Reading Eiléan Ní Chuilleanáin a Contemporary Irish Poet
Irene Gilsenan Nordin, Reading Eiléan Ní Chuilleanáin a Contemporary Irish Poet: The Element of the Spiritual, Lewiston, The Edwin Mellen Press, 2008, vi+143 p., ISBN 978-0-7734-4831-5
Full text
1Cet ouvrage est la première monographie intégralement consacrée à la poésie d’Eiléan Ní Chuilleanáin. Il réunit et complète quatre études réalisées au cours de ces dernières années par Irene Gilsenan Nordin ; leur mise en relation confère au présent volume perspective et profondeur. Comme le remarque Anne Fogarty dans la préface, si la poésie « fascinante mais énigmatique » d’Eiléan Ní Chuilleanáin est désormais universellement reconnue, elle a relativement peu attiré l’attention des critiques (excepté dans un numéro spécial de l’Irish University Review publié en 2007).
2Dans ce livre remarquablement fouillé, Irene Gilsenan Nordin s’est fixé pour objet d’explorer la dimension spirituelle de la poésie d’Eiléan Ní Chuilleanáin, le spirituel étant défini comme « un espace mystique d’altérité, espace au-delà des cadres avec lesquels nous définissons le monde, espace qui nous permet de rencontrer l’indicible Autre ». L’auteur analyse la façon dont Eiléan Ní Chuilleanáin met en scène des instants épiphaniques de rencontre avec l’infini, avec l’Autre, et la manière dont elle tend à exprimer l’ineffable et le sacré, sans pour autant renier le corps ou le monde physique. Elle montre également comment la poétesse cultive les seuils entre différents états d’expérience, et entre le langage et l’être, seuils qui constituent un espace de rencontre privilégié avec l’altérité.
3Après avoir posé le cadre théorique de son approche, fondée principalement sur les théories de Derrida, Lévinas, Merleau-Ponty, Kristeva et Braidotti, Irene Gilsenan Nordin consacre à l’œuvre d’Eiléan Ní Chuilleanáin cinq chapitres respectivement intitulés « La Poétique de l’espace », « Le Thème de la quête », « Le Corps liminal », « La Chair et le mot », « Exil et vision ». Inspiré par la Poétique de l’espace de Gaston Bachelard, L’Invention du quotidien de Michel De Certeau et « Bâtir Habiter Penser » de Heidegger, le premier chapitre aborde la dialectique de l’intérieur et de l’extérieur, explorant le jeu entre le caché et le révélé, le passage de la fixité à la fluidité, la dissolution des limites et des frontières permettant des moments de transformation et de perception, comme dans le magistral poème intitulé « The Architectural Metaphor ». Le deuxième chapitre analyse la poésie d’Eiléan Ní Chuilleanáin en prenant la quête comme arrière-plan mythologique, le mythe offrant au sujet la possibilité d’une libération et d’une métamorphose ; le voyage est conçu comme un rite de passage, brouillant les frontières entre le monde réel et l’au-delà, le mythe et la réalité, le passé et le présent. Dans le troisième chapitre, l’auteur s’intéresse au sujet incarné dans le monde, le corps – en particulier les yeux et les mains – étant conçu comme espace liminal d’interaction entre le soi et l’extérieur dans un processus mouvant et fluide, la voix poétique exprimant le lien entre les dimensions physique et spirituelle de l’existence.
4Le quatrième chapitre explore la dialectique entre l’indicible et le dicible, entre le silence (sacré) et la parole (profane), le voyage à travers le langage étant à la fois exploration de soi et rencontre avec l’Autre. L’auteur y aborde les questions de l’abstraction et de la négation, de la souffrance et du sacrifice, de l’abjection comme espace de violence entre la chair et le verbe, et du pouvoir cathartique du langage dans la poésie d’Eiléan Ní Chuilleanáin. Le dernier chapitre a pour sujet la quête de l’Être, les expériences de déracinement et de séparation coexistant dans l’œuvre de Ní Chuilleanáin avec des instants privilégiés de perception. Le poète y est conçu comme un médiateur exprimant à la fois son propre inconscient et l’inconscient collectif. L’expérience transitoire et liminale de l’exil est associée à des moments épiphaniques de libération et de vision, souvent liés à l’élément aquatique. En conclusion, l’auteur démontre la passion d’Eiléan Ní Chuilleanáin pour le secret et le sacré, et son désir de révéler « l’autre sacré du langage ».
5La lecture de cet ouvrage est passionnante et édifiante. Chaque analyse est méticuleusement étayée par des lectures de poèmes qui n’imposent jamais d’interprétation contraignante. Irene Gilsenan Nordin réussit l’exploit d’épouser la fluidité des textes qu’elle explore et de les élucider sans les figer. Son étude érudite, profonde et rigoureuse, définit avec élégance l’esthétique complexe d’Eiléan Ní Chuilleanáin, tout en éclairant avec subtilité les forces créatrices mises en œuvre dans, et par, une poésie en constant devenir.
References
Bibliographical reference
Pascale Amiot, “Reading Eiléan Ní Chuilleanáin a Contemporary Irish Poet”, Études irlandaises, 35-1 | 2010, 166-168.
Electronic reference
Pascale Amiot, “Reading Eiléan Ní Chuilleanáin a Contemporary Irish Poet”, Études irlandaises [Online], 35-1 | 2010, Online since 30 September 2010, connection on 13 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/etudesirlandaises/1874; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesirlandaises.1874
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