévales, la « nature » est bien le propos de cet article. Je tenterai d’examiner la façon dont les médiévistes envisagent la nature et la façon dont la nature de leur propre recherche les conduit à des attendus non opératoires, voire contestables, en fonction de l’objet des investigations entreprises depuis une vingtaine d’années. Une réévaluation des idées sur le paysage médiéval, mais aussi une autre articulation entre données sociales et données physiques, bref un autre positionnement des chercheurs, est aujourd’hui indispensable.

2La question pourrait également être formulée de la manière suivante : au-delà des apports factuels de connaissance, une réflexion peut-elle être menée sur l’intérêt qu’il y aurait à dépasser l’expression moderne d’une dualité sociétés-milieux, « l’homme et la nature au Moyen Âge », qui perpétue la réduction (purification) du champ de compréhension des systèmes en relation ?

Une nature sous influence

3Faut-il déconstruire les héritages des historiens, des géographes et des naturalistes, et sortir de cette nature sous influence ?

4Inutile de préciser que dans les sociétés pré-industrielles européennes 95 % de la population vit dans et du milieu rural. Ce monde rural était divers et complexe dans les périodes anciennes déjà, et seuls les raccourcis de commandes des livres de synthèse nous en donnent une image globale et homogène. Ce à quoi nous nous attachons lorsque nous procédons à des fouilles est tout autre : caractériser les structures rurales, mettre en évidence les points communs et qualifier les différences pour faire avancer la recherche. À cet égard nous sommes à la tête de deux héritages très lourds : les travaux des historiens des sources écrites et ceux des géographes.

  • 2 Se reporter au glossaire p. 295.
  • 2 Se reporter au glossaire p. 295.
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5Connaître ces héritages ne signifie pas (ou plus) donner des leçons ou des bons points ou tenter d’identifier un « réel2 » qui le serait plus qu’un autre : notre tâche ne permet pas et ne permettra sans doute jamais d’atteindre un quelconque « réel du passé ». Le présent, lui, est irréductible. Et le passé, du plus proche au plus lointain, nous est totalement étranger. Le savoir, le reconnaître est la première pierre de toute construction intellectuelle : nous n’écrivons que l’histoire du temps présent. Les articulations dialectiques ne sauraient être seulement des articulations rhétoriques, des artifices qui dissimuleraient la nécessité de définir d’autres positions de recherche. Il ne s’agit pas de poser de nouvelles barrières en instituant de nouveaux objets à bords francs2 mais d’accepter l’idée que les représentations2 du réel sont aussi du réel et que ce réel est tout aussi légitime. Ainsi, la connaissance des héritages intellectuels est avant tout un moyen grâce auquel on peut a minima éviter de réinventer la poudre.

6Les travaux sur le milieu rural caractérisent une des tendances de l’école historique française du xxe siècle, de Marc Bloch à aujourd’hui. À partir de sources écrites exclusives, cette école a « labouré les cartulaires » et produit un grand nombre de thèses et d’études régionales jusqu’au début des années quatre-vingt-dix. Depuis, les centres d’intérêt se sont déplacés au profit d’autres thématiques comme l’économie, les pratiques culturelles, les pouvoirs et les représentations. Mais des synthèses existent qui témoignent de cette thématique rurale dans presque toutes les régions.

7Il importe de savoir ce que sont les sources sur lesquelles ces chercheurs s’appuient : ce sont des sources rares, incomplètes, partiales et biaisées. Elles sont rares, c’est-à-dire que plus on remonte dans le temps et moins il y en a (le hasard de la conservation). N’hésitons pas à le dire : elles sont plus rares et plus mal conservées que les sources archéologiques. Elles sont incomplètes et lorsque des fonds ont été conservés ils l’ont souvent été par des copies postérieures, ce qui induit l’établissement d’une « échelle de sincérité », travail des diplomatistes sur les écritures, les types d’actes et le vocabulaire. Elles sont partiales car elles émanent toujours des pouvoirs et/ou des élites et sont en général destinées à servir leurs intérêts. Elles sont loin de représenter la réalité matérielle de l’existant (en l’espèce, le monde rural). On constate, par exemple, l’écrasante majorité des sources issues des milieux ecclésiastiques et l’absence de sources « civiles » avant la fin du Moyen Âge. Elles sont donc biaisées : elles ne nous informent pas (ou peu) sur l’espace ou sur la topographie et nous renseignent rarement sur la concrétude des choses. Elles sont utilisables et spatialisables sous certaines conditions [Leturcq 2001 ; Noizet 2004].

