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AccueilNuméros207Éditorial

Texte intégral

1Études rurales souffle ses soixante bougies cette année. Fondée en 1961, la revue est restée fidèle à son objet premier. Au cœur des Trente Glorieuses, alors que l’agriculture française se modernisait à marche forcée et que l’exode rural s’accélérait, l’émergence d’un champ de recherche spécifique aux mondes ruraux allait de soi. Il était alors urgent de documenter le monde qui s’effaçait pour comprendre celui qui émergeait en France, dans un espace européen en phase d’intégration, voire dans un Sud global en pleine effervescence sous l’effet des luttes anticoloniales. Les anniversaires et commémorations attirent l’attention sur les protagonistes, les valorisent et les célèbrent. Les derniers bilans et retours réflexifs sont encore très proches. Le numéro 200 (2007) retraçait les évolutions de la revue. Concentrée sur son objet, fidèle à l’interdisciplinarité, elle a suivi les linéaments des sciences sociales. On peut seulement regretter des absences qui n’appellent qu’à être comblées – on pense à l’Asie du Sud notamment. Avis aux auteurs, donc.

2Mais, du haut de ses 60 ans, Études rurales observe aujourd’hui un monde agricole et des campagnes radicalement différents de ceux qui avaient motivé sa création. Un mouvement est arrivé à son terme. Hautement capitalisés, souvent fragmentés, interdépendants de réseaux mondialisés qui éloignent de plus en plus les lieux de la production de ceux de la consommation, les mondes ruraux ne sont plus ces héritages à documenter. Les regards sur les espaces ruraux ont profondément changé sous l’effet d’une urbanisation désormais écrasante, quoique très inégale selon les continents, et des périmètres de protection d’une nature présentée comme sauvage. Tout autant que ses objets de recherche, Études rurales prend place dans une économie des sciences sociales enrichie, certes, mais aussi questionnée, voire déstabilisée. Les dynamiques collectives vivent désormais au rythme des projets financés. L’hyper spécialisation comme le souci de répondre à la demande sociale modifient également en profondeur les méthodes de travail.

3Fort de ce constat, Études rurales s’enrichit d’un sous-titre pour renforcer l’objet de la revue : Terrains, Cultures & Environnement. Terrains parce que la revue accorde une grande importance, par le prisme de l’enquête, à la dimension empirique comme à l’interprétation des données primaires. Cultures parce qu’elle s’intéresse autant aux produits de la terre qu’à la vie de ceux et celles qui la travaillent. Environnement, parce qu’il s’agit du défi universel de notre planète et d’une grille fondamentale pour y inscrire les transformations dans des dynamiques de longue durée.

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Pour citer cet article

Référence papier

Le comité de rédaction, « Éditorial »Études rurales, 207 | 2021, 8.

Référence électronique

Le comité de rédaction, « Éditorial »Études rurales [En ligne], 207 | 2021, mis en ligne le 01 septembre 2021, consulté le 18 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesrurales/25019 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesrurales.25019

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