« Words for Music Perhaps »
Jacqueline Genet, «Words for Music Perhaps » : le « new art » de Yeats/Yeats’s « new art », étude suivie de partitions réunies et présentées par l’auteur, édition bilingue, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2010, 220 p., ISBN 978 2 7574 0142 2, 26 €
Texte intégral
1Cet ouvrage de Jacqueline Genet, le dernier à ce jour d’une longue suite de publications qu’elle a consacrées à Yeats, est un travail original sur la place de la musique dans la poésie et le théâtre de Yeats telle que celui-ci la concevait. Il est composé de deux parties, une première dans laquelle Jacqueline Genet étudie et commente ce que Yeats appelle son « art nouveau » ; une seconde où, en rassemblant des partitions jusqu’ici dispersées, elle offre au lecteur le riche éventail de cette musique très éclectique.
2Yeats disait qu’il n’avait pas d’oreille, mais il était sensible à la musique des mots et composait ses vers en prononçant les mots à haute voix – ce qui n’est pas si rare chez un poète – mais aussi en les psalmodiant, ce qui l’est davantage, parce qu’entrent alors en jeu les variations combinées de hauteur et de rythme. Jacqueline Genet retrace la genèse de l’« art nouveau » de Yeats, les influences qui l’ont marqué – la « voix incantatoire de Farr’ », le psaltérion de Dolmetsch – avant d’examiner l’apport des compositeurs successifs qui collaborèrent avec Yeats pour, finalement, tenter d’en décrire les caractéristiques: le parlé-chanté des mots psalmodiés, le lien à l’art des anciens bardes, la recherche de l’« Unité de Culture » : « J’aimerais que tous les arts se rapprochent les uns des autres ; qu’ils retrouvent leurs anciens liens, le peintre peignant ce que le poète a écrit, le musicien adaptant les paroles du poète à des airs simples. » Jacqueline Genet montre, par de nombreux rappels, combien Yeats avait saisi l’air du temps, qu’il contribuait aussi à amplifier: « Pound et Yeats s’accordent pour dire que le rythme et la métrique de la poésie grecque et provençale furent les plus remarquables “lorsque les arts du vers et de la musique étaient le plus étroitement liés” ».
3Les partitions rassemblées dans la deuxième partie de cet ouvrage – certaines n’ont jamais jusqu’ici été publiées – témoignent de la volonté des compositeurs de marier intimement texte et musique, et non pas d’écrire une musique de simple accompagnement. Ce n’est certainement pas une démarche exclusive de Yeats et de ses collaborateurs, mais à l’époque où fut composée cette musique dans ses différentes formes, par les différents musiciens, associée aux différents textes dans lesquels elle se fond, on est surpris, à la lecture de ces partitions, de constater à la fois l’innovation dans l’appel à la voix, aux instruments et aux démarches musicales et la minutie de la recherche sur le mariage mots-texte-espace-mouvement. Ainsi pour ne donner qu’un exemple, ce petit extrait des indications accompagnant la musique de The Dreaming of the Bones, composée par Rummel en 1919 : « First Musician: a medium voice, more chanting than singing, not letting the musical value of the sound predominate too greatly the spoken value. The First Musician uses a Plucked Instrument (harp or zither) to reinforce the notes of his song in unison or in octave. (It is advisable not to reinforce each note sung, but only each beat, unless certain difficulties of pitch would necessitate the reinforcing of such note). » Il a fallu, pour cette publication, retrouver des ayants droit, transcrire la musique à partir de copies éparses qui n’étaient pas toujours de très bonne qualité – aussi bien pour ce qui concerne la notation musicale elle-même que pour la concordance musique-mots. Si l’on ajoute à cela le fait que cet ouvrage est présenté sous une forme bilingue, le texte anglais apparaissant sur des pages en grisé, on ne trouvera pas inconvenant de dire qu’il s’agit ici d’une publication bien conçue, qui intéressera de nombreux amoureux – et praticiens – de l’œuvre de Yeats dans le monde.
Pour citer cet article
Référence papier
Bernard Escarbelt, « « Words for Music Perhaps » », Études irlandaises, 35-1 | 2010, 168-169.
Référence électronique
Bernard Escarbelt, « « Words for Music Perhaps » », Études irlandaises [En ligne], 35-1 | 2010, mis en ligne le 30 septembre 2010, consulté le 08 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesirlandaises/1876 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesirlandaises.1876
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