Fotogeschichte, "Die Geschichte der Geschichte" (actes coll.) 17e année, n°63 et 64, 1997.
Texte intégral
1Signe de nos temps postmodernes, nulle discipline n'échappe aujourd'hui au questionnement de ses fondations historiques et théoriques. L'histoire de la photographie entend donc, elle aussi, se retourner sur le chemin parcouru dans un élan critique mais aussi prospectif. La revue allemande de référence propose ainsi dans ses deux dernières livraisons un ensemble de contributions centré sur l'historiographie. Dans la tradition critique, le n°63 accueille les articles de Timm Starl et Urich Keller. Le premier propose un état des pratiques du récit historique autrichien et allemand, montrant les corrélation entre la photographie, sa mise en histoire et le développement des moyens de communication de masse, et note par ailleurs l'orientation actuelle des travaux vers l'histoire plus générale des médias et de la perception. Keller part également d'une position rétrospective, depuis l'histoire techniciste d'un Eder et celle jugée trop esthétique de Newhall, pour présenter les différents courants actuels : histoire des médias, linguistique, etc. Selon lui, si l'histoire de la photographie, il y encore vingt ans, cherchait son salut dans une spécificité de ses méthodes pour devenir une "science", elle gagne plutôt aujourd'hui à être une discipline migrante et transversale. Mettant au centre de son propos le caractère indissociable de la photographie et de son historiographie, Herta Wolf examine les relations qu'entretiennent photographie et philosophie positiviste. En réimmergeant l'histoire de la photographie dans le bain épistémologique du XIXe siècle, l'auteur tente de démontrer que la science et l'esthétique inhérentes à la photographie se rejoignent dans le positivisme, dont elle souligne la double nature scientifique et historiographique.
2Dans le n°64, on trouve deux études à caractère biographique, l'une consacrée à l'Allemand Erich Stenger par Bodo von Dewitz, l'autre à l'Italien Lamberto Vitali par Paolo Costantini. Deux personnalités trop peu connues en France, qui ont contribué à écrire l'histoire de la photographie, soit par la collection et l'étude, soit par l'intégration du médium au discours de l'historien d'art (Vitali ayant notamment contribué à l'organisation de l'exposition de la collection Gernsheim en 1957 à Milan). Dans une autre catégorie d'articles, Michel Frizot et Mike Weaver rappellent les intentions qui gouvernent leurs travaux respectifs. Publiée en 1993, la Nouvelle Histoire de la photographie cherchait à se démarquer des méthodes habituellement employées en privilégiant l'analyse des conditions de possibilité d'une pratique, la question de la réception des images et de leurs usages, tout en accordant une place de choix aux interrogations partagées avec l'histoire de l'art. Mike Weaver, rédacteur en chef de History of Photography, rappelle son souci de faire de l'histoire de la photographie une discipline scientifique rattachée à l'étude des lettres et notamment aux méthodes de la littérature comparée. Souhaitant également traiter de techniques actuelles, trois contributions analysent l'engouement pour la Lomographie (Albers), la vidéo (Bergermann) et l'informatique (Ullrich). Le paysage ainsi brossé par Fotogeschichte fait apparaître une histoire de la photographie qui, loin du fantasme d'une science autonome, s'intègre en douceur à l'histoire générale des représentations.
Pour citer cet article
Référence électronique
Michel Poivert, « Fotogeschichte, "Die Geschichte der Geschichte" (actes coll.) 17e année, n°63 et 64, 1997. », Études photographiques [En ligne], 3 | Novembre 1997, mis en ligne le 18 novembre 2002, consulté le 22 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesphotographiques/148
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