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Comptes rendus de lecture

« La France vue d’Irlande. L’histoire du mythe français de Parnell à l’État Libre », Pierre Ranger

Pauline Collombier-Lakeman
Référence(s) :

Pierre Ranger, La France vue d’Irlande. L’histoire du mythe français de Parnell à l’État Libre, préface de V. Comerford, Rennes, PUR, 2011, 344 p. ISBN  : 978-2-7535-1426-3. 20 €

Texte intégral

1Alors que plusieurs historiens se sont intéressés à la façon dont la question d’Irlande a été perçue en France (L. Colantonio, J. Julienne), Pierre Ranger propose une étude thématique et chronologique de la façon dont les nationalistes irlandais, surtout séparatistes mais aussi constitutionnels, ont construit et utilisé dans la presse et dans leurs discours, à des fins de propagande, une image mythique de la France. Cette image s’appuya sur des événements fondateurs tels que la création de brigades irlandaises à la fin du xviie siècle et les expéditions françaises de 1796 et 1798, destinées à servir de renfort à l’action des Irlandais Unis.

2Ce sujet ne manque pas d’intérêt et ce, à plusieurs titres. La perspective choisie correspond d’abord aux préoccupations de l’historiographie contemporaine concernant l’Irlande puisqu’il s’agit de dépasser le cadre irlandais pour s’intéresser à la question des liens, idéologiques notamment, entre l’Irlande et la France et, plus largement, l’Europe. De nombreuses sources primaires, issues majoritairement de la presse, sont mises à profit et mettent en lumière la multiplicité des divisions et la diversité des points de vue au sein du nationalisme irlandais et de la presse nationaliste en Irlande. L’analyse qui est faite de la façon dont Charles Stewart Parnell ou John Redmond se servirent du « mythe français » afin de donner des gages de résistance aux nationalistes plus radicaux qui pouvaient leur servir de soutiens vient compléter utilement les études ayant déjà établi l’ambivalence mais aussi le pragmatisme des chefs de file du nationalisme parlementaire irlandais à des moments précis de son évolution (1880-1885 ; 1889-1891 ; 1898). Le chapitre sur Maud Gonne et les passages démontrant l’influence de nationalistes conservateurs français comme Maurice Barrès ou René Bazin sur la pensée d’Arthur Griffith offrent également une vision plus riche et plus complexe du nationalisme irlandais.

3Toutefois, l’ouvrage présente aussi quelques maladresses et défauts. Quelques points de contenu peuvent être débattus ou mériteraient d’être complétés. Par exemple, l’affirmation de l’auteur selon laquelle « l’histoire ne tient pas exactement la même place dans la rhétorique des constitutionnalistes, que dans celle des séparatistes […] moins de place est laissée au romantisme des défaites et des victoires » (p. 20) peut paraître quelque peu discutable et semble témoigner du fait que l’auteur est sans doute plus familier avec le nationalisme radical qu’avec le nationalisme parlementaire. De même, P. Ranger semble mettre de côté les relations complexes entretenues entre les nationalistes irlandais et les autres populations de l’Empire britannique lorsqu’il écrit : « Les nationalistes irlandais ont souvent refusé d’associer leur cause à celles des populations de l’Empire britannique » (p. 92). Enfin, lorsque l’auteur examine les réactions de la presse nationaliste aux inventaires ayant eu lieu en France en 1906, notamment celle du Freeman’s Journal, il n’évoque pas l’état des relations entre l’Eglise catholique irlandaise et le parti parlementaire irlandais (p. 237).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Pauline Collombier-Lakeman, « « La France vue d’Irlande. L’histoire du mythe français de Parnell à l’État Libre », Pierre Ranger »Études irlandaises [En ligne], 38-1 | 2013, mis en ligne le 30 juin 2013, consulté le 06 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesirlandaises/3453 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesirlandaises.3453

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Auteur

Pauline Collombier-Lakeman

Université de Strasbourg

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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