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Comptes rendus de lectures

Beata Piatek, History, Memory, Trauma in Contemporary British and Irish Fiction

Krakow, Jagiellonian University Press, 2014
Bertrand Cardin
p. 191-192
Référence(s) :

Beata Piatek, History, Memory, Trauma in Contemporary British and Irish Fiction, Krakow, Jagiellonian University Press, 2014, 197 p., ISBN 9788323338246, 9,25 €.

Texte intégral

1Enseignante chercheuse à l’université Jagellonne de Cracovie, Beata Piatek s’intéresse aux relations complexes entre histoire, mémoire et trauma dans la fiction anglophone contemporaine. Son ouvrage, History, Memory, Trauma in Contemporary British and Irish Fiction, étudie quatre romanciers – deux Britanniques et deux Irlandais – dont les œuvres explorent les blessures du passé dans les sphères publiques et privées.

2Le livre est composé de deux parties dont chacune comprend deux chapitres. La première partie, intitulée « History and Trauma », se focalise sur des œuvres de Pat Barker et Sebastian Barry. La seconde, « Memory and Trauma », est consacrée à des romans de Kazuo Ishiguro et John Banville. L’objectif n’est pas de comparer écrivains britanniques et irlandais, mais de montrer, à partir de leurs textes, la diversité avec laquelle sont appréhendés les événements du passé.

3Ces analyses textuelles sont précédées d’un chapitre théorique qui recense chronologiquement les réflexions d’intellectuels sur la mémoire, à partir de Platon jusqu’à Pierre Nora, retrace les interrogations sur l’histoire soulevées notamment par le scepticisme postmoderne, et définit la notion de trauma et son évolution dans le cadre des trauma studies.

4Intéressant et original, le propos développe des analyses pertinentes et convaincantes. Sebastian Barry, souvent considéré comme révisionniste, a tendance à ressasser les mêmes événements historiques tout en les traitant selon des points de vue de personnages différents. Piatek montre bien qu’au fil de ses publications, cet écrivain réagit aux critiques formulées sur son œuvre antérieure : par exemple, dans The Secret Scripture, Barry continue d’explorer des thèmes qui lui sont chers (les effets destructeurs des politiques nationalistes ou des secrets de famille), mais s’efforce aussi de porter un regard plus nuancé sur l’histoire irlandaise, qu’il n’aborde plus de manière simpliste et manichéenne comme il le faisait jusqu’alors.

5Tandis que Barry, dans ses « métafictions historiographiques », narre les destinées de modestes personnages marginalisés, Banville, lui, se détourne de la fiction historique, bien que l’Histoire reste sous-jacente dans ses romans étudiés ici (Eclipse, Shroud et Ancient Light). Témoins d’un trauma, les protagonistes de Banville souffrent d’une mémoire envahissante et peinent à relire leur parcours comme un récit cohérent.

6Les analyses des textes de Barker et Ishiguro sont également très stimulantes, même si le lecteur ne peut s’empêcher de penser que le trauma revêt une portée particulière pour ce dernier, né à Nagasaki dans les années 1950… Les spécificités propres au parcours de chaque écrivain risquent toujours d’être aplanies dans une étude globale et thématique de textes d’auteurs divers comme celle-ci, mais c’est là un écueil que Piatek parvient généralement à éviter.

7En revanche, il aurait été intéressant de chercher à comprendre pourquoi les écrivains contemporains manifestent un tel engouement pour le passé individuel et la mémoire collective. Cet attrait se constate également dans les nombreuses autobiographies publiées ces dernières années. La recomposition de destinées personnelles et la réécriture d’événements historiques illustrent à quel point le passé peut être rejeté, interprété et transformé. Ce travail de remémoration et d’exhumation du passé est-il révélateur d’un besoin incoercible de s’interroger, s’examiner ou tout simplement, dans le sens du conseil socratique, de se connaître soi-même ? Ce mouvement de retour observable dans des textes publiés autour de l’an 2000 est-il à mettre en lien avec le changement de millénaire ? Participe-t-il d’une démarche visant à mieux apprivoiser le présent et emprunter plus sûrement le chemin de l’avenir ? Les raisons pour lesquelles ces thèmes sont si prégnants dans les textes de fiction contemporains auraient mérité d’être creusées davantage.

8Indépendamment de ces remarques, l’ouvrage témoigne d’une excellente connaissance des romans, d’une grande maîtrise de l’appareil critique et des publications sur l’Histoire, la mémoire et le trauma, y compris les plus récentes. D’une écriture limpide, il se lit facilement et reste très accessible, d’autant plus qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu l’intégralité des ouvrages étudiés pour suivre et comprendre le propos.

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Pour citer cet article

Référence papier

Bertrand Cardin, « Beata Piatek, History, Memory, Trauma in Contemporary British and Irish Fiction »Études irlandaises, 42-1 | 2017, 191-192.

Référence électronique

Bertrand Cardin, « Beata Piatek, History, Memory, Trauma in Contemporary British and Irish Fiction »Études irlandaises [En ligne], 42-1 | 2017, mis en ligne le 29 juin 2017, consulté le 04 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesirlandaises/5193 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesirlandaises.5193

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Auteur

Bertrand Cardin

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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