8Ce trop rapide résumé n’est en aucun cas un réquisitoire de plus qui démontrerait de manière sympathique et militante que les sources archéologiques seraient plus fiables que les autres parce que concrètes et donc de plus grande valeur. C’est au contraire un état de fait : c’est ainsi, et les historiens de papier et de parchemin le disent excellemment. Quand on choisit de travailler avec ces sources, il faut en accepter les contraintes. Il n’y a pas de bonnes et/ou de mauvaises sources : il y a des sources et il convient d’en connaître les atouts et les limites.

9La géographie, discipline sœur – ce terme désignant une discipline qui, comme le veut la règle, est enseignée conjointement –, a évolué de façon similaire. Dans le sillage de la grande école vidalienne, mais aussi sous l’influence de Roger Dion, la première moitié du xxe siècle a vu la réalisation de travaux de « géographie régionale ». Dès le milieu des années soixante-dix, la naissance de la géographie « chorématique » (école de Roger Brunet), le primat de la géographie humaine sur la géographie physique et les études sur le « fait urbain » (écoles de Francfort et de Chicago) ont totalement fait disparaître ces « monuments » de la littérature scientifique.

10Réactivée au cours des années noires, les années quarante, l’ethnologie française avait déjà connu un véritable essor dans la première moitié du siècle et culmine avec la création du Musée des arts et traditions populaires dans les années soixante et la dynamique des « écomusées » (cependant bien moins développée en France qu’en Suisse, en Allemagne ou dans les pays scandinaves). Toutefois la démarche souvent « achronique » des ethnologues tend à privilégier les invariants sociaux et culturels.

11Les archéologues des années 1960-1980 ont constitué la génération des pionniers : dans ce contexte de la première moitié du xxe siècle naît l’archéologie médiévale (1955), et les premiers travaux sur le monde rural épousent étroitement les positions des écoles dominantes (début des fouilles d’habitats ruraux « désertés » : Dracy, Rougiers). Cette volonté de coller aux problématiques des chercheurs des deux autres disciplines a lourdement pesé sur les réflexions des archéologues, les conduisant à instrumenter leurs sources de façon appauvrie. Par ailleurs, au vu des premiers résultats, ils se sont aussi « fait confisquer » le sujet par les historiens des sources écrites, obérant lourdement l’avenir. Or le boom de l’archéologie préventive entre 1985 et 2000 modifie durablement la donne par la masse des dossiers, le changement d’échelle des surfaces d’observation et la prise en compte de données brutes.

12Durant toute cette période les archéologues n’ont cependant pas remis en question les modèles élaborés à partir d’autres sources. Ils paraissent même les avoir suivis docilement, sans états d’âme. C’est que pour pouvoir construire un dialogue interdisciplinaire, il aurait fallu que les autres chercheurs regardent aussi leurs propres sources différemment : le moment n’était pas venu.

Les historiens ont-ils changé ?

