Le « parti nationaliste irlandais » au xixe siècle : « facteur d’éloignement » et instrument de conquête
Abstracts
In his work L’État en Irlande, the late Prof. Paul Brennan argued that Irish parliamentary nationalism contributed to promote the idea that Ireland should distance itself from Great Britain. Using this idea as a starting point, this paper wishes to take the debate further and show that the moderate nationalist elite in Ireland dealt far more ambiguously than P. Brennan suggests with the idea of separation from Great Britain and that the Irish parliamentary party also resorted to strategies aiming at conquering political power in Ireland and gaining political weight at Westminster.
Index terms
Mots-clés :
Loi sur l'Union, partis politiques, Home Rule, nationalisme irlandais, relations anglo-irlandaisesOutline
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- 1 L’expression « parti nationaliste irlandais » est empruntée à P. Brennan et à sa thèse (L’Eta (...)
1Dans L’État en Irlande : Aspects de son développement, 1801-1949, Paul Brennan étudie de près la nature et l’importance de ce qu’il nomme le « parti nationaliste irlandais1 ». Il désigne par là le nationalisme parlementaire, tradition politique dominante en Irlande au xixe siècle. Il défend l’idée que l’émergence progressive de ce parti aux Communes fut un des facteurs qui poussèrent l’Irlande à rejeter toute intégration au sein du Royaume-Uni :
- 2 P. Brennan, L’Etat en Irlande, p. 163.
La poursuite de l’implantation des partis britanniques en Irlande impliquait une assimilation de plus en plus poussée de l’Irlande au Royaume-Uni tandis qu’un parti autonome ne pouvait qu’être un facteur d’éloignement. Une intégration de plus en plus grande ne pouvait que renforcer l’Etat britannique. Le phénomène inverse, par contre, ne pouvait que l’affaiblir2.
2Ainsi P. Brennan pose la question du rôle du parti parlementaire irlandais en plaçant ce dernier au centre d’un conflit entre deux forces contraires : « l’intégration » et la « séparation ». Le parti nationaliste irlandais aurait contribué à creuser un écart entre les deux nations que l’Union entrée en vigueur en 1801 était censée associer. A partir de 1830, année qui suivit l’émancipation des catholiques et vit l’arrivée à Westminster de D. O’Connell, le nationalisme modéré irlandais opéra des choix politiques, parfois pragmatiques, qui témoignent de sentiments mixtes et fluctuants à l’égard des institutions et de la puissance britanniques. En se servant de la réflexion menée par P. Brennan comme point de départ, l’article qui suit souhaite montrer que le discours de l’élite parlementaire irlandaise présenta l’idée de la séparation sous une forme résolument ambiguë et que l’histoire du parti parlementaire irlandais peut être interprétée comme le résultat de stratégies visant la conquête des électeurs irlandais, de façon à peser au-delà de l’Irlande, en particulier au sein du Parlement britannique.
Des députés ni séparés, ni séparatistes
- 3 A. McIntyre, The Liberator, Daniel O’Connell and the Irish Party, 1830-1847, Londres : Hami (...)
- 4 P. Brennan, L’Etat en Irlande, p. 164-165 et 177.
3Dans L’État en Irlande, P. Brennan avance l’idée que les groupes de députés irlandais qui se succédèrent à partir de 1830 tentèrent de s’organiser et de s’affirmer comme une force politique indépendante. Ainsi, même si l’alliance entre O’Connell et les whigs remit en cause l’indépendance politique à laquelle pouvaient prétendre le leader irlandais et ses partisans, « les premières tentatives faites pour créer un parti irlandais distinct des partis anglais sur le terrain électoral en Irlande » remontent à la « campagne en faveur de l’émancipation des catholiques. » Comme A. McIntyre ou O. McDonagh3, P. Brennan décrit O’Connell comme un pionnier au sens où il fut responsable de la formation d’un « embryon de véritable parti politique » avec la mise en place d’« un serment, d’une organisation nationale ou encore d’une bureaucratie centrale veillant, entre autres, à la sélection des candidats4 ».
4P. Brennan justifie l’indépendance croissante des députés nationalistes irlandais en s’appuyant sur une étude détaillée de leurs origines socio-économiques et de leur niveau d’éducation. Il démontre ainsi combien ils se distinguaient de leurs condisciples britanniques et formaient un groupe séparé. Il note une « nette démocratisation de l’élite politique nationaliste irlandaise » à partir de 1885, qui contribua à creuser un écart entre les députés irlandais et leurs homologues britanniques et qui, au lieu de renforcer l’Union et permettre une intégration des députés irlandais à Westminster, justifiait le projet d’autonomie politique irlandaise :
- 5 Ibid., p 160.
Le niveau d’éducation et le profil socio-économique du parti irlandais le distinguaient clairement des deux autres partis. Un fossé quasiment infranchissable séparait l’élite politique irlandaise de l’élite politique anglaise à la fin de l’Union. Et c’était l’élite politique anglaise, issue de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie, formée dans les écoles privées renommées et à Oxford et Cambridge, qui imposait ses règles et son style à la Chambre des communes5.
- 6 41 députés sur 60 en 1874 ; 43 sur 63 en 1880 ; 57 sur 86 en 1885 ; 54 sur 81 en 1892 ; (...)
- 7 Voir D. H. Akenson, The National Experiment in Ireland: the National System of Educ (...)
- 8 8 sur les 28 députés ayant effectué tout ou une partie de leur scolarité en Irlande, 5 sur (...)
- 9 S. Paseta, Before the Revolution: Nationalism, Social Changes and Ireland’s Catholic Elite, (...)
