André Bornard et Catherine Brau-Nogué, eds., Le pastoralisme en France à l’aube des années 2000. Montpellier, Association française de pastoralisme (Pastum, numéro hors série)/Morières (Var), Éditions de la Cardère, 2000.
Texte intégral
1Le pastoralisme est un mode d’exploitation agricole pratiquant l’élevage extensif d’herbivores sur des pâturages naturels. Curieusement, l’Association française de pastoralisme (AFP) et sa revue Pastum, fondées au début des années quatre-vingt, utilisent ce mot pour désigner, non la chose, mais son étude ; autrement dit, les « pastoralistes » seraient moins les éleveurs que les agronomes, les botanistes, les économistes, les sociologues, les zootechniciens, qui sont professionnellement concernés par ce type d’exploitation… Ce fâcheux contresens renvoie à l’emploi, hélas devenu courant aujourd’hui, du terme « technologie » comme synonyme de « technique » – cf. « la technologie moderne »… – alors que son usage devrait être réservé à l’étude des techniques.
2Quoi qu’il en soit de ce problème lexical, l’AFP déploie ses activités dans une multitude de domaines dont ce numéro hors série de Pastum, qui réunit une quarantaine de contributions et une bibliographie classée, livre un échantillon représentatif.
3Dans sa préface, Gérard L’Homme, président de l’AFP, rappelle que le domaine pastoral s’étend en France sur 1,7 million d’hectares de pâturages d’altitude, qui permettent l’entretien, pendant la saison d’estive, de 430 000 bovins et de 1 560 000 ovins, auxquels s’ajoutent des caprins et des équidés. L’activité pastorale remplit ainsi une triple fonction, de production, mais aussi d’entretien du paysage et d’animation de milieux difficiles, qui lui est officiellement reconnue depuis la loi de programmation agricole du 9 juillet 1999.
4La distinction, par laquelle commence cette publication, entre une première partie, intitulée « Gestion du territoire et de l’espace pastoral », et une deuxième partie, « Histoire, savoir-faire et échange culturel », apparaît quelque peu artificielle. Toutes deux, en effet, mettent en évidence les caractères, les problèmes et les méthodes qui fondent l’unité du domaine pastoral français par-delà sa diversité : peuplements végétaux répartis par étages altitudinaux, équilibre instable entre pelouse et végétation arbustive, coexistence (pas toujours pacifique) entre cheptel domestique et faune sauvage – ours, bouquetin, vautour, tétras-lyre (sauf inattention de ma part, il n’est pas soufflé mot du loup) –, connaissance du comportement des animaux comme « outil pratique » de gestion des espaces pastoraux, difficultés de la transmission du métier de berger, prise en compte de l’activité touristique, estivale et hivernale, etc. À signaler, dans la première partie, deux pages manquantes (pp. 21-22) qui amputent un article de la moitié de sa bibliographie, et deux pages en double (pp. 23-24).
5De loin la plus importante en volume, la troisième partie, « Diversité du pastoralisme, d’un massif à l’autre », regroupe près de la moitié des contributions. Celles-ci consistent, soit en petites monographies décrivant la situation du pastoralisme dans les différents massifs – Vosges, Jura, Auvergne, Alpes du Nord et du Sud, Pyrénées, Corse –, soit en études consacrées à des problèmes particuliers, comme ces dégâts causés par des chiens en divagation aux troupeaux des Pyrénées-Orientales et de l’Aude (200 à 800 brebis tuées par an soit 1 à 3,5 % du cheptel de ces départements).
6Prônant de « mieux connaître les milieux pastoraux », la quatrième et dernière partie passe en revue un certain nombre d’outils et de méthodes d’analyse et de diagnostic des problèmes des milieux pâturés d’altitude, comme la phyto-écologie, la télédétection ou les enquêtes pastorales, dans le but de respecter l’environnement tout en contribuant à limiter la fréquence de certains risques naturels liés à la pente (avalanches, glissements de terrains).
7La variété des lieux, des thèmes et des approches représentés dans ce gros cahier autorise à considérer celui-ci comme une bonne photographie à la fois du pastoralisme tel qu’il se pratique effectivement dans la France d’aujourd’hui et du « pastoralisme » au sens, discutable, où l’entend l’AFP.
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Pierre Digard, « André Bornard et Catherine Brau-Nogué, eds., Le pastoralisme en France à l’aube des années 2000. Montpellier, Association française de pastoralisme (Pastum, numéro hors série)/Morières (Var), Éditions de la Cardère, 2000. », Études rurales, 157-158 | 2001, 264-265.
Référence électronique
Jean-Pierre Digard, « André Bornard et Catherine Brau-Nogué, eds., Le pastoralisme en France à l’aube des années 2000. Montpellier, Association française de pastoralisme (Pastum, numéro hors série)/Morières (Var), Éditions de la Cardère, 2000. », Études rurales [En ligne], 157-158 | 2001, mis en ligne le 03 août 2005, consulté le 21 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesrurales/43 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesrurales.43
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page