13Depuis une dizaine d’années, les « médiévistes de parchemin et de papier » ont changé. Les études actuelles visent à renouveler nombre des questionnements et à revisiter les thèses des années 1950-1960 sur les grands rythmes, considérées comme classiques. On citera, par exemple, la critique puis la remise en cause d’une « révolution de l’an Mil », ou encore la reconstruction d’une étude des noms de lieux (la toponymie) comme participant de l’histoire des représentations. Les médiévistes de ce début du xxie siècle remettent eux aussi en question quelques-uns des dogmes (ou mythes) fondateurs de leur discipline, tel celui de la permanence des structures, manière de projeter sur la nature les trois temps braudéliens. On évoquera aussi la critique d’une conception des sociétés issue de la pensée philosophique des Lumières et en particulier du rousseauisme, selon laquelle il y aurait eu un temps où le collectif primait l’individuel, avec, pour corollaire, une dimension « égalitaire » de ces sociétés anciennes. Mais, depuis dix ans surtout, les médiévistes ont commencé à pratiquer le dialogue interdisciplinaire et, partant, ont fait leurs les questionnements d’autres disciplines et leurs apports, comme en témoigne l’engagement de quelquesuns d’entre eux quant à la thématique de l’environnement des sociétés du passé et à celle des relations sociétés-milieux. Ils ont engagé des travaux de recherche à d’autres échelles de temps (dilatation des échelles de temps) et d’espace (espaces plus réduits). Néanmoins les analyses de l’espace et de la nature s’intègrent dans une histoire des représentations (voir le débat sur le bocage).

14La nature des médiévistes est donc héritée, et pour les archéologues médiévistes elle est héritée des deux disciplines « mères » : l’histoire, par les sources écrites, et la géographie. C’est là un constat lié à l’histoire de notre discipline [Burnouf 1998]. La nature est aussi celle de Marc Bloch (Caractères originaux), celle de Georges Duby (« bible » du médiéviste), et celle de Roger Dion.

15Dans ces classiques qui ont fondé notre « image » de la nature médiévale, la réussite du modèle est avant tout une « réussite littéraire », selon les termes de Georges Duby. C’est une « puissance d’évocation » [1991 : 51, 80, 81] car « à l’historien revient cette même fonction médiatrice : communiquer par l’écriture le feu, la chaleur, restituer la vie même ». Dans son essai autobiographique, que dit-il de la nature ? À propos du paysage, il écrit : « un support ferme, un document, aussi riche, d’une richesse différente, mais lui sans lacunes, déployé au grand jour, vivace » ou encore « une toile de fond qui n’est pas neutre : elle présente des reliefs, des couleurs ». Plus loin, il se critique lui-même : « Je n’avais pas conscience des discordances entre l’état actuel et l’état ancien du paysage. Naïf, je tenais pour immuable ce qui avait entre-temps changé et substantiellement. » Mais il ne conteste pas tout, affirmant que certaines choses ne bougent pas [ibid. : 52].

16Si l’on observe que Georges Duby écrit cela en 1991, année où se tient le premier colloque du Programme interdisciplinaire de recherche sur l’environnement (PIREN), publié en 1993 [Beck et Delort eds. 1993], on mesure le fossé académique. Au moment où commence à s’exprimer une autre manière de comprendre la co-évolution entre nature et sociétés, l’idéologie dominante est encore celle de Braudel.

17Par ailleurs, chez ces médiévistes, dans l’idée de nature, seul existe le monde rural : il n’est de nature que rurale. La grande absente, le lieu où la nature n’existe pas, est la ville alors même que la ville est l’invention du Moyen Âge [Burnouf 2003] et que, outre son existence, les effets qu’elle induit sur le monde rural sont très importants.

18Le champ de l’historien est l’histoire sociale et la nature n’existe que comme champ d’expérimentation et d’utilisation par la société, ce qui laisse hors du domaine de la recherche l’essentiel de la réflexion sur la nature. Dans cette « posture », au-delà des « bibles » déjà citées, les recherches ont été développées sous l’angle de la géographie historique (dans la ligne de Roger Dion), sous l’angle « aménagiste » et productiviste, la nature étant une sorte de « front pionnier » que les sociétés médiévales « colonisent ». Cette analyse, explicite ou implicite, figure aussi dans les travaux de Charles Higounet sur les « paysages neufs » ou dans ceux de Pierre Toubert sur le Latium, et elle porte toujours sur les formes du peuplement, la mise en culture et les productions, le « mythe des grands défrichements », comme si les sociétés médiévales s’appropriaient une « nature vierge » en conduisant ces entreprises de « colonisation ». Ces positions, liées au caractère contraignant des sources écrites et au filtre que constituent les « mots » et le style de chaque source, continuent à faire largement autorité malgré les efforts de quelques pionniers comme Robert Delort depuis vingt ans. L’image de la nature immuable et permanente persiste, même chez les archéologues médiévistes.