5Les données dont on dispose sur les établissements fréquentés par les députés nationalistes irlandais sont très lacunaires pour les décennies précédant 1870 mais celles recueillies à partir du Who’s Who of British Members of Parliament pour la période 1874-1910 permettent de travailler sur des échantillons représentatifs et de constater l’évolution suivante : la proportion de députés nationalistes qui furent éduqués en Irlande augmenta et, parallèlement, celle de ceux qui furent éduqués en Grande-Bretagne déclina6. Toutefois, le fait que les députés irlandais aient fait leurs études en Irlande ne garantit pas que ceux-ci aient été à l’abri de toute influence britannique. En effet, le système d’écoles nationales mis en place en Irlande à partir de 1831 favorisa l’anglicisation de l’Irlande7 et un certain nombre de députés fréquentèrent ces écoles (entre environ 13 % et 28 %8). S. Paseta souligne aussi que des établissements comme Clongowes Wood, Belvedere, Castleknock ou Blackrock, fréquentés par plusieurs députés, furent jusqu’au début du xxe siècle « modelés sur les écoles publiques anglaises » car « “des imitations” de ces écoles existaient partout dans l’Empire et l’Irlande n’était pas une exception9 ». Ainsi, on peut s’interroger sur l’existence d’une réelle distance intellectuelle et culturelle entre députés nationalistes irlandais et monde politique britannique.
- 10 Lettre à D. O’Connell, 25 juillet 1836, The Times, 2 août 1836.
6Du point de vue politique, la question du lien entre parlementaires nationalistes irlandais et partis britanniques fut régulièrement un sujet de préoccupation et de débat au sein du camp irlandais. Les diverses alliances conclues par O’Connell avec les whigs britanniques (entre 1834 et 1840 puis entre 1845 et 1847) firent l’objet de contestations. A partir de l’été 1836, le député de Dundalk W. Sharman Crawford critiqua l’entente établie en février 1835 entre le leader irlandais et le gouvernement whig de Lord Melbourne (Lichfield House Compact)10. De même, à la perspective d’un retour des whigs à la tête du gouvernement britannique en décembre 1845, O’Connell se déclara favorable à une alliance, ce qui souleva les protestations de son collègue W. Smith O’Brien, partisan de davantage d’indépendance vis-à-vis des partis et du Parlement britanniques :
- 11 The Times, 17 décembre 1845 et lettre de W. Smith O’Brien à O’Connell, 18 décembre 1845, M. (...)
[…] we ought to observe a strict neutrality between the two great English factions, supporting good measures as they may be proposed by either, but creating for ourselves an Irish national party entirely independent of both11.
- 12 The Nation, 20 décembre 1845 et 10 janvier 1846.
- 13 En juillet 1846, la Jeune Irlande s’opposa en particulier à l’idée de permettre à R. Sheil (...)
- 14 Voir lettre de O’Connell à W. Smith O’Brien, 18 juillet 1846, M. O’Connell (éd.), The Corre (...)
7Et lorsque les libéraux prirent effectivement la tête du gouvernement en juin 1846 et que O’Connell s’associa avec eux12, ses alliés de la Jeune Irlande contestèrent à nouveau une telle stratégie13, ce qui précipita leur rupture définitive avec le leader irlandais14.
- 15 Home Rule League, Proceedings of the Home Rule Conference held at the Rotunda, Dublin, on t (...)
- 16 The Nation, 21 février 1874 et 7 mars 1874.
- 17 Voir L. McCaffrey, Irish Federalism in the 1870s: A Study In Conservative Nationali (...)
8Lors de la création de la Home Rule League en novembre 1873, Isaac Butt, chef de file des nationalistes à l’époque, recommanda une « politique d’opposition indépendante15 ». Suite aux résultats obtenus aux élections de 1874, 46 des 59 députés autonomistes élus se réunirent à Dublin le 3 mars pour former un parti parlementaire irlandais à part (« a separate and distinct party in the House of Commons »), ce qui nécessitait d’être indépendants et unis : « We should collectively and individually hold ourselves aloof from, and independent of, all party combinations, whether of the ministerialists or of the opposition16. » Pourtant, l’attitude trop conciliante de Butt à l’égard des partis et des institutions britanniques lui valut de voir son autorité de plus en plus contestée par un groupe de députés irlandais incluant J. Biggar, C. S. Parnell, J. O’Connor Power et partisan d’une politique plus agressive, centrée sur l’obstruction parlementaire17.
- 18 Discours prononcé à Londres (mars 1884) dans C. S. Parnell, Words of the Dead Chief, Dublin (...)
- 19 Les députés irlandais tentèrent de faire pression sur le gouvernement de Gladstone en votan (...)
- 20 The Times, 23 novembre 1885.
- 21 London Standard, 17 décembre 1885.
9Fondateur de l’Irish National League en octobre 1882, Parnell se déclara résolu à préserver l’indépendance politique des futurs parlementaires nationalistes irlandais, cruciale à ses yeux : « I do not depend upon any English political party. I should advise you not to depend upon any such party18. » Cette prise de position explique pourquoi, jusqu’en 1885, les nationalistes irlandais furent en pourparlers tant avec les conservateurs qu’avec les libéraux19. Et lors de la campagne pour les élections législatives de 1885, Parnell fit simultanément pression sur les deux partis britanniques : « I believe that we will get a settlement of the National question from whichever Government or whichever party may be in power, whether it be Whig or whether it be Tory20. » L’alliance avec le camp de W. Gladstone ne fut conclue qu’à partir du moment où le parti libéral prit ostensiblement position en faveur de l’autonomie politique de l’Irlande21.