La nature imaginaire des archéologues

19Pour l’archéologue médiéviste la nature est-elle un objet ? Cet héritage une fois connu, c’est-à-dire explicité, il m’est apparu que, dans une première phase de l’histoire de l’archéologie médiévale, la nature n’existait pas. Entre absence de nature et « évocation », elle n’existait pas. Et lorsque l’archéologue médiéviste se risquait à en parler, il était toujours dans l’implicite et dans une nature « imaginaire » : c’est ce que j’ai tenté de présenter dans l’article des mélanges offerts à Jean-Marie Pesez [Burnouf 1998], où j’ai plaidé en faveur d’une recherche sur cette question.

  • 2 Se reporter au glossaire p. 295.

20Où en est-on au début du xxie siècle ? Édith Peytremann a dressé un bilan très pessimiste dans sa thèse [2003], et ma propre expérience au sein d’une commission interrégionale de l’archéologie (CIRA) le confirme : si les données existent, elles sont rarement exploitées dans la perspective d’une connaissance des interactions et co-évolutions au sein des anthroposystèmes2 [Carcaud et al. 2002].

21Un très récent dossier de la revue Les Nouvelles de l’Archéologie (n° 92, 2e trimestre 2003) n’échappe pas à la règle : il porte sur « l’habitat rural du haut Moyen Âge », mais comment peut-on encore imaginer comprendre quoi que ce soit aux « structures d’habitat » en milieu rural sans prendre en compte les milieux ?

22Je distinguerai, de manière un peu artificielle, trois catégories d’archéologues qui travaillent sur des sources différentes et à des échelles différentes :

  • l’archéologue qui prospecte ;
  • l’archéologue qui fouille ;
  • l’archéologue en « laboratoire », qui « recolle », « reconstitue », « fait parler les restes les plus insignifiants au premier abord ».

23Cela peut d’ailleurs être le même archéologue, mais ses représentations implicites du paysage varient. Le premier est encore et toujours dans les paysages imaginaires issus des sources écrites et si bien dépeints (comme si c’était vrai) par les belles plumes académiques. Le deuxième, tout simplement, n’aborde pas cette question ; il ne parle que de structures (de bâti). Le premier travaille à petite échelle (celle des cartes IGN), le deuxième à grande échelle (au mètre carré). Entre les deux il y a un saut paradigmatique : un passage du paysage des mots au paysage muet, voire au paysage inexistant. Il n’est peut-être pas nommé mais existe certainement dans la tête de l’archéologue qui fouille. Tout comme ce dernier recolle ses tessons, ses os, mesure ses vases, ses pieds de bœufs, etc., l’archéologue de laboratoire ne cesse d’imaginer, lui aussi, ses « paysages médiévaux ».

24Paysage de proximité, le paysage de l’archéologue est un paysage immédiat. Immédiat, car il est dépendant du « site » et parce qu’est grande « l’hégémonie du site et de la trace matérielle chez les archéologues » [Robert 2003]. On la perçoit jusque dans le choix du paysage immédiat comme projection fabriquée, norme, culture. On la perçoit également dans la difficulté de l’archéologue à dépasser la notion de trace et la valeur qu’il lui donne. Or il n’y a « pas de lien direct entre la trace et la forme » [ibid.], ce qu’on peut préciser en disant qu’il n’y a pas de lien matériel direct entre la trace archéologique et la limite planimétrique.

25Le paysage de l’archéologue est aussi un paysage fragmenté, morcelé. C’est un paysage hétérogène et discontinu : la cause en est qu’on ne pourra, heureusement, jamais tout fouiller. De toute façon, même si on le pouvait, le paysage restitué demeurerait discontinu puisque, après le Moyen Âge, d’autres sociétés ont transformé la nature.

26Il y a une impossibilité à penser la nature active à partir des traces fossiles et des indices comme s’il y avait une nature vivante, actuelle. Le conflit réside entre le paysage du dessus, hérité, et le paysage du dessous, impossible à comprendre, entre le visible (c’est-à-dire ce qui est fouillé : fossés, murs, ruisseaux fossilisés) et l’invisible (c’est-à-dire les prélèvements palynologiques, carpologiques, anthracologiques, les macrorestes, le bois, etc.).

27La nature de l’archéologue est donc à la fois « potentielle » et présomptive. Et, pour en parler, il lui faut revenir à la puissance de l’évocation, à un véritable rêve de nature. Pourtant l’archéologue pourrait être « créateur de nature ». C’est en effet lui qui, devant le silence du concret, devant des sources matérielles muettes, dit : ceci est un trou de poteau, un silo, une maison, etc. Il est l’indispensable médiateur qui, dans le patient travail de déconstruction et de reconstruction de l’archéologie, transforme l’acte de détruire pour savoir en acte de reconstruire pour dire (logos) l’histoire de la nature.

Que faire ?

  • 2 Se reporter au glossaire p. 295.

28On pourrait proposer un nouveau « mot pour le dire » : l’anthropogéographie. Cette invention présente certes bien des défauts, notamment celui de laisser croire que c’est au niveau disciplinaire que la question pourra être résolue. L’anthropogéographie, tout comme l’archéogéographie2 ou la géoarchéologie, ne saurait constituer une réponse. Tout au plus des combinaisons momentanément opératoires, qui seront utiles à l’instant de la recomposition des collectifs et de la fabrication des nouveaux objets. Cette invention présente aussi l’inconvénient de prêter le flanc à la critique : au lieu de datations fermes, au lieu de choses concrètes et sûres, vous nous proposez une anthropologie, une ethnologie, une morphologie aux contours flous. Au lieu de précision : de l’indifférencié, de l’intemporel, du structural. Au lieu de vérités, de sécurité, seulement du plausible et du probable, voire des scénarios multiples, en quelque sorte un « principe d’incertitude ».

29En fait, le véritable enjeu est ailleurs : dans la mise en œuvre de nouvelles associations et dans la délibération des conflits de réalité. Toutefois la volonté de nommer a une vertu de clarification dans un premier temps, comme on l’a vu pour l’archéologie du bâti [Arlaud-Burnouf 1993]. Elle aura permis de faire émerger une nouvelle pratique, une nouvelle « posture » vis-à-vis de la construction, et de la démarquer des autres, telles l’archéologie monumentale ou l’histoire de l’art et la stylistique.

30On se définit – « on » désignant ici le groupe des chercheurs qui s’engagent dans une aventure intellectuelle – d’abord « contre », cette phase pouvant être longue (vingt ans pour l’archéologie du bâti), avant que n’émerge l’énonciation de la nouvelle manière de regarder et penser le réel [Journot 1999].

31En ce qui concerne la nature, elle est redevenue lisible, et ce n’est sans doute pas un hasard, en ce début du xxie siècle [Beck et Luginbühl 2003 ; Bravard et Magny eds. 2002 ; Burnouf et Leveau 2004 ; Muxart et al. eds. 2003].

Un exemple d’objet en voie de recomposition : les grands défrichements

32Pour illustrer les changements en cours et les recompositions d’objets de recherche, prenons l’exemple du mythe des « grands défrichements ». Il est admis par l’ensemble des médiévistes, toutes catégories confondues, que la période des xie-xiiie siècles est une période de croissance qui se caractérise, entre autres, par le développement des espaces cultivés et la conquête de nouvelles terres pour l’agriculture. Ce topos exprimé dans des travaux brillants a été popularisé par une icône construite sur une lettrine de manuscrit enluminé : celle du moine défricheur. Cette théorie est d’abord fondée sur un présupposé, qui reste bien souvent un implicite, celui d’un premier Moyen Âge « sombre », marqué par des vagues de migrations destructrices dont les dernières – « les raids scandinaves » – ont eu raison d’un empire carolingien en voie d’implosion. À ces théories « politistes » s’ajoutaient des représentations imaginaires de « reconquête forestière » liées à l’inévitable abandon des terres agricoles par des populations désemparées. Par la suite, avec une période de « reconstruction » et d’expansion, le « plein Moyen Âge », aurait pu commencer.

33Le modèle était séduisant et il séduisit.

34Mais cette théorisation s’appuie sur l’exploitation de sources écrites (essentiellement d’origine ecclésiastique) et sur une géographie historique surexploitant les toponymes dits de défrichement. Elle fut longtemps permise du fait de l’absence de sources archéologiques. Or, depuis une vingtaine d’années, des « signaux forts » sont donnés par deux familles de chercheurs : les archéologues et les botanistes. Grâce à l’archéologie préventive on a pu mettre au jour nombre d’exploitations agricoles du premier Moyen Âge sur des surfaces conséquentes [Boucharlat 2001 ; Peytremann op. cit.]. Quant aux analyses botaniques effectuées en palynologie, elles montrent, dans une large moitié nord de la France, sous réserve d’un bon usage de cette source [Barbier 1999 ; Barbier, Visset et Burnouf 2002 ; Cyprien 2001], que le paysage au premier Moyen Âge non seulement « reste ouvert » mais connaît même un déboisement important. Du côté des médiévistes de parchemin, une réinterprétation conduit à « lire » dans les sources écrites « une croissance du haut Moyen Âge », pour reprendre le titre d’un colloque tenu à Flaran en 1990.

35Les éléments sont donc existants et réunis, pourtant rien ne bouge encore. C’est qu’il faut recomposer de nouveaux objets de recherche. Si le haut Moyen Âge « hérite » d’une situation antérieure (qui peut remonter à l’Âge du Fer, ce qu’atteste, pour prendre un exemple, le cas de la Limagne), si au lieu d’un « âge sombre » et forestier on observe une croissance agricole et un fort déboisement dans certaines régions [Catteddu 2001], alors il convient de revoir les théories et de s’interroger à nouveau dans le cadre du dialogue interdisciplinaire. La construction d’un nouveau modèle renvoie à un retour aux sources, mais différemment, et surtout à de nouvelles questions. Les grands défrichements n’ont pas existé : que s’est-il passé ? Quel état de la nature, hérité, transformé, les sociétés médiévales ont-elles à leur tour instrumenté ?

Le Moyen Âge a lui-même un passé

36La première « révolution intellectuelle » consiste à prendre en compte le caractère « hérité » de la nature au Moyen Âge. Cette remarque pourrait passer pour un truisme puisque, outre le caractère non opératoire des chronologies académiques pour l’étude de l’environnement, les rapports sociétés-milieux ainsi que l’agriculture sont une pratique déjà vieille de six millénaires quand commence la période médiévale. Ensuite il faut intégrer (digérer, devrait-on dire) le changement d’échelle d’observation retenue depuis vingt ans. Cette notion d’échelle est fondamentale et est à l’origine de nombreux malentendus entre historiens de parchemin et de papier, historiens sédimentaires, bio-géo-physiciens, archéomètres et morphologues. Cette énumération laisserait à penser que le classement se fait en fonction de la source étudiée. Ce n’est pas ce que je souhaite proposer. Il s’agit en revanche de dire que, pendant longtemps, les chercheurs restaient prudemment dans le traitement de ce qu’ils connaissaient, sans se reconnaître un « devoir d’ingérence ». Cela aussi est en train de changer, comme le montrent les thèses en cours ou très récemment soutenues par ces jeunes « historiens sédimentaires » et « passeurs de frontières ».

37Chaque échelle possède sa propre logique et, pour une échelle donnée, on rencontre différentes structures qui s’imbriquent tout en possédant une plus ou moins grande autonomie. À l’échelle du bâti, donc du site, la mobilité est importante, les « temps de réponse » rapides. En changeant d’échelle, on change d’objet.

38À l’échelle de l’archéologie préventive, seules les structures sont l’objet de recherches, ce qui conduit vers un paysage minéral, mais aussi un paysage interne au site (difficile de sortir la tête du trou) et non pas hors site. Pour l’archéologue qui fouille, le hors site c’est l’inconnu. Pendant trente ans (1955-1983), l’archéologue médiéviste a ainsi fait de la microarchéologie (comme on fait de la microhistoire) sans le savoir, sous la forme d’une archéologie de « site » (un ou plusieurs, ou des séries), et il a buté sur la difficile prise en compte du niveau global. C’est avec les grands décapages supérieurs à 1 hectare qu’il est passé de la micro- à la macroanalyse, du site aux systèmes spatiaux.

39Si on s’en donne les moyens, on peut avoir accès sans grande difficulté à la nature « pragmatique », celle qu’on pourra nommer, selon les cas, paysage du quotidien, paysage de l’expérience, paysage vécu ou paysage perçu. Nous sommes quelques-uns à vouloir tenter d’approcher les pratiques sociales du paysage en travaillant sur les milieux, c’est-à-dire l’espace dans le temps, et en mettant en place les méthodes initiant une archéogéographie.

40Pour ce faire nous posons quelques principes simples :

  • le paysage médiéval est irréductible au paysage actuel : il est « étranger », donc « étrange » ;
  • le paysage médiéval est hérité, donc il faut connaître les états antérieurs ;
  • tout l’espace est documenté, donc signifiant ;
  • l’étude doit également porter sur l’espace compris entre les sites.

41Ce dernier point est essentiel : compte tenu des contraintes de l’archéologie, et curieusement de manière moindre en archéologie préventive, les archéologues ont surtout étudié des « sites » (des gisements localisés) et des « structures » au sein de ces gisements. Toutefois les grands décapages de l’archéologie de sauvetage ont permis de mettre au jour des « faits » ressortissant de « l’archéologie agraire » hors des sites : traitement des limites agraires isolées, sondages profonds pour la reconnaissance de la dynamique des dépôts. C’est ainsi que le « hors site », pour reprendre le jargon des archéologues, a fait massivement irruption dans la collecte des données. La mise en évidence de ces nouveaux objets a considérablement perturbé les pratiques ordinaires et on commence juste à traiter ces informations [Berger 2003].

  • 2 Se reporter au glossaire p. 295.
  • 2 Se reporter au glossaire p. 295.

42Et c’est ici que le passage d’une archéologie des gisements à une morphologie de l’ensemble d’un espace constitue le saut qualitatif le plus important à assumer. Dans ce cas, le terme « morphologie » recouvre quelque chose de plus vaste que l’étude morphologique stricto sensu, à savoir la restitution par carto- et photo-interprétation2 des formes planimétriques de tel ou tel espace à partir de l’analyse complexe d’une documentation moderne et contemporaine. Cette morphologie est une mise en association et en conflit de formes2 diverses, établies par les historiens, les archéologues, les paléonaturalistes, les géomorphologues, les morphologues agraires ou urbains, les écologues du paysage, etc.

Trois périodes et une bifurcation à venir

43Chronologiquement, on peut articuler cette histoire en trois périodes qui ne sont pas exclusives les unes des autres.

44Jusqu’aux années quatre-vingt l’archéologie ne s’occupe pas de la nature mais seulement des structures. La nature, quant à elle, est « actuelle » : c’est un cadre, une toile de fond. Le Moyen Âge peut donc exister puisqu’il est défini par des références aux sources écrites et au paradigme des historiens des sociétés.

45Entre les années quatre-vingt et le milieu des années quatre-vingt-dix les médiévistes étudient toujours des structures, mais l’influence des travaux des archéologues de l’Europe du Nord (scandinaves et anglo-saxons) se fait sentir, et la collaboration avec des chercheurs des sciences de la vie et de la terre change la manière d’interpréter. Cependant, globalement, on reste dans le conventionnel : on a toujours besoin des grands paradigmes et des grands récits organisateurs de l’histoire pour faire exister le Moyen Âge. Ainsi les frontières ne se déplacent pas d’une ligne, qu’il s’agisse des « paysages ruraux » [Zadora-Rio 1991], du grand flottement du haut Moyen Âge [Pitte 2001], des rapports de la société médiévale avec le végétal toujours médiatisés par la forêt et les grands défrichements des xie et xiie siècles.

46Au milieu des années quatre-vingt-dix apparaissent les premières tentatives de compréhension mais aussi de représentation, c’est-à-dire de description de la nature. Mais sous la forme d’évocation, avec un travers que je qualifierai de « paysagiste », cette nouvelle pratique pose de façon critique la question des sources qui permettent de reconstruire le paysage : géoarchéologie, analyses des naturalistes, artefacts archéologiques, écofacts, formes fossilisées (sans parler de morphologie). Elle pose aussi la question des concepts implicites ou explicites qui sous-tendent toute reconstruction, des méthodes (dont l’analyse spatiale), des « échelles » du paysage (de l’échelle du carottage du palynologue à celle de la fouille proprement dite), etc. La nature des médiévistes commence à exister mais, en s’installant préférentiellement dans le domaine des représentations, elle renforce l’ambiguïté existant entre « faits » et « représentations ». Du côté des faits, rien ne bouge encore et les catégories, bien qu’usées, restent le cadre de la recherche.

47Aujourd’hui nous sommes en quelque sorte à une bifurcation. L’espace géographique des archéologues ne peut pas être seulement un espace des lois de répartition des artefacts et des sites (archéologie spatialiste), pas plus qu’un espace naturaliste (géoarchéologie), ni uniquement un espace administratif et géopolitique, ou encore un schéma des représentations que l’élite d’une époque donnée est censée avoir de l’espace qu’elle domine. Dans tous ces cas, la nature est vue comme un espace de « projet », c’est-à-dire de projection de visions abstraites, la plupart bien contemporaines.

48Il convient sans doute de changer de posture : l’archéologue a le privilège de déconstruire des fragments de nature et en principe il s’arrête là où il n’y a plus de « mélange » artefacts-écofacts puisqu’il détruit son objet de recherche pour le construire. La matérialité des sources, leur caractère muet (c’est lui qui parle en leur nom) le mettent en position de contact direct, au sens fort, parce qu’il a les mains dans la terre. Par ce travail quotidien il est dans la même situation que ceux qui ont fabriqué ce qu’il fouille : il est dans l’espace, il est dans la nature. Mais quand il revient devant sa table de travail pour produire des données, abstraire et comparer, quand il se plonge dans la littérature sur la question qu’il étudie, la distanciation recrée immédiatement la rupture ; implicitement il rechausse les bottes de l’ogre et, ce faisant, a du mal à déconstruire les théories. L’argument d’autorité de l’écrit sur le non-écrit reprend alors tous ses droits.

  • 2 Se reporter au glossaire p. 295.

49Pourtant la mise en évidence du caractère hybride2 des objets de recherche devrait conduire le chercheur à renommer la nature de ses objets, et ce pour autant qu’il s’émancipe de la vision réductrice de la rupture nature-culture.

50La force des archéologues, qui est d’être dans l’espace et dans la nature, doit maintenant leur permettre de passer au « dire ». Pour l’heure ils savent seulement dire ce que cela n’est pas et juxtaposer les disciplines. L’étape suivante est de poser les questions différemment et de co-construire en co-déconstruisant une autre histoire de la nature. Le moment est venu de reconstruire ce nouvel objet de recherche en cessant de considérer comme clé de compréhension la primauté du social.

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Notes

2 Se reporter au glossaire p. 295.

2 Se reporter au glossaire p. 295.

2 Se reporter au glossaire p. 295.

2 Se reporter au glossaire p. 295.

2 Se reporter au glossaire p. 295.

2 Se reporter au glossaire p. 295.

2 Se reporter au glossaire p. 295.

2 Se reporter au glossaire p. 295.

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Pour citer cet article

Référence papier

Joëlle Burnouf, « La nature des médiévistes »Études rurales, 167-168 | 2003, 215-226.

Référence électronique

Joëlle Burnouf, « La nature des médiévistes »Études rurales [En ligne], 167-168 | 2003, mis en ligne le 01 janvier 2005, consulté le 11 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesrurales/8025 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesrurales.8025

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