- 22 Bien que né à Cork en 1830, J. McCarthy s’établit en Angleterre à partir de 1853 et y vécut (...)
- 23 J. McConnell, « The Irish Parliamentary Party in Victorian and Edwardian London », dans P. (...)
- 24 Ces résultats sont inférieurs à ceux que donne J. McConnell, qui ne précise pas la (...)
- 25 A. O’Day, The English Face of Parnellism, Parnellite Involvement in British Politic (...)
10Ces événements montrent que les députés nationalistes irlandais s’adaptèrent parfaitement à la vie politique britannique et au jeu parlementaire, dont ils dépendaient pour obtenir l’autonomie législative de l’Irlande. Plusieurs figures importantes du parti parlementaire irlandais, telles que J. McCarthy ou T. P. O’Connor, furent presque tout autant des personnalités du monde politique britannique que des nationalistes irlandais22. Plus largement, l’appartenance d’un nombre non-négligeable de députés autonomistes irlandais à des clubs politiques londoniens témoigne d’une intégration certaine à la vie politique britannique. Sur les 50 députés qui suivirent O’Connell entre 1832 et 1847, 20 appartenaient au Reform Club en 1832. Dans la deuxième moitié du xixe siècle, le nombre de députés irlandais membres de clubs ne représenta jamais une majorité. Toutefois, après 1886, les députés irlandais rejoignirent massivement les clubs politiques britanniques, notamment le National Club qui comptait 36 députés irlandais membres à la fin des années 1880 et environ 30 en 191423. Nos propres calculs à partir du Who’s Who of British Members of Parliament indiquent que les députés nationalistes irlandais furent 26 à appartenir à des clubs anglais en 1874, 22 en 1885, 23 en 1892, 21 en 1900 et 19 en 191024. Ces données témoignent que les parlementaires nationalistes irlandais participaient activement à la vie sociale anglaise25.
- 26 Cité par P. Ó Fearaíl, The Story of Conradh na Gaeilge, A History of the Gaelic Lea (...)
- 27 P. Collombier-Lakeman, Le discours des leaders du nationalisme constitutionnel irla (...)
11Les projets d’abrogation de l’Union (Repeal) ou d’autonomie législative (Home Rule) n’étaient pas des projets séparatistes puisqu’ils visaient à concilier l’existence d’un parlement irlandais et le maintien de liens, consentis par tous les Irlandais, avec la couronne britannique. Plus particulièrement, le discours des députés nationalistes irlandais sur un emblème de l’identité nationale tel que la langue gaélique illustre que ceux-ci n’étaient pas fondamentalement attachés à l’existence d’une identité distincte et séparée. Certes ils se montrèrent au fil du temps plus soucieux d’une éventuelle disparition du gaélique. Mais quand on sait que le parti parlementaire irlandais fut accusé par la Ligue Gaélique d’être un « agent non-négligeable d’anglicisation » (« a huge anglicising agent »)26, on peut s’interroger sur la sincérité du combat mené par les députés nationalistes irlandais en faveur du gaélique. Les phénomènes de reprises que l’on peut observer entre les interventions de J. Redmond et D. Hyde révèlent que les nationalistes parlementaires irlandais calquèrent leur discours sur celui de certains des nouveaux mouvements de renouveau culturel apparus à la fin du xixe siècle. Le parti parlementaire irlandais chercha en particulier à récupérer, absorber ou neutraliser la Ligue Gaélique27. Autrement dit, alors que l’idéal séparatiste gagnait du terrain en Irlande, le parti était loin de l’avoir adopté, si ce n’est par pragmatisme et opportunisme politique.
Un parti à la conquête de l’Irlande et de pouvoir à Westminster
12Dans L’Etat en Irlande, P. Brennan utilise les résultats aux élections législatives en Irlande pour affirmer qu’au fil du temps, les parlementaires nationalistes irlandais bénéficièrent d’un soutien populaire plus affirmé, ce qui témoignait selon lui d’une adhésion plus forte de la population irlandaise à la cause de l’autonomie :
- 28 P. Brennan, L’Etat en Irlande, p. 160 et 355.
Un examen des résultats des élections entre 1832 et 1885 suggère que le projet séparatiste […] constitue un phénomène minoritaire, et même quelque peu éphémère, pendant un temps considérable. Il faut attendre 85 ans après l’Union pour qu’une majorité des électeurs irlandais optent nettement pour une forme de séparatisme28.
- 29 W.C. Lubenow, Parliamentary Politics and the Home Rule Crisis, The British House of Commons (...)
13L’historien W. C. Lubenow présente également le milieu des années 1880 comme un moment de changement voire de rupture puisqu’il observe qu’en 1886, les Communes était un « corps législatif incluant trois partis » (« a three-party legislature »)29. Les députés nationalistes irlandais acquirent ce statut de troisième force politique au Royaume-Uni après un long processus de conquête politique, qui peut être illustré par les progrès électoraux obtenus entre 1832, 1874 et 1885.
- 30 A. McIntyre sous-entend que les candidats favorables à l’abrogation en 1832 ne s’engagèrent (...)
- 31 A. McIntyre donne une estimation de 29, empruntée au journal intime du comte de Ellensborou (...)
- 32 Ibid., p. 69.
- 33 Voir K. T. Hoppen, Elections, Politics, and Society in Ireland, 1832-1885, Oxford, Clarendo (...)
- 34 K. T. Hoppen, « The franchise and electoral politics in England and Ireland 1832-1885 », Hi (...)
14Les élections de 1832-1833 eurent lieu après le vote définitif de la réforme électorale de 1832. Des clubs furent mis en place par O’Connell dans les comtés pour collecter une souscription nationale (National Rent) et un engagement solennel (Repeal pledge) fut exigé de tous les candidats30, ce qui fit passer le groupe parlementaire mené par le leader irlandais d’une taille modeste (entre 20 et 30 députés31), à une taille plus importante (42 députés). Toutefois ce succès ne fut pas renouvelé lors des élections qui suivirent et le groupe des partisans de O’Connell ne survécut pas à la mort de son leader en 1847. Pour A. McIntyre, les résultats de 1832 montrent que le groupe parlementaire mené par O’Connell avait le potentiel pour jouer le rôle de troisième parti32, ce que conteste K. T. Hoppen, pour qui la composition de l’électorat et surtout sa taille, toujours très modeste même après 183233, ne permirent pas au leader irlandais d’obtenir le soutien nécessaire à l’émergence d’un groupe de députés représentant des intérêts nationaux34. Par ailleurs, le mouvement de O’Connell ne disposait pas d’un véritable processus de sélection des candidats aux élections et le groupe de députés favorables à l’abrogation disparut peu après 1847. Ce groupe était en fait davantage un agrégat de notables irlandais unis autour d’un leader charismatique, un proto parti à une époque où le Royaume-Uni dans son ensemble entrait dans une phase d’élargissement du droit de vote et de modernisation des organisations politiques mais où les allégeances politiques étaient loin d’être fixes et stables.
- 35 Ces chiffres sont ceux indiqués par D. Thorley dans Isaac Butt and Home Rule, Londr (...)
- 36 A. M. Sullivan, New Ireland, Political Sketches and Personal Reminiscences of Thirt (...)
- 37 Un an après sa fondation, elle comptait 64 branches, dont 37 à Manchester, 13 à Birmingham (...)
15En 1874, suite à la renaissance du nationalisme modéré irlandais sous l’égide d’I. Butt, 59 députés favorables au Home Rule furent élus contre 32 conservateurs et 12 libéraux35. Lors d’une réunion à Dublin le 3 mars 1874, 46 de ces députés décidèrent de former un parti parlementaire irlandais avec ses instances : comités parlementaire et exécutif, secrétaires et chefs de file parlementaires (whips)36. Ce parti était secondé par deux associations : en Irlande la Home Rule League établie en novembre 1873 et composée de membres payant une cotisation d’au minimum une livre par an, d’un conseil rassemblant une centaine de membres élus et d’un conseil exécutif de 21 membres élus eux aussi ; en Grande Bretagne, la Home Rule Confederation of Great Britain, destinée à l’origine à contrôler les électeurs irlandais de Grande-Bretagne et rapidement bien implantée37.
- 38 Voir National Library of Ireland, Ms. 830, vol. I (décembre 1873) et lettres d’A. W (...)
- 39 The Nation, 5 avril & 8 novembre 1873 ainsi que D. Thornley, Isaac Butt and Home Ru (...)
- 40 R. V. Comerford, The Fenians in Context, Irish Politics and Society 1848-82, Dublin : Wolfh (...)
- 41 R. V. Comerford, The Fenians in Context, p. 202.
- 42 K. T. Hoppen, « The franchise and electoral politics in England and Ireland, 1832-1885 », p (...)
- 43 A. Hawkins, British Party Politics 1852-1886, Londres : Macmillan Press, 1998, p. 280 ; H. (...)
16Toutefois, le parti fondé sous l’égide de Butt et les associations qu’il contrôlait n’étaient pas dépourvus de défauts et souffrirent de nombreux handicaps. Comme O’Connell avant lui, Butt tenta de susciter une mobilisation de masse en lançant une souscription nationale mais ce projet n’eut pas le succès escompté38. L’influence de la Home Rule Confederation of Great Britain resta inégale selon les régions : elle fut notamment trop paralysée par les conflits internes pour prendre véritablement racine à Londres39. Les députés élus n’étaient pas non plus tous des autonomistes fiables ou convaincus40 et leur chef de file n’avait pas l’étoffe d’un leader puisqu’« il n’avait ni l’ambition ni les moyens d’imposer une discipline parlementaire stricte à des partisans dont le seul point commun était le slogan que tant d’entre eux n’avaient adopté que sur le tard et avec opportunisme41 ». À une époque où de nouvelles lois de réformes électorales en Irlande (1850 et 1868) avaient permis à l’électorat de croître, ne serait-ce que modestement, et où les partis britanniques commençaient à se doter de structures efficaces afin de gagner les futurs combats électoraux, les nationalistes constitutionnels irlandais avaient eux aussi le souci de s’organiser pour convaincre des électeurs qui, de leur côté, se montraient davantage attirés par le nationalisme42. Comme les partis britanniques, qui n’étaient pas encore solidement constitués et pouvaient connaître des problèmes de discipline43, le nationalisme parlementaire irlandais était dans une phase de transition et n’était pas encore doté du parti parlementaire irlandais discipliné et puissant, créé ultérieurement grâce à Parnell dans les années 1880.
- 44 Freeman’s Journal, 18 octobre 1882. En Grande-Bretagne, une Irish National League o (...)
- 45 Pour une étude plus précise et plus détaillée, voir C. C. O’Brien, Parnell and His Party 18 (...)
- 46 Voir E. Curtis et R. B. McDowell (éd.), Irish Historical Documents, New York, Barnes & Nobl (...)
- 47 Freeman’s Journal, 2 octobre 1884 et 21 & 26 septembre 1885.
17Dès octobre 1882, Parnell mit en place une véritable machine de combat électoral en fondant l’Irish National League44. Dominée par les députés nationalistes, majoritaires dans le comité de direction, cette nouvelle organisation était destinée à obtenir en priorité l’autonomie de l’Irlande et à aider à la sélection des candidats aux futures élections législatives45. Il s’agissait pour Parnell de se consacrer au combat électoral et d’être en mesure de pouvoir faire pression sur le jeu politique britannique. Afin de construire un parti efficace et discipliné, un engagement solennel (pledge) demandant de « siéger, agir et voter avec le parti » (« sit, act and vote with the Irish parliamentary party ») sous peine de démission fut exigé de tous les futurs candidats à partir d’août 188446. Parnell et ses partisans s’assurèrent aussi du soutien du clergé catholique47. Ainsi en 1885, un système centralisé et efficace était en place, ainsi que le rappelle J. H. Whyte :
- 48 J. H. Whyte, « The Influence of the Catholic Clergy on Elections in Nineteenth Century Irel (...)
[B]y the general election of 1885 the centre of authority had shifted. A new system had been developed whereby all the candidates for a given county were selected at county conventions, which the clergy indeed attended, but which a member of the parliamentary party presided over, and whose decisions he effectively controlled by, where necessary, manipulating the procedure. The decisive voice in the choice of candidates no longer rested with the local clergy, but with a small caucus of M.P.s sitting in Dublin48.
- 49 Fin janvier 1885, un rassemblement présidé par J. Biggar avait eu lieu à Belfast afin de re (...)
18Dans ces circonstances, on comprend mieux les résultats significatifs obtenus par Parnell et ses partisans : non seulement le parti libéral disparut de la vie politique en Irlande (passant de 33 à 10 puis à 0 députés) mais le parti conservateur connut aussi un net recul (avec 30, 33 puis 18 députés). Surtout le parti parlementaire irlandais devint pour la première fois largement majoritaire à la fois en Irlande et en Ulster, où 17 sièges furent obtenus contre 16 pour les conservateurs49.
- 50 Voir D. Thorley, « The Irish Home Rule Party and Parliamentary Obstruction », Irish (...)
19Cette conquête électorale affectait aussi la Grande-Bretagne. Déjà la tactique de l’obstruction parlementaire avait témoigné du pouvoir de nuisance que pouvaient représenter les députés nationalistes irlandais au sein des Communes. Réutilisée en 1880-1881 puis en 1887, cette stratégie qui consistait à prendre le contrôle des débats et à faire du Parlement un otage, poussa les Communes à adopter de nouvelles mesures pour se prémunir contre cette pratique : d’abord la procédure de clôture (automne 1882) ; puis la guillotine (1887)50.
- 51 Contre 42 en 1832 et 60 en 1874.
20Aux élections législatives de 1885, le parti parlementaire irlandais obtint sa première victoire dans une circonscription anglaise : celle de Liverpool où T. P. O’Connor fut élu. Avec 86 députés51 contre 335 libéraux et 249 conservateurs, le parti parlementaire irlandais pouvait déterminer, de façon plus significative que dans les années 1830 ou 1840, l’équilibre des forces au sein des Communes et la couleur du gouvernement à venir. Composé de députés soudés par un même engagement solennel, le parti nationaliste irlandais était devenu désormais suffisamment uni et important pour représenter une véritable troisième force à Westminster.
- 52 C.H.D. Howard (éd.), A Political Memoir by Joseph Chamberlain, 1880-92, Londres, The Batchw (...)
- 53 W. C. Lubenow, Parliamentary Politics and the Home Rule Crisis, p. 338.
21Le ralliement de Gladstone et d’une majorité des Libéraux à l’idée d’une autonomie politique pour l’Irlande provoqua de plus amples bouleversements du paysage politique britannique puisqu’une réorientation des partis s’opéra à ce moment-là, en fonction de la ligne de fracture représentée par la question irlandaise. Le parti libéral se scinda en deux : des libéraux dit unionistes opposés au Home Rule Bill proposé par Gladstone en avril 1886 s’associèrent au parti conservateur contre le reste du parti libéral, désormais allié aux nationalistes irlandais52. Ainsi « la crise suscitée par la question de l’autonomie de l’Irlande créa des pôles au sein des Communes selon des lignes idéologiques et régionales53 ».
22Pour P. Brennan, 1885 fut un moment d’apogée et de rupture dans l’histoire politique de l’Irlande. En parvenant à conquérir une majorité de circonscriptions irlandaises, y compris en Ulster, plus une circonscription britannique, le parti parlementaire irlandais de Parnell fit la preuve qu’il bénéficiait d’un soutien populaire que les partis britanniques ne pouvaient plus ignorer. La revendication principale du parti, à savoir l’autonomie législative de l’Irlande, apparaissait aussi dès lors comme un projet auquel adhérait une majorité d’Irlandais et auquel se rallia en plus une majorité des libéraux britanniques.
23Des études plus récentes contestent davantage l’idée que 1885 marqua une rupture et surtout un moment à partir duquel les élites politiques irlandaises s’orientèrent davantage vers le séparatisme. J. McConnell souligne que les réticences éprouvées à l’idée de faire partie du Parlement britannique s’estompèrent considérablement entre 1885 et 1914 et finirent par être plus théoriques que pratiques :
- 54 J. McConnell, « The Irish Parliamentary Party in Victorian and Edwardian London », p. 42.
[T]he old party refrain ‘in Parliament, but not of it’was by 1914 to considerable extent no longer true (if, indeed, it had ever been quite so absolute). Although formally the party continued to exempt itself from symbolic occasions such as the opening of Parliament, many members of the Edwardian party do not appear to have remained aloof from the domestic life of the House of Commons and, whatever their rhetoric, it seems that working in an alien assembly was not as inhospitable as was sometimes claimed54.
- 55 P. Bull, “William O’Brien, MP: The Metropolitan and International Dimensions of Irish Natio (...)
24P. Bull soutient que 1886 ne vit pas la remise en cause de la dualité des stratégies adoptées jusque-là par les députés nationalistes irlandais : confronté à une alliance politique avec laquelle il n’était fondamentalement pas à l’aise, Parnell s’employa, entre 1886 et 1891 à mettre à l’épreuve l’engagement de Gladstone en faveur de l’autonomie politique de l’Irlande et à tenter de rétablir l’indépendance du parti irlandais; au contraire de W. O’Brien qui s’employa à forger une « nouvelle relation de travail » entre députés nationalistes irlandais et gouvernement britannique et à envisager différemment la relation entre Irlande et Grande-Bretagne55.
Figure 1 : Résultats électoraux en Irlande en 1832 et 1874
Ces cartes ont été établies à partir des résultats fournis dans B. M. Walker (Parliamentary Election Results in Ireland, 1801-1922, Dublin : Irish Academic Press, 1978) et sont incluses dans P. Collombier-Lakeman, Le discours des leaders du nationalisme constitutionnel irlandais, p. 654-656.
Figure 2 – Résultats électoraux en Irlande en 1885
Cette carte a été établie à partir des résultats fournis dans B. M. Walker (Parliamentary Election Results in Ireland, 1801-1922, Dublin : Irish Academic Press, 1978) et sont incluses dans P. Collombier-Lakeman, Le discours des leaders du nationalisme constitutionnel irlandais, p. 654-656.
Notes
1 L’expression « parti nationaliste irlandais » est empruntée à P. Brennan et à sa thèse (L’Etat en Irlande : Aspects de son développement, 1801-1949, Université de Paris 3, 1993). Au cours de la période étudiée, plusieurs mouvements favorables à des projets aux noms divers (Repeal ou Home Rule) et menés par des personnalités différentes (D. O’Connell, I. Butt, C. S. Parnell), se succédèrent.
2 P. Brennan, L’Etat en Irlande, p. 163.
3 A. McIntyre, The Liberator, Daniel O’Connell and the Irish Party, 1830-1847, Londres : Hamish Hamilton, 1965, p. xiii-xiv et 69-70 ; O. MacDonagh, “The contribution of O’Connell”, dans B. O’Farrell (éd.), The Irish Parliamentary Tradition, Dublin, Gill & Mcmillan, 1973, p. 163-164.
4 P. Brennan, L’Etat en Irlande, p. 164-165 et 177.
5 Ibid., p 160.
6 41 députés sur 60 en 1874 ; 43 sur 63 en 1880 ; 57 sur 86 en 1885 ; 54 sur 81 en 1892 ; 52 sur 81 en 1900 et 67 sur 84 en 1910. Voir P. Collombier-Lakeman, Le discours des leaders du nationalisme constitutionnel irlandais sur l’autonomie de l’Irlande : utopies politiques et mythes identitaires, Université de Paris 3, 2007, p. 158.
7 Voir D. H. Akenson, The National Experiment in Ireland: the National System of Education in the Nineteenth Century, Londres, Routledge/Kegan Paul, 1970.
8 8 sur les 28 députés ayant effectué tout ou une partie de leur scolarité en Irlande, 5 sur 34 en 1880, 6 sur 45 en 1885, 7 sur 41 en 1892, 6 sur 48 en 1900 et surtout 10 sur 59 en 1910.
9 S. Paseta, Before the Revolution: Nationalism, Social Changes and Ireland’s Catholic Elite, 1879-1922, Cork, Cork University Press, 1999, p. 40 (notre traduction).
10 Lettre à D. O’Connell, 25 juillet 1836, The Times, 2 août 1836.
11 The Times, 17 décembre 1845 et lettre de W. Smith O’Brien à O’Connell, 18 décembre 1845, M. O’Connell (éd.), The Correspondence of Daniel O’Connell, Dublin, Irish University Press for the Irish Manuscript Commission vol. VII, n° 3180, p. 349.
12 The Nation, 20 décembre 1845 et 10 janvier 1846.
13 En juillet 1846, la Jeune Irlande s’opposa en particulier à l’idée de permettre à R. Sheil d’être élu dans la circonscription de Dungarvan par complaisance envers les whigs (W. J. Fitzpatrick [éd.], The Correspondence of Daniel O’Connell the Liberator, Londres : J. Murray, 1888, vol. II, p. 379).
14 Voir lettre de O’Connell à W. Smith O’Brien, 18 juillet 1846, M. O’Connell (éd.), The Correspondence of Daniel O’Connell, vol. VIII, n° 3248, p. 70-1.
15 Home Rule League, Proceedings of the Home Rule Conference held at the Rotunda, Dublin, on the 18th, 19th, 20th & 21st November 1873, Dublin, The Irish Home Rule League, 1874, p. 168-169.
16 The Nation, 21 février 1874 et 7 mars 1874.
17 Voir L. McCaffrey, Irish Federalism in the 1870s: A Study In Conservative Nationalism, Philadelphie, Transactions of the American Philosophy Society, new series, vol. 52, part 6, 1962, p. 29-31. J. Biggar tenta de suspendre les débats en juillet 1874 et en avril 1875 (Parl. Deb., vol. 221, cols. 987-1027 et vol. 223, col. 1451-1458). Les mesures auxquelles les députés pratiquant l’obstruction s’opposèrent par la suite furent nombreuses, notamment entre 1876 et 1878.
18 Discours prononcé à Londres (mars 1884) dans C. S. Parnell, Words of the Dead Chief, Dublin, University College Dublin, 2010, p. 98.
19 Les députés irlandais tentèrent de faire pression sur le gouvernement de Gladstone en votant régulièrement avec les tories. Le gouvernement britannique pour sa part, sans encore être disposé à coopérer explicitement avec les nationalistes irlandais tint quand même compte de certains de leurs souhaits ou objections pour plusieurs projets de loi présentés en 1883 et 1884. J. Chamberlain, membre du gouvernement, poussa la collaboration plus loin : en décembre 1884 il entama des discussions avec Parnell, via l’intermédiaire de W. O’Shea, sur la possibilité d’établir une entente. Gladstone lui-même était en fait en train d’évoluer. Peu après la chute de son gouvernement en juin 1885, il chercha à se renseigner sur les vues de Parnell en matière d’autonomie et à partir d’août, un échange finit par s’engager entre les deux hommes.
20 The Times, 23 novembre 1885.
21 London Standard, 17 décembre 1885.
22 Bien que né à Cork en 1830, J. McCarthy s’établit en Angleterre à partir de 1853 et y vécut jusqu’à sa mort en 1912. De même T. P. O’Connor, né à Athlone en 1848, émigra en Angleterre 10 ans avant son élection et y resta toute sa vie ; élu député dans une des circonscriptions de Liverpool (The Scotland Division of Liverpool) il conserva ce siège jusqu’à sa mort en 1929. Tous deux fut des membres éminents de la presse britannique : McCarthy fut rédacteur en chef du Morning Star ; O’Connor travailla au Daily Telegraph (1870-1871) et fonda The Star (1888), The Weekly Sun (1891) et The Sun (1898).
23 J. McConnell, « The Irish Parliamentary Party in Victorian and Edwardian London », dans P. Gray (éd.), Victoria’s Ireland?: Irishness and Britishness, 1837-1901, Dublin, Four Court Press, 2005, p. 43-44.
24 Ces résultats sont inférieurs à ceux que donne J. McConnell, qui ne précise pas la provenance de ses informations. Proportionnellement parlant, les députés nationalistes irlandais furent plus fortement intégrés dans les clubs anglais jusque dans les années 1870 ; par la suite, le nombre de députés irlandais n’appartenant à aucun club (ni en Angleterre, ni en Irlande) représenta toujours une majorité : 31 députés en 1874, 59 en 1885, 54 en 1892, 60 en 1900 et 64 en 1910.
25 A. O’Day, The English Face of Parnellism, Parnellite Involvement in British Politics, 1880-1886, Dublin, Gill & Macmillan, 1977, p. 26.
26 Cité par P. Ó Fearaíl, The Story of Conradh na Gaeilge, A History of the Gaelic League, Dublin : An Chéad Chló, 1975, p. 16.
27 P. Collombier-Lakeman, Le discours des leaders du nationalisme constitutionnel irlandais, op. cit., p. 160-71.
28 P. Brennan, L’Etat en Irlande, p. 160 et 355.
29 W.C. Lubenow, Parliamentary Politics and the Home Rule Crisis, The British House of Commons in 1886, Oxford, Clarendon Press, 1988, p. 160.
30 A. McIntyre sous-entend que les candidats favorables à l’abrogation en 1832 ne s’engagèrent pas tous publiquement et solennellement en faveur de cette cause. Il parle d’engagement conditionnel (“conditional declarations in favour of Repeal”) pour trois futurs élus : Sir R. Keane (Waterford), H. Lambert (Wexford) et W. O’Reilly (Dundalk). Deux autres candidats, H. Baldwin et D. Callaghan ne s’étaient pas engagés pour l’autonomie dans leur manifeste électoral ; ils le firent au cours de leur campagne. O’Connell fit aussi une exception pour son ami W. Roche : il s’agissait d’une faveur personnelle liée au fait que Roche avait versé de larges sommes d’argent au moment de la campagne pour l’émancipation des catholiques. (A. McIntyre, The Liberator, p. 53-56).
31 A. McIntyre donne une estimation de 29, empruntée au journal intime du comte de Ellensborough et une estimation de 37, sans doute exagérée, de D. O’Connell lui même (ibid., p. 43).
32 Ibid., p. 69.
33 Voir K. T. Hoppen, Elections, Politics, and Society in Ireland, 1832-1885, Oxford, Clarendon Press, 1984, p. 1-2.
34 K. T. Hoppen, « The franchise and electoral politics in England and Ireland 1832-1885 », History 70 (1985), p. 206.
35 Ces chiffres sont ceux indiqués par D. Thorley dans Isaac Butt and Home Rule, Londres, Macgibbon & Kee, 1964, p. 195. B. M. Walker parle lui de 33 conservateurs, 10 libéraux et 60 autonomistes, ce qui s’explique par le fait que Sir J. Esmonde, élu dans le comté de Waterford, est comptabilisé comme autonomiste. Or, celui-refusa de rejoindre le parti autonomiste irlandais (B. M. Walker, Parliamentary Election Results in Ireland, p. 193).
36 A. M. Sullivan, New Ireland, Political Sketches and Personal Reminiscences of Thirty Years of Irish Public Life, Glasgow, Cameron & Ferguson, 1882, p. 388.
37 Un an après sa fondation, elle comptait 64 branches, dont 37 à Manchester, 13 à Birmingham et 14 à Glasgow. L’organisation continua par la suite son expansion avec 95 branches en janvier 1876 (The Nation, 20 juin 1874 et 20 janvier 1876).
38 Voir National Library of Ireland, Ms. 830, vol. I (décembre 1873) et lettres d’A. Webb, trésorier de la Ligue, 6 et 19 décembre 1873 et 1er janvier 1874, ibid., Ms 832, vol. III. La souscription nationale lancée le 16 janvier 1874 (The Nation, 17 janvier 1874) récolta à peine plus de 3000 signatures en quelques mois (voir lettre de J. Martin à W. O’Neill Daunt, 15 avril 1874, National Library of Ireland, Ms. 8047).
39 The Nation, 5 avril & 8 novembre 1873 ainsi que D. Thornley, Isaac Butt and Home Rule, p. 291.
40 R. V. Comerford, The Fenians in Context, Irish Politics and Society 1848-82, Dublin : Wolfhound Press, 1998, p. 197. Pour une étude détaillée des allégeances des 59 députés élus, voir D. Thornley,Isaac Butt and Home Rule, p. 195-203.
41 R. V. Comerford, The Fenians in Context, p. 202.
42 K. T. Hoppen, « The franchise and electoral politics in England and Ireland, 1832-1885 », p. 209 et 214-216. Plusieurs facteurs contribuèrent à attirer les nouveaux électeurs vers le nationalisme : l’émergence du mouvement Fenian, la campagne d’amnistie en faveur des prisonniers fenians et la réémergence de la question agraire à la fin des années 1870, après une période de relative prospérité dans les années 1850 et 1860.
43 A. Hawkins, British Party Politics 1852-1886, Londres : Macmillan Press, 1998, p. 280 ; H. Barrington, « Partisanship and Dissidence in the nineteenth century House of Commons », Parliamentary Affairs, 21: 4 (1968), p. 338-374.
44 Freeman’s Journal, 18 octobre 1882. En Grande-Bretagne, une Irish National League of Great Britain, basée à Londres, fut fondée pour remplacer la Home Rule Confederation of Great Britain.
45 Pour une étude plus précise et plus détaillée, voir C. C. O’Brien, Parnell and His Party 1880-90, Oxford, Clarendon Press, 1957, p. 126-33.
46 Voir E. Curtis et R. B. McDowell (éd.), Irish Historical Documents, New York, Barnes & Noble, 1968, p. 281.
47 Freeman’s Journal, 2 octobre 1884 et 21 & 26 septembre 1885.
48 J. H. Whyte, « The Influence of the Catholic Clergy on Elections in Nineteenth Century Ireland », English Historical Review, vol. LXXV, n° 295 (avril 1960), p. 254.
49 Fin janvier 1885, un rassemblement présidé par J. Biggar avait eu lieu à Belfast afin de restructurer le mouvement nationaliste en Ulster (Weekly Examiner, 24 et 31 janvier 1885). La date des élections se rapprochant, des conventions avaient été aussi réunies en mai et juin dans les comtés et des comités fondés afin de préparer la campagne et de veiller à l’inscription des électeurs sur les listes électorales. L’Irish National League parvient à bien s’implanter en Ulster, le nombre de sections passant à 287 début 1886 contre 70 en avril 1883 (J. Loughlin, Gladstone, Home Rule and the Ulster Question, 1882-93, Dublin, Gill & Macmillan, 1986, p. 131).
50 Voir D. Thorley, « The Irish Home Rule Party and Parliamentary Obstruction », Irish Historical Studies, XII, n° 45 (1960), p. 43, 45-51 et 53-55.
51 Contre 42 en 1832 et 60 en 1874.
52 C.H.D. Howard (éd.), A Political Memoir by Joseph Chamberlain, 1880-92, Londres, The Batchwork Press, 1953, p. 194-198 et 224-225.
53 W. C. Lubenow, Parliamentary Politics and the Home Rule Crisis, p. 338.
54 J. McConnell, « The Irish Parliamentary Party in Victorian and Edwardian London », p. 42.
55 P. Bull, “William O’Brien, MP: The Metropolitan and International Dimensions of Irish Nationalism” [juillet/novembre 2009], dans R. Swift et S. Gilley (éd.), Irish Identities in Britain, Londres, Routlege, 2011, p. 87-88.
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Title | Figure 1 : Résultats électoraux en Irlande en 1832 et 1874 |
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Caption | Ces cartes ont été établies à partir des résultats fournis dans B. M. Walker (Parliamentary Election Results in Ireland, 1801-1922, Dublin : Irish Academic Press, 1978) et sont incluses dans P. Collombier-Lakeman, Le discours des leaders du nationalisme constitutionnel irlandais, p. 654-656. |
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Title | Figure 2 – Résultats électoraux en Irlande en 1885 |
Caption | Cette carte a été établie à partir des résultats fournis dans B. M. Walker (Parliamentary Election Results in Ireland, 1801-1922, Dublin : Irish Academic Press, 1978) et sont incluses dans P. Collombier-Lakeman, Le discours des leaders du nationalisme constitutionnel irlandais, p. 654-656. |
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References
Bibliographical reference
Pauline Collombier-Lakeman, “Le « parti nationaliste irlandais » au xixe siècle : « facteur d’éloignement » et instrument de conquête”, Études irlandaises, 40-1 | 2015, 17-28.
Electronic reference
Pauline Collombier-Lakeman, “Le « parti nationaliste irlandais » au xixe siècle : « facteur d’éloignement » et instrument de conquête”, Études irlandaises [Online], 40-1 | 2015, Online since 30 June 2017, connection on 05 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesirlandaises/4428; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesirlandaises.4